Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



C'EST UN REMPART 

ESQUISSES HISTORIQUES DU TEMPS DE LA RÉFORMATION


I

JE NE PUIS AUTREMENT
Martin Luther (I)

 

  • 1. UNE DÉCOUVERTE COMPROMETTANTE
  • 2. LES VOIES DE DIEU NE SONT PAS NOS VOIES
  • 3. PAIX DES HOMMES ET PAIX DE DIEU
  • 4. DIEU EST ESPRIT, ET IL FAUT QUE CEUX QUI L'ADORENT L'ADORENT EN ESPRIT
  • 5. NOUS N'AVONS PAS DE PUISSANCE CONTRE LA VÉRITÉ
  • 6. UNE CONSCIENCE
  • 7. IL FAUT OBEIR A DIEU PLUTÔT QU'AUX HOMMES
  • 8. JE NE PUIS AUTREMENT

     


    BUT DU RÉCIT

    Rien ni personne ne peut barrer la toute à quiconque écoute Dieu dans sa conscience.

    .

    1. UNE DÉCOUVERTE COMPROMETTANTE.

    -Où êtes-vous, garçons ?

    A l'ouïe de cette grosse voix de paysan, a l'accent rude, ce fut un sauve-qui-peut général. En un instant, la petite troupe d'écoliers se trouva dispersée dans toutes les directions.

    C'est qu'ils étaient craintifs, les pauvres écoliers d'Eisenach. Ils avaient à peine quatorze ans ; et pourtant ils connaissaient déjà la misère. Ils ne mangeaient pas toujours à leur faim. Aussi les voyait-on fréquemment s'en aller, de porte en porte, chantant leurs plus belles complaintes et quêtant un morceau de pain. Ils n'étaient pas toujours bien accueillis, tant s'en faut. Ils étaient habitués aux coups et aux injures. Et voilà pourquoi, en ce jour de Noël, la grosse voix d'un paysan, animé des meilleures intentions, avait suffi à les épouvanter.

    Pourtant tous les coeurs n'étaient pas de fer, à Eisenach. Depuis quelque temps, par exemple, la « bonne Ursule », la femme de Conrad Cotta le riche commerçant, avait accueilli chez elle un de ces pauvres écoliers. Elle l'apercevait chaque dimanche à l'église. Il était pale, chétif, nerveux. Il priait avec une ferveur extraordinaire...

    Elle l'avait questionné. Il s'appelait Martin Luther. Il était fils et petit-fils de paysans. Ses parents, Jean et Marguerite Luther, habitaient Mansfeld. Ils étaient très pauvres. Son père avait quitté la campagne pour entreprendre un travail de mineur.

    Quatre ans plus tard, nous retrouvons 'Luther à Erfurt. L'écolier d'Eisenach est maintenant étudiant à la fameuse académie de la ville. Ses parents veulent faire de lui un juriste.

    Un jour, en « bouquinant » dans la bibliothèque de l'Université, l'étudiant découvre une Bible latine. C'était la première Bible qui lui tombait sous les yeux. Il la feuillette. A son grand étonnement, il s'aperçoit qu'elle renferme beaucoup plus de textes que les livres de messe dont on se sert à l'Eglise. Curieux, avide de savoir, il en dévore les pages. Que de choses nouvelles 1 Que de récits insoupçonnés ! Le cantique d'Anne, par exemple (I Sam. 2 : 1 .10), le plonge dans un ravissement

    L'Eternel appauvrit et il enrichit,
    Il abaisse et il élève,
    De la poussière, il retire le pauvre,
    Du fumier, il relève l'indigent.....

    «Ah ! s'écrie Luther, c'est pour de pauvres écoliers comme moi que ces consolations sont écrites! » Sans bien s'en rendre compte, il a reçu de cette première lecture une impression profonde. Le Livre l'a saisi. Il existe donc une autre source de vie que l'enseignement des écoles 1 Dès lors, son rêve, ce sera de posséder une Bible comme celle-là.

    .

    2. LES VOIES DE DIEU NE SONT PAS NOS VOIES.

    Pour l'heure, notre jeune juriste pensait fort peu à ses études de droit. Malgré lui, une idée l'obsédait : Comment arriver à la paix de l'âme ? Comment ne pas trembler devant la sainteté de Dieu ?

    Un événement imprévu devait changer le cours de sa vie. On était en été. Il faisait une chaleur accablante. Luther se promenait tout seul dans la campagne. Non loin d'Erfurt, il est surpris par un orage. Soudain, un éclair fulgurant : la foudre éclate là, tout près de lui. Affolé, le jeune homme tombe à genoux : « Sainte Anne, sauve-moi, et je me fais moine 1 » s'écrie-t-il.

