NOUVELLES GLANURES
III - L'OEUVRE DE CHRIST
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La
parenté du Seigneur.
Un officier autrichien, gravement
malade, arriva un jour dans une ville allemande, dont les
eaux jouissaient d'une grande réputation et qui
était encombrée d'étrangers atteints de
diverses infirmités.
Notre militaire, extrêmement
faible, ne paraissait pas devoir vivre longtemps. Il
parcourut successivement tous les hôtels de la ville,
mais partout on refusa de le recevoir.
Il avait frappe à la porte du
dernier hôtel qu'il y eut à visiter et avait
été poliment éconduit sous
prétexte qu'il n'y avait pas de place, lorsqu'un
monsieur, qui avait entendu de sa chambre sa conversation
avec le maître d'hôtel, en sortit et dit:
- Cet officier est un de mes parents,
et je partagerai ma chambre avec lui. je lui céderai
mon lit, et je coucherai sur le canapé.
L'hôtelier ne pouvait plus faire
d'objections. Notre pauvre malade alla s'installer dans la
chambre qui lui était si gracieusement offerte ; et,
après avoir retrouvé quelques forces dans un
sommeil réparateur, il dit à l'inconnu
:
- Pourriez-vous, mon excellent
monsieur, vous nommer et me dire en même temps si
c'est du côté paternel ou du côté
maternel que nous sommes alliés ?
- C'est, répondit l'obligeant
étranger, du côté du Seigneur
Jésus-Christ, qui m'a appris a voir un frère
dans tout homme qui souffre, et a faire pour lui tout ce que
je voudrais que l'on fît pour moi-même.
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Un lion
dompté.
Le missionnaire Robert Moffat, parti
pour évangéliser les Hottentots, avait pris
pour but le village d'un chef nomme Africaner, connu pour
ses violences. A la tête des hommes de sa tribu,
Africaner avait mis à feu et a sang de vastes
contrées : « Nous préférions,
disaient les habitants, passer de longues nuits au milieu
des bêtes féroces, plutôt que d'affronter
les regards de ce lion rugissant. » Son nom
était un épouvantail même pour ses
sujets. « Africaner, disait-on à Moffat, fera de
ta peau un tambour et de ton crâne une coupe pour
boire la bière. » Moffat pourtant continua sa
route. Il arriva sans défense et sans armes. A
travers mille souffrances, il annonça l'Evangile
à ces pauvres sauvages et le chef de la tribu fut le
premier a se convertir. Il apprit à lire et le
Nouveau Testament devint son compagnon inséparable.
Une merveilleuse transformation s'était
opérée en lui. Il s'occupait des plus
misérables. C'était réellement un homme
nouveau.
Quelques années plus tard,
Moffat, devant retourner au Cap, résolut de prendre
avec lui Africaner. Il fallait de la prudence, car sa
tête avait été mise à prix
Le missionnaire lui donna 'un pantalon
de cuir, une vieille veste, un chapeau use et le chef ainsi
accoutre accompagnait Moffat comme son domestique. Personne
sur le trajet ne voulait reconnaître Moffat que l'on
croyait assassiné depuis longtemps.
- Moffat, s'écria un colon, non
! mais son revenant!
Moffat assurait de son
identité.
- N'approchez pas de moi, disait le
colon suppliant. Il y a longtemps qu'Africaner vous a
tue.
Moffat lui raconta en détail le
changement survenu chez Africaner. Le fermier refusait d'y
croire et énumérait les méfaits du
chef.
- Si ce que vous racontez d'Africaner
est vrai, dit-il enfin, je ne désire qu'une chose, le
voir avant de mourir, quoiqu'il ait tué mon propre
oncle. - Africaner ? lui dit Moffat, le voici! Le colon fit
un saut en arrière.
- Etes-vous Africaner,
s'écria-t-il enfin ?
Le chef hottentot se leva, ôta
poliment son vieux chapeau et répondit
- Je le suis.
Le fermier semblait frappé de
la foudre ; il leva les yeux au ciel et s'écria
:
- 0 Dieu, quel miracle de ta
puissance!
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A l'ordre
!
