Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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MÉDITATIONS EN MARGE DE L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC


LA FAMILLE DE JÉSUS
LUC, VIII, v. 1 à 3 et 19 à 21.

 

Sa famille spirituelle, nous aimons à la suivre par la pensée sur les chemins de la Galilée : les douze, ceux que parmi ses disciples Jésus a choisis comme ses amis plus proches, ses élèves; puis quelques femmes. Saint Luc nous donne leurs noms : Marie, originaire du bourg de Magdala, au bord du lac, pauvre démoniaque tourmentée qui avait trouvé, grâce au Seigneur, la délivrance, le calme, l'équilibre. Une ferveur reconnaissante l'attachait à Jésus; c'est elle qui dans le jardin de Joseph d'Arimathée sera la première à le voir, au jour de sa résurrection. Ensuite deux grandes dames : Jeanne, la femme et probablement la veuve d'un intendant d'Hérode; Suzanne; nous ne savons que les noms et le fait qu'elles assistaient le Seigneur de leurs biens. Elles lui épargnaient les soucis matériels, employant leur activité, leur ingéniosité féminine à rendre moins dures pour Lui les allées et venues incessantes de cette vie nomade.

Petit cortège uni, joyeux, sortant au matin d'un village pour retrouver sur les routes la foule des éclopés, des infirmes, des malheureux, qui attendent le divin Guérisseur. Ce sont ces amis proches du Sauveur qui recueillent ses enseignements et, par les récits des évangélistes, nous les transmettront. Dans quelques mois, malgré les dangers et l'opposition des chefs de la nation, ils suivront le Maître à Jérusalem, reconnaissables au milieu des Judéens par l'accent rude de leur parler galiléen. Les femmes, plus courageuses, iront jusqu'au bout, même quand Jean s'enfuira et que Pierre reniera son Maître. Au pied de la croix elles seront encore là, et Luc, toujours sensible à leur présence, la notera.

Heureuses êtes-vous, vous qui avez pu alléger la fatigue du Sauveur au soir d'une de ses laborieuses journées, préparer son gîte, son frugal repas, raccommoder ses vêtements. Toute l'humble tâche féminine, faite de soins obscurs, d'inlassable dévouement, en est illuminée et sanctifiée.

Il y avait une autre famille, celle de Nazareth. Probablement Joseph était mort; il n'est plus question de lui dans aucun des évangiles après le voyage de Jésus à Jérusalem à douze ans Mais il restait Marie, les frères du Sauveur dont l'un, Jacques. sera un des premiers témoins après la pentecôte, et ses soeurs. « Ses frères ne croyaient pas en lui », dit Saint Jean. Leur démarche racontée par Saint Luc avait certainement pour but d'empêcher Jésus de se compromettre davantage dans son ministère. Ils savaient l'opposition des Pharisiens et des prêtres et craignaient pour lui. Chez Marie probablement la tendresse maternelle et craintive mettait dans l'ombre sa foi et le souvenir des merveilles de jadis.

Famille spirituelle, famille naturelle, Jésus les aimait toutes deux du plus tendre amour. Mais Il voulait éveiller chez ses auditeurs le sens de ces liens invisibles formés par une communion d'âme, dans l'obéissance à la volonté de Dieu. Matthieu et Marc, précisant la pensée du Sauveur plus encore que Luc, disent : « Quiconque fait la volonté de mon Père, celui-là est mon frère et ma soeur et ma mère. » Marc ajoute même que Jésus, regardant ses disciples et les montrant à la foule, dit encore : « Voici ma mère et mes frères. »

De simples hommes et femmes encore ignorants, si mal dégrossis au point de vue spirituel, des pécheurs comme nous, admis dans l'intimité du Seigneur par sa grâce, parce qu'ils sont venus à son appel et veulent le suivre. Si nous faisons comme eux, nous sommes aussi de sa famille, nous avons la joie, la douceur d'être pour lui un frère, une soeur. Quelle lumière merveilleuse sur nos obscurs sentiers!

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LA PARABOLE DU SEMEUR
LUC, VIII, v. 4 à 18.

Autour de la famille spirituelle de Jésus, du petit groupe des disciples, la foule va et vient sans cesse, Le Sauveur la regarde avec compassion, mais aussi avec mélancolie. Parmi ses auditeurs d'un jour, combien il y en a-t-il qui comprendront son message et se l'approprieront ?

