Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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HISTOIRE DES MARTYRS PERSÉCUTÉS ET MIS Á MORT

pour la vérité de l'Évangile




DISCOURS DES JUGEMENTS DE DIEU SUR QUELQUES PERSÉCUTEURS

DE L'ÉGLISE PRIMITIVE CHRÉTIENNE.


Nous avons commencé ci-dessus le récit des persécutions de l'Église par Néron, pour les raisons qui ont été déclarées. Ce sera aussi par lui que nous commencerons le présent discours, proposé aux fidèles pour les assurer que celui qui garde l'Église ne sommeille point.
Ainsi donc, Néron ayant
essayé par tous les moyens d'abolir la religion Chrétienne, fut lui mêmes aboli par un jugement admirable du Seigneur. Car les Provinces & leurs gouverneurs se révoltèrent contre son obéissance; puis les archers de sa garde l'abandonnèrent. Étant abandonné
& ne trouvant ami aucun en lieu que ce fut, le Sénat Romain le condamna à une mort très ignominieuse, comme ennemi de la ville & de l'empire de Rome.
S'étant mis en fuite aux environs de minuit, avec son bardache (1) Sporus, la foudre tomba devant lui, sans toutefois le toucher, car il n'était pas digne de mourir de la sorte; car il fallait qu'il mourût de sa méchante main, & qu'il se tuât lui-même.
Car s'étant caché de désespoir, il dit: «j'ai vécu vilainement, & plus vilainement je meurs.» Puis empoignant une dague, à l'aide de son bardache la fourra dans sa gorge, & ses dernières paroles furent: «Voilà la foi.»

Telle fut la vengeance de Dieu sur ce malheureux persécuteur de la Religion Chrétienne. Les histoires Romaines font mention de ceci.

Mais la vengeance de Dieu ne cessa pas pour ce coup-là. Car en ce temps moururent de peste plus de 30000. citoyens de Rome.
... Après la mort de Néron, une très cruelle guerre civile éclata, dans laquelle mourut un grand nombre de Romains. Dans ce même temps furent élus Empereurs, Galba en Espagne, Vitellius en Allemagne, & Vespasien en Syrie.
Galba étant venu d'Espagne à Rome fut tué par Otho.
Puis Otho se fit Empereur, & alla pour combattre Vitellius, lequel venait d'Allemagne à Rome avec son armée; mais ayant perdu quatre batailles contre les Capitaines de Vitellius, il se tua soi-même de sa propre épée.
Vitellius vint à Rome & se comporta fort cruellement, contraignant les frères de Vespasien avec les Slaves ses alliés à se retirer au Capitole, puis il y mit le feu, & par ce moyen racla le temple avec les Vespasiens.
Après
de telles cruautés, Vespasien venant à main armée à Rome, Vitellius fut abandonné de ses capitaines & de ses soldats, il fut pris & exposé à l'ignominie de tous, tué avec grands tourments, & sa charogne traînée dans le Tibre.

Voilà comment le sang des Chrétiens fut chèrement vendu & vengé sur les Romains.
Tout ceci advint entre les Gentils & Païens,
pendant que la vengeance de Dieu était déployée sur les Juifs dans leurs guerres, au siège, & dans la destruction de Jérusalem. Car en la 2. année de l'Empire de Vespasien, Jérusalem fut brûlée & réduite en cendres, suivant ce qu'en avaient prédit Jésus Christ & les Prophètes.

Mais ces vengeances épouvantables ne purent retenir l'Empereur Domicien, fils de Vespasien, qu'il ne persécutât aussi les Chrétiens. À cause de quoi il fut tué par ses gens mêmes, & enseveli sans aucun honneur. Le Sénat commanda que son nom fût entièrement effacé & que ses statues fussent jetées par terre & brisées.
Voilà quelle fut la fin ignominieuse de ce tyran cruel, lequel voulait être adoré comme Dieu.

Du temps de l'Empereur Trajan, parce qu'il avait aussi répandu beaucoup de sang Chrétien, ainsi que l'avons entendu ci-devant, survinrent à Rome & dans tout l'Empire de grandes calamités.
Le Tibre s'enfla & se déborda, avec un grand dommage pour les maisons & les biens des Romains.
La maison dorée de Néron fut consumée par le feu en un instant.
La foudre tomba sur le Panthéon, & brûla le temple avec les idoles.
Quatre villes en Asie, deux grandes en Grèce, & trois en Galatie furent ébranlées & ruinées par un horrible tremblement de terre.
Antioche aussi fut presque toute ruinée.
Davantage, l'Empire fut fort affligé de cherté, de famine & de peste, comme Orose le témoigne au septième livre, ch. 12.

