Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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SERMONS - EUG. BERSIER 

Tome III


LES RUINES DE JÉRUSALEM (1)

 

Venez et relevons les murs de Jérusalem, afin que nous ne soyons plus dans l'opprobre.

(NEHEMIE II, 17.)

(Lire tout le chapitre II de Néhémie).


Mes frères,

Il y a vingt-trois siècles que se passaient les faits dont je viens de vous lire l'histoire. L'empire des Perses s'étendait alors de l'Egypte aux Indes, et de la mer d'Arabie au Caucase; Memphis et Babylone, Tyr et Sidon, si longtemps souveraines, courbaient sous son joug leur tête orgueilleuse; c'était la plus vaste domination qui se fût encore fondée sur la terre; dans ses capitales se concentraient les merveilles et les splendeurs de cette antique civilisation d'Orient dont les restes gigantesques étonnent encore la nôtre; de toutes ces villes, la plus brillante alors était Suze, située au pied des montagnes de la Médie, dans cette région que l'on avait appelée le Jardin des Lys et où des eaux courantes, célèbres pour leur fraîcheur, entretenaient un printemps perpétuel; là résidant le plus puissant des successeurs de Cyrus, Artaxerce, et c'était près de lui, au sein de toutes ces magnificences, qu'avait grandi un jeune Israélite, choisi, par la faveur la plus enviée, pour servir chaque jour celui que les peuples prosternés appelaient le roi des rois.

Mais un jour Néhémie voit apparaître des étrangers, des fugitifs, parmi lesquels il reconnaît son propre frère; il apprend de leur bouche que les murailles de Jérusalem sont renversées, et que ses habitants sont dans la misère et dans l'opprobre. Alors il oublie tout, et la position privilégiée qu'il occupe et la gloire qui l'attend dans l'avenir. Que lui importent les splendeurs dont il est entouré? La ville de ses pères est désolée, la cité de David, le centre de tous les souvenirs et de toutes les espérances d'Israël. Il gémit, il s'assied dans la poudre, il jeûne, il pleure aux pieds de son Dieu. A sa pâleur, le roi devine sa souffrance. « Comment ne serais-je pas triste, lui répond Néhémie, quand le sépulcre de mes Pères est désolé ? » Le roi s'émeut de ces paroles, et Néhémie le supplie de le laisser partir. $a demande lui est accordée, Il part donc, il arrive. On ne l'avait pas trompé. C'est en vain, semble-t-il, que Cyrus avait autrefois permis de relever Jérusalem. Où est l'oeuvre de Zorobabel? Où est l'oeuvre d'Esdras? Rien n'en est demeuré; dans ces murs à moitié détruits habite une population étrangère, et le temple inachevé reste en ruines. Néhémie ne rencontre partout que défiance. Au bout de trois longues journées, quand le soleil s'est couché, il se met en marche. Toute la nuit, il erre à travers ces ruines amoncelées, l'âme remplie d'amertume, puis quand le jour se lève, son parti est pris et il se met à l'oeuvre. « Venez, dit-il alors à ceux qui sont restés fidèles, venez, relevons les murs de Jérusalem, afin que nous ne soyons plus en opprobre. » A cette tâche il saura donner sa vie; ni les railleries des incrédules , ni les obstacles sans nombre, ni la haine des ennemis de Dieu ne l'en détourneront, et, par sa persévérance héroïque, le temple s'élèvera de nouveau, la loi sera conservée, Israël restera debout jusqu'aux jours où les murailles du sanctuaire extérieur pourront tomber, où les sacrifices cesseront, parce que le Désiré des nations sera venu, et qu'on rendra désormais à Dieu le culte en esprit et en vérité dans la Jérusalem invisible qui doit renfermer l'humanité tout entière.

Frères qui m'écoutez, Néhémie va nous servir aujourd'hui d'exemple. Comme lui, nous voulons relever les murs de Jérusalem; pour nous, comme pour lui, la tâche est immense; la foi qui le fit vaincre est encore aujourd'hui notre arme. Veuille le Dieu qui l'inspira nous remplir comme lui du zèle de sa maison!

Jérusalem, pour nous, c'est l'Eglise. Je prends ici ce mot dans le sens à la fois vaste et précis que lui donne l'Ecriture; l'Eglise, c'est-à-dire, suivant l'expression de saint Paul, la maison de Dieu en esprit, bâtie sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre de l'angle; l'Eglise, c'est-à-dire, suivant l'expression de saint Pierre, cet édifice dans la structure duquel nous devons entrer comme des pierres vives pour être une maison spirituelle et de saints sacrificateurs; l'Eglise, c'est-à-dire cette famille dont Dieu seul connaît les membres, cette grande cité des âmes dont nos Eglises diverses ne sont que d'imparfaites réalisations. Ce n'est pas que je veuille ici, mes frères, diminuer à nos yeux l'importance et la valeur de l'Eglise particulière dans laquelle chacun de nous a puisé la vie; que chacun l'aime et s'y attache comme on ai me le toit paternel, comme on respecte le foyer dans les murs duquel est entré, avec les pierres qui le composent, le ciment des vieux souvenirs, des traditions sacrées et de l'honneur domestique; si la maison où nous avons grandi nous est chère entre toutes, que sera-ce donc de l'Eglise, surtout quand elle nous a transmis avec les trésors de l'Evangile des modèles d'héroïque fidélité?