Alors Il se met à leur parler en paraboles. « Le mot grec parabole désigne l'action de mettre côte à côte deux objets dans le but de les comparer. L'un de ces objets est le récit fictif d'un événement emprunté à la vie ordinaire ou à la nature, et qui n'a d'autre but que de présenter à l'esprit une vérité religieuse ou morale qui est comparée, assimilée à l'événement. » (Bonnet.)

Le langage oriental et celui des primitifs emploient souvent ces similitudes, ces comparaisons, mais les paraboles de Jésus, cadrant si bien avec la vie de ses auditeurs, si profondes et si simples en même temps, sont une des merveilles de l'Évangile.

« Un semeur sortit pour semer. » Peut-être sous les yeux de la foule un cultivateur jetait-il ce jour-là dans un champ voisin le blé qui devait lever au temps de la moisson. Tous connaissaient le geste, tous devaient le comprendre; ils avaient vu la semence foulée aux pieds le long du chemin, picorée par les oiseaux, poussant trop vite sur les terrains pierreux, séchant au soleil ou encore étouffée par les épines. Le divin Semeur regardant ses auditeurs attentifs en apparence, cherchait le bon terrain, celui où le grain lève, grandit, mûrit, produit du fruit.

Il continue à semer, par sa parole, et tant d'autres ouvriers après Lui, par Lui, en Lui, sont entrés dans le champ pour faire de même. Des moissons merveilleuses auraient dû pousser et couvrir la terre, au lieu de maigres épis que le Père récolte et met dans son grenier. Nos âmes ont été créées pour recevoir cette semence divine comme la terre pour recevoir le grain de blé. Mais que d'obstacles, que de déceptions! Jésus dans l'intimité les décrit à ses disciples, et nous nous reconnaissons bien dans le tableau qu'il fait des différents terrains. Nous sommes plus pauvres des grâces que nous avons laissé perdre que de celles que nous n'avons pas reçues. Que de fois la voix de Dieu s'est fait entendre à nous par sa Parole, par la bouche d'un de ses serviteurs, ou dans le silence de la communion avec Lui! Notre coeur a accueilli en tremblant d'émotion le grain merveilleux tombé de la main du Semeur et puis,... où en est à cette heure le fruit ?

« Prenez garde à la manière dont vous écoutez. On donnera à celui qui a, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a », dit le Seigneur.

LA TEMPÊTE SUR LE LAC
LUC, VIII, 22 à 25.

 

Le beau lac paisible et calme connaît de soudaines tempêtes comme notre vie. Plusieurs barques (d'après S. Marc), glissant sur l'eau, se rendaient sur la rive opposée à la Galilée, dans le pays des Gadaréniens. Jésus est dans l'une avec ses disciples. Il est fatigué, Il fait chaud, Il s'est endormi pendant que les autres ramaient. Tout à coup un tourbillon saisit le bateau, le vent souffle avec rage, les vagues s'élèvent, l'eau entre dans la barque qui menace de sombrer. Jésus dort toujours, ses compagnons pleins de frayeur le réveillent : « Maître, Maître, nous périssons! » Marc ajoute : « Sauve-nous! »

Pauvres créatures humaines, que si souvent la tempête secoue, nous connaissons aussi ces heures douloureuses et terrifiantes. La présence du Sauveur dans nos vies, dans nos familles, dans nos Églises, n'est pas une assurance contre le danger; et notre barque, secouée sur les vagues, paraît à notre foi chancelante près de s'engloutir dans les flots. Est-ce qu'Il s'est endormi, le Maître tout-puissant qui nous a dit : « Ne crains point, car je suis avec toi! » Non, son regard nous suit, mais Il demande à notre foi de faire l'effort de dominer la tempête par sa puissance à Lui, qui vient électriser notre faiblesse et chasser la peur.

La peur! la peur du danger, de la contradiction, de la souffrance, de la persécution; combien de fois n'a-t-elle pas arrêté l'élan des chrétiens et retardé la venue du Royaume! « Où est votre foi ? » nous dit Jésus. Pardonne-nous, Mettre, cette et misérable foi chancelante.

« Jésus menaça », (« tança », dit Calvin) les vents et la mer, le calme revint. Et non seulement, ajoute le Réformateur, « les vents et la mer, qui sont choses sans sentiment, obéissent au commandement de Dieu, mais aussi les Iniques en leur rébellion obstinée. Car quand Dieu veut apaiser et réprimer les tumultes de guerre Il n'amollit pas toujours les coeurs hautains des hommes en les réduisant à son obéissance; mais quelquefois Il fait, bien qu'ils soient fort envenimés et comme enragés, que toutefois les armes leur tombent d'entre les mains. Et ainsi est accompli ce passage du Psaume XLVI, v. 10 : C'est lui qui a fait cesser les combats jusqu'au bout de la terre. Il a brisé l'arc et Il a rompu la lance. Il a consumé par le feu les chars de guerre. »

Gens de petite foi, avons-nous fait nôtre cette promesse et attendons-nous de Dieu seul le grand calme désiré?