Le même Orose dit que du temps des Empereurs Antonin surnommé le Véritable, & de Lucius, après qu'ils eurent persécuté l'Église, survînt une horrible peste, laquelle emporta tous les habitants de beaucoup de villages & de bourgades d'Italie, tellement qu'il n'en resta pas un seul, & les lieux habités devenaient déserts.
Puis l'armée & les soldats Romains en grand nombre furent misérablement étouffés de peste
(détruits par la peste).

La ville & l'Empire de Rome furent plongés dans le sang des Romains, parce que l'Empereur Septième Sévère persécuta l'Église Chrétienne. Car durant son gouvernement il y eut trois guerres civiles pendant lesquelles Julien, Pescennius Niger, & Claudius Albinus s'élevant contre lui, furent déconfits avec un grand nombre de soldats Romains.
C'est aussi pour cette raison que le sang des meurtriers qui répandent celui des justes & des innocents, est aussi répandu, & que ceux qui veulent détruire le règne de Christ, voient le leur ruiné & abattu, en se tuant les uns les autres.

Jules Maximin, meurtrier des Chrétiens, fut tué par ses gens propres, avec son fils Maximin le jeune, au siège de la ville d'Aquilée. Et disait-on parmi le camp, que d'une méchante race il ne fallait laisser en vie un seul petit. On leur coupa les têtes, & étant fichées à des piques. elles furent montrées à ceux d'Aquilée, puis envoyées à Rome, & là brûlées publiquement, avec de grandes moqueries & risées, puis leurs corps furent traînés en l'eau.


Mais l'Empereur Decius ne s'amenda en voyant la fin malheureuse de ses prédécesseurs, mais il se rua furieusement sur l'Église de Dieu, & répandit beaucoup de sang innocent, comme nous avons montré ci-devant. Dieu l'en châtia aussi, car il fut tué avec son fils Decius par les barbares Scythes, ou Tartares. Étant au combat contre ses ennemis, son cheval s'enfonça dans des marécages, où Decius finit ses jours; on ne peut-on jamais trouver son corps, car le diable l'emporta, & il ne faut point douter que ce n'ait été au lieu assigné à tel meurtrier, à savoir au fond d'enfer.
Paul Orose
ajoute, qu'en ce temps, une si horrible peste envahit tout l'Empire Romain, qu'il n'y eut province, ville ni aucune maison, qui n'en fut fort endommagée.

Ainsi fallait-il que la mort étranglât ceux qui voulaient suffoquer (étouffer) l'Évangile, qui est la parole de vie.

Saint Cyprian écrivant contre Démétrien touchant cette persécution de Decius, dit: «Nous sommes certains & assurés que tout ce que nous souffrons ne demeurera pas longuement ainsi, & que tant plus grande sera la persécution, plus notable et terrible en sera la vengeance.
Sans alléguer ce qui est passé de longs temps
(dans le passé), ce qui est advenu de fraîche mémoire doit suffire, à savoir qu'en un instant & d'une forte admirable, l'équité de nôtre cause est apparue par la mort effroyable des rois, ruines de biens, meurtres de gens d'armes & pertes de batailles.»

Gallus, successeur de Décius, ne régna que deux ans, au moyen de quoi il n'eut pas tant de loisirs (repos) que Satan eût désiré pour continuer la persécution. Cependant, il ne lassa pas de faire beaucoup de mal en peu d'espace, suivant le train de son prédécesseur, bannissant spécialement les fidèles. Mais il en fut salarié: car étant assailli par Emilien qui depuis fut Empereur, ses soldats l'abandonnèrent, tellement que lui & Volusien son fils furent massacrés. Peu auparavant il avait été si lâche, que, pour faire alliance avec les Scythes, il avait assujetti le peuple Romain à leur payer tribut chaque année.

En ce temps, une peste horrible envahit plusieurs provinces, & spécialement l'Égypte; la contagion dura plus de douze ans entiers.

La guerre & la famine s'ensuivit peu après, dont une infinité d'hommes moururent. Tous ces maux donnèrent à Saint Cyprian d'écrire ce beau traité de la Mort ou Mortalité, lequel se trouve encore aujourd'hui parmi ses autres oeuvres

Valérien provoqua la huitième persécution, durant laquelle plusieurs bons serviteurs de Dieu & ministres de sa parole furent exécutés à mort, comme il dit a été ci-devant.

