Mais pour moi, j'invoque Dieu à témoin sur mon âme que c'est pour vous épargner que je ne suis pas encore allé à Corinthe ; non point que nous dominions sur votre foi, mais nous sommes les collaborateurs de votre joie, car vous tenez ferme dans la foi. Voici, en effet, ce que j'ai décidé en moi-même: ne pas aller de nouveau chez vous en affliction. Car si moi je vous afflige, qui donc me réjouira, sinon celui qui aura été affligé par moi ? Et je vous ai précisément écrit ceci (1) afin qu'en arrivant je ne reçoive pas du chagrin de la part de ceux qui devaient me réjouir; j'ai confiance au sujet de vous tous que ma joie est celle de vous tous. En effet, c'est du sein d'une grande affliction et d'un coeur angoissé que je vous ai écrit, en versant beaucoup de larmes, non pour que vous soyez dans le deuil, mais afin que vous connaissiez l'amour que j'ai pour vous en surabondance. Mais
si quelqu'un a
causé du chagrin, ce :n'est pas à moi qu'il en
a causé mais - jusqu'à un certain point, pour
ne pas le surcharger - à vous tous. Il suffit. pour
lui de la répréhension faite par la
majorité d'entre vous, en sorte qu'en retour vous
devez lui faire grâce et le consoler, de peur que cet
individu ne soit englouti dans une trop grande
affliction.
je vous exhorte donc à faire valoir à son
égard la charité. Car en vous écrivant
j'avais aussi pour but de connaître le résultat
de l'épreuve pour vous, et si vous êtes
obéissants en tout point. Mais à qui vous
pardonnez quelque chose, je pardonne aussi. Mon pardon,
en
effet, si je pardonne quelque chose, je l'accorde à
cause de vous en présence de Christ, afin que nous ne
soyons pas majorisés par Satan, car nous n'ignorons
pas ses pensées.
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C'est une grande et noble scène de l'histoire de l'Eglise que ces versets nous présentent. Nous y rencontrons un troupeau chrétien, petit par le nombre selon toute apparence, peu influent pour qui borne l'influence à la richesse et à la position sociale, mais admirablement pourvu de dons spirituels, par là même gravement menacé, attaqué déjà jusque dans les sources de sa vie.
Trois figures se détachent avec un relief extraordinaire, de ce tableau si magistralement peint. Au premier plan, celle du pasteur; le missionnaire, l'apôtre commence déjà à nous laisser voir jusqu'au fond, non pas de sa théologie et de son système, mais de son coeur, et nous serons surpris de le découvrir si délicat, si tendre; on dirait celui pour ne pas le surcharger - à vous tous. Il suffit. pour lui de la répréhension faite par la majorité d'entre vous, en sorte qu'en retour vous devez lui faire grâce et le consoler, de peur que cet individu ne soit englouti dans une trop grande affliction. je vous exhorte donc à faire valoir à son égard la charité. Car en vous écrivant j'avais aussi pour but de connaître le résultat de l'épreuve pour vous, et si vous êtes obéissants en tout point. Mais à qui vous pardonnez quelque chose, je pardonne aussi. Mon pardon, en effet, si je pardonne quelque chose, je l'accorde à cause de vous en présence de Christ, afin que nous ne soyons pas majorisés par Satan, car nous n'ignorons pas ses pensées.
C'est une grande et noble scène de l'histoire de l'Eglise que ces versets nous présentent. Nous y rencontrons un troupeau chrétien, petit par le nombre selon toute apparence, peu influent pour qui borne l'influence à la richesse et à la position sociale, mais admirablement pourvu de dons spirituels, par là même gravement menacé, attaqué déjà jusque dans les sources de sa vie.
Trois figures se détachent avec un relief extraordinaire, de ce tableau si magistralement peint. Au premier plan, celle du pasteur; le missionnaire, l'apôtre commence déjà à nous laisser voir jusqu'au fond, non pas de sa théologie et de son système, mais de son coeur, et nous serons surpris de le découvrir si délicat, si tendre; on dirait celui d'une mère. Puis la figure d'un membre de l'Eglise qui, par sa conduite, a déchiré ce coeur, compromis le troupeau à peine formé, réjoui les incrédules et les païens, créé autour de lui des divisions profondes, et contre lequel, pendant que notre auteur écrit sa lettre, une si grande sévérité se déploie qu'il est sur le point d'être englouti, - le mot est de l'apôtre, - dans son désespoir. Enfin, tout au fond du tableau, caché et pourtant visible, toujours éveillé, agissant avec une activité inlassable, cet ennemi de Dieu et des hommes, de l'Eglise surtout, que Paul ne craint jamais de nommer par son nom pour le combattre : Satan. Il n'était pas loin de détruire le troupeau de Corinthe lorsque le pasteur, par son énergique intervention, parvient à déjouer ses plans.
