Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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SERMONS - EUG. BERSIER 

Tome VI


UNE HEURE DE CRISE

 

Dès cette heure-là, plusieurs des disciples de Jésus se retirèrent et n'allaient plus avec lui. Jésus dit donc aux douze : « Et vous, ne voulez-vous point aussi vous en aller" -» Simon Pierre lui répondit : «Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle et nous avons cru et nous avons connu que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.»

(JEAN VI, 66-69.)

La courte scène que je viens de lire marque évidemment, aux yeux de saint Jean qui nous la retrace, une crise solennelle dans « l'histoire des apôtres. Ce qu'est une première bataille pour une armée dont son général veut essayer le courage, cette épreuve le fut pour ces pauvres Galiléens qui portaient dans leurs mains chétives les destinées religieuses des âmes et l'avenir de l'humanité. Rappelons en quelques mots comment cette crise s'engagea.

Jésus-Christ était suivi par une foule enthousiaste attachée à ses pas surtout par des motifs intéressés; elle lui demandait le pain matériel, et bientôt elle allait vouloir le couronner roi, persuadée qu'il lui apporterait la délivrance du joug détesté des Romains. A ces rêves tout charnels, Jésus répond par un enseignement que beaucoup de ses auditeurs durent trouver aussi orgueilleux qu'insensé; il leur annonce qu'il est lui-même le pain de vie, qu'il doit donner sa chair et son sang pour la nourriture du monde, et, comme la foule s'étonne et murmure, Jésus insiste sur cette pensée et l'accentue avec plus d'énergie encore. Il corrige, il est vrai, le sens grossièrement matérialiste dans lequel une partie de la foule avait interprété ses paroles; il montre que « c'est l'Esprit qui vivifie, que la chair ne sert de rien, que les paroles qu'il prononce sont esprit et vie» (V. 63).

N'importe! Son enseignement a profondément scandalisé ceux qui l'écoutent; il en a révolté le plus grand nombre; ceux-ci ne peuvent pas soupçonner que c'est là la prophétie d'un fait réel dont des générations sans nombre doivent faire la bienheureuse expérience ; ils ne comprennent pas qu'un jour l'humanité puisera sa vie spirituelle et sa force dans la contemplation et dans la communion de celui dont le corps sera brisé et le sang répandu pour elle. lis s'éloignent les uns indignés, les autres incrédules ou découragés, et les apôtres, qui avaient cru peut-être, en présence de l'enthousiasme de la foule, que le règne de leur Maître était proche, voient avec stupeur la solitude se faire autour de lui. Crise terrible, car quelle preuve avaient-ils, eux si faibles et si ignorants, qu'ils ne se trompaient pas en restant attachés à un Maître que les grands du peuple traitaient de fanatique et que le peuple lui-même reniait à son tour? Alors, comme dans une sanglante mêlée où la fortune lui a été contraire, un chef s'adresse à une poignée de soldats fidèles et leur demande s'ils veulent encore défendre son drapeau, Jésus-Christ regarde les douze en face et leur dit : « Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller? » et Pierre, l'apôtre au grand coeur et à la foi puissante, Pierre, l'homme des grands élans et des initiatives victorieuses, Pierre, le coryphée du collège apostolique, comme l'appelle Chrysostome, lui répond par ces mots que des millions d'adorateurs redisent aujourd'hui sous tous les cieux : « Seigneur, à qui irions-nous qu'à toi ? Tu as les paroles de la vie éternelle, et nous avons cru et nous avons connu que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. »

Il y avait dans cette crise deux causes de trouble et de tentation profonde pour la foi des apôtres : la première, c'était l'abandon de Jésus-Christ par la foule; la seconde, c'était le motif de cet abandon, à savoir, cet enseignement étrange, excessif, dont les apôtres pas plus que la foule ne pouvaient saisir encore le sens spirituel et vrai. Or, mes frères, ces deux causes de trouble se reproduisent à toutes les époques. Très certainement, nous les avons rencontrées, et nous en avons peut-être subi l'influence. Vous ne serez donc point surpris que je vous en parle aujourd'hui. 