    Rentré en ville, il ne dit rien a personne de sa résolution. Quinze jours plus tard, il réunit ses amis pour la dernière fois. La soirée est animée, joyeuse. On la prolonge bien au delà de minuit. Quand les premières clartés du jour blanchissent les crêtes des collines, Luther, tout d'un coup, devient grave. Etonnés de ce changement soudain, ses amis se rassemblent autour de lui. Et là, au milieu du silence le plus complet, il leur raconte l'histoire de l'orage et le voeu qui le lie.

    - Tu perds la tête, ami ! Un voeu fait dans de pareilles circonstances ne saurait t'engager !

    - Mon cher, j'ai pris Dieu a témoin. je ne puis me rétracter.

    - Tu serais bien fou, Luther, de briser une carrière qui, pour toi, peut être très belle. Cesse donc de te tourmenter de tous ces scrupules de conscience. Tu es assez bon comme cela. Tu te gâtes la vie. A vingt-deux ans !

    - Mes chers amis, vous ne me comprenez pas. Une promesse est une promesse. Adieu !

    Ce même jour, Luther entrait au couvent des Augustins.

    .

    3. PAIX DES HOMMES ET PAIX DE DIEU.

    Bonheur inexprimable, son rêve était réalisé. Luther avait maintenant entre les mains une Bible latine, reliée en cuir rouge, toute pour lui, rien qu'a lui. Les Premiers jours, il ne la quitta pas. Enfermé dans sa cellule, il allait de découverte en découverte. Bientôt il connut par coeur de grands fragments de sa chère Bible. Il pouvait dire, sans hésiter, à quelle page et a quelle place se trouvait chaque passage...

    En entrant au couvent, Luther avait pensé, de bonne foi, trouver la paix intérieure. Embrasser la vie régulière, c'était à ses yeux la seule façon de fuir la colère et la vengeance de son Dieu. Les jeunes moines ne parlaient-ils pas constamment des beautés et des mérites de l'existence monastique ? Ne se racontaient-ils pas sans cesse leurs songes et leurs visions ?

    Chose étrange, Luther était seul à éprouver une angoisse intérieure. La sécurité, la tranquillité d'âme de ses compagnons l'étonnaient. N'avaient-ils donc, de leur vie, connu la moindre tentation spirituelle ?

    Un jour, un beau jour, il crut avoir trouvé la paix si longtemps désirée. Il avait terminé son noviciat, et il fut admis à faire profession! L'accomplissement des voeux donna lieu, comme de coutume, a une cérémonie fort belle.

    Toutes les cloches du couvent ont sonné. Un à un, les moines s'assemblent dans l'église. Le prieur est debout, sur les marches de l'autel. Luther est à genoux devant lui. Au milieu du plus profond silence, ces paroles solennelles retentissent : « Tu as appris à connaître la vie sévère de l'ordre des Augustins. A toi de décider, ,maintenant: Veux-tu retourner au monde; veux-tu te consacrer à Dieu? »

    Comme son coeur brûlait au dedans de lui en entendant ces paroles. Se consacrer entièrement à son Dieu, mais c'est le voeu de toute sa vie...

    Luther dépouille sa robe de novice. On lui remet l'habit de l'ordre. « Aujourd'hui, déclare le prieur, tu as revêtu le nouvel homme ». Et tandis que Luther, tout à la joie intérieure, tremble d'émotion et de reconnaissance, dans l'église, de toutes les poitrines, s'élève, majestueux, l'hymne à la gloire de saint Augustin.

    Luther reçoit l'imposition des mains. « Je fais profession et voeu d'obéissance au Dieu tout-puissant, a la Vierge céleste et éternelle, et à toi, mon Frère ; je promets de vivre jusqu'à la mort selon la règle de mon ordre. »

    Le nouveau moine est conduit dans le choeur de l'église. Là chacun lui donne le baiser de paix.

    Quel renouveau intérieur! Quelle paix de l'âme ! Quel grand et beau jour !

    Hélas, il devait être suivi, ce jour si beau, de journées tristes et sombres. Cette paix intérieure ne dura qu'un instant. Tôt après, le désespoir reprit Luther, son angoisse, le sentiment brûlant de son péché Il observait ses voeux nuit et jour, avec le plus grand zèle, et pourtant nulle trêve ne venait l'apaiser. Non, pas même le jour solennel où il fut consacré prêtre. Même en disant sa première messe, il était profondément troublé par le sentiment de son indignité. Comment subsister, lui pécheur, en présence du Dieu trois fois saint?

    .

    4. DIEU EST ESPRIT, ET IL FAUT QUE CEUX QUI L'ADORENT L'ADORENT EN ESPRIT.

    Où donc trouver cette insaisissable paix, sinon à Rome, la Ville Eternelle? Rome, n'était-ce pas la mère de la chrétienté? N'était-ce pas la source de toute bénédiction ?