Enfant de l'Eglise réformée de France, qui serait la première dans l'histoire des temps modernes si l'on mesurait la valeur des Eglises au sang qu'elles ont versé pour Jésus-Christ, je sais ce que vaut un pareil héritage et ce n'est pas moi qui le méconnaîtrai; aimons donc l'Eglise à laquelle nous appartenons, aimons-la mieux que les autres; c'est notre droit, c'est notre devoir; mais au-dessus d'elle maintenons cette grande réalité qui s'appelle l'Eglise universelle et qui doit être pour nous un objet de foi. Malheur à l'esprit sectaire qui, dans le cercle étroit où il s'isole, prétend réaliser l'Eglise pure et véritable en dehors de laquelle il ne voit qu'erreur et mondanité; mais malheur aussi à l'esprit sacerdotal qui, fier de la majesté de ses traditions, de l'antiquité de son culte et de la rigidité de son orthodoxie, dit à son tour : « Je suis l'Eglise,» et laisse tomber le mot dédaigneux de sectaires sur ceux qui n'adorent point avec lui. Sectaires ! ah ! ce nom, ceux-là seuls le méritent qui, dans les grandes comme dans les petites Eglises, héritiers d'une tradition séculaire ou nés de hier seulement, méconnaissent en dehors d'eux l'action de l'esprit du Seigneur, et croient posséder seuls et la vérité qui éclaire et la foi qui sauve... Loin de nous cet esprit-là, mes frères; reconnaissons et saluons l'Eglise universelle partout où se retrouve la foi qui a fondé l'Eglise, partout où les coeurs s'unissent au nom de Jésus-Christ, leur Sauveur et le nôtre. En conservant le dépôt de la foi qui nous a été confiée, souvenons-nous que le discernement des coeurs n'appartient qu'à Dieu seul; ainsi nous maintiendrons, dans nos divergences, le principe d'une unité bien plus grande que celle qu'avait réalisée le moyen âge et que poursuit encore le catholicisme, l'unité dans la foi, l'amour et l'espérance, l'unité dans le respect mutuel, l'unité dans la liberté. C'est dans ce sens que j'ai dit que Jérusalem pour nous, c'est l'Eglise.

« Le mur de Jérusalem est renversé, » avaient dit les fugitifs à Néhémie. - N'est-ce pas là le message que bien des voix nous apportent aujourd'hui de tous les points de la chrétienté? Dieu me garde de prononcer ici une parole de plainte exagérée et de découragement. L'Eglise est debout, mes frères, et dans la lutte qu'elle traverse, elle aura la victoire. Mais, si nous ne pouvons douter de l'avenir, l'heure présente a ses obscurités, la lutte a ses péripéties douloureuses et ses cruelles incertitudes... Pour les soldats de Dieu, il y a des jours d'élan où, dans le clair azur du ciel flotte une bannière que tous les regards suivent, où la voix qui appelle au combat retentit ferme et vibrante, où d'un coeur à l'autre circule l'ardeur qui multiplie les forces, où les yeux qui se rencontrent brillent d'une confiance joyeuse, où, suivant la belle image du prophète, on voit s'assembler dans une sainte pompe le peuple de franche volonté... Hélas! il y a aussi des jours de revers et d'angoisse. L'ennemi accourt à la charge de tous les points de l'horizon; il monte à l'assaut pour détruire, fier, assuré du succès... ; les brèches se multiplient; les remparts anciens s'écroulent, et je ne sais quelle morne stupeur envahit le camp des défenseurs ... ; dans la poussière du combat, les yeux obscurcis cherchent en vain le drapeau du ralliement, la trompette ne rend qu'un son confus, les voix qui commandent se heurtent au sein du désordre; des défections soudaines viennent navrer les plus fermes; ils voient au front des rangs hostiles ceux qui la veille encore se pressaient à leurs côtes; ils distinguent ces transfuges qui montrent à l'ennemi l'accès de la place forte. La défiance est éveillée; tous sont tentés de s'accuser les uns les autres de l'incertitude qui paralyse les efforts ; chacun défend de son côté le point qu'il occupe, et dans' anxiété générale, on prête l'oreille, on attend qu'une voix puissante et respectée se fasse entendre et dise : et Venez, et relevons le mur de Jérusalem. »