I

Considérons tout d'abord l'abandon de Jésus-Christ par la foule. Il suffit de jeter sur les hommes un coup d'oeil rapide pour s'apercevoir que l'adhésion du grand nombre, l'empire de l'autorité extérieure qui vient de la tradition déterminent les convictions de la plupart de nos semblables. Cela se voit dans le camp de la philosophie la plus libre, comme dans celui de la religion. Tel qui se vante d'être un esprit éclairé, et qui se croit indépendant, est aujourd'hui incrédule pour les mêmes motifs qui l'auraient rendu croyant il y a quelques siècles; il veut être l'homme de son temps, c'est-à-dire qu'il cède après tout à la pression de la foule, qu'il obéit au souffle des opinions dominantes. Rien n'est plus difficile, rien n'est plus rare que l'adhésion solitaire et persistante à une vérité méconnue ; elle ressemble de si près à la folie que presque toujours on les a confondues. Voyez tous les progrès, toutes les vérités, toutes les découvertes, dont nous vivons aujourd'hui et qui font partie intégrante du fonds commun possédé par l'humanité; l'histoire de leurs créateurs ou de leurs inventeurs est un long martyrologe. Aux yeux de la foule, la vérité comme la victoire est en général du côté des gros bataillons. La foule croit au succès d'une cause bien plus qu'à sa valeur intrinsèque. Tout n'est pas absolument faux dans cette présomption. Elle repose sur l'idée que la vérité est appelée à devenir universelle, et là où l'on voit universalité ou la majorité, on conclut à l'existence de la vérité. En matière de religion, il paraît d'abord assez naturel qu'on se laisse influencer par cette question du nombre; la religion vraie, si elle existe, doit être évidemment le partage de tous; elle semble appelée à l'universalité; on ne comprendrait guère qu'elle pût être à jamais renfermée dans un cadre étroit, qu'elle restât à l'état sectaire, qu'elle fût stérile et stationnaire. Si donc il y a une religion qui aspire hautement à gouverner le monde, qui élargisse sans cesse ses limites, qui prétende clairement au règne universel, qui parvienne à briser ses cadres primitifs et à s'emparer des pays et des races au milieu desquels elle n'a point grandi, l'humanité conclura assez logiquement à sa vérité:

Ai-je besoin de vous faire remarquer que ce caractère d'universalité est l'un des traits dominants de la révélation chrétienne, et qu'il la pénètre tout entière ? La religion à laquelle nous avons foi n'a jamais consenti à s'enfermer dans un cadre national ou sectaire; elle est universelle dans ses prétentions; elle l'était déjà quand Abraham, le père des croyants, regardait au ciel étoilé, et voyait dans les astres partout semés dans l'azur l'image de toutes les nations qui devaient être sa postérité spirituelle; elle l'était quand les prophètes conviaient tous les peuples au rendez-vous que Dieu leur assignait sur sa montagne sainte ; elle l'était quand David appelait toutes les nations à chanter les louanges de l'Éternel; or, ce caractère est d'autant plus extraordinaire, d'autant plus merveilleux, il faut même dire miraculeux (si par miracle on entend un fait sans antécédent et sans cause appréciable), qu'il se produisait au sein d'une nationalité étroite, orgueilleuse, intolérante entre toutes, au sein d'une race dont les Romains avaient résumé le trait dominant en ces mots : la haine du genre humain. Et quand le Christ est venu, ce n'est pas pour la Judée qu'il a agi, qu'il a parlé, qu'il a souffert et qu'il est mort, c'est pour l'humanité. Jamais il n'a voulu moins que cela. Si ses bras se sont ouverts sur la croix, c'est pour y embrasser le monde : « Quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi. » L'Évangile est universaliste : il l'est quant aux temps, car c'est l'éternité qu'il revendique; il l'est quant à l'espace, car il veut être prêché dans tous les lieux de la terre; il l'est quant aux races, car il n'en est pas une qu'il rejette, et s'il épouse les nations il ne se donne exclusivement à aucune d'elles ; il l'est quant aux degrés de culture, car les plus pauvres et les plus ignorants sont ses prosélytes prédestinés ; il l'est même quant au degré de moralité, car il n'y a pas de créature, si bas qu'elle soit tombée, qu'il dédaigne et qu'il répudie, et, s'il découvre quelque part un péager méprisable, une pécheresse possédée de sept démons, c'est eux qu'il appelle à la communion de Dieu, c'est d'eux qu'il fait ses trophées et les joyaux les plus précieux de la couronne de son Chef.

Et pourtant cette même religion si résolument universaliste dans ses prétentions n'a jamais prétendu être populaire; elle n'a fait à la popularité aucun appel ni aucun sacrifice, elle n'a jamais flatté ni les passions grossières, ni les aspirations orgueilleuses de l'humanité; elle a prévu, au contraire, qu'elle soulèverait contre elle d'opiniâtres antipathies et de formidables résistances, et que ce serait par une suite ininterrompue de défaites et de souffrances qu'elle arriverait au triomphe.

