Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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MÉDITATIONS EN MARGE DE L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC


LE FEU SUR LA TERRE
LUC, XII, 49 à 59.

 

« Je suis venu jeter le feu sur la terre. »
Le feu réchauffe, mais consume et purifie aussi. l'Évangile n'est pas seulement une lumière à la clarté de laquelle il fait bon marcher dans le sentier tracé par Dieu. C'est encore autre chose : c'est une flamme dévorante qui doit peu à peu détruire en nous et autour de nous tout ce qui n'a pas le droit de vivre.

En nous d'abord : notre âme est un champ de bataille, Il n'y a pas d'armistice possible avec le péché. Il faut que Dieu règne, et s'Il règne Il chasse impitoyablement ce qui s'oppose à sa puissance. L'opération est douloureuse et doit être cent fois reprise et continuée. Bénissons Dieu de ce qu'Il coupe, taille et brûle ainsi en nous, souvent dans l'épreuve et la souffrance.

Autour de nous ensuite. Jésus, qui l'avait expérimenté, ne le cache pas à ses disciples. À cause de Lui, de sa volonté, de ses appels, une division peut se produire au sein de la famille en apparence unie. « Christ qui est proprement auteur de paix, par la malice des hommes est fait occasion de troubles », dit Calvin.

À l'exemple de son Seigneur, l'enfant de Dieu peut être obligé d'entrer dans la lutte contre ceux qu'il aime. Que doit-il faire ? D'abord s'éprouver soi-même pour être sûr que sa volonté propre, se déguisant sous le vêtement de la volonté divine, n'intervient pas dans la bataille, Mais quand le devoir est impératif et que c'est Dieu qui ordonne, aller de l'avant sans hésiter, dans un esprit de douceur, de pardon, de désintéressement complet. La flamme qui brûle doit être pure et s'élever vers le ciel. C'est la flamme de l'amour.

Il en est de même dans le monde. Les chevaliers de Dieu sont appelés au combat. lis sont aussi appelés à souffrir. lis ne doivent pas courber la tête devant les manifestations de Satan. C'est l'épée de l'Esprit qui a mené toutes les grandes batailles contre les diverses formes du mal : alcoolisme, immoralité, haine de race, mensonge, amour de l'argent, etc... Et Il y a toujours eu des blessés parmi les grands héros chrétiens. Mais que leur importe!

« Acceptez d'être mal jugée, rejetée, déshéritée, calomniée. Acceptez tout pour l'amour de Jésus-Christ. Et vous deviendrez une femme puissante et utile au Royaume de Dieu », écrivait la noble Blanche Peyron à une de ses filles spirituelles!

« Si le monde est doux pour toi, pense que Jésus-Christ est plus doux encore. Si le monde est amer à ton égard, console-toi; le Christ a supporté pour toi toutes les amertumes. » (Saint Augustin.)

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À PROPOS DE CATASTROPHES
LUC, XIII, 1 à 9.

Une catastrophe qui bouleverse les esprits autour de Jésus, un de ces faits divers douloureux dont tout le monde parle. On le raconte au Maître; les juifs, en général, croyaient (le livre de Job et l'histoire de l'aveugle-né (Jean, IX) nous le montrent) qu'un grand malheur était le châtiment d'une faute particulière. Il est si facile d'accuser son prochain, même en le plaignant!

Jésus saisit cette occasion et celle d'un autre incident tragique arrivé depuis peu (nous n'avons pas de détails sur ces malheurs) pour faire un appel direct et puissant à la conscience de ceux qui l'écoutent et Il illustre sa pensée par une parabole.

Il y a des paraboles de grâce : celles de la brebis perdue, de l'enfant prodigue; mais dans celle du figuier stérile, c'est une parole d'avertissement sévère que nous entendons.

Le figuier est en Orient un arbre magnifique, un des plus utiles et qui souvent donne ses fruits plusieurs fois dans l'année. Celui-ci planté par le Maître du jardin, reste stérile, inutile malgré les soins de trois années. Le peuple de Dieu, auquel depuis tant de siècles l'Éternel a donné sa loi, envoyé des prophètes, prodigué son amour, a-t-il porté du fruit? Le temps de la patience divine n'est-il pas pour lui terminé ?

Le temps de la patience divine... Comme les Israélites à l'époque de Jésus, nous sommes menacés de le voir prendre fin. Où sont les fruits de paix, de joie, de douceur, de bienveillance portés par ce monde créé par amour et qui vit dans la haine? Ne mérite-t-il pas de voir souffler sur lui le vent terrible de la tempête qui peut l'emporter au loin et le détruire ? « L'ire de la colère de Dieu vient contre les rebelles », disaient les Réformateurs.

