Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



MÉDITATIONS EN MARGE DE L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC


LA BREBIS PERDUE
LUC, XV, 1 à 10.

 

Ce jour-là ce n'étaient pas particulièrement les infirmes et les malades qui entouraient Jésus, mais les péagers, les gens de mauvaise vie... Était-ce en Judée, en Galilée, dans Jéricho, la ville aux grandes palmes, ou à Capernaüm, la cité marchande où s'arrêtaient les caravanes, peu importe. Nous Imaginons facilement le tableau : les gens de plaisir et d'argent, foule tapageuse et vulgaire, ayant pactisé avec l'envahisseur. D'autre part les pharisiens, gens distingués pleins de décorum, ironiques, méprisants. Mais aujourd'hui nous leur savons gré, à ces adversaires constants du Sauveur, puisque leurs critiques, (ils « grommelaient », dit une traduction catholique) Lui donnent l'occasion de raconter trois paraboles qui sont trois joyaux dans l'écrin de l'Évangile.
La brebis perdue... Avec le chapitre X de Saint Jean, elle est dans toutes les mémoires et profondément inscrite dans le coeur des chrétiens. Dans le désert où il s'égarait, où demain il s'égarera peut-être encore, chacun d'entre nous a été cherché par le Bon Berger et tendrement ramené au bercail. Ce qui me frappe aujourd'hui c'est la joie des anges dans le ciel. Par le Sauveur et avec Lui, ils savent le prix infini des âmes, Tandis que les pharisiens moqueurs ne voyaient que ces pécheurs entourant le Maître, les anges se penchant là-haut, discernaient sous les figures fardées des femmes ou les mains crochues des agioteurs, des êtres affamés de pureté, de justice, de dévouement, des âmes précieuses, humiliées de leur péché, ces âmes que le Fils de l'homme est venu chercher, sauver, transformer. Chaque fois que l'une d'entre elles s'ouvre à Lui, se repent, écoute l'appel divin, le ciel tressaille d'allégresse et les esprits bienheureux chantent le cantique de l'Agneau.

En y songeant, la maison du Père nous paraît plus proche, et plus merveilleux cet amour qui en est la loi suprême et s'est incarné en Celui qui est venu nous montrer le chemin de cette maison. L'Église de Jésus-Christ doit aussi connaître toujours mieux la joie des anges à la conversion des pécheurs. Comme le dit Calvin : « C'est bien raison que nous, qui y avons même intérêt qu'eux, leur tenions compagnie en cette réjouissance ».

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L'ENFANT PRODIGUE
LUC, XV, 11 à 24.

 

Au Tonkin, il y a quarante ans environ. Dans un poste militaire de la haute région, près de la frontière de Chine, une salle d'école, un soir. Des bancs, des tables, des lampes à pétrole qu'entoure l'essaim des insectes et des moustiques, la porte ouverte sur la nuit mystérieuse, la forêt vierge toute proche, des montagnes à peine explorées et que visitent encore les Pavillons noirs. L'auditoire de soldats de la Légion étrangère et de l'infanterie coloniale est attentif, sérieux, nombreux. Le jeune aumônier vêtu de blanc avait peut-être sagement préparé un sermon, mais quand il voit devant lui ces figures viriles, dont beaucoup portent la marque de vies tourmentées, il prend tout simplement son Nouveau Testament et lit en la commentant la parabole de l'enfant prodigue. Sa parole est sans éloquence, et encore inexpérimentée, mais c'est un appel direct d'homme à homme. Et l'Évangile est là dans sa simplicité qui dépasse infiniment tous les discours de la sagesse humaine, l'Évangile qui, sur la terre lointaine, a un accent puissant et fort et qui. est en toute réalité le seul message qui doive être apporté à ces déracinés. Une prière fervente, l'Oraison dominicale, récitée par beaucoup, un chant de cantique, la bénédiction.

Une femme qui s'était glissée dans le fond de la salle et accompagnait la prédication de sa prière silencieuse, attend son mari près de la porte. Un soldat vient à elle et la salue respectueusement.
« Me reconnaissez-vous, Madame ? Je suis le fils de M. Un Tel (un nom très honorablement connu dans le monde catholique de ma ville natale). Ce qu'a dit M. l'aumônier est fait pour moi. J'ai eu une jeunesse mauvaise et débauchée, J'ai dû fuir la maison paternelle; je suis à la Légion. Mais ce soir J'ai le désir intense du pardon de mon père. M. le Pasteur 'pourrait-il lui écrire ? »
L'aumônier a rejoint sa femme; c'est lui qui répond à ce légionnaire. Oui, dès le lendemain il écrira au père (la réponse vint plus tard, pleine de miséricorde); puis mettant sa main sur l'épaule du garçon, il lui parle longuement du Père Céleste qui l'attend et dont aujourd'hui les bras se sont ouverts pour lui.

