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TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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(Jean 17.17)
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C'EST UN REMPART 

ESQUISSES HISTORIQUES DU TEMPS DE LA RÉFORMATION


XI

LES NAVIGATEURS DE LA FLEUR DE MAI

 

  • DES AVENTURIERS D'UN NOUVEAU GENRE
  • EN ROUTE POUR L'AMÉRIQUE
  • LES LUTTES AU BERCEAU DU MONDE NOUVEAU
  • NOTES HISTORIQUES
  • NOTES PÉDAGOGIQUES
  • NOTES BIBLIOGRAPHIQUES

     

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    DES AVENTURIERS D'UN NOUVEAU GENRE

    Si, le 19 novembre 1620, a la tombée de la nuit, des Indiens parmi ceux qui peuplaient alors, toute l'Amérique, s'étaient trouvés sur le rivage du Cap Cod (1), ils auraient assisté, dissimulés derrière les broussailles, stupéfaits et méfiants, aux tentatives d'abordage d'un navire arrivant d'Europe. Ce n'est qu'une pauvre embarcation à voiles, raccommodée tant bien que mal en cours de route, et lourdement chargée. A bord : une centaine d'hommes, de femmes, d'enfants, serrés parmi les caisses et sacs de tous genres ; des gens amaigris et sales, comme on peut l'être après un voyage de plusieurs mois sur un navire sans confort ; et pourtant, des gens à la fière mine, qui, loin d'avoir l'apparence de fugitifs ou d'aventuriers vagabonds, frappent par leur mâle allure d'hommes libres et leur audacieux regard de conquérants.

    Qui donc étaient-ils ces étranges navigateurs, capables de se lancer dans une si folle aventure? Car enfin, ce n'est pas le tout d'avoir heureusement abordé ; comme le dira plus tard l'un d'entre eux :

    « Ils arrivaient au bout de leur voyage mais ils ne voyaient point d'amis pour les recevoir, point d'habitation pour leur offrir un abri ; on était au milieu de l'hiver, et ceux qui ont appris a connaître notre climat savent combien les hivers sont rudes, et quels furieux ouragans désolent alors nos côtes. Dans cette saison, il est difficile de traverser des lieux connus, à plus forte raison de s'établir sur des rivages nouveaux. Autour d'eux n'apparaissait qu'un désert hideux et désolé, plein d'animaux et d'hommes sauvages, dont ils ignoraient le degré de férocité et le nombre. La terre était glacée, le sol couvert de forêts et de buissons. Le tout avait un aspect barbare et derrière eux, ils n'apercevaient que l'immense océan qui les séparait du monde civilisé. »

    Encore une fois, d'où venaient-ils et qu'est-ce qui pouvait bien les avoir amenés là ces « conquérants » qui, sur le point de débarquer, se jettent à genoux sur le pont de leur navire et bénissent le Dieu des cieux qui les a portés sur les flots rageurs de l'Océan et leur permet de poser le pied sur terre ferme?

    Ces voyageurs sont des Anglais qui ont abandonné leur patrie. Ils sont de ces « Puritains » qui ont refusé de plier le genou devant une autorité royale de plus en plus infidèle à la vérité évangélique.

    Tour à tour Henri VIII, Edouard VI, Marie et Elisabeth Tudor, Jacques 1er sont montés sur le trône d'Angleterre et servis par un clergé indigne, ont prétendu plier à leur loi tout ce petit peuple « dont le Seigneur avait touché les coeurs d'un zèle divin pour la vérité ». Depuis plus de cinquante ans, la persécution sévit pour ainsi dire sans arrêt ; les livres saints sont brûlés, les cultes interdits en dehors de l'Eglise inféodée à la royauté; en la seule année 1605, trois cents ministres puritains sont réduits au silence, emprisonnés ou exilés... Et cependant le nombre des Puritains augmente. Mais surveillés, obsédés nuit et jour, par une soldatesque impie, traqués dans les forêts où ils se retirent pour célébrer leur culte autour de la Bible, ils finissent par désespérer de leur patrie et regardent s'il n'est pas, au delà des mers quelque terre de liberté. La Hollande sortait alors victorieuse de luttes formidables contre la catholique Espagne et venait de proclamer la liberté religieuse. C'est vers elle qu'un premier contingent de puritains guidés par le pasteur Robinson, tourna ses regards.