Peu de temps après qu'il eut commencé à affliger ainsi les fidèles, étant allé en guerre contre les Perses, Dieu voulut qu'il tombât vif entre leurs mains. Leur Roi, nommé Sapores, traita ce Valérien comme il le méritait; car tout comme il avait été une bête cruelle qui avait voulu dompter & manier à son plaisir l'Église de Dieu, il fut enfermé dans une cage, & quand Sapores voulait monter à cheval, Valérien était contraint de prêter les reins pour servir de montoir à son ennemi. Il demeura fort longtemps en cette captivité.
Enfin, pour perpétuel trophée de son malheur, Sapores le fit écorcher tout vif, comme le récite
(raconte) Eusèbe.

Un de ses prévôts, nommé Claude, grand persécuteur des fidèles, fut saisi de l'esprit malin qui lui trancha la langue par pièces, puis l'étrangla.

Après la prise de Valérien , tout l'empire Romain fut en troubles. En un même temps, dans plusieurs lieux, il y eut trente personnes diverses qui prirent le titre & l'autorité d'Empereur.
Les Perses, les Allemands, les Goths, les Sarmates & autres peuples ravagèrent
& pillèrent une infinité de pays. Plusieurs villes près de la mer furent englouties dans les flots.

Galiénus fils de Valérien fut tué avec un de ses fils ou frère dans la ville de Milan.

Aurélien, au commencement de son empire, traita doucement les Chrétiens; mais sur la fin, ne pouvant celer (maîtriser) son naturel cruel & barbare, il délibéra de persécuter l'Église de Dieu aussi furieusement que ses prédécesseurs. Et comme il était dans cette poursuite, la foudre du ciel tombant à ses pieds l'effraya, & il se retira quelque peu; mais s'étant conformé dans sa délibération sanguinaire, Dieu tourna le glaive de ses propres domestiques à l'encontre de leur maître, tellement qu'il fut tué par les siens entre Byzance & Héraclée. Plusieurs disent qu'il mourut de mort soudaine, en voulant soussigner quelques lettres contre les Chrétiens. Or tous s'accordent en ce point qu'il mourut de mort violente.

Un de ses prévôts nommé Antiochus faisant torturer Agapetus témoin de la vérité de l'Évangile , tomba soudain de son siège judicial, criant à haute voix que toutes ses entrailles étaient en feu & rendit l'esprit en ce tourment.

Dioclétien & L'Église de Dieu eut quelques trêves depuis la mort d'Aurélien jusqu'au 19. an de l'empire de Dioclétien & Maximien, qui gouvernaient ensemble l'Orient & l'Occident. Mais, à cause du peu de zèle des Chrétiens, & pour les contentions (disputes) entre les Pasteurs & Docteurs, le Seigneur voulant purger les ordures de son Église lâcha la bride à ces deux tyrans qui, premièrement firent raser tous les temples des Chrétiens, puis brûler les livres de Théologie; après ils chassèrent tous les officiers & les magistrats faisant profession de la religion, décernèrent (décidèrent) des prises de corps contre les ministres, les anciens & tous autres qui avaient eu charge dans l'Église. Finalement, ils ordonnèrent que les Chrétiens seraient contraints par tous les tourments, dont les bourreaux s'aviseraient, pour renoncer leur religion & sacrifier aux idoles, ce qui fut exécuté d'une façon cruelle à tel point qu'il y eut un nombre infini de martyrs.

En 17. jours il y en eut trente milles exécutés à mort, & autant ou d'avantage enchaînés & conduits aux métaux & perlières (carrière de pierres), tourments ressemblant en quelque sorte à la punition des Galères d'aujourd'hui.

Plusieurs racontent que Dioclétien entra dans une telle rage contre les Chrétiens, que même il fit mourir sa propre femme, nommée Séréna, parce qu'elle était Chrétienne.
Vingt mille personnes furent brûlées ensemble à une fois dans un temple par le commandement de Maximien.

Une ville de Phrygie fut brûlée & réduite en cendres avec tous ses habitants, même les magistrats, capitaines & gouverneurs de l'Empereur, parce qu'ils avouèrent tous la pure doctrine, sans qu'un seul d'entre eux voulût faire abjuration.
La confiance des fidèles fut admirable dans plusieurs endroits; il y eut beaucoup de révoltes, mais le nombre des martyrs fut plus grand sans comparaison à celui des apostats. Cette persécution dura dix ans.

Or ces meurtriers, voyant les Chrétiens avoir toujours bon courage, ils commencèrent à se lasser de commettre des meurtres aussi horribles, ils procédèrent d'une autre façon moins rigoureuse, à ce qui leur semblait. Ils faisaient prendre & assembler les Chrétiens par milliers; puis on leur crevait l'œil droit, & on brûlait d'un fer chaud leur jarret gauche, tellement qu'ils étaient rendus borgnes & boiteux: cela fait, on les menait fouir (creuser, piocher) aux mines. Voilà comme les enfants de Dieu furent traités.

