Méditations sur le Cantique
de Salomon
CHAPITRE II
VERS. 7.
« Filles de
Jérusalem, je vous adjure par les
gazelles ou par les biches des champs,
n'éveillez pas, ne réveillez
pas mon amour jusqu'à ce qu'elle le
veuille. »
|
À la fin de ce jour heureux et sans
nuages, nous laissons l'épouse du roi dans
le repos que son immuable amour peut seul procurer.
À l'ombre de la bannière de son
amour, *entourée de ses bras, elle se repose
dans cette éternelle étreinte. Elle
prend plaisir en ce qu'Il est. Aussi parle-t-elle
de son ombre, de son fruit, de son festin, de sa
bannière, de sa main gauche, de sa droite.
Pour elle il n'y a que Christ;
Christ est tout. Quand l'âme est
occupée de Lui, Il veille à ce
qu'elle ne soit point troublée. Les biches
et les chevreuils sont les bêtes des champs
les plus timides; le sens de l'ouïe est chez
eux tellement développé, que la
perception du danger qui les menace, même de
fort loin, les épouvante. Ainsi
devrions-nous prévoir à une grande
distance l'approche de ce qui vient interrompre
notre marche et notre communion avec le Seigneur,
ou tout au moins faire tourner cela à la
pratique de la sainteté, et à un
dévouement plus complet à
Christ.
« Voyez le craintif chevreuil,
voyez la biche timide et tremblante, comme ils sont
constamment sur leurs gardes, comme ils observent
le changement de la brise, comme ils prêtent
l'oreille afin de savoir si elle leur apporte sur
ses ailes le bruit de quelque péril 1 Je
vous adjure, filles de Jérusalem, par les
gazelles et par les biches des champs, je vous
adjure, fils et filles du Dieu tout-puissant, je
vous adjure de veiller, de prier, d'observer avec
crainte et d'éviter tout ce, qui pourrait
troubler ou essayer de troubler votre communion
avec Dieu, les pensées de nature à
distraire, l'exaltation de l'imagination, et le
doute qui pousse à la défiance,
à l'injustice; qu'ils ne viennent pas
essayer d'éteindre la flamme du saint amour
allumé dans vos âmes, et intercepter
à vos yeux l'éblouissante
clarté de la gloire du Dieu bienheureux, sur
la face de Christ. »
VERS. 8.
« La voix de mon
bien-aimé! le voici
qui vient, sautant sur
les montagnes, bondissant sur les
collines. »
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Quand l'âme est demeurée longtemps,
sans interruption, en communion avec le Seigneur,.
elle s'attache à Lui d'une manière
plus vivante et désire plus ardemment son
retour. Es-tu saisie, ô mon âme, du
même empressement que l'aimante et
aimée Sulamite quand elle prononçait
ces paroles bénies: «La voix de mon
bien-aimé ! le voici qui vient ! »
Est-il réellement ton meilleur ami ? Nulle
autre voix n'a-t-elle pour toi le charme de la
sienne? L'attends-tu et soupires-tu journellement
après lui?
Il existe une grande
différence entre une personne qui croit en
ce qu'on appelle « la doctrine du second
avènement », et une âme aimante
qui jouit de la communion du Seigneur et vit dans
l'attente constante de sa venue. Qu'elle est petite
l'influence que la simple croyance exerce sur le
coeur et la vie, comparée à celle qui
se produit lorsque Christ lui-même est le
grand objet dont le coeur subit l'action, et que,
à l'exemple des Thessaloniciens, « on
attend des cieux le Fils de Dieu », ou que,
comme l'épouse, on attend l'époux.
« L'Esprit et l'épouse disent : Viens!
» C'est le coeur de l'épouse qui dit:
Viens ! bien qu'il soit poussé et
formé à cela par l'Esprit qui y
habite.
Nous entendons promptement et
distinguons sans peine le son d'une voix
aimée. À l'ouïe de son nom
prononcé par une bouche bien connue,
l'âme entière de Marie tressaillait.
Alors même que la personne qui
parle est trop éloignée de nous pour
nous permettre de saisir ses paroles, le son suffit
à lui seul pour faire vibrer au dedans de
nous les cordes les plus intimes, pour mettre en
activité nos forces assoupies: « La
voix de mon bien-aimé ! »
s'écrie la Sulamite, « le voici qui
vient ! » Tout son être est dans
l'attente, Il approche; «Le Seigneur est
près. Il vient ! Il vient! sautant sur les
montagnes, bondissant sur les collines. Mon
bien-aimé est semblable au chevreuil on au
faon des biches. » Ses pieds sont aussi
légers que ceux du cerf.