Pour bien comprendre le rôle joué par chacun de ces personnages, et pour mieux juger l'ensemble du tableau, il convient de nous occuper tout d'abord du Corinthien coupable, vrai Hacan couvert d'interdit dans l'Israël de la nouvelle alliance.
I. Le coupable.
Nous ne savons pas son nom. Paul a réussi à le taire dans les deux lettres où il parle de lui. Un écrivain moderne eût probablement agi d'autre façon. L'apôtre, lui, nomme volontiers ses compagnons de travaux et ajoute à leur souvenir les plus bienveillantes recommandations. A quoi bon dire à la postérité comment s'appelaient ceux qui sont tombés? Et le secret, dans le cas présent, a été bien gardé; nous savons qu'il s'agissait d'un incestueux; nous ignorons qui c'était.
Au chapitre cinquième de sa première épître, Paul s'exprimait sans ménagement, tant sur l'horreur du péché commis que sur l'incroyable faiblesse des Corinthiens qui n'exerçaient aucune discipline contre le pécheur et semblaient, par leur insouciance, excuser le scandale. Usant de son autorité, il avait exigé la rupture immédiate des relations fraternelles avec ce malheureux, aussi longtemps du moins qu'il n'aurait pas fourni les preuves d'un repentir et d'un changement sincères.
Mais, autant que nous pouvons le conclure des renseignements très sobres donnés dans nos épîtres, n'en trouvant d'ailleurs aucun sur ce point dans le livre des Actes, les remontrances de l'apôtre s'étaient heurtées à une forte opposition. Chez les uns, force de l'inertie; chez les autres, résistance ouverte; que sais-je? pitié mal appliquée, besoin inné chez l'homme naturel de ne pas céder à qui lui montre son devoir quand il ne sait pas le voir tout seul. Bref, on avait commencé par ne point obéir. Deux partis s'étaient formés dans le troupeau les uns soutenaient le coupable, les autres leur pasteur. Et si ces derniers paraissent avoir formé assez vite la majorité, la minorité ne s'en montrait que plus turbulente et plus revêche. Des nouvelles sûres, parvenues jusqu'à Paul, lui faisaient voir son Eglise en pleine ébullition, son influence diminuée, contestée, ses conseils raillés par plusieurs, ses ordres mis de côté, l'incestueux possédant encore plusieurs partisans. Peu de chose devait suffire pour mettre le feu à tant de matières inflammables.
Que faire? Partir immédiatement, se rendre de sa personne à Corinthe, engager une sorte de corps à corps avec le criminel, forcer par sa présence seule les rebelles à baisser pavillon ou à s'en aller? Il le pouvait certes. La timidité ne le retenait pas plus alors que dans aucune autre circonstance de sa carrière. Exposer ses jours, sacrifier sa paix, mais il le faisait constamment. D'autres considérations le retiennent. Gagnerait-il quelque chose pour le règne de son Maître, à allumer un incendie ? Et quand une lutte violente, prolongée peut-être, aurait à moitié consumé l'Eglise de Corinthe, à qui donc resterait en définitive la victoire, sinon aux ennemis de l'Evangile?
Or, cela, il ne le veut à aucun prix, Pour épargner les Corinthiens, il a retardé sa visite; il la retardera encore autant qu'il sera nécessaire. Il attend. Il sait déployer le courage si rare et si grand qu'exprime en certains cas ce simple mot : Attendre! Alors que toutes les voix naturelles crient : En avant!... La victoire se dessine maintenant. Cet homme héroïque triomphe dans sa lutte en apparence silencieuse. Il va nous en révéler les angoisses et les péripéties.
C'est ici que nous apprendrons à connaître son âme.
2. Le pasteur.
Un homme étrange que ce pasteur-là! Après avoir fustigé les Corinthiens, le voici tout ensemble assez tendre et assez hardi pour prétendre recevoir d'eux non point du chagrin, mais de la joie.