Maintenant, considérons quel payement reçurent ces brigands horribles.
En premier lieu, ils quittèrent la dignité impériale, une partie de rage & de dépit pour n'avoir pu dompter les Chrétiens, une partie aussi pour avoir une infinité d'ennemis à cause de leur naturel sanguinaire & redoutable à tous.
L'un se retira à Nicomédie, & l'autre à Milan, où ils vécurent quelque temps en privé & comme seuls.
La maison de Dioclétien fut foudroyée & brûlée par le feu du ciel, puis une enflure le saisit par tout le corps; après, cela, elle s'évacua & il devint sec comme bois, la vermine s'engendra dans sa langue avec telle puanteur, que personne n'osait approcher de lui. Étant dans cette langueur, il rendit l'âme avec blasphèmes & hurlements terribles.
Les autres disent qu'il devint perclus de ses membres, puis enragé, & que finalement il se tua, ayant peu de temps auparavant été tellement étonné du tonnerre, qu'il ne savait où se cacher.
D'autres écrivent qu'il s'empoisonna, craignant de souffrir une mort ignominieuse, d'autant que Constantin & Licinius l'avaient menacé ouvertement de cela.
Tant il ya , que tous s'accordent en ce point, qu'il mourut furieux & désespéré.

Durant la persécution, il y eut un grand tremblement de terre à Tyr & Sidon, où plusieurs milliers d'hommes furent tués par la chute des édifices. Il en advint autant à Rome & dans quelques autres quartiers d'Italie.

Flaccus, prévôt de Spolette, après avoir fait mourir Grégoire, Évêque du lieu, fut frappé de Dieu, & rendit l'esprit avec les entrailles qui sortirent de son corps.
Dioscorus, ayant fait mourir sa propre fille, fut foudroyé par le feu du ciel.
Un autre, nommé Aposrasius, tomba de dessus son cheval en terre dont il mourut incontinent.
Quant à Maximien après sa déposition, il retourna à Rome pour être rétabli au gouvernement de l'Empire. Mais ayant été débouté de sa requête, & chassé par son propre fils Maxence, il s'enfuit à Marseille vers Constantin son gendre, duquel il machina la mort, quelques jours après son arrivée, continuant par ce moyen dans son naturel sanguinaire & furieux. Mais sa propre fille préféra à son père Constantin son mari, & lui fit découvrir la trahison. C'est ainsi que Dieu amena miraculeusement ce meurtrier à sa fin entre les mains de son gendre, qui le fit pendre & étrangler à Marseille.

Diocletien & Maximien eurent pour successeurs Constantius Clorus, père de Constantin le grand, & Galérius Maximin.
Constantius eut l'Occident, dont il se contenta, & favorisa toujours les Chrétiens.
Galérius Maximin s'adjoignit pour compagnon à sa part de l'empire un sien frère ou parent nommé Maximin.

Galérius, ayant rudement persécuté les Églises d'Orient, fut saisi d'une horrible, incurable & vilaine maladie, pendant laquelle ses boyaux s'enflaient, & les vers sortaient de toutes parts et le rongeaient continuellement. Il devint si puant que personne n'osait ni ne voulait approcher de lui: ce qui le précipita dans telle rage qu'il fit mourir plusieurs médecins, parmi lesquels un lui montra que sa maladie était un juste jugement de Dieu sur lui, à cause des maux qu'il avait fait aux Chrétiens.
Il fut tellement étonné de cette remontrance, que sur l'heure il dépêcha des lettres patentes (ouvertes) fort favorables aux Chrétiens, lesquelles furent exécutées en quelques endroits seulement, & assez sommairement.
Galérius ne revint pourtant à convalescence, mais, après beaucoup de tourments, étant poussé de fureur & de désespoir se défit soi-même (se tua).

Son lieutenant général nommé Maximin s'enflamma aussi furieusement au point que pas un des précédents persécuteurs n'agit ainsi à l'encontre de l'Église. Il fit graver sur des tables d'airain la condamnation des fidèles, & fit attacher des tableaux à des colonnes dans les places publiques des villes & les lieux de son gouvernement.

Ce qu'étant fait, l'Église fut si cruellement affligée, que plus de quatre-vingt mille martyrs furent emportés par cette tempête.
Or Maximin, ayant été menacé par Constantin & Licinius, s'adoucit de beaucoup & fit un édit, par lequel il permettait aux Chrétiens de vivre en liberté de conscience, sans être recherchés ni molestés. Tout cela se faisait par feintise (hypocrisie), car il favorisait surtout & partout les idolâtries.

