Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



MÉDITATIONS EN MARGE DE L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC


LE SABBAT
LUC, VI. 1 à 11.

 

Le sabbat, le jour saint consacré à l'Éternel, une des institutions les plus respectées de la loi de Moïse, avait été rappelé au cours des siècles par les prophètes : « Si tu fais du sabbat tes délices », avait dit Esaïe, « pour sanctifier l'Éternel en le glorifiant, alors tu mettras ton plaisir à l'Éternel ». Ézéchiel ajoutait : « Ces sabbats seront Un signe entre moi et eux pour qu'ils connaissent que je suis l'Éternel qui les sanctifie. »

Au temps de Jésus, surchargé de prescriptions étroites, ligoté dans les bandelettes des traditions rabbiniques, le sabbat n'était plus un jour de joie et d'allégresse pour le peuple d'Israël. Le Sauveur veut apporter une fois de plus la délivrance et la libération.

Deux occasions différentes sont racontées dans le récit d'aujourd'hui. Un jour de sabbat, les disciples traversant un champ de blé prêt à être moissonné, cueillent quelques épis, et, pour apaiser leur faim matinale, les froissent entre leurs mains et les mangent (geste absolument autorisé par la loi mosaïque). Mais voici : c'est le sabbat, les adversaires de Jésus voient en cela un travail interrompant le repos du jour, Ce sont des docteurs de la loi, des gens penchés constamment sur l'Écriture sainte, mais faisant d'elle une arme pour emprisonner les âmes, et ne sentant pas souffler à travers ses pages le vent de l'Esprit. Le Sauveur tirera de cette même Écriture, de l'histoire de David, qu'ils connaissent bien, un argument décisif pour justifier le geste de ses disciples. Puis, élevant la discussion : « Le Fils de l'homme est maître du sabbat », dira-t-il avec dignité.

La seconde partie du récit a pour cadre la synagogue, et là nous voyons se préciser la pensée du Maître au sujet du sabbat. Non seulement la lumière de ce jour saint ne doit pas être cachée par le voile épais des prescriptions humaines, mais elle doit rayonner de la charité et de l'amour que Dieu met dans les âmes et ceci est pour nous un enseignement plus direct encore que le précédent.

Au sabbat mosaïque a succédé le beau dimanche chrétien. C'est le jour saint par excellence, nous rappelant la victoire du Prince de la vie. C'est encore le repos de l'Éternel pour nous et pour tous ceux dont nous avons la responsabilité... Ne pas se charger soi-même, ne pas charger les autres de travail ce jour-là, respirer l'air de la détente et de la liberté, suivre fidèlement, comme le Sauveur, les saintes assemblées, y aller avec joie; et puis, comme Jésus encore, pratiquer les oeuvres de l'amour, servir son Église, les pauvres, les malades; faire de ce repos non une occasion de plaisirs égoïstes, mais de joie dans la charité, voilà ce que Dieu nous enseigne par sa Parole. Puissions-nous, après l'avoir lue, la mettre en pratique!

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SUR LA MONTAGNE AVANT LE CHOIX DES APÔTRES
LUC, VI, v. 12 à 19.

 

La nuit, sur une montagne de Galilée; le silence. Jésus est seul. « Il se retira », dit Luc, La pensée de ses disciples l'accompagne. Demain Il veut faire parmi eux un choix, dont dépendra l'avenir de son Église. Alors plus que jamais Il a besoin de se rapprocher de son Père. Certes Celui-ci est toujours avec lui : « Moi et le Père nous sommes un », dit-il. C'est l'Esprit de Dieu qui dicte ses paroles et c'est sa puissance qui opère par lui des guérisons. Mais le Fils de Dieu, le Saint, le juste, éprouve le besoin Intense de ces heures de recueillement dans le tête-à-tête avec son Père. Il prie sur la montagne pendant la nuit.

Quel exemple et quelle bénédiction! Dieu veut nous ouvrir comme à son Fils, et par son Fils, les trésors de sa communion. Créatures d'un jour, souillées par le péché, nous pouvons comme le Sauveur et par sa grâce nous retirer comme lui dans la solitude pour prier, et Dieu nous entend. Parfois c'est dans l'intimité de notre chambre, d'autres fois c'est dans le calme de la nature ou dans la nuit, aux heures d'insomnie. À notre timide appel, l'amour du Père répond.... que dis-je ? il nous attend, il vient à notre avance. Dans l'adoration nous répandons tout notre coeur devant Lui; et si, faisant taire tous les bruits humains, rejetant toute distraction, toute pensée étrangère, notre âme se met aux écoutes, elle peut entendre la voix divine, être conduite et dirigée par elle.

