Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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MÉDITATIONS EN MARGE DE L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC


JEAN-BAPTISTE AU DÉSERT
LUC, III : 1 à 14.

 

Les années ont passé dans le recueillement et le silence. L'évangéliste qui, au temps de la naissance de Jésus-Christ a fait peu de chronologie, veut maintenant indiquer le moment précis du ministère du Sauveur. Il est précédé de l'apparition de Jean-Baptiste. A l'empereur Auguste avait succédé Tibère, qui avait déjà partagé avec lui le pouvoir. Il régnait depuis quinze ans sur l'empire romain, auquel la Judée, jadis terre conquise, avait été rattachée comme province, pourvue d'un procurateur. C'était alors Pilate, tandis que le pouvoir avait été réparti entre les membres de la famille des Hérodes dans les autres parties de la Palestine.

Appelé par Dieu à être « une voix », selon la vieille expression des prophètes, le fils de Zacharie et d'Élisabeth, retiré au désert, paraît sur la scène. C'est une personnalité étrange, appartenant encore à l'Ancien Testament. Sur le seuil du Nouveau. Dans les steppes désolées qui s'étendent entre la mer Morte et le Jourdain, sur les montagnes abruptes qui séparent ce pays de Jérusalem, il parle, et sa prédication ressemble au paysage qui l'entoure. Comme lui, elle est dure, sévère, pleine de grandeur. Les foules viennent entendre. Arrachant à ses auditeurs leur manteau de propre justice et d'orgueil, Jean-Baptiste leur dévoile leur péché. Il leur parle de repentance, de pénitence. Elles seules peuvent préparer le chemin de Celui qui va venir, et qu'il annonce en des images successives pleines de force et de rude poésie.

Luc ne s'attarde pas à décrire, comme Matthieu ou Marc, l'aspect extérieur de Jean-Baptiste; mais il nous permet de voir dans son caractère, avec sa consécration entière à sa tâche, son courage et son humilité. Son courage! Il ne se contente pas d'une prédication générale, Il parle individuellement à ceux qui l'écoutent, leur montrant leur culpabilité particulière et ce qu'ils doivent faire pour renoncer à leur péché. Soldat, publicain, monarque même, s'ils veulent recevoir « le salut que toute chair verra », ils doivent se convertir et changer de vie, Le prédicateur le leur dit en face. Un jour, dans la forteresse de Machéronte, il expiera de sa vie même la hardiesse et la fidélité de son message.

Ce vaillant est un humble. Lui, il n'est rien qu'un héraut. Quand la foule croit voir en lui le Messie, il la détrompe en des termes que lui empruntera à travers les siècles la ferveur pleine d'humilité des croyants : « je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. » - « Il faut qu'il croisse et que je diminue. »

Oh! nous comprenons, en méditant ce passage, ce que plus tard Jésus dit à ses disciples : « Parmi ceux qui sont nés de femme il n'est point de plus grand prophète que Jean. » Ce qu'il a ajouté ensuite : « Cependant le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui », nous fait sentir notre privilège infini d'enfants de Dieu, réconciliés avec Lui, par le sacrifice du Sauveur.

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LE BAPTÊME DE JÉSUS
LUC, III, 15 à 22.

Au bord du Jourdain, Jean baptisait ceux qui venaient à lui. Les Israélites étaient habitués à considérer l'eau comme un signe de purification et devaient comprendre ce symbole de la repentance : Occasion nouvelle pour le précurseur de leur annoncer Jésus-Christ : « Moi je vous baptise d'eau ; lui Il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. » C'est Lui seul qui dispense la grâce de la miséricorde divine; c'est Lui seul qui vous régénérera et vous donnera l'Esprit de Dieu. Toujours et en tout je ne puis que préparer son chemin.

Un jour, parmi ceux qui demandaient à recevoir le baptême, Jésus se présenta. Luc n'insiste pas sur cette scène, racontée plus au long dans Matthieu et dans Marc. Le fait important pour lui est la consécration divine accordée au Fils par le Père, les cieux s'ouvrant, la colombe descendant sur le baptisé, et la voix disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. J'ai mis en lui. toute mon affection. »

C'est donc le Seigneur, celui qui a vécu de toute éternité dans l'unité avec Dieu, qui vient simplement recevoir le baptême des mains d'un homme pécheur. Ce sacrement prendra à nos yeux de ce fait une souveraine grandeur.

