Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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MÉDITATIONS EN MARGE DE L'ÉVANGILE SELON SAINT LUC


LA PARABOLE DES MINES
LUC, XIX : 11 à 28.

 

Dans l'hospitalière maison de Zachée, autour du Meure, les disciples sont groupés. lis songent à cette montée vers Jérusalem qui reste pour eux, malgré les avertissements de Jésus, une marche vers le triomphe. Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu, n'est-ce pas son peuple d'Israël qui a besoin d'être délivré de la main de l'oppresseur? Israélites patriotes mais aveugles, qui désirent la restauration de leurs pays et voient en Jésus un Sauveur humain. Comme nous comprenons leur erreur que si souvent nous partageons!

Alors le Seigneur dit à ses auditeurs la parabole des mines. On l'a comparée souvent à celle des talents. (Matthieu, XXV, 14 à 39.) Elle est pourtant différente tant dans le récit que dans l'application. Il est ici question non d'un propriétaire particulier mais d'un homme appelé à revêtir l'autorité royale (le fait venait de se produire pour Achélaüs au temps de Jésus). il ne confie pas ses biens à ses serviteurs par insouciance, mais plutôt pour discerner leur fidélité et leur aptitude à l'aider dans sa tâche de gouvernement. Au lieu de donner à l'un dix talents, à l'autre cinq, au troisième un seul, il remettra à chacun des dix serviteurs une mine (la mine était la soixantième partie du talent et valait 90 fr. or). Pendant l'absence du chef, il y a rébellion dans son pays et à son retour c'est le jugement.

Ceci met en lumière l'enseignement que Jésus a voulu tirer de cette parabole. Elle doit nous préparer à son retour, à son avènement. Les disciples croyaient toucher à la fin, à l'établissement de son royaume. Ils auront à travailler, à peiner, à souffrir avant de voir ce jour merveilleux se lever sur la terre, La mine qu'ils ont reçue, c'est le message divin du salut qu'ils doivent annoncer. En apparence, le Maître est loin, son retour se fait attendre, son règne est combattu, « Ce n'est pas une petite tentation de voir le royaume de Dieu dissipé par la trahison et la rébellion de plusieurs. » (Calvin.)

Le serviteur cédera-t-il à la tentation; sans nouvelles de son Seigneur perdra-t-il courage et laissera-t-il Improductif le trésor qui lui a été confié et qui peut devenir pour d'autres encore que pour lui-même, si Dieu veut bien se servir de son travail : « justice, sanctification et rédemption » ?

Quand le Saint-Esprit eut été donné aux apôtres, ils comprirent la suprême leçon de cette parabole. « Le jour du Seigneur viendra comme un voleur », dit Saint Pierre et il ajoute : « Quels ne devez-vous pas être par la sainteté de votre conduite et par la piété, attendant et hâtant l'avènement du jour de Dieu. » « Soyez patients, affermissez vos coeurs. L'avènement du Seigneur est proche », écrivait Saint Jacques, et Saint Jean termine l'Apocalypse par ces mots : « Celui qui atteste ces choses dit : « Oui je viens bientôt. Amen! » Viens, Seigneur Jésus. Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec vous. » lis attendaient tous le retour du Seigneur.

Bon courage, serviteurs d'aujourd'hui. Le chemin est rude et long, mais à travers tous les obstacles, le Maître vient et celui qui s'attend à lui ne sera point confus.

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LE JOUR DES RAMEAUX
LUC, XIX, 28 à 48.