Seigneur Jésus-Christ! c'est par ton intercession, ta prière à toi, que cette joie infinie peut être accordée à ceux que tu as appelés à te connaître et à te servir. Oh! dans ta miséricorde, donne-la nous!

Au matin Jésus retrouva ses disciples et choisit douze d'entre eux qu'Il voulait préparer au ministère apostolique. « Ils sont ici seulement destinés à une ambassade à venir », dit Calvin; il ajoute plus loin : « Le Maître céleste a voulu les façonner et conduire petit à petit, vu que leur rudesse et ignorance n'a pas pu même être corrigée par une si longue instruction et discipline. » Tout au long des récits évangéliques nous verrons comment Jésus-Christ fit l'éducation de ses douze compagnons de prédilection. Hélas! s'il y avait parmi eux un Simon surnommé Pierre, Jean, celui que Jésus aimait et Jacques, son fidèle frère, Lévi surnommé Matthieu, et les autres, il y avait aussi judas l'Iscariot, celui qui devait le trahir.

Le Maître, fortifié et rafraîchi par sa nuit de prière, reprend son ministère d'amour.

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LE SERMON SUR LA MONTAGNE
LUC, VI, v. 20 à 36.

Saint Luc devait connaître ce joyau de l'Évangile selon Saint Matthieu. Dans la fin du chapitre VI Il s'est servi de cet évangile ou a puisé aux mêmes sources que Saint Matthieu.

Certainement les deux évangélistes ont condensé, en un seul discours, des enseignements successifs de Jésus que Luc a davantage résumés. Il ne donne par exemple que quatre béatitudes au lieu de huit, et oppose les mots « Malheur à vous » à « Heureux »; ce que Matthieu ne fait pas à la même place. Ces divergences sont superficielles, le fond reste le même.

Tout d'abord c'est l'idée fondamentale que l'homme doit connaître sa pauvreté, sa misère devant Dieu, pour voir s'ouvrir le royaume divin. « Nul n'est pauvre en esprit » dit Calvin, « sinon qu'anéanti en lui-même, il se repose en la miséricorde de Dieu ».

C'est le paradoxe de l'Évangile. Pour connaître la joie suprême, « la vraie joie », dira Saint François d'Assise, il ne faut mettre sa confiance en aucune des joies humaines. Si tu te sais misérable et nu devant Dieu, si tu as faim d'autre chose que des plaisirs et des bonheurs qui passent; si tu pleures non seulement sur tes deuils et ta souffrance, mais sur ton péché qui t'éloigne de Dieu; si tu es persécuté, bafoué à cause de Jésus-Christ, alors réjouis-toi! Ton Seigneur te donnera sa paix, sa miséricorde, sa joie. Heureux es-tu!

Mais si tu jouis égoïstement des biens de ce monde et de leur gloire, si tu te confies en toi-même, en ton intelligence, en tes richesses, en ta puissance, en ton ambition, malheur à toi! Comme dirait le prophète, tu t'abreuves « à des citernes crevassées » au lieu d'aller à la source d'eau vive qui seule peut étancher ta soif. Pendant que la tempête souffle sur le monde, n'as-tu pas compris que toutes les choses humaines sont fragiles, passagères, et ce qui seul demeure, c'est ce que Dieu donne aux mains infirmes et maladroites qui se tendent vers Lui.

Le vrai chemin c'est celui de l'amour. Comprends-le et apprends de moi à aimer, dit ton Sauveur.

Seigneur! J'ai cru recevoir de toi cette grâce. Il me semblait presque simple et facile de demeurer dans l'amour. Il est doux d'aimer ceux qui nous aiment et qui t'aiment. Si parfois un nuage passait entre eux et moi, je savais bien qu'il serait dissipé... Mais aujourd'hui mon âme est profondément troublée. Aimer mes ennemis, je comprends ce que cela comporte.

Est-ce là ce que Tu nous demandes ? Pouvons-nous haïr le mensonge, la violence, la cruauté, et aimer ceux qui répandent autour d'eux la terreur, semant la haine, tuant la liberté, pervertissant les esprits ? Comment séparer entièrement le mai de ceux qui le commettent ? (1)

Père! tu vois ma faiblesse, mon désarroi. Par la grâce du Sauveur qui, crucifié, a prié pour ses bourreaux, viens à mon aide, et Toi-même triomphe en mon âme. Père apprends-nous à aimer, non pas seulement comme des païens, des hommes naturels, mais à aimer de ce surnaturel amour que Jésus-Christ seul peut mettre dans les coeurs, nous souvenant que Tu nous as aimés Toi-même le premier, nous qui ne sommes que souillure et que misère devant Toi.

