Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



MÉDITATIONS EN MARGE DE L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC


LA TRANSFIGURATION
LUC, IX, v. 28 à 36.

 

Il faut probablement situer ce récit sur le mont Hermon. Sa haute silhouette couronnée de neige se dessine au nord du lac de Génésareth. Dans le voyage que Jésus et ses disciples avaient fait jusqu'à Césarée de Philippes Ils s'étaient probablement arrêtés au retour au pied de la montagne.

Jésus recherche la solitude et emmène ses apôtres les plus proches : Pierre, Jacques et Jean, avec lui. Comme au soir de Géthsémané, ces trois jeunes gens sont appesantis par le sommeil et s'endorment. Ils savent que leur Maître puise sa force dans ces nuits de prière; peut-être parfois leur esprit a-t-il essayé de sonder le mystère de cette communion avec Dieu. Pour eux, ce soir, et pour nous avec eux, le voile va s'entrouvrir. « Les choses cachées appartiennent à l'Éternel notre Dieu, mais les choses révélées sont pour nous. » (Deutéronome XXIX, 29.) Il y a des heures où, devant les yeux éblouis de tel de ses enfants, le Seigneur montre un reflet de sa gloire. « Tandis que Jésus priait, dit Saint Luc, son visage parut tout autre et son vêtement devint d'une blancheur éclatante. »

Réveillés les disciples étonnés, stupéfaits, contemplent ce spectacle étrange et merveilleux. Leur Maître n'est plus le rabbi galiléen qui, vêtu comme eux, les pieds pleins de poussière, parcourt les sentiers de la campagne. Près de Lui, rayonnant de la splendeur de Dieu, les deux héros de l'Ancien Testament Moïse et Élie s'entretiennent avec Lui. Les apôtres suivent la conversation. Il y est question du prochain départ pour Jérusalem et de ces souffrances mystérieuses auxquelles Jésus avait fait allusion à Césarée-de-Philippe.

La gloire du ciel inonde la montagne, et pourquoi ?... pour aboutir à la vision de cette mort ignominieuse! Oh! cela ne sera pas. Pierre s'adresse à Jésus : « Il fait bon ici; restons-y. Permets que j'y dresse trois tentes, » Le ciel s'est ouvert au-dessus de leurs têtes; pauvres hommes, ils voudraient toujours avoir les yeux fixés sur ce spectacle magnifique et demeurer là.

Alors la nuée les couvrit et ils eurent peur. Ce n'est pas encore l'heure de contempler l'invisible. Ce qu'il faut, c'est saisir la déclaration du Père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le », et suivre ensuite Jésus seul, Jésus le Fils de l'homme, le Maître de Nazareth, qui les a appelés à Lui. Saisis de crainte, les trois disciples descendirent des hauteurs sans parler à personne de ce qu'ils avaient vu. Beaucoup plus tard, écrivant sa deuxième épître, Pierre revient sur ce souvenir et dit : « Nous-mêmes nous avons entendu cette voix venant du ciel quand nous étions avec Lui sur la sainte montagne. »

À travers les siècles, sous des formes diverses, les serviteurs de Dieu ont eu parfois des visions rappelant, de très loin, mais rappelant quand même, celle de la transfiguration : Étienne et Saint Paul, Saint Jean dans l'île de Pathmos, Saint François d'Assise et Jeanne d'Arc, Pascal, Adolphe Monod, et combien d'autres encore, nous ont transmis l'écho d'heures merveilleuses où le ciel leur a paru tout proche. De modestes chrétiens inconnus, se taisant par humilité, auraient peut-être pu en faire autant. Dieu dans sa miséricorde infinie permet quelquefois aux pauvres yeux humains d'entrevoir comme dans un éclair, la splendeur vers laquelle Il veut que nous marchions. Minutes bénies entre toutes! Leur souvenir reste dans les âmes comme une espérance quand la nuée vient et replonge les pèlerins dans la nuit terrestre. Mais Jésus reste, Jésus est là.