Quand, plus tard, le pasteur et sa jeune femme s'agenouillèrent pour leur prière commune, leurs coeurs débordaient de reconnaissance et d'émotion. Le Sauveur! L'amour du Père! ces mots prenaient pour eux plus de puissance et d'ardente vérité.

Cette histoire s'est renouvelée plusieurs fois sous des formes diverses dans ce pays lointain où tant de jeunesses désaxées cherchaient un refuge. Elle est de tous les temps et peut s'accomplir en tous lieux. C'est le drame de l'humanité perdue, et retrouvée par Dieu, quelle contient.

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LE FILS AÎNÉ
LUC, XV, 25 à 32.

- Mon Père, depuis mon enfance tu m'as pris dans ta maison, et depuis ma jeunesse l'ai essayé de te servir. Pourtant, regarde, ma vie religieuse est restée médiocre. Je sais si mai faire rayonner la lumière que tu as mise dans mon coeur; ma joie est faible, intermittente; ma foi, ma charité manquent de puissance et d'ardeur. Voici mon frère qui t'a longtemps oublié et à qui tu viens d'accorder ton pardon et ton salut. je m'associe à ta joie, mon Père, mais je m'étonne de voir des grâces spirituelles répandues sur lui avec tant d'abondance, tandis que ma piété reste si pauvre, si sèche, et que je sais si mai rendre témoignage à ton amour.
- Mon enfant, j'ai été avec toi tout au long du chemin de ta vie et mon trésor t'a été constamment ouvert. Pourquoi n'as-tu pas su y puiser davantage? Tu parles de sécheresse, elle est dans ton coeur. Il s'y est formé comme une accoutumance, une cuirasse d'habitude et d'indifférence qui t'empêche de saisir la plénitude de la joie que le veux te donner.

Ton frère a vécu longtemps dans les ténèbres, il a connu mieux que toi les affres du remords. Il était perdu, irrémédiablement perdu, semblait-il, et maintenant il est retrouvé, il est avec nous, dans la maison. Comprends-tu ce que cela veut dire et ne peux-tu pas t'oublier toi-même, ne plus penser à ta médiocrité pour ne regarder qu'à lui et vivre de son bonheur ? Tu as beaucoup reçu spirituellement; compte les bienfaits de ton Dieu, ne t'appesantis pas sur ton passé, mais va de l'avant, mon enfant, avec cette force que je t'ai donnée. Si d'autres te devancent sur la route, que ton coeur en bondisse d'allégresse! Il y a encore tant d'enfants prodigues éloignés de moi. Au lieu de te désoler de ta pauvreté et de tes déficits, va vers eux, aime-les, prie pour eux, dis-leur que je les attends.

- Mon Père, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

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L'ÉCONOME INFIDÈLE
LUC, XVI, 1 à 18.

La plus mystérieuse, la plus étrange des paraboles; Luc est seul à la rapporter. On en a donné beaucoup d'interprétations diverses et même parfois tendancieuses, surtout à cause du verset 9.

Telle qu'elle est, dans sa forme paradoxale, cette similitude nous paraît comporter pour nous plusieurs enseignements. Tout d'abord Jésus a loué la prudence des enfants du siècle et au verset 10 Il parle de la fidélité dans les petites choses « et dans « les richesses Injustes ».

Il y a parmi nous souvent une tendance à négliger ce genre de fidélité. Des chrétiens très idéalistes regardent de haut les choses de la terre et oublient ainsi de mettre en pratique leur Idéal dans le détail de la vie quotidienne. La conscience scrupuleuse en toute chose, l'exactitude dans le travail, dans la correspondance, dans l'administration des biens qui nous sont confiés, l'entière loyauté dans toutes les transactions de l'existence, sont une manière simple, cachée, mais véritable, d'être fidèle à l'esprit de Jésus-Christ.