Considérez-la dans le judaïsme qui fut sa forme préparatoire; les prophètes qui l'annoncent sont de véritables martyrs. « Ils ont souffert les moqueries et les verges, bien plus, les fers et les cachots, ils ont été lapidés, sciés, tentés; ils sont morts par le tranchant de l'épée, ils ont erré çà et là, couverts de peaux de bêtes, dénués de tout, persécutés, maltraités; eux, dont le monde n'était pas digne, ils ont été errants dans les déserts, dans les montagnes, dans les cavernes et les crevasses de la terre » (Hébr. XI, 36, 37, 38). Considérez-la dans son Chef, notre Seigneur Jésus-Christ. Il a clairement vu qu'il serait seul à l'heure suprême et que ce serait en face d'une défection de tous les siens que sa croix s'élèverait. Il a dit aux siens que sa destinée serait la leur, que les disciples seraient traités comme leur Maître, et que, si dans un sens ils devaient faire « de plus grandes choses que lui » (Jean XIV, 12), ils ne les feraient qu'au prix des mêmes souffrances : « Voici, leur dit-il, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups » (Luc X, 3); x Vous serez haïs de tous à cause de mon nom » (Matth. X, 22); « Malheur à vous quand tous les hommes diront du bien de vous » (Luc VI, 26). Singuliers encouragements, étrange manière de voir qui fonde le succès sur la défaite et prétend conquérir l'humanité en soulevant toutes ses répulsions et tous ses mépris!

Ne vous étonnez pas, mes frères, si aujourd'hui vous assistez à un spectacle analogue. D'un côté, vous voyez la question religieuse agiter le monde avec une intensité que rien n'arrête. Allez dans la vieille Angleterre ou dans la jeune Amérique, pénétrez en Orient ou étudiez tout près de vous les problèmes qui en France même soulèvent les débats les plus ardents. Partout vous rencontrerez, au fond des autres luttes, celle qui se livre à propos de la foi. Il n'y en a pas de plus passionnée, quoi qu'on en dise, et à ce signe seul on peut reconnaître l'indomptable vitalité du christianisme, car, ce ne sont pas les morts qui soulèvent de telles colères. D'autre part, vous verrez, comme dans la scène de mon texte, les défections se multiplier autour de Jésus-Christ. Défections parmi les penseurs et les savants, défections dans les masses populaires, défections chez ceux-là même qui hier étaient avec nous et nous conduisaient au combat.

Quand, à la fin du premier empire, nos soldats luttaient contre l'Europe coalisée, il arrivait souvent qu'au milieu de la bataille, un cri s'élevait qui troublait tous les coeurs. On venait d'apprendre qu'un corps d'armée, désertant le drapeau de Napoléon, tournait à l'ennemi. C'est ainsi qu'à Leipzig, quand les Saxons abandonnèrent les aigles françaises, le souffle de la déroute passa sur l'armée entière, car on voyait la trahison partout.

Et nous aussi, dans la lutte acharnée où est engagée l'armée chrétienne, nous avons vu souvent le découragement ébranler les plus fermes, quand au premier rang des ennemis ils devaient rencontrer ceux qui, la veille encore, servaient notre foi et se pressaient autour de notre drapeau. Hier encore nos alliés, aujourd'hui nos implacables adversaires, dirigeant contre une cause dont ils savent tous les côtés faibles leur critique acérée, hautaine et méprisante. La crise a été terrible, et plus d'un coeur a fléchi sous l'angoisse. Mais dans cette navrante apostasie, il nous a semblé entendre la voix de notre Chef qui nous disait comme autrefois aux disciples : « Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller? » A cet appel, nous avons reconnu notre Maître, la honte nous a saisis d'avoir un moment fléchi sous la contagion de l'exemple; nous avons senti que jamais sa cause ne devait nous être plus chère que lorsqu'elle était abandonnée par la foule, qu'ici le nombre et l'assentiment des masses ne sont rien et ne doivent rien être, et c'est avec une foi Plus profonde que nous avons dit au Christ: « Seigneur, à qui pourrions-nous aller qu'à toi ? » 

II

La seconde cause du trouble des disciples, c'est, nous l'avons dit, le caractère étrange de l'enseignement de leur maître. Jésus-Christ leur parlait de son corps qui devait servir de nourriture au monde. Cela leur semblait bizarre, fantastique, impossible.

Plus tard, ils le comprirent. Quand ils contemplèrent son corps déchiré sur la croix et son sang répandu, quand ils célébrèrent à la table sainte le souvenir du sacrifice rédempteur, quand ils virent les multitudes accourir à ce repas sacré pour y rassasier leur faim spirituelle, ils sentirent que leur Maître leur avait dit vrai, et l'enthousiasme de leur reconnaissance succéda à la stupeur de leur incrédulité.

Ce n'était pas le seul point sur lequel de pareilles surprises leur étaient réservées. Combien d'autres paroles de Jésus devaient les affermir qui les avaient d'abord scandalisés! Et, pour tout dire là-dessus, rappelez-vous que sa croix qui fut leur instrument de triomphe, sa croix sans laquelle leur prédication fût restée à jamais stérile, excita chez eux, quand elle leur fut pour la première fois annoncée, une invincible répugnance, un effroi qui les désespéra.