Le baptême que probablement, petits enfants ignorants, nous avons reçu jadis, est-il pour nous ce qu'il devrait être ? Avons-nous compris qu'au seuil de notre vie une grâce nous avait été faite ? Non seulement l'Église nous a marqués de son sceau, non seulement nos parents, parrains et marraines ont pris à notre égard des engagements, mais Dieu lui-même nous a déclarés siens par ce moyen. Plus tard, nous avons participé maintes fois à cette cérémonie du baptême sans y discerner peut-être rien de plus qu'une touchante manifestation familiale et religieuse. Pourtant toute la vertu du sacrement, « signe visible de la grâce invisible », y était attachée. C'est un « Évangile visible », comme le dit une ancienne confession de foi (1) et le Seigneur passant par ce chemin l'a sanctifié.

Il n'est jamais dit qu'il ait baptisé lui-même, mais entre son baptême dans le Jourdain et son ordre aux disciples le jour de l'Ascension se déploie tout son ministère, et ses apôtres, ayant reçu le Saint-Esprit, feront du baptême, administré par leurs soins, l'entrée dans l'Église de Jésus-Christ.

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LA TENTATION
LUC, IV, 1 à 13.

Le Saint-Esprit, dans sa plénitude, repose sur Jésus-Christ. Le voici seul au désert, et Satan s'approche. Aux heures de grâce et d'adoration il guette ainsi les âmes, lui, le terrible ennemi de l'action de Dieu. Récit mystérieux du combat entre l'ange des ténèbres et la Lumière du monde. Parmi toutes les pages bénies de l'Évangile, celle-là peut nous être d'un particulier secours.

Dieu vient de proclamer - « Tu es mon Fils bien aimé! » et le diable insinue par deux fois : « Si tu es Fils de Dieu... » As-tu vraiment entendu la voix du Père, es-tu sûr de cette consécration, de cet appel à le servir ? Regarde, tu souffres, comme un homme, de la faim, tu partages vraiment la misère et les faiblesses de l'humanité. Si tu crois avoir en toi la puissance divine, pourquoi ne l'emploierais-tu pas à te nourrir, à faire un miracle, à demander aux anges de venir t'épargner toute douleur, toute peine ?

Tu es venu pour sauver ce monde, ne dois-tu pas l'éblouir par ta puissance, ta force, le contraindre à t'acclamer comme roi en dominant sur lui? Je puis te donner tous les royaumes de la terre et leur gloire; incline-toi seulement devant moi, et, au lieu de choisir le chemin du renoncement et de la pauvreté, de la souffrance, prends la voie large qui s'ouvre devant toi. Tu es le fils de Dieu; montre-le! Les hommes le croiront s'ils voient en toi un vainqueur. »

Toutes proportions respectueusement gardées, les mêmes tentations ont, à travers les âges, accablé les serviteurs de Dieu. Se servir des dons de Dieu pour soi-même, prendre des moyens humains pour faire son œuvre à Lui, essayer d'échapper à la souffrance, avoir l'esprit de domination, n'est-ce pas la grande misère de l'Église ? N'est-ce pas aussi notre péché personnel de chrétiens ? Nous avons succombé si souvent jusque dans le service de Dieu à J'égoïsme, à la lâcheté, à l'orgueil! nous vivons dans la compromission, dans l'hypocrisie; nous approuvons parfois la violence; nous employons trop souvent pour combattre le mal, déchaîné autour de nous, des armes que lui-même a forgées. Si la grâce de Dieu a parfois triomphé dans la bataille, c'est parce que le Sauveur lui-même est alors venu à notre aide par son Esprit, et que, comme Lui, nous avons cherché un secours dans sa Parole.