Loin de satisfaire pleinement le
coeur, la communion de l'Esprit quant an Seigneur,
rend plus vif le désir de posséder le
bonheur plus parfait que procure sa propre
présence. Qu'y avait-il de plus doux, de
plus cher, de plus précieux, que cette
communion dont, an commencement de nos
méditations, nous avons vu l'épouse
jouir par la foi? Sa joie n'a pas été
interrompue, elle a pu apprécier
l'attachement de son bien-aimé et jouir de
ses faveurs. Certains ont pensé que, dans ce
passage, ou voyait la communion de l'épouse
subir des alternatives de hausse et de baisse, que
le grand nombre de ses privilèges finissait
par la rendre indifférente, et qu'un
déclin d'affection succédait à
ses grandes jouissances spirituelles. Sans doute
pareille chose est souvent arrivée, mais ici
nous n'en voyons pas traces.
Est-ce lorsque nous sommes en
communion avec le Seigneur que nous souhaitons sa
venue, ou bien lorsque nous n'y
sommes pas? Tu peux aisément répondre
à cette question, ô mon âme. On
ne peut pas réellement soupirer après
la venue du Seigneur quand on n'est pas heureux
avec Lui. Nous sommes toujours en
sûreté en Lui, c'est vrai, mais
hélas! avec Lui nous ne nous sentons pas
toujours heureux. Si nous avons fait un pas de trop
avec le monde, ou que nous ayons
négligé de nous juger
nous-mêmes, nous perdons notre bonheur dans
sa communion, et alors nous
préférerions qu'Il ne vînt pas.
» Pierre Lui dit: Tu ne me laveras jamais les
pieds. Jésus lui répondit: « Si
je ne te lave, tu n'as point de part avec moi.
»
(Jean XIII, 8.) Il ne dit pas,
remarquez-le bien: « Tu n'as point de part en
moi; » jamais il n'eût pu le dire; mais
Il enseigne à Pierre aussi bien qu'à
nous que, si nous oublions de nous juger
nous-mêmes, si nos souillures de tous les
jours ne sont pas nettoyées par le lavage
d'eau, par la Parole, notre communion avec Lui est
interrompue. Il ne peut aller de pair avec des
péchés qui ne sont pas jugés,
qui ne sont pas confessés. «Tu n'as
point de part avec moi», est une parole
profondément solennelle. De quoi ne
préférerais-tu pas, ô mon
âme, te séparer, plutôt que de
renoncer à l'intimité de ton Sauveur,
même pour un jour, même pour une heure?
Où serait ta force pour la marche, pour le
culte et pour le service? Que ta faiblesse serait
grande ! Quelles épaisses
ténèbres obscurciraient ton sentier !
La honte peut bien couvrir ton visage,
la tristesse remplir ton coeur,
quand tu mets tes pieds souillés entre ses
saintes mains, car sûrement Il verra
où tu as été; mais
souviens-toi de ceci, c'est qu'ils ne peuvent
être lavés, si Lui-même ne le
fait: «Si Je ne te lave, tu n'as point de part
avec moi. » Si tu veux marcher avec
Jésus, si tu veux être heureux avec
Lui, tu dois marcher séparée,
réellement séparée de tout
mal, de tout ce qui est contraire à sa
sainteté et incompatible avec sa nature. 0
Seigneur, dans ces jours mauvais, conduis-moi dans
ton chemin, afin que je puisse toujours plus
ardemment prier pour ta venue et la désirer
avec amour !
« Mon maître tarde
à venir », est le langage d'un coeur
qui cherche sa satisfaction dans ce monde. «
Viens, Seigneur Jésus ! viens », est
celui d'un coeur pénétré de
l'amour de Jésus et qui désire avec
ardeur d'être personnellement près de
Lui. Plus nous jouissons de Christ par l'Esprit,
plus il nous tarde de le voir face à face.
C'est un moyen d'éprouver l'état de
l'âme : quand la maison est en
désordre, la femme ne désire pas le
retour de son mari. Elle commence par mettre tout
en ordre, et une fois chaque chose à sa
place et selon son goût, à lui, elle
se met à songer au moment où il
reviendra ; il lui tarde d'entendre sa voix, de
voir son visage.