    Au printemps 1608, ils s'assemblent en grand secret, sur une lande déserte d'où une barque à rames les conduira par petits paquets au navire qui les attend au large. Déjà les plus hardis se sont confiés aux flots. Mais dans la nuit qui couvre la bruyère retentit soudain le galop des chevaux et le cliquetis des armes. C'est une compagnie de cavaliers envoyés à la poursuite des émigrants. En un rien de temps, les femmes et les enfants serrés les uns contre les autres, sont pris en une seule masse : « C'était pitié, dit un chroniqueur du temps, de voir ces pauvres gens dans un si fâcheux état de détresse, et d'entendre les pleurs et les cris qui s'élevaient de tous côtés. » Mais que faire de ces femmes et de ces enfants qui avaient voulu suivre leurs époux et pères et qui n'avaient plus de foyer? On finit par admettre qu'«il fallait être content de s'en débarrasser à n'importe quel prix ». Et c'est à la faveur de l'embarras des persécuteurs que, finalement, Robinson et son troupeau abandonnèrent le pays de leurs pères.

    « Ils savaient - dit encore la chronique - qu'ils étaient des pèlerins et ils ne s'inquiétaient pas beaucoup des choses qui leur arrivaient, mais ils élevaient les yeux vers le ciel, leur plus chère patrie, et ils retrouvaient ainsi le calme de leurs esprits. »

    A Amsterdam ou ils débarquèrent les familles se retrouvèrent et se reconstituèrent. « Ils virent la pauvreté s'avancer sur eux comme un homme armé », mais « attentifs à garder leur parole, laborieux et diligents dans leurs professions » ils vécurent d'abord quelques années de paix sans se douter que ce voyage n'était que la première étape de courses infiniment plus longues et plus dangereuses.

    En réalité, ils ne vécurent que douze ans en Hollande. Ces laboureurs avaient peine à se faire à un nouveau genre de vie. Ils s'appauvrissaient, puis ils craignaient, pour leurs enfants, les moeurs trop dissolues du pays. Aussi leurs regards se portèrent-ils vers cette lointaine Amérique, où quelques colons les avaient déjà précédés. L'idée d'étendre ainsi les possessions de leur Roi, celles de propager aussi l'Evangile, leur souriait. Ils résolurent donc de partir pour la Virginie septentrionale où une compagnie de Londres avait établi quelques comptoirs de commerce et de chasse.

    Pourtant, ce n'était pas une gaie perspective qui s'ouvrait devant eux. Il faudrait se séparer de nouveau, les plus valides seuls partiraient tout d'abord. A peine la vente de leurs modestes biens fournirait-elle le nécessaire pour la traversée. Et quels risques allait-on courir? Mais rien n'arrête ces valeureux champions de la sincérité personnelle et de la liberté religieuse.

    « Toutes les grandes et belles choses, dirent-ils, ne s'accomplissent jamais qu'au milieu de grandes difficultés et réclament un courage à la hauteur des circonstances... et, après tout, s'il nous faut perdre la vie dans une si belle et si noble entreprise, ne pouvons-nous pas le faire avec joie. »

    La veille du départ, partants et restants se rendirent au port où la nuit se passa sans sommeil.

