Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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C'EST UN REMPART 

ESQUISSES HISTORIQUES DU TEMPS DE LA RÉFORMATION


VII

D'OU VIENT LA LUMIÈRE
Ulrich Zwingli (I)
(1484-1531)
     
  • PRÈS DU CIEL
  • LA LUMIERE
  • NOTES PÉDAGOGIQUES

     

    BUT DU RÉCIT

    Montrer que celui qui étudie avec science et conscience, demandant à Dieu le secours de son Esprit, parvient à la connaissance de la vérité.

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    PRÈS DU CIEL.

    Des rochers abrupts, quelques verts pâturages, sur un versant de la montagne quelques maisons, comme semées au hasard par une invisible main. Un horizon resserré ; des montagnes de toutes parts : le Säntis couvert de neige, la chaîne dentelée des Churfirsten, les fines pointes des Alpes du Vorarlberg. C'est la dernière contrée habitée ; un peu plus haut c'est la région des neiges, et plus haut c'est le ciel. Ces maisons égrenées sur le flanc du mont, c'est la petite commune de Wildhaus. Elle porte bien son nom, maison sauvage, loin du monde et de la civilisation. Avez-vous déjà séjourné ou passé dans une de ces contrées où l'on est comme écrasé par les montagnes, ou l'on se sent infiniment petit en face des forces de la nature, où l'on dit, comme le psalmiste : « je lève mes yeux vers les montagnes. D'où me viendra le secours? »

    Venez et suivons le sentier qui monte ; une maison du village nous intéresse. La voici : petite construction de bois à un étage, solide pourtant et coquette avec ses géraniums rouges aux fenêtres et le petit jardin qui l'entoure. Elle a l'air d'abriter une famille heureuse. Et voici les enfants qui sortent de la grande chambre du rez-de-chaussée et s'ébattent dans les prés. Ils peuvent organiser des jeux à leur aise, car ils sont dix. Ce sont les enfants de maître Zwingli, le premier magistrat du village. Voici les garçons, les grands et les tout petits : Heini, Klaus, Ulrich, Hans, Wolfgang, Bartholomé, Jacques et André qui font cercle autour des deux soeurs. Dans la maison la mère, la bonne ménagère, besogne. Elle fait reluire les étains et les cuivres et bientôt raccommodera les habits des enfants ; l'ouvrage ne lui manque pas. Le père est occupé par ses fonctions d'« amman ». Il a été nommé à ce poste honorable à cause de sa piété et de sa probité éprouvées, et ses concitoyens l'ont en haute estime. Il fait bon vivre dans la petite maison de Wildhaus, dans la famille Zwingli, famille pieuse, car plusieurs oncles sont entrés dans l'état ecclésiastique, et on destine aussi trois des garçons à la prêtrise. On enseigne aux enfants à supporter, dès leurs premières années, leur pauvreté et leurs chagrins « comme Christ et sa sainte mère les ont supportés. »

    Quelquefois le soir, au coin de la cheminée, les aînés sont restés et ont écouté les légendes que leur contait la grand'mère. Il en est une qui a frappé le jeune Ulrich ; c'est une histoire bizarre de Dieu et de saint Pierre qui ont ensemble voyagé sur la terre. Ils ont logé tous deux chez des hôtes et chaque matin le maître de la maison est venu les réveiller en tirant saint Pierre par les cheveux.

    Parfois aussi le père de famille a raconté les glorieux exploits des Suisses qui ont contribué à l'affranchissement du Toggenbourg que voulait soumettre l'abbé de Saint-Gall. D'autres fois encore, et c'était impressionnant, des voisins sont venus, qui avaient participé aux guerres de Bourgogne. Ils ont conté comment, à l'arrivée des troupes d'Uri, les Confédérés avaient pris courage et comment, au son des trompettes, on s'était jeté sur l'armée de Charles le Téméraire, qui s'était enfui, abandonnant tout ce qui lui appartenait. Et le jeune Ulrich qui était tout oreilles, croyait voir dans la cheminée danser des Bourguignons rouges, et il avait frappé sur les tisons. Et le père Zwingli avait dit: « Voila les exploits d'autrefois. Aujourd'hui cela est. changé; nos hommes s'engagent chez des princes étrangers et livrent leur sang contre de l'argent. Et quand ils rentrent au pays, ils sont corrompus, ils vivent de pensions, argent souillé et méprisable, ils introduisent le luxe et une vie déshonnête dans nos paisibles contrées. Maudit soit ce service mercenaire qui ruine notre patrie ! » A entendre la grosse voix du père et à voir la colère de ses yeux, Ulrich avait compris que les guerres mercenaires étaient quelque chose d'odieux. et il s'était promis de bien aimer son pays.