    On se représente la joie de Luther quand il fut charge par Staupitz, le vicaire général des Augustins, d'une mission dans la ville de ses rêves. Que de fois, déjà, il avait désiré faire le saint pèlerinage ! Il voyait Rome par les yeux naïfs de sa foi d'enfant. Pour lui, Rome, c'était une terre sanctifiée, le coeur même du monde. C'était le siège du Vicaire de Dieu, à qui l'Univers entier obéissait. A Rome se trouvait la cour la plus splendide, les savants les plus doctes, les prélats les plus saints. Bref, pour le pauvre moine, Rome était synonyme de Perfection et de sainteté.

    Aussi, quand la ville apparut à ses yeux, il tomba, la face contre terre .« Salut, Rome la sainte », s'écrie-t-il en levant ses mains vers le ciel.

    « Fou de sainteté », il parcourt toutes les églises, toutes les cryptes, disant des messes en foule. Plus d'une fois il se prend à regretter que son père et sa mère soient encore de ce monde. Sans quoi, avec quelle joie il les aurait tirés du Purgatoire, en disant des messes à leur intention !

    Hélas ! Luther dut bien vite se rendre à l'évidence : la Rome de ses rêves, la Rome des martyrs, la « lumière du monde », la « fontaine de justice », n'existait plus. Au lieu de la sainteté, la corruption ; au lieu de la piété, le plus complet paganisme. Rome la grande était devenue le grand marché des choses saintes.

    Le brave Luther allait de scandale en scandale. A table, on riait sous cape quand certains courtisans racontaient comment plus d'un prêtre disait la messe : pain tu es, pain tu resteras ; vin tu es, vin tu resteras, prononçaient-ils solennellement, en bénissant les espèces. Ou bien encore, c'était l'encombrement des autels, et les messes expédiées le plus rapidement possible. En effet, chaque prêtre qui venait à Rome y célébrait une messe. Si bien qu'on se trouvait parfois deux par autel. Luther mettait toute sa conscience à célébrer son office. Mais il avait à peine commencé que son voisin était déjà au bout

    « Finis donc, finis donc ! » lui criait-il.

    Et Luther, tourmenté, l'angoisse au coeur, s'en allait d'église en église et de tombeau en tombeau, se demandant si toutes ces messes dites à Rome étaient simple « jonglerie », ou bien des actes sérieux...

    Chose admirable, ce voyage à Rome n'a pas dégoûté Luther de l'Eglise. Si grande était sa foi que, malgré sa déception cruelle, il conserve pour le pape une entière vénération. Mais les impressions reçues dans la Ville Eternelle se gravent dans son coeur et dans sa mémoire. Plus tard, seulement, elles ressortiront, et contribueront à ouvrir les yeux du « Réformateur ».

    .

    5. NOUS N'AVONS PAS DE PUISSANCE CONTRE LA VÉRITÉ.

    Le soir du 25 juillet 1517, jour de la Saint-Jacques, la chapelle de l'antique château de Dresde est remplie d'une foule considérable. Toutes les places sont occupées, sans aucune exception. Il y a 'longtemps que la vieille église n'a connu pareil auditoire. Tous les grands du duché sont là : gentilshommes, nobles, et darnes de qualité, dans leurs vêtements somptueux. Le duc Georges lui-même vient de faire son entrée, aux côtés de la princesse de Saxe. Mais ce soir-là, sa cour n'a pour lui que des regards distraits. Tous les yeux sont tournés vers la chaire. Que va dire le prédicateur nouveau? jamais encore Dresde ne l'a entendu. Ce prédicateur, c'est Luther. Depuis cinq ans déjà, il est docteur en théologie. A l'Université de Wittenberg, il donne des cours dont on parle dans toute l'Allemagne. Aussi le prince de Saxe a-t-il désiré le voir, et l'entendre. Un homme curieux, ce prince ! Sincèrement pieux, ami des choses religieuses, il souffre des abus dont l'Eglise est victime. Seulement, s'il comprend la nécessité d'une réforme des Moeurs. il n'admet en aucune façon une réforme des doctrines.

    Mais Luther s'est levé. Il parle d'une voix forte. Ce ne serait pas nécessaire : chacun boit ses paroles. jamais le silence n'a été si complet dans le petit sanctuaire. Luther parle d'une histoire bien 'connue : la mère des fils de Zébédée demandant au Christ, pour ses deux enfants, la place d'honneur dans le Royaume de Dieu (Matthieu 20 : 20). Et Luther critique les Prières insensées, les désirs égoïstes, montrant ce que doit être la prière chrétienne. Il parle de ce qu'il a appris au milieu de ses luttes intimes et profondes. Il montre en Jésus-Christ un Sauveur, et non point un juge. Il dit le moyen, le seul moyen, d'arriver à la paix de l'âme : renoncer à faire son salut soi-même, et demander à Dieu, dans sa grâce, de le faire en nous...