Il y a là une grande leçon qu'il faut que chacun de nous comprenne :

La vérité révélée dans l'Evangile contient bien des points mystérieux qui soulèvent dans l'esprit des plus croyants des difficultés et des objections dont ils ne triomphent que lentement. La plupart des chrétiens saisissent par un côté qui répond A leurs aspirations intimes, ils acceptent le reste de confiance sans en sentir encore toute l'importance. Ce n'est souvent qu'après des années de vie et d'expérience chrétiennes qu'ils arrivent à comprendre l'harmonie de la révélation acceptée dans sa totalité. Au commencement ils sentent que la vérité est là, ils disent comme Pierre au Christ : « A qui pourrions-nous aller qu'à toi ? » mais l'enseignement du Maître et des disciples les étonne encore par bien des aspects et parfois les scandalise. Cela est inévitable. Nous sommes tous à l'école de la vérité, mais nous n'y occupons pas tous la même place. La diversité de nos esprits, la différence de nos expériences sont très grandes. Telle doctrine saisit vivement un homme et laisse un autre homme insensible.

Le côté tragique et douloureux du péché n'est pas compris par tous immédiatement avec la même intensité, tous ne sentent pas de la même manière leur faiblesse cf leur impuissance à accomplir la loi morale; tous ne comprennent pas de la même façon le néant du monde et le besoin d'une réalité qui leur serve de refuge éternel. Nous-mêmes nous ne ressemblons pas longtemps à nous-mêmes. Ce qui nous laisse froids aujourd'hui nous touchera peut-être demain. Entre Thomas disant: « Si je ne vois, je ne croirai pas », et Thomas appelant le Christ « son Seigneur et son Dieu », la distance est immense, et cependant Thomas, avant comme après sa confession de foi, était un disciple du Christ.

Cela étant, je suppose que l'un de vous, mes frères, se trouve dans la situation qui est celle des apôtres dans mon texte. Vous êtes en face d'un enseignement manifestement révélé qui vous dépasse, qui vous étonne, qui vous semble, à première vue, inconciliable avec votre raison et votre conscience. Que devez-vous faire alors?

Les partisans de l'autorité absolue n'hésiteront pas à vous dire : « Avant tout, soumettez-vous. La foi est essentiellement soumission ». C'est ainsi en effet que beaucoup de gens l'envisagent. Parce que la foi renferme, ce que nous n'avons garde de nier, un élément très réel d'obéissance, il leur plaît de n'y voir que cela. C'est en cela que consiste, selon eux, toute sa valeur. Plus cette soumission' est difficile, plus la valeur de la foi leur paraît grande. Accepter l'absurde, le monstrueux, ce sera donc pour eux sa vertu suprême et son effort héroïque. Est-ce bien là ce que Dieu demande de nous?

Je le nie; j'affirme que, si la foi n'est que la soumission extérieure, tout l'Evangile devient incompréhensible. Pourquoi ce respect de la liberté humaine, pourquoi cette vérité proposée et jamais imposée, pourquoi cet appel constant à la persuasion, pourquoi un Dieu qui s'abaisse, qui supplie? Pourquoi la défaite de la croix, S'il ne s'agissait que de soumettre l'homme, la force y aurait suffi. La terreur aurait dompté toutes ses résistances, l'enfer entrevu aurait jeté tous les pécheurs aux pieds de leur juge irrité.

Se soumettre d'ailleurs, est-ce vraiment croire? Quand, morne et brisé, j'aurai dit : J'accepte! aurai-je été convaincu? Si rien en. moi ne répond à la doctrine qu'on m'impose, qu'ai-je gagné à l'accepter? Toute autorité sera donc désormais sacrée, toute tradition devra rester intacte, toute superstition immuable. Mais où sera encore, dans un tel système, l'amour de la vérité? Le mépris le plus marqué pour elle aurait-il une autre attitude? Le scepticisme le plus cynique tiendrait-il un autre langage? Tout accepter ou tout rejeter, n'est-ce pas au fond identique, quand dans ce tout il y a ce que la conscience approuve et ce qu'elle condamne ce qui lui apparaît comme sublime et ce qu'elle tient pour odieux?

Que deviendra dans un tel parti pris la conscience elle-même ? Si saint Paul a dit « que tout ce qu'on ne fait pas selon sa persuasion est un péché -», comment qualifierons-nous l'état moral d'un être qui, par soumission, ment à sa conviction intime, pèche contre la lumière, aveugle cet oeil intérieur dont parle Jésus-Christ? Où s'arrêtera-t-on dans une telle voie? Semblable à ces joûteurs de cirque dont les membres désarticulés prennent toutes les inflexions possibles, la conscience ainsi déformée sera capable de toutes les palinodies; ses admirations n'auront pas plus de prix que ses haines, ses enthousiasmes vaudront ses mépris, à supposer qu'elle sache encore s'enthousiasmer ou mépriser.