Un soldat que je n'oublierai pas (1)
c'est le Courlandais Ostrowsky. Dégourdi et
débrouillard, il porte la médaille militaire
sur la poitrine. Matelot dans la marine russe, il a
déserte et s'est enrôlé dans la
Légion ; a cause de sa mauvaise conduite et de ses
habitudes de boisson, il vient de faire trois cent cinquante
jours de cellule. « J'en suis sorti hier, me dit-il,
et, passant dans la rue, j'ai entendu les chants de votre
assemblée, je suis entre et je viens vous dire que
j'ai accepté ce que vous avez dit. »
- Qu'avez-vous compris, lui dis-je
?
- J'ai compris qu'avec
Jésus-Christ je pourrais redevenir un homme, et je
viens vous demander ce que je dois faire.
- C'est très simple ! Si vous
avez compris cela, vous n'avez qu'une chose à faire :
vous décider pour Lui, Le choisir comme votre
Maître suprême, et Le suivre jusqu'à la
fin de votre vie.
Et alors je vis cette chose unique,
que je ne reverrai sans doute plus jamais : ce soldat se
leva, prit la position militaire, dressa son front vers le
ciel et s'écria d'une voix ferme : « A l'ordre
» Il salua le grand et glorieux Invisible qu'il voyait
devant lui et auquel il se consacrait.
Cette salutation militaire
adressée à Jésus-Christ reste
gravée dans mon coeur.
Il m'écrivit plusieurs lettres.
Dans l'une d'elles, il m'annonçait qu'il faisait
partie d'un corps expéditionnaire en marche vers le
Sud. « J'y ai fait trois recrues, me disait-il ; chaque
jour, à midi, alors que le bataillon est au repos, je
me retire avec mes camarades à l'écart pour la
prière. » Il m'envoya leurs photographies avec
cette annotation : « Pensez dans vos prières aux
trois amis du désert ! »
Plus tard encore, il m'annonça
qu'il était parti pour Madagascar, où il
était monté en grade. Un jour de Pâques,
éprouvant le besoin de communier, mais ne trouvant au
régiment aucun camarade partageant sa foi, il se
retira dans une forêt et là, à l'ombre
d'un grand baobab, il communia tout seul avec le
Maître qu'il avait choisi pour la vie.
ALEXANDRE MOREL. (Les
temps héroïques de la Croix-bleue)
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1) Souvenir d'une semaine
d'évangélisation parmi les soldats de la
Légion étrangère, à Saïda
(Algérie).
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Wesley et
le voleur.
Un jour Wesley est
arrêté par un voleur qui lui demande sa bourse.
Le missionnaire la lui donne et lui dit :
- Ecoute un seul mot :
si jamais vient le temps où tu regrettes la vie que
tu mènes, rappelle-toi cette parole : « Le sang
de Christ purifie de tous péchés.
»
Il n'en dit pas
davantage, et laissa le voleur. Bien des années plus
tard, au sortir d'une église où il venait
d'annoncer l'Evangile, Wesley rencontre un homme qui lui dit
:
- Vous rappelez-vous
avoir été arrêté et volé
à telle époque, dans tel lieu
- Oui, sans
doute.
- Eh bien ! je suis le
coupable. La parole que vous m'avez jetée est
tombée sur ma conscience et y a si bien germé,
que j'ai fini par quitter ce métier détestable
pour m'attacher au Sauveur et mener une vie paisible et
honnête.
(NAPOLÉON ROUSSEL, L'Evangile
expliqué aux petits.)
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Ne
t'assieds pas avec les moqueurs.
Un
célèbre prédicateur était venu
prêcher dans une ville., et bientôt ses discours
firent le sujet de toutes les conversations ; jusque sur la
place publique, jusque dans les cafés on
s'entretenait de lui, de ses doctrines, soit en bien, soit
en mal. Dans un lieu de plaisir, un jeune homme dont je veux
taire le nom, bien que je puisse le donner de même que
celui du prédicateur et de la ville, un jeune homme
au milieu des pots de vin et de la fumée des cigares,
proposa à ses compagnons de monter tour à tour
sur une table comme dans une chaire, et de faire chacun son
sermon pour singer le prédicant.