    Il vaudrait la peine, ce soir-là, d'accompagner chacun des auditeurs au sortir de la chapelle. Elles sont bien différentes des conversations coutumières, les conversations d'aujourd'hui ! Toutes, sans exception aucune, roulent sur le sermon.

    Mais le temps nous manque. Contentons-nous d'assister, invisibles, au dîner du duc Georges. A l'extérieur, rien ne parait changé. C'est la même salle à manger somptueuse. Ce sont les mêmes convives, nobles dames et gentilshommes de la cour. Avant le repas, le chapelain a dit les mêmes prières. Mais l'atmosphère est lourde. La conversation languit. Le duc est sombre.

    Soudain, il se tourne vers Barbe de Sale, une dame de la cour, à l'opinion de laquelle il attache beaucoup d'importance.

    - Que pensez-vous, Madame, de ce que nous venons d'entendre?

    - Ah ! Altesse, répond Barbe de Sale avec ferveur, je bénis Dieu d'avoir entendu un pareil discours. Mon ambition, désormais, ce sera de vivre et de mourir dans cette doctrine sublime. Mon seul désir, c'est d'ouïr une fois encore le docteur Luther avant de quitter ce monde...

    Sans nul souci des convenances, le Duc lui coupe la parole. « Pour moi, dit-il (et il répéta cela à plus d'une reprise au cours de la soirée), pour moi je donnerais beaucoup d'argent pour n'avoir pas entendu ce sermon. Pareille doctrine ne peut que donner aux gens une fausse sécurité et leur enlever toute crainte. S'ils se savent sauvés par le Christ seul, ils ne voudront plus faire aucune bonne oeuvre.»

    La vérité est parfois dangereuse. La vérité, il faut quelquefois la cacher. Voilà ce que les hommes, timorés, avides de conserver leurs privilèges, ont répété d'âge en âge. Heureusement que la vérité possède une puissance en elle-même. Heureusement que, quand un homme est saisi par la vérité au fond de sa conscience, il lui est impossible de taire la vérité.

    .

    6. UNE CONSCIENCE.

    Un mardi. Les cloches de la ville sonnent à toute volée. Ce n'est pas l'heure de la messe. Que se passe-t-il donc?

    Les rues sont vides. Les maisons sont vides. Déserte elle aussi la grande place qui entoure la cathédrale. Sous les arcades, les boutiques des marchands sont fermées. On dirait un jour de deuil. Que se passe-t-il donc?

    Tiens! Voici deux hommes qui traversent la place. Deux retardataires sans doute. Ils se hâtent vers la porte de la ville. Suivons-les.

    Nous voici hors des murs. La population tout entière de la cité est la. Personne n'y manque. On a peine à circuler au milieu de cette foule. Vieillards, hommes, femmes, enfants, tous sont accourus. Voici les élèves des écoles, que leurs maîtres maintiennent avec peine en bon ordre. Voici les prêtres et les curés de toute la ville. Voici les moines des couvents. Voici la Municipalité. Que se passe-t-il donc?

    Ce qui se passe? On attend la venue d'un personnage important, extraordinaire même : Tetzel, le grand vendeur d'indulgences ; Tetzel, l'envoyé du Saint Père le Pape.

    Le voici qui arrive à cheval, accompagné d'une suite imposante. On forme le cortège : que de cierges, que de bannières! En tête, marchant à pas comptés, solennel, un homme portant un coussin de velours, recouvert d'un drap d'or. Sur le coussin repose le message du pape. Lentement, on pénètre dans la cathédrale, pompeusement parée pour la circonstance. Les cloches sonnent toujours. De toute part, l'encens monte vers les voûtes du sanctuaire. Près de l'autel, on dresse une grande croix toute rouge, à laquelle est suspendue la bannière du pape.

    Les cloches se taisent. Le silence s'établit dans le vaste édifice. Tetzel monte en chaire. Sa figure allongée et pâle ressort étrangement dans la pénombre. D'une voix forte, qui va jusque dans le plus petit recoin, il commence sa prédication :

    «Je possède, mes chers frères, un pouvoir supérieur à celui de Saint-Pierre, avec lequel je ne voudrais pas partager mon butin, car j'ai sauvé plus d'âmes par mes indulgences. Le Seigneur Jésus-Christ a abandonné toute sa puissance au pape ; jusqu 1 au dernier jour, c'est le pape qui gouverne par ses commissaires, et le pape, mes amis, a plus de pouvoir que les apôtres, les anges, les saints, que la Sainte Vierge elle-même, car tous ceux-là sont au-dessous du Seigneur Jésus-Christ, tandis que le pape est son égal...