Ne me suffit-il pas, dira quelque
chrétien, de savoir que je Lui appartiens?
Pourquoi attendrais-je chaque jour sa venue des
Cieux ? Je sais que mes péchés sont
pardonnés et que je suis
sauvé. Je puis, en outre, me confier en lui
et l'aimer sans le voir. Très bien, mon
frère, mais est-ce là le langage d'un
coeur aimant, plein d'ardeur, ou bien celui de
quelqu'un qui demeure froid et indifférent
quant à la personne du Sauveur? Pouvez-vous
songer à son amour et à sa
grâce, à ses souffrances et à
sa mort pour vous, à son ascension et
à sa gloire, et ne pas souhaiter du fond de
votre coeur de le voir Lui-même? Ne vous
tarde-t-il pas de voir Sa face, qui ravira votre
coeur a jamais, et mettra sur vos lèvres les
plus sublimes louanges? Que dirait le mari absent,
que penserait-il, si sa femme parlait ainsi: «
Je sais que je suis à lui; cela me suffit ;
je suis satisfaite. J'ai tous les jours de ses
nouvelles, je suis assurée de sa tendresse,
mais je ne me préoccupe pas de son retour.
Je ne prépare rien pour le recevoir. Il ne
me tarde pas de revoir son visage.? » Ah ! mon
ami, mon ami, comment expliqueriez-vous un tel
état de choses ? Appelleriez-vous cela de
l'amour pour l'absent ? Votre coeur serait-il
satisfait, surtout si vous aimiez votre femme d'un
«immense amour»? Non ! l'amour
réclame l'amour. «Nous, nous l'aimons,
parce qu'Il nous a aimés le premier.»
L'amour chrétien est le reflet de l'amour de
Christ. Plus une femme aimante reçoit
souvent des nouvelles de son mari absent, plus elle
soupire après son prompt retour. L'assurance
réitérée qu'il lui donne dans
ses lettres de son amour, ne contribue qu'à
rendre plus vif en elle le désir de le voir.
Elle veut être
entourée de tous' les
conforts du chez-soi; pour qu'elle soit heureuse,
il lui faut la présence de son mari
bien-aimé. Tant qu'il n'est pas là,
rien au monde n'est capable de remplir le vide que
laisse son absence. Hélas ! combien peu nous
sentons le vide que la personne de Christ seul
petit remplir!
C'est le Seigneur Lui-même,
comme le Messie, le roi, que l'épouse attend
ici-bas avec impatience. « La voix de mon
bien-aimé ! le voici qui vient. » Il
s'est révélé à son
coeur. Elle entre maintenant par la foi dans
l'amour et la joie de l'époux, le roi en
Sion. Elle connaît et apprécie la
valeur de son amour, et il lui larde de le
posséder comme son propre Messie. Changement
béni ! La place qu'il occupait,
méprisé et rejeté par la fille
de Sion, et sur laquelle Il versait des larmes, va
devenir la scène où s'exercera son
affection d'époux, où brillera dans
tout son éclat sa gloire milléniale.
Le désir du résidu craignant Dieu aux
derniers jours, en ce qui concerne l'apparition du
Messie comme roi et libérateur, est
exprimé dans les psaumes et les
prophètes : « Oh si tu fendais les
cieux ! Si tu voulais descendre et que devant toi
les montagnes se fondissent comme le feu
brûle les broussailles, comme le feu fait
bouillonner l'eau, afin que ton nom fût
manifesté à tes ennemis et que les
nations tremblassent en ta présence. »
(Es. LXIV, 1, 2.)
Dans le Cantique des Cantiques, nous
voyons, sous la figure d'une épouse, se
manifester le même désir profond,
quoique sous un caractère
différent. Dans le passage que nous avons
sous les yeux, il s'agit moins de la
délivrance du résidu, et du
renversement de ses ennemis, et même du
royaume et de la gloire de Christ, que des soupirs
du coeur pour la personne du Messie qui vient.