    Souvent on faisait en famille des promenades dans les bois, et le père enseignait aux enfants à observer la nature et à en retenir les leçons. Aussi plus tard ils se souviendront de la prudence de la marmotte à l'approche du danger ou de l'ingéniosité de l'écureuil qui traverse le ruisseau sur une branche d'arbre.

    Ainsi la vie s'écoule, paisible, à Wildhaus. On est épris d'un grand amour de la liberté, de la patrie si belle, de Dieu, l'auteur de tous les biens. Le petit Ulrich fait preuve d'une intelligence précoce ; il ne faut pas négliger ce don. On en fait part à son oncle, le curé de Wesen, qui veut bien prendre sous sa garde le jeune garçon ; il l'emmène dans son presbytère et lui donne l'enseignement élémentaire, puis, lorsque les connaissances du curé ne suffisent plus, le neveu est envoyé dans une école supérieure, à Bâle. Il n'a que dix ans, mais un coeur vaillant et une intelligence avide de connaître toute chose.

    Le premier biographe de Zwingli, son ami Myconius, a dit de lui, en songeant à son village natal : « Dans ma simplicité d'esprit j'ai toujours pensé en moi-même que la proximité du ciel l'a rapproché de Dieu, car durant bien des années il n'y a guère eu parmi les hommes d'apparition aussi apparentée à Dieu que lui. »

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    LA LUMIERE.

    «Ce que le soleil est pour la terre, la vérité l'est pour moi. Comme nous l'accueillons avec joie et comme nous sommes encouragés à travailler à son lever, de même notre esprit a soif de lumière et de vérité, et se réjouit quand elles rayonnent.» Ce sont là des paroles de Zwingli. L'homme qui a cette aspiration-là est appelé à de grandes choses ; celui qui sacrifie tout pour la vérité est un homme supérieur.

    Le curé de Glaris est bien étrange, assurément. Il ne ressemble guère à ses collègues. Beaucoup se complaisent dans l'ignorance et accomplissent leurs fonctions avec une routine étonnante ; pour plusieurs le manger et le boire importent, et la pureté des moeurs est de la théorie. L'étude n'est pas nécessaire, car on peut sans préparation disserter sur des sujets bien divers : description de l'enfer, formation de l'univers, résurrection des morts, miracles des saints, pouvoirs de la vierge, etc. Triste clergé qui a oublié sa mission divine ! « Quand on compare, - dit Erasme, témoin de l'époque, - un saint Chrysostome, un saint Jérôme, un saint Basile à nos docteurs modernes on voit là un fleuve majestueux qui roule de l'or dans ses flots, ici quelques filets d'eau bourbeuse qui n'a rien de commun avec. la source d'où elle sort. Là on entend les oracles de l'éternelle vérité, ici des inventions humaines qui s'évanouissent comme un songe dès qu'on les examine de près. Là on voit un bel édifice qui s'élève sur la base solide des écritures divines, ici un échafaudage monstrueux qui ne repose que sur de vaines subtilités.» Le peuple pouvait se laisser tromper, mais l'homme qui était à la recherche de la vérité devait suivre un autre chemin.

    Zwingli sent qu'une forte préparation lui est nécessaire. Il a conscience de sa responsabilité. « je sais, dit-il, que le sang des brebis, qui par ma négligence pourraient périr, me sera redemandé. Sa prédication doit avoir une base solide ; pour cela il étudie avec ardeur. Souvent au presbytère de Glaris on peut voir, tard dans la nuit, la chandelle allumée projeter sur la paroi de la chambre la silhouette géante de l'humble pasteur des âmes. Il dévore les livres, parchemins poussiéreux et jaunis des auteurs antiques et des docteurs du moyen âge, écrits modernes des humanistes. Cependant toute cette étude n'est rien a côté de celle de l'Ecriture Sainte. Pour faire un travail utile il se perfectionne dans la connaissance des langues antiques et arrive à les posséder à fond, latin et grec. Il fait une copie complète des écrits de saint Paul. Il se met à confronter tous les auteurs religieux avec la Bible et ne peut plus attribuer aux Pères de l'Eglise et aux décrets ecclésiastiques la même autorité qu'à la Parole de Dieu.

    Il lui parait que certains dogmes sont erronés, que le culte a été considérablement modifié depuis le temps de l'Eglise primitive, que les cérémonies sont entachées de superstitions, que la puissance des prêtres est contraire à l'Evangile. Mais il n'en reste pas moins attaché à l'Eglise romaine.