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AU PAYS DES GADARÉNIENS
LUC, VIII, v. 26 à 39.

On a de la peine à identifier exactement l'endroit où se passe cet étrange récit. La ville de Gadara était située loin du lac, à l'est du Jourdain; plusieurs manuscrits portent le mot Géraséniens au lieu de Gadaréniens. Peu importe. C'est en tous cas en face de la Galilée, sur ces falaises abruptes qu'on voit se dresser de l'autre côté de la mer de Tibériade. Ce pays était en partie occupé par des païens, comme toute la Décapole (pays des dix villes) qui l'entourait. La preuve en est ce troupeau de pourceaux, animaux que les Juifs avaient en horreur.

Jésus rencontre constamment des démoniaques sur son chemin. Les Israélites attribuaient à l'influence de Satan beaucoup de maladies comme l'épilepsie, l'hystérie, les dépressions nerveuses, la démence. Mais outre les manifestations de ces maladies il y a eu, au temps du Sauveur, des cas de possession auxquels Jésus croyait, et sur lesquels Il exerçait sa puissance. Il y en a encore. Lequel d'entre nous, regardant sincèrement au fond de lui-même, n'est pas amené à confesser qu'à certaines heures de son existence, il a été sous l'influence du Tentateur jusqu'à être possédé par lui et à ne pas savoir résister à la colère, aux mauvais sentiments, à la convoitise, à l'impureté peut-être. Possédés aussi le violent, le débauché, l'alcoolique, le pécheur impénitent. Ce qui a changé depuis le temps de Jésus, ce n'est pas la force du mal, plus grande que jamais aujourd'hui; c'est le manque de puissance de ceux qui se réclament du Sauveur et qu'Il envoie dans le monde comme ses témoins.

Le récit de Saint Luc, raconté avec quelques variantes par Saint Matthieu et Saint Marc est un de ceux qui montrent le mieux la bataille engagée entre le Seigneur et Satan. Le pauvre possédé répandait la terreur autour de lui. Comme la population avoisinante essayait de le dompter, sa fureur en était décuplée. Sa rencontre avec le Sauveur n'en est que plus dramatique, ainsi que le dialogue engagé entre le Fils de Dieu et lui.

L'histoire extraordinaire des pourceaux précipités à la mer a été interprétée de manières diverses. je me souviens de la réflexion d'un enfant, trouvant qu'il y avait là un gaspillage étrange. C'est peut-être ce qui paraît humainement un gaspillage qui est pour nous la leçon à retenir de cet Incident. Indirectement la présence de Jésus et son ordre aux démons amènent l'affolement et la mort des pourceaux. Cela nous rappelle sa parole : « Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi. Si on veut le suivre et lui obéir, il faut parfois délibérément tailler dans le vif, sacrifier telle source de gain ou de plaisir, telle occupation, telle relation, telle affection peut-être qui se met entre Lui et nous. Ce qui nous empêche de faire sa volonté, si légitime que cela puisse paraître aux yeux du monde, est pour nous comme le troupeau des Gadaréniens. Ceux-ci, effrayés des conséquences de la venue de Jésus, craignant d'avoir à changer leur manière de vivre s'ils l'écoutaient, se hâtèrent de lui dire de partir.

Seul le démoniaque délivré, reconnaissant, louant Dieu, restera en arrière quand la barque repartira, emmenant Jésus. Exemple vivant de la puissance et de l'amour du Maître, guéri, apaisé, il sera dans la Décapole un disciple, un évangéliste, un messager. Tant d'autres libérés de la puissance de Satan ont été à travers les siècles les plus fidèles témoins du Maître.

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LA FEMME MALADE ET LA FILLE DE JAÏRUS
LUC, VIII, v. 40 à 56.

 

C'est encore autour de la foi que se groupent ces deux récits, racontés par les trois évangélistes : Matthieu, Marc et Luc.