Enfin, ayant été défait dans une bataille par Licinius, il se dépita contre ses prêtres & devins qui l'avaient induit à cette guerre, & il en fit mourir la plupart; puis étant soudainement tombé fort malade, il fit un autre édit, par lequel il permettait aux Chrétiens le libre exercice de la religion. Cependant, il ne se convertissait-il pas à Dieu de bon cœur & ne faisait cela seulement que pour essayer de trouver plus d'aide envers ce Dieu des Chrétiens que vers ses dieux qui l'avaient trompé, & pour se rendre moins suspect aux Chrétiens, afin de ne pas les avoir pour ennemis, lors qu'il assaudrait (attaquerait) Constantin & Licinius, comme il avait délibéré.

Mais étant sur ce point, & ayant déjà appareillé son armée, il fut surpris par de grandes douleurs d'entrailles, & de coliques fort violentes qui le maniaient tellement qu'il ne pouvait se coucher, mais se jetait penché contre terre. Et alors qu'auparavant ç'avait été un grand gourmand & un ivrogne démesuré, il ne pouvait plus avaler ni goûter même un seul morceau de viande, ni seulement sentir l'odeur du vin. Ainsi étant... consumé par le manque de nourriture, il fut contraint de connaître la juste vengeance de Dieu sur lui, & confesser qu'il était puni pour ses crimes. Finalement il perdit la vue & mourut dans cet état.

Après la mort de Constantius, père Maxence. de Constantin, les soldats des vieilles bandes conspirant ensemble élurent pour Empereur d'Occident Maxence, fils de Maximien, pour être compagnon de Galérius.

Ce fut un vilain paillard & un ennemi juré de la pudicité de toutes femmes honnêtes, principalement des Chrétiennes, parmi lesquelles il y en eut une à Rome qui se tua dans sa chambre pour éviter la lubricité de ce garnement (ce vaurien). Il persécuta les Chrétiens à outrance, mais Dieu lui coupa le chemin de bonne heure; car le Sénat Romain, fâché de ses ravissements (enlèvements) & de la méchanceté de ses soldats, il appela secrètement Constantin élu Empereur d'Occident, par lequel Dieu donna la victoire contre Maxence, qui périt & se noya dans le Tibre, avec grand nombre des siens, cuidans (croyant) se sauver par dessus un pont, lequel se rompit alors.

La plupart de ceux qui avaient favorisé Maximin furent exterminés, spécialement les persécuteurs de l'Église: entre lesquels furent Peucetius & Quintien hommes sanguinaires jusqu'au bout, lieutenant de Maximin & ses plus favoris.

Le gouverneur de Damas, qui contraignit des femmes à dire mille mensonges des Chrétiens, se tua lui-même, peu de temps après la mort de son maître Maximin , comme Eusèbe le raconte au livre neuvième chap. 5. & 6.

Un autre, nommé Theotecnus, gouverneur d'Antioche, y fut exécuté à mort avec plusieurs autres par le commandement de Licinius, d'autant qu'entre autres méchancetés il avait fait croire au peuple qu'une idole de Jupiter avait parlé & commandé qu'on chassât les Chrétiens hors des villes & de leurs alentours.

Les enfants & les parents de Maximin furent aussi exécutés à mort. Sa mémoire condamnée comme celle d'un tyran & ennemi juré de la gloire de Dieu, ses armoiries effacées de tous lieux, rompues & brisées, entant (autant) que faire se peut. Toutes les images élevées en son honneur furent mises en poudre avec ignominie & moqueries piquantes: ainsi toutes les marques d'opprobre dressées contre les Chrétiens furent effacées partout, & la paix rendue aux Églises par ce bon Empereur Constantin.

Licinius, compagnon de Constantin, favorisa les Chrétiens au commencement; puis après s'étant bandé (tourné) contre eux, il fut assailli & vaincu en guerre par Constantin. Mais il ne put s'empêcher de recommencer, ce qui occasionna (obligea) Constantin de commander qu'on le fît mourir: ce qui fut exécuté.

Julien, surnommé l'Apostat, ennemi juré de Christ & des Chrétiens qu'il appelait Galiléens, par moquerie, fit le pire qu'il put à l'Église, environ 366. ans après la venue de Jésus Christ.
Il fit rendre aux Païens leurs temples que Constantin avait fait fermer.
Il
ôta aux Églises & à leurs Ministres les privilèges, les franchises & les commodités que Constantin leur avait données.
Il
défendit aux Chrétiens d'avoir des écoles pour leurs enfants.
Il
écrivit lui même quelques livres contre la religion Chrétienne.
Il confisqua les biens de l'Église, & imposa de gros tributs sur les fidèles, disant par gaudisserie
(moquerie) que Jésus Christ avait défendu aux Chrétiens de thésauriser en terre, & commandé de bailler (donner) le manteau à celui qui ôterait le saye (2), qu'ils devaient souffrir tous les outrages patiemment, puisque leur maître les avait ainsi enseignés.
Il fit remettre
sur l'étendard de l'empire les images de Jupiter, Mars & Mercure (3), & ne permit à personne d'aller en guerre, avant que premièrement il n'eût sacrifié aux idoles. À l’occasion, il condamna à mort quelques soldats, auxquels, soudain, il donna la vie (Il fit grâce); cependant, il ordonna que nul Chrétien n'aurait charge en guerre, ni ne serait reçu en dignité quelconque.
Il permit aux Juifs de retourner à Jérusalem
pour rebâtir le temple, & faire leurs sacrifices: ce qu'ils s'efforcèrent faire, mais le feu & la foudre du ciel les en empêcha, & en accabla un grand nombre.