Souvenons-nous de ces heures-là dans l'humble reconnaissance. Satan avait rôdé autour de nous, insidieux, subtil; nous allions succomber. Dans un cri d'angoisse, nous avons tendu les mains vers Dieu, et peut-être aussi saisi notre Bible comme une arme défensive. La lutte a été parfois longue, toujours douloureuse. Dans le désert, après qu'elle eut été pour un temps terminée, les anges sont venus réconforter et servir Jésus. Pour nous, quand le Seigneur a remporté en nous la victoire, près de son enfant, « vainqueur mais tout meurtri, tout meurtri mais vainqueur », Il est resté le consolateur, l'ami, le frère. Qui pourra alors raconter et décrire la douceur de sa présence et de sa paix!

« La langue ne peut le dire
Ni la bouche l'exprimer. »

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DANS LA SYNAGOGUE DE NAZARETH
LUC, IV, 14 à 30.

 

Les trois premiers évangélistes : Matthieu, Marc et Luc, font commencer le ministère du Sauveur par la Galilée. Notre pensée aime à le suivre, sous le ciel magnifique de l'Orient, dans ce paysage riant et calme, sur les sentiers pierreux qui traversent les collines, au sein d'une nature dont la pureté harmonieuse cadre si bien avec l'âme du Maître.

Le premier récit de Luc se passe à Nazareth dans la synagogue que la tradition croit retrouver dans une église grecque d'aujourd'hui. D'après le verset 23 il semble bien que Jésus avait déjà enseigné à Capernaüm ou dans les cités avoisinantes, avant de revenir à Nazareth; ou peut-être l'évangéliste a-t-il condensé, comme certains commentateurs le supposent, en un seul, les épisodes de deux visites successives à Nazareth. Peu importe. Jésus est là, dans cette synagogue, comme depuis son enfance, il est venu chaque sabbat, Jusqu'alors Jésus n'avait probablement été qu'auditeur, mais le temps est arrivé pour lui de sortir de l'obscurité et d'annoncer l'Évangile du royaume. Les yeux de tous sont fixés sur lui avec curiosité; ne l'ont-ils pas vu grandir au milieu d'eux, jouant jadis avec leurs enfants dans les rues ou travaillant avec Joseph dans l'atelier paternel. Il appartient en une certaine mesure à ses concitoyens, et tant qu'il reste dans les généralités, commentant le message du prophète, ils admirent ce jeune homme qui est devenu un « Rabbi » si éloquent. Qu'il fasse au milieu d'eux, à la gloire de Nazareth, les choses extraordinaires qu'il a faites ailleurs!

Jésus ne le veut pas. Il lit dans les coeurs, et de même qu'il a refusé à Satan de se servir de sa puissance dans un but d'orgueil ou d'égoïsme, Il ne cède pas au désir de vanité de ses concitoyens. Il vient de Dieu et Il est envoyé à tous; son message est pour tous. On ne l'enfermera pas entre les murs étroits d'une cité.

Alors éclate la colère de ceux qui l'entourent. On montre près de Nazareth la montagne de la contradiction où on veut que le Christ, emmené, faillît être tué ce jour-là. Mais, passant au milieu de ses adversaires, Il s'en va calme, poursuivant son. chemin. L'heure du sacrifice suprême n'avait pas encore sonné.

Nazareth! pendant trente ans tu as caché sans en avoir conscience un trésor inestimable, et tu n'as pas compris ton privilège au jour où tu as été visitée. Pourtant ton nom est resté attaché à celui du Sauveur, et, dans tous les temps, il a fait battre le cœur des croyants.

Comprendre quand le Sauveur est près de nous, et, sans tarder, accepter son message, c'est la grâce que nous ne devons pas laisser échapper comme le firent les habitants de Nazareth. « Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs. »

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À CAPERNAÜM
LUC, IV, 31 à 44.