Nous sommes, mes frères, dans un de ces jours-là. L'Eglise protestante a été surprise. Couverte autrefois par le rempart de l'autorité des Ecritures que la Réforme avait édifié, et derrière lequel elle abritait sans doute bien des luttes intestines, elle était unanime à accourir sur la brèche quand il s'agissait de défendre sa liberté contre le catholicisme, sa foi au Dieu de la révélation contre l'incrédulité. Aujourd'hui ce rempart a été forcé; la critique a pénétré dans la place, comme un torrent vaste, impétueux. Authenticité des livres sacrés, faits et doctrines, elle a tout ébranlé; et après avoir nié la réalité d'une révélation surnaturelle, elle se voit aujourd'hui dépassée par une philosophie qui, élargissant la brèche qu'elle a trouvée ouverte, détruit jusqu'au sentiment religieux lui-même, comprenant bien qu'on n'aura rien fait tant qu'on n'aura pas étouffé dans les profondeurs de l'âme humaine cette voix intérieure qui appelle le secours et le pardon du Dieu vivant... L'attaque a été si universelle que partout l'Eglise l'a ressentie; elle a été si vive, si pressante, si habilement conduite que les défenseurs, pris comme à l'improviste, ont été souvent incapables de répondre; mal préparés pour repousser les arguments qu'on leur opposait, mal servis par leur science qui n'était pas toujours à la hauteur de leur foi, troublés par les concessions qu'on leur demandait de faire, ils ont combattu avec plus d'ardeur que d'intelligence; les uns plus décidés, mais comprenant moins les conditions nouvelles de sa lutte ; les autres, plus intelligents mais moins puissants peut-être, moins capables d'entraîner les masses. A ces questions de foi s'en ajoutaient d'autres: fallait-il, pour sauver sa croyance, déserter l'Eglise particulière où l'on était né, et que l'ennemi semblait sur le point d'envahir?

Fallait-il, au contraire, y défendre jusqu'au bout la dernière parcelle de terre où l'on pût poser le pied ? Situation douloureuse où l'incertitude envahissait ceux-là mêmes qui auraient dû diriger les autres, et où le peuple fidèle, appuyé sur sa foi, nous donnait le spectacle fréquent dans l'histoire d'une bataille où les soldats suppléent par leur courage à la direction qui leur manque... Or, comme dans la détresse les conseils abondent, les uns, et c'étaient pourtant des fils de la libre Angleterre, les uns ont regardé vers le catholicisme et ont dit : « Là seulement sera notre sûreté,» les autres ont dit : « Ce qui nous perd, c'est une autorité impossible à défendre. Laissons là les croyances anciennes; le protestantisme, c'est l'affranchissement des intelligences. » Ainsi parlaient les partis extrêmes, et cependant les âmes flottaient incertaines et découragées, se demandant comment l'Eglise protestante sortirait de la crise formidable qu'elle traverse aujourd'hui.

Je l'ai déjà dit, mes frères, je crois à l'heureuse issue de la lutte. Quoi ! l'Eglise évangélique serait condamnée à périr! Mais, pour qu'elle périsse, détruisez la foi évangélique elle-même, dites qu'elle est morte la foi des saint Pierre et des saint Paul, la foi au Christ, Fils de Dieu, rédempteur, la toi à son oeuvre de grâce, la foi au Saint-Esprit régénérateur. Dites qu'elle est morte en face des milliers d'âmes qu'elle fait vivre, des oeuvres admirables qu'elle enfante, des missions qu'elle a créées et qu'elle soutient sans cesse, en face de ces grandes nations à la fois viriles et croyantes qui s'agenouillent devant Dieu et se tiennent debout devant le despotisme; dites qu'elle est morte quand au plus profond de nos coeurs nous la sentons présente, quand elle relève vers le ciel nos regards fatigués de la terre, quand elle nous console et nous remplit d'une divine espérance; dites qu'elle est morte quand, d'une âme à l'autre, nous la sentons vibrer dans nos saintes assemblées, quand elle nous unit dans un même élan d'amour et d'adoration. Eh bien, tant que deux coeurs la posséderont sur la terre, tant qu'ensemble ils adoreront le Dieu fidèle, là, vous dis-je, sera l'Eglise avec toutes les promesses qui la soutiennent, toutes les grâces qui la vivifient, l'Eglise avec son Christ qui lui assure la victoire. UN Christus, ibi et Ecclesia !

Mais la certitude de l'avenir n'ôte rien aux périls de l'heure présente, et si, par la grâce de Dieu, chacun de nous possède la foi qui lui suffit pour vivre et pour mourir, il n'en est pas moins vrai que l'Eglise, pour se développer et pour vaincre, doit sortir de la confusion où elle s'agite vainement aujourd'hui, qu'en présence de toutes les audaces de ses adversaires, elle doit redoubler d'énergie et rassembler toutes ses forces, et que ceux-là ont l'intelligence bien aveuglée ou le coeur bien froid qui peuvent rester indifférents, quand tant de voix nous crient comme à Néhémie que le mur de Jérusalem est renversé !