Ayant ainsi combattu Jésus Christ, il alla faire la guerre aux Perses, jurant qu'à son retour il exterminerait tous les Chrétiens; mais c'était compter sans l'hôte comme on dit; car il y fut transpercé d'un coup de trait, sans qu'on ait pu bonnement savoir d'où est venu le coup : la plupart estime qu'un Ange l'a fait plutôt qu'un homme.
En mourant, il trempa sa main dans le sang qui découlait de sa plaie, & dépitant Jésus Christ pour la dernière fois, s'écria en fureur, en jetant ce sang contre le ciel: «Tu as vaincu, Galiléen,» appelant ainsi Jésus Christ.
Ainsi mourut ce malheureux, âgé de trente-deux ans seulement, comme plusieurs disent. Grégoire Nazianzène écrit dans sa harangue contre Julien, qu'il avait entendu que la terre s'était ouverte & avait englouti la charogne de ce méchant.

Un sien oncle aussi nommé Julien, avait pissé sur la table sur laquelle les Chrétiens d'Antioche célébraient la sainte Cène, & battu à coups de poing l'Évêque nommé Euzoius, qui le reprenait de cette vilaine impiété. Peu de temps après, il fut saisi d'une grave maladie de pourriture d'entrailles, ne pouvant pisser ni vider son ordure que par sa bouche infâme, ainsi, il mourût malheureusement. Sozomène ajoute que la chair pourrie de ce vilain se convertit en vers qui ne cessèrent de le ronger tout vif, & qu'il n'y eut aucun remède quelconque pour les empêcher qu'ils ne le mangeassent entièrement.

Un trésorier de Julien , regardant les vaisseaux (vase, coupe) de ce temple d'Antioche, desquels on se servait pour la S. Cène, en se moquant commença à dire: «Sont-ce ici les gobelets desquels on sert ce fils de Marie?»
Mais peu après tout le sang lui sortit du corps par la bouche en peu d'heures & ainsi périt cet exécrable moqueur, qui mérite d'être remis au rang des apostats avec son maître; comme fait aussi Elpidius grand maître de la cour de Julien l'Apostat, qui, après avoir blasphémé Jésus Christ de différentes façons, fut accusé de s'être trop avancé aux affaires d'état, tellement qu'à cette occasion il fut serré (mis dans les fers) & tourmenté vivement en prison, où il mourut d'une façon vilaine & déshonnête.
Ces jugements sont décrits amplement par Théodoret, Sozomène et Nicéphore dans leurs histoires Ecclésiastiques, parlant de Julien & de ses suppôts.

Valens, Empereur Arien, fit noyer par un coup de trahison, quatre vingt ministres de diverses Églises, comme Socrate le raconte, & ce environ l'an du Seigneur 371.
Il voulait contraindre les fidèles à devenir Ariens (dit Théodoret), mais il en fut châtié: car ayant été blessé d'une flèche dans la bataille qu'il perdit contre les Goths, cuidant (cherchant à) se sauver dans une petite loge champêtre, il fut brûlé tout vif dedans cette loge par ses ennemis qui le poursuivaient.
Son valet de chambre (aussi homme de bien que le maître) ne fit pas meilleure fin. Car comme Théodoret le raconte, Valens lui commanda d'aller apprester (préparer) le bain; à quoi voulant obéir, sitôt qu'il fut entré aux étuves, il perdit l'entendement, & se jeta dans une grande cuve d'eau bouillante, où il fut noyé, et son corps trouvé dissous par la chaleur du feu.

On ne saurait dire combien les Vandales, Huns, Goths & autres peuples barbares ont répandu de sang Chrétien dans l'espace de quatre-vingts ou cent ans, qu'ils ont fourragé l'Afrique & l'Europe.
Nous dirons premièrement quelques mots des jugements sur ces peuples, puis nous viendrons à leurs Rois.

