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écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
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écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
HISTOIRE DES MARTYRS PERSÉCUTÉS ET MIS Á MORTpour
la vérité de l'Évangile
DISCOURS DES JUGEMENTS DE DIEU SUR QUELQUES PERSÉCUTEURS DE L'ÉGLISE PRIMITIVE CHRÉTIENNE.
Nous
avons commencé ci-dessus le récit des persécutions de l'Église
par Néron, pour les raisons qui ont été déclarées. Ce sera aussi
par lui que nous commencerons le présent discours, proposé aux
fidèles pour les assurer que celui qui garde l'Église ne sommeille
point. Telle fut la vengeance de Dieu sur ce malheureux persécuteur de la Religion Chrétienne. Les histoires Romaines font mention de ceci.
Mais
la vengeance de Dieu ne cessa pas pour ce coup-là. Car en ce temps
moururent de peste plus de 30000. citoyens de Rome. Voilà
comment le sang des Chrétiens fut chèrement vendu & vengé sur
les Romains.
Mais
ces vengeances épouvantables ne purent retenir l'Empereur Domicien,
fils de Vespasien, qu'il ne persécutât aussi les
Chrétiens.
À cause de quoi il fut tué par ses gens mêmes, & enseveli sans
aucun honneur. Le Sénat commanda que son nom fût entièrement
effacé & que ses statues fussent jetées par terre &
brisées.
Du
temps de l'Empereur Trajan, parce qu'il avait aussi répandu beaucoup
de sang Chrétien, ainsi que l'avons entendu
ci-devant,
survinrent à Rome & dans tout l'Empire de
grandes
calamités. Le
même Orose dit que du temps des Empereurs Antonin surnommé le
Véritable, &
de
Lucius, après qu'ils eurent persécuté l'Église, survînt une
horrible peste, laquelle emporta tous les habitants de beaucoup de
villages & de
bourgades d'Italie, tellement qu'il n'en resta pas un seul, &
les
lieux habités devenaient déserts.
La
ville & l'Empire de Rome furent plongés dans le sang des
Romains, parce que l'Empereur Septième Sévère persécuta l'Église
Chrétienne. Car durant son gouvernement il y eut trois
guerres civiles pendant lesquelles Julien,
Pescennius Niger, &
Claudius Albinus s'élevant contre lui, furent déconfits avec un
grand nombre de soldats Romains. Jules Maximin, meurtrier des Chrétiens, fut tué par ses gens propres, avec son fils Maximin le jeune, au siège de la ville d'Aquilée. Et disait-on parmi le camp, que d'une méchante race il ne fallait laisser en vie un seul petit. On leur coupa les têtes, & étant fichées à des piques. elles furent montrées à ceux d'Aquilée, puis envoyées à Rome, & là brûlées publiquement, avec de grandes moqueries & risées, puis leurs corps furent traînés en l'eau.
Ainsi fallait-il que la mort étranglât ceux qui voulaient suffoquer (étouffer) l'Évangile, qui est la parole de vie.