    » Ne savez-vous pas que l'église de Saint-Pierre, que le pape veut relever, contient les corps des saints apôtres Pierre et Paul, et ceux d'une multitude de martyrs? Ces corps saints, à cause de l'état délabré de l'édifice, sont - ah ! quelle horreur! - continuellement battus, inondés, souillés, déshonorés, réduits en pourriture par la pluie et par la grêle. Chrétiens, mes chers frères, ces cendres sacrées 'resteront-elles plus longtemps dans la boue et l'opprobre? Non, non, vous ne le souffrirez pas! »

    L'assemblée écoute, compatissante, émue, conquise. Tetzel frappe un dernier coup : lentement, solennellement, il déploie de grands feuillets. C'est l'Instruction du pape. Tetzel l'a arrangée à sa façon. Mais ses auditeurs ne s'en doutent pas.

    « Que le peuple sache que Rome est ici. Pour le salut de vos âmes et de ceux que vous pleurez, disposez-vous à recevoir une grâce si grande. Ceux qui méprisent cette indulgence sont, par ce fait, excommuniés par Notre Saint Père le Pape Léon X, et voués a l'indignation du Dieu tout-puissant. »

    Tetzel s'arrête. Du regard, il enveloppe l'assemblée. Ses auditeurs sont frémissants.

    « Sachez que dans ces lettres sont imprimés et gravés tous les instruments de la passion du Christ. Sachez que pour chaque péché mortel, il faut, à la suite de la contrition et de la confession, faire pénitence pendant sept ans, soit dans cette vie, soit au Purgatoire. Combien de péchés mortels ne commettez-vous pas en un jour? Vos péchés sont presque infinis, et ils vous préparent une peine infinie dans les tourments du Purgatoire. Eh bien ! par ces lettres confessionnelles, vous pouvez, en une seule fois, recevoir la pleine rémission de toutes vos peines encourues (à l'exception toutefois des quatre cas réservés au siège apostolique). Puis, à l'article de la mort, rémission entière de toutes les peines et de tous les péchés. Et vous ne voulez pas donner le quart d'un florin pour cette lettre dont la vertu conduira votre âme immortelle sans danger dans la patrie céleste?

    » Ne pensez pas à vous, seulement. Ouvrez vos oreilles !N'entendez-vous pas la voix des morts, la voix de vos parents qui vous crient : Ayez pitié de nous, car la main de Dieu nous a touchés. Nous souffrons les peines et les tourments les plus durs. Une légère aumône nous en délivrerait, et vous ne le voulez pas ! Coeurs durs et cruels, vous nous laissez dans ces flammes, vous nous empêchez d'arriver à la gloire promise! »

    Gravement, Tetzel descend de chaire. Le peuple est électrisé. Tous voudraient voler à la fois vers la caisse. Pensez donc ! c'est si facile, et le résultat est si beau ! En un instant, le défilé s'organise. Un à un, les fidèles s'avancent. Ils confessent leurs péchés. Ils laissent tomber, sans regret, leur argent dans la caisse, et s'en retournent chez eux, serrant sur leur coeur leur précieuse lettre d'indulgence.

    C'est le matin. Un gai soleil brille sur la ville de Wittenberg. De toute part, les cloches sonnent, appelant les fidèles à la confession. Dans l'église paroissiale, agenouillé dans le confessionnal, le docteur Luther attend les pénitents.

    Trois hommes ont passé, déjà. Luther profite de l'interruption momentanée pour faire le silence en lui-même et pour demander à Dieu de l'aider à guider toujours mieux ces pauvres âmes... Un pas rapide résonne soudain dans l'église. Le rideau du confessionnal est vivement tiré. Derrière le grillage, quelqu'un s'agenouille. Tout d'une haleine, il avoue sa faute. Puis, sans que

    Luther ait eu le temps de prononcer la moindre parole, il réclame l'absolution.

    - Comment cela? demande le confesseur.

    - C'est ma première chute.

    - Et alors ?

    - J'ai ici un billet, signe de Notre Saint Père le Pape.

    Je l'ai acquis, la semaine dernière, contre bel et bon argent, non loin d'ici, à Jutterbock. Je me suis confessé. Vous devez m'absoudre.

    Et, à travers le grillage, l'homme tend à Luther un billet de confession, vendu par Tetzel.

    Le prêtre est consterné.

    - Impossible, répond-il après un long silence. On ne peut pas acheter le pardon de notre Seigneur Dieu. D'abord la repentance, ensuite l'absolution. Notre Sauveur Jésus-Christ n'a-t-il pas dit : « Si vous ne vous repentez, vous périrez tous également »?

    Mécontent, malheureux, le pénitent s'éloigne.

    C'en est trop, pour Luther. Quel abaissement de la morale chrétienne ! Quel abaissement de la conscience ! Quelle justice d'esclaves! Quel danger, pour la religion, si le peuple en vient à redouter non pas le péché lui-même, mais seulement le châtiment du péché! Le petit moine ne peut plus se taire. Il doit parler.