C'est «mon bien-aimé... Il vient ! Il
vient vite, semblable au chevreuil ou au faon des
biches» ! Il est déjà (c'est une
réalité) derrière notre
muraille ; Il regarde par les fenêtres; Il se
fait Voir par les treillis. Les fidèles qui
se trouvent à Jérusalem, ont ici des
indices de l'approche du roi, de leur propre
délivrance et de la gloire
milléniale. Il remplit leurs coeurs de joie
en se révélant plus clairement
encore, et en leur donnant une nouvelle assurance
de son amour et du bonheur qu'il éprouve en
eux. On ne saurait trouver rien de plus beau ni de
plus touchant que les paroles du Seigneur dans les
Versets suivants. il a parlé à sa
bien-aimée; elle se plaît à
répéter ce qu'Il lui a dit:
«Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens
! Car voici, l'hiver est passé; la pluie a
cessé, elle s'en est allée. Les
fleurs paraissent sur la terre, la saison des
chants est arrivée, et la voix de la
tourterelle s'entend dans notre pays. Le figuier
embaume ses figues d'hiver, et les vignes en
fleurs, exhalent leur parfum. Lève-toi, mon
amie, ma belle et viens! »
(Vers. 10-13.) Quelques instants
auparavant, elle pouvait seulement distinguer le
son de sa voix, et saisir à travers les
treillis un de ses regards. Maintenant, ô
l'heureuse épouse ! Il est assez près
pour qu'il lui soit permis d'entendre les
paroles de sa bouche.
Pour la foi, son saint nom en soit
béni, il est toujours près, toujours
présent. « Sa main gauche est sous ma
tête, et sa droite m'embrasse. » Telle
est la foi; elle peut s'appuyer sur son sein,
reposer entre ses bras, et sortir avec lui le matin
aux « vignes en fleurs, exhalant leur parfum
». Il n'est pas encore personnellement
ici-bas. Il est au cieux, nous sommes sur la terre.
Connais-tu ces distinctions, ô mon âme
? N'est-ce pas, dis-le-moi, lorsque par la foi tu
reposes sur lui, que tu soupires le plus ardemment
après sa venue afin qu'il te prenne avec lui
dans la gloire? Oh ! sois toujours libre
vis-à-vis du monde, toujours prête,
comme l'oiseau sur la branche, à
déployer tes ailes Pour t'envoler. Ce qu'il
y a de plus beau sur la terre ne vaut pas le ciel;
le plus grand bonheur ici-bas, n'est pas le paradis
de Dieu.
Maintenant, le jour de gloire va
luire pour Israël, longtemps opprimé.
L'aube commence à poindre ! « Le
Seigneur lui-même apparaîtra
bientôt. » « Le royaume des cieux
est proche. » Le long, le sombre et lugubre
hiver de l'absence du Seigneur a pris fin. Le
printemps est venu. Le matin pur et sans nuages va
briller. Depuis le péché et la chute
de l'homme, ce monde de douleurs n'a pas
été témoin d'une scène
aussi splendide, sauf quand Jésus fut au
milieu des hommes, Emmanuel, le serviteur de
tous.... À ces versets qui décrivent
fort bien la gloire et les
bénédictions futures d'Israël et
de toute la terre, ajoutons
Esaïe XXVII, v. 6.
« Dorénavant Jacob
prendra racine, Israël fleurira et poussera,
et remplira de fruits la face du monde.» Les
rayons bienfaisants du « Soleil de justice
», feront oublier la tristesse et la
stérilité de ce long et douloureux
hiver. Les fleurs qui renaissent, les figues qui
paraissent, les vignes qui bourgeonnent, le chant
des oiseaux, la voix de la tourterelle, sont de
sûrs emblèmes, non-seulement que
l'hiver a pris fin, mais que le printemps est venu.
Et quoique rien dans la vigne de l'épouse
n'ait encore atteint son degré de
maturité, il y a dans les fleurs qui
embaument l'air, le gage assuré d'une riche
bénédiction.
VERS. 14.
«Ma colombe, qui te
tiens dans les fentes du rocher, dans les
cachettes des lieux escarpés,
montre-moi - ton visage, fais-moi entendre
ta voix, car la voix est douce, et ton
visage est agréable. »
|
Dans tes méditations sur les signes de la
gloire à venir, sache discerner, ô mon
âme, conformément à
l'Écriture, ce qui est terrestre de ce qui
est céleste, la vocation terrestre
d'Israël, de la vocation céleste de
l'église. Le Seigneur, sous son titre de
Jéhovah, épousera au dernier jour la
cause de son peuple terrestre, et Jérusalem
dans son caractère d'épouse du roi,
deviendra le centre de la gloire et de la
bénédiction terrestres.
L'église est l'épouse de l'Agneau, de
l'Agneau jadis débonnaire et humble de
coeur, victime expiatoire, mais maintenant Christ
glorifié, Seigneur du ciel et de la terre.