Quand les amis du
moqueur eurent parlé: « je veux tous vous
enfoncer, leur dit-il; passez-moi la Bible, que je prenne
mon texte. » On lui donne le volume sacre, il l'ouvre
au hasard et tombe sur ce passage : « Si vous ne vous
repentez, vous périrez tous de même... » A
cette lecture, le sérieux contre lequel il se
débattait prit le dessus cette pensée le
saisit comme une main de fer en vain il voulut la secouer,
elle revint toujours. Il n'eut plus la force de plaisanter.
Au lieu de railler, il parla sincèrement. Comme sa
tache était d'imiter le prédicateur
chrétien, il put sans être soupçonne
entrer vraiment dans son sujet, et il finit par s'exprimer
avec tant de force qu'on s'aperçut enfin qu'il
était sérieusement ému. Ce
n'était plus une moquerie, c'était une
fervente et pieuse exhortation. Il s'avoua vaincu, se
déclara gagné à l'Evangile et confessa
que toutes ses moqueries n'avaient été que de
vains efforts pour étouffer le cri de sa conscience.
Aujourd'hui cet homme est un ministre de
Jésus-Christ.
(NAPOLÉON ROUSSEL, L'Evangile
explique aux petits.)
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Libérateurs !
Livingstone a donne sa
vie pour que l'Afrique soit délivrée de
l'odieux trafic des esclaves. « je travaille, a-t-il
écrit, dans l'espoir que cet horrible commerce
prendra fin une fois. » Au cours d'une exploration,
parvenu au village d'un certain roi Mbamé,
Livingstone est averti qu'une chaîne d'esclaves va
passer par là.
« A peine
étions-nous avertis depuis quelques minutes, dit-il,
qu'une longue chaîne composée d'hommes> de
femmes et d'enfants, lies les uns aux autres et les mains
attachées, apparut, serpentant sur la colline, et
prit le sentier du village. Armés de fusils et
parés d'un uniforme voyant, les agents noirs des
Portugais, placés à l'avant-garde, sur le
flanc et à l'arrière de la bande, marchaient
d'un pas délibéré. Dès qu'ils
nous aperçurent, ces triomphateurs se
précipitèrent dans la forêt, et
tellement vite, que nous ne fîmes qu'entrevoir leurs
culottes rouges et leurs talons.
» Les
prisonniers, restes seuls avec nous, s'agenouillèrent
et battirent des mains avec énergie pour exprimer
leur gratitude.
» Nous
eûmes bientôt coupe les liens des femmes et des
enfants ; mais il était plus difficile de
délivrer les hommes : chacun de ces malheureux avait
le cou pris dans l'enfourchure d'une forte branche de six a
sept pieds de long, maintenue a la gorge par une tige de fer
solidement rivée aux dents de la fourche. Cependant,
au moyen d'une scie qui, par bonheur, se trouvait dans nos
bagages, la liberté leur fut rendue. Nous dîmes
alors aux femmes de prendre la farine dont elles
étaient chargées, et d'en faire de la bouillie
pour elles et leurs enfants. Tout d'abord, elles n'en
voulurent rien croire ; c'était trop beau pour
être vrai ! Mais, quand l'invitation leur fut
renouvelée, elles se mirent promptement à
l'oeuvre, firent un grand feu et commencèrent par y
jeter les cordes et les fourches, maudites compagnes de tant
de nuits douloureuses et de pénibles journées
!
» Un petit
garçon disait a nos hommes, avec la simplicité
de son âge : «Les autres nous attachaient et nous
laissaient mourir de faim ; vous, vous nous avez
détachés, et vous nous donnez à manger
; qui donc êtes-vous, et d'où venez-vous ?
»
(TH.-D.
PACHE, David Livingstone.)
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Défaire le passé
C'était en
Amérique, pendant la guerre de Sécession, au
soir d'un combat acharné. Une infirmière
penchée sur un blesse d'une pâleur mortelle,
lui demanda :
- Que puis-je faire
pour vous
- Il ne s'agit pas de
faire, répondit le blessé d'un air sombre. Il
s'agit de défaire... Dites, m'aideriez-vous à
défaire le passé ?
Et il se mit à
raconter fiévreusement un passe de honte et de
malheur.
- En cela, mon ami, je
ne puis rien pour vous, fit l'infirmière, mais il y a
la-haut quelqu'un qui pourra s'en charger.