Jésus a retraversé le lac et retrouvé les foules de Galiléens enthousiastes. « Tous l'attendaient. » Un homme vient se jeter à ses pieds et renouveler une supplication rappelant celle du centenier. C'est un Israélite cette fois-ci, un personnage considérable dans la cité, un chef de la synagogue, surtout un père dans l'angoisse, dont la fille unique est près de mourir. Mais sa foi est moins sûre que celle du centenier, et probablement son humilité moins grande. Il ne se contente pas d'une parole, il va demander au Maître de venir chez lui. Aussi le Sauveur va-t-il utiliser les circonstances pour le mettre à l'épreuve.

Dans la foule qui le presse, Jésus a discerné la pauvre femme malade qui se cache honteuse, craignant de déranger le Seigneur et d'attirer les regards sur elle. Voici longtemps qu'elle souffre, qu'elle espère la guérison, Elle l'a attendue en vain des remèdes humains. Mais Jésus est là... Si elle parvient à toucher le bord de son vêtement, sans rien dire, le mal sera enlevé, Sa foi est simple : elle paraîtrait probablement obscure à Jaïrus. Nous sommes tentés de la juger mêlée de superstition; mals Jésus l'accepte; mystérieusement sa force pénétrant la malade la guérit. Il l'oblige alors à confesser cette foi et à proclamer devant la foule sa délivrance.

Un mot de Lui : « J'ai connu qu'une force était sortie de moi », nous donne le secret de ses miracles, Quand le Sauveur a guéri, quand Il a ressuscité, Il a fait passer quelque chose de Lui-même dans ceux qu'il approchait. Sa puissance n'était pas extérieure à Lui, un fluide dont Il s'emparât pour s'en servir. C'était son être même, la force divine de son amour qui se répandait ainsi au dehors; le Prince de la vie communiquait sa vie et se donnait à chaque pas comme Il devait se donner tout entier sur la croix. « Par tes blessures nous avons la guérison », avait dit Esaïe.

Jaïrus attendait et certainement trouvait le temps long. Jésus avait-il oublié l'enfant mourante, la fillette aimée qu'on essayait de disputer à la mort ? Tous les efforts avaient été vains. C'était trop tard. Inutile de déranger le Maître. Puisqu'Il n'a pas pu venir tout de suite, c'est fini.

Oh! l'impatience de notre foi chancelante qui ne sait pas attendre en paix l'exaucement et croire malgré les retards, malgré les avertissements contraires! « Ne crains point, crois seulement », pauvre âme lassée, découragée. Tu marches dans le tunnel, mais la lumière est au bout. Ton espérance est morte ?... Non elle dort seulement. Regarde à Jésus. Par Lui elle va revivre. « C'est en Dieu que mon âme se confie. C'est Lui qui est mon rocher et mon salut, ma haute retraite. »

Un jour tu connaîtras la joie de Jaïrus voyant aller et venir dans sa maison l'enfant qu'il avait crue perdue. Ne crains point crois seulement. Crois toujours.

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MISSION DES DOUZE APÔTRES
LUC, IX, v. 1 à 10.

 

Jésus les avait appelés à Lui, Il les avait choisis au milieu des autres disciples, Il avait essayé les mois passés de les former, Il allait maintenant mettre à l'épreuve leur obéissance, leur foi, leur zèle, en leur confiant une mission. Ils étaient autour de Lui, prêts au départ, sans bâton, sans sac, sans argent, sans provisions, voyageurs pacifiques entrant partout, hommes simples, rustiques. Chargés d'un pressant message, ils ne devaient pas s'attarder aux longues salutations orientales, mais pénétrant dans les maisons où ils étaient accueillis, y annoncer la bonne nouvelle du Royaume. Le Maître les bénissant leur donnait le pouvoir de guérir les maladies et de chasser les démons.

Nous les voyons ainsi en tournée d'évangélisation deux par deux. Simon Pierre le passionné, le bouillant, marche avec son frère André plus calme. Les deux fils de Zébédée, pêcheurs aussi, mais d'un rang plus élevé, vont ensemble. Philippe, un des premiers appelés, s'associe avec Barthélemy; Thomas le positif est avec Lévi-Matthieu, l'ancien péager; Jacques, fils d'Alphée, avec Thaddée. Enfin deux disciples venus de loin : Simon le zélote et Judas, originaire de Kérioth, une bourgade de Judée. Ils apprendront ainsi ce qu'est le travail en collaboration.