« Le chrétien (j'entends : celui qui descend de la sainte montagne), non seulement a vu Jésus là-haut sur les sommets rayonnants de la pureté et de la bonté, mais il ramène Jésus avec lui et ne s'en sépare jamais. Le combat qu'il livre sans cesse, il ne le livre pas seul; il a Jésus pour renouveler ses armes, pour diriger ses plans, pour panser ses blessures et le consoler même dans ses défaites. » (Benjamin Couve.)

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EN DESCENDANT DE LA MONTAGNE
LUC, IX, v. 37 à 50.

Ils redescendaient tous les quatre vers la plaine; Jésus pensif marchait devant, Pierre, Jacques et Jean le suivant silencieux. Avec impatience on les attendait. La foule, une fois de plus, la foule agitée, houleuse, se porte au-devant du Maître. Elle discute avec bruit. Un enfant démoniaque est là, secoué de violentes crises; depuis plusieurs heures le groupe des disciples demeurés en bas essaie en vain, impuissant, de chasser ce démon. Le pauvre père angoissé se précipite vers Jésus pour lui expliquer la scène.

Là-haut c'était la paix, la gloire de Dieu, la sérénité du ciel retrouvée; en bas c'est la terre, son tumulte, ses laideurs, ses souffrances. Si en lisant ces pages de l'Évangile nos âmes saisissent en tremblant ce contraste, quel devait-il être pour Celui qui venait de respirer à nouveau, pendant quelques heures, l'atmosphère de sa Patrie bénie!

Maintenant Il sentait passer sur Lui et l'envelopper le souffle vicié de ce monde qu'Il était venu sauver. Le péché humain et ses douloureuses conséquences étaient étalés devant le Seigneur dans toute son horreur.

« 0 race incrédule et perverse! s'écrie le Maître, jusques à quand serai-je avec vous! jusques à quand vous supporterai-je!» La coupe est toute pleine, l'âme du Sauveur déborde de dégoût et d'angoisse. Mais son amour est le plus fort. « Il guérit l'enfant et le rendit à son père. »

La foule a compris. C'est Dieu qui est en Jésus de Nazareth. Elle se réjouit. Il a vaincu le mal... Mais le Sauveur regarde ses disciples qui ont pitoyablement échoué dans leur mission. Il essaie de leur montrer une fois de plus le chemin du sacrifice; ils ne comprennent pas; ils ont peur de l'interroger; le grand mystère de la Rédemption leur est encore caché. Comme ils sont faibles et comme nous les sentons proches de nous, même Pierre, Jacques et Jean qui n'ont pas saisi la leçon des heures passées sur la montagne! Voyez, des ambitions personnelles les possèdent encore. Lequel est le plus grand parmi eux ? Vanités humaines, concurrence, désir de domination, que de fois dans sa lutte contre les démons l'Église a été arrêtée par cela! Que de fois la foule la regardant a pu dire : « J'ai prié tes disciples de le chasser; ils n'ont pas pu. »

Jésus prit un petit enfant, le mit auprès de Lui et leur dit:
« Celui qui reçoit ce petit enfant en mon nom me reçoit et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m'a envoyé. Car celui qui est le plus petit entre vous tous, C'est celui-là qui est le plus grand»

Être petit, rester petit! Combien de temps, d'épreuves, de douleurs nous faudra-t-il, Seigneur Jésus, pour apprendre de Toi la suprême leçon de l'humilité ?

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VERS JÉRUSALEM
LUC, IX, v. 51 à 62.

« Le temps où Jésus devait être enlevé du monde approchait. Il prit résolument le chemin de Jérusalem. »

Le ministère galiléen se termine; les doux horizons du lac disparaissent. Quand le Sauveur y reviendra, ce sera comme en passant. Si Saint Luc note trois fois qu'à des moments divers Jésus se dirige vers Jérusalem (IX, 51 ; XIII, 22; XVII, 11) il fait de cette ville le centre d'attraction de l'histoire évangélique durant cette période de la vie du Sauveur. « Saint Luc entendait mettre toute cette section sous le signe de Jérusalem et de la Passion. Cette orientation du ministère de Jésus n'est pas sans émouvoir, Elle donne à tout l'enseignement quelque chose de plus pathétique et de plus émouvant », dit le Père La grange.