Et les richesses injustes? « le Mammon injuste », dit le grec ? Le Sauveur nous indique ici que nos possessions ne nous sont que prêtées, quelles qu'elles soient, Notre position à l'égard de Dieu est semblable à celle de l'économe vis-à-vis de son Maître. « Tout vient de Toi et nous recevons de ta main ce que nous t'offrons », disait le roi David à l'Éternel. Le verset 12 de notre chapitre nous aide à trouver la lumière. « Si vous n'avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous confiera ce qui est à vous ? » Le vrai sens de la propriété nous est ici montré. Ce qui nous appartient dans le domaine matériel, intellectuel, de l'affection, nous est prêté pour que fidèlement nous puissions donner à autrui, faire part à d'autres de nos richesses, partager avec joie et ainsi nous garder de cette avarice qui, fille de l'égoïsme, peut toujours se cacher dans nos coeurs.

Ce dont nous sommes les possesseurs attitrés, ce sont les richesses véritables, cet amour que Dieu répand sur les siens et qui devient dans les âmes amour du prochain, charité, dévouement. « Héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ », disait l'apôtre Paul.

« Ce qui est à vous : le Sauveur par ce mot remarquable nous ouvre une perspective Inattendue sur l'état des enfants de Dieu dans le ciel où tout ce qu'ils possèdent sera parfaitement identique à leur être et les fera grandir éternellement dans la connaissance et l'amour de Dieu. » (Bonnet.)

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LE MAUVAIS RICHE ET LAZARE
LUC, XVI, 19 à 31.

Est-ce une parabole, est-ce une histoire véritable? Jésus a-t-il rencontré sur son chemin le malheureux Lazare malade, attendant à la porte du riche l'aumône de quelques croûtes de pain ?

Nous, nous l'avons jadis vu, homme déguenillé, femme dans la misère, enfant bleui de froid, à la porte d'un restaurant à la mode ou d'un lieu de plaisir, regardant s'arrêter les autos luxueuses et entrer les oisifs... Peut-être hélas! un jour, l'un de ces pauvres a-t-il, avec envie, contemplé, à travers la vitre de notre maison familiale, notre repas confortable et joyeux. Tous les soirs, dans nos grandes villes, une foule d'errants ne savent où dormir, et il y a d'infâmes taudis où parents et enfants s'entassent dans un manque d'hygiène et une effrayante promiscuité.

Même dans la mort, en apparence, l'inégalité continue. En grande pompe le riche s'en va à sa dernière demeure sous des couronnes de fleurs; et j'ai dans le souvenir l'infinie tristesse de certains misérables enterrements, dans la fosse commune d'une de nos grands cimetières, avec la hâte des croque-morts et l'absence de tout cortège d'amis derrière le pauvre cercueil,

Là-haut, le réveil dans la maison du Père. Jésus n'a certes jamais voulu dire que la pauvreté fût un brevet qui y donnait accès, ni que la richesse d'ici-bas en fermât la porte à ceux qui la possédaient, Le riche de la parabole était un égoïste sans coeur et probablement Lazare acceptait son épreuve comme job (à qui il ressemble) avec courage, patience et fol.

La richesse avec tout ce qu'elle comporte de facilités de vie, de flatteries, de nonchalance, d'ignorance de la souffrance d'autrui, est un piège, une tentation souvent terrible. « Ne me donne ni pauvreté ni richesse », dit le livre des Proverbes, accorde-moi le pain qui m'est nécessaire, » Même au point de vue humain, c'est la parole de la sagesse. Mais bénis soient ceux et celles qui, dans tant de milieux et de domaines divers, prennent à coeur de panser les plaies des Lazares modernes et de lutter pied à pied contre la misère.

Quant au tableau de l'éternité que Jésus nous donne à la fin de cette histoire, il est Imagé à la manière hébraïque pour être mieux compris des auditeurs du Sauveur. Ce qu'il met surtout en lumière c'est la nécessité de la repentance et de la foi pour échapper à la condamnation, et l'urgence d'écouter dès aujourd'hui le message de Dieu, tel qu'il nous est présenté.

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EXHORTATIONS DIVERSES
LUC, XVII, 1 à 10.

Qu'est-ce que le scandale ? C'est la réaction suscitée dans les âmes par une parole ou un spectacle mauvais qui les trouble et les déconcerte. Pourquoi Jésus a-t-il dit : « il est impossible qu'il n'arrive pas des scandales »; ce que Matthieu exprime encore plus fortement en disant : « Il est nécessaire qu'il arrive des scandales » ?