    Cependant tout cela se remarque dans les prédications de l'étonnant curé de Glaris qui insiste sur la pratique des vertus évangéliques, alors qu'ailleurs on recommande avant tout les exercices extérieurs de dévotion. Parlant de cette époque Zwingli dira plus tard : « Je fus amené à cette ferme conviction qu'il y a un seul médiateur entre Dieu et nous, à savoir Jésus-Christ. Je lus alors une belle et touchante poésie du savant Erasme, de Rotterdam, dans laquelle Jésus se plaint qu'on ne cherche pas tout secours en lui seul, bien qu'il soit la source de tout bien, l'unique Sauveur, la consolation et le trésor des âmes. Alors je pensai : Eh bien, s'il en est ainsi, pourquoi chercherais-je mon appui auprès de la créature? Et malgré les autres hymnes du même Erasme adressés à sainte Anne, à saint Michel et à d'autres, je ne pouvais détacher mon esprit de cette idée que Jésus-Christ est l'unique trésor de notre pauvre âme. Dès lors j'examinai soigneusement la Sainte Ecriture et les Pères pour 'y trouver un enseignement précis sur l'intercession des saints, mais je ne découvris absolument rien sur ce sujet. je me consacrai donc à notre unique Sauveur Jésus-Christ.» C'est là la grande lumière qui éclaire celui qui cherche la vérité; bientôt elle resplendira dans tout le pays.

    Voici maintenant Zwingli à Einsiedeln. Il y fut appelé par l'administrateur du couvent, homme instruit qui recherchait la compagnie des gens éclairés. On a fait voir au nouveau venu les lieux saints et on lui a recommandé de prendre à coeur son devoir et de dire fidèlement la messe. Il a répondu : « S'il est vrai,, comme on le pense, que Notre Seigneur Jésus-Christ est véritablement dans l'hostie, je ne sais combien dignes vous vous estimez ; mais ce que je sais bien, c'est que, quant à moi, pauvre moine, je ne suis pas digne de le toucher, à plus forte raison de sacrifier le Dieu éternel. Mais s'il n'y est pas, malheur à moi si: je fais passer le pain pour Dieu et le présente au peuple pour l'adorer. »

    Les pèlerins affluent en ce lieu célèbre, car au-dessus de la porte d'entrée de l'abbaye sont gravés ces mots : « Ici l'on obtient rémission plénière de tous les péchés », même pour ceux dont l'absolution est réservée au Saint-Père l'indulgence est accordé tous les sept ans lors de la fête de « la consécration des anges ». De nombreuses images de la Vierge procurent des grâces particulières ; telle statue n'est jamais invoquée inutilement. «L'action de Dieu est ici plus bienfaisante que partout ailleurs, dit-on, et la présence de la Vierge plus agissante sur ses autels.-» Zwingli réussit à réformer plusieurs abus et trouve en quelques-uns de ses compagnons des amis qui partagent ses idées. Le jour arrive où il s'exprimera publiquement, c'est lors de la grande fête de la consécration des anges.

    Ils sont arrivés en foule, les pèlerins, de Suisse et du Sud de l'Allemagne. De longs convois se sont mis en route, et Einsiedeln regorge de monde. Les offrandes affluent et il y a dans l'église de vraies forêts de cierges allumés. Zwingli monte en chaire, et dans les oreilles des auditeurs étonnés, retentissent des paroles comme celles-ci : «Cessez de croire que Dieu réside dans ce temple plus que partout ailleurs. Dans quelque région de la terre que vous habitiez il est près de vous, il vous exauce si vos prières sont dignes d'être exaucées, mais ce n'est point par des voeux stériles, par de longs pèlerinages, par des offrandes destinées à orner des images sans vie que vous obtiendrez la faveur divine... Au jour de la détresse ne mettez votre confiance qu'en Dieu ; à 1 1 approche de la mort n'invoquez que Jésus-Christ, lui le seul médiateur entre Dieu et les hommes. » Paroles inattendues, stupéfaction des fidèles, joie de Zwingli d'avoir pu dire ce que sa conscience lui crie depuis longtemps, lumière qui se lève dans la nuit de l'erreur et de la superstition_,

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    NOTES PÉDAGOGIQUES

    1. « Dès ma tendre enfance je n'ai pu souffrir qu'on parlât mal de ma patrie ou qu'on lui voulût du mal. » Le patriotisme de Zwingli le pousse à s'opposer aux fléaux nationaux: service mercenaire, pensions, immoralité. Aujourd'hui, l'imiter. Ne pas se contenter d'un vague sentiment patriotique, mais lutter aussi contre les fléaux ; alcoolisme, immoralité, tuberculose, paupérisme, militarisme, etc.

    2. Commentez cette parole chère à Zwingli « Res non verba » (Non des paroles, mais des actes).

    3. Nécessité de l'étude sérieuse pour la préparation au saint ministère. Comparez, l'étude fantaisiste de la Bible, telle que la pratiquent aujourd'hui certains chrétiens, et l'étude véritable, scientifique, historique, qui, loin de détruire la foi, l'affermit.

    4. L'amour de la vérité, chez Zwingli. Il étudie jusqu'à ce qu'il trouve, et, ayant trouvé, il n'a pas peur de se mettre en contradiction avec l'opinion régnante. Cherchez d'autres exemples.



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