    « Elle s'écoula, raconte l'un d'entre eux, en épanchements d'amitié, en pieux discours, en expressions d'une véritable tendresse chrétienne. Au matin, ils se rendirent à bord ; leurs amis voulurent encore les y accompagner ; ce fut alors qu'on ouït de profonds soupirs, qu'on vit des pleurs couler de tous les yeux, qu'on entendit de longs embrassements et d'ardentes prières, dont les étrangers eux-mêmes se sentirent émus. Le signal du départ étant donné, ils tombèrent à genoux, et leur pasteur levant au ciel des yeux pleins de larmes, les recommanda à la miséricorde du Seigneur. Ils prirent congé les uns des autres et prononcèrent cet adieu qui, pour beaucoup d'entre eux, devait être le dernier. »

    Ainsi, stoïquement, partent au devant de l'inconnu, ceux-là qui ne se laissent conduire par rien d'autre que la voix de Dieu. C'est par respect envers eux que, reprenant un terme qu'ils affectionnaient, on les appela ensuite les Pères Pèlerins. Il ne faudrait pas en conclure qu'ils fussent des vieillards : au contraire, le plus âgé de leurs chefs de famille n'avait que trente-six ans.

    .

    EN ROUTE POUR L'AMÉRIQUE

    C'est huit jours de plaisir que la traversée de l'Océan aujourd'hui. Il en était autrement alors, et les embarras ne tardèrent pas à surgir. Le « Speedwell » les transporta à Southampton, d'où, avec quelques recrues, ils devaient partir en deux bateaux pour la grande aventure. Mais le capitaine du « Speedwell » et son équipe, épouvantés des dangers de l'entreprise, s'arrangèrent de manière à ce que le bateau fasse eau; aussi fallut-il aborder de nouveau en hâte, laisser en Angleterre une partie de la troupe, et entasser le reste sur l'autre embarcation qui partit seule. C'était la « Mayflower » (Fleur de Mai), une vieille barque vermoulue, ayant jusqu'alors servi au transport de la morue ; mais son nom était un beau symbole d'espérance, et cette espérance, l'avenir ne l'a point déçue.

    La navigation fut pénible ; un homme mourut pendant le voyage ; un autre tomba à la mer, mais put réchapper grâce à des cordages. D'autre part, un enfant, qu'on appela Océanus, naquit en cours de route.

    Ces faits donnent une faible idée de cette traversée héroïque qui dura deux longs mois après lesquels les pèlerins virent enfin apparaître les côtes de l'Amérique. Leur intention première était d'atteindre la Virginie qui abonde en ports magnifiques et commodes, en baies et en fleuves superbes. C'est ainsi que les premiers colons envoyés par la Compagnie de Londres avaient jeté l'ancre dans la splendide baie de Chesapeak, mais les Puritains chassés par des courants ou poussés, malgré eux, par leur désir de trouver une terre où ils pourraient s'établir en une société distincte, aboutirent finalement sur la partie la plus stérile et la plus inhospitalière du Massachusetts. Au soixante-cinquième jour, ils jetèrent l'ancre dans la rade du Cap Cod, comme cela a été dit au début de ce récit.

    Avant de débarquer, ils délibérèrent sur la manière dont ils constitueraient leur vie et leur gouvernement.

    Il y avait parmi les passagers de la « Fleur de Mai » certains éléments plus ou moins indisciplinés, des individus qui s'étaient plus ou moins faufilés parmi les autres au moment de l'embarquement et manifestaient déjà leur intention de vivre à leur guise.

    La plupart, néanmoins, avaient heureusement assez de bon sens et d'esprit de discipline pour comprendre que s'ils ne se soumettaient pas de plein gré aux lois de la solidarité, ils seraient tous perdus. Aussi se donnèrent-ils des chefs énergiques, et se constituèrent-ils en une communauté solidement organisée. Ils confièrent le pouvoir exécutif au gouverneur Bradford, tandis que le capitaine Standish devenait leur chef militaire; puis, conscients de la solennité de l'heure présente et de l'importance primordiale d'un bon point de départ, ils signèrent d'un consentement unanime, avant de débarquer, le pacte que voici :