Un jour lumineux de printemps qui met sur cette aride Judée tout l'éclat de sa lumière. Le chemin rocailleux qui, après Béthanie, quitte Bethphagé, monte jusqu'au sommet de la colline, redescend ensuite, à travers les champs d'oliviers, jusqu'à la vallée du Cédron, Il nous semble voir là au pas paisible de cet âne, que son maître a laissé partir avec les disciples, notre Seigneur, entouré de l'enthousiasme populaire. Accomplissant les prophéties, Il l'accepte en ce moment. Les palmes se balancent dans l'air pur du matin; les versets de Psaumes chantés par la foule réveillent les échos. Il y a autour de Jésus les galiléens fidèles qui forment son cortège habituel, puis des habitants des bourgades traversées ou venus de la ville à son avance, Quand les pharisiens se scandalisent de cette effervescence joyeuse, le Sauveur répond : « S'ils se taisent, les pierres même crieront. » Aujourd'hui Israël reçoit son Messie, le Roi annoncé depuis tant de siècles, le Saint de Dieu qui vient à lui. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Heure merveilleuse, heure divine, pourrait-on penser!

Hélas! c'était bien malgré l'apparence, une heure humaine, une de ces heures qui fuient rapidement et sont suivies d'autres bien différentes. Jésus contemplant les figures heureuses, empreintes de vénération, qui l'entouraient, eut peut-être un mouvement de joie. Mais il savait pourtant ce qui l'attendait dans Jérusalem, Du haut de la colline, Il regardait le temple, la Tour Antonia, les toits pressés de la ville, Il pensait à elle la cité de David, la cité sainte, centre des traditions religieuses de son peuple. Il l'aimait. Nos pauvres coeurs de pécheurs savent bien saigner des malheurs de leur patrie; de quelle souffrance, le coeur du Saint et du juste devait-il être déchiré! Il avait apporté à Jérusalem son message de paix et d'amour et Jérusalem allait le rejeter. « Si tu avais connu toi aussi, au moins en ce jour qui t'appartient ce qui pourrait te donner la paix. Mais maintenant ces choses sont cachées à tes yeux. »

« En ce jour qui t'appartient! » Le royaume de Dieu s'approchait, le Roi, le Sauveur était là et Jérusalem regardait méprisante le modeste cortège qui suivait Jésus; Jérusalem continuait sa vie ordinaire... Autour du temple se dressaient les tables des changeurs et des marchands, comme en une vraie foire dont les abords du Saint Sépulcre donnaient encore ces dernières années une idée; les Pharisiens, l'air important, promenaient leurs longues robes et leurs phylactères, les gens discutaient, allaient et venaient, faisaient leurs affaires jusqu'au sein du sanctuaire. Demain serait terrible, mais aujourd'hui le salut était là tout proche et ils n'en voulaient pas; ils laissaient l'heure divine devenir heure humaine et s'enfuir pour toujours.

Les larmes de Jésus sur Jérusalem, sa sainte indignation dans le temple, nous les comprenons aujourd'hui mieux que nous ne le faisions jadis. Nous aussi nous avons pleuré et tremblé de tristesse et de regret devant les malheurs et la déchéance, de notre patrie, nous aussi nous aurions voulu chasser hors du lieu-saint les menteurs, les profiteurs... Nous savons encore gémir et nous Indigner; savons-nous reconnaître dans l'Église et dans nos âmes, l'heure de Dieu quand elle sonne pour nous, nous humilier et accueillir notre Roi venant à nous sur sa modeste monture ?

Ce soir-là, à Jérusalem, le peuple était, en écoutant Jésus, « suspendu à ses lèvres ». Oh! écouter ainsi, avant qu'il ne soit trop tard, la parole du Seigneur, en entendant sa voix se prosterner dans le repentir et lui rester fidèle aux heures difficiles, aux jours de lutte et de tentation, n'est-ce pas la grâce que nous lui demanderons ?

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LA PARABOLE DES VIGNERONS
LUC, XX : 1 à 19.

« Un de ces jours-là ». C'est un de ceux de cette douloureuse semaine, la dernière que Jésus passe ici-bas, avant sa mort. Si l'évangéliste Jean nous a tout spécialement conservé l'écho des entretiens ultimes du Sauveur avec ses disciples, Luc nous apporte son enseignement public. Autour de Lui, l'opposition, l'antagonisme des chefs du peuple, des scribes, des prêtres se sont ramassés, condensés, disciplinés. lis essaient de combattre son influence et demain soulèveront la foule contre Lui. Jésus le sait, mais, jusqu'au bout fidèle à sa mission, envoyé comme Il l'a dit à la Cananéenne « d'abord aux brebis perdues de la maison d'Israël », Il tente auprès de son peuple un suprême effort. De cet effort, la parabole des vignerons est, un écho fidèle.