Mais le divin jardinier fait entendre sa voix. Son intercession s'élève vers le Dieu saint qui est aussi le Père des miséricordes. Encore cette année, un temps de répit!... Au nom du Seigneur Jésus-Christ, ô notre Dieu, aie pitié de nous, aie pitié de l'humanité dont nous sommes et ne la détruis pas encore. Par ta grâce le figuier stérile peut encore porter des fruits! Père! c'est pour ta gloire que nous t'implorons. Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

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ENCORE UNE GUÉRISON
LUC, XIII, 10 à 17.

 

Ce récit nous rappelle le chapitre VI de Saint Luc et la guérison de l'homme à la main sèche, ainsi que les enseignements du Sauveur à propos du sabbat.

Des mois se sont écoulés depuis lors. Jésus a continué à exercer son ministère errant; où se trouve-t-Il en ce moment ? Est-ce en Judée, en Galilée ? Nous l'ignorons, mais la puissance du Guérisseur est restée la même et l'antagonisme des chefs du peuple et des pharisiens contre Lui n'a fait que grandir. On a l'impression qu'ils guettent le Sauveur, prêts à le prendre en faute dès qu'ils croient la chose possible, l'on voit petit à petit s'approcher le moment où la jalousie et l'envie, transformées en haine, décréteront l'arrestation du Sauveur et dresseront sa croix.

Dans la synagogue d'une des villes où Jésus passe, un jour de sabbat. Tant qu'Il enseigne devant l'auditoire attentif on ne Lui dit rien. Mais quand, dans sa compassion toujours active, Il guérit une pauvre femme, l'hostilité se déclare et une fois de plus la discussion reprend entre le Maître et ses adversaires.

Deux paroles nous frappent dans ce récit, toutes les deux prononcées par Jésus. La première, lapidaire, adressée à l'infirme : « Tu es délivrée. » Le Seigneur a rarement employé ce mot délivrance. Il exprime pourtant merveilleusement son action libératrice dans tous les domaines, et a pour nos oreilles le son pur et argentin d'une cloche dans la campagne. La délivrance! Les prophètes l'avaient annoncée : « Bientôt celui qui est courbé sous les fers sera délivré », disait Esaïe. Zacharie l'a chantée au seuil de l'Évangile, et Saint Paul, reprenant cette idée et l'élargissant, nous montre la création tout entière soupirant après cette délivrance « de la servitude de la corruption pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu ».

Seigneur Jésus-Christ, tu es le vrai, l'unique Libérateur du mal, du péché, de la souffrance, de toutes les servitudes.
L'autre parole, contenue dans la réponse de Jésus au chef de la synagogue, concerne encore la femme malade. Il la nomme « cette fille d'Abraham ». Ainsi Il justifie tout d'abord par cela même la sympathie qu'Il lui a témoignée. Ce qu'un Israélite fait tout naturellement pour une part de son bien, pour le boeuf ou l'âne qu'il emploie, ne doit-il pas le faire pour quelqu'un de sa race et de sa famille? Son Interlocuteur doit le comprendre. Mais il y a là quelque chose de plus. Les adversaires de Jésus se glorifiaient d'être les descendants d'Abraham; le Maître le leur a plusieurs fois reproché, ne trouvant pas dans leur esprit l'héritage spirituel du grand ancêtre.

D'autre part, avec leurs préjugés pharisaïques, Ils devaient doublement mépriser la malade : c'était une femme, et, de plus, une infirme « tenue dans les liens de Satan depuis dix. huit ans », Mais le Sauveur, de son regard clairvoyant, a lu dans cette âme. Il a discerné en elle la foi, l'obéissance qui ont fait d'Abraham le Père des croyants et font d'elle son héritière, sa fille. Jésus par sa parole, non seulement redresse la taille courbée, mais encore Il donne à cette femme et à tant d'autres filles du patriarche leur place dans l'Israël nouveau, dans l'Église. Luc est le seul évangéliste à raconter cet épisode. Il aime une fois encore à mettre en lumière l'attitude de Jésus envers les femmes et cette compassion toujours prête à s'exercer vis-à-vis de celles qui souffraient.

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DEUX COURTES PARABOLES
LUC, XIII, 18 à 28.