C'est là un des mystères de Dieu. La lutte entre Lui et Satan est commencée depuis les origines de notre monde. Calvin écrit à ce sujet : « Il faut tenir pour résolu que les hommes soient sujets à scandales afin d'exercer la foi des siens et de séparer les hypocrites comme la balle et la paille d'avec le bon blé. Sur cela si quelqu'un murmure et se plaint que c'est une chose absurde que le Seigneur lâche la bride à Satan afin qu'il machine la ruine et la perdition des hommes, je réponds que notre devoir est de parler et de penser en toute révérence des secrets conseils de Dieu desquels ceci en est un. »

Mais a dit le Seigneur : « Malheur à celui par qui le scandale arrive! » Plus loin Il parle « d'un seul de ces petits qui peuvent être scandalisés », avec une grande sévérité pour ceux qui les scandalisent, L'enfant de Dieu peut librement agir selon sa conscience, se moquer du qu'en dira-t-on; mais il doit, d'autre part, veiller sur sa conduite et s'assurer que sa liberté même ne soit pas, pour d'autres, une occasion de chute, une tentation, un mauvais exemple; s'abstenir de ce qu'il pourrait peut-être personnellement faire sans Inconvénient, mais qui entraînerait d'autres plus faibles à agir comme lui à leur détriment. Dans le grand scandale actuel, devant le large fleuve d'iniquité qui inonde la terre, que Dieu revête ses enfants de sagesse, de prudence, de sincérité, de pureté, afin qu'ils donnent au monde l'exemple de la vérité.

Et l'exemple de l'amour aussi! Trop souvent les chrétiens ont par leurs désunions, leurs rancunes, scandalise ceux qui les regardaient vivre, Ils n'ont pas toujours su pardonner. Le vrai pardon, sans arrière-pensée, celui qui ne revient pas sur les offenses du passé, mais qui dit au repentir : « c'est fini, c'est oublié, ta faute est effacée », est la meilleure prédication, un don de Dieu, le fruit de la foi. Les apôtres le sentaient. quand Jésus leur a parlé de ce pardon, ils ont dit : « Augmente-nous la foi! » Elle seule peut s'emparer de la puissance de Dieu et dans les coeurs accomplir des miracles.

Se garder pur, aimer, pardonner, croire... Le serviteur accomplit ainsi l'oeuvre de son Maître. Peut-être pense-t-il alors qu'il peut se féliciter, se glorifier! Dans une courte parabole Jésus lui montre qu'il n'est qu'un serviteur inutile, ne méritant aucune louange particulière, n'ayant rien fait de remarquable. Les plus grands saints n'ont comme les plus misérables pécheurs, aucun droit devant Dieu. Tout est un don gratuit de la miséricorde divine. Saint Paul, le grand apôtre, le savait bien quand Il écrivait aux Romains : « C'est de Lui et par Lui et pour Lui que sont toutes choses! À Lui soit la gloire dans tous les siècles! »

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INGRATITUDE ET RECONNAISSANCE
LUC, XVII, 11 à 19.

 

Pendant sa vie terrestre Jésus a-t-il très souvent rencontré la reconnaissance ? Parmi tous les malades qu'il a guéris, les gens qu'il a nourris, ceux qu'Il a consolés, enseignés, combien y en a-t-il qui aient su Lui témoigner leur gratitude ?

Sur le chemin de Jérusalem, pendant un voyage qui sera pour Lui le dernier, Il est appelé par dix lépreux. La lèpre était à l'état endémique en Palestine et la loi de Moïse ordonnait à ceux qui en étaient atteints de vivre à part, faisant leur demeure hors des villes et des villages et signalant leur présence sur les routes par le cri : « Impur! Impur! » Existence terrible, coupée de la vie sociale, familiale, normale... Cette épreuve, pensaient les Juifs, était la punition de grands péchés. Aussi quelle espérance étreignait le coeur de ces dix malheureux quand ils firent appel au Sauveur! Nous admirons leur foi et leur obéissance. Tout de suite, sur le conseil de Jésus, ils se mettent en chemin pour aller selon la prescription de la loi (Lévitique XIV) se montrer aux prêtres qui seuls pouvaient constater la guérison et après purification leur permettre de rentrer dans l'existence commune.

Comment est-il possible qu'un seul sur les dix (un Samaritain) ait pensé, se voyant guéri, à revenir se jeter aux pieds du Sauveur et rendre gloire à Dieu ? La reconnaissance, ce sentiment si doux, si naturel, si bienfaisant, ne remplissait-il pas leurs coeurs à tous?

