Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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SERMONS - EUG. BERSIER 

Tome III


LA FOI (1)

 

Je sais en qui j'ai cru.

(2 TIM. 1, 12.)


Mes frères,

Les paroles que vous venez d'entendre sont contenues dans la dernière lettre qui nous reste de saint Paul. Elles ont été écrites à Rome, dans sa prison, à quelques jours de son martyre. Si nous aimons à recueillir les adieux suprêmes de tous les hommes qui ont excité notre admiration et notre sympathie, comment lirions-nous froidement ces pages adressées à Timothée, comment écouterions-nous sans émotion les derniers battements du coeur le plus ardent, le plus généreux qu'ait jamais inspiré l'amour de Jésus-Christ ?

Le voici, ce grand Apôtre usé par la vieillesse et plus encore par un héroïque ministère de trente années et n'obtenant, pour toute récompense, qu'un cachot d'où il sortira pour être exécuté. Le voici, ce lutteur infatigable, lié de chaînes, incapable d'agir, réduit au silence, quand, plus que jamais, il voudrait annoncer son Sauveur. Le voici , cet homme dont le coeur aimant a un si profond besoin de sympathie, abandonné maintenant de tous, même des chrétiens de Rome qui n'ont plus le courage d'aller jusqu'à lui. N'êtes-vous pas tentés de vous écrier que sa condition est affreuse et cruelle entre toutes?... Et cependant, mes frères, qui nous dira la paix profonde et le bonheur dont l'âme de saint Paul est remplie? C'est qu'il a pour lui l'approbation de Dieu. Sa prison est dure, il est vrai, mais c'est pour obéir à son Sauveur qu'il y est entré. Son corps brisé par l'âge et par les fatigues souffre de cette captivité cruelle, mais ce corps s'est usé au service de son maître, et les stigmates qui le couvrent sont les cicatrices glorieuses des blessures reçues au combat de la foi; il les appelle lui-même les flétrissures de Jésus-Christ. S'il reporte sa pensée en arrière, il se rappelle bien des douleurs, des persécutions et des outrages; mais, aussi, que d'Eglises fondées, que de régions inconnues ouvertes à l'Evangile, que d'âmes sauvées par son ministère! S'il regarde en avant, il voit un juge inique qui l'attend pour l'envoyer au supplice; mais, au-dessus de son tribunal, il contemple le juste juge qui lui prépare la couronne glorieuse des rachetés. S'il est seul, s'il doit écrire ces mots déchirants : « Tous m'ont abandonné; » si, à l'heure où le bourreau viendra le chercher, aucune main amie ne doit s'ouvrir pour serrer la sienne, il a pour lui la communion de son Sauveur, il sent toute la réalité de l'amour divin, son âme en est comme inondée. De là l'accent de paisible et ferme espérance qui nous frappe dans sa dernière épître et que résume admirablement cette simple et grande parole : « Je sais en qui j'ai cru ! »

En analysant cette parole, j'y trouve trois idées distinctes : - La foi de saint Paul exprimée par ces mots: « J'ai cru; » - l'objet de sa foi qu'il rappelle en disant en qui il a cru; - la certitude de sa foi marquée avec tant de force et de sérénité par cette expression : « Je sais en qui j'ai cru. » Tel est, dans sa division naturelle, le sujet que nous allons étudier.

Qu'est-ce que la foi? Interrogez, à ce sujet, l'opinion la plus répandue dans ce temps et dans ce pays. On vous répondra que la foi est un acte de soumission intellectuelle par lequel l'homme accepte comme certains les enseignements de l'autorité religieuse. La foi serait ainsi, dans l'ordre de l'intelligence, ce que l'obéissance est dans l'ordre pratique. Cette idée apparaît de bonne heure dans l'Eglise avec le déclin de la spiritualité chrétienne. Quand les évêques et les prêtres assemblés cri conciles avaient décrété certains dogmes qu'ils appelaient des articles de foi, quiconque les recevait était chrétien; qui les repoussait méritait la damnation éternelle. - La foi étant ainsi comprise, il en résultait que, plus les articles de foi que le croyant admettait étaient nombreux, plus sa foi semblait ferme, et que plus ces articles étaient difficiles à admettre, plus elle était méritoire. D'après cette manière de voir, celui-là serait l'homme de foi par excellence qui, renonçant à rien savoir, à rien vouloir, à rien juger par lui-même, pourrait dire : « Je crois ce que croit l'Eglise, » et n'aurait d'autre règle qu'une soumission absolue, sans réserve, à l'autorité parlant par la voix de son directeur.

La foi étant ainsi considérée comme le synonyme de l'abdication de l'intelligence, rien de plus explicable que le préjugé qui en fait la portion de tous les mineurs auxquels la tutelle de l'autorité restera toujours nécessaire, des enfants, des ignorants, des êtres faibles ou pusillanimes, des âmes fatiguées et meurtries par les luttes de la vie: A ceux-là, dit-on, la foi sera éternellement nécessaire; laissez-leur ce refuge et cette consolation.

Eh bien! je vous demande, mes frères, si vous reconnaissez là l'enseignement de l'Ecriture, si c'est bien là l'idée qu'elle nous donne de la foi. Vous avez lu cette page admirable dans laquelle l'auteur de l'épître aux Hébreux passe en revue tous les croyants de l'ancienne alliance, tous ces hommes dont la terre n'était pas digne, tous ces témoins de la justice et de la vérité, qui sont demeurés fermes comme voyant Celui qui est invisible, qui sont morts dans la foi, sans avoir reçu les choses qui leur avaient été promises, mais les ayant vues de loin, crues et embrassées et ayant fait profession d'être étrangers et voyageurs sur la terre. Vous avez écouté saint Paul prêchant le salut par la foi au Fils de Dieu, vivant de sa foi, triomphant par elle; vous avez contemplé Jésus-Christ s'offrant à la foi de ses disciples comme son véritable objet, renvoyant bénis et sauvés ceux qui croient en lui, dénonçant à ceux qui le repoussent le châtiment vengeur de la vérité méprisée... Or, dans tous ces exemples, la foi vous est-elle jamais présentée comme une abdication de l'intelligence, comme l'acceptation passive d'un certain nombre de vérités? Jamais. Je sais pourtant, et Dieu me préserve de l'oublier, qu'il y a dans la foi un élément de soumission et d'obéissance, mais j'affirme en même temps que ce n'est pas là toute la foi. La foi, d'après l'Ecriture, c'est l'élan de l'âme saisissant le Dieu invisible, et, dans son sens le plus élevé, la foi qui sauve, c'est l'élan de l'âme confiante saisissant en Jésus-Christ le Sauveur et le Fils de Dieu. Que nous parle-t-on d'abdication? Dans l'élan de la foi, il y a l'âme tout entière, l'âme qui pense et qui aime, l'âme avec toutes ses énergies spirituelles. On nous dit qu'il faut être faible pour croire. En êtes-vous bien sûrs? Prenez si vous le voulez, un des actes de foi les plus élémentaires, tel que chaque honnête homme en a accompli dans sa vie. Devant vous est la jouissance facile, mais égoïste et coupable; c'est le plaisir qui Vous attire... laissez-vous aller, il est à vous. Mais, sur le point de céder, le cri de votre conscience vous réveille; vous vous relevez et vous affirmez le devoir... Que faites-vous alors ? Un acte de foi, car vous affirmez l'invisible, car le devoir ne se pèse ni ne se touche, car, à celui qui le nie, A n'y a pas de démonstration qui le puisse prouver... Eh bien ! est-ce là toujours une facile victoire? Est-ce aux faibles qu'elle est promise ? Faut-il abdiquer pour la remporter? Dans cet exemple, la foi ne s'élève pas au-dessus de l'évidence morale; mais pénétrez au-delà, dans la sphère des réalités spirituelles. Supposez une vie toute remplie de la pensée de Dieu, toute éclairée de sa lumière, tout inspirée de son amour, la vie de saint Paul, en un mot; quand vous la contemplez, n'êtes-vous pas frappés de ce qu'elle renferme d'héroïque? N'y a-t-il dans la foi qui en est le mobile qu'une soumission passive, qu'une croyance intellectuelle à un certain nombre de vérités? Non, dans cette affirmation du monde invisible, il y a une force et une grandeur qui vous saisissent; jamais peut être l'âme humaine ne vous arrache une admiration plus sincère que lorsque vous la voyez s'élancer dans l'inconnu, sans autre appui que sa foi au Dieu vivant.