    A Wittenberg, on se prépare à la Toussaint. Cette fête est pour la ville une grande solennité. Quatre jours durant, on expose les saintes reliques, acquises à grands frais par le Duc Frédéric. Chaque année, à cette date, on voit affluer les pèlerins.

    Luther estime l'occasion on ne peut plus favorable. La veille de la fête, il monte en chaire. L'église est comble. Contrairement à l'attente générale, il parle avec beaucoup de modération.

    « On pense que je parlerai de l'indulgence. il en veux parler, en effet, puisque ses pompes sont à notre porte. Mais je proteste, avant toutes choses, que je reconnais combien les intentions du Pape sont droites. Je veux parler pour vous avertir des périls qui vous menacent. La vraie pénitence, la seule qui puisse plaire à Dieu, c'est un coeur humilié et contrit. La confession, les satisfactions exigées par l'Eglise n'en sont que les signes extérieurs. Loin de fuir ou de redouter la peine que ses fautes lui ont value, cette peine, le pénitent doit l'aimer. »

    Dans l'église, le silence est complet. Personne ne perd la moindre parole. Chacun est saisi d'une intense émotion.

    Ce même jour, 31 octobre 1517, Luther affiche à la porte de l'église (c'était la coutume alors) ses fameuses thèses sur les indulgences. Il est prêt à les soutenir dans une discussion publique, ou par écrit.

    En quinze jours, toute l'Allemagne a connaissance des quatre-vingt-quinze propositions du moine. Avant un mois, on en parle dans la chrétienté tout entière. Pensez donc : un homme, enfin, a osé faire ce que tout le monde dès longtemps désire en secret.

    .

    7. IL FAUT OBEIR A DIEU PLUTÔT QU'AUX HOMMES.

    - Impossible! Il ne la brûlera pas.

    - Il l'a dit. Mieux encore : il l'a affiché.

    - C'est égal. Il n'osera pas. Ce faisant, il se mettrait hors de la chrétienté.

    - Que lui importe! Cela ne le séparera pas de son Dieu ! On a bien brûlé ses livres à Mayence ! Le Docteur Luther n'a pas l'habitude de revenir en arrière, quand il a pris une décision.

    - Nous verrons ça demain

    Cette conversation avait lieu, le dimanche 10 décembre de l'an 1520, entre deux étudiants de l'Université de Wittenberg. Depuis le matin, en effet, toute la jeunesse académique était en effervescence. Un grand placard, apposé à la porte principale, annonçait une chose extraordinaire : le lendemain, a neuf heures du matin, le Docteur Martin Luther brûlerait solennellement les « décrétales anti-chrétiennes », c'est-à-dire la bulle, le décret du pape qui condamnait le moine récalcitrant, convaincu d'hérésie.

    Cet acte avait quelque chose d'inouï pour l'époque. Agir de la sorte, c'était non seulement renier pour jamais l'autorité du pape. Mais surtout c'était se séparer du droit canonique, qui régissait la chrétienté entière. Luther savait que ses amis tremblaient à cette seule pensée. Plusieurs l'engageaient à la modération. Mais il sentait en lui une audace et une assurance étonnantes. Il avait fait l'impossible pour ne pas rompre avec Rome. Il en avait appelé au pape, puis à un Concile. Toujours en vain. Maintenant, par ordre supérieur, on brûlait ses livres. On trompait le peuple en portant atteinte à la vérité évangélique. On voulait étouffer la lumière, replacer la lampe sous le boisseau. La bulle de Léon X accablait Luther d'injures. Ne disait-elle pas : « Lève-toi, Seigneur, et sois juge dans ta cause. Des renards sont entrés dans la vigne que tu avais plantée... Des hommes dont le père du mensonge a aveuglé l'esprit tordent et falsifient les Ecritures ... » C'en était trop. A ces actes, il fallait répondre par des actes.

    Le lendemain matin, lundi de la Saint-Nicolas, bien avant que du haut de la tour de l'église le crieur eût annoncé les neuf heures, une foule immense, composée de docteurs, d'étudiants, de bourgeois se rassemble sur la place de l'Hôpital, devant la porte de l'Elster. C'est l'endroit désigné par Luther. En attendant l'arrivée du Docteur, les conversations vont leur train. Chez les écoliers, surtout, l'excitation est à son comble.

    Soudain Luther paraît. Une immense acclamation le salue. Tout de suite, il fait élever un bûcher. Un maître de l'Université y met le feu. La flamme hésite, baisse, puis au bout d'un instant, monte tout droit, brillante, dans l'air glacé de décembre. Tous les regards sont fixés sur Luther. Osera-t-il? Sans hésiter, il saisit la bulle papale, et, au milieu d'un grand silence, la jette dans la flamme ardente. « Puisque tu as contristé le Saint du Seigneur, que le feu éternel te consume », dit-il à haute voix.