L'une et l'autre sont des figures, mais des figures
de quoi? Le terme
d'épouse est le symbole de l'affection, de
la tendresse et de l'unité quant à la
vie et quant à la position. L'épouse
a le même rang que l'époux, elle jouit
de la même gloire que Lui ; l'église,
l'épouse céleste de l'Agneau
partagera sa gloire sur toutes choses. L'ayant
confessé et s'étant confiée en
Lui dans le temps de son humiliation et de sa
réjection, elle sera plus près de Lui
et lui sera plus chère dans son exaltation
et dans sa gloire, que l'épouse juive,
Israël, qui régnera sur la terre
seulement, taudis que l'église
régnera avec Christ.
La gloire du royaume à venir
sera donc céleste et terrestre à la
fois. ... « nous ayant fait connaître le
mystère de sa volonté selon son bon
plaisir, qu'il s'est proposé en
lui-même pour l'administration de la
plénitude des temps, savoir de réunir
en un toutes choses dans le Christ, les choses, qui
sont dans les cieux et les choses qui sont sur la
terre»
(Ephés. I, 9-11).
Remarquez ici la différence
qui existe, selon les Écritures, entre la
position et la bénédiction
d'Israël, en rapport avec le royaume à
venir, et celles de l'église. Le Seigneur
descend au lieu où se trouve Israël, et
le bénit là. « Le
rédempteur viendra en Sion. »
(Luc I, 68-80.) L'église,
elle, est enlevée dans les nues, à la
rencontre du Seigneur, en l'air.
(1 Thess. IV.) Les Juifs recevront
toutes bénédictions temporelles dans
un pays agréable.
(Amos IX, 11-15.) Nos
bénédictions, à nous, seront
toutes spirituelles et dans les lieux
célestes.
(Ephés. I.) La
Jérusalem terrestre sera le centre de la
gloire et de la
bénédiction terrestres, la ville
royale, la capitale du monde entier, et, par elle,
toutes les nations de la terre seront
bénies, car la loi sortira de Sion, et la
parole de l'Eternel de Jérusalem.
(Esaïe II.) La Jérusalem
d'en haut sera le centre de la gloire
céleste. La splendeur de Dieu
l'éclairera et l'Agneau en sera le flambeau.
(Apoc. XXI.) Les saints
célestes seront, dans leurs corps glorieux,
rendus conformes à l'image du Fils de Dieu.
(Phil. III, 21.) Toute la maison
d'Israël aura en partage la
bénédiction dès longtemps
promise, d'un nouveau coeur, d'un esprit nouveau,
etc.
(Ezéch. XXXVI, 24-30.) Et ils
ne s'égareront plus Jamais.
Il est anciennement parlé
d'Israël comme ayant Jéhovah pour mari.
« Car ton mari est Celui qui t'a faite ;
l'Eternel des armées est son nom. »
(Esaïe LIV 5.) Mais à
cause de son infidélité, et surtout
parce qu'il rejeta Christ, il fut mis de
côté pour un temps. Depuis lors, il
est resté sur la même ligne que tous
les autres pécheurs. La prédication
de l'Évangile s'adresse aux Juifs
premièrement, puis aux Gentils, comme
à des pécheurs perdus, et tous ceux
d'entre eux, que la grâce de Dieu rassemble
forment un seul corps et les uns et les autres
jouissent des mêmes privilèges en
Christ, selon qu'il est écrit - « Mais
maintenant dans le Christ-Jésus, vous qui
étiez autrefois loin, vous avez
été approchés par le sang du
Christ, car c'est lui qui est notre paix, qui des
deux (du Juif et du Gentil) en a
fait un, et a détruit le mur mitoyen de
clôture, ayant aboli dans sa chair
l'inimitié, la loi des commandements, qui
consiste en ordonnances, afin qu'il
créât les deux en lui-même pour
être un seul homme nouveau, en faisant la
paix, et qu'il les réconciliât tous
les deux en un seul corps à Dieu par la
croix ayant tué par elle l'inimitié.
»
(Eph. II, 11-16.)
La véritable espérance
de l'Église, est la venue du Seigneur
Jésus-Christ des cieux, pour la prendre
à Lui : Car je vais vous préparer une
place, si je m'en vais, et que je vous
prépare une place, je reviendrai, et vous
prendrai auprès de moi, afin que là
où moi je suis vous, vous soyez aussi
(Jean XIV, 2-4). Quand cette promesse
aura reçu son accomplissement, Israël
paraîtra de nouveau sur la scène.