    « Au nom de Dieu, ainsi soit-il. Nous, soussignés, les fidèles sujets de notre redoutable seigneur le roi Jacques, par la grâce de Dieu Roi d'Angleterre, d'Ecosse, etc., ayant entrepris pour là gloire de Dieu, l'avancement de la foi chrétienne, l'honneur de notre roi et de notre patrie, un voyage à l'effet de fonder la première colonie dans le nord de la Virginie, reconnaissons solennellement et mutuellement, en présence de Dieu et l'un en présence de l'autre que, par cet acte, nous nous réunissons en un corps politique et civil pour maintenir entre nous le bon ordre et parvenir au but que nous nous proposons. Et, en vertu du dit acte, nous ferons et établirons telles justes et équitables lois, telles ordonnances, actes, constitutions, et tels officiers qui nous conviendra, suivant que nous le jugerons opportun et utile pour le bien général de la colonie. En foi de quoi nous avons signe. au Cap Cod, le 11 novembre l'an du Seigneur 1620. »

    Cet acte fut signé par tous les émigrants mâles au nombre de quarante et un qui, avec leurs familles, formaient la colonie de cent personnes arrivée dans la Nouvelle-Angleterre.

    L'un des grands historiens des Etats-Unis a dit de ce pacte que ce fut la « la naissance de la liberté constitutionnelle des peuples ». Un autre historien ajoutait : « Ils furent les premiers à croire et a démontrer que la démocratie est essentielle a la pleine réalisation de la foi chrétienne, et que la foi chrétienne est essentielle à la pleine réalisation de la démocratie ».

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    LES LUTTES AU BERCEAU DU MONDE NOUVEAU.

    Nos amis sont sur terre ferme. Mais les vraies difficultés ne font que commencer.

    Ils furent atteints dans leur santé tout d'abord ; ils mangèrent des moules qui les rendirent tous malades. Puis le climat auquel ils n'étaient pas accoutumés leur fut rude. Les premiers jours, leurs chaloupes ne pouvaient aborder directement, et les hommes devaient se jeter à l'eau. Celle-ci gelait sur leurs habits, de sorte qu'ils paraissaient vêtus de cottes de mailles. Le manque d'hygiène, de nourriture saine, les intempéries, le surmenage firent des ravages au milieu d'eux : au printemps, la moitié exactement des Pèlerins avait succombé. On les ensevelissait sur le bord de la mer, faisant soigneusement disparaître toute trace de sépulture de peur de révéler aux Indiens l'affaiblissement de la Colonie. Malgré tout, quand, en avril, la « Fleur de Mai » remit le cap sur l'Angleterre, aucun des Pèlerins ne songea à s'y joindre.

    La compagnie qui s'était chargée du transport, « les Entrepreneurs de Londres », leur fit aussi mille ennuis. Ces gens, en concluant un arrangement commercial avec nos Pèlerins, poursuivait un but uniquement mercantile. Ils s'étaient réservés le droit d'adjoindre aux Puritains des compagnons, qui vinrent troubler l'unité d'inspiration de la Colonie. Une nouvelle embarcation, « la Fortune », en 1622, puis deux autres en 1623, amenèrent une société très mélangée, qui, arrivant sans vivres, augmenta encore la disette de la communauté. Les deux premières moissons avaient été chiches, en effet ; puis, comme tous les biens étaient propriété commune, il se trouvait des paresseux pour vivre aux crochets d'autrui. Aussi, au bout de trois ans, se décidèrent-ils à faire une équitable répartition du sol entre les familles, ce qui améliora notablement la prospérité générale; puis, une abondante récolte vint enfin mettre un terme au dénuement du début et rendre leur avenir moins sombre. Ils purent se libérer de leurs engagements a l'égard des Entrepreneurs de Londres, et réaliser enfin en 1629 et 1630, le projet longtemps différé de faire venir leurs frères et amis restés en Hollande, ce qui vint donner définitivement la prépondérance a l'élément puritain au sein de leur colonie, qu'ils avaient appelée Plymouth.