J'ai rétabli, mes frères, la vraie nature de la foi chrétienne; elle n'est ni une simple croyance, ni une abdication de nous-mêmes; elle est un élan de l'âme tout entière, intelligence, coeur et volonté, par lequel nous saisissons le Dieu invisible tel qu'il s'est révélé en Jésus-Christ. Montrer ce qu'elle est, c'est répondre du même coup à ceux qui nous disent : « A quoi bon la foi? »

A quoi bon? demandez-vous. Eh! qui êtes-vous, vous qui posez une question semblable? N'avez-vous donc jamais vu se dresser sur votre route le problème redoutable de votre destinée ? Ne vous êtes-vous jamais demandé où vous emportait le courant des années, si c'était vers le néant ou vers la vie éternelle? N'avez-vous jamais frissonné d'effroi devant cet inconnu qui nous entoure et nous oppresse? N'avez-vous jamais entendu, dans le silence de la nuit, la voix de votre conscience vous rappelant votre vie passée, vos transgressions, vos lâchetés, vos souillures? La pensée* du Dieu saint ne vous a-t-elle jamais troublés ? - N'avez-vous jamais souffert? N'avez-vous jamais voulu savoir si votre vie était un jeu, une misérable ou plaisante énigme qui se dissolvait dans une nuit sans réveil? Ne vous-êtes vous jamais sentis comme perdus dans le monde, au sein de ce conflit d'égoïsmes qui composent sa vie, et ne vous a-t-il pas semblé alors que les cris de votre coeur ne réveillaient partout qu'un ironique écho? N'avez-vous jamais voulu arracher à l'inconnu son mystère, et lui demander si l'amour est un vain leurre, et si le coeur de Dieu ne palpite pas dans l'infini du ciel ? - N'avez-vous jamais vu souffrir? Votre conscience est-elle restée calme en face des iniquités qui forment le tissu de l'histoire, n'avez-vous jamais voulu savoir quel serait le dernier mot de tout cela ? N'avez-vous jamais vu mourir et la mort vous a-t-elle semblé naturelle? Avez-vous regardé, avec l'oeil sec du fataliste, se débattre dans les dernières angoisses de l'agonie l'enfant que Dieu vous avait donné? Quoi! la terre vous suffit! Quoi ! la vie présente a pour vous assez d'étourdissements et de charmes pour que la pensée de notre avenir éternel ne vous ait jamais obsédés ? Quoi! tous ces problèmes de la mort, du mal et de la souffrance vous laissent indifférents et calmes, et vous dites : « A quoi bon la foi ? »

A quoi bon? Ce mot, vous auriez le droit de le dire si à ces questions vous aviez trouvé une réponse, si sur ces obscurités votre raison avait jeté quelque lumière, mais cette réponse et cette lumière vous ne les avez pas. La raison! ah ! nous savons sa grandeur. A elle, le monde visible qui lui appartient et qu'elle se soumet de jour en jour. A elle le globe qu'elle couvre d'un réseau de fer sur lequel va passer la civilisation triomphante, à elle les profondeurs du sol d'où elle extrait la chaleur, la lumière et la vie, à elle la matière qu'elle transforme, à elle les espaces infinis du ciel qu'elle mesure avec une inflexible précision. Qu'elle est grande et souveraine la raison de l'homme dans son vol audacieux! mais, qu'elle est insuffisante et pauvre quand l'homme lui demande une réponse aux aspirations de sa conscience et de son coeur ! Que dit-elle à la conscience troublée qui se sent coupable? Que dit-elle au coeur déchiré ? Que vous dit-elle, ô savant, quand l'heure de la mort approche? Ah! vous pouvez multiplier alors vos pénétrantes analyses, vous pouvez nous montrer dans l'organisme humain le nerf qui transmet la pensée s'amortissant sous l'influence du cerveau qui se prend, le sang qui s'engourdit dans les artères et n'a plus la force de remonter au coeur défaillant, vous pouvez nous dire alors que la vie s'échappe. Mais cette vie que devient-elle ? Cet être qui il y a un instant aimait, priait, espérait, dans quelles régions a-t-il passé ? ... Vous n'en savez rien. Vous n'avez à me donner, après tant de siècles de recherches, pas une certitude, pas une parole de lumière et de paix, pas même une espérance..., et vous dites : « A quoi bon la foi! »

A quoi bon? Ce mot, ceux-là peuvent le redire que cette amère réalité satisfait. On prétend qu'aujourd'hui, de plus en plus, les hommes en arrivent là, qu'ils sont las de vaines théories, d'aspirations décevantes , qu'ils n'ont plus souci du monde d'au delà, et qu'ils doivent désormais borner leur ambition, s'enfermer dans le présent qu'ils. connaissent, orner et embellir leur demeure passagère, et y rassembler tout le bonheur que la terre peut leur donner. Mais, encore une fois, qui sont-ils, ceux qui parlent de la sorte , De quel droit prétendent-ils représenter l'humanité? Quoi ! ce serait là le dernier mot de l'âme humaine, S'enfermer dans le présent, en renonçant à espérer et à croire! S'y enfermer, et pourquoi? Pour jouir? Et combien y en a-t-il qui puissent jouir? et à supposer qu'on le puisse, est-ce donc à cette fin misérable que doit aboutir l'histoire de l'humanité? - ou bien, est-ce pour obéir au devoir qu'elle s'enfermera dans le présent? Le devoir, mais qu'est-il sans un juste juge, sans une sanction future, sans la vie éternelle? Dans ce cachot où vous m'enfermez et où vous murez toute échappée, toute issue vers le ciel, vous me dites que ma grandeur consiste à me faire mon propre geôlier. Eh bien! contre cette grandeur dérisoire et mensongère je proteste au nom de ma nature, au nom de mon âme, au nom de ma conscience. Je comprends que ces théories insensées puissent amuser des savants dans leur école ou servir les colères de l'incrédulité qui passe, mais j'en appelle à l'homme tel qu'il m'apparaît dans les instincts profonds et vrais de sa nature, à l'homme tel que je le retrouve en moi-même, à l'homme qui pèche et qui souffre, et je dis qu'à cet homme il faut la lumière, la consolation, l'espérance, et que, plutôt que de ne rien croire, il croira tout, jusqu'à l'absurde et jusqu'au monstrueux.