J'ai montré en quoi notre situation nous rappelle le temps de Néhémie; voyons maintenant ce que doit nous enseigner son exemple.

La douleur de Néhémie, voilà le premier trait qui me frappe dans son histoire. Jérusalem est désolée, cela lui suffit pour que son coeur n'ait plus de repos. Dans la gloire royale qui l'environne, au milieu de cette nature enchanteresse et de ces magnificences, il erre en contemplant le sanctuaire inachevé, les portes brûlées, les murailles détruites de la cité sainte, Nuit et jour, il y songe, et réalise ainsi cette belle parole de David: « Jérusalem, si je t'oublie, que ma droite s'oublie elle-même , » et cette autre plus belle encore, puisque l'Ecriture l'applique au Fils de Dieu lui-même: « Le zèle de ta maison m'a rongé. »

Connaissez-vous , mes frères , la douleur de Néhémie? Savez-vous ce que c'est que de gémir comme lui sur la désolation de Jérusalem? Notre siècle a préconisé la douleur; ses poètes ont chanté les secrètes mélancolies de l'âme avec une émotion pénétrante, mais, dans cette tristesse qui se cherche elle-même, qui s'analyse avec une complaisante curiosité, qui se donne en spectacle au monde, que d'égoïsme, que d'orgueil amer ou que de mesquine vanité ! Montrez-moi donc une douleur grande et virile, s'oubliant elle-même; montrez-moi un Néhémie tout préoccupé de l'honneur de son Dieu. L'honneur de Dieu, ce grand mot qu'aimaient à répéter nos pères, n'étonne-t-il pas nos oreilles délicates et nos coeurs amollis? C'est pour Dieu que Néhémie souffre, c'est à cause de lui qu'il ne peut plus trouver de repos.

Souffrir pour la cause de Dieu, combien cela est rare ! Hélas ! si susceptibles lorsqu'il s'agit de nos intérêts personnels, si sensibles lorsque notre fortune, notre santé, notre réputation, notre amour-propre sont en jeu, si difficiles à émouvoir lorsqu'il s'agit des insuccès de l'Evangile, des défaites de la vérité des retards du règne de Jésus-Christ! Que si parfois nous en gémissons, comme nous sommes vite consolés! Ah! déclamateurs que nous sommes, quand nous avons exhalé noire douleur en vaines phrases, comme nous nous refaisons vite à ce monde étranger à Dieu, comme nous nous laissons envahir par les joies du foyer, par les jouissances d'une vie agréable, par les distractions de la science, même de la science religieuse, par le spectacle de la politique, par toutes les choses bonnes ou mauvaises qui dissipent avec notre vie toutes les énergies de nos âmes ! Comme nous sommes bien les enfants de ce siècle qui s'est appelé le siècle de la grande curiosité! Curieux de tout, même du mal, dissipés par tout, distraits de la seule chose nécessaire, c'est à peine si nous pouvons comprendre la douleur d'un Elie gémissant sur Israël égaré, d'un Néhémie répandant son coeur en larmes sur les ruines de Jérusalem, d'un saint Paul rempli d'une sainte amertume en présence d'Athènes idolâtre, d'un Calvin consumé de tristesse à la vue des Eglises persécutées. A la légèreté de nos douleurs, on peut mesurer la faiblesse de nos oeuvres, car ceux-là seuls peuvent agir puissamment sur ce monde qui portent partout dans leur âme ses misères et ses douleurs.

Ses douleurs! ai-je dit, et je dois ajouter ses péchés, car c'est là ce qui me frappe encore dans l'affliction de Néhémie. Il souffre, mais en s'humiliant. Jérusalem est dévastée par la faute des chefs qui devaient la sauver, et lui, étranger à leur infidélité, il s'en accuse : « Seigneur, dit-il, fais-nous grâce, car nous avons péché. »