Saint
Cyprian écrivant contre Démétrien touchant cette persécution de
Decius, dit: «Nous sommes certains & assurés que tout ce que
nous souffrons ne demeurera pas longuement ainsi, & que tant
plus
grande sera la persécution, plus notable et terrible en sera la
vengeance. Gallus, successeur de Décius, ne régna que deux ans, au moyen de quoi il n'eut pas tant de loisirs (repos) que Satan eût désiré pour continuer la persécution. Cependant, il ne lassa pas de faire beaucoup de mal en peu d'espace, suivant le train de son prédécesseur, bannissant spécialement les fidèles. Mais il en fut salarié: car étant assailli par Emilien qui depuis fut Empereur, ses soldats l'abandonnèrent, tellement que lui & Volusien son fils furent massacrés. Peu auparavant il avait été si lâche, que, pour faire alliance avec les Scythes, il avait assujetti le peuple Romain à leur payer tribut chaque année. En ce temps, une peste horrible envahit plusieurs provinces, & spécialement l'Égypte; la contagion dura plus de douze ans entiers. La guerre & la famine s'ensuivit peu après, dont une infinité d'hommes moururent. Tous ces maux donnèrent à Saint Cyprian d'écrire ce beau traité de la Mort ou Mortalité, lequel se trouve encore aujourd'hui parmi ses autres oeuvres Valérien provoqua la huitième persécution, durant laquelle plusieurs bons serviteurs de Dieu & ministres de sa parole furent exécutés à mort, comme il dit a été ci-devant. Peu
de temps après qu'il eut commencé à affliger ainsi les fidèles,
étant allé en guerre contre les Perses, Dieu voulut qu'il tombât
vif entre leurs
mains. Leur Roi, nommé Sapores, traita ce Valérien comme il le
méritait; car tout
comme il avait
été une bête cruelle qui avait voulu dompter & manier à son
plaisir l'Église de Dieu, il fut enfermé dans une cage, & quand
Sapores voulait monter à cheval, Valérien était contraint de
prêter les reins pour servir de montoir à son ennemi. Il demeura
fort longtemps en cette captivité. Un de ses prévôts, nommé Claude, grand persécuteur des fidèles, fut saisi de l'esprit malin qui lui trancha la langue par pièces, puis l'étrangla. Après
la prise de Valérien , tout l'empire Romain fut en troubles. En un
même temps, dans
plusieurs lieux, il y eut trente personnes diverses qui prirent
le titre & l'autorité d'Empereur. Galiénus fils de Valérien fut tué avec un de ses fils ou frère dans la ville de Milan. Aurélien, au commencement de son empire, traita doucement les Chrétiens; mais sur la fin, ne pouvant celer (maîtriser) son naturel cruel & barbare, il délibéra de persécuter l'Église de Dieu aussi furieusement que ses prédécesseurs. Et comme il était dans cette poursuite, la foudre du ciel tombant à ses pieds l'effraya, & il se retira quelque peu; mais s'étant conformé dans sa délibération sanguinaire, Dieu tourna le glaive de ses propres domestiques à l'encontre de leur maître, tellement qu'il fut tué par les siens entre Byzance & Héraclée. Plusieurs disent qu'il mourut de mort soudaine, en voulant soussigner quelques lettres contre les Chrétiens. Or tous s'accordent en ce point qu'il mourut de mort violente. Un de ses prévôts nommé Antiochus faisant torturer Agapetus témoin de la vérité de l'Évangile , tomba soudain de son siège judicial, criant à haute voix que toutes ses entrailles étaient en feu & rendit l'esprit en ce tourment. Dioclétien & L'Église de Dieu eut quelques trêves depuis la mort d'Aurélien jusqu'au 19. an de l'empire de Dioclétien & Maximien, qui gouvernaient ensemble l'Orient & l'Occident. Mais, à cause du peu de zèle des Chrétiens, & pour les contentions (disputes) entre les Pasteurs & Docteurs, le Seigneur voulant purger les ordures de son Église lâcha la bride à ces deux tyrans qui, premièrement firent raser tous les temples des Chrétiens, puis brûler les livres de Théologie; après ils chassèrent tous les officiers & les magistrats faisant profession de la religion, décernèrent (décidèrent) des prises de corps contre les ministres, les anciens & tous autres qui avaient eu charge dans l'Église. Finalement, ils ordonnèrent que les Chrétiens seraient contraints par tous les tourments, dont les bourreaux s'aviseraient, pour renoncer leur religion & sacrifier aux idoles, ce qui fut exécuté d'une façon cruelle à tel point qu'il y eut un nombre infini de martyrs. En 17. jours il y en eut trente milles exécutés à mort, & autant ou d'avantage enchaînés & conduits aux métaux & perlières (carrière de pierres), tourments ressemblant en quelque sorte à la punition des Galères d'aujourd'hui.