Il faut donc que je croie. Je l'ai montré. Qui croirai-je? Voilà ma seconde question. A cette question, je réponds avec saint Paul : Jésus-Christ.

Jésus-Christ? et pourquoi? Oui, pourquoi ? C'est qu'ici tout est sérieux. Croire, ai-je dit, c'est se confier? Il s'agit de savoir à qui je confierai les destinées de mon âme. C'est mon avenir tout entier que je vais suspendre à la parole d'un homme, c'est la vie la plus intime de mon coeur, ce sont mes espérances éternelles. Et si je me trompais, s'il se trouvait que j'aie bâti sur l'argile, si un jour tout cet édifice intérieur de ma vie devait s'écrouler! Il faut donc voir clair ici. Pas d'illusion, pas d'échauffement d'imagination, pas d'effervescence.

Je puis mourir demain; pourquoi ai-je cru en Jésus-Christ?

Pourquoi? je vais essayer de le redire en quelques mots, je vais redire ce que confessent depuis dix-huit siècles ces millions d'adorateurs qui tous ont pu s'écrier avec saint Paul Je sais en qui j'ai cru. »

Qui croirai-je? disais-je du fond de mes ténèbres, et j'ai vu se dresser devant moi le Fils de l'homme. Seul entre tous il disait : « Je sais d'où je viens, et je sais où je vais. » Seul, sans hésiter, avec une autorité souveraine, il montrait quel est le chemin qui conduit à Dieu. Il parlait du ciel comme quelqu'un qui en est descendu : a Je suis d'en haut et vous êtes d'en bas, » disait-il aux enfants des hommes. Partout et toujours il se donnait comme l'envoyé du Père, comme son Fils unique, comme le Maître des âmes. J'ai écouté sa parole, elle avait un accent étrange qui ne rappelait aucune parole humaine; belle d'une simplicité dont rien n'approche, elle exerçait une puissance à laquelle rien ne peut se comparer. Qu'est-ce qui lui donnait cette puissance? Ce n'était pas le raisonnement, ni l'éloquence humaine, mais le rayonnement de la vérité pénétrant le coeur et la conscience; en l'écoutant, j'ai senti mon coeur saisi; j'ai cédé à cette autorité si forte et si douce; à mesure qu'il parlait, il me semblait que le ciel s'ouvrait et se déroulait à mes yeux; je contemplais Dieu tel qu'il est , je voyais l'homme tel qu'il doit être. Une irrésistible adhésion à cet enseignement montait de mon coeur à mes lèvres et avec Simon Pierre je m'écriais : « A qui pourrions-nous aller qu'à toi? Tu as les paroles de la vie éternelle. »

Etait-ce mon âme seule qui vibrait à cette parole ? je regardais, et, autour de moi, je voyais suspendue aux lèvres du Christ une multitude toujours grandissante, rassemblée de tous les lieux, sortie de toutes les conditions de la terre; il y avait là des pauvres et des riches, des ignorants et des savants, des enfants et des vieillards, des âmes pures et des âmes souillées, et tous comme moi saisis par cette parole, y trouvaient comme moi la lumière, la certitude et la paix. J'y voyais surtout affluer ceux qui souffrent et qui pleurent, ceux qui sentent le mieux le vide et le néant de ce qui n'est que parole, ceux pour lesquels l'illusion est impossible; je les voyais pleurer, mais leurs larmes n'étaient plus amères; quelque chose de céleste et d'apaisé rayonnait dans leurs regards; pour la première fois ils étaient consolés.

Mais cette impression suffit-elle? Puis-je faire dépendre d'une parole d'homme ma destinée tout entière, et n'ai-je pas le droit de demander à celui qui m'entraîne ainsi sur ses pas quels sont ses titres à ma confiance et comment il me prouvera qu'il vient de Dieu. « 0 toi qui t'appelles le témoin de Dieu, toi qui nous parles du ciel comme s'il avait été ta demeure, toi qui éclaires à nos regards le mystère de la mort, toi qui pardonnes les péchés, montre-nous que tu es celui qui devait venir. » A cette demande de notre âme, Jésus-Christ a répondu.

Nous lui demandons s'il vient de Dieu, et il a fait devant nous les oeuvres de Dieu; je ne parle pas de ses miracles quoiqu'ils soient là inexpliqués encore dans leur simple grandeur, dans leur spiritualité sublime, dans ce je ne sais quoi de vrai qui les marque d'un inimitable sceau; Jésus a fait mieux que des miracles, il a révélé Dieu en sa personne; la preuve de sa mission divine, il l'a donnée dans sa vie. En lui j'ai vu la sainteté réalisée; en vain l'envie acharnée après lui dès les jours de sa chair a essayé d'y découvrir des taches; en vain l'humanité dans son progrès incessant vers une moralité supérieure a cru souvent le dépasser; en vain la critique essayant, pour surprendre en défaut cette grande vie, toutes les voies détournées, l'attaque aujourd'hui sourdement; cette vie se dresse devant nous, comme l'idéal du bien. C'est une sainteté devant laquelle la conscience se sent accusée et jugée. Plus je la contemple, plus j'éprouve un sentiment d'adoration et d'humiliation profonde, et quand on vient ensuite essayer de m'expliquer cette vie et de m'y montrer une invention des hommes, je proteste, je sens que les explications sont misérables, je sens que la réalité brise tous ces cadres. Alors, par une logique irrésistible, je sens que si le Christ est saint, il doit avoir dit vrai et doit être cru. Quoi! cette vie inexpliquée et inexplicable, cette vie dans laquelle tous, sauf les fanatiques de l'incrédulité, voient la plus splendide effusion du divin qu'ait contemplée la terre, cette vie qui a élevé la moralité à la hauteur sublime de l'amour sacrifié, vous croyez qu'elle peut venir appuyer une parole égarée, ou trompeuse. Jamais je ne pourrai l'admettre. Ainsi sur ce double témoignage d'une parole et d'une vie dans lesquelles la divinité resplendit, ma foi s'affermit et se fortifie; plus je contemple Jésus-Christ, mieux je puis dire : « Je sais en qui j'ai cru. »