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LE SERMON SUR LA MONTAGNE (suite)
LUC, VI. v. 37 à 45.

Le Sauveur montre à ses auditeurs les hauts sommets de la vie spirituelle et de l'amour, mais Il veut aussi les conduire par les chemins de l'existence quotidienne. Il sait de quoi nous sommes tous faits : capables un jour, grâce à Lui, de monter sur les cimes, et le lendemain trébuchant dans les sentiers caillouteux de la plaine.

Aimer, c'est doux, c'est facile, avons-nous dit. Mais notre affection pour ceux qui nous entourent manque de la miséricorde dont use à notre égard le Dieu tout-puissant et tout-saint, Nous sommes si sensibles à leurs maladresses, à leurs erreurs, à leurs fautes! Une parole de critique acerbe ou de mauvaise humeur est si vite sortie de nos lèvres! Et, même quand nous nous taisons, notre conscience, si Indulgente pour nous, s'érige en Juge pour autrui, un juge sévère et sans bonté comme sans humilité. Ayons le courage de nous regarder en face dans le miroir de la Parole de Dieu et de voir la poutre qui obscurcit notre vue et bien souvent nous empêche de discerner la beauté que Dieu a mise dans les âmes.

Nos milieux religieux ont aussi parfois le même rigorisme pharisaïque, le même jugement sans aménité que ceux du temps de Jésus. Voulant conduire les autres sur la voie droite, nous les entraînons dans le fossé comme des aveugles.

Le divin Jardinier vient chercher des fruits dans nos jardins. Que d'épines Il y rencontre : amours-propres froissés, piqûres d'épingles, que l'orgueil envenime, compassion hautaine accompagnée de critique, parfois de médisance, incompréhension réciproque, rivalité. « Plus facile est d'oeuvre juger qu'il n'est à l'oeuvre besogner », dit un vieux proverbe français. Saint Paul écrivait aux Philippiens : « Que l'humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes », et il parlait aux Corinthiens de la charité « qui croit tout, espère tout, supporte tout ».

« Si vous savez ces choses », dit le Seigneur, « vous êtes heureux, Pourvu que vous les pratiquiez. »

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LA MAISON BÂTIE SUR LE ROC
LUC, VI, v. 46 à 49.

 

« Celui qui entend mes paroles et les met en pratique est semblable à un homme qui, bâtissant une maison, a creusé bien avant et a posé le fondement sur le roc. »

Bâtir sa maison sur le roc! Quelle actualité dans cette Image pour nous qui avons vu toutes les constructions humaines s'effondrer sous l'assaut de la tempête. L'Église, institution divine, est demeurée debout, parfois tremblante et chancelante, mals résistant à l'orage, et offrant à nos âmes l'abri de nos murs établis sur le roc de l'obéissance à la Parole et à la volonté de Dieu. Soyons reconnaissants d'appartenir à cette Église et d'être ses enfants, Travaillons à- réparer ses brèches, à étendre son Influence, à la défendre si elle est attaquée, à la réveiller quand elle s'assoupit, à être fidèle avec elle au témoignage qu'elle doit rendre à Jésus-Christ son Chef, son Sauveur.

Mais d'autres maisons se bâtissent autour de nous. Chacune de nos vies, chacune de nos personnalités peut être la maison de l'Éternel, un temple à sa gloire.

Un mot nous frappe dans la parabole : « creuser, creuser bien avant ». Nous pouvons donc quelque chose pour donner à notre existence un point fixe qui demeure malgré tous les orages. Nous ne sommes pas les jouets d'une puissance aveugle, d'un destin mystérieux... Certes c'est Dieu qui nous a choisis, qui nous appelle à Lui. Il est le roc; Il nous donne les matériaux de construction, la force de bâtir. Instruments adaptés par Lui à leur tâche, souples et obéissants dans la main qui les emploie, nous ne devons pas être passifs, mais actifs, persévérants, laborieux, creuser, creuser bien avant jusqu'au roc solide, écouter, mettre en pratique.