Les Vandales, ayant occupé l'Afrique, & déchassé (chassé) entièrement les Romains de leur domination, firent la guerre, par l'espace de huitante ans (80 ans), aux Églises de ce pays-là, d'autant plus qu'elles ne voulaient point recevoir l'Arianisme.Mais, en la cinquième année de Gilimer leur dernier Roi, Bellisaire, lieutenant général de l'Empereur Justinien, les défît, & extermina entièrement cette maudite nation, qui sentit, à sa confusion extrême, combien c'est une chose redoutable de tomber entre les mains du Dieu des vengeances. Cette défaite advint l'an de Christ 535

Voyons maintenant comment leurs Rois ont été traités.
Euchérius, fils de Stilicon , qui était Vandale et Lieutenant général de l'Empereur Honorius, reçut la promesse de son père d'être un jour Empereur & dans cette espérance il promettait aux Vandales & aux autres ennemis de vérité, qu'il ruinerait tous les fidèles; mais lui & son père furent massacrés par les soldats d'Honorius & ainsi furent salariés (payés) de leurs trahisons.

Croscus, Roi des Vandales, après Stilicon, voulant assiéger Arles, fut fait prisonnier, & mené par toutes les villes & les places où il avait affligé les fidèles: finalement, après plusieurs tourments,il fut cruellement mis à mort.

Gunderic, successeur de Croscus, ayant pris Hispale (4), commença à s'enorgueillir, à menacer & à persécuter l'Église de Dieu; mais il fut saisi d'un esprit malin, & mis à mort par celui-ci dans la seconde année de l'empire de Valentinien & Théodose le jeune, comme Sigebert (5) le raconte dans ses Chroniques.

Gensérich son successeur, tyran très cruel, persécuta à outrance les Églises d'Afrique durant l'Empire de Théodose le jeune, & de son fils Hunnéric aussi, comme cela est amplement décrit par Victor, Évêque d'Urique, dans ses livres de la persécution des Églises d'Afrique.
Mais ils moururent tous deux misérablement: spécialement Hunnéric, qui fut mangé de la vermine,
& étant possédé du diable se déchira lui-même, & mourut enragé, comme Sigebert, Victor & Grégoire de Tours le racontent.

Proculus, lieutenant de Genséric, pilleur de temples, & brûleur des livres de l'Écriture sainte, devint enragé, & s'étant tronçonné la langue par pièces bien menues, mourut en désespoir.
Quelle fin donc doivent attendre tant de gouverneurs & peuples Athéistes de ce temps?

Pendant la persécution sous le même Genséric, un capitaine Vandale avait trois esclaves Chrétiens, à savoir deux serviteurs & une servante; il les tourmentait chaque jour avec de nouvelles tortures, tellement qu'on leur voyait les entrailles; mais Dieu les ayant fortifiés & guéris, ce tyran ne se lassa pas de continuer, si bien que la fureur de Dieu l'environna de telle sorte, que lui, ses filles & son bétail moururent soudainement.
Sa veuve donna les esclaves à un des cousins de Genséric, nommé Hersaon, lequel fut incontinent
(aussitôt) possédé & tourmenté du malin esprit, avec toute sa famille, comme Victor le raconte en son histoire.

Trasimond succéda à Hunnéric; mais il ne traita pas les Chrétiens plus doucement que ses prédécesseurs, aussi n'échappa-t-il point à la main de l'Éternel, lequel donna la victoire à ses ennemis qui le défirent avec la plupart des Vandales: tellement que de dépit & de regret il mourut comme forcené (fou) bien peu après, comme Procopius & Euagre (6) le racontent.

Hildéricus son fils fut Chrétien, & ne rétablit point les Églises; mais il fut pris par les embûches d'un nommé Gilimer qui le priva du gouvernement & se fit Roi.

Ce Gilimer régna cinq ans, pendant lesquels il recommença la persécution; mais (comme il a été dit ci-dessus) Bellisaire le défit, & extermina cette maudite nation de Vandales infectés du venin d'Arias.

Quant aux Huns, Goths & autres semblables, qui pour un temps ont ravagé furieusement, & fait un million de maux à la pauvre Église de Dieu, ils ont aussi été fouettés avec leurs rois, comme les exemples suivants le démontrent.
Après qu'une partie de leurs rois se furent entretués, les peuples commencèrent à se faire une cruelle guerre les uns aux autres: tellement qu'un de leurs capitaines écrivit à l'Empereur Honorius (Orose dit en la
fin de son histoire que ce furent ils... tous) en ces termes: «Sois paisible & demeure coi (tranquille, silencieux), nous nous entretuerons: regarde-nous faire seulement sans te bouger. La victoire sera pour toi, la ruine & confusion pour nous.»