Est-ce là tout? Oui, si je n'avais besoin que de lumière et de certitude, mais il y a dans mon âme un instinct plus profond, plus ardent, plus irrésistible encore : je me sens coupable, j'ai soif de pardon et de salut. Voilà, quand je m'interroge, ce qui m'a poussé aux pieds de Jésus-Christ; en lui, ce n'est pas le Maître avant tout, c'est le Sauveur que je bénis et que j'adore ; si sa parole m'attire, c'est sa croix qui m'a vaincu. Demandez à saint Paul pourquoi il peut dire « Je sais en qui j'ai cru, » et ce qui a fait de lui un témoin, un apôtre, un martyr de Jésus. Christ. Il vous dira: « C'est sa miséricorde telle que je l'ai vue resplendir à sa croix. » Saint Paul s'est senti pécheur, condamné par sa conscience; il a cherché le salut dans ses oeuvres, il s'est épuisé dans cette lutte douloureuse; le salut, il ne l'a trouvé que 'sur la croix. Là il a vu, suivant ses propres paroles, le juste s'offrant Pour les injustes; le saint supportant la malédiction au péché. Dans ce sacrifice rédempteur, saint Paul a trouvé l'apaisement de sa conscience ; l'amour de Dieu tel qu'il l'a reconnu en Jésus-Christ a pénétré son coeur et sa vie n'est-ce pas là ce qui déborde de toutes ses épîtres, de tout son apostolat? N'est-ce pas là ce qui inspire, ce qui enflamme toute sa vie, n'est-ce pas là ce qui lui dicte cette parole : « Je sais en qui j'ai cru? »

C'est aussi là, mes frères, ce qui fait le fond même de la foi chrétienne; c'est là ce qu'ont trouvé en Jésus-Christ des millions d'âmes conduites comme Paul au pied de la croix par le sentiment de leur misère; c'est là ce qui les a transformées, arrachées à elles-mêmes, conquises pour toujours à Jésus-Christ. Aussi voyez par quel instinct secret elles reviennent à leur Sauveur crucifié, avec quel bonheur elles le contemplent; là est pour elles le pardon, la réconciliation; là, elles voient l'amour de Dieu dans sa magnificence, et quand cet amour les a changées, quand il est devenu en elles le principe d'une nouvelle existence, comment voulez-vous qu'elles doutent de ce qui est écrit au fond de leur vie la plus intime, de ce qui est la source même de leur certitude et de leur paix ?

Est-ce là tout? vous demanderai-je encore. Non, mes frères; et pourquoi ? C'est que lors même que j'aurais dit bien mieux que je ne puis le faire, les raisons de notre foi, il en est qui m'échapperont. Dites, si vous le pouvez, pourquoi vous croyez en Jésus-Christ; dites l'impression que produit sur vous l'Evangile, dites les émotions intérieures qu'il réveille dans votre âme. Il y a des choses qui ne s'expriment pas! Dans les grands moments de la vie du coeur, on sent que toute parole est impuissante; il y a des impressions qui ne s'analysent pas. Histoire secrète de l'âme chrétienne, si nous te racontions, le monde sourirait sans doute. Mysticisme! s'écrierait-il; et comment lui prouver ce qu'il n'a jamais connu ? Pour le chrétien, cependant, à mesure qu'il avance, que de preuves de sa foi qu'il ne soupçonnait pas d'abord! Expériences intimes de son coeur dans lesquelles il reconnaît toujours mieux la vérité de la parole divine et sa merveilleuse adaptation à la nature humaine, tristes déceptions qui le détachent du monde et font mieux ressortir à ses regards la beauté des réalités éternelles, écroulement des systèmes qui semblaient devoir remplacer à jamais l'Evangile et qui ne laissent après eux qu'un vide plus complet, qu'un désenchantement plus amer, intelligence plus complète du plan de Dieu et de ses voies cachées, prières exaucées, délivrances inattendues, douceurs mêlées aux épreuves les plus sévères, consolations intimes, ineffables visitations d'en haut, n'est-ce pas là ce que vous connaissez tous, mes frères ? N'est-ce pas là ce qui vous a fait souvent redire avec une conviction plus profonde « Je sais en qui j'ai cru ? »

J'ai dit quelle est la nature de la foi chrétienne, j'ai essayé d'en rappeler les raisons. Il me reste lin dernier point à traiter : c'est la certitude de cette foi, telle qu'elle nous frappe dans la parole de l'Apôtre que nous méditons.

La certitude de la foi ! Ce mot même n'éveille-t-il pas en vous un sentiment pénible? N'est-ce pas vers le passé qu'il vous reporte ? Aujourd'hui ne vous frappe-t-il point par la rareté du fait qu'il exprime ?

Je ne serai démenti par aucun de vous si j'affirme qu'il y a à notre époque une espèce d'éloignement instinctif pour tout ce qui est ferme et précis en matière de croyance et de vie chrétiennes. Le fait est si frappant qu'il est presque banal de le signaler. Tout est-il également mauvais dans cette tendance? Examinons :

Nous traversons une époque de crise profonde où tous les éléments de notre foi religieuse sont soumis à la plus pénétrante analyse, et, quel que soit notre degré de culture, nous ne pouvons pas y échapper. Plusieurs d'entre nous, troublés d'abord, bouleversés dans leur foi première et rejetés peut-être sur l'extrême limite du doute, ont dû reconquérir par le travail d'âme le plus intense et le plus douloureux chacune de leurs convictions. Il est arrivé souvent alors qu'à un moment donné ils ont moins affirmé que beaucoup d'autres auxquels ces expériences sont restées étrangères. Faut-il en conclure qu'ils fussent moins croyants ? Dieu nous garde d'une semblable pensée C'est leur respect même pour la vérité qui leur a fait garder le silence, et ce silence d'une âme anxieuse et troublée les honore plus, sachez-le bien, que des affirmations sonores et hâtives sous lesquelles on sentirait le vide de la pensée. Rien de plus respectable qu'un pareil état d'âme; il rappelle la belle et touchante parole que Pascal met dans la bouche du Christ s'adressant à l'âme égarée qui le cherche

« Tu ne me chercherais pas ainsi, si tu ne m'avais pas trouvé. »

Mais ce doute sincère, anxieux, est-il bien le trait dominant de notre époque? Je ne le pense pas. Ne nous laissons pas tromper par les apparences. Il est de mode aujourd'hui d'afficher une espèce d'incrédulité sentimentale. Vous avez lu peut-être la page célèbre dans laquelle un penseur de notre époque, Jouffroy, a retracé la ruine de ses anciennes croyances. C'est une page tristement émues. Mais Jouffroy a eu des imitateurs auxquels il n'a souvent manqué qu'une chose : le sérieux. Leur style est mélancolique, j'en conviens, mais, sous le lyrisme de leurs phrases, je cherche en vain l'accent d'une âme éprise de vérité. Le doute est devenu un signe de la distinction de l'esprit; il semble que les fortes croyances soient le partage des esprits médiocres, étroits, qui ne voient qu'un côté des questions. Cette indécision dans la croyance se traduit par une égale indécision dans la vie. Quoi de plus rare que des existences franchement chrétiennes, tendant toujours au même but, y rapportant toutes leurs pensées, toutes leurs affections et parvenant, par cette fidélité continue, à de grands résultats! Quoi de plus fréquent, au contraire, que des alternatives de zèle religieux et de mondanité, d'élans vers Dieu, de complète tiédeur et d'amour effréné pour la dissipation !

On ne veut pas de convictions précises, et j'ai dit qu'en cela on subissait l'influence de notre époque. Notre époque, en effet, se vante avec raison de n'être plus irréligieuse; elle répudie et blâme ouvertement le fanatisme incrédule du siècle dernier; elle reconnaît, elle proclame hautement que l'homme a des instincts supérieurs à la terre; elle prétend que ces instincts soient satisfaits, mais en même temps elle nie qu'il existe une vérité religieuse qui puisse les satisfaire. L'important pour elle, c'est que le sentiment religieux soit exercé. Peu importe, du reste, la nature de l'objet auquel il s'adresse.

