Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



PREMIERE PARTIE

A CARTHAGE,
AUX LIONS
LES CHRÉTIENS

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Carthage, ombres et lumières de la vie des chrétiens

Il y eut à Carthage de nombreux martyrs. Nous n'en avons cité que quelques-uns. La population de Carthage était fortement ancrée dans le paganisme, passionnée par les spectacles de l'amphithéâtre, du cirque, du théâtre, des courses de chevaux, des combats de gladiateurs, mêlés à la poursuite d'animaux sauvages : lions, léopards, sangliers, ours furieux et vaches enragées lancés dans l'arène contre des combattants armés, puis au temps des persécutions contre des femmes et des hommes absolument sans défense, ce qui indigna parfois la foule des spectateurs pourtant avides de sang.
Même les chrétiens, quand leur religion admise officiellement ne les conduisit plus au supplice, furent tentés de participer à ces distractions qui appartenaient aux moeurs de l'époque. Et les prédicateurs devaient sans cesse mettre en garde leurs fidèles.
Mais la passion la plus tenace, répandue dans tout l'Empire romain, était celle du jeu, où certains chrétiens dépensaient leur argent. Il y avait des tables spéciales pour s'y adonner. Sur l'une d'elles trouvée à Timgad (Algérie), on lit cette inscription d'un saveur bien païenne «La chasse, le bain, les jeux, les rires, voilà la vie » Un auteur inconnu a lancé cet appel : « Que les fidèles renoncent au jeu ! Qu'ils consacrent plutôt leur argent aux bonnes oeuvres. jouer, c'est se vouer au crime ! Le jeu a sa place à côté de l'idolâtrie, de la fornication, du vol, de l'adultère, du meurtre. C'est une tentation du diable... La table de jeu, c'est là que se donnent carrière la folie et la fureur, le parjure intéressé, la langue rusée du serpent. Là, on voit l'amitié tourner à la rage... Les frères même se quereller, les injures se déchaîner... La table de jeu, c'est là qu'on perd son bien au milieu des disputes et des folles... Chrétien, qui que tu sois, si tu te livres aux jeux de hasard, sache que tu n'es plus chrétien, tu reprends le nom de païen. » C'était dit d'une manière frappante. La question s'est toujours posée : comment vivre en chrétien dans un monde dont les règles de vie sont tout à fait étrangères à l'Évangile ? Les Corinthiens, au temps de l'apôtre Paul, étaient en face des mêmes problèmes dans une ville où se rendre chez une prostituée était considéré comme un acte conforme à la moralité courante marquée par la considération qu'on avait pour Vénus, la déesse de l'amour, sans même lui vouer un culte.

Ce n'est pas seulement le retour de certains chrétiens à des coutumes païennes qui préoccupa l'église de Carthage, mais les divisions internes, les interprétations différentes de la Bible, les querelles personnelles, la discipline à appliquer aux chrétiens qui menaient une vie désordonnée, la nomination de responsables auxquels on donne le titre d'évêques, c'est-à-dire de surveillants, ce qui leur confère une certaine autorité dont ils abusent parfois ; et il y avait encore bien d'autres questions relatives à l'organisation de cette société nouvelle, ne ressemblant à aucune autre, se réclamant du Seigneur Jésus, Eglise en voie de devenir une institution qui s'intègre petit à petit, non sans discussions éprouvantes, dans un empire qui finira par se dire chrétien et qui obligera ses sujets à le devenir.

Une figure exceptionnelle apparaît dans le ciel de Carthage : Augustin. C'est un homme qui a eu une existence mouvementée et a mené pendant longtemps une vie dissolue quoiqu'il fiât un brillant intellectuel. il naquit en 354 dans une région qu'on appelait la Numidie, située aujourd'hui en Algérie, près de Constantine, où l'on parlait une langue qui existe encore et qui est très différente de l'arabe, le berbère. Bien sûr, Augustin apprit le latin et devint même professeur de lettres latines à Carthage.
Cet homme si intelligent eut un dur combat à mener contre ses instincts charnels. Nous l'avons déjà remarqué, il vécut dans la débauche ce qui inquiétait beaucoup sa mère, Monique, une chrétienne très fervente dont les prières pour son fils furent exaucées. Augustin connaissait bien le christianisme et désirait ardemment y adhérer, mais sa vie désordonnée l'en empêchait. À Milan où Augustin enseignait en 384, il suivit les sermons d'un prédicateur célèbre, Ambroise. Il passa par une crise spirituelle qui l'amena à faire le pas décisif en septembre 386. Voici dans quelles circonstances. Nous connaissons sa vie par son livre intitulé « Les Confessions». Il avait un ami, Alype, qui le poussait sans cesse à rompre avec son existence corrompue.

Augustin était bouleversé et pleurait sur sa déchéance, ne voyant pas comment en sortir. Alors, un jour il se retira seul dans un jardin, et couché sous un figuier se demandait, dans les larmes, pourquoi il renvoyait toujours à demain le moment de mettre fin à ses ordures et à ses saletés, pour employer ses propres expressions. Tout à coup, il entendit sortir de la maison la plus proche une voix comme celle d'un jeune garçon ou d'une jeune fille, qui disait et répétait souvent en chantant : «Prends et lis, prends et lis ! » il se souvint d'Antoine, l'ermite de la Mer Rouge, qui, lui aussi, avait reçu un pareil appel et avait entendu dans une église une parole évangélique qui changea sa vie. il alla chercher le Nouveau Testament qu'il lisait avec Alype et l'ouvrant, tomba sur cet avertissement apostolique : « Conduisons-nous honnêtement, comme il le faut à la lumière du jour. Gardons-nous des orgies et de l'ivrognerie, de l'immoralité et des vices, des querelles et de la jalousie. » (Texte de l'épître aux Romains, chapitre 13, verset 13). Il comprit que cette parole lui était directement adressée par Dieu qui lui donna la force de rompre avec le péché. Il revêtit désormais la vie nouvelle qui est en Jésus-Christ, le Seigneur, et ne se laissa plus entraîner par sa nature humaine pour en satisfaire les désirs (Romains 13 : 14). Il fut baptisé à Milan à Pâques de l'an suivant. Après quelques années passées en Italie, il regagna Carthage, fut ordonné prêtre, distribua ses biens aux pauvres pour vivre désormais, le plus totalement possible, selon l'Évangile, et abandonna l'étude de la littérature pour se consacrer aux choses de Dieu. Il devint le plus grand penseur chrétien de son époque. C'est lui qui insista sur le fait que seule la grâce divine peut effacer le péché originel, car l'homme, malgré tous ses efforts, n'y arrivera jamais. Il lutta aussi avec acharnement contre toutes les tendances qui compromettaient l'unité de l'Église et fut parfois d'un absolutisme excessif. Mais ses écrits ont eu une influence capitale sur toute la chrétienté occidentale. Le réformateur Martin Luther se réclamait de lui en élaborant sa doctrine du salut par la foi, basée avant tout sur l'épître aux Romains. L'apôtre Paul en effet a sans cesse souligné cette doctrine fondamentale : «C'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. Ce n'est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie. » (Epître aux Ephésiens, chapitre 2, versets 8 et 9).

Augustin - qu'on l'appelle saint ou non - méritait une mention particulière à la fin de ces pages sur le christianisme à Carthage, ville qui subit comme tarit d'autres, pour sa perte, l'invasion arabe. Mais tout ce que les chrétiens lui doivent ne peut être oublié.

Vue de Carthage.

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