Depuis longtemps, les prophètes avaient comparé le peuple de Dieu à une vigne. « je t'avais plantée comme une vigne excellente et du meilleur plant », disait Jérémie. « Chantez un cantique sur la vigne », dit Esaïe. « Moi l'Éternel J'en suis le gardien, le l'arrose à chaque instant », et encore : « Mon bien-aimé avait une vigne sur un coteau fertile. Il en remua le sol et les pierres, y mit un plant délicieux. Il bâtit une tour au milieu d'elle et il creusa une cuve. Puis il espéra qu'elle produirait de bons fruits. » Il ajoute plus loin : « La vigne de l'Éternel des armées, c'est la maison d'Israël et les hommes de Juda, le plant qu'il chérissait. » Osée se sert du même thème en disant : « Israël était une vigne féconde qui rendait beaucoup de fruits. »

Jésus, reprenant cette image, devait ainsi être facilement compris de ses auditeurs, surtout de ces docteurs de la loi qui venaient de mettre en doute son autorité et auxquels Il avait répondu avec une si éclatante logique et une telle maîtrise de Lui-même. Ils savent bien qu'ils sont directement visés. Vignerons de la vigne de l'Éternel, ils ont rejeté et persécuté les prophètes, vont-ils recevoir le Fils et l'accepter comme l'envoyé de Dieu ? L'heure est grave et solennelle. C'est celle d'un dernier appel. Une fois encore, Dieu se tourne vers ce peuple qu'il a choisi pour être la lumière des nations et Il le le convie au salut.

Jésus lit dans les coeurs fermés qui l'entourent et, sévère, sa voix s'élève : « Le maître du vignoble viendra, fera périr ces vignerons et donnera la vigne à d'autres. » Israël n'a pas cru en Celui que Dieu a envoyé. Le royaume de Dieu est venu dans son sein et il l'a rejeté. Désormais l'Église de Jésus-Christ, celle des vrais croyants, des fidèles disciples du Maître, sera l'héritière de la vigne, jusqu'au jour où le royaume de gloire s'établira, lors du retour du Seigneur.

Les scribes, auditeurs de Jésus, tenaient à leur héritage, aux privilèges merveilleux donnés par l'Éternel à son peuple. « A Dieu ne plaise! » s'écrient-il quand Jésus leur parle du sort réservé aux vignerons indignes. Le Sauveur se sert encore de l'Écriture sainte pour leur répondre. Il leur cite le Psaume CXVIII v. 22 : « La pierre rejetée par ceux qui bâtissaient est devenue la principale pierre de l'angle. » « Il leur prouve par ce Psaume qu'il doit être mis en son trône royal par la vertu admirable de Dieu, malgré les hommes. En somme l'autorité de Dieu l'emportera toujours afin qu'Il (le Christ) soit la pierre élue et précieuse qui soutient l'Église de Dieu, son règne et son temple. » (Calvin.)

Il n'y a rien de solide et qui demeure qui ne soit bâti sur ce fondement-là.

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QUESTIONS DIFFICILES
LUC, XX : 20 à 44.

Après l'antagonisme déclaré, la ruse, la perfidie. Les chefs des prêtres font maintenant espionner le Sauveur et tâchent de le prendre en faute. De faux disciples l'entourent de flatteries et lui tendent des pièges, en lui posant des questions délicates. Essayons avec nos expériences actuelles de nous représenter la scène. Depuis près d'un siècle les Romains régnaient en maîtres sur la Palestine à qui ils avaient laissé pourtant une certaine autonomie. Naturellement ils percevaient l'impôt. En posant à Jésus la question Insidieuse : « Nous est-il permis ou non de payer le tribut à César ? » ses adversaires pensaient le prendre en faute, soit en le dénonçant à l'envahisseur comme rebelle à son autorité, soit en le traitant de mauvais Israélite infidèle à l'autorité de Dieu.