Oui, relisez bien, de la joie. « Si je vous afflige, écrit-il, qui va me réjouir, sinon celui qui aura été affligé par moi ? » (II, 2). Un tel renversement ne se peut pas, ne se doit pas. Je veux de la joie partant de coeurs joyeux. Voilà pourquoi j'ai résolu de ne point apporter avec moi de chagrin quand j'irai chez vous et de ne point vous en causer. Et ce même apôtre qui commençait sa lettre en répétant dix fois en six versets les mots « consoler, » « consolation, » débute dans son deuxième chapitre en écrivant huit fois les mots « chagrin » et « chagriner, » mais en les opposant, dans de superbes contrastes, à « joie » et « joyeux. »
Ne criez pas, je vous prie, au surnaturel, à moins que vous n'entendiez par là une de ces oeuvres que l'Esprit de Dieu accomplit tous les jours dans la vie des hommes. Regardez bien, écoutez bien. Ces contrastes qui viennent de vous étonner sous la plume de Paul, et qui se rencontraient dans son âme, ne les retrouvez-vous pas constamment chez un père, dirai-je ? ou plutôt chez une mère obligée de gronder son enfant, de le châtier, de faire couler ses pleurs? La punition porte ses fruits. Comme la mère a besoin, maintenant, de sécher ces larmes, de voir ces yeux briller, cette bouche sourire, de presser sur son coeur celui où palpite encore un dernier sanglot.... de se réjouir enfin, avec et dans la joie de son enfant repentant!... Cette mère, c'est aujourd'hui saint Paul, s'entretenant avec ses bien-aimés et coupables Corinthiens. Dès à présent, avant de les revoir, il leur écrit sans hésiter : « J'ai cette confiance au sujet de vous tous que ma propre joie est celle de vous tous (v. 3)- » Ne disait-il pas dans sa première lettre : « La charité croit tout; elle espère tout? »
Oh! ce n'est pas du premier jour qu'il est arrivé à une confiance si solide et si sereine. S'il a fait pleurer les autres, il a longtemps pleuré lui-même, Il versait beaucoup de larmes, - c'est lui qui nous le dit, nous pouvons l'en croire, - alors qu'il composait sa première épître aux Corinthiens. Il venait d'en verser et il en versera peut-être encore au travers de son ministère dans Ephèse (2). Quand il parlera aux Philippiens de l'idolâtrie qui subsiste au sein de leur troupeau, il ne la signalera qu'en pleurant (3). Il n'éprouve aucune honte de ses tristesses ; il les avoue très ouvertement; si vous y réfléchissez un instant, vous y trouverez un des secrets de sa force. Combien nos réprimandes, nos reproches les plus mérités obtiendraient des résultats meilleurs, si nous y mêlions des larmes, au lieu de cris de colère. Qui dira ce que produisaient peu à peu chez les Corinthiens celles de leur pasteur ? Il trouve le moyen de dégager sa personne pour ne mettre en cause que son ministère. Non: ce n'est pas lui, ce n'est pas son moi qu'on a offensé. C'est bien plutôt le Seigneur dont il n'était que le messager. Les traits les plus acérés dirigés contre Paul parvenaient à peine à blesser Paul. Il ne songe pas un moment à se venger. Il a pleuré seulement et ses larmes, coulant encore sur les pages de sa lettre, finiront bien par fondre les dernières résistances des Corinthiens. -
« C'est, - dit Calvin, cet autre théologien qu'on accuse légèrement, comme saint Paul, d'être sans entrailles, - c'est la marque du pasteur pieux de pleurer en soi-même avant de provoquer les pleurs des autres ; de se laisser torturer par ses propres pensées avant de faire éclater son indignation, et de retenir par devers soi une part plus grande de douleur qu'il n'en communique à autrui. Il faut prendre note des larmes de Paul. Elles attestent par leur abondance sa tendresse, mais une tendresse plus héroïque que ne fut la dureté de fer des Stoïciens. Plus douces sont les preuves de son amour, plus il nous faut les louer (4). »