Plusieurs
racontent que Dioclétien entra dans une
telle rage contre
les Chrétiens, que même il fit mourir sa propre femme, nommée
Séréna, parce qu'elle était Chrétienne.
Une
ville de Phrygie fut brûlée & réduite en cendres avec tous ses
habitants, même les magistrats, capitaines & gouverneurs de
l'Empereur, parce qu'ils avouèrent tous la pure
doctrine,
sans qu'un seul d'entre eux voulût faire abjuration. Or ces meurtriers, voyant les Chrétiens avoir toujours bon courage, ils commencèrent à se lasser de commettre des meurtres aussi horribles, ils procédèrent d'une autre façon moins rigoureuse, à ce qui leur semblait. Ils faisaient prendre & assembler les Chrétiens par milliers; puis on leur crevait l'œil droit, & on brûlait d'un fer chaud leur jarret gauche, tellement qu'ils étaient rendus borgnes & boiteux: cela fait, on les menait fouir (creuser, piocher) aux mines. Voilà comme les enfants de Dieu furent traités.
Maintenant,
considérons quel payement reçurent ces brigands horribles. Durant la persécution, il y eut un grand tremblement de terre à Tyr & Sidon, où plusieurs milliers d'hommes furent tués par la chute des édifices. Il en advint autant à Rome & dans quelques autres quartiers d'Italie.
Flaccus,
prévôt de Spolette, après avoir fait mourir Grégoire, Évêque du
lieu, fut frappé de Dieu, & rendit l'esprit avec les entrailles
qui sortirent de son corps.
Diocletien
& Maximien eurent pour successeurs Constantius Clorus, père de
Constantin le grand, & Galérius Maximin.
Galérius,
ayant rudement persécuté les Églises d'Orient, fut saisi d'une
horrible, incurable & vilaine maladie, pendant
laquelle
ses boyaux s'enflaient, & les vers sortaient de toutes parts et
le rongeaient continuellement. Il devint si puant que personne
n'osait ni ne voulait approcher de lui: ce qui le précipita dans
telle rage qu'il fit mourir plusieurs médecins, parmi
lesquels un lui montra que sa maladie était un juste jugement de
Dieu sur lui, à cause des maux qu'il avait fait aux Chrétiens. Son lieutenant général nommé Maximin s'enflamma aussi furieusement au point que pas un des précédents persécuteurs n'agit ainsi à l'encontre de l'Église. Il fit graver sur des tables d'airain la condamnation des fidèles, & fit attacher des tableaux à des colonnes dans les places publiques des villes & les lieux de son gouvernement.
Ce
qu'étant fait, l'Église fut si cruellement affligée, que plus de
quatre-vingt mille martyrs furent emportés par cette tempête. Enfin, ayant été défait dans une bataille par Licinius, il se dépita contre ses prêtres & devins qui l'avaient induit à cette guerre, & il en fit mourir la plupart; puis étant soudainement tombé fort malade, il fit un autre édit, par lequel il permettait aux Chrétiens le libre exercice de la religion. Cependant, il ne se convertissait-il pas à Dieu de bon cœur & ne faisait cela seulement que pour essayer de trouver plus d'aide envers ce Dieu des Chrétiens que vers ses dieux qui l'avaient trompé, & pour se rendre moins suspect aux Chrétiens, afin de ne pas les avoir pour ennemis, lors qu'il assaudrait (attaquerait) Constantin & Licinius, comme il avait délibéré. Mais étant sur ce point, & ayant déjà appareillé son armée, il fut surpris par de grandes douleurs d'entrailles, & de coliques fort violentes qui le maniaient tellement qu'il ne pouvait se coucher, mais se jetait penché contre terre. Et alors qu'auparavant ç'avait été un grand gourmand & un ivrogne démesuré, il ne pouvait plus avaler ni goûter même un seul morceau de viande, ni seulement sentir l'odeur du vin. Ainsi étant... consumé par le manque de nourriture, il fut contraint de connaître la juste vengeance de Dieu