 

Si Nazareth subsiste encore, blottie dans un repli de collines au pied des noirs cyprès, Capernaüm n'est plus qu'un souvenir, un amas de ruines dans un paysage exquis. La route qui de Cana descend vers Tibériade s'enfonce dans la dépression du lac. Celui-ci, dominé au fond par les neiges de l'Hermon et les montagnes abruptes de la Transjordanie, vient baigner de ses eaux bleues des rives toutes odorantes d'orangers, de citronniers, de lauriers-roses, avec des buissons de marguerites jaunes, et de ces anémones rouges : les « lis des champs », disait le Sauveur. C'est là qu'autrefois s'élevaient Chorazin, Magdala, Bethsaïda, là où maintenant il n'y a plus que cette merveilleuse brousse fleurie, où campent les Bédouins aux tentes rayées de brun, et où les Sionistes ont commencé leurs cultures. Capernaüm, au nord du lac, parait avoir été le port important au temps de Jésus qui en fit le centre de son activité en Galilée.

Il avait commencé son ministère d'amour. Il enseignait les jours de sabbat dans les synagogues, comme Saint Paul plus tard, et Il guérissait les malades; ce que le médecin Luc notera toujours avec joie. Dans le passage que nous avons sous les yeux aujourd'hui, nous voyons d'abord le Seigneur aux prises avec ces mystérieux esprits impurs dont tant de pauvres êtres étaient possédés. Eux lui rendent un témoignage qu'Il n'accepte pas. Mais, terrible aux démons, Il est plein d'amour pour leurs victimes.

Puis dans l'intimité de la maison de Simon, qui n'est pas encore Pierre l'apôtre, Jésus guérit de la fièvre la belle-mère. Douceur de le prier pour les malades qu'on aime! Au coucher du soleil c'est autour du Sauveur la foule de ceux qui souffrent. On comprend les graveurs, les peintres comme Rembrandt qui ont illustré cette scène magnifique. Elle a été en tout temps pour les malades un sujet de consolation et d'espérance. Les mains divines du Sauveur se posant sur les plaies, les Infirmités, sa parole chassant la douleur. Ceux qui étaient venus en se traînant péniblement jusqu'à lui, s'en retournant librement, joyeusement, Béni sois-tu, Seigneur! pour tous les blessés du corps et de l'âme qui près de toi ont trouvé la guérison, le calme, et aussi pour tous les hommes et toutes les femmes qui à ton exemple se sont penches sur la souffrance humaine et ont essayé de l'apaiser.

La nuit est descendue sur Capernaüm, une de ces belles nuits d'Orient toute palpitante d'étoiles, et quand l'aube est arrivée, Jésus, sortant de la maison qui l'abritait, s'est retiré dans la campagne, déserte à cette heure. Pour puiser cette force, cette autorité, que tous reconnaissaient en lui, il fallait les heures de tête-à-tête avec son Père, la communion retrouvée dans le silence et la solitude. Mais même là Il ne s'appartient plus à lui-même; la foule le cherche et le veut; elle s'accroche à lui. Il faut la convaincre qu'il doit continuer dans d'autres villes son ministère d'amour. jours de paix, jours de lumière dans cette Galilée tranquille où le message du Royaume était reçu dans des cœurs simples, et où les chrétiens croient aujourd'hui encore retrouver la trace des pas de leur Maître.

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LA PÊCHE MIRACULEUSE ET L'APPEL DE SIMON
LUC, V, 1 à 11

Le lac riant et calme est le cadre de ce nouveau récit. Quelques détails pittoresques le rendent particulièrement vivant. C'est un matin ensoleillé, près du rivage, les pécheurs (quatre amis qui ont déjà rencontré Jésus (voir Jean, 1,35 à 43) lavent leurs filets. Le Seigneur, assis dans la barque de l'un d'eux, enseigne la foule. Comme le choeur des tragédies antiques, elle est toujours à l'arrière-plan pendant ce temps du ministère en Galilée. Jésus a remarqué les gestes, les figures fatiguées de ceux qui ont travaillé toute la nuit sans rien prendre. Se servant de cette expérience du labeur quotidien comme d'un symbole, il ordonne, et le miracle s'accomplit. Alors Simon, le premier, s'aperçoit qu'en ce Maître plein d'autorité, Il y a une puissance surnaturelle. Il a peur, comme nous-mêmes sommes saisis de crainte quand la majesté du Dieu saint se découvre à nous, et que nous nous voyons si faibles et pécheurs devant lui. La réponse du Sauveur à Pierre est pleine de souveraine douceur : « Ne crains point. Tu seras pêcheur d'hommes. »