La conduite si humble et si fidèle de l'apôtre n'a pas manqué le but. L'Eglise, un moment affolée, s'est comme reprise elle-même. Elle a sévi; peut-être même quelques-uns de ses membres ont-ils dépassé la mesure. Un châtiment exemplaire, - dont nous ignorons au reste la nature, - a frappé le coupable. Maintenant lui aussi, il est en deuil et dans un deuil si profond, si poignant qu'il court le risque d'y perdre toute espérance de relèvement. Encore un peu, il serait submergé (v. 7). Alors la pitié commence à naître chez les justiciers ; ils ne demanderaient pas mieux que de relever leur frère abattu. Un besoin général de pardon s'empare de l'Eglise. Pourtant, il faut savoir ce que le pasteur en pense. On lui fait demander par Tite son avis.... Oh! la réponse ne tarde pas beaucoup. La voici. C'est le coeur du pasteur ouvert tout large devant les Corinthiens et devant nous. Impossible maintenant d'y lire autre chose que de l'amour. Pas plus que son Dieu, l'apôtre ne veut la mort du pécheur; il veut sa conversion et sa vie, mais une vie nouvelle.... Vous pardonnez, dit-il, je pardonne aussi, puisqu'il n'y a plus dans ce pardon ni lâcheté ni compromis, je cède, dès que la cause du Christ triomphe. je cède avec joie, avec empressement, car (nous ne saurions trop retenir ces expressions) « si j'accorde quelque grâce, je l'accorde à cause de vous dans le visage de Christ », ce qui veut dire : en face de, en la présence de Christ. En d'autres termes, celui qui exigeait naguère le châtiment, c'était Jésus-Christ; celui qui accorde à cette heure le pardon, c'est encore lui. Lui obéir; nous n'avons, vous et moi, pas autre chose à faire ; obéissons !... Combien de punitions évitées, ou infligées à temps ; combien de pardons accordés ou refusés selon la justice, et sans nuire à la charité, si nous prenions en tout état de cause pour notre règle : « En la présence du Christ, »
Quant à trouver dans les paroles de notre apôtre une justification quelconque de la doctrine des indulgences, cela ne saurait s'expliquer que par une complète aberration. Cette doctrine commence' précisément par supprimer ce que Paul exige avant tout : le repentir, le châtiment, le changement. Tout cela se remplace par un peu ou par beaucoup d'argent. Si bien que les plus riches peuvent se permettre le plus de péchés ; ils paieront, et tout sera dit. S'il me fallait prêcher un jour contre l'abominable trafic des indulgences, je prendrais très volontiers pour texte le fragment d'épître que nous venons d'étudier.
3. L' adversaire.
Si l'apôtre constamment s'efforce d'agir sous le regard de son Sauveur, c'est qu'il n'ignore point quel autre regard, constamment aussi, s'arrête sur lui, sur l'Eglise, pour surprendre la moindre faute pour préparer une chute quelconque et la transformer en scandale. C'est le regard haineux, mais perçant, et toujours vigilant de celui dont le nom seul révèle la nature : Satan, l'ennemi. je fais grâce, écrit Paul, « afin que nous ne soyons pas surmontés par Satan, car nous n'ignorons pas ses projets. »
Déclaration curieuse, diront les uns ; inacceptable, ajouteront les autres. Il n'est pas de mode, dans certains cercles scientifiques ou simplement mondains, de croire à l'existence de Satan. On l'écarte d'un geste de condescendance, en affectant de ne voir en ce prétendu personnage qu'une importation de la Perse ou de la Babylonie. Les juifs revenus de l'exil auraient rapporté de leur séjour au bord de l'Euphrate cette notion purement païenne ; elle se serait petit à petit mêlée à leur théologie et le Nouveau Testament en conserverait la trace plus ou moins épurée.
Bien que je tienne cette hypothèse pour absolument contraire aux faits, je n'entreprends pas ici de la discuter, ni de la combattre. Je me borne à poser une question Paul croyait-il, oui ou non, à l'existence de Satan? S'il n'y croyait pas, ma confiance dans cet apôtre diminue considérablement, car il parle à maintes reprises comme un homme convaincu que Satan existe. Et s'il y croit, en effet, j'avoue ne pouvoir pas me débarrasser si facilement de son opinion. Car enfin je n'ai pas encore trouvé chez notre apôtre les marques d'un esprit faible ni d'un cerveau crédule.