La réponse du Sauveur, à première vue très habile, est en même temps très profonde. Elle a toujours eu une grande influence sur l'attitude des chrétiens en face de la loi civile et politique et doit nous aider à régler nos rapports avec l'État, comme avec Dieu.

Les juifs avaient abdiqué leur liberté; lis s'étaient soumis à l'empire romain. Acceptant sa monnaie, le contrôle qu'il exerçait sur leur administration, il était naturel qu'ils payassent l'impôt. Mais sujets de César dans le domaine qui était le sien, ils restaient spirituellement libres dans leur conscience éclairée par Dieu, Saint Paul, dans le chapitre XIII de l'épître aux Romains, reviendra sur le devoir de l'obéissance envers l'autorité civile légalement constituée, mais à condition, comme le dit Calvin, « que la puissance du glaive, les lois et jugements n'empêchent point que le service de Dieu ne demeure en son entier entre nous. » « Notre sire Dieu premier servi », disait Jeanne d'Arc.

Savoir obéir à l'autorité, quand il le faut, même au prix d'un sacrifice, même quand il en coûte à notre esprit d'indépendance; mais mieux encore, quand notre conscience et celle de notre prochain est violentée, savoir résister sans crainte des hommes, de leurs lois arbitraires ou injustes, savoir dire comme Pierre et Jean au sanhédrin : « Mieux vaut obéir à Dieu qu'aux hommes. » Voilà le devoir chrétien.

Un autre piège. Ici ce n'est pas l'autorité romaine qu'on dresse en face de Jésus-Christ, mais la loi de Moïse. Aux Pharisiens s'étaient joints leurs ennemis les Sadducéens pour essayer de prendre en faute ce Rabbi si écouté de la foule. Les Sadducéens étaient les sceptiques de ce temps-là : ils niaient toute résurrection, toute idée de survivance après la mort. Que leur question devait paraître étrange et grossière à Celui qui est venu nous ouvrir « la maison du Père, le siècle à venir », ce temps où nous serons unis dans la paix et la lumière pour célébrer les louanges du Dieu d'amour!

Que sera cette résurrection ? Les bien-aimés partis avant nous dorment-ils en l'attendant ? Ou sont-ils déjà dans ce ciel de Dieu, du Dieu vivant vers lequel nous désirons marcher? Mystère, les théologiens discutent un peu comme les scribes de jadis. Qu'il suffise à notre foi de savoir que Dieu est le Dieu des vivants, que c'est à Lui que nous remettons nos disparus. Un jour nous serons tous près de Lui comme ses anges, « voyant sa face », chantant sa gloire, par la grâce de Jésus-Christ, notre Sauveur et notre intercesseur. « Pour Dieu tous sont vivants », a dit Jésus. « Maître, répondirent quelques scribes, tu as bien parlé. »

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CONTRASTES POIGNANTS
LUC, XX, v. 45 à XXI, v : 38.

Jésus enseignait dans le temple. Toute cette semaine, Il parait y avoir concentré sa vie de la journée, se retirant seulement la nuit soit à Béthanie soit sur la montagne des oliviers, dans ce jardin que la tradition dit avoir appartenu à un parent de sa mère.

Dans le temple, dans les parvis extérieurs, la foule qui s'assemblait pour la fête de Pâques allait et venait plus que jamais. Une fois encore le Sauveur met en garde ses disciples contre la piété hypocrite et ostentatoire des scribes, en revanche, Il leur signale une humble veuve, cachée dans l'ombre d'un piller, qui vient de glisser dans le tronc des offrandes, « tout ce qu'elle avait pour vivre », deux petites pièces de monnaie, deux leptons, le quart d'un quadrant (le quadrant valait environ deux centimes).