sur lui, & confesser qu'il était puni pour ses crimes. Finalement il perdit la vue & mourut dans cet état. Après la mort de Constantius, père Maxence. de Constantin, les soldats des vieilles bandes conspirant ensemble élurent pour Empereur d'Occident Maxence, fils de Maximien, pour être compagnon de Galérius. Ce fut un vilain paillard & un ennemi juré de la pudicité de toutes femmes honnêtes, principalement des Chrétiennes, parmi lesquelles il y en eut une à Rome qui se tua dans sa chambre pour éviter la lubricité de ce garnement (ce vaurien). Il persécuta les Chrétiens à outrance, mais Dieu lui coupa le chemin de bonne heure; car le Sénat Romain, fâché de ses ravissements (enlèvements) & de la méchanceté de ses soldats, il appela secrètement Constantin élu Empereur d'Occident, par lequel Dieu donna la victoire contre Maxence, qui périt & se noya dans le Tibre, avec grand nombre des siens, cuidans (croyant) se sauver par dessus un pont, lequel se rompit alors. La plupart de ceux qui avaient favorisé Maximin furent exterminés, spécialement les persécuteurs de l'Église: entre lesquels furent Peucetius & Quintien hommes sanguinaires jusqu'au bout, lieutenant de Maximin & ses plus favoris. Le gouverneur de Damas, qui contraignit des femmes à dire mille mensonges des Chrétiens, se tua lui-même, peu de temps après la mort de son maître Maximin , comme Eusèbe le raconte au livre neuvième chap. 5. & 6. Un autre, nommé Theotecnus, gouverneur d'Antioche, y fut exécuté à mort avec plusieurs autres par le commandement de Licinius, d'autant qu'entre autres méchancetés il avait fait croire au peuple qu'une idole de Jupiter avait parlé & commandé qu'on chassât les Chrétiens hors des villes & de leurs alentours. Les enfants & les parents de Maximin furent aussi exécutés à mort. Sa mémoire condamnée comme celle d'un tyran & ennemi juré de la gloire de Dieu, ses armoiries effacées de tous lieux, rompues & brisées, entant (autant) que faire se peut. Toutes les images élevées en son honneur furent mises en poudre avec ignominie & moqueries piquantes: ainsi toutes les marques d'opprobre dressées contre les Chrétiens furent effacées partout, & la paix rendue aux Églises par ce bon Empereur Constantin. Licinius, compagnon de Constantin, favorisa les Chrétiens au commencement; puis après s'étant bandé (tourné) contre eux, il fut assailli & vaincu en guerre par Constantin. Mais il ne put s'empêcher de recommencer, ce qui occasionna (obligea) Constantin de commander qu'on le fît mourir: ce qui fut exécuté.
Julien,
surnommé l'Apostat, ennemi juré de Christ & des Chrétiens
qu'il appelait Galiléens, par moquerie, fit le pire qu'il put
à
l'Église, environ 366. ans après la venue de Jésus
Christ.
Ayant
ainsi combattu Jésus Christ, il alla faire la guerre aux Perses,
jurant qu'à son retour il exterminerait tous les Chrétiens; mais
c'était compter sans l'hôte comme on dit; car il y fut transpercé
d'un coup de trait, sans qu'on ait pu bonnement savoir d'où est venu
le coup : la plupart estime qu'un Ange l'a fait plutôt qu'un homme. Un sien oncle aussi nommé Julien, avait pissé sur la table sur laquelle les Chrétiens d'Antioche célébraient la sainte Cène, & battu à coups de poing l'Évêque nommé Euzoius, qui le reprenait de cette vilaine impiété. Peu de temps après, il fut saisi d'une grave maladie de pourriture d'entrailles, ne pouvant pisser ni vider son ordure que par sa bouche infâme, ainsi, il mourût malheureusement. Sozomène ajoute que la chair pourrie de ce vilain se convertit en vers qui ne cessèrent de le ronger tout vif, & qu'il n'y eut aucun remède quelconque pour les empêcher qu'ils ne le mangeassent entièrement.