    Dès la première arrivée des colons, une de leurs plus grosses préoccupations avait été, on le comprend. les relations avec les Indiens.

    Dans leurs premières tournées d'exploration, ils avaient aperçu des feux dans le lointain ; l'un des Pèlerins tomba un jour dans une trappe à chevreuil ; un matin une pluie de flèches les surprit alors qu'ils se mettaient à déjeuner ; une autre fois, sous des monticules de terre fraîchement remuée, qu'ils prirent tout d'abord pour des tombes, ils découvrirent une abondante provision de maïs. Il était le bienvenu, et nos amis se l'approprièrent se promettant de le rendre plus tard. Mais les hommes disparaissaient toujours à leur approche.

    Pourtant, trois mois après l'arrivée de la « Fleur de Mai», les colons virent brusquement entrer dans leur village un individu vêtu de quelques peaux brutes, le teint basané, le visage maquillé de vives couleurs. Il parlait un mauvais anglais, dit s'appeler Samoset, et être le sujet du sachem Massasoït. Il proposait une entente pour le trafic des fourrures ; il revint le lendemain avec quelques compagnons, et se fit héberger quelques jours. Puis, il fit comprendre la nécessité d'envoyer à leur tour des émissaires auprès de son souverain. Non sans hésitation et rassures à demi, trois des principaux de la colonie partirent rendre visite au chef indien, qui les reçut avec amabilité, et les hospitalisa avec lui dans son propre lit ; mais ils ne purent y dormir à cause des moustiques et des puces. Tout était sale et répugnant. Ils rentrèrent à Plymouth le cinquième jour, défaillants faute de sommeil et de nourriture. Mais l'accord était conclu : on ne se ferait réciproquement aucun tort, et l'on se prêterait mutuellement assistance en cas de danger. L'inconvénient était que nos colons se trouvaient entraînés désormais dans les luttes entre Massasoït et les tribus indiennes qui lui étaient hostiles.

    Tout aurait bien été cependant, si de nouveaux colons Européens, établis à peu de distance des nôtres, ne s'étaient mis à agir à l'égard des Indiens d'une manière brutale et inique. Ils firent tant que nos amis apprirent un jour l'existence d'un complot tramé entre toutes les tribus de la contrée pour l'extermination des blancs. Qu 1 allaient devenir nos quelque cinquante hommes contre les centaines d'indigènes? L'heure était tragique, il fallait sans tarder tenter un grand coup. Une dizaine d'hommes, munis de mousquets - l'arme à feu inventée depuis peu et ignorée des Indiens - partirent pour surprendre le foyer de la conspiration et le dérouter par la terreur ; ils surgirent brusquement au milieu des Indiens, tuèrent trois hommes à coups de feu et pendirent un quatrième. Epouvantés, les Indiens s'enfuirent. Informé plus tard du fait, le pasteur Robinson écrivait aux Puritains: « Oh! quelle heureuse chose si, avant d'en tuer aucun, vous en aviez converti quelques-uns! » Toutefois cet audacieux coup de main évita vraisemblablement une effusion de sang beaucoup plus grave.

    Ce fut là l'un des derniers grands dangers qu'ils coururent de la part de leurs voisins indigènes ; la population de race blanche augmentait, du reste, rapidement. En 1643, Plymouth entra dans la Confédération de la Nouvelle-Angleterre et, en 1691, elle fut incorporée dans l'Etat de Massachusetts, l'un des Etats-Unis de l'Amérique du Nord.

    En danger sur mer et sur terre, persécutés par leurs concitoyens, menacés par les tribus étrangères, trompés par de faux frères, nos héros ont tenu bon.

    Plusieurs d'entre eux avaient reçu une bonne éducation; il y avait parmi eux des gens très cultivés, et habitués à une vie confortable. C'est délibérément qu'ils avaient choisi cette rude existence. Ils savaient que rien ne débilite le caractère comme une vie facile et molle, et que seuls accomplissent de grandes choses, les hommes qui ne craignent pas l'effort.