Qui chantera la beauté de l'effort inspiré, fortifié par Dieu ? L'effort dans la sanctification, la croissance vers cette « stature des enfants de Dieu » dont parle l'apôtre; l'effort dans le travail consciencieux et fidèle qu'on cherche à étendre, à perfectionner chaque jour; l'effort dans le service du prochain, essayant de l'aider à trouver le roc, à bâtir sa maison. « Une âme perdue, une seule, c'est une grande ruine aux yeux de Dieu », a dit Godet; et cette ruine, ce désastre, si nous n'avons rien fait pour les prévenir, nous en sommes en partie responsables. L'effort renouvelé chaque matin par la prière, constamment recommencé et poursuivi pendant la journée, et puis, au soir, humblement l'abandon complet de tout entre les mains du Père. « Il est bon d'être lassé et fatigué par l'inutile recherche du vrai bien », disait Pascal, « afin de tendre les bras au Libérateur ».

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LE CENTENIER DE CAPERNAÜM
LUC, VII, 1 à 17.

Un miracle qui a de nouveau pour cadre Capernaüm. C'est une réponse à la foi, à une foi profonde, directe, simple. C'était pourtant un païen d'origine, un officier de l'armée d'occupation, ce centenier. Mais il avait su se faire aimer des juifs qui l'entouraient, par sa générosité, par lé bien qu'il avait fait dans la situation délicate qu'il occupait. Aussi ce sont des Israélites qui, allant à l'avance de Jésus sur le chemin de la ville, le supplient de guérir le malade.

Mais le centenier, apprenant la chose, envoie une délégation d'amis auprès de Jésus avec ce message : « Seigneur! ne prends pas tant de peine; car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. Aussi ne me suis-je pas jugé digne d'aller auprès de toi; mais dis une parole, et mon serviteur sera guéri. Car moi-même qui suis un homme soumis à la puissance d'autrui, j'ai sous mes ordres des soldats. Je dis à l'un : « Va! » et il va; et à l'autre : « Fais cela! » Et il le fait.

« Je ne suis pas digne », parole de l'humilité profonde. Le centenier sait que des préjugés de race pourraient empêcher Jésus d'entrer chez lui. Ce n'est pas à cela qu'il fait allusion, mais au sentiment de sa culpabilité personnelle devant la sainteté divine. Aucun des Juifs n'a encore eu ce sentiment-là comme lui, parce que peut-être aucun n'a encore vu en Jésus aussi pleinement la puissance de Dieu. « Dis une parole. » Une parole, un mot, de loin... Après la Pâque, pour convaincre ses disciples incrédules, Thomas tout spécialement, Jésus devra leur montrer les cicatrices des clous dans ses mains et ses pieds. Sans rien voir, sans que le Seigneur approche son serviteur, le centenier sait que celui-ci sera guéri. Il croit tout simplement d'une foi directe, entière.

Dans sa vie militaire il a appris la discipline, l'obéissance prompte qui ne discute pas les ordres; il connaît les responsabilités du commandement aussi, Il trouve tout naturel d'appliquer cela à la vie spirituelle. Soldat loyal, il s'engage dans la cohorte de Jésus-Christ. Saint Paul, qui connaissait cette histoire, pensait peut-être au centenier quand il disait à Timothée: « Souffre avec moi comme un bon soldat de Jésus-Christ. »

Peiné par les raisonnements rabbiniques et les arguties des pharisiens, trouvant dans la foule un enthousiasme sans lendemain, et même parmi ses disciples de l'incompréhension et de l'incrédulité, Jésus admira cette foi, « s'en émerveilla », dit Calvin, et la cita en exemple à ceux qui l'entouraient, Matthieu, exprimant encore plus complètement la pensée du Sauveur, parle de ceux qui venant de l'Orient et de l'Occident seront à table dans le royaume des cieux. Les récits missionnaires nous font comprendre aujourd'hui cette parole. Devant la foi de païens d'hier, nous nous sentons à notre tour émerveillés et humiliés.

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LA RÉSURRECTION DU FILS DE LA VEUVE DE NAÏN
LUC, VII, v. 11 à 17.

 

Ce récit pourrait être dédié aux mères. Il montre chez le Sauveur non seulement une compréhension complète des souffrances de nos deuils humains, mais encore une compassion toute particulière pour la douleur des mères privées de leurs enfants,

On imagine la scène dans la petite ville blottie dans un repli des collines, non loin de Nazareth. Jésus entouré de ses disciples va y entrer après une longue marche dans la campagne. Le bruit des lamentations et le son lugubre de la flûte se font entendre; sortant de la porte de la ville un cortège s'avance : une femme, une veuve, les vêtements déchirés, des cendres sur ses cheveux épars, soutenue par ses compagnes, marche derrière le cercueil porté par des jeunes gens. Toute la population de la petite ville suit.