Les voici sur les routes et dans les villages de Galilée, s'asseyant dans les plus humbles demeures. Leur renommée va jusqu'à la cour d'Hérode Antipas, qui, effrayé, croit à la résurrection de Jean-Baptiste. Ces timides, ces ignorants qui hier encore manquaient de foi, sont revêtus de la puissance d'en haut, parce que le message du salut leur a été temporairement confié par leur Maître. Certes, nous le savons par la suite de leur histoire, ils n'ont pas encore reçu le Saint-Esprit qui après la Pentecôte régnera dans leurs âmes. Demain ils se retrouveront autour de leur Maître, le comprenant souvent très mal, faibles, mêlant leurs ambitions humaines et leurs jalousies à leur affection pour Lui et à leur ferveur. Mais pendant cette mission ils sont ses envoyés, ses ambassadeurs, ses représentants, et ils réussissent dans leur entreprise. Quand ils reviennent autour de Lui, fiers et heureux, Jésus les prend à l'écart. Il leur a fait entrevoir leur mission future, Il va continuer à les y préparer.

Dans toute la Galilée la renommée de Jésus et de ses disciples s'étend toujours davantage. Auprès des fontaines où se rassemblent les femmes, ou près des synagogues où les hommes se groupent, on parle d'eux. On discute si c'est Élie qui est revenu, ou si un des prophètes est ressuscité. La multitude toujours plus dense suit Jésus dans les campagnes où il se retire.

Et dire qu'aujourd'hui la prédication de l'Évangile fait si peu de bruit autour de nous! Le message est resté le même... Est-ce la faute de ceux qui le portent, s'il paraît avoir perdu de sa puissance? « Vous êtes le sel de la terre », a dit Jésus. «Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Il n'est plus bon qu'à être jeté et foulé aux pieds par les hommes. » Parole terrible! Aie pitié, ô Dieu de tes serviteurs médiocres qui ne peuvent rien que par Toi!

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MULTIPLICATION DES PAINS
LUC, IX, 10 à 17.

Deux multiplications des pains successives sont racontées dans les évangiles de Matthieu et de Marc; et Jean en rapporte une aussi avec détails. Luc le médecin que. les guérisons intéressent tant et qui aime les conter longuement passe assez vite sur ce nouveau miracle étrange. Il ne nous parle pas de la compassion profonde qui animait l'âme de Jésus quand Il voyait autour de Lui les multitudes affamées qu'Il aurait voulu nourrir du pain de vie.

Ce jour-là c'était près de Bethsaïda que la foule avait suivi Jésus. Le soir descendait sur la campagne et les disciples inquiets se posaient la question : « Comment nourrir tant de gens; cinq mille personnes, hommes, femmes, enfants ? » Eux-mêmes n'ont que de maigres provisions, cinq pains, deux poissons...; qu'est-ce que cela?

Pas plus que sur le bateau, dans son sommeil, pendant la tempête, Jésus n'oubliait ici le monde matériel au sein duquel Il vivait. Si à Satan dans le désert Il avait répondu : « L'homme ne vivra pas de pain seulement », Il avait mis au centre de sa prière cette requête : « Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien. » Elle nous montre avec quelle sympathie, quelle compréhension, le Fils de Dieu partageait nos soucis et nos angoisses humaines.

Il va donc par un miracle d'amour nourrir la foule et, en même temps, par une leçon de choses, une parabole vivante, montrer à ses apôtres et à ceux qui leur succéderont quels doivent être le rôle et l'action de l'Église dans le monde.

Le Sauveur a rarement prononcé ce mot : l'Église. Matthieu nous rapporte seul sa parole à Pierre - «Je bâtirai mon Église », mais bien des enseignements de l'Évangile au sujet du Royaume de Dieu se rapportent à l'Église telle que le Sauveur désirait la voir dressée.

Jésus aurait pu sans le secours des Douze nourrir la foule directement. Il renonce à le faire, emploie le peu qu'ils lui apportent, et entre ses mains bénies, ce pain et ces poissons se multiplient. Passant dans les rangs, les apôtres les distribuent : « Donnez-leur vous-mêmes à manger », dit le Sauveur.

À travers les siècles il en sera de même pour l'Église. Si jalousement elle garde pour elle le pain de vie, elle le verra s'épuiser. Mais si, plaçant son trésor entre les mains du grand Multiplicateur, fidèlement elle donne aux multitudes ce pain reçu de Lui, elle verra la nourriture devenir toujours plus abondante et répondre toujours davantage à la faim des âmes. Parole vivante, Jésus veut s'incarner constamment dans le message de son Église et c'est par elle qu'Il veut nourrir les multitudes. « Donnez-leur vous-mêmes à manger », dit-Il sans cesse à ses serviteurs troublés de voir la foule affamée, sans direction, sans espérance. « Allez, enseignez toutes les nations », dira-t-Il aux derniers jours de sa présence terrestre.