Et elle rappela le
message de l'amour divin à l'adresse des
désespérés.
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Les
orchidées.
Au fond des
forêts tropicales croissent en abondance des
orchidées d'une merveilleuse beauté. Certaines
de ces fleurs semblent de grands et beaux papillons qui se
balancent au-dessus des branches ; une autre a toute
l'apparence d'un cygne aux ailes enflées ; une
troisième espèce a la forme d'une colombe qui
plane, à tel point que les indigènes du Panama
l'appellent : la fleur du Saint-Esprit.
Les longues racines de
ces orchidées ne s'enfoncent pas dans le sol, mais
à quelque hauteur sur les arbres creux, elles se
nourrissent des vapeurs délétères qui
s'en exhalent. Ainsi ces plantes aux fleurs superbes non
seulement enlacent les bois difformes et pourris d'un
manteau de verdure, mais elles absorbent les exhalations
malsaines et les transforment, comme c'est le cas pour la
vanille, en un parfum délicieux. Image magnifique de
l'amour chrétien! Il supporte tout, il croit tout, il
espère tout, il couvre une multitude de
pêchés.
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Le nom de
Jésus.
Avant la suppression
de l'esclavage aux Etats-Unis, la loi, dans certains Etats,
défendait aux nègres d'apprendre à
lire. Aussi parut-il étrange de voir une pauvre
négresse tenir une grosse Bible sur ses genoux et
suivre d'un regard attentif le doigt qu'elle promenait de
ligne en ligne. Elle ne savait pas lire et pourtant on la
voyait tous les jours parcourir le Saint Livre. Parfois elle
restait longtemps triste, puis tout d'un coup un
éclair de joie inondait son visage : elle avait
trouvé ce qu'elle cherchait. La petite fille de son
maître avait enseigné à la pauvre
esclave à reconnaître un seul mot sur les pages
sacrées : le nom de jésus. « Quand je
trouve ici son nom, disait-elle, il me semble que tout est
lumière et joie. »
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Tu as
oublié Jésus.
Le récit
suivant provient d'un témoin oculaire, un
médecin allemand, autrefois de religion juive
:
Pendant la guerre
franco-allemande, on amena à son ambulance un
officier français grièvement blesse. Le membre
fracassé devait être ampute : on lui
annonça que, vu son état de faiblesse, il
était douteux que l'opération
réussît. Il demanda qu'on la tentât quand
même et qu'en cas de mort, on avertît sa femme.
L'officier mourut et, pendant que les médecins
étaient encore auprès de lui, la jeune femme
entra avec sa petite fille.
Lorsqu'elle comprit
que son mari n'était Plus, elle tomba dans une
intense crise de larmes. S'adressant à sa fillette,
elle s'écria : « 0 mon enfant, notre meilleur
ami, notre protecteur, notre bien-aimé est parti, et
toi et moi, nous sommes abandonnées dans ce monde de
douleurs ».
L'enfant entoura
tendrement de ses petits bras le cou de sa mère et
dit : « 0 maman, tu as oublié Jésus.
» A ces mots, un calme extraordinaire descendit sur la
mère, et elle répondit : «Oui, ma
chérie, dans ma douleur, j'avais oublie jésus.
»
La puissance que ce
nom exerça sur cette mère
éplorée transperça comme une
flèche l'âme du médecin juif. Des lors,
il perdit tout repos, jusqu'à ce qu'il fût
arrive lui-même aux pieds du Sauveur et qu'il
pût s'écrier : « Mon Seigneur et mon Dieu.
»
(Adieux
du baron de Turckheim à ses amis.)
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Dieu le
peut par Jésus-Christ.
En été
1890, un grand congrès pénitentiaire
international se réunit à
Saint-Pétersbourg. On y était accouru de
toutes les parties du monde.
Mathilda Wrede s'y
rendit comme déléguée ; elle y
était seule représentante du sexe
féminin.
Au cours des
assemblées, le délègue de la France fit
une conférence sur ce sujet : La manière de
traiter les détenus incorrigibles. Il posa en
principe qu'il y a des criminels incorrigibles, des malades
incurables à propos desquels il faut abandonner toute
pensée de salut final. Tout ce qu'on peut faire,
c'est les empêcher de nuire.