Un
trésorier de Julien , regardant les vaisseaux (vase,
coupe) de ce temple d'Antioche, desquels on se servait pour
la S. Cène, en se moquant commença à dire: «Sont-ce ici les
gobelets desquels on sert ce fils de Marie?»
Valens,
Empereur Arien, fit noyer par un coup de
trahison,
quatre vingt ministres de diverses Églises, comme Socrate le
raconte, & ce environ l'an du
Seigneur 371.
On
ne saurait dire combien les Vandales, Huns, Goths & autres
peuples barbares ont répandu de sang Chrétien dans
l'espace
de quatre-vingts ou cent ans, qu'ils ont fourragé l'Afrique &
l'Europe. Les Vandales, ayant occupé l'Afrique, & déchassé (chassé) entièrement les Romains de leur domination, firent la guerre, par l'espace de huitante ans (80 ans), aux Églises de ce pays-là, d'autant plus qu'elles ne voulaient point recevoir l'Arianisme.Mais, en la cinquième année de Gilimer leur dernier Roi, Bellisaire, lieutenant général de l'Empereur Justinien, les défît, & extermina entièrement cette maudite nation, qui sentit, à sa confusion extrême, combien c'est une chose redoutable de tomber entre les mains du Dieu des vengeances. Cette défaite advint l'an de Christ 535
Voyons
maintenant comment leurs Rois ont été traités. Croscus, Roi des Vandales, après Stilicon, voulant assiéger Arles, fut fait prisonnier, & mené par toutes les villes & les places où il avait affligé les fidèles: finalement, après plusieurs tourments,il fut cruellement mis à mort. Gunderic, successeur de Croscus, ayant pris Hispale (4), commença à s'enorgueillir, à menacer & à persécuter l'Église de Dieu; mais il fut saisi d'un esprit malin, & mis à mort par celui-ci dans la seconde année de l'empire de Valentinien & Théodose le jeune, comme Sigebert (5) le raconte dans ses Chroniques. Gensérich
son successeur, tyran très cruel, persécuta à outrance les Églises
d'Afrique durant l'Empire de Théodose le jeune, &
de son
fils Hunnéric aussi, comme cela est amplement décrit par Victor,
Évêque d'Urique, dans
ses livres de la persécution des Églises d'Afrique. Proculus,
lieutenant de Genséric, pilleur de temples, &
brûleur
des livres de l'Écriture
sainte, devint enragé, & s'étant tronçonné la langue par
pièces bien menues, mourut en désespoir. Pendant
la persécution sous le même Genséric, un capitaine Vandale avait
trois esclaves Chrétiens, à savoir deux serviteurs & une
servante; il les
tourmentait chaque jour avec
de nouvelles tortures, tellement qu'on leur voyait les entrailles;
mais Dieu les ayant fortifiés & guéris, ce tyran ne se
lassa pas de continuer, si
bien que
la fureur de Dieu l'environna de telle sorte, que lui, ses filles
&
son bétail moururent soudainement. Trasimond succéda à Hunnéric; mais il ne traita pas les Chrétiens plus doucement que ses prédécesseurs, aussi n'échappa-t-il point à la main de l'Éternel, lequel donna la victoire à ses ennemis qui le défirent avec la plupart des Vandales: tellement que de dépit & de regret il mourut comme forcené (fou) bien peu après, comme Procopius & Euagre (6) le racontent. Hildéricus son fils fut Chrétien, & ne rétablit point les Églises; mais il fut pris par les embûches d'un nommé Gilimer qui le priva du gouvernement & se fit Roi. Ce Gilimer régna cinq ans, pendant lesquels il recommença la persécution; mais (comme il a été dit ci-dessus) Bellisaire le défit, & extermina cette maudite nation de Vandales infectés du venin d'Arias.
Quant
aux Huns, Goths & autres semblables, qui pour un temps ont
ravagé
furieusement, & fait un million de maux à la pauvre Église de
Dieu, ils ont aussi été fouettés avec leurs rois, comme les
exemples suivants le démontrent.