On fait ainsi du sentiment religieux quelque chose d'analogue au sentiment artistique. En musique, par exemple, nul assurément ne se préoccupe de vérité. On admet les genres les plus divers, les plus opposés, pourvu qu'on y sente quelque inspiration et quelque génie. Un jour, on applaudira une symphonie sombre et rêveuse; d'autres préféreront une composition brillante de force et d'éclat; d'autres encore le charme adouci d'une gracieuse mélodie : autant de goûts divers que l'art doit satisfaire. Or, c'est ainsi que l'on prétend aujourd'hui traiter la religion. On veut que l'homme soit religieux; on dit que celui qui ne l'est pas est privé d'un sens, comme celui que la peinture ou la musique laisserait froid, mais ce sens religieux doit, dit-on, chercher sa satisfaction là où il la trouve. Aux uns, il faut un culte pompeux, aux autres un culte austère; aux uns, la douceur d'un Dieu indulgent, aux autres la sainteté du Dieu de la Bible; aux uns une religion toute morale, aux autres des dogmes et de curieux mystères. Ai-je besoin de demander ce que deviendraient, avec cette manière de voir, la certitude de la foi et la vérité religieuse? Eh bien! quand ces idées sont partout, quand l'atmosphère qui nous entoure en est comme imprégnée, il est impossible que nous n'en ayons pas tous respiré quelque chose. Et qu'est-ce qui domine, en effet, aujourd'hui dans les églises? Est-ce l'amour de la vérité, la foi à la vérité, et n'est-ce pas plutôt le désir d'être intéressés par des nouveautés et par d'agréables discours? On veut être ému à tout prix. Qu'importe que dans une prédication les côtés les plus sérieux de l'Evangile soient absents, ou que rien ne vienne y saisir la conscience et l'humilier devant Dieu! On a été sous le charme d'une vive impression, et c'est là l'essentiel. De là ce triste spectacle d'âmes cherchant toujours et ne parvenant jamais à posséder la vérité, toujours en quête d'émotions religieuses, mais incapables d'affirmer leur foi et surtout de changer leur vie. Rien de plus contraire à la certitude de saint Paul, à cette ferme assurance qui lui fait dire : « Je sais en qui ai cru. »

Nous étonnerons-nous, mes frères, qu'une religion semblable soit sans force et sans action véritables? Il n'en peut être autrement. Elle pourra, je l'avoue, produire des mouvements passagers, des émotions vives et des élans sincères, mais des effets durables, jamais.

J'affirme d'abord qu'elle ne convertira personne. Et pourquoi? Parce que la conversion, c'est le changement le plus intime dans les affections et la vie d'un homme et que jamais l'homme n'échangera le connu contre l'inconnu, la vie réelle avec ses passions, ses plaisirs, quelque insensés qu'ils paraissent, contre les pâles et froides abstractions d'une croyance sans objet précis et le culte d'un Dieu vague et problématique. Depuis Saul de Tarse renversé sur le chemin de Damas jusqu'à ceux qui parmi vous ont senti leur vie transformée, il n'en est pas un seul qui n'ait pu redire à sa manière : « Je sais en qui j'ai cru. »

S'il faut pouvoir dire cette parole pour se convertir, il le faut encore plus pour se sanctifier. On peut en effet se faire des illusions sur la conversion; on peut prendre pour un changement sérieux un de ces dégoûts du monde violents, mais passagers que connaissent tous ceux qui en ont senti le vide; mais on ne peut pas se tromper sur la sanctification. Combattre ses passions et ses convoitises, en se refusant la compensation de l'orgueil satisfait, faire plier sa volonté, dompter sa chair, et soumettre sa vie à l'austère discipline de l'obéissance, c'est là une oeuvre qu'une religion vague, indécise n'accomplira jamais. Et qui ne voit en effet que la sanctification purement négative, je veux dire, le dépouillement sans compensation, est impossible à la nature humaine. En vain vous me demanderez de renoncer à mes illusions, à mes passions, à mes vices eux-mêmes. En vain, vous me prouverez qu'ils me sont nuisibles, qu'ils sont insensés, qu'ils sont coupables; oh! misère humaine! j'en tomberai d'accord avec vous, mais j'y reviendrai toujours si vous ne me donnez rien à la place. On disait faussement autrefois que la nature matérielle avait horreur du vide, mais ce qui est profondément vrai, c'est que le coeur humain en a horreur, c'est que toute sagesse, toute morale qui se bornera à. le dépouiller n'aura jamais sur lui de prise, ni de puissance .

Que faut-il donc? Il faut que ce coeur soit rempli. Il faut qu'il y pénètre un amour plus ardent, plus intense que les affections du monde, une volonté plus forte que celle des passions tyranniques, c'est-à-dire qu'il lui faut un Dieu, non pas un Dieu vague, abstrait, silencieux, et dont l'amour soit encore un problème, mais un Dieu vivant, connu, rapproché de nous, sensible au coeur, un Dieu enfin dont celui qui le sert puisse dire: «Je sais en qui j'ai cru. »

Sans certitude religieuse, point de sainteté, mes frères, et j'ajoute aussitôt : point de consolation. Non, point de consolation vraiment digne de ce nom. Ah! je sais que les douleurs ordinaires s'arrangent fort bien d'une religion vague, indécise et mollement poétique; c'est comme une rêverie qui les berce et qui les endort. Hélas! que de fois ne voyons-nous pas, dans les jours de deuil, la religion n'intervenir que comme une menteuse idylle, et parer sous des fleurs la sinistre réalité de la mort. Mais aux grandes douleurs, il faut autre chose; devant l'horrible et brutale réalité, devant le langage muet, mais effrayant d'une fosse ouverte, il leur faut une parole souveraine de vie et d'espérance; devant les criantes iniquités du monde, il leur faut l'assurance d'une justice qui ne les trompe pas, devant toutes les déceptions les affections brisées, il leur faut la promesse et la certitude d'un amour immense et réparateur. Elles iront le demander partout, cherchant, cherchant encore, promenant en tous lieux leur soif inapaisée, jusqu'à ce qu'elles aient pu dire : « Je sais en qui j'ai cru. »