Après son
discours, d'ailleurs admirable de forme, Mathilda Wrede
demanda la parole. Qu'allait-elle dire ? Elle ne le savait
pas, une obligation irrésistible lui ordonnait de
parler.
- Messieurs, dit-elle,
il y a un moyen par lequel chaque criminel peut être
transformé - même ceux qu'on appelle
incorrigibles. C'est la force de Dieu. Les lois et les
systèmes ne peuvent changer le coeur d'un seul
criminel, mais Dieu le peut. Je suis persuadée qu'on
doit s'occuper bien plus et même avant tout des
âmes des prisonniers et de leur vie spirituelle. La
puissance de Dieu ! cette parole aurait dû être
le mot de ralliement du congrès tout entier.
C'était l'immuable fondement de son oeuvre de
miséricorde.
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Une
épave.
Par une froide
soirée d'hiver, M. Bost, le fondateur des Asiles de
Laforce, en rentrant chez lui, trouva un pauvre mendiant
dans l'état le plus déplorable. Ce malheureux
allait de porte en porte, mais, épuisé par la
fatigue et la maladie, ne pouvant plus marcher, il
était là gisant sur le chemin. Emu de
pitié, M. Bost le recueillit pour la nuit. Mais le
malheureux jeune homme n'était pas mieux en
état de marcher le lendemain. Un premier examen
constata qu'il avait une hanche ankylosée et beaucoup
de temps serait nécessaire pour le guérir.
L'histoire du pauvre Bartier était des plus tristes :
infirme dès l'âge de six ou sept ans, incapable
de travailler, il errait çà et là,
obtenant avec peine de quoi ne pas mourir de faim.
Arrête souvent comme vagabond, il avait passe dans les
prisons une partie de sa vie.
Bartier était
très intelligent, il apprit à lire avec une
grande facilite ; mais surtout les soins affectueux dont il
était l'objet exercèrent sur lui une influence
profonde. L'amour lui révélait un monde si
nouveau qu'il en fut lui-même renouvelé. La
piété ainsi vécue gagna son
coeur.
M. Bost était
heureux de ce résultat, qui dépassait ses
espérances. Dix-huit mois s'étaient
écoulés, et Bartier restait infirme ; on ne
pouvait le garder toujours à Laforce, et, d'autre
part, le renvoyer dans cet état, c'était le
rejeter inévitablement dans la misère.
M. Bost était
dans cette incertitude lorsqu'il reçut un jour une
longue lettre. N'osant pas lui exposer ses pensées de
vive voix, Bartier lui écrivait pour lui exprimer le
désir de se consacrer à l'instruction des
enfants, et prier son protecteur de lui venir en aide. M.
Bost prit le parti d'envoyer cette lettre au directeur de
l'Ecole normale protestante de Paris. Peu de temps
après, Bartier était admis à
l'école de Courbevoie. M. Gauthey, directeur de
l'école, put rendre bientôt les meilleurs
témoignages de son aptitude, de son zèle, de
son caractère et de sa piété. Au bout
de deux ans et demi, il se présenta pour obtenir le
brevet de capacité : soixante-cinq
élèves se présentèrent dans la
même session ; Bartier sortit premier, et revint tout
joyeux à Laforce pour diriger l'école que M.
Bost venait de fonder.
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Une
couronne dans le ciel.
Un officier
français qui, dans les guerres de l'Empire, avait
été fait prisonnier et demeurait en pays
protestant, eut l'occasion d'y lire la Bible. Il
renonça à ses principes
d'incrédulité et de scepticisme et sa vie
devint celle d'un chrétien sincère.
Ses compagnons de
service se moquèrent de lui et lui
reprochèrent d'avoir change de religion.
- je n'ai pas fait
autre chose que mon ancien camarade Bernadotte,
répondit-il, qui s'est fait luthérien.
- Oui, lui
répliqua-t-on, mais il l'a fait, lui, pour obtenir
une couronne.
- Mon motif est le
même, répondit l'officier, il n'y a de
différent que le pays. Bernadotte a voulu obtenir la
couronne de Suède ; moi, j'aspire à obtenir
une couronne dans le ciel.
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