Rhadagaisus Roi des Goths, ennemi juré & persécuteur horrible des Chrétiens, faisant de grands aprêts (préparatifs), pour ruiner l'Église, tomba avec toute son armée sous la puissance de ses ennemis qui, après lui avoir fait mille opprobres, le firent mourir publiquement & cruellement, avec grandes risées & moqueries de tous ceux qui le virent.
Les prisonniers surpris avec lui étaient en si grand nombre, qu'on en donnait une grosse troupe, pour un écu seulement, comme Paul Diacre & Orose le racontent.

Attila, fléau épouvantable du Seigneur & terrible tyran s'il en fut jamais, duquel Théodose le jeune fut tributaire pour un temps afin de garantir les Églises d'Orient, après avoir répandu une mer de sang Chrétien, l'an sixième de son règne & le propre jour de ses noces, s'étant ennivré, fut frappé d'une apoplexie, & suffoqué (par un juste & visible jugement de Dieu) par son propre sang, dans lequel il se baigna jusqu'à la gorge, crevant par le moyen d'une chose dont il avait été tant altéré en toute sa vie.

Théodoric, Roi des Goths, ou Théodoricj West-Goths , Arien & grand ennemi des fidèles, fit meurtrir Symmachus, Boetius & plusieurs autres bons personnages: mais Dieu le frappa tellement en l'entendement (dans sa raison), que voyant un jour un poisson sur sa table ayant la gueule ouverte, il s'imagina que c'étaient les têtes de ceux qu'il avait fait mourir injustement; sur ce, il tomba dans une extrême mélancolie & désespoir, & finalement mourut sans repentance, trois mois ou environ après avoir fait meurtrir Jean, Évêque de Rome. Blondus raconte qu'il fut frappé d'apoplexie.
Quelques années avant sa mort, son armée composée de garnements (mauvais sujets) & de brigands horribles, se défit lui-même (se tua), comme Grégoire de Tours le raconte.

Amalaric, prince entre ces peuples-là, persécuteur de sa propre femme qui était Chrétienne, fut défait & tué avec la plupart de son armée par son beau frère Childebert, Roi de France, comme Procopius & Grégoire de Tours en font mention.

Les Allemands, confédérés des Goths, après avoir ruiné & mis en désolation les Églises d'Italie, furent punis selon leurs mérites, car une partie fut tuée en guerre, les autres chargés de butin furent détroussés, massacrés & précipités des montagnes en bas par les Huns & autres garnements mauvais sujets). Ceux qui se sauvèrent furent étouffés de peste, où ils s'étaient retirés.

Leurs capitaines Lutarius & Bultin furent traités de même; car le premier devint enragé, & s'étant déchiré lui-même à belles dents, mourut ennivré & foulé de son sang propre. Peu de temps après, son frère Bultin fut défait & tué avec son armée de 30. mille hommes, desquels n'y eut de sauvés que 5. qui échappèrent de bonne heure.

Du temps de l'Empereur Justinien, les Huns, cruels persécuteurs des Églises de Thrace & de Grèce, furent châtiés comme les précédents, par les capitaines de l'Empereur, qui les défirent de telle sorte que leur nom même s'évanouit dans ces quartiers-là, comme Agathius le raconte au 5. livre de la guerre des Goths.

Antharis, Roi des Lombards, homme méchant & ennemi des Chrétiens, mourut de poison à Pavie, par une juste vengeance de Dieu: ce que dit Paul Diacre au 3. livres des gestes des Lombards.

Un autre Roi de ces peuples, nommé Gisulphe, pour entretenir la paix dans son royaume favorisait fort les Ariens; mais le Seigneur ne voulant endurer plus longtemps sa gloire être ainsi souillée, lui suscita un ennemi qui vainquit & défît ce Roi avec toute son armée, ruina toutes les villes & les temples des Ariens. Sa femme, après avoir été violée, fut empalée, les prisonniers, hommes vieux & jeunes furent tous tués, les femmes & les filles vendues, comme Paul Diacre (1) & Sabellic (2) le racontent.

Il y a eu d'autres Rois & gouverneurs de ces peuples, qui suivant le train de leurs devanciers sont morts malheureusement (dans de tristes conditions).


Table des matières

1) Son mignon. (Courtisan de la suite du roi)

2) La saie, espèce de manteau grossier.

3) Voy. ci-dessus, page 23.

4) Ville sur l'emplacement de laquelle s'est élevée Séville.

5) Sigebert de Gemblours. moine bénédictin de la Belgique, mort en 1112. Sa Chronique va de 561 à 1111.

6) Historien grec, né en Syrie, vers 536. A composé une Histoire ecclésiastique qui fait suite à celles de Socrate et de Théodoret.

 

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