Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



DEUXIÈME PARTIE

RÉCITS ÉGYPTIENS


Alexandrie, la cite phare

 

Le Phare d'Alexandrie.
(Reconstitution d'après un ouvrage égyptien).

 

Comme son nom l'indique, cette ville a été fondée par le fameux conquérant macédonien Alexandre le Grand, en l'an 332 avant Jésus-Christ. Un curieux personnage, qui vécut entouré de beaux jeunes gens, ce qui ne choquait personne. Sa mère, Olympias, l'avait convaincu qu'il était le fils d'Amon, autrement dit en langage populaire qu'il sortait de la cuisse de Jupiter, le roi des dieux. Malgré ses conquêtes qui le conduisirent jusqu'en Inde, il rêvait d'accéder au trône pharaonique. C'est dans cet esprit qu'il envahit l'Égypte. Pour être vraiment sûr de son origine divine, il alla consulter la pythie lybienne. C'était la dernière de ces prophétesses païennes à rendre des oracles. Elle vivait dans un endroit très difficile d'accès, l'oasis de Siouah, en plein désert, à la frontière de la Lybie actuelle. On y voit encore le temple où Alexandre se rendit au péril de sa vie - il risqua de mourir de soif ! - pour s'entendre dire qu'il était bien le fils d'Amon et qu'il avait toutes les qualités pour devenir le pharaon d'Égypte, ce qui était à ses yeux le plus glorieux titre qu'il pouvait recevoir. Si je parle ici de ce voyage d'Alexandre à Siouah, c'est pour deux raisons. Tout d'abord j'ai voulu voir ce lieu, et ce fut comme jadis, malgré l'automobile, une randonnée périlleuse où la piste est difficile à suivre. Ensuite, les pythies ont éveillé la curiosité des premiers chrétiens, parce que l'une d'elles aurait annoncé à l'Empereur Auguste la naissance d'un sauveur, ce qui prouverait que le monde païen attendait aussi l'avènement du Christ.

On dit qu'Alexandre le Grand, mort en 323 avant J.C., quelque part en Perse suite à une beuverie, est enterré dans un tombeau en or massif qui se trouverait dans le sous-sol de la ville qu'il a fondée, bien qu'il n'ait passé que 6 mois de sa Vie en Égypte. Le grand conquérant a le mérite d'avoir ouvert largement l'Égypte aux Grecs et permis aux juifs de s'y installer, ce qui favorisa plus tard l'expansion du christianisme. À la fin de l'antiquité et au début de notre ère, Alexandrie avait supplanté Athènes et était la rivale de Rome à tous points de vue. Le commerce et l'industrie s'y étaient développés. La réputation de son port n'était plus à faire. Ses bateaux sillonnaient toute la Méditerranée. C'est sur un bateau d'Alexandrie que l'apôtre Paul dut monter, en tant que prisonnier, pour continuer son voyage vers Rome. Il prit part aux mesures de sauvetage, alors que le navire était en pleine tempête. La cargaison, de blé sans doute, fut jetée à la mer. Toute cette navigation dangereuse nous est racontée avec précision par Luc au chapitre 27 du livre des Actes des Apôtres. C'est, au dire des spécialistes, un des documents les plus sérieux sur les voyages en mer dans l'antiquité gréco-romaine.

Alexandrie était célèbre à la fois par son «phare», l'une des sept merveilles du monde antique, et par son Muséum, haut lieu de la culture, auquel était adjoint la très réputée bibliothèque. Nous allons parler de tout cela.
Commençons par le phare. On pourrait affirmer que, dans tous les domaines, Alexandrie fut un phare. Il importe de connaître l'origine de ce mot. Il y avait non loin du port une île appelée «Pharos», et c'est là que fut construite, par un des successeurs d'Alexandre, vers l'an 300 avant J.C., ou peu après, une tour pour éclairer les navigateurs, qu'on appela tout naturellement le Phare. Ce fut une oeuvre architecturale gigantesque, dont la construction s'étendit sur de nombreuses années. Ses dimensions faisaient l'admiration de tous les peuples des bords de la plus grande mer connue en ces temps-là : 120 mètres de hauteur, de multiples annexes à sa base, décorées de statues. Au sommet brûlait un grand feu obtenu par un bûcher (il fallait y amener le bois nécessaire !), par des torches résineuses, par la combustion d'huiles minérales, et grâce à un système de lentilles, resté inconnu, le rayonnement en était considérablement augmenté. Le 8 août 1303, à la suite d'un fort tremblement de terre, le Phare disparut dans la mer, où il gît encore...

Pendant plusieurs siècles, Alexandrie fut le Phare de la culture grecque puis chrétienne, le lieu de passage de la civilisation égyptienne, bien qu'elle fût déjà en décadence, au monde gréco-romain. On ne saura Jamais tout ce que la Grèce doit à l'Égypte. Les Ptolémées - c'est ainsi qu'on appelle les successeurs d'Alexandre qui reprirent la tradition pharaonique et ouvrirent de nouveaux temples aux dieux égyptiens qu'ils ont confondus avec les leurs - créèrent de nouvelles institutions qui donnèrent à la ville un renom extraordinaire.