Pêcheur d'hommes! « Les hommes sont errants et égarés en ce monde comme en une grande mer pleine de trouble et de confusion, jusqu'à ce qu'ils soient recueillis par l'Évangile », dit Calvin. Pour cette vocation magnifique d'amener à Lui ceux qui se perdent ainsi, Jésus choisit d'humbles travailleurs, qu'Il va garder près de lui et former. Eux quittent tout pour le suivre, obéissant simplement à sa voix.

Pêcheur d'hommes, il est appelé à l'être, ce Simon Impulsif qui est devenu Pierre. Passant de la foi enthousiaste à l'incompréhension complète, un jour il confessera que Jésus est le Saint de Dieu, un autre il le reniera... Puis, après les heures d'angoisse et de repentir, un matin encore sur les bords de ce même lac il verra se renouveler le miracle de la pêche, et quand Il aura reconnu le Seigneur, se jettera à l'eau pour le rejoindre. Humilié, plein de tristesse et de honte, Il sera rétabli par Jésus dans sa charge d'apôtre. « Pais mes brebis », lui dira le Sauveur. L'humble pêcheur de Galilée deviendra à Pentecôte le prédicateur puissant de l'Évangile.

« Pêcheur d'hommes », « berger du troupeau », sous ces deux Images employées par Jésus transparaît toute la grandeur du ministère. « Pêcheur d'hommes », le missionnaire, l'évangéliste, portant de lieu en lieu, de continent en continent, le message de Dieu, allant vers tous : pécheurs, égarés, païens, essayant de les amener au Père. « Nous faisons fonction d'ambassadeurs pour Christ », disait Saint Paul. C'est l'apôtre Pierre lui-même qui répondait au sanhédrin : « Il n'y a de salut en aucun autre; car il n'y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné aux hommes par lequel ils puissent être sauvés. » « Berger du troupeau », le pasteur qui sans cesse veille sur son Église, console, reprend, exhorte les petits et les grands, les brebis et les agneaux. Il aime de la tendresse de Jésus-Christ ceux qui lui sont confiés, prêt à donner sa vie pour eux s'il le faut, « Mes bien-aimés », dit encore Saint Paul qui fut à la fois pasteur et missionnaire, « faites toute chose sans murmure et sans hésitation, afin que je puisse me glorifier au jour du Christ de n'avoir pas travaillé en vain, même si je sers de libation pour le sacrifice et le service de votre foi. »

Pêcheurs d'hommes, bergers du troupeau, la grande tâche apostolique demeure devant tes serviteurs, ô notre Dieu! Envoie des ouvriers dans ta moisson!

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LE LÉPREUX ET LE PARALYTIQUE GUÉRIS
LUC, V, 12 à 26

L'oeuvre d'amour du Sauveur se continue à travers villes et campagnes, mais dans ces deux nouveaux récits de guérisons, Luc a mis bien en lumière la foi de ceux qui allaient vers Jésus. Le lépreux d'abord. Chez lui la foi est spontanée, vivante, vraie. « Si tu le veux tu peux me rendre net. » À cette foi le Maître répond tout de suite, et le malade guéri s'en va plein de joie remplir les prescriptions de la loi. Par cela même, il rend son témoignage mieux encore que par des paroles.

Jésus revient ensuite vers Capernaüm (Marc nous l'apprend), et c'est dans, ce centre de son activité en Galilée que se place le second récit. Nous ne savons tien des sentiments personnels du paralytique. Est-ce lui qui avait désiré approcher, ou d'autres en avaient-ils eu pour lui l'idée ? Peu Importe. Ce qui est souligné, c'est la persévérance de ces quatre amis qui, malgré la foule, arrivent à hisser leur malade sur le toit, et, enlevant les tuiles à faire descendre le brancard jusqu'aux pieds du Sauveur. Fatigue, moqueries, rien n'arrête ces vaillants. lis savent que la guérison de celui qu'ils aiment est entre les mains de Jésus; ils le lui amèneront malgré tous les obstacles.