Il est aisé, mes frères, d'accuser son siècle; il est aisé de faire retomber sur sa génération les insuccès de l'Eglise; rien de plus fréquent dans la bouche et sous la plume des hommes religieux que ces accusations; langage sonore, déclamatoire, usé, qui ne frappe plus personne, et qui de nos jours pour se faire écouter, dans la bouche de certains partis, est descendu jusqu'à l'injure. Chose douloureuse à dire, c'est au service de Jésus-Christ et de son Eglise que nous voyons employer la polémique la plus violente, la plus moqueuse, la plus insultante que je connaisse aujourd'hui. Est-ce ainsi qu'on prétend ramener à Dieu cette génération? Est-ce de cet esprit que le Maître veut que nous soyons animés ? Est-ce ainsi que parlent les prophètes d'Israël quand, accablés sous le fardeau des péchés de leur peuple, ils s'en humilient devant Dieu? Ici, un souvenir tout récent me frappe. Il y a deux mois, cinq cents évêques réunis à Rome venaient apporter aux pieds de celui qu'ils appellent le vicaire du Christ les hommages du monde catholique; ils venaient , dans des fêtes magnifiques et en exaltant le pouvoir temporel de la papauté, célébrer le souvenir de ce pêcheur de Bethsaïda qui disait : « Je n'ai ni or ni argent, » qui écrivait aux Eglises : « J'exhorte les anciens, moi qui suis ancien avec eux, » et qui avait appris de son Maître que son royaume n'est pas de ce monde; au milieu de toutes ces splendeurs, des discours étaient prononcés; on y parlait de l'incrédulité, de l'égarement de ce siècle; on y confondait sous le même anathème ses erreurs trop réelles et ses aspirations les plus libérales; mais, dans tous ces discours) c'est en vain que j'ai cherché un mot d'humiliation; ces conducteurs des nations catholiques, parlant en présence de leurs peuples égarés, n'ont su que défendre leurs priviléges et qu'accuser leurs ennemis. Est-ce là le langage de Moïse intercédant pour Israël coupable? Est-ce celui de Néhémie s'unissant par le repentir à Israël infidèle ? Est-ce celui de Daniel, parlant des Juifs châtiés et offrant à Dieu, dans une admirable prière, le sacrifice de son coeur brisé? Est-ce celui de saint Paul, désirant être fait anathème pour Israël égaré? D'ailleurs, dans l'incrédulité générale, l'Eglise n'a-t-elle rien à se reprocher? Et, pour ne parler que de nous-mêmes, sommes-nous innocents des préjugés, des aversions, des colères que le christianisme soulève ? Ce nuage, qui voile a tarit de regards la vérité religieuse, est-ce que nos passions, nos étroitesses, nos sécheresses de coeur, nos déplorables inconséquences n'ont pas contribué à le former? Est-ce seulement nos missionnaires auprès des nations païennes qui ont à se plaindre que la vie des chrétiens de nom est le pire obstacle aux progrès de la vérité ? Ah! gémissons comme Néhémie, mais gémissons en nous frappant la poitrine, gémissons en confessant avec lui les péchés de Jérusalem.

Mais Néhémie ne se borne pas à gémir; il agit, et pour agir, il sait tout sacrifier; à la paix dont il jouit, il préfère les périls d'une lutte sans trêve; au brillant avenir qui l'attend, l'opprobre de son peuple.

L'esprit de sacrifice, voilà le second trait qu'il nous donne en exemple; d'ailleurs c'est celui qui distingue tous ceux qui veulent servir Dieu ici-bas. En tout temps, il leur faut se détacher du monde. Aux uns, Dieu dit comme à Abraham : « Quittez le pays de vos ancêtres, » et ils partent ne sachant où la main de Dieu les conduira. C'est ainsi que Dieu parla à nos pères, quand, il y a deux siècles, ils prirent pour sauver leur âme le chemin de l'exil. Alors, dans l'église où je vous parle, à la place où vous êtes assis, se pressaient par centaines ceux qui s'appelaient, dans le langage de notre vieille Bible, les réchappés de la grande tribulation, nobles et pauvres, guerriers et jeunes filles, enfants et vieillards, tous fugitifs et proscrits; et, quand ils songeaient à leur France, ils y voyaient leurs temples renversés, leurs foyers vendus, leurs parents aux galères; alors aussi, quand du haut de cette chaire la voix de leurs pasteurs parlait de sacrifice, quelle éloquence dans le simple aspect d'une pareille assemblée! Hélas! et d'eux à nous quel humiliant contraste ! Chrétiens qui voulons relever les murs de Jérusalem, où sont les sacrifices que nous avons faits à notre cause? Comptons, si vous le voulez, nos dépouillements? Dites-nous ce que vous a coûté jusqu'ici le bonheur d'avoir un Sauveur, de posséder l'Evangile, de croire au pardon et à la vie éternelle? L'avez-vous fait surtout ce sacrifice entier, absolu, sans réserve, par lequel on se donne au Dieu de l'Evangile, avec tout ce que l'on possède, et cela pour jamais, riche avec ses richesses, savant avec sa science, jeune avec tous les élans de son coeur ? Où est-il, Seigneur, ton peuple de franche volonté ? Où est-il dans cet auditoire? Où sont-ils ceux qui t'ont sacrifié la gloire humaine et qui sont prêts à confesser devant ce siècle qui la nie, la folie, toute la folie de la croix de Jésus-Christ? Où sont-ils les jeunes gens qui préfèrent aux applaudissements du monde ton service avec ses renoncements ? Où sont-elles, celles qui, devant le monde qui leur sourit, entrent résolument dans la voie étroite? J'ai vu, dans une autre communion, des jeunes gens et des jeunes filles, à l'âge où la vie leur promettait ses enchantements , renoncer à tout, jusqu'à leur nom, revêtir la bure ou la soutane, et s'engager sans retour au service du pauvre à l'école où à l'hôpital. Jugez le mobile qui les inspire, vous en avez le droit; mais dites, car cela est vrai, qu'il y a là de l'héroïsme, un héroïsme dont je suis jaloux, moi, ministre de la loi de liberté; dites que si la doctrine du salut par grâce était incapable de rien produire d'analogue ou de supérieur, que si elle devait nous laisser dormir dans une religion commode et dans un mol égoïsme, il faudrait désespérer à jamais de son avenir. Ceux-là seuls, mes frères, pourront être dignes de relever les murs de Jérusalem qui, comme Néhémie, auront su tout sacrifier à Dieu.