Mais il y a plus. Ce que Paul enseigne, Jésus, en personne, l'a enseigné avant lui. Vous ne pouvez pas lire les Evangiles sans en convenir. Dès lors, la même alternative se dresse pour le Maître que pour l'apôtre. Que déciderez-vous ? Allez-vous recourir à la théorie, bien pauvre, selon moi, de l'accommodation ? Jésus se serait accommodé à une erreur courante de son temps, sachant que c'était une erreur, mais ne voulant pas entrer en lutte sur des points d'une importance secondaire. En sorte que, toutes les fois qu'il parle à Satan ou de Satan, il consentirait à donner l'existence à un être qui n'en possède point, il userait d'un langage populaire dont il reconnaîtrait à part lui la fausseté. Si pareille interprétation vous suffit, je me borne à vous demander ce que vous faites de la droiture et de la moralité de celui qu'il vous plaît d'appeler encore le plus excellent des moralistes? Pour moi, je ne veux pas de ce Jésus diminué et rabaissé ; je ne reconnais plus en lui celui du Nouveau Testament.
Je reviens à saint Paul. Nous prendrons ses paroles, n'est-ce pas ? pour celles d'un homme honnête, pensant et croyant ce qu'il dit. Eh bien, il dit qu'il a percé à jour les desseins de Satan, et que ses dessins ne vont à rien moins qu'à s'assujettir complètement l'Eglise de Corinthe. Il n'a pas ,été bien loin de réussir. Encore un peu, il achevait de perdre ce coupable qu'il voulait jeter dans le désespoir après l'avoir plongé dans le péché. Paul a ouvert les yeux à temps; il a surpris les projets du grand adversaire, et c'était encore assez tôt pour les détruire.
Mes amis, ne vous y trompez pas : ignorer les plans de Satan, c'est un grand malheur. Vouloir les ignorer, faire en sorte de ne pas les voir, c'est une énorme faute, c'est le commencement de la défaite. Voilà, du reste, pourquoi il nous les cache avec tant de soin. Avec quel art étonnant, avec quelle habileté toujours en éveil, il s'arrange à les dissimuler, à les couvrir non pas seulement de fleurs, mais même de belles citations empruntées à la Bible! Ne disait-il pas un jour au Christ: « jette-toi en bas, car il est écrit.... (5) » Et combien de vos frères, laissant tomber les armes que Jésus maniait victorieusement, se sont relâchés de leur vigilance, et n'entendent plus, dans leur demi-sommeil, que le refrain murmuré à leurs oreilles
Paix et sûreté ! là où il n'y a point de paix.
Mes amis, ignorez-vous les desseins de Satan ? J'entends ses desseins contre vous, contre notre société, contre notre patrie et contre l'Eglise de Dieu. Il est grand temps, je vous assure, d'apprendre à les connaître. Nous nous préparons avec un entrain qui nous gagne tous et auquel je m'associe de tout mon coeur, à faire un grand effort pour restaurer un de nos temples qui menaçait ruine (6). Bonne pensée ; nous souhaitons tous très sincèrement la réussite de ce projet-là ! Mais croyez-vous que cela suffise pour déjouer un seul des desseins de l'adversaire? Un temple de plus ou de moins dans la cité de Calvin, certes cela peut réjouir ou affliger le coeur d'un vieux Genevois. Cela n'importe pas beaucoup à Satan. Avec ou sans nos temples, il nous entoure de ses pièges. Il peut même, oh! il peut parfaitement se servir de ces temples, d'abord pour nous endormir - comme il endormait les Juifs en leur faisant répéter sur tous les tons : « Le temple de l'Eternel! Le temple de l'Eternel! (7) » - ensuite pour livrer un jour ou l'autre tel de ces édifices à un culte idolâtre. Je n'exagère point. La Rome papale conserve et entretient l'espoir, vieux de quatre siècles bientôt, jamais abandonné, de reprendre la Rome protestante et de l'asservir. Elle y travaille lentement, mais constamment; et il faut plaindre les yeux qui ne veulent pas voir et les oreilles qui ne veulent pas entendre, affectant d'ignorer les plans de Satan. Comment résisterons-nous si nos défenseurs deviennent aveugles ? Comment, si nous n'avons que des pierres, même admirablement restaurées, au lieu de ces temples vivants contre lesquels « les portes de l'enfer ne sauraient prévaloir (8) ? »
Jeunes gens qui demain prendrez notre place, regardez-les en face ces projets de Satan. Ici, les menées de la papauté; là, plus dangereuses encore, les tentations de la jouissance, la dissipation mêlée à la piété, les compromis de conscience, la passion de l'argent, le mensonge associé aux affaires, l'indifférence religieuse conduisant à l'incrédulité ! Desseins de Satan que tout cela. Vous n'avez pas le droit de les ignorer. Les connaissant, la lâcheté seule pourrait ne pas les combattre.
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