    En un instant, de la bulle papale, de ses menaces redoutables, il ne reste rien.

    .

    8. JE NE PUIS AUTREMENT.

    Il est dix heures du matin. Le soleil du printemps inonde la ville de Worms. Partout il sème la joie, la douceur de vivre...

    Soudain, de la tour du Dôme, une cloche retentit. C'est la cloche du veilleur. Alors, de toutes les maisons, de toutes les places, de toutes les rues, le peuple se précipite vers la porte. Tout le monde veut « le » voir.

    Qui donc? L'Empereur en personne? Non pas. Le pape lui-même, alors? Pas davantage. Moins et mieux que tout cela : un accusé qui se rend devant ses juges. Mais un coup d'oeil suffit pour nous faire comprendre qu'il ne s'agit pas d'un accusé ordinaire. Le voici qui arrive. Il est assis dans une voiture découverte. Trois amis l'accompagnent. Devant eux, à cheval, revêtu de son costume étincelant, l'aigle noir sur la poitrine, s'avance le héraut impérial. Et derrière la voiture, une foule de nobles, des chevaliers, des princes, des gentilshommes. Bref, une suite de plus de cent chevaux. Quel accueil pour un accusé!

    Le prévenu descend de voiture. Il regarde autour de lui. Dans ce regard, il n'y a point d'effroi. Seulement une grande confiance. « Dieu sera avec moi », murmure-t-il.

    Le lendemain soir, à six heures, l'accusé est introduit devant ses juges. Quelle extraordinaire salle de tribunal! L'oeil est ébloui. Où qu'il se pose, ce sont des vêtements étincelants, brodés d'argent et d'or. Au centre, sur son trône, l'empereur Charles-Quint. A sa droite, son frère Ferdinand. Derrière eux, Places selon leur rang, six électeurs de l'Empire ; vingt-quatre ducs, huit margraves, trente archevêques et évêques, sept ambassadeurs, les députés de dix villes libres ; le représentant du pape, le nonce et puis, plus loin, des fauteuils et des fauteuils encore des princes, des comtes, des barons. En tout, deux cents personnages, tous brillants, tous chamarrés... deux cents juges pour juger... un seul petit moine. Il est là devant eux, vêtu de son froc.

    L'empereur a fait un signe. Son porte-parole, Jean de Eck, se lève, et dit d'une voix forte :

    « Martin Luther, Sa haute et invincible Majesté Impériale vous fait mander et citer devant son trône pour vous interroger sur ces deux points : premièrement, si ces livres ont été composés par vous (ce disant, Eck désigne du doigt une pile de volumes placés sur un banc). Secondement, voulez-vous rétracter ces livres et leur contenu? En effet, ce sont là doctrines dangereuses pour le peuple, et qui peuvent l'entraîner bien loin. »

    D'un ton très doux, d'une voix presque éteinte, paraissant effrayé (on le serait à moins) l'accusé Martin Luther répond :

    «Touchant la première question qui m'est faite, je reconnais que les livres qui viennent d'être désignés sont de moi. Quant à la seconde question, qui concerne la foi et le salut des âmes, la plus grande chose qui soit sur la terre et dans le ciel, j'agirais avec imprudence si je répondais sans réflexion. C'est pourquoi je supplie très humblement Votre Majesté Impériale de me donner le temps de réfléchir. »

    L'empereur et ses conseillers délibèrent pendant quelques instants. Jean de Eck reprend la parole :

    « Martin Luther, bien que par le mandat de Sa Majesté Impériale vous ayez pu savoir pour quelle cause vous avez été appelé ici, et que, par conséquent, vous ne méritiez nullement d'avoir un sursis, Sa Majesté Impériale, par sa bonté innée, vous accorde néanmoins un jour pour réfléchir. Demain, à cette même heure, vous comparaîtrez encore, et vous donnerez votre réponse définitive, non par écrit, mais oralement.

    C'est la nuit. Le calme s'est fait dans la ville. Partout, les feux sont éteints. Dans une chambre, pourtant, la lumière brille. encore. A genoux, Un homme est là, qui prie.