Alors l'Esprit de Dieu commencera son oeuvre parmi
le résidu de Juda. Après que
l'Église aura été
retirée, et pendant les trois. ans et demi
du règne de l'antichrist, avant l'apparition
du Seigneur en gloire, dans l'espace qui
sépare l'enlèvement des saints de
cette apparition, ce résidu traverse la
grande tribulation de laquelle parle
Jér. XXX, 4-11, et
Jésus lui-même en
Matt. XXIV, 15-22. Durant cette
tribulation sans égale, le Seigneur veillera
sur ses élus en grande sollicitude
(Osée II, 14), «car je le
tirerai, et je l'amènerai au désert,
et je lui parlerai au coeur, et lui donnerai ses
vignes, et la vallée d'Acor pour une porte
d'espérance, et là elle chantera
comme au jour de sa jeunesse et comme lorsqu'elle
monta du pays d'Égypte.
Et il arrivera en ce jour-là, dit l'Eternel,
que tu m'appelleras. ishi, c'est-à-dire mon
mari, et que tu ne m'appelleras plus : Baali,
c'est-à-dire mon maître »....
« Et je l'épouserai pour moi à
toujours. »
(Osée II, v. 14-16,
19.) L'union sera désormais
éternelle, et le Seigneur prendra plaisir en
son épouse fidèle, qui Lui rendra
honneur, louange et gloire à
toujours.
Comment donc expliquer le passage
sur lequel nous sommes arrêtés: «
Ma colombe, qui le tiens dans les fentes du rocher,
dans les cachettes des lieux escarpés,
montre-moi ton visage, fais-moi entendre ta voix,
car ta voix est douce et ton visage est
agréable. » Du verset
10 à la fin du
quinzième, c'est une suite de paroles
exprimant l'amour le plus tendre, les
encouragements les plus doux, la plus radieuse
espérance. Rien de plus béni
pouvait-il sortir de la bouche même du divin
ami? Il est évident que la splendeur de la
gloire milléniale ne brillera pas tout d'un
coup sur le pays d'Israël et sur les nations,
mais seulement par degré, semblable au
passage de l'hiver au printemps et de ce dernier
à l'été. C'est là ce
qui exerce la foi de l'épouse. Mais Il la
fortifie en l'assurant que le jour de la
délivrance est près. Il lui donne
à connaître qu'il la suit toujours de
son oeil, et l'encourage à prendre patience.
D'un autre côté, diverses parties de
l'Écriture nous apprennent qu'elle sera,
pendant ce temps, l'objet spécial de la
malice de l'Antéchrist. Il essaiera de
dévorer le résidu fidèle.
(Apoc. XII, 6-17.) Mais
guidée par l'Esprit de
Dieu, elle trouve un refuge dans le désert.
« Alors que ceux qui sont en Judée
s'enfuient aux montagnes.» Le bien-aimé
connaît son asile. Pour ses yeux et pour son
coeur, elle est semblable à la Colombe dans
les fentes du rocher dans les cachettes des lieux
escarpés, sur les bords du
précipice.
Sa voix émeut son
bien-aimé; il l'entend, elle ressemble au
plaintif roucoulement de la colombe solitaire,
s'attristant sur l'absence de son compagnon. Elle
est belle, quoique défaite par la
persécution, les souffrances et
l'épreuve. Il cherche à la voir,
à l'entendre! Quelle sollicitude, quel
profond et immense amour ! « Qui a jamais
aimé d'une manière semblable?
«Fais-moi voir ton visage, fais-moi entendre
ta voix, car ta voix est douce, et ton regard est
agréable. » Oh! amour
miséricordieux, désintéresse!
Quelle révélation, quel
déploiement de son coeur! Oui, on peut dire
de son coeur, mais de son coeur seul: «L'amour
est fort comme la mort, la Jalousie cruelle comme
le sépulcre. » Avec la même force
que la mort se saisit de sa proie, avec la
même force le Seigneur aime. Ne te lasse pas,
ô mon âme, de méditer sur
l'amour de Christ - l'amour de Christ pour soit
épouse -- l'amour de Christ pour toi. Songe
à la rude, à l'énergique
étreinte de la mort. Songe à la
puissance, à l'éternelle
étreinte de l'amour du Sauveur. Mais tandis
que l'une épouvante et accable, l'autre
console, soulage, rafraîchit et fortifie au
delà de toute mesure. Oh ! qu'il est grand,
qu'il est profond, immense,
incommensurable, ineffable, l'amour de
Jésus!