Voici donc Néhémie à l'oeuvre, et c'est ici que m'apparaît en lui un nouveau caractère, je veux dire la grandeur de sa foi; cette grandeur, je la mesure, tout d'abord, à l'inanité de ses ressources, ensuite à l'immensité des obstacles qu'il rencontre.

Nous avons vu son arrivée et cette nuit lugubre dans laquelle il erre au milieu des ruines de la cité de ses pères... Des ruines! et pourtant n'est-ce pas le lieu où le Seigneur devait habiter éternellement ? Ces débris ne sont-ils pas ceux du sanctuaire où la gloire de l'Eternel était si souvent apparue, et qui devait servir de ralliement aux nations de la terre?... N'est-ce pas là qu'elles devaient apporter leur tribut? N'est-ce pas là que leurs rois devaient s'incliner sur les parvis sacrés et baiser la poussière? Prophètes d'autrefois, nous avez-vous trompés?

Et puis, ce n'est pas tout. Deux fois déjà on a tenté de restaurer Jérusalem. Néhémie a entendu, a conté dès son enfance l'étonnant édit de Cyrus, le triomphant retour de Zorobabel; il connaît les psaumes d'actions de grâces chantés alors par la multitude... Il y a treize ans à peine, il a vu partir

Esdras; mêmes joies alors, mêmes émotions chez le peuple, même enthousiasme éphémère; et maintenant rien devant lui que cet amas de pierres poudreuses, que les restes de cette cité désolée dans laquelle se perd, au milieu des idolâtres, une poignée d'adorateurs du Très-Haut!

Et c'est sur ce néant qu'il faut compter! Et c'est à la suite de tant d'amères déceptions qu'il doit se mettre à l'oeuvre, entouré d'une population hostile, raillé par les chefs, comptant à peine sur quelques âmes défaillantes qu'il faudra soutenir jusqu'au bout... Dans cette situation désespérée, ne devrais-tu pas, ô homme de Dieu, user d'un peu de politique et ménager tes ennemis? La foi seule est une malhabile conseillère. Pour être aidé des hommes, il faut bien réclamer leur secours. Telle n'est point la pensée de Néhémie. Devant les railleurs, devant les habiles, devant les politiques, écoutez son langage : « Le Dieu des cieux nous donnera le succès, mais vous, vous n'avez ni communauté, ni droit, ni souvenir en Jérusalem. »

Chrétiens de ma génération, que de fois je vous ai vus troublés quand il s'agissait de vous mettre à l'oeuvre! Qui sait si Plus d'un de nous dans cette assemblée n'a pas senti son zèle paralysé par le spectacle de l'Eglise, par le néant de nos ressources comparé à l'énormité des obstacles! Vous aussi n'avez-vous pas, comme Néhémie, traversé de ces nuits sombres dans lesquelles vous avez passé en revue l'une après l'autre toutes les ruines qu'entasse notre siècle? Croyances anciennes, saintes traditions vénérées, qui se mêlaient dans un lointain souvenir aux prières du berceau, aux bénédictions d'un aïeul en cheveux blancs, aux cloches de l'église fêtant joyeusement le matin de la première communion, aux solennités du lit de mort, aux paroles suprêmes d'une mère chrétienne, et tout cela raillé, bafoué, livré aux risées de la foule!... N'avez-vous pas vu dans des âmes qui vous étaient chères s'écrouler une à une les espérances et les consolations de l'Evangile, n'avez-vous pas entendu sur des lèvres qui autrefois priaient comme les vôtres les froides négations d'une impitoyable critique ? Autrefois se dressait devant ces âmes, dans sa pure majesté, le Christ vivant qui a les paroles de la vie éternelle, maintenant il n'y a plus dans les vagues lointains de la légende que la figure fugitive, incertaine du sage de Nazareth. Autrefois, elles entendaient, en contemplant le ciel, le chant des mondes célébrant le Dieu créateur, maintenant elles ne saisissent plus que l'évolution fatale d'un mécanisme éternel. Autrefois, c'était la Providence, sans la permission de laquelle un passereau ne tombe pas à terre et qui compte nos larmes, maintenant c'est l'homme qui se dresse solitaire vis-à-vis des immensités glacées d'un espace où Dieu n'est plus; autrefois c'était, sur le berceau de l'Eden, le sourire de la première aurore éclairant les félicités de l'homme resté pur, aujourd'hui c'est la matière enfantant la vie, c'est dans le fond des forêts primitives le ricanement stupide du premier homme qui rampe à peine dégagé des liens de l'animalité; autrefois, c'était la vie éternelle, c'était sur les tombeaux une parole de victoire et d'espérance, aujourd'hui c'est l'âme se décomposant avec le cadavre dans la pourriture du cercueil, Ah ! devant de telles ruines, je comprends que le coeur frissonne, et quand on vous dit : « C'est là ce que croit la jeunesse, c'est là ce qu'elle accueille avec enthousiasme, » je comprends que l'on s'écrie : a Sur ce fonds mouvant qui croule, où trouverons-nous de quoi poser une pierre pour édifier ? »