Cet acte, dans son humilité, dans son obscurité, a réconforté le Sauveur. Lui dont le regard discernait autour de Lui, dans les consciences et les coeurs tant de bassesses, de lâchetés, d'orgueil, de cupidité, de haine, a eu de la douceur à voir l'amour de cette femme, sa ferveur, son esprit de sacrifice. Elle a tout donné, sans mesure, pleine de confiance et de foi.

Jésus va, dans un tableau terrible, évoquer tout ce qui doit venir : les tempêtes, les guerres, les destructions. Un moment son âme se repose sur ce qui demeure - « la charité ». Bénie soit l'humble femme qui, dans ces jours douloureux, donna cette joie au Sauveur.

Le temple se dressait sur la colline de Morija, imposant, paraissant immuable sur ses fortes assises. De la vallée du Cédron, les disciples allant vers la ville le contemplaient, l'admiraient. Ils discutaient entre eux sur la valeur architecturale des belles pierres ayant servi à sa construction. Ce temple, c'était pour eux quelque chose de solide, d'inébranlable, une de ces magnifiques constructions humaines en lesquelles nous mettons trop souvent notre orgueil et notre sécurité.

Jésus parle.., L'Esprit prophétique l'a saisi. Il annonce la destruction du temple, Jérusalem envahie par les armées, toutes les horreurs de la guerre, la dispersion d'Israël. Et derrière ces malheurs, que la génération de ceux qui l'entourent verra presque accomplir, il y a toute la grande angoisse finale, le monde ravagé, des catastrophes s'accumulant, jusqu'au jour où le Fils de l'homme reviendra avec puissance et avec une grande gloire.

Nous avons pu, jadis, lire ce chapitre avec une profonde sympathie pour les juifs d'autrefois qui marchaient, sans le comprendre, vers la fin de leur pays. Aujourd'hui Il traduit pour nous une poignante réalité. Nous avons vu une nation s'élever contre une autre nation et un royaume contre un autre royaume. Nous savons ce que sont les jours de vengeance où l'on voit les habitants des villes fuir vers les montagnes.
« Il est advenu qu'ayant rompu le lien de la paix avec Dieu, les hommes sont venus à se déchirer par la discorde qui élève les uns contre les autres; ayant refusé de s'assujettir sous la domination de Dieu, il a fallu qu'ils aient été abaissés par la violence des ennemis. N'ayant pas voulu souffrir d'être réconciliés avec Dieu, ils ont tempêté entre eux : bref, ayant quitté et renoncé le salut céleste, ils ont rempli de meurtres la terre, se brigandant les uns les autres. » (Calvin.)

Ces paroles écrites au XVIe siècle sont encore plus actuelles aujourd'hui et comme celles de la Bible qui les a inspirées, elles demeurent quand les institutions humaines s'effondrent. Demeurent encore, demeurent aussi, plus éclatantes que le tableau des tristesses à venir, la promesse et les recommandations du Sauveur. Le Fils de l'homme reviendra; toutes nos angoisses, toutes les catastrophes successives n'empêchent pas sa venue. « Quand ces choses arriveront, redressez-vous, levez la tête, votre délivrance approche. » Délivrance du péché, de la persécution, de la souffrance.

Pour ce jour inconnu qui sera le jour du Seigneur, de notre Seigneur, et qui viendra sur nous à l'improviste, il nous faut veiller, ne pas laisser les convoitises ou les soucis prendre dans notre âme la place de cette attente, demander à Dieu de nous tenir en état de grâce devant Lui, tout supporter parce qu'en Jésus-Christ la grande espérance est permise... Nous sommes à Lui, veillons, soyons vigilants.

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LA PRÉPARATION DE LA PÂQUE
LUC, XXII, v, 1 à 29.