Rhadagaisus
Roi des Goths, ennemi juré & persécuteur horrible des
Chrétiens, faisant de grands aprêts (préparatifs),
pour ruiner l'Église, tomba avec toute son armée sous
la
puissance de ses ennemis qui, après lui avoir fait mille opprobres,
le firent mourir publiquement & cruellement, avec grandes
risées
& moqueries de tous ceux qui le virent. Attila, fléau épouvantable du Seigneur & terrible tyran s'il en fut jamais, duquel Théodose le jeune fut tributaire pour un temps afin de garantir les Églises d'Orient, après avoir répandu une mer de sang Chrétien, l'an sixième de son règne & le propre jour de ses noces, s'étant ennivré, fut frappé d'une apoplexie, & suffoqué (par un juste & visible jugement de Dieu) par son propre sang, dans lequel il se baigna jusqu'à la gorge, crevant par le moyen d'une chose dont il avait été tant altéré en toute sa vie.
Théodoric,
Roi des Goths, ou Théodoricj West-Goths , Arien & grand ennemi
des fidèles, fit meurtrir Symmachus, Boetius & plusieurs autres
bons personnages: mais Dieu le frappa tellement en l'entendement
(dans
sa raison), que
voyant un jour un poisson sur sa table ayant la gueule ouverte, il
s'imagina que c'étaient les têtes de ceux qu'il avait fait mourir
injustement; sur ce, il tomba dans une extrême
mélancolie &
désespoir, & finalement mourut sans repentance, trois mois ou
environ après avoir fait meurtrir Jean, Évêque de Rome. Blondus
raconte qu'il fut frappé d'apoplexie. Amalaric, prince entre ces peuples-là, persécuteur de sa propre femme qui était Chrétienne, fut défait & tué avec la plupart de son armée par son beau frère Childebert, Roi de France, comme Procopius & Grégoire de Tours en font mention. Les Allemands, confédérés des Goths, après avoir ruiné & mis en désolation les Églises d'Italie, furent punis selon leurs mérites, car une partie fut tuée en guerre, les autres chargés de butin furent détroussés, massacrés & précipités des montagnes en bas par les Huns & autres garnements mauvais sujets). Ceux qui se sauvèrent furent étouffés de peste, là où ils s'étaient retirés. Leurs capitaines Lutarius & Bultin furent traités de même; car le premier devint enragé, & s'étant déchiré lui-même à belles dents, mourut ennivré & foulé de son sang propre. Peu de temps après, son frère Bultin fut défait & tué avec son armée de 30. mille hommes, desquels n'y eut de sauvés que 5. qui échappèrent de bonne heure. Du temps de l'Empereur Justinien, les Huns, cruels persécuteurs des Églises de Thrace & de Grèce, furent châtiés comme les précédents, par les capitaines de l'Empereur, qui les défirent de telle sorte que leur nom même s'évanouit dans ces quartiers-là, comme Agathius le raconte au 5. livre de la guerre des Goths. Antharis, Roi des Lombards, homme méchant & ennemi des Chrétiens, mourut de poison à Pavie, par une juste vengeance de Dieu: ce que dit Paul Diacre au 3. livres des gestes des Lombards. Un autre Roi de ces peuples, nommé Gisulphe, pour entretenir la paix dans son royaume favorisait fort les Ariens; mais le Seigneur ne voulant endurer plus longtemps sa gloire être ainsi souillée, lui suscita un ennemi qui vainquit & défît ce Roi avec toute son armée, ruina toutes les villes & les temples des Ariens. Sa femme, après avoir été violée, fut empalée, les prisonniers, hommes vieux & jeunes furent tous tués, les femmes & les filles vendues, comme Paul Diacre (1) & Sabellic (2) le racontent. Il y a eu d'autres Rois & gouverneurs de ces peuples, qui suivant le train de leurs devanciers sont morts malheureusement (dans de tristes conditions). |
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