Désormais les discours et les paraboles deviendront dans le récit de l'évangéliste plus nombreux que les miracles et les guérisons. Plus que limais ceux qui suivront le Maître seront des voyageurs et des pèlerins, et l'hostilité des pharisiens, adversaires de Jésus, grandira autour d'eux.

Entre la Galilée et la Judée un des deux chemins fréquentés alors comme aujourd'hui passe par la Samarie. Le pays est déjà plus rude; les gens l'étaient aussi. Séparés des Juifs par leurs traditions religieuses, frères bâtards de la révélation d'Israël. une grande hostilité éloignait ces Samaritains des Judéens, Aussi quand Jésus et le cortège de ses disciples demandèrent à une de leurs villes de les recevoir un soir, comme ils se rendaient à Jérusalem, on le leur refusa. C'est alors qu'éclate le zèle intempestif de Jacques et de Jean, ce zèle ardent qui, sans la prudence de l'Esprit, « n'est que bouillons qui s'en iront à la fin en écume » (Calvin), ce zèle amer qui a été si souvent semence de persécutions, de violence, de haine, au nom même du Dieu d'amour. « Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés », leur dit Jésus. « Pour nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères », écrira, de longues années plus tard, le même apôtre Jean, quand le Saint-Esprit, l'Esprit du Christ, dominera son âme.

Les trois conversations qui nous sont ensuite rapportées se sont engagées au bord du chemin. Le premier interlocuteur, un scribe (dit Matthieu), habitué probablement à l'étude, au calme travail intellectuel, est mis par Jésus en présence de la vie errante et nomade du Fils de l'homme. A-t-il réfléchi, pesé le sacrifice demandé ? Est-il prêt à ne pas savoir où reposer sa tête? Luc ne nous donne pas sa réponse.

Au second, Jésus adresse spontanément Lin appel; lui désire obéir, mais il a un vieux père qu'il voudrait d'abord ensevelir... Non, la mission que le Seigneur donne doit passer avant tout, même avant les plus légitimes devoirs humains.

Le troisième est plein de bonne volonté, mais marchande son acceptation : « je viendrai plus tard, permets que je fasse autre chose d'abord. » Atermoiements, regrets, Jésus n'accepte rien de semblable. Pour être propre au Royaume de Dieu il faut résolument mettre la main à la charrue, comme Lui-même résolument se dirige vers Jérusalem où plus tard se dressera sa croix.

Terribles exigences de l'Évangile! Le Seigneur sait où le bât nous blesse, où le renoncement parait douloureux. Chacun de ceux qui veulent le suivre doit passer Individuellement par ce chemin-là. Les protestations de fidélité, les émotions religieuses, les bons désirs, ne valent pas grand-chose. Obéissance, acceptation tranquille des sacrifices demandés, et jour après jour, marcher derrière Lui là ou Il veut bien nous mener, ainsi formera-t-Il ses disciples.

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L'ENVOI DES SOIXANTE-DIX DISCIPLES
LUC, X. 1 à 20.

Luc place l'envoi en mission des soixante-dix disciples probablement au moment de l'entrée de Jésus en Judée. Il est le seul évangéliste à rapporter ce récit, et les recommandations qu'il met alors dans la bouche de Jésus sont celles que Marc et surtout Matthieu font adresser aux apôtres. Il en est de même pour les reproches aux villes impénitentes de la Galilée que Matthieu relate à un moment où Jésus n'avait pas encore quitté ce pays. Certainement Luc ne suit plus de très près dans son évangile celui de Marc et se fie alors davantage aux récits des témoins qu'il a interrogés, Beaucoup des pages de son livre sont désormais originales et complètent les écrits de ses prédécesseurs.
Peu importent d'ailleurs le temps et le lieu où Jésus envoya ces soixante-dix disciples. Derrière ce groupe d'israélites probablement Galiléens pour la plupart, gens simples et frustes qui allaient préparer son ministère en Judée, nous voyons comme en une grande fresque tous les fidèles pionniers de l'Évangile à travers les âges. Eux aussi errants et pauvres, agneaux au milieu des loups, marqués par Dieu de son sceau, ont annoncé sans trêve : « Le Royaume de Dieu est proche ». Saint François d'Assise et Pierre Valdo, Farel et Félix Neff, Livingstone et Coillard, des riches plaines de l'Ombrie aux vallées abruptes des Alpes, aux forêts vierges de l'Afrique.... la magnifique cohorte des messagers de Dieu, « la nuée de témoins », les ouvriers de la récolte divine apportant leurs gerbes aux pieds du Maître de la moisson.