    Comme tous les grands coeurs, les Pères Pèlerins recherchaient l'indépendance. Ils ont tout sacrifié pour posséder celle qui est la plus précieuse : la liberté de conscience. S'affranchir du mal et ne se laisser détourner par rien de ce qui est juste et vrai, tels furent les principes grâce auxquels ils devinrent le sel de ces terres nouvelles où ils abordèrent. Ce sont eux qui donnèrent une âme à ces lointaines colonies.

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    NOTES HISTORIQUES

    En 1531, le Roi d'Angleterre Henri VIII avait soustrait l'Eglise de son pays à la domination de Rome, pour des raisons personnelles (l'Eglise catholique n'admettant pas le divorce) ; on conçoit que cela ne marqua pas un réveil de la foi. A deux reprises après lui, le culte catholique fut réétabli et renversé par ses successeurs.

    Dans le marasme général, des souffles plus toniques se faisaient pourtant sentir. L'Angleterre avait eu au XlVe siècle un réformateur avant la lettre: Wiclef, et son action avait laissé des traces durables ; l'influence de John Knox (mort en 1384), le réformateur écossais. agit aussi ; enfin, le calvinisme du continent pénétrait également la grande île. C'est ainsi que peu à peu parurent, dans le clergé comme dans la foule, des hommes résolus à purifier l'Eglise de ses nombreuses traces de catholicisme, et à placer au centre du culte la prédication évangélique : c'étaient les Puritains.

    Au commencement du siècle qui nous occupe, la reine Elisabeth Tudor cherchait à rallier tout son peuple à l'anglicanisme, et réprimait toute liberté de pensée. On ne pouvait rien publier sans avoir l'autorisation de l'archevêque de Canterbury. Les évêques pouvaient citer quiconque à comparer devant eux, et le condamner à la prison sans autre instance.

    Jacques 1er, succédant à Elisabeth en 1603, se montra plus tyrannique encore. Il convoqua une conférence entre les Puritains et leurs opposants: c'était simplement pour se moquer d'eux et les couvrir de ridicule. Il déclara, en renvoyant les Puritains, que, s'il n'arrivait pas à les soumettre, il les chasserait de son royaume. Et les évêques présents déclarèrent que ces injures étaient dictées par le Saint-Esprit lui-même.

    Mais ces efforts allèrent à fin contraire. Alors que la plupart des Puritains restaient tout d'abord fidèlement attachés à l'Eglise anglicane, il s'en trouva, et toujours plus nombreux, pour affirmer qu'il fallait se soustraire à cette autorité, et que l'Eglise doit être formée des seuls croyants convaincus et pratiquants fidèles. C'est parmi ces derniers que se recrutèrent les Navigateurs de la « Fleur de Mai ».

    A propos de l'Amérique rappelons que c'est en 1492 que Christophe Colomb découvrit le Nouveau Monde. Il débarqua d'abord dans une des îles de Bahama, qu'il baptisa San-SaIvator. Une seconde expédition le conduisit à la Jamaïque, une troisième tout au long des côtes de l'Amérique du Sud. En 1519, F. Cortez conquit le Mexique et dix ans plus tard, Pizarre s'empara du Pérou.

    Privée des mines d'or qui attiraient tant d'aventuriers dans l'Amérique du Sud, la partie septentrionale du Nouveau Monde fut longtemps négligée par les colons européens. Au 161, siècle quelques marchands de fourrures y séjournèrent pour traiter avec les indigènes, mais les premiers colons qui s'y fixèrent d'une manière sérieuse et durable furent les Puritains.

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    NOTES PÉDAGOGIQUES

    Pour les aînés.