 

Deux images, deux tableaux, dont la précision et le pittoresque devaient faire comprendre aux auditeurs de Jésus les vérités profondes qu'Il leur enseignait.

Le sénevé d'abord. Au bord de nos chemins et dans nos champs nous rencontrons cette plante commune à fleurs jaunes, de la famille des crucifères et qui n'atteint pas un mètre (80 cm.) en France. En Orient, elle pousse bien davantage, devient touffue comme un arbuste et les oiseaux peuvent nicher dans ses branches. Sa semence est pourtant très fine, presque imperceptible, comme celle de l'ancolie par exemple.

Merveilleuse prophétie de l'histoire de l'Église! La loi des petits commencements a été une de celles qui ont constamment réglé le développement du Royaume de Dieu. Autour de Jésus, quand la foule s'est dispersée, il reste une poignée de fidèles. Au jour de la Pentecôte, ils étaient encore en petit nombre dans la chambre haute, et peu à peu la plante en grandissant a étendu ses rameaux. Chaque communauté chrétienne a, par le Saint-Esprit, fait la même expérience. Le petit groupa réuni autour de Lydie, au bord de la rivière, est devenu le belle Église de Philippes, la joie et la couronne de l'apôtre Paul Lui-même écrivait aux Corinthiens : « Parmi vous qui êtes appelés Il n'y a pas beaucoup de sages selon la chair ni beaucoup de nobles. » Ainsi la prédication de l'Évangile s'est répandue peu à peu en Europe.

Au temps de la Réforme, en 1509, Lefèvre d'Étaples expliquait l'épître aux Romains à Saint-Germain-des-Prés. Appelé à Meaux par Briçonnet, il évangélisa quelques pauvres tisserands qu'on appelait « Bibliens ». C'est l'humble berceau de l'Église réformée de France. L'histoire des Missions continue de notre temps cette épopée. Nous-mêmes, quand Dieu nous a fait la grâce de nous appeler à participer à son oeuvre, n'avons-nous pas vu de très humbles commencements grandir et se développer sous son influence ? « Une chose faible, plus faible qu'un enfant, devient une chose forte pourvu qu'elle soit une chose vraie », a dit Carlyle. Le Saint-Esprit est grand bâtisseur des cathédrales de Dieu.

Deuxième tableau. Une femme travaille la pâte pour faire son pain. Elle sait bien que sans le levain celle-ci reste lourde et indigeste. C'est lui qui la fera lever, la transformera, la rendra excellente. Déposé par le message de Jésus dans la lourde pâte du monde, l'Esprit de l'Évangile l'a aussi transformée. L'histoire de la civilisation est là pour le certifier. Certes la puissance du mal a battu en brèche cette influence purifiante et sanctifiante; à certaines heures nous sommes tentés de nier tout progrès et de dire comme l'Écclésiaste : « Il n'y a rien de nouveau sous le soleil; ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera encore. « Pourtant que de conquêtes de l'amour dans le domaine social et charitable! L'Évangile reste encore et toujours la puissance de salut.

L'histoire des Missions est dans ce domaine une magnifique illustration : au Lessouto par exemple, où un siècle après l'arrivée du premier missionnaire, la guerre entre tribus, l'esclavage, l'oppression de la femme, le fétichisme avec ses conséquences avaient presque entièrement disparu; la race tout entière était transformée par la prédication de l'Évangile de Jésus-Christ!

Le Sauveur avait saisi cette réalité de son Église, plante de sénevé, levain du monde. Alors la bénissant à l'avance pour tout ce qu'elle serait en Lui, par Lui, pour Lui, Il lui décerne son titre le plus glorieux et l'appelle « le Royaume de Dieu».

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LA QUESTION DOULOUREUSE
LUC, XIII, 22 à 35.

Autour de ce Royaume de Dieu le monde demeure, et dans le sein de l'Église même l'influence de ce monde pénètre. La question posée à Jésus sur le chemin de Jérusalem reste tragique : « Seigneur, n'y a-t-il qu'un petit nombre de gens qui soient sauvés? »
Saint Paul et après lui les Pères de l'Église, Saint Augustin, Calvin et les Réformateurs, Port-Royal avec Pascal, les grandes âmes du catholicisme et les théologiens actuels ont essayé de donne des réponses diverses. C'est un des points d'interrogation douloureux qui se posent à la conscience des croyants et qui par des interprétations opposées les séparent entre eux.