Plus encore: rassemble toutes tes
facultés, et concentre tes pensées
sur cet autre aspect de l'amour du Sauveur :
«La jalousie est cruelle comme le
sépulcre. » Quelle est la signification
de ces paroles? Elles paraissent difficiles
à concilier avec la tendresse infinie de
Jésus. Mais de fortes comparaisons sont
seules capables de donner une idée de la
puissance de son amour. Celle-ci en fait ressortir
le double aspect. Si la mort s'empare d'une
personne, le sépulcre la garde. Il est
inflexible, il est cruel, le sépulcre. Il
n'entend point le cri des malheureux qu'il a
dépouillés. Il ne s'inquiète
ni des gémissements, ni des soupirs, ni des
larmes de la veuve; il ne se laisse point
émouvoir par les lamentations ou les
sanglots de l'orphelin. Il ne lâche jamais sa
proie. Il ne cède point aux supplications
des esprits froissés, des coeurs
brisés, des âmes meurtries. En vain
vous jetteriez-vous à deux genoux, et
adresseriez-vous au sépulcre les plus
ardentes, les plus instantes prières ;
jamais il ne vous rendrait le bien-aimé
qu'il vous a violemment arraché du coeur, et
englouti dans ses noirs abîmes. Que de fois
il a été inutilement
assiégé de pleurs amers, de cris
déchirants, désespérés
! Il reste sourd à tout, il ne fait cas de
rien, il ne cède jamais. Qu'est-ce qui prend
comme la mort? Qu'est-ce qui garde comme le
sépulcre ?
Comprends donc, ô mon
âme, d'après ces
sombres, mais saisissantes
images, le caractère de l'amour du Sauveur.
À l'abri dans les fentes du rocher - dans
son côté percé - cachée
dans ce coeur mystérieux qui est tout amour,
sa timide et tremblante colombe repose en parfaite
sécurité. Nul oiseau de proie ne
viendra l'y attaquer, aucun vautour de l'enfer ne
peut toucher à une plume de son aile; aucun
ne peut pénétrer dans la fente du
rocher qui lui sert d'asile. Elle est bien haut,
bien loin de leur plus puissant essor. Mais ne
peut-elle pas un jour, par mégarde, perdre
son. lieu de refuge, être prise et
périr sous les coups des ennemis qui
cherchent à la dévorer? Si sa
sécurité dépendait de la
manière dont elle conserve sa position, c'en
serait vite fait d'elle. Mais, Dieu soit
béni, c'est de Jésus que tout
dépend. C'est le rocher qui l'abrite, et non
pas elle qui abrite le rocher. Qu'est-ce qui prend
comme la mort? Qu'est-ce qui garde comme le
sépulcre ? L'amour divin est fort comme la
mort, et, quoique ineffablement doux, il est
inflexible comme le sépulcre. Le Seigneur
abandonnera-t-il jamais sa colombe entre les mains
des méchants ? Non, jamais, jamais! «
Parlant de ses brebis, il dit : Je leur donne la
vie éternelle, et elles ne périront
jamais, et personne ne les ravira de ma main. Mon
Père, qui me les a données, est plus
grand que tous et personne ne peut les ravir de la
main de mon Père.»
(Jean X, 28-29.) «Voici, un roi
régnera en justice et des princes
gouverneront avec équité. Et il y
aura un homme qui sera comme une
protection contre le vent et un arbre contre
l'orage, comme des ruisseaux d'eau dans un lieu
sec, comme l'ombre d'un grand rocher dans un pays
aride.»
(Esaïe XXXII, 1-2.)
Mais tous les types, toutes les
figures, toutes les allégories, toutes les
images, sont impuissantes à exprimer
complètement l'amour du Sauveur. Sa gloire
sera manifestée et toute chair la verra;
mais son amour, qui peut le connaître
à fond. Oui, nous Le verrons tel qu'il est,
dans toutes les réalités de son
amour, et nous connaîtrons comme nous avons
été connus; en son amour nous
trouverons nos éternelles délices;
mais il y a dans cet amour des hauteurs et des
profondeurs, des largeurs et des longueurs que nous
devons ignorer et ne saisir jamais.
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