Ainsi, devant toute soumission imposée, nous rappellerons qu'il n'est jamais sûr à l'homme d'aller contre sa conscience, et que ce n'est pas honorer Dieu que lui apporter le coeur d'un esclave, et l'obéissance aveugle d'un fanatique.

Reste un second parti également extrême rejeter toute doctrine qui blesse la conscience ou la raison. C'est ce que font la plupart des auditeurs de Jésus dans la scène que nous étudions. Ils l'entendent parler de sa chair qui doit servir de nourriture au monde. C'est assez pour les révolter. Est-ce que le bon sens le plus vulgaire ne suffit pas à leur montrer ce qu'un tel enseignement a d'absurde et de repoussant? Il leur suffit de ces paroles qui les scandalisent pour oublier tant de discours admirables, tant d'actes de miséricorde où la toute-puissance du Christ avait éclaté, ci Dès cette heure-là, dit saint Jean, plusieurs des disciples se retirèrent et n'allaient plus avec lui. »

Aujourd'hui comme alors, que faut-il pour produire des défections semblables? Combien y a-t-il de nos contemporains qui aillent jusqu'au fond de leur doute et se séparent du Christ par une incrédulité vraiment raisonnée? Je n'hésite pas à dire, malgré les apparences, que c'est là l'infime minorité. La plupart cèdent sans combattre. Un jour, telle doctrine les choque, tel récit d'un acte surnaturel leur devient suspect; ils ne se demandent pas même si cette page de l'Evangile n'a pas un sens profond qui ne paraît pas à première vue; ils n'écoutent pas le Christ qui leur dit : « Les paroles que je prononce sont esprit et vie m. La surface leur suffit, le sens qui les blesse est celui qu'ils préfèrent (1); ils pourront d'autant mieux le condamner par un jugement sommaire et sans appel.

Mais à côté de la foule qui s'éloigne, il y a les disciples qui restent. Ceux-ci n'ont pas mieux que la foule compris ce que le Maître enseignait; ils en ont été surpris comme elle, troublés comme elle, et d'autant plus, que tout ce que disait Jésus avait pour eux une souveraine importance. Ils ne s'en vont pas cependant, parce qu'ils savent ce qu'est leur Maître, parce que ce *point obscur dans son enseignement n'est rien à côté des splendeurs divines qu'ils y ont rencontrées, parce qu'ils ne s'étonnent plus que la pensée de Jésus dépasse leurs pensées, parce qu'ils espèrent qu'un jour ils verront clair dans ce qui les trouble et les scandalise aujourd'hui. Avant de juger ils attendent, et leur confiance ne sera pas trompée. Bientôt cette parole même qui leur semblait inacceptable sera pour eux l'expression d'un fait d'expérience, d'une des réalités les plus précieuses de leur vie spirituelle ; ils savoureront la chair et le sang de leur Maître crucifié.

Et moi, m'inspirant du grand exemple qu'ils nous donnent, je vous dis à mon tour : « Quand sur un point votre foi sera mise à l'épreuve, quand une doctrine de l'Évangile troublera votre coeur et votre raison, attendez avant de juger. »

Attendez, et pourquoi ?

Parce que la vérité religieuse, si elle existe, doit être pour nous pleine d'ombre et de mystère, et qu'il ne peut en être autrement. Une révélation divine qui ne nous dépasserait pas, qui ne nous étonnerait pas, ne serait pas une révélation. Ni la parole, ni la pensée humaine ne sont capables d'embrasser l'infini. Montrons-le par un seul exemple. Toutes les fois que nous parlons de Dieu, nous sommes obligés, par les lois mêmes de notre esprit, de l'enfermer dans l'espace et le temps. Or Dieu, par sa nature, est au-dessus du temps et de l'espace. Il en résultera nécessairement dans les questions où ces notions d'espace et de temps interviennent d'insolubles contradictions. Ainsi la doctrine de la prédestination est inextricable avec notre notion du temps, et celle de l'incarnation qui enferme l'infini dans un être humain l'est également avec notre notion de l'espace. Il faut accepter d'avance résolument que dans tous ces problèmes il restera ce qu'on appelle en algèbre une inconnue, et cette inconnue doit être pour nous un objet de foi. On aura beau vouloir proscrire la foi, elle restera toujours nécessaire à l'humanité. Je lisais récemment dans un des ouvrages les plus franchement positivistes de ce temps-ci (2) les lignes suivantes: « Les sciences d'observation exigent tout d'abord, de quiconque veut les cultiver, un acte de foi Nous devons croire nos sens, comme d'honnêtes et sincères témoins, alors qu'ils nous signalent l'existence, en dehors de notre être, d'un vaste univers matériel, etc. » On exige donc que nous croyions nos sens, qui cependant nous trompent sans cesse, et dont le témoignage doit être constamment rectifié. Eh bien ! le christianisme exige de nous, un acte de foi tout semblable. Il veut que nous croyions au témoignage de Celui qui est venu de la part de Dieu, et qui s'appelle le témoin fidèle et véritable, de Celui qui, dans toutes les questions de l'ordre moral naturel, a dit vrai (2), et a été le prophète même de la conscience. Pouvons-nous lui refuser ce qu'il nous demande ? Si nous le lui accordons, faisons-nous quelque chose d'irrationnel et d'extravagant ? L'extravagance, l'irrationnel en pareille matière, c'est de nier le mystère, c'est d'écarter tout ce qui nous dépasse, c'est d'afficher une indépendance orgueilleuse, lorsque en face des Problèmes les plus douloureux de la vie morale, la plus simple bonne foi nous force à reconnaître que nous sommes ignorants et aveugles, lorsque, selon la parole d'un illustre incrédule, nous sommes de tous côtés enveloppés par un océan immense pour lequel nous n'avons ni barque ni voile. Oublier tout ce que l'Évangile nous apporte, le déserter parce que sur un point son enseignement nous étonné, ce serait de notre part un acte d'ingratitude révoltante et de suprême, déraison.