Ajoutons enfin, mes frères, qu'une religion sans certitude est une religion sans action, sans force progressive? Comment pourrait-elle avancer? Fondera-t-elle des oeuvres durables, saura-t-elle conquérir, enverra-t-elle au loin ses missionnaires? Des missionnaires, et pourquoi? Est-ce avec de vagues rêveries et des opinions flottantes que l'on se met en route, comme les apôtres, pour conquérir le monde ? On nous dit aujourd'hui, et de toutes les manières, que nous ne pouvons gagner les hommes de ce siècle qu'en leur faisant des concessions, qu'en élargissant nos croyances à la mesure de leurs idées. On nous répète que l'Evangile du Christ et des apôtres ne peut satisfaire le dix-neuvième siècle et qu'il nous faut ou périr méconnus, ou transformer notre religion en cette croyance vague et indéfinie que l'on appelle la religion de l'avenir. Pour moi je ne sais pas d'illusion plus dérisoire. Ah! je comprends que le monde nous propose ce mirage-là, je comprends qu'il s'efforce d'enlever au sel de l'Evangile le peu de saveur que nous en avons gardé et d'émousser cette épée dont le tranchant l'offusque. Mais croire que nous l'amènerons jamais à nous par ce lâche abandon de nos croyances, c'est bien l'illusion la plus naïve dont nous puissions nous bercer. Sachons-le, mes frères, le coeur humain ne change pas, et quand les hommes de notre génération, comme ceux du premier siècle ou du seizième, sous le poids de leurs misères, de leurs souffrances ou de leurs erreurs, chercheront sérieusement une consolation religieuse, ce qu'il leur faudra, ce ne seront pas les décevantes promesses d'une religion qui est toujours en train de se faire, ce sera l'énergique affirmation des âmes convaincues, non pas, Dieu me garde de le penser, l'affirmation sonore d'une orthodoxie sans vie, mais celle de la foi qui peut dire avec une conviction profonde : « Je sais en qui j'ai cru. »

Là, mes frères, et là seulement est l'avenir du protestantisme. Si le protestantisme a déployé dès le début une vie si prodigieusement forte, s'il a formé à la liberté les nations les plus viriles, s'il a jeté ses racines au plus profond du sol, c'est qu'au début il ne fut nullement, comme on s'obstine à dire, la revendication philosophique du libre examen, mais au contraire l'affirmation la plus énergique de la grâce du Christ dans l'oeuvre du salut et de la souveraineté du Christ dans l'Eglise; c'est là ce que contenaient les premières thèses de Luther et le premier écrit de Calvin; et c'est à cause de cela que le protestantisme a été, non pas une école de philosophie, mais une religion. Qu'il choisisse aujourd'hui : Si, fidèle à ses origines, il accepte intact et défend sans faiblir l'héritage de l'Eglise apostolique, s'il s'attache inébranlablement au Christ de saint Paul et de saint Jean, alors, mes frères, l'avenir est à lui, et, quelque rudes que soient les orages, il en triomphera; mais si, pour plaire au siècle, il prétend se transformer aujourd'hui en je ne sais quelle religion nouvelle faite à l'usage du Christ nouveau que l'incrédulité nous propose, alors, il ne lui restera plus qu'à périr écrasé entre le catholicisme et la philosophie, mais ce jour-là périrait avec lui l'avenir des sociétés chrétiennes, car il leur faut pour vivre l'Evangile et la liberté.

Ainsi pour que la foi puisse convertir, sanctifier, consoler les âmes, pour qu'elle puisse triompher du monde, elle doit avoir, mes frères, l'accent de la certitude. Eh bien! je vous le demande encore, est-ce là son accent aujourd'hui? Hélas! il faut le dire avec tristesse, ce sont ceux qui doutent qui apportent à l'appui de leurs négations le langage le plus tranchant et le plus superbe. L'apôtre Paul disait : « J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé; » eux semblent dire au contraire : « Nous ne croyons plus, c'est pourquoi nous parlons.» Il semble que l'homme qui va perdant ses convictions sans les remplacer devrait au moins garder le silence, car c'est une chose triste, amère entre toutes que de voir tomber une à une les pierres du sanctuaire où l'on a prié, où l'on a senti descendre en son âme les ineffables visitations de la grâce, où l'on a répandu les larmes du repentir, où l'on a entrevu le ciel...; encore, si a la place de ce sanctuaire qui s'écroule, ils en avaient découvert un plus grand, plus élevé, plus divin, je comprendrais qu'ils y appellent la foule et qu'ils s'irritent contre ceux qui refuseraient de les suivre. Mais quand ils n'ont trouvé ailleurs qu'une terre aride et qu'un sable mouvant sur lequel aucune fondation ne peut tenir, quel acharnement inexplicable les pousse à ébranler sans relâche le temple où nous adorons encore... ? Ces hommes qui sont arrivés à douter de tout affirment cependant leurs doutes avec une imperturbable assurance, et jamais ils n'exigent plus impérieusement d'être crus que lorsqu'ils viennent de démontrer que l'homme ne peut rien croire. Incapables de s'unir dans une affirmation puissante, ils ne sont un que lorsqu'il s'agit de nier, et chaque croyance qui s'en va semble être pour eux un sujet de joie et d'orgueilleux triomphe.

Que faisons-nous cependant pour leur répondre?

Atteints par l'irrésolution morale, par l'indécision maladive que je signalais en commençant, nous restons impuissants, mes frères. - Eh bien, quel sera le remède à cette impuissance? Il n'y en a qu'un, c'est la foi telle qu'elle nous apparaît dans cette parole de saint Paul : « Je sais en qui j'ai cru. »

Eh quoi! me répondra-t-on, ne nous proposez-vous pas là un remède dérisoire, et en nous disant que pour ne pas douter il faut croire, ne semblez-vous pas nous dire en quelque sorte que pour ne pas être malades, il faut se bien porter?

Oui, mes frères, quelque étrange que soit ce remède, c'est celui-là que je vous propose; aussi bien touchons-nous ici à l'un des phénomènes les plus mystérieux mais les plus réels du monde moral sur lequel je vous supplie d'arrêter un moment votre attention, je veux parler de l'influence de la volonté sur la foi.

Vous observez chaque jour, mes frères, que toute faculté humaine se développe par l'exercice et s'atrophie au contraire dans l'inaction. Cela est vrai déjà de la nature physique; une main qui en dirigeant la charrue serait restée grossière et malhabile, tirera d'un clavier avec une vitesse étonnante et une grâce merveilleuse les accords les plus justes et les plus harmonieux. Il en est de même dans l'ordre intellectuel. Combien de talents, de génies peut-être que l'ignorance laisse avorter dans l'oubli, combien d'esprits lents et ingrats au contraire qui par une application soutenue ont atteint le plus brillant développement! Montez d'un degré encore, pénétrez dans l'ordre moral, vous y observez la même loi; voici par exemple une conscience naturellement dure, obtuse et calleuse qui, avertie tout à coup par un sérieux appel, s'ouvre au sentiment du bien, puis progressant dans cette voie nouvelle, et luttant contre les tentations et les sophismes devient d'une délicatesse extrême; tels actes mauvais qui l'eussent laissée autrefois insensible la révoltent et la bouleversent; l'oreille de l'Indien ne saisit pas d'une manière plus rapide le bruit de l'ennemi qui s'avance, que cette conscience ne discerne les premières approches du Tentateur; ou voici un coeur jusque-là heureux dans l'égoïsme, naïvement heureux, qui tout d'un coup s'est ouvert à l'amour chrétien; désormais la joie égoïste lui est impossible; il ne peut plus s'y renfermer; plus il progresse dans cette vie nouvelle, plus il devient accessible à la sympathie, plus il sent, plus il devine toutes les douleurs humaines à côté desquelles il passait autrefois sans les voir. Ainsi s'accomplit dans tous les domaines, cette loi divine: « A celui qui a, il sera donné; » ainsi, sous l'influence de la grâce, croît et se développe toute faculté que l'homme ne laisse pas dépérir.