Heureuse l'Église si elle a conscience à la fois des besoins du monde qui l'entoure et de sa pauvreté à elle, et si elle attend du Sauveur, humblement et fidèlement, la nourriture bénie qu'elle apportera à la foule! Missionnaire, évangéliste, elle vivra.

Et c'est dans l'ordre et la discipline qu'elle travaillera. Jésus a ordonné aux disciples de faire asseoir les gens par cinquantaines et d'aller ainsi de groupe en groupe pour la distribution. L'anarchie dans l'Église n'est pas dans le plan de Dieu. Tout doit y être ordre, harmonie. Travailler ensemble, chacun à sa place, collaborant avec amour à l'oeuvre d'amour, être les messagers, les « porteurs du Christ », comme disait Tertullien, quel plus beau labeur à entreprendre!

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ÊTRE UN DISCIPLE
LUC IX, v. 18 à 27.

L'Église sera formée des disciples du Sauveur. Mais qu'est-ce donc qu'être un disciple ? Jésus va l'enseigner aux siens dans l'intimité, un jour où la foule ne sera pas là. En allant à Césarée de Philippes, dira Marc tandis que Luc explique seulement que le, Seigneur s'est retiré à l'écart avec son entourage ami.

Tout d'abord Jésus questionne ses disciples afin de savoir ce qu'Il est pour eux. Ils lui rapportent les bruits qui circulent : Il est Jean-Baptiste, ou Élie, ou l'un des prophètes, Alors la question directe : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Pierre l'impétueux répond : « Tu es le Christ de Dieu! » Matthieu lui fait ajouter : « Le Fils du Dieu vivant. » Il y a une allégresse dans cette réponse de l'apôtre; comme Zacharie auprès du berceau de Jean-Baptiste, comme Siméon tenant l'enfant divin dans ses bras, Pierre, dans un mouvement de l'Esprit, salue en Jésus le libérateur de son peuple, le Messie attendu depuis tant de siècles. Fiers d'être ses disciples, de prendre part au salut d'Israël, le petit groupe des fidèles s'incline devant son Seigneur. Demain ils iront proclamer la vérité qu'Il leur a fait connaître.

Non, Jésus qui les envoyait évangéliser il y a quelques semaines, leur recommande maintenant de se taire. Chose étrange et qui nous déconcerte d'abord comme eux. Mais le Maître sait qu'ils n'ont pas encore compris pleinement sa mission divine. Ils croient l'accompagner dans son triomphe, le Christ, l'Oint de Dieu! « Portes, élevez vos linteaux! Élevez-les, portes éternelles, laissez passer le Roi de gloire », a chanté le Psalmiste... Et c'est vers la souffrance, vers les persécutions qu'ils vont. Jésus commence à les avertir de ce qui l'attend; au bout du sentier, Il leur montre la croix qui se dessine sur le ciel. Pour être disciple il faut accepter cela. Le Seigneur prend le chemin douloureux et c'est là qu'il faut le suivre. « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se charge chaque jour de sa croix et qu'il me suive. »

Comme elle dut paraître austère et mystérieuse à ces pêcheurs galiléens et à ces simples femmes, cette leçon suprême de l'Évangile! Renoncer à soi-même, abdiquer, ne plus vivre pour soi, « être prêt à être anéanti, pour que Dieu vive et règne en nous »; porter vaillamment sa croix : les grands déchirements et les petites difficultés quotidiennes, les douleurs, les contradictions, les outrages. « Quoique Dieu charge la croix tant sur les mauvais que sur les bons, toutefois il n'y a que ceux qui baissent volontiers les épaules de qui on puisse dire qu'ils portent la croix. Voilà donc la patience des fidèles de s'assujettir d'un franc courage à porter la croix que Dieu leur met sur les épaules (Calvin). »

Il fallut toutes les souffrances et les angoisses du Vendredi saint, la lumière de Pâques et l'illumination du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte, pour que le petit groupe intime, Jean, Pierre, Marie de Magdala, saisît dans sa plénitude la vraie signification du mot disciple et toutes les exigences de l'Évangile à cet égard. Et nous, autant qu'eux obtus, lents à croire, pénétrés de nous-mêmes, il nous faut suivre la même route et passer aussi de la mort à la vie : « Quiconque ne porte pas sa croix et ne me suit pas ne peut être mon disciple. »


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