    1. Que penser des Puritains séparatistes?

    2. Méditer ces paroles que le pasteur Robinson adressa à ses ouailles le dernier dimanche qu'ils vécurent en Hollande:

    « Il déplora, dit un de ses auditeurs, l'état des Eglises réformées qui avaient mis un point d'arrêt à leur développement religieux, refusant d'aller plus loin que ceux qui furent les instruments de leur réformation. Aveuglement déplorable! car, pour si grandes qu'aient été les lumières des réformateurs et de leurs contemporains, il n'est pas dit qu'il n'y eût plus en eux d'obscurité. Il avait la conviction que le Seigneur nous tenait en réserve d'autres lumières dans sa parole.»

    3. Citer des hommes de la Bible, qui, comme les Pèlerins, pour obéir à la voix de Dieu sont partis au devant de l'inconnu, ou ont encouru la persécution.

    4. Discuter les affirmations de la lettre suivante de Robinson aux Pèlerins, lettre qui les avait atteints au moment de leur départ d'Angleterre, et qui les inspira dans l'organisation première de leur vie commune. Noter ce qu'elle avait de nouveau à l'époque et pour ces hommes :

    « Vous allez être appelés à former un corps politique et à établir un gouvernement civil, sans avoir parmi vous des personnages particulièrement distingués que vous puissiez élever aux charges de l'Etat. Agissez en hommes sages et chrétiens, non seulement en choisissant des candidats dévoués au droit public, mais aussi en leur rendant l'honneur et l'obéissance qui leur sont dûs dans l'exercice de leurs fonctions ; ne vous arrêtez pas à considérer qu'ils ne sont que des hommes comme tous les autres, mais songez qu'ils sont établis de Dieu pour votre bien. N'imitez pas la multitude frivole, qui fait plus de cas des habits chamarrés que des vertus des fonctionnaires et de l'ordre de Dieu. Mais vous connaissez mieux que cela, sachant que pour si humble que soit la personne d'un fonctionnaire, il faut respecter en lui le pouvoir et l'autorité de Dieu dont il est le représentant. Vous devez vous attacher d'autant plus scrupuleusement à l'observation de ce devoir dans votre position actuelle que vous aurez pour vous gouverner des hommes que vous aurez vous-mêmes choisis. »

    5. Comparer le pacte des Pèlerins avec le pacte helvétique de 1291.

    6. Discuter l'affirmation citée d'un historien sur les rapports entre la démocratie et la foi chrétienne.

    7. Que penser du communisme qui se pratiqua au début à Plymouth ?

    8. Comment juger l'acte des Pèlerins s'adjugeant la provision de maïs des Indiens ; et, plus tard, l'acte par lequel, devançant l'attaque indigène, ils tuèrent par surprise quatre d'entre eux?

     

    Pour les cadets:

    Cartes géographiques pour préciser la distance qui sépare l'Angleterre de l'Amérique, la durée du trajet alors et aujourd'hui.

    Dessin d'illustration : 1. l'Angleterre et la Hollande. - 2. La « Fleur de Mai ». - 3. Le pacte. - 4. Indiens et Puritains. - 5. Les colonies puritaines.

    Travail manuel (à faire collectivement): Construction d'une petite barque représentant la « Fleur de Mai ». - Village indien. - Indiens et Puritains.

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    NOTES BIBLIOGRAPHIQUES

    - J.-F. Astié : Histoire de la république des Etats-Unis. 2 vol. Grassart. Paris 1865.

    - G.-H. Wood: Venturers for the Kingdom. Hodder and Stoughton. Londres 1919.

    - J. Brown: The Pilgrim Fathers of New England. The Religious Tract Society. Londres 1920.

    - J. Audéoud: Les Pères Pèlerins et l'origine des Etats-Unis. Article dans « La Famille ». G. Bridel, Lausanne 1920.

    - E. Doumergue: Les Pères Pèlerins. Article dans « Foi et Vie ». Paris 1920.

    - J. Eaton Feasey: The Mayflower Pioneers. The Sunday School Union. Londres.



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. 1 Presqu'île au sud de l'emplacement actuel de la ville de Boston.

 

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