La fête de la Pâque était pour les Israélites la grande fête familiale, nationale et religieuse à la fois. Au temps du Sauveur, le fête des pains sans levain (Matsoth) qui en était jadis séparée, était célébrée en même temps. Des milliers de juifs (l'historien Josèphe dit même des millions) dispersés en Asie et en Europe venaient à Jérusalem pour ces jours-là. Le souvenir de la sortie d'Égypte, de la grande délivrance du peuple d'Israël, du salut et de la miséricorde accordés par Dieu se mêlait à la joie du printemps et des moissons futures. L'agneau sans tache était offert dans le temple, mais le repas pascal réunissait la famille ou les amis et il est très caractéristique de la tendresse de Jésus pour ses apôtres qu'il ait voulu participer à cette Pâque avec eux et avec eux seuls dans l'intimité de la chambre haute. Un hâte hospitalier et que nous ignorons, les recevait dans sa maison et c'est Pierre et Jean qui ont préparé chez lui tout ce qui était nécessaire pour cette dernière soirée. « L'heure étant venue de passer de ce monde au Père, Jésus qui avait aimé les siens dans le monde les aima jusqu'à la fin », dit l'évangéliste Saint Jean.

Hélas! judas est là parmi les douze, Judas dont Saint Luc nous dit que Satan était entré en lui; il venait de s'entendre avec les chefs des prêtres pour leur livrer son Maître. Cette présence du traître dans la douce atmosphère de la chambre haute pose un des problèmes douloureux du Nouveau Testament. Nous connaissons d'après Jean (XII, 6), l'avarice de judas. Elle ne suffit pas à expliquer son crime. Probablement ambitieux mais patriote sincère, aveugle, il avait cru voir en Jésus le Libérateur de son peuple et l'avait suivi. Déçu dans ses rêves de gloire personnelle et nationale, le coeur fermé aux pensées spirituelles, son admiration s'est peut-être tournée en haine. Jésus comprend la lutte de ce pauvre coeur tourmenté. À cette heure Satan est vainqueur dans cette âme et c'est pour le Sauveur une des amères et multiples souffrances de son agonie.

judas assistait au repas. Était-il encore là quand le Seigneur prenant une des coupes appelées coupes de bénédiction, institua la Sainte Cène ? Nous l'ignorons. Détournons nos regards de celui qui va vendre son maître et contemplons avec adoration la figure de notre Sauveur.

La première Sainte Cène! Autour de Jésus, les apôtres, leurs physionomies simples et frustes, leur attention, leur émotion, le sens du mystère qui les enveloppe; et Lui leur Maître, leur Seigneur, le nôtre, le geste par lequel, accomplissant le rite de la Pâque israélite, Il fait la transposition de l'ancienne alliance à la nouvelle. « Prenez et mangez, ceci est mon corps. Buvez, ceci est mon sang. » Il est présent et Il nous est présenté, Il donne et Il se donne. Nous touchons Ici au saint des saints de la foi et de la vie chrétienne. Les Scribes Israélites qui copiaient les textes sacrés faisaient une ablution purificatrice avant d'écrire le nom de Jéhovah. Que Dieu Lui-même purifie les pauvres plumes et les pauvres voix humaines qui, avec des mots infirmes et vulgaires, essaient de balbutier quelque chose de ce que le Père aux heures de grâce révèle par Jésus-Christ à ceux qu'Il aime.

La présence du Sauveur est spirituelle mais réelle à cette table ou Il nous convie. À travers la vie, elle nous accompagne mais elle nous est ici plus proche, plus substantielle, plus vivante aussi. Il est le Crucifié meurtri pour nous; Il est le Ressuscité que nous saluons; Il est le Seigneur de gloire que nos coeurs attendent. Il est là et l'Église qui nous enveloppe de sa prière, le proclame avec nous. Unis aux frères qui nous entourent à ceux qui sont au loin, à ceux qui nous ont quittés membres de la grande Église universelle, groupée autour de son Chef, nous chantons avec elle et avec les anges de Dieu, le cantique de l'Agneau.
« Faites ceci en mémoire de moi. » Seigneur Jésus, Toi qui as souffert et qui es mort pour nous, nous nous prosternons devant Toi. Tu veux bien nous accepter comme Tes serviteurs, Tes enfants, Tes amis; Tu nous invites au banquet de ton amour, loué sois-Tu!