Eh bien, cette loi toujours vraie, pourquoi ne s'accomplirait-elle pas aussi quand il s'agit de la foi? Certes quand Dieu nous commande de croire, quand il fait de la foi une condition de salut, c'est apparemment que la foi n'est pas quelque chose de magique et d'arbitraire qui tombe tout à coup dans nos âmes; c'est qu'elle dépend de nous en quelque mesure. Prenez la foi à tous ses degrés, depuis la simple foi au devoir jusqu'à celle qui saisit les réalités les plus hautes de la vie céleste, toujours vous verrez qu'elle dépend de la volonté. Voici par exemple deux hommes qui tous deux ont reçu de leur éducation première une foi positive à la justice; ils s'élancent dans le monde et à toutes les iniquités qu'ils rencontrent, à tous les maux qui frappent leurs regards, ils opposent cette foi naïve; mais pour tous deux enfin sonne l'heure solennelle de l'épreuve ; ils doivent choisir entre la cause de la justice et le succès qui les attend; l'un succombe sous la tentation, l'autre y résiste. Qu'observerez-vous au sortir de cette épreuve? C'est que l'un croira moi ris à la justice et que l'autre y croira davantage. Renouvelez l'expérience, et si le même résultat se reproduit, s'il devient enfin une habitude, soyez certains que chez le premier de ces hommes la foi primitive aura disparu; vous verrez en lui un être habile et rampant qui fera rapidement, j'en conviens, son chemin dans le monde, tandis que l'autre, moins favorisé sans doute parce qu'il a marché droit , gardera du moins dans son coeur la foi à l'idéal moral. Ainsi, dans cet exemple, chacun est responsable du degré de foi qu'il possède, car la foi chez lui a dépendu de la volonté.

La foi donc à tous ses degrés se fortifie par la fidélité; Rousseau a dit dans un moment d'intuition véritable et profonde. « Si tu veux croire en Dieu, vis de telle manière que tu aies toujours besoin qu'il existe. » Je vous dirai aussi : £ Vivez pour la sainteté, la vérité, la justice, et vous croirez toujours plus que ce ne sont pas là des abstractions, mais bien ce qu'il y a de plus réel au monde. » Pénétrons maintenant au centre même de la foi religieuse. Si tout l'Evangile nous dit de croire à Jésus-Christ, n'est-ce pas parce que Jésus-Christ est la vérité, la sainteté, la charité vivante, eh bien, j'affirme que vous croirez en Jésus-Christ d'autant plus que vous suivrez Jésus-Christ. Vous, par exemple, mon frère, vous ne voyez encore en Jésus-Christ qu'un simple homme, mais sa doctrine vous attire et vous paraît d'une incomparable beauté; vous ne voudriez point cependant passer pour un homme sans foi, mais quand j'analyse votre foi, je vois qu'elle se borne à accepter l'enseignement moral du Christ. C'est bien peu, mais ce n'est pas moi qui mépriserai ces petits commencements. Je vous dirai au contraire : Agissez selon votre foi ; puisque vous admettez la sainteté, la sublimité de la morale du Christ, essayez d'y conformer votre vie, travaillez dans ce but, courageusement, sans faiblir. Vous faudra-t-il prolonger longtemps cette épreuve pour reconnaître que vous êtes à une énorme distance du but, et que la sainteté que le Christ réalise si parfaitement dans sa vie dépasse entièrement les forces naturelles de l'humanité ? Vous en coûtera-t-il dès lors autant d'admettre ce qu'il enseigne lui-même de sa divine origine? Puis, faisant un retour sur vous-même, vous semblera-t-il déraisonnable de croire que votre incapacité morale atteste un état de décadence, et que l'Ecriture dit vrai en parlant d'une chute de l'homme et de l'esclavage du péché,-, Quelle distance déjà parcourue ! votre foi qui n'était qu'une étincelle vacillante a éclairé vos premiers pas, et, à mesure que vous avancez, elle jette une lueur plus vive. Persévérez dans cette voie ardue; vous venez d'entrer dans le problème redoutable du mal et du péché, pénétrez-y jusqu'au fond, sondez-en les secrets abîmes, et je vous défie de l'examiner longtemps sans entendre sortir de votre conscience une voix accusatrice qui vous crie que vous avez besoin de pardon. Cette voix, il faut y croire, il faut la suivre, et si vous la suivez jusqu'au bout, c'est au pied de la croix qu'elle vous conduira; alors, dirigeant sur la sainte victime ce regard d'humble abandon qui est la foi dans ce qu'elle a de plus vrai, vous adorerez la sagesse divine qui a su réconcilier sur la croix la justice et la miséricorde, et, ravi d'un pardon qui seul peut satisfaire votre conscience, vous vous relèverez, racheté de Jésus-Christ, prêt à redire avec saint Paul : « Je sais en qui j'ai cru. »

Je viens de tracer, mes frères, un itinéraire supposé; je ne prétends point dire que tel soit le chemin de tous ceux qui reviennent à Dieu, et d'ailleurs, si j'ai montré l'oeuvre de la créature qui retourne à Dieu, je n'ai rien dit de cette autre oeuvre de la grâce qui d'en haut sollicite l'âme égarée, l'appelle, la soutient, en sorte que, suivant l'enseignement de l'Ecriture, la gloire de son salut revient à Dieu tout entière. Les chemins qui ramènent au Seigneur sont infiniment divers; la foi chez les uns s'attache d'abord aux côtés sévères de l'Evangile; chez les autres, à ses côtés consolants; l'un souffre et pleure avant de croire au pardon, l'autre y croit avant de connaître toute l'amertume du repentir; l'Esprit souffle où il veut; tantôt c'est un vent violent qui renverse et brise tout ce qui lui résiste; tantôt c'est un souffle plein de douceur qui s'insinue au fond des coeurs et fait fondre sous sa tiède haleine les glaces de l'orgueil. Gardons-nous de vouloir lui tracer sa marche, mais retenons du moins ceci: c'est qu'à tous les degrés de la vie chrétienne nous sommes responsables de notre foi, parce qu'elle dépend toujours au fond de notre vie. Cela est si vrai que, pour en revenir au grand exemple de mon texte, si vous me demandiez le secret de l'inébranlable foi de saint Paul, je vous dirais que c'est la vie de saint Paul.