Remarquons qu'ici encore Jésus, selon son habitude, n'a pas donné une réponse directe à la question, mais a ramené ses auditeurs sur le terrain pratique de la vie et non de la spéculation. « Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite », par ce chemin difficile de l'obéissance et de l'abandon complet à la volonté de Dieu. Calvin commence ainsi ce passage : « Quand Il dit qu'on tasche ou qu'on s'efforce, Il donne à entendre qu'on ne peut parvenir à la vie éternelle sans de grandes et merveilleuses difficultés. Que les fidèles emploient tout leur soin et leur diligence à ceci plutôt que d'être par trop curieux de la grande troupe de ceux qui s'égarent hors du chemin. »

Le Sauveur sait qu'il n'y a pas que de la curiosité dans la question douloureuse; loin de là. Il y a l'angoisse de la perdition des âmes, le désir intense du salut pour tous, la tristesse de penser à ceux qui sont dans les ténèbres. Aussi Jésus joint à son exhortation la promesse : « Il en viendra de l'Orient et de l'Occident, du Nord et du Midi, qui se mettront à table dans le Royaume de Dieu. »

Fions-nous à Dieu et saluons la bienheureuse espérance...

Dans la maison du Père, Lui seul peut compter ceux qu'il accueillera. Nous ne pouvons que travailler, prier et nous réjouir comme les anges du ciel de ce que les noirs et les jaunes, les enfants prodigues et les femmes perdues s'assoiront au banquet des noces de l'Agneau.

Jour de délivrance
Longtemps attendu.
Jour où la souffrance
Aura disparu.
0 jour salutaire
Où Dieu régnera,
Notre âme t'espère,
Notre oeil te verra.

Et les Juifs ? Ceux qui, groupés en ce moment même sur le chemin de Jérusalem, entourent le Maître ? La pensée de Jésus est ramenée vers eux par le conseil d'un Pharisien lui annonçant qu'Hérode veut le faire mourir. Le Seigneur se tourne vers la ville dont on veut l'éloigner. Plusieurs fois Il l'a visitée en lui apportant le message du salut. Demain elle va le repousser encore, comme elle l'a fait pour les prophètes qui l'ont précédé. « J'ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu! » Quelle tendresse, quelle douleur dans ces paroles, et pour nous quel nouveau sujet d'intercession que ce peuple de Dieu persécuté à travers les siècles et qui ignore encore son Sauveur... Mais Il le connaîtra et alors la fin viendra.

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À PROPOS DES REPAS
LUC, XIV, 1 à 24.

Il est question de repas tout au long de ce passage. D'abord Jésus est Invité chez un Pharisien d'importance (peut-être un membre du sanhédrin). C'est pour le Seigneur l'occasion d'une guérison; puis il donne aux invités une leçon d'humilité et à l'hôte une leçon de générosité. Enfin, à table même, raconte à ses auditeurs la parabole du grand festin.

« Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu », dit Saint Paul. Le Sauveur a en tout temps et tout lieu rempli ce programme. Ce geste de manger avec d'autres, si banal en apparence, parfois si grossier même, est pour Lui une occasion magistrale de faire connaître à ceux qui l'entourent la volonté de Dieu.

Il s'est assis à la table de Lévi, le péager méprisé. Avec la même simplicité, Il pénètre dans la demeure aristocratique de ce pharisien, ouverte un jour de sabbat. Probablement dès l'entrée, Il guérit l'hydropique et montre aux docteurs de la loi combien leur enseignement sur l'observation du jour de repos manque de justice et de charité.

Mais voici Jésus entrant dans la salle du banquet. Une foule d'amis de l'hôte s'y presse et cherche égoïstement, comme toute foule humaine, à s'emparer des meilleures places. Le Sauveur la contemple et au delà de la maison dans laquelle Il se trouve, Il voit le monde où constamment les faibles risquent d'être écrasés par les forts, où chacun ne pensant qu'à soi, essaie de se débrouiller, de parvenir, où règne trop souvent ce qu'on a appelé « la foire d'empoigne ». En sera-t-il de même parmi ses disciples ? Chercheront-ils à s'élever devant les hommes, à se mettre en avant? Le point d'interrogation est posé devant nos consciences.

L'égoïsme prend bien des formes et peut se draper même dans le manteau de l'hospitalité. « Quand tu donnes un dîner ou un souper, n'invite pas tes frères, ni tes amis, ni tes parents ni des voisins riches. » Maître! toi qui t'es assis au foyer de Marthe et de Marie, nous interdirais-tu la douceur de recevoir sous notre toit ceux que nous aimons ? Non. Jésus ne voulait pas nous enlever cette joie; mais ce qu'il enseigne ici à ses auditeurs, c'est le désintéressement dans l'amour, le don sans pensée de récompense, le bonheur d'ouvrir sa maison et son coeur largement, librement, sans préjugé, à tous ceux qui en ont besoin!