Le Muséum, véritable université, était dédié aux Muses qui, dans l'esprit du temps, personnifiaient les arts et les sciences. Les savants les plus capables y enseignaient tout ce qu'on pouvait savoir, la philosophie et les lettres figuraient parmi les matières les plus appréciées. On commençait à découvrir la méthode scientifique pour l'étude de la nature et même des astres. Un savant, Claude Ptolémée, du Ile siècle, conçut un système astronomique qui faisait de la terre le centre du monde, doctrine adoptée par l'Église qui eut la vie longue et ne disparut définitivement qu'au XVIIe siècle, à la suite des travaux de Copernic, de Galilée et de Képler. Ce fut l'Anglais Newton qui donna à cette théorie l'estocade finale, mais, dans notre siècle, tout a été remis en question par Einstein. Comme quoi la science n'a jamais dit son dernier mot !

La Bibliothèque, annexe indispensable du Muséum, était la plus grande du monde avec ses 700.000 volumes, la plupart sous forme de rouleaux de papyrus, le papier typiquement égyptien obtenu par tissage et par pressurage des fibres d'un roseau particulier. Une oeuvre nécessitait, selon sa longueur, une quantité de rouleaux, ce qui prenait de la place sur les rayons. Malheureusement la Bibliothèque n'échappa pas à la destruction lors de l'incendie de la flotte égyptienne, quand César fit la conquête d'Alexandrie en l'an 47 avant J.C. Reconstituée partiellement, elle subit d'autres revers au cours des siècles. Il est faux de prétendre qu'elle fut brûlée par les Arabes, car au moment de l'invasion islamique elle n'existait plus.
Avant de passer au christianisme, Alexandrie avait déjà attiré l'attention des lettrés par la traduction de la Bible juive en grec, version dite des Septante, parce que cet immense travail aurait été confié à 70 érudits. On s'y réfère souvent... Quant à l'évangéliste Marc, s'il n'a pas été le premier évêque de l'église d'Alexandrie, il n'en est pas moins considéré comme son fondateur. La tradition est basée sur de nombreuses références. Y est-il mort martyr ? Nous ne pouvons pas l'attester. Mais ses reliques auraient été recueillies très tôt dans la grande métropole méditerranéenne en constante relation avec les Vénitiens qui en dérobèrent une partie, parce qu'ils avaient fait de Marc leur patron. On voit devant la basilique de Saint-Marc à Venise, sur une colonne, la statue en bronze d'un lion, l'animal qui symbolise l'évangéliste qui fut, comme on le sait, le compagnon de l'apôtre Pierre.

C'est à Alexandrie que le débat entre penseurs chrétiens et païens fut le plus intense. Influencés par la philosophie grecque, les païens affirmaient l'immortalité de l'âme, tandis que les chrétiens proclamaient la foi en la résurrection, basée sur le Nouveau Testament. L'apôtre Paul avait rencontré les mêmes difficultés à Athènes, tandis que, dans la Vallée du Nil, les gens non atteints par les idées grecques, acceptaient plus facilement l'Évangile. il fallait être précis, de là la nécessité d'un credo qui résumait en quelques phrases la foi des chrétiens. Ceux-ci ouvrirent la première école de théologie, mettant la science de Dieu face à la philosophie, science de la sagesse humaine. Des professeurs éminents publièrent de très savantes études pour réfuter la pensée païenne. Il ne manqua pas d'écrivains pour défendre une position antichrétienne. Il faudrait citer beaucoup d'auteurs aussi bien d'un côté que de l'autre.

Les persécutions interrompaient souvent ces débats intellectuels. Elles avaient lieu pendant certaines périodes, selon les caprices de l'empereur. Parmi bien d'autres, un officier de l'armée romaine devenu chrétien, Ménas, fut exécuté pour avoir refusé d'accomplir les sacrifices ordonnés. Sa dépouille mortelle fut déposée sur un chameau qui, lâché dans le désert à l'ouest d'Alexandrie, s'arrêta devant une source dont il flaira la présence. Cette source découverte ensuite par les chrétiens fut considérée comme miraculeuse, et on y vint beaucoup en pèlerinage pendant plusieurs siècles. Des guérisons s'y produisaient ou lui étaient attribuées. Toutes les sources, surtout celles en plein désert, avaient, selon les anciens, une origine miraculeuse. C'est l'une d'elles qui sauva Alexandre le Grand. Mais pour ce qui concerne Abou Menas - c'est le nom que porte encore aujourd'hui ce site archéologique difficile à visiter - il est intéressant de signaler que les pèlerins emportaient avec eux un petit vase caractéristique qui contenait de l'eau de la source, selon les uns, ou de l'huile venant des lampes du sanctuaire, selon d'autres. On a retrouvé un peu partout de ces vases en Afrique et en Europe, ce qui prouve le rayonnement du christianisme alexandrin. L'église très artistiquement décorée fut pillée par les Arabes. On en retrouve les mosaïques dans certaines mosquées. Alexandrie était déjà en plein déclin, et quand le général Bonaparte y débarqua en 1798 la ville ne comptait plus que 6.000 habitants. Elle s'est relevée une nouvelle fois au cours du XIXe siècle et compte aujourd'hui plus de deux millions d'habitants, prenant le rang de deuxième capitale de l'Égypte moderne.
Nous l'avons déjà souligné à propos de Carthage, les communautés avaient d'abord un moyen légal de subsister, avant leur reconnaissance officielle. Elles pouvaient s'organiser dans tout l'empire en «sociétés de secours mutuels pour les services funèbres» et percevoir des cotisations, recevoir des dons et posséder un cimetière particulier. il y a encore beaucoup de gens, qui au XXe siècle, considèrent les églises comme telles...