Il y a de la joie dans le récit de Saint Luc. C'est pleins d'allégresse que les soixante-dix reviennent vers Jésus, lui disant : «Seigneur, les démons mêmes nous sont assujettis en ton nom» et Jésus leur répond cette phrase mystérieuse et prophétique : «Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair. » Oh! Seigneur Jésus-Christ, à certaines heures le poids de ce monde de péché t'oppressait jusqu'à la plus intense souffrance, mais ce jour-là, c'est l'espérance, la certitude de ta victoire à laquelle tu veux associer tes serviteurs, qui soulève ton âme! Tu les as vues, tu les a contemplées à l'avance, ces multitudes de toutes nations et de toutes langues que tu donnerais à tes disciples le pouvoir de t'amener. Loué sois-tu!

Mais il y a aussi dans cette page de la sévérité et de la tristesse. Cette Galilée où Jésus vient de vivre les mois passés, ces villes où Il a séjourné, qui ont pu entendre son enseignement et contempler ses miracles, elles ne l'ont pas accepté pour leur Sauveur. Curiosité, enthousiasme, effervescence, reconnaissance d'un jour; puis le lendemain tout est oublié. Capernaüm au bord du lac continue son trafic, Chorazin et Bethsaïda ne sont pas converties... Quel avertissement actuel et terrible! « C'est un point bien digne d'être noté, dit Calvin, que la profanation des dons de Dieu ne demeure jamais impunie, et que selon que chacun en aura eu davantage il sera aussi puni plus grièvement, s'il pollue et profane vilainement les grâces que Dieu lui avait données. » Veillons et prions pour ne pas tomber dans la tentation.

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L'ÉVANGILE RÉVÉLÉ AUX PETITS
LUC, X, 21 à 24.

Un autre sujet de joie pour le Sauveur : dans cette Judée où les prescriptions rabbiniques dénaturent la loi de Dieu à force de la surcharger, Jésus proclame que l'Évangile qu'Il apporte est révélé aux petits et aux simples, et que si on vient à Lui en toute humilité, par Lui on connaîtra le Père.

Y a-t-il là une glorification de l'ignorance comme on a voulu parfois le dire ? Le Seigneur du ciel et de la terre a-t-il placé l'homme au milieu de ces merveilles pour qu'il ne cherche pas à en pénétrer les secrets; lui a-t-il donné une Intelligence pour qu'elle se rouille sans servir comme un instrument inutile?

Nous savons bien que ce n'était pas là la pensée de Jésus. Mais si le domaine de la spéculation, de la recherche, de la découverte, reste ouvert, vaste comme le ciel devant les esprits humains, Il y a aussi celui de la Révélation. L'homme le plus intelligent ne peut expliquer le miracle de l'Incarnation ni celui de la Rédemption; il ne peut que croire tout simplement comme un enfant. C'est là la merveilleuse originalité de l'Évangile; il est pour tous, savants et ignorants, grands et petits, riches et pauvres, pourvu qu'ils passent et les uns les autres par la porte étroite de la repentance et de la foi.

Certes cette foi peut s'exprimer en des termes différents selon qu'elle est celle d'un théologien constamment penché sur les mystères de Dieu, celle d'une salutiste cherchant les brebis perdues, celle d'une modeste femme de ménage qui ne sait que prier, ou celle d'un petit enfant ouvrant son âme toute neuve à la lumière de Dieu. Mais c'est la foi toute nue, l'acceptation entière, l'abandon complet entre les mains du Seigneur. Elle seule compte; les systèmes et les dogmes sont comme les béquilles qui soutiennent sa démarche chancelante, Mais ils ne sont pas elle, la foi donnée par Dieu, reçue de Lui, retournant à Lui.