Ne jetons pas trop vite l'anathème à ces ingrats. Laissons la lumière de Dieu inonder nos coeurs et regardons en nous-mêmes. Joinville raconte que, discutant avec Saint Louis sur la lèpre, celui-ci lui avait dit : « Vous devez savoir, qu'il n'y a nulle si laide mazelerie (lèpre) que d'être en., péché mortel. » Dieu nous a délivrés d'un mal plus tenace, plus effrayant que celui des lépreux sur le chemin de Jérusalem. Il veut chaque jour nous en guérir, comme à nouveau, nous purifier, nous sanctifier. À cette grâce Infinie qui est Sa grâce, il en ajoute d'autres. Tout ce qui nous entoure, tout ce qui peut mettre sur notre sentier de la lumière et des fleurs (affections, travail, santé, etc ... ), tout vient de Lui et nous ne saurions compter ses bienfaits sans adorer comme nous le conseille le cantique. Le faisons-nous constamment ? N'y a-t-il pas oubli, négligence, ingratitude de notre part, parfois même murmure, et le chant de reconnaissance est-il toujours sur nos lèvres ?

Ingratitude vis-à-vis de Dieu, ingratitude aussi vis-à-vis de nos compagnons de route. L'égoïsme et l'orgueil enflent démesurément à nos yeux le peu que nous pouvons faire pour eux et nous empêchent de discerner tout ce qu'ils font pour nous. Oh! la douceur de l'humilité qui reçoit à genoux les grâces divines et avec un épanouissement merveilleux de l'âme les bienfaits, les services du prochain. Soeur de la reconnaissance, elles se tendent la main et illuminent ensemble les coeurs qui les accueillent. La vie est meilleure à cause d'elles.

Seigneur Jésus, donne-nous aujourd'hui de nous joindre au seul lépreux, à l'étranger qui revint te rendre grâces et de nous prosterner à tes pieds en glorifiant Dieu.

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LE ROYAUME DE DIEU
LUC, XVII, 20 à 37.

Le royaume de Dieu! Ce terme que le Sauveur emploie souvent a dans sa bouche des significations diverses. Dans les paraboles du grain de sénevé et du levain, le Seigneur parle de son Église à qui Il donne ce titre glorieux de Royaume de Dieu qu'elle doit posséder un jour. Dans le récit d'aujourd'hui, à la question d'un Pharisien demandant quand ce Royaume viendrait, Jésus répond : « Il est là. Il est au milieu de vous, ou : au dedans de vous », selon les traductions.

Autour du Maître, le petit groupe des disciples constitue déjà l'Église, mais ce à quoi Jésus fait allusion dans ce passage, c'est à ce règne de Dieu dans les âmes qui se sont données à Lui, à cette réalité mystérieuse que les yeux ne peuvent encore contempler, mais qui, pour ceux à qui Dieu a fait la grâce de se révéler et qui ont accepté sa domination, transforme toute l'existence. Le règne de Dieu, c'est Marie assise aux pieds du Sauveur, c'est Lévi quittant ses péages, Jean et Jacques la barque de leur père. C'est Pierre disant : « Tu es le Christ, le saint de Dieu. » Demain ce sera Paul sur le chemin de Damas...

Mais ce royaume qui s'étend dans les âmes, le Sauveur le dira à Pilate : « Il n'est pas de ce monde », Roi de la terre, le Fils de l'homme l'est en espérance. Il le sera autrement quand son jour viendra. Alors Il brillera comme l'éclair d'un côté du ciel à l'autre et tous le connaîtront comme tel.

Les hommes ne pensent pas beaucoup, ne pensent pas assez à cet avènement du Fils de Dieu. L'Église elle-même l'a trop souvent oublié. Qui sait si nos épreuves actuelles, secouant notre torpeur, n'ont pas pour but de nous faire lever les yeux dans l'attente. Jésus parle à ses disciples des gens de Sodome qui, dans la tranquillité d'une vie facile, ne songeaient pas au jugement de Dieu. Hier nous vivions peut-être ainsi, comme la plaine toute calme et endormie sous le soleil de midi avant l'orage. Celui-ci a fondu brusquement sur nous et nous comprenons maintenant qu'il nous faut faire « bon guet sans prendre une heure d'assurance », comme dit Calvin.

Sera-ce demain que notre Seigneur viendra? ou dans longtemps quand la terre aura connu encore d'autres convulsions ? Peu importe, Il viendra, veillons!

« Où sera-ce ? » demandaient les disciples. « Les aigles s'assembleront où sera le corps, répond le Seigneur. Là où le paraîtrai mes serviteurs me reconnaîtront. je leur en ferai la grâce s'ils s'attendent à moi et je les rassemblerai autour de moi. »


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