Rappelons que le paganisme était très tolérant, et acceptait toutes sortes de croyances et de rites. Il n'avait rien de monolithique, mais il exigeait de chacun les sacrifices dûs au culte impérial, ce que refusaient les chrétiens qui ne reconnaissaient qu'un seul Seigneur. En 303, après plusieurs autres, un empereur plus fanatique, face à un christianisme qui menaçait son pouvoir absolu, voulut se débarrasser radicalement de cette nouvelle religion. Il s'agit de Dioclétien, de sinistre mémoire, qui ordonna la destruction de tous les lieux de culte et de tous les livres chrétiens. Ce fut la période de persécution la plus violente et la plus longue. il y eut plus de 10.000 martyrs égyptiens. Cela a tellement marqué l'Égypte, province où la densité de la population chrétienne était la plus forte, que l'Église copte compte les années de son ère (en réalité son existence) à partir de l'an 284, date de l'avènement de Dioclétien, originaire de Dalmatie. Un des premiers historiens de l'Église, Eusèbe, visita à cette époque la Thébaïde, c'est-à-dire la Haute-Égypte, et en revint effrayé : « D'innombrables fidèles, avec leurs femmes et leurs enfants, souffrirent pour leur foi divers genres de mort... Il y en eut qui furent crucifiés, tantôt selon le mode habituellement suivi pour les malfaiteurs (c'était la plupart du temps, ajouterons-nous, des esclaves fugitifs) tantôt d'une manière plus atroce, cloués la tête en bas : on les laissait vivants sur le gibet jusqu'à ce que la faim les eut tués. »

Malgré les déportations et les travaux forcés dans les carrières et les mines pour ceux qui n'étaient pas condamnés à mort, les chrétiens se multipliaient, bien qu'ils eussent à constater des défections dans leurs rangs. Il y avait plusieurs manières de se soustraire aux persécutions. Tout d'abord prendre la fuite. C'est ce que fit pendant un certain temps Cyprien - dont nous avons parlé - qui mourut néanmoins sous la hache du bourreau. Ensuite se réfugier dans le désert - où les ermites devaient lutter avec ardeur contre les tentations d'ordre charnel, la solitude ne leur permettant pas d'y échapper. Les Romains avaient horreur du désert ; ils n'ont jamais franchi le Sahara et ne s'aventuraient même pas au Sinaï. Enfin, et c'était le plus terrible : face au supplice renier sa foi. Chacun n'a pas l'âme du martyr. L'apôtre Pierre lui-même, au moment où il allait être arrêté, n'a-t-il pas, par trois fois, renié son Maître ? « Je ne connais point cet homme » Il fut tout de même réhabilité.

La réintégration des renégats après repentir et pénitence causa bien des soucis aux églises à leurs débuts. Enfin, en 313, le christianisme reçut son droit de cité, grâce à l'édit de Milan, signé Licinius et Constantin, tous deux empereurs qui se partageaient le pouvoir. Un acte de tolérance inouï. Les persécutions venaient à peine de cesser. il faut relever ce fait : comme Augustin, Constantin avait une mère chrétienne, Hélène, qui influença certainement son fils. Par égard pour ses sujets païens, Constantin ne se fit baptiser que tardivement. C'est l'un de ses successeurs, Théodose, qui imposa le christianisme comme religion officielle, et les temples païens furent tous démolis. Le dernier à l'être fut celui d'Alexandrie, appelé le Serapeum, où l'on adorait une statue en granit noir du boeuf Apis, divinité qui symbolisait la puissance. Cette idole a été conservée au musée gréco-romain de la ville. Sérapis, pour les Alexandrins, évoquait surtout Zeus, le Jupiter des Romains, le roi des dieux, et quand son temple fut rasé par les gens à la solde du patriarche, les païens crurent que le monde allait s'écrouler avec lui. il n'en fut rien. Une nouvelle période de l'histoire avait commencé, l'Église de persécutée qu'elle était, devint triomphante en entrant dans ce qu'on a appelé «l'ère constantinienne». Mais cette phase, dont nous ne sommes pas encore sortis, dépasse notre propos et ne concerne pas l'Égypte dont l'Église est restée «nationale»


Table des matières

Page précédente:
 

- haut de page -