Ainsi , d'un côté, la grandeur des ruines; de l'autre, comme pour Néhémie, l'insuccès de ceux qui nous ont devancés. Zorobabel, Esdras, ont mis avant nous la main à l'oeuvre. N'avons-nous pas vu, au temps du réveil religieux, une génération plus forte que la nôtre et plus croyante présenter l'Evangile aux hommes de ce siècle? Qu'a-t-elle obtenu? Où sont ses résultats ? Où sont ses conquêtes ? L'Evangile, ne le connaît-on pas ? La critique moderne ne l'a-t-elle pas décomposé sous son pénétrant scalpel? Quelle autorité aura-t-il pour ceux qui n'y voient que la chronique naïve et touchante de l'enfance d'une religion qui a fait son temps ?

Enfin, qui sommes-nous pour nous mettre à l'oeuvre? Où sont nos ressources, nos talents, nos énergies', Où sont parmi nous les caractères qui entraînent ou qui contiennent, et, à défaut des individus , où est l'élan solidaire qui unit les forces divisées ? Conquérir, quand c'est à peine si nous pouvons vivre; relever les autres, quand c'est à peine si nous sommes debout?

Ainsi parle notre lâcheté, ainsi nous raisonnons dans les heures mauvaises... Alors la sagesse du siècle s'approche de nous et nous dit : « Vous tentez une oeuvre impossible. Vous ne ramènerez plus les hommes de ce temps à des croyances qu'ils ont dépassées. Vous ne relèverez point Jérusalem et, du reste, pourquoi la relever? Pourquoi vous séparer du siècle? Pourquoi vous isoler dans vos remparts ? Venez à nous et faisons une alliance, nous vous accepterons, car vous avez pour les âmes souffrantes des consolations qui nous manquent, vous parlerez aux enfants et au peuple le langage qu'ils ont besoin d'entendre, il y a dans votre Evangile des pages sublimes; mais renoncez à vos légendes, à vos doctrines, à votre Christ fils de Dieu, devant lequel on ne veut plus s'agenouiller; donnez-nous la religion de la libre pensée; à ce prix, nous vous protégerons, et la société moderne accordera à l'Eglise mourante un abri qui prolongera ses jours. »

Nous avons tous entendu ce langage; la forme peut varier, la pensée est la même. Or, à ceux qui le tiennent, voici ma réponse :

Vous voulez protéger l'Eglise, vous voulez abriter sa vieillesse chancelante, et, pour toute condition, vous lui demandez de renoncer à être chrétienne... Eh bien, laissez-la mourir! mais qu'elle meure au moins digne et fière, car elle en a le droit; qu'elle meure avec son Christ, dont elle est l'épouse; qu'elle meure en embrassant la croix, au pied de laquelle elle est née, en y recevant le baptême du sang de la Rédemption; qu'elle y meure plutôt que de venir, infidèle et dégradée, mendier votre protection en reniant sa foi. Oui, laissez-la mourir dans la majesté de son indépendance, ne la rabaissez pas, car elle est votre mère, car elle a enfanté le monde moderne, car vous avez reçu d'elle, avec le lait spirituel, tout ce que vous avez de meilleur.