Oui, si l'Apôtre croit d'une foi si vive et si énergique aux célestes vérités qu'il annonce, c'est qu'il n'en est pas une qui n'ait pris place en son coeur et dont il n'ait senti la force victorieuse. S'il est le premier apôtre de la grâce, c'est qu'il en a été le plus insigne objet; longtemps il avait lutté pour gagner le ciel par ses austérités; lutte de géant dont il nous a tracé la dramatique histoire. Pharisien entre les pharisiens, rigoriste entre les rigoristes, il a tout fait pour mériter le salut; écrasé dans cette entreprise impossible, il n'a trouvé la paix que le jour où il a rencontré Jésus-Christ. Mais qu'elle lui est apparue grande et magnifique cette grâce divine qui est venue à lui au moment où tout couvert du sang des chrétiens, il allait le répandre encore à Damas! Ce changement extraordinaire peut-il le méconnaître, Sont-ce là des illusions, et n'est-ce pas au contraire l'histoire la plus réelle de sa vie? Cette miséricorde, cette patience de Dieu, cette grâce qui a touché son coeur et transformé son être, peut-il les passer sous silence ? Peut-il enfin ne pas dire : « Je sais en qui j'ai cru? »

Oui, si l'Apôtre voit avec tant de clarté, s'il annonce avec tant de puissance les réalités éternelles, c'est qu'à ces réalités il a consacré son coeur, laissant de côté toute autre recherche, toutes les jouissances basses , grossières, égoïstes; s'il voit d'avance le règne de Dieu s'établir, si sa foi triomphante en salue la venue, c'est qu'il a donné à sa préparation tout ce qu'il avait de facultés, d'énergie et d'ardeur. S'il croit avec tant de fermeté à la puissance de la grâce dans son apostolat, c'est que sa foi s'est fortifiée par les expériences qu'il en a faites. Il l'a sentie cette force victorieuse lorsque seul, sans éclat, sans prestige, il est arrivé à Athènes, à Corinthe, à Ephèse, et que toujours il a vu les coeurs s'humilier à sa parole; il l'a sentie, quand partout où il a porté ses pas, il a vu cette croix que le monde traitait de folie, convertir les autres comme elle l'avait converti lui-même; il l'a sentie quand autour de lui les disciples se sont pressés par milliers. Ah! bienheureuses expériences d'un si grand ministère, quelles démonstrations vous égalent, et comment saint Paul, après tant de victoires, ne dirait-il pas: « Je sais en qui j'ai cru? »

Cependant, gardons-nous de croire, mes frères, que ce soit dans ses succès seulement que la foi de saint Paul atteint cette force qui nous étonne. Non, si nous voulons savoir quand la présence de Dieu, la puissance de ses consolations se font le mieux sentir à son coeur, demandons-le à saint Paul souffrant, à saint Paul méprisé du monde, haï des hommes, traîné de tribunal en tribunal, traité enfin comme les balayures de la terre. Un mondain jugerait sans doute que tant de douleurs, d'humiliations et d'opprobres vont ébranler sa foi, mais il ne sait pas que c'est là ce qui la fait grandir. Il ne sait pas que Dieu, qui a promis sa présence et sa force à ceux qui souffrent pour la justice, réserve à son apôtre d'ineffables compensations; il ne sait pas que c'est dans ces souffrances mêmes que Paul connaît ce qu'il appelle d'un nom si vrai, « la communion des souffrances de Christ. » Ah! que de fois, dans la solitude et l'abandon du monde, n'a-t-il pas senti s'approcher de lui l'Homme de douleurs, le Roi crucifié de la vérité méconnue! Que de fois n'a-t-il pas entendu sa voix douce et tendre l'encourager à la lutte, que de fois n'est-il pas allé pleurer dans le sein de son Sauveur pour y recueillir ces bénédictions que le monde ignore et qui lui inspirent cette triomphante parole: « Je suis comblé de joie dans toutes mes afflictions ! » Ainsi, plus sa vie s'est dépouillée, plus son Dieu l'a enrichie; plus il s'est donné à son Sauveur, plus Jésus s'est révélé à son âme, selon cette parole profonde de saint Jean, que c'est celui qui aime Dieu qui connaît Dieu. Eh bien! tout ce passé peut-il l'oublier? Cette merveilleuse histoire des dispensations divines peut-il l'arracher de son coeur? Peut-il enfin ne pas dire : « Je sais en qui j'ai cru ? »

Ainsi, mes frères, la vie de saint Paul est la meilleure explication de la foi de saint Paul. Appuyé sur son exemple et sur l'expérience de tous les chrétiens, je vous dirai donc : « Voulez-vous posséder cette foi ferme, inébranlable, qui seule soutient et console? Accomplissez les oeuvres de la foi. Servez la vérité, et la vérité vous illuminera; suivez Jésus-Christ, et vous croirez au Christ. « Il n'y a pas de voie royale pour la « science, » disait un ancien philosophe à un prince qui s'irritait de trouver l'étude si difficile; je vous dirai à mon tour : « Il n'y a pas de démonstration du christianisme, pas d'apologie qui dispense d'obéir à la vérité, et de passer par l'humiliation et le dépouillement intérieur, sans lesquels la foi n'est qu'une vaine théorie. La meilleure preuve de la vérité du christianisme sera toujours une preuve d'expérience; rien ne vaudra cet irréfutable argument de saint Paul.

J'avais donc le droit de vous dire que pour fortifier votre foi, vous pouvez beaucoup, mes frères; puis donc qu'aujourd'hui la foi est si faible, si indécise, et si peu efficace, apprenons de saint Paul à la fortifier par une vie plus dévouée, plus dépouillée et plus chrétienne. Pénétrons toujours plus avant dans ces expériences que rien ne remplace; plus nous connaîtrons notre Sauveur, et mieux nous pourrons dire : « Je sais en qui j'ai cru. »

Ah! cette parole de l'Apôtre, n'est-il pas temps qu'elle soit prononcée? N'est-il pas temps que tous ceux qui savent quelque chose de l'amour du Christ prennent enfin sa défense? Puisque aujourd'hui le vrai Christ est défiguré, puisque, aux applaudissements de la foule, on présente aux regards son image amoindrie et faussée, puisque c'est aux Pauvres) aux petits de la terre qu'on prétend annoncer ce nouveau Messie, que la voix de l'Eglise réponde, que de tous les coeurs où reste un peu de foi une énergique protestation s'élève, que les plus pauvres, les plus petits disent à leur tour qu'ils savent en qui ils ont cru, et qu'après avoir connu le Christ de l'Evangile, ils ne sont pas réduits à en attendre un autre!

0 Christ, nous savons en qui nous avons cru. Nous ne craignons pas pour ta cause. Non, mes frères, on ne parviendra pas à enlever au monde son vivant et vrai souvenir; il y est marqué en ineffaçables caractères; ses pieds ont laissé sur notre terre une si profonde empreinte que la poussière d'une génération qui passe pourra bien la couvrir un moment, mais non pas l'effacer; en vain l'on nous dira que son Evangile n'était point tel que nous l'avions compris; en vain l'on voudra en faire une riante idylle; trop de larmes amères de repentir ont coulé à sa lecture, trop de haines terribles ont lacéré ses pages pour qu'on puisse se méprendre sur ses enseignements; en vain l'on voudra lui ravir son auréole de sainteté; elle a laissé dans les âmes des hommes un si lumineux sillon que le monde en est encore éclairé; en vain l'on voudra fermer cette source d'où tant de consolations ont jailli sur la terre. Que pourront ces efforts contre le témoignage des milliers d'hommes qui doivent à Jésus-Christ leur pardon, leur espérance, leur paix et leur salut ? L'Eglise est debout, mes frères, et, à toutes les objections du doute, sa foi, fortifiée par l'expérience des âmes nouvelles que Jésus-Christ se soumet tous les jours, répond avec une ferme et sereine assurance : « Je sais en qui j'ai cru »


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 1 J'ai réuni sous ce titre deux discours. - Le second commençait avec la troisième partie du discours actuel, dans laquelle le traite de la certitude de la foi.

 

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