Le Seigneur s'est arrêté au bord du chemin. S'il est un sentiment humain dont Il a compris toute la douceur et la force, c'est certainement l'amour d'une mère. Il est le Fils de Dieu, mais Il est aussi le Fils de Marie, simple femme comme celle-ci, et Il la verra un jour pleurer au pied de sa croix. Peut-être songe-t-Il en ce moment à toutes les âmes féminines qui seront déchirées par la même souffrance, et qu'Il veut à l'avance rassurer et consoler. Il est le Prince de la vie. Aussi, se penchant sur le cercueil du jeune homme, Il le toucha et lui paria : « Il le rendit à sa mère », dit éloquemment l'évangéliste.

« Il le rendit à sa mère! » Un jour dans ce royaume des cieux où il n'y aura plus ni deuil, ni larmes, ni séparation, les mères désolées retrouveront leurs enfants envolés. C'est la merveilleuse promesse que ce miracle extraordinaire, la première résurrection opérée par le Sauveur, nous apporte. Mais il dit encore autre chose. À côté de l'immense armée, toujours plus nombreuse, des mères que la mort a séparées de leurs enfants bien-aimés, il y a aussi l'autre armée douloureuse, celle des femmes qui voient se perdre ici-bas les fils qu'elles aiment plus que leur propre vie, Il y a toutes les Sainte Monique pleurant sur les entraînements, les fautes, les débauches de leurs enfants prodigues. « Il le rendit à sa mère. » Serrant dans le trésor de leur coeur ce verset, elles persévèrent dans l'angoisse et la prière, demandant à Dieu de ramener leurs fils dans la voie droite et de les sauver. Et le Seigneur qui, à la porte de Naïn fut bouleversé de compassion devant la douleur d'une femme, entend ces supplications et les apporte au Père des miséricordes, en les enveloppant de sa divine Intercession.

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LA VISITE DES DISCIPLES DE JEAN-BAPTISTE
LUC, VII, v. 18 à 35.

 

Jean-Baptiste ayant dénoncé à Hérode son péché, avait été enfermé dans la forteresse de Machéronte, au-dessus de la mer Morte. Il y recevait les visites de ses disciples, et les bruits du dehors venaient jusqu'à lui. C'est ainsi qu'il entendit parler du ministère de Jésus en Galilée, de ce ministère plein d'amour mais sans éclat, et le doute commença probablement à s'insinuer dans son esprit.

Certes, au bord du Jourdain, il avait salué en Jésus celui qu'il annonçait : « Voici l'agneau de Dieu qui Ôte le péché du monde », avait-il dit un jour en montrant le Sauveur. Mais depuis lors il avait souffert, il avait longuement attendu; Satan rôde autour des serviteurs de Dieu aux heures d'épreuve, essayant d'apporter le trouble dans leurs âmes. Jean avait-il espéré que la puissance de Jésus le délivrerait de la prison, ou avait-il eu comme tant d'autres avant lui la conception d'un Messie glorieux libérant son peuple de la domination romaine ? Nous ne saurions le lui reprocher. Dans son esprit angoissé, les questions se posaient. Jésus au désert avait triomphé du tentateur. Jean, le vaillant lutteur, allait-il, en proie au même adversaire, succomber ?

Le Baptiste demande alors à deux de ses disciples d'aller vers Jésus, lui faire part du doute qui le tourmente. La réponse du Sauveur nous étonne d'abord. Il n'essaie pas de rassurer le précurseur. Devant les envoyés, Il guérit des malades, des sourds, des aveugles, Il montre la simplicité de son ministère. Jean-Baptiste avait dit : « Le royaume de Dieu est proche ». Or il est annoncé aux pauvres, aux petits ce royaume. Il est sans gloire humaine ou passagère, son domaine c'est le coeur des hommes, et c'est par le sacrifice de son Roi qu'il y régnera.

Jean-Baptiste fut-il tranquillisé, apaisé par les récits de ses disciples? L'Évangile ne le dit pas. Resté sur le seuil de lanouvelle alliance, n'ayant pas vu se réaliser ce qu'il avait annoncé, ne pouvant comprendre ni l'originalité du christianisme, ni cette victoire réelle dans la défaite apparente, qui est sa caractéristique, le Précurseur fut du moins fidèle jusqu'au bout au message qu'il avait apporté, et Il paya de sa vie son témoignage.