J'ai connu un célèbre chimiste qui me disait un jour : « Notre intelligence ne pouvait saisir Dieu, Il s'est fait homme pour que nous puissions le connaître et l'aimer. » J'ai connu un philosophe émérite qui écrivait en parlant de Jésus : « Le Christ est plus près de nous que nous-mêmes. Il est plus au fond de nous que nous-mêmes. C'est une présence de tous moments. » Et j'ai vu, avec quelle profonde émotion, de petits enfants aller au Sauveur pour être bénis par Lui.

« Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez! » Oh! Seigneur! comment ne te rendrions-nous pas de continuelles actions de grâce pour ce don de la foi que tu répands si librement sur ceux qui te le demandent. Seigneur, nous Croyons, aide-nous dans notre incrédulité!

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LE BON SAMARITAIN
LUC, X, 25 à 37.

Après la foi, par la foi l'amour...

Quand on a suivi la route qui descend de Jérusalem à Jéricho à travers des gorges arides, parfois étroites, on comprend ce que pouvait avoir de réel et de vivant pour les contemporains de Jésus la parabole du Bon Samaritain. Encore aujourd'hui, un voyageur isolé suivant cette route risque d'être attaqué en chemin. D'un fait divers tout ordinaire comme ceux que le public aime à lire dans les journaux quotidiens, le Sauveur a su tirer un de ses enseignements les plus nécessaires et les plus précieux.

Un docteur de la loi interroge Jésus. Nous les verrons souvent en Judée poser des questions au Maître, ces scribes versés dans l'Écriture, qui scientifiquement la connaissent si bien et spirituellement la comprennent si mal.

Celui-ci pourtant, devant la réponse de Jésus : « Tu veux hériter la vie éternelle; la loi de Dieu est là pour l'instruire; qu'y lis-tu ? » résume parfaitement cette loi. L'amour pour Dieu total, entier, peut-être croit-il le posséder. Seul l'Éternel lisant dans son coeur pourra le juger à cet égard, mais ce prochain qu'il doit aimer comme lui-même, quel est-il ?...

Génération après génération, les hommes ont cherché la solution de ce problème, et il y en a peu qui l'aient trouvé complètement. N'y a-t-il pas en chacun de nous un peu du prêtre et du lévite? Si à certaines heures le Bon Samaritain domine, si notre coeur est bouleversé de compassion devant telle ou telle misère, combien de fois aussi ne nous détournons-nous pas de la malheureuse victime des brigands! Dieu met son amour dans nos coeurs, mais les préjugés humains, la vie qui marche et nous entraîne, la tâche qui nous est donnée et prend le plus clair de notre temps, nous empêchent de nous arrêter au bord de la route pour ramasser les blessés et panser leurs plaies. Nous passons journellement auprès de grandes détresses morales ou physiques sans les deviner ou les remarquer.

Qui est mon prochain ? ou plutôt : de qui suis-je le prochain ? De tous ceux que Dieu place sur le sentier de ma vie; en premier lieu de ceux qui m'entourent et que je dois constamment envelopper de douceur, de patience, d'amour, supporter, aider. je voudrais mieux savoir deviner les blessures secrètes qu'ils portent, vaillamment peut-être. Ensuite les autres, ceux qu'on appelle les indifférents et qu'on croise sur son passage. Puis-je d'un mot, d'un sourire, mieux encore d'une intercession cachée, leur faciliter la route, les rapprocher du Sauveur Enfin ceux qui souffrent et qui se perdent. Oh! l'immense armée douloureuse et misérable... Jésus les embrassait tous dans sa compassion miséricordieuse. Hélas! mon coeur et mes bras sont trop étroits pour cela, mais quand l'un d'eux est là... Oh! mon Dieu, apprends-moi à l'aimer comme moi-même, à le secourir et essayer de le consoler comme je désire être moi-même secourue et consolée dans mes détresses. Et les Samaritains, ceux que tant de choses humaines et légitimes paraissent séparer de nous. Être le prochain de l'ennemi des siens, Seigneur, est-ce possible ?

Mon Dieu, ta loi est difficile. Apprends-nous à en sentir toute la grandeur et à te demander chaque jour la force de lui obéir.


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