Gens de peu de foi! nous dirait le Sauveur, à nous, les lecteurs de cette page des évangiles, et gens de peu d'amour aussi! Avons-nous su apporter jusqu'auprès de Jésus-Christ ceux pour lesquels nous sommes dans l'inquiétude, qu'ils soient physiquement ou moralement malades. Le temps des miracles est passé! dit-on. Qui sait ceux que Dieu réserve encore à la foi soumise et patiente, à l'intercession régulière, persévérante, constante des croyants qui savent s'unir pour prier ainsi!

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VOCATION DE LÉVI. QUATRE PARABOLES
LUC, V, 27 à 39.

Lévi! un publicain récoltant les péages pour l'envahisseur de la Palestine, vivant au milieu de gens tarés. Les pharisiens s'indignent d'entendre le Seigneur l'appeler à lui; nous aurions peut-être fait de même. Et quand ils voient Jésus et ses disciples assis à un banquet, chez ce même Lévi, mangeant et buvant au milieu d'autres publicains et de gens de mauvaise vie, cette indignation se répand en critiques violentes. Jean-Baptiste au désert prêchant l'Évangile du royaume comme ce même Jésus de Nazareth, avait au moins donné à ceux qui le suivaient une austère règle de vie, Il leur avait enseigné le jeûne et la prière. Les pharisiens qu'il avait appelés « race de vipères » ont oublié ses reproches virulents, lis ne songent à opposer sa conduite à celle de Jésus que pour confondre celle-ci.

Le Maître répond avec calme et dignité à leur double objection. D'abord au sujet de Lévi et de ses compagnons. Il a été envoyé auprès des malades, des pécheurs, de ceux qui reconnaissent leur culpabilité devant Dieu. Les pharisiens se croient justes; ils n'ont pas besoin de Lui. Qu'ils ne s'étonnent donc point qu'Il se tourne vers ceux qui implorent son secours.

Quant au jeûne que ses adversaires voudraient imposer à ses disciples, Jésus par quatre paraboles successives, nous montre sa manière de voir à ce sujet. D'abord Il explique l'attitude de ses disciples. Ceux-ci sont les amis de l'époux. lis l'entourent au jour de ses noces et leur joie est grande. Le jour viendra où Il leur sera enlevé, et alors ils connaîtront le jeûne de la tristesse et de la persécution. Il nous apprend ensuite que le Seigneur est venu apporter un message de vie qui ne cadre pas avec les strictes prescriptions pharisaïques. Les docteurs avaient surchargé la lettre de la Loi en oubliant l'esprit. Ce message c'est la pièce neuve qui déchire le vieux vêtement, c'est le vin nouveau qui fait sauter les vieilles outres. Pour l'accepter il faut des âmes transformées, ouvertes à ce souffle vivifiant. Jésus dira ailleurs qu'Il est venu non abolir mais accomplir la loi de Moïse; ici ce n'est pas contre elle qu'Il s'élève, mais contre l'étroitesse formaliste de ceux qui veulent emprisonner la vie religieuse dans des habitudes, des rites, des traditions humaines; ils étouffent cette flamme de l'Esprit que le Fils de Dieu est venu allumer dans les âmes.

Certes ceux qui suivront Jésus pratiqueront parfois l'ascétisme, tout comme les disciples de Jean. Nous voyons les chrétiens d'Antioche, au livre des Actes, jeûner au moment de la nomination de leurs anciens. La tradition de certains jours réguliers de jeûne s'est conservée dans les Églises protestantes jusqu'à nos jours; mais c'est sans aucune idée d'obligation ni de mérite. Là où est l'Esprit de Dieu, là est la liberté de ses enfants. Oh! si nous savions mieux reconnaître ses manifestations bénies quand nous les rencontrons sur notre chemin, et accepter quand il faut que ce vin bouillonnant fasse rompre les vieilles outres de nos préjugés!


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(1) Strasbourg, 1533.

 

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