« Exercez l'hospitalité, dit l'auteur de l'épître aux Hébreux, c'est en la pratiquant que quelques-uns ont logé des anges. sans-le savoir. » Elle était bien évangélique cette coutume de l'ancienne France qui réservait à la table familiale la place du pauvre.

La pensée d'un des assistants s'élève alors jusqu'à la maison du Père et sa question donne à Jésus l'occasion de répondre par une parabole, celle du grand festin. Elle est destinée certainement d'abord au peuple juif, que Dieu n'a cessé depuis des siècles de convier au grand repas de sa miséricorde et de son amour. Israël a trouvé toujours des excuses pour se dérober à cette Invitation. Le temps est venu où les serviteurs du Maître iront au-dehors « dans les chemins, le long des haies », appeler les aveugles et les boiteux, ceux qui ne sont pas d'Israël mais, qui auront leur place dans le Royaume de Dieu.

L'Église de Jésus-Christ est maintenant l'héritière du peuple de Dieu. Elle est conviée au grand repas dans la maison du Père. Les invitations sont adressées individuellement et c'est individuellement que les réponses doivent venir; aucune excuse ne peut être acceptée. Chrétiens! attention. Mais ici le privilège est double. Appelés par Dieu, les serviteurs trouveront leur grande joie à aller de sa part convier, au près et au loin, tous ceux avec qui ils entreront dans la maison du Père. Au jour bienheureux, elle sera remplie de tous ses enfants.

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SUIVRE JÉSUS
LUC, XIV, 25 à 35.

De nouveau de grandes foules marchent derrière Jésus. Probablement elles appellent cela le suivre. Mais Lui connaît l'inconstance, la fragilité humaine. Une fois de plus, Il place devant ses auditeurs les exigences de l'Évangile, en leur demandant par deux paraboles successives de réfléchir et de « calculer la dépense » avant de se décider pour Lui. « L'enfer est pavé de bonnes intentions », dit le proverbe, et nos résolutions sont aussi nombreuses que les feuilles des arbres de la forêt, mais emportées aussi facilement qu'elles par les tourbillons de vent.

Le verset 26 a fait verser des flots d'encre et dressé contre l'Évangile bien des adversaires. (Matthieu le rapporte sous une forme adoucie.) Faut-il pour être disciple de Jésus renoncer à l'amour familial et en venir à haïr tous les siens ?

Jésus ne dédaignait pas le paradoxe pour exciter l'attention de ses auditeurs; Il parlait à des Israélites chez lesquels l'autorité paternelle était très forte, parfois tyrannique. Il y a quelques années, j'ai vu à Jérusalem un couple juif converti au christianisme et ayant fait baptiser son enfant, être pour cela rejeté et exclu de sa famille.

Ce que le Sauveur voulait souligner, c'est que l'amour de Dieu et le service de Jésus-Christ doivent passer avant tout dans la vie du chrétien; il y a des situations tragiques où ceci demande un sacrifice complet, déchirant, à celui ou celle qui veut obéir; ou encore l'acceptation silencieuse et sereine d'une épreuve constante.

« Haïr sa propre vie », « porter sa croix », suivre, comme dit l'Imitation de Jésus-Christ, « la voix royale de la Sainte Croix » : c'est l'expérience d'un Saint Paul qui pouvait dire aux Galates : « Dieu me garde de chercher ma gloire ailleurs que dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme moi je le suis pour le monde »; et plus loin : « Je porte en mon corps les stigmates de Jésus! » Notre grand Pascal écrivait aussi : « je ne vous demande ni santé, ni maladie, ni vie, ni mort... Donnez-moi, Ôtez-moi; mais conformez ma volonté à la vôtre, et que dans une soumission humble et parfaite, et dans une simple confiance, je me dispose à recevoir les ordres de votre providence éternelle et que j'adore également tout ce qui vient de vous. »

La vole de la croix! lis y marchaient les martyrs, les galériens pour la foi, les prisonnières de la tour de Constance. Passer par ce chemin abrupt et douloureux, le suivre jusqu'au bout, sans se plaindre et sans faiblir, c'est être le sel de la terre... Peut-être est-ce pour cela que si souvent le sel a perdu sa saveur.


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