Ainsi, dans le doute, il faut attendre. Attendre. Pourquoi encore ? Parce qu'une doctrine révélée peut nous blesser sous la forme dans laquelle elle nous est présentée, sans cesser pour cela d'être vraie au fond. La faute en est alors moins à la doctrine même qu'à notre esprit qui ne la saisit que d'une manière incomplète et nécessairement fausse.

Je suis de ceux qui croient à la nécessité des dogmes: toute religion non formulée risque de s'évanouir et finit par se prêter à toutes les transformations, à toutes les déformations qu'il plaira à la fantaisie humaine de lui faire subir. Il faut donc donner à la vérité religieuse une expression aussi exacte que possible, mais il faut se souvenir cil même temps que toute expression humaine d'une vérité divine est nécessairement incomplète et pauvre, et qu'aucune formule finie ne peut enfermer l'infini. Notre intelligence peut hésiter devant une formule, tandis que notre coeur sent toute la réalité, toute la plénitude du fait dont' cette formule n'est que la traduction inexacte. C'est surtout en matière religieuse qu'il faut se rappeler que, selon la parole profonde de Pascal, tout notre raisonnement doit aboutir à céder au, sentiment; ce sentiment saisit souvent par intuition une vérité supérieure que notre intelligence trouve encore illogique et contradictoire. J'en citerai un exemple. Il s'agit de la doctrine chrétienne de la rédemption. J'avoue très-sincèrement qu'aucune des formules théologiques qui ont essayé d'exprimer ce grand fait ne me satisfait complètement, je dirai même que celles qui semblent les plus exactes me frappent par ce qu'elles ont encore de scolastique et de froidement intellectualiste. En conclurai-je que la doctrine de la rédemption puisse être supprimée ou affaiblie ? Si peu, que j'y vois la vérité fondamentale du christianisme et que l'Évangile sans elle n'est plus pour moi qu'un corps sans âme. Plus je contemple la mort de Jésus-Christ, plus j'en sens la nécessité, la solennelle importance; c'est bien là pour moi l'acte central des dispensations divines, la condition même de tout pardon, de toute réconciliation entre l'homme et Dieu. Je dirai fermement que j'adore ici sans comprendre, et en faisant cela je ne crois pas en aveugle, j'affirme au contraire que les raisons qui me persuadent, pour ne pas pouvoir être exprimées, sont de l'ordre le plus intime et' le plus sérieux, et que la conviction «elles me donnent m'est infiniment plus propre et plus personnelle que celle qui résulterait d'une démonstration purement logique qui me vaincrait peut-être sans me convaincre.

Est-ce que vous ne sentez pas que ce que je viens de dire s'applique d'une manière évidente à la vérité que Jésus-Christ venait d'exposer aux apôtres et qui avait détaché de lui les multitudes ? Il s'agissait du fait que sa chair servirait de nourriture au monde. Cela devait paraître monstrueux à ceux qui les premiers l'entendirent. Eh bien ! aujourd'hui, quoique ce fait soit devenu l'une des expériences les plus chères et les plus certaines de l'âme chrétienne, quoique les joies de la communion aient été mille fois exprimées dans un langage aussi touchant que sublime, y a-t-il une seule définition de la communion qui puisse en exprimer la réalité et qui ne nous paraisse encore ou grossièrement réaliste ou froidement spirituelle? La formule peut nous repousser, le fait lui-même demeure, et ce serait insensé de sacrifier la réalité parce que l'expression nous blesse,