Il y a plus encore, plus que cette présence merveilleuse, éblouissante, il y a la vie que Tu veux mettre en nous. « Ceci est mon corps meurtri pour vous, ceci est mon sang répandu pour vous. » Tu nous nourris de Toi-même, Tu veux être en nous. Nous sommes là pauvres, misérables et nus, jamais plus conscients de cette pauvreté et de cette nudité que quand Tu nous convies à ce repas sacré. Mais là, Tu te donnes à nous et nous faisant participants du mystère divin de ton sacrifice, Tu nous revêts de la splendeur de Ta vie.

Un échelon encore. Cette mort pour nous, cette vie en nous, Tu veux nous en faire les témoins : « Chaque fois que vous mangez de ce pain et que vous buvez de cette coupe, vous annoncez la mort du Sauveur jusqu'à ce qu'Il vienne. », a dit Saint Paul. Honneur suprême et suprême joie!

Seigneur Jésus pardonne-nous les communions successives où indignes nous n'avons pu que balbutier sur le seuil de l'ineffable, mais accepte aussi notre reconnaissance profonde pour tout ce que Tu nous as donné par elles, Reçois-nous souvent à ta table et dans ton amour. « Mon âme soupire après le Dieu vivant. Mon âme a faim et soif de Toi. Amen. »

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DERNIERS ENTRETIENS
LUC, XXII, v. 21 à 39.

La première partie de la conversation qui suit le récit de la Sainte Cène chez Luc a été placée par plusieurs exégètes au commencement du repas pascal. Nous imaginons en effet difficilement les apôtres posant toutes ces questions après le moment mystérieux de la communion. Saint Jean nous raconte le lavement de pieds et il nous paraît que la parole rapportée par Saint Luc : « je suis parmi vous comme celui qui sert » se rattache à cette scène et à la leçon d'humilité que Jésus donne ainsi à ses disciples. D'autre part, Il leur ouvre en même temps les perspectives magnifiques de son royaume.

En attendant, l'épreuve les guette et Jésus se tourne spécialement vers Simon Pierre. Satan qui s'est emparé du coeur de judas, qui essaie de pénétrer dans l'intimité de la chambre haute, va mener autour de l'apôtre un de ses assauts terribles. Pierre est plein d'assurance en lui-même, s'il a aussi une âme fervente et passionnée. Il se croit plein de courage et proclame son dévouement! Il suivra son Maître partout. Pauvre Pierre! la nuit vient, avec ses terreurs et ses pièges. Le Sauveur a prévu pour toi l'heure douloureuse de l'abandon. S'Il te dit tristement : « Avant que le coq ne chante le retour du jour tu m'auras trois fois renié. » Il te laisse aussi cette parole : « J'ai prié pour Toi afin que Ta foi ne défaille point. » Te confiant tes amis, Il ajoute : « Quand tu seras revenu, quand la victoire de Dieu aura triomphé en toi de la tentation, affermis tes frères. »

C'est vers tous ses disciples que Jésus se tourne en quittant la chambre haute. Il sait que dans les moments terribles qui vont suivre, ils fuiront loin de Lui. Mais Il aime à repenser à leur appel, aux jours de Galilée, au choix qu'Il a fait d'eux. «Jusqu'à cette heure, Il les a épargnés en ne les chargeant point plus que leur portée; Il leur remémore ce doux et gracieux traitement du temps passé afin qu'ils s'apprêtent plus allégrement à une condition de combattre plus rude et plus fâcheuse. » (Calvin.)

Quittant la ville, Jésus se dirige avec ses disciples vers la vallée du Cédron et le jardin de Géthsémané,


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