Mais non ! vous le savez bien, elle ne peut pas mourir, et vous-mêmes vous ne croyez pas à sa mort; aussi bien d'ailleurs vous ne pouvez plus vous passer d'elle; oui, vous Pouvez parler de sa décrépitude, mais il y a des jours où sa jeunesse vous étonne et vous confond. Ah! ce qui meurt, c'est tout ce que vous avez voulu mettre à sa place; c'est le déisme du siècle dernier qui semblait seul digne de la raison moderne et dont nul grand penseur ne daigne plus aujourd'hui ramasser l'héritage; c'est le panthéisme religieux dont le sens droit de l'Occident ne veut pas; c'est ce positivisme qui prétend emprisonner l'homme sous la voûte d'airain de la réalité sensible, et lui fermer à jamais toute échappée vers l'idéal et l'absolu; ce sont tous ces systèmes qui se succèdent et dont la popularité retentissante n'a d'égal que le néant dans lequel ils vont s'abîmer.

Aussi, comme Néhémie, nous ne perdons point courage; comme Néhémie, nous répondrons à ceux qui voudraient faire alliance avec nous en nous demandant de leur sacrifier notre foi : « Le Dieu des cieux nous donnera le succès, mais vous n'avez ni communauté, ni droit, ni souvenir en Jérusalem! »

Comme Néhémie, aussi, nous avons contemplé les ruines qu'a amoncelées notre époque; mais, le dirons-nous, c'est leur immensité même qui nous remplit d'espérance. Y avez-vous réfléchi ? Entre le Dieu vivant du christianisme et le néant du fatalisme, il n'y a rien qui soit demeuré debout; pas un système qui tienne, pas même assez de pierres pour édifier un pan de mur, un abri. Or l'humanité, mes frères, ne vit pas de néant. Elle pèche, elle souffre, elle meurt; elle a besoin de pardon, de consolation, d'espérance; et si, devant ces questions suprêmes qu'on peut écarter aujourd'hui et qui reviendront demain, la science doit confesser sa totale ignorance; si, à l'esprit qui a soif d'absolu, au coeur qui a soif d'amour, à la conscience qui a soif de justice, elle répond : « Laissez là ces rêveries; je ne connais que ce qui se touche et ce qui se voit; » si c'est là son dernier mot, comme on nous le donne à entendre, l'humanité s'en ira chercher ailleurs le repos, la paix, la certitude. Puisse-t-elle alors trouver ouverte devant elle la Jérusalem du Dieu vivant!

Venez donc, vous dirai-je, venez et relevons le mur de Jérusalem, afin que nous ne soyons plus dans l'opprobre. A l'oeuvre, dans les jours difficiles; à l'oeuvre, malgré les insuccès. « 0 Dieu, disait un grand chrétien, le succès est ton affaire; pour moi, donne-moi l'obéissance. » A l'oeuvre, dans l'obéissance; à l'oeuvre, malgré notre petit nombre; à l'oeuvre, le regard fixé sur les promesses du Dieu fidèle; à l'oeuvre aujourd'hui, demain, jusqu'au jour où Dieu nous dira : « C'est assez. »

Que chacun apporte ici sa pierre, comme ces familles d'Israël dont Néhémie nous a conservé les noms : les uns leur science profonde, les autres leur instinct pratique et leur activité; les uns leur parole puissante et persuasive, les autres leur esprit d'ordre et de discernement; les uns leur fortune, les autres leur indigence; les uns l'oeuvre extérieure et visible, les autres l'action cachée; les uns leur piété ferme et longtemps éprouvée, les autres leur foi faible encore et toute mélangée d'obscurité; que nul ici ne méprise l'oeuvre de son frère. Celui qui, du naufrage de ses convictions, n'aura sauvé qu'une parcelle de vérité, qu'il l'apporte! Dieu ne le repoussera point.

Qu'ainsi s'élèvent les murs de Jérusalem; qu'elle brille, la cité sainte, ornée, suivant la touchante parole de l'Ecriture, comme une épouse qui s'est parée pour son époux; qu'elle apparaisse aux yeux des hommes, ancienne et cependant toujours jeune, édifiée sur la parole des apôtres et des prophètes, et sur la pierre angulaire qui subsiste aux siècles des siècles; qu'elle agrandisse son enceinte toujours trop étroite pour ceux qui voudront l'habiter, qu'elle étende les tentures de ses pavillons, qu'elle en recule les pieux. - Levez vos yeux et regardez, dit Esaïe. Qui sont-ils, ceux qui accourent dans ses remparts ? Qui sont ceux qui volent comme des nuages et comme des colombes vers leurs gîtes? Les uns arrivent des îles lointaines, les autres du Septentrion et de l'Occident; les enfants de l'étranger se sont émus; les fils de ses oppresseurs viennent à elle humiliés et l'appellent le sanctuaire de l'Eternel... Réjouis-toi, terre, et vous, cieux, éclatez en chants de triomphe, car l'Eternel a visité son peuple. Dites à la fille de Sion : a Voici, ton Dieu règne, et toutes les nations le serviront à jamais! »


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 1 Discours prononcé à Amsterdam, dans l'ancienne église wallonne, le 18 août 1867, jour de l'ouverture de la cinquième assemblée universelle de l'Alliance évangélique.

 

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