Je vous dirai en troisième lieu : Attendez avant de repousser une doctrine révélée qui vous choque, attendez, parce qu'une expérience mille fois répétée nous prouve que ce qui nous blesse est précisément ce qui peut et doit nous guérir. Il ne faut pas en matière religieuse raisonner comme si l'humanité était dans son état normal. Le coeur sain saluerait la vérité avec enthousiasme; le coeur malade s'irrite surtout contre ce qui met sa maladie en évidence. On peut faire à ce sujet une curieuse remarque. Il n'y a pas dans l'Évangile de caractère qui nous paraisse aujourd'hui plus acceptable, plus grand, plus raisonnable que la largeur avec laquelle il s'adresse à toutes les nations. Or, relisez l'Évangile, vous verrez que c'est précisément ce caractère universaliste qui a soulevé chez les Juifs auditeurs de Jésus ou de Paul les colères les plus passionnées, les répugnances les plus invincibles. Pourquoi? Parce que cette vérité heurtait de front leur orgueil national. Ce qui devait faire de saint Paul l'un des plus grands hommes est ce qui a révolté le fanatisme de Saul de Tarse. Chacun de nous a sa passion dominante, ses instincts faux, mauvais et même pervers que l'Évangile signale et met en évidence.

Remarquez qu'on ne parle presque jamais de ces objections-là qui sont cependant le fond de la résistance de la plupart des hommes à l'Évangile. Pour justifier son incrédulité, chacun allègue des raisons générales, les obscurités de l'Évangile, les contradictions de ses doctrines, les progrès de la critique, l'incertitude des textes, la difficulté d'admettre le surnaturel, etc., mais entendez-vous souvent des hommes vous dire qu'ils ne veulent pas de la foi chrétienne parce qu'elle est contraire à leurs à leur égoïsme, à toute leur manière de voir? Voilà ce qu'on ne dit pas, et cependant le rôle que jouent ces oppositions secrètes du coeur est immense. Chez les meilleurs, elles se trahissent Par des hésitations, des tiédeurs, des répugnances que l'on n'avoue pas. Rien n'est rare comme la sincérité absolue avec soi-même en pareille matière. Et c'est précisément parce que nous nous dupons si aisément nous-mêmes que je vous dis : Avant de repousser une doctrine révélée, attendez! Attendez, car le motif qui vous la fait combattre n'est peut-être pas celui que vous alléguez. Allez jusqu'à la racine même de votre antipathie, vous verrez qu'elle est tout autre que vous ne le supposez, qu'elle sort d'un fond mauvais, et que votre conscience, si elle parlait d'une voix distincte, vous dirait d'accepter ce qui vous irrite.

Un autre conseil que je vous donnerai dans les heures de crise, c'est de songer à tout ce qui dans l'Évangile vous éclaire, vous console et vous soutient. Voilà ce qu'il faut constamment mettre en regard de ce qui, dans ses enseignements, vous trouble et vous scandalise. C'est ce que font, dans le récit de mon texte, Pierre et les autres apôtres. La parole du Christ leur a paru, comme à la foule, étrange, inacceptable. Mais avant de la repousser, avant de se séparer de leur Maître, leur coeur s'est souvenu de tant d'autres enseignements qui leur ont apporté la lumière et la paix. Peuvent-ils oublier les heures bénies passées à ses pieds, soit quand ils voyaient les multitudes suspendues à ses lèvres, soit quand dans une retraite intime il leur expliquait sa pensée et leur ouvrait son âme" Tout ce passé n'a pu disparaître, tous ces actes, tous ces merveilleux enseignements n'en subsistent pas moins. Leur Maître a les paroles de la vie éternelle, et cela suffit pour qu'ils lui restent fidèles. «A qui, Seigneur, irions-nous qu'à toi ? »