Après le départ des envoyés, Jésus se tournant vers la foule essaie de lui faire comprendre la leçon de cette vie de Jean et le privilège de ceux qui, après avoir entendu la prédication du Baptiste, peuvent écouter celle du Fils de l'homme.

Hélas! ses auditeurs étaient, comme nous le sommes si souvent nous-mêmes, semblables à des enfants jouant sur les places publiques, sans vouloir obéir au rythme du jeu. Nous nous disons chrétiens, chrétiennes et dans l'épreuve nous attendons de Dieu des délivrances humaines. La leçon de la sagesse divine s'apprend peu à peu, par et dans la souffrance.

LA PÉCHERESSE PARDONNÉE
LUC, VII, 36 à 50.

Ce récit est un des plus connus, des plus fréquemment commentés parmi ceux du Nouveau Testament. Il a même parfois été travesti par la littérature et l'imagination humaine.

L'atmosphère de pureté, qui entoure la personne du Sauveur comme l'auréole placée autour de sa tête, par les peintres primitifs, cet air vivifiant qui souffle dans les évangiles, est étrange pour nos poumons habitués aux miasmes de notre vie civilisée. Facilement nous dénaturons ce que nous ne comprenons pas... Essayons donc de nous recueillir devant cette page de Saint Luc et d'accueillir la leçon qu'elle nous apporte.

Le pharisien drapé dans sa propre justice a cru faire grand honneur à Jésus en l'invitant chez lui. Il a jugé qu'il était inutile de lui prodiguer les marques de courtoisie réservées aux hôtes de distinction. Il est surtout curieux de savoir si le Rabbi de Nazareth dont on parle tant est un prophète. Quand, dans la maison respectable du pharisien, pénètre une femme à l'inconduite passée notoire, Il s'étonne et s'irrite. Jésus a-t-il compris qui elle était ?

La pécheresse a déjà rencontré le Sauveur, et, parce qu'elle l'a vu, parce que d'un mot, d'un geste, d'un regard Il a illuminé son âme, elle a cru tout simplement en Lui, en sa miséricorde, en son amour. Elle ne demande rien. Son coeur est labouré par le repentir, un pauvre coeur de femme meurtri, piétiné par les hommes, mais capable du plus grand amour; elle ne se laisse pas arrêter par les mépris de ceux qui l'entourent. Elle ne voit que Jésus, elle va droit à Lui, répand son parfum et ses larmes aux pieds du Sauveur! Elle se tient humblement derrière Lui sans rien dire. Il est là, cela lui suffit.

Regardons à Jésus. Il est d'abord silencieux. Il accepte l'hommage de la pécheresse, le repas de Simon!... Mais quand Il lit le doute, l'irritation, le mépris dans l'âme du pharisien, Il lui raconte la parabole du créancier et des débiteurs; Simon, Incrédule, satisfait de lui-même mais honnête, répond droitement à la question du Seigneur. Alors celui-ci, sans s'adresser encore à la femme prosternée à ses pieds, essaye d'ouvrir les yeux de son hâte.

Ne l'entendons-nous pas nous parler à nous-mêmes : « Vous croyez être justes, accomplir mes commandements, vivre dans la morale, dans une certaine dignité apparente et extérieure. Vous êtes tentés de vous glorifier de votre nom de chrétiens, de ce que vous appelez votre vie chrétienne. Mais avez-vous compris le don inestimable que je vous ai fait en vous pardonnant votre péché, en vous attirant à moi ? Cette femme que vous auriez jugée sévèrement, à qui vous n'auriez peut-être pas ouvert la porte de votre maison, a saisi ce don dans sa plénitude. Elle m'aime entièrement, sans rien demander d'autre que de m'offrir le sacrifice de son amour et de sa foi dans toute leur humble ferveur. Ceux et celles qui lui ressemblent vous précéderont dans le royaume de Dieu. »

Dans la salle du banquet Simon a baissé la tête. A-t-il compris la leçon du Seigneur ? Nous ne savons. Jésus s'est maintenant tourné vers la pécheresse : « Ma fille, ta foi t'a sauvée, va en paix. Je jette sur toi le manteau de ma justice et de mon pardon. »

Que d'âmes perdues selon le monde ont depuis saisi cette promesse, cette certitude et, par elles, trouvé le salut et la joie. Dieu en soit béni!


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(1) Il faut se souvenir que ces pages ont été écrites pendant la guerre et sous l'occupation.

 

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