    « 0 Eternel, Dieu tout-puissant, quelle chose c'est donc que le monde ! Comme il force les lèvres des hommes ! Que la chair est faible ! Que le Diable est puissant ! Ah, Dieu, ah Dieu ! ô mon Dieu ! mon Dieu ! Tiens-toi près de moi contre la raison et la sagesse de ce monde. Fais-le, fais-le seul ! Tu dois le faire ! Ce n'est point ma cause, c'est la tienne. Qu ' ai-je à faire, moi, avec ces grands seigneurs du monde? C'est ta cause, Seigneur. Soutiens-moi, ô Dieu fidèle. 0 Dieu, ô Dieu, n'entends-tu pas ? Mon Dieu, es-tu mort? Non tu ne peux pas mourir; tu te caches seulement. Seigneur, où te tiens-tu? Viens, viens, je suis prêt à y laisser ma vie, comme l'agneau. Car cette cause est juste ; c'est la tienne, et je ne veux pas me séparer de toi pour l'Eternité. Que cela soit décidé en ton nom ; le monde ne pourra pourtant pas forcer ma conscience, quand même il serait plein de diables. Et si mon corps doit tomber en ruines, mon âme est à toi ; elle t'appartient ; elle demeurera à toi éternellement. Amen. 0 Dieu, soutiens-moi. Amen. »

    Le lendemain soir, à six heures, l'accusé est introduit à nouveau devant le tribunal. Les juges sont plus fiévreux que la veille. On donne la parole au prévenu.

    Le moine fait une légère génuflexion devant l'empereur et devant l'assemblée, puis il parle. Il ne tremble plus. Il est calme, confiant, assuré.

    « Sérénissime empereur, illustres princes, gracieux seigneurs ! Si, par ignorance, je ne donne pas à chacun le titre qui lui appartient, ou si je manque aux bienséances et aux usages reçus, pardonnez-le moi, car j'ai vécu dans une cellule de moine, et non à la cour des princes. J'ai écrit des livres contre la papauté et les doctrines des papistes, qui, par leurs enseignements et par leur vie, désolent le monde chrétien et ruinent les corps et les âmes Si je rétractais ces livres, je ne ferais qu'affermir la tyrannie et ouvrir à l'iniquité les portes et les fenêtres. C'est pourquoi je vous conjure d'apporter une preuve contre moi, de me convaincre de mon erreur par les écrits des prophètes et des apôtres. Dès que j'aurai été con. vaincu, je rétracterai aussitôt toutes mes erreurs, et je serai le premier à jeter mes livres au feu. J'ai parlé. »

    La réponse du moine n'est pas du tout celle que l'on attendait. L'empereur fronce les sourcils. Il a l'air courroucé. Il délibère avec les princes.

    « Martin, reprend Jean de Eck d'un ton glacial et sévère, vous avez parlé avec moins de discrétion qu'il ne seyait à votre personne. A quoi bon une discussion nouvelle touchant des doctrines que, depuis plusieurs siècles, les Conciles et l'Eglise ont condamnées? Sa Majesté Impériale exige de vous une réponse simple et droite : oui ou non, voulez-vous défendre tout ce qui est de vous comme étant conforme à la doctrine catholique et chrétienne, ou êtes-vous prêt à vous rétracter? »

    Luther répond alors sans hésiter :

    « Puisque Votre Majesté Impériale et Vos Seigneuries me demandent une réponse nette, je vais vous la donner, sans cornes et sans dents : Non. Je suis dominé par les Saintes Ecritures que j'ai citées, et ma conscience est liée par la Parole de Dieu. Je ne peux ni ne veux me rétracter en rien, car il est dangereux d'agir contre sa propre conscience. »

    L'empereur est hors de lui. Décidément les choses ne vont pas comme il l'avait pensé. Ce moine stupide et osé s'entête. On verra bien qui aura le dernier mot. Assez discuté avec lui.

    « La séance est levée ! » proclame le héraut impérial.

    L'agitation est à son comble. Le tumulte est indescriptible. Au milieu du brouhaha, une voix s'élève, dominant tous les cris : « Me voici, je ne puis autrement. Que Dieu me soit en aide! »

    C'est la voix de l'accusé Martin Luther.

    Huit jours après, Luther quittait la ville. On avait essayé de nouvelles et inutiles négociations. Que servait-il de demeurer à Worms plus longtemps? Fidèle à la parole donnée, l'Empereur fit remettre à l'hérétique un sauf-conduit: il pouvait ainsi rentrer chez lui, sans être inquiété. dans les vingt et un jours.

    L'après-midi du 4 mai, Luther et ses amis, se rendant à Gotha, ont dépassé Altenstein. On devise paisiblement. Soudain, dans un endroit solitaire, des cavaliers armés surgissent des ruines d'une vieille église. En un instant, la voiture est cernée de toutes parts. On entraîne Luther dans la forêt voisine. On le promène en tous sens ; on lui fait perdre l'orientation. Vers minuit, alors qu'il est rompu de fatigue, une maison inconnue l'accueille. Les portes se referment sur lui.

    L'ami de Luther, l'Electeur de Saxe, avait imaginé ce guet-apens. Redoutant le sort réservé à l'hérétique obstiné, désormais au ban de l'Empire, il avait décidé de payer de hardiesse, et de le cacher, pour un temps, au château de la Wartbourg.



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