Eh bien ! ce que nous demandons à ce siècle ingrat qui juge la révélation chrétienne d'une façon si sévère et si légère à la fois, c'est de se souvenir... Qui, qu'avant de condamner, il se rappelle! Qu'il rassemble en sa mémoire toutes les lumières, toutes les joies, toutes les forces, tous les affranchissements, toutes les espérances que le monde a trouvé et trouve encore chaque jour dans l'Évangile; qu'il apprécie, s'il le peut , la somme immense de bonheur et de consolation qu'en un seul jour le christianisme apporte à la terre, et, comprenant alors ce que ses critiques de détail ont d'insignifiant et de mesquin, il dira au Christ avec Simon Pierre: « A qui, Seigneur, irions-nous qu'à toi ? » Je vous dirai enfin: Avant de repousser une doctrine parce qu'elle vous paraît inadmissible, attendez ! Attendez, car vous pouvez changer, et lorsqu'il s'agit de religion, l'expérience de la vie est une grande lumière. Une révélation divine qui proclame notre déchéance et notre incurable misère est rarement comprise comme elle doit l'être par ceux qui marchent encore dans l'enivrement de la jeunesse et dans l'orgueil de la vie. Mon Dieu! que ces grands mots de pardon, de grâce, de consolation, d'espérance éternelle, ont un sens différent suivant l'âge où on les entend! La vie est une école aussi et la science qu'on y acquiert vaut bien celle des livres. Il y a les syllogismes dont la conclusion hâtive ne coûte qu'un effort d'intelligence, et il y a les vérités que l'on apprend au prix d'humiliations et de larmes amères. Au début de notre carrière, nous croyons à la puissance presque illimitée de la raison; au retour, nous en mesurons l'impuissance en face des problèmes les plus impérieux et les plus douloureux de la vie; au début nous croyons spontanément à la grandeur, à la bonté de l'humanité; au retour, il faut une foi ferme pour ne pas glisser vers la misanthropie; au début, nous croyons en nous-mêmes; au retour, nous comptons tant de défaillances et peut-être de hontes que la statue d'airain de notre orgueil ne nous apparaît plus que comme une image de plâtre qui demain ne sera que poudre. Or l'Évangile ne perd rien à ces expériences; le clinquant des faux systèmes, l'éclat menteur des sophismes laissent, au contraire , en s'effaçant, ressortir toujours mieux sa valeur souveraine et son immaculée pureté. Telle de ses pages qui provoquait le sourire du jeune homme, apparaît à l'homme mûr revêtue d'une vérité, d'une beauté qu'il ne soupçonnait pas. Tout lui paraît changé parce que lui-même a change.

Comparez le fils prodigue s'éloignant superbe et jeune de la maison du père avec ce pénitent couvert de haillons qui y revient à pas lents. Ce sont les mêmes horizons que tous les deux contemplent, c'est la même route, c'est le même pays; c'est aussi le même toit sur lequel le premier laisse tomber un regard de dédain et que le second revoit d'un oeil baigné de larmes. Cependant pour ces deux hommes qui n'en sont qu'un tout a changé, parce que lui-même est changé.

J'ai vu, aux heures matinales du crépuscule, les Alpes apparaître sur un ciel encore ténébreux. leurs cimes étaient livides et glacées; le lac qui les baignait étendait au loin sa nappe immobile et grisâtre, et la pâle lueur de la lune à son déclin semblait n'éclairer que le royaume sinistre de la Mort.

Quelques heures se passaient et tout à coup sur ces mêmes sommets resplendissait la vie. La neige _étincelait sur un fond éblouissant d'azur; les glaciers dressaient vers l'Orient leurs splendides arêtes, les torrents écumeux coupaient de leurs cataractes les croupes verdoyantes. des montagnes et les forêts sombres frissonnaient au vent du matin. Le lac frémissait à son tour et soli bleu miroir retraçait fidèlement cet incomparable tableau. Rien n'avait changé dans la nature, mais le soleil s'était levé.

0 grandes doctrines chrétiennes, vous êtes les Alpes de l'âme humaine; vérités anciennes et toujours nouvelles, vous apparaissez mornes, stériles et dépouillées à cette génération qui ne vous contemple qu'au pâle crépuscule de la raison naturelle ; on vous croit mortes et c'est vers d'autres horizons que les vôtres que l'on prétend diriger nos regards. Nous laissons dire et nous attendons. L'aurore viendra et vous resplendirez d'une lumière plus belle; vos profondeurs mystérieuses et vos cimes éblouissantes apparaîtront aux regards étonnés de nos descendants qui croiront; de vos sommets jailliront de nouveau les fleuves qui porteront au monde desséché la foi, l'amour et l'espérance; le soleil de vie se sera levé sur la terre, et le règne de Dieu sera venu.


Table des matières

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(1) Il vaut la peine d'étudier à ce point de vue des écrits tels que les notes sur les Evangiles du fameux Proudhon. Proudhon daigne à peine faire à Jésus-Christ l'honneur de le comprendre; dans toutes les métaphores, dans toutes les paraboles des Evangiles, il choisit de préférence le sens extérieur, grossier, terrestre, et c'est chose curieuse que de voir avec quelle désinvolture il n'y trouve partout que chimère et qu'absurdité. Sur un ton plus grave et qui veut être plus scientifique, je trouve la même tactique chez Hartmann, le célèbre disciple de Schopenhauer. A ses yeux, le fanatisme avec ses prétentions les plus exorbitantes, l'ascétisme le plus monacal sont l'expression fidèle de la pensée de Jésus.
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(2) La Biologie, par le Dr Letourneau. Paris, Reinwald. (2) Voir le développement de cette pensée dans le discours intitulé : « Les Vérités morales et les Vérités révélées. »

 

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