TITLE>Méditations sur le Cantique de Salomon

Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Méditations sur le Cantique de Salomon



CHAPITRE II

Versets: 1, 3, 4, 7, 8, 14, 15, 16, 17.

VERS. 1.
«Je suis le narcisse de Saron, le lis des vallées. »

Quelle merveilleuse chose que la grâce, la grâce de Dieu pour les pécheurs ! Quels changements extraordinaires elle opère dans les pensées, les intentions, les désirs, les affections 1 Elle nous communique l'intelligence de ce que nous sommes aux yeux du Seigneur et pour son coeur. N'oublie point ceci, ô mon âme, et réfléchis-y profondément. La source est abondante pour te désaltérer.

Connaître la grâce, c'est connaître Dieu et son parfait salut en Jésus-Christ, par l'enseignement de la puissance du Saint-Esprit. Peu de temps avant, l'épouse avouait qu'elle était «noire,... noire comme les tentes de Kédar», et maintenant, par la grâce, elle peut dire sans la moindre hésitation: «Je suis le narcisse de Saron et le lis des vallées», la couronne et l'ornement de Saron, la beauté et le charme des vallées. Et remarquez ces expressions qu'elle emploie: « Le narcisse,... le lis! » Elle ne parle pas d'une manière générale de ses attraits, qui lui ont gagné le coeur de l'époux, dans le sens le plus absolu; elle ne tire pas vanité devant le public de ce qu'elle est; mais elle s'adresse directement à Lui, avec le sentiment béni de la place qu'elle occupe, dans son coeur, La communion est complète, car, Il ajoute aussitôt: « Tel qu'est le lis entre les épines, telle est mon amie entre les filles », et plus tard, Il dit ouvertement: « Ma colombe, ma parfaite et unique ; elle est unique à sa mère, à celle qui l'a enfantée. » Tel est le caractère distinctif de l'amour et de la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, et telle est la place spéciale qu'occupe l'épouse à ses yeux. Il va toujours plus loin qu'elle dans l'expression de sa tendresse. Cela est très bien pour le coeur. Quelle différence entre le lis si beau, si parfumé, et l'épine qui le déchire !

Il est bien des personnes qui, à l'ouïe d'une pareille vérité, s'écrient: « Oh ! je ne suis pas digne d'une telle place. » C'est vrai, si vous parlez de votre propre mérite. Mais de quelle place vous jugez-vous digne? Si ce n'est pas celle-là, c'est d'une inférieure, je suppose. Est-ce là de l'humilité ? Non, mon ami, c'est de l'orgueil. Nous ne méritons aucune place en sa présence.

En conséquence s'il nous en est assigné une, c'est une grâce, une pure, une souveraine grâce. Être sur le seuil, en serait une aussi bien que d'être sur le trône.
Le fils prodigue pensait, sans doute, que ce serait témoigner beaucoup d'humilité que de dire à son père ; « Traite-moi comme l'un de tes mercenaires. » Ce n'était pas de l'humilité, mais un reste d'orgueil et de légalisme. De telles pensées prennent leur origine dans le coeur naturel qui est essentiellement orgueilleux et porté à se placer sous la loi, et qui n'a aucune idée de sa propre condition, non plus que de la grâce de Dieu. Quelqu'un qui nous donne un véritable exemple d'humilité, c'est ce péager qui se tenait à l'écart et n'osait pas même lever les yeux vers le ciel. (Luc XVIII, 13.) Le fils prodigue n'avait pas plus de titres d'être reçu comme serviteur que comme fils. Il avait perdu tous ses droits sur le fondement de la justice. Tout ce qu'il avait à alléguer, c'était son pressant besoin. Il ne pouvait être reçu qu'en grâce; s'il avait été rencontré en justice, il eût été condamné à jamais. Mais la grâce règne ; pas un mot n'est dit de ses péchés. Sur mille articles, il n'aurait pu répondre à un seul. La question du péché a été réglée entre Dieu et Christ sur la croix. Maintenant la grâce brille. elle brille dans tout son éclat par la justice. Le coeur du Père est le foyer d'où s'échappent les rayons de sa grâce, et dans tout cela il trouve sa joie propre. Il agit de Lui-même, et comme Lui-même. Le fils prodigue n'a pas le temps d'achever le discours qu'il avait préparé; il n'en vient pas au passage: «Traite-moi comme l'un de tes mercenaires. » Comment l'aurait-il pu ? La grâce le prévient; son père court à sa rencontre, se jette à son cou, et le couvre de baisers.

Une fois réconcilié par le sang de la croix, celui qui était auparavant perdu, ruiné, dégradé, devient enfant et héritier, héritier de Dieu, et cohéritier de Christ. Voilà la grâce, la grâce de Dieu en Jésus-Christ. Mais il y a plus encore; le même pêcheur sauvé par grâce, devient le vase dans lequel elle se manifeste; il brillera dans la gloire, dans tout le cours de l'éternité; et telle est la part de tous ceux qui croient en Son nom. De même que des siècles innombrables succéderont aux siècles, de même tous ceux qui ont été les objets de cette grâce pendant le temps, brilleront d'une splendeur toujours nouvelle durant l'éternité. Oh ! quelle place pour le misérable qui n'avait ici-bas ni ami, ni famille! pour toujours dans la gloire de Dieu 1 Mais telles sont les immenses richesses de grâce, et tels sont les vaisseaux appropriés à sa glorieuse et éternelle manifestation dans sa maison, la maison du Père selon qu'il est écrit. «Afin qu'il montrât, dans les siècles à venir, les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ-Jésus » (Ephés. II, 7).

VERS. 3.
Comme le pommier entre les arbres de la forêt, tel est, mon bien-aimé entre les fils ; j'ai pris plaisir à son ombre, et je m'y suis assise, et son fruit est doux à mon palais.

Au premier verset, sans nul doute, c'est l'épouse qui parle. Dans le bonheur que lui procure la communion avec Lui, elle déclare ce qu'Il a fait d'elle dans sa grâce; elle confesse qu'elle Lui doit tout, et sa beauté, et l'affection dont elle, se sent animée à son égard; et en se comparant à ces belles fleurs, elle se borne à répéter ce que Lui-même lui a enseigné.

Mais remarque bien, ô mon âme ! qu'elle dit: « Je suis le lis des vallées.» C'est au fond de la vallée paisible qu'elle trouve son sol natal; là et non dans la ville, elle respire l'air libre qui lui est propre; là elle fleurit pour charmer les regards de son bien-aimé, et répand son parfum pour Lui plaire. «Il paît son troupeau parmi les lis. » C'est dans la ville qu'elle perdit la joie de sa présence, que les gardes la battirent et lui ôtèrent son voile ; c'étaient, hélas ! ses heures d'égarement.

Oh! combien il eût mieux valu pour elle n'avoir jamais quitté sa vallée natale ! Réfléchis sérieusement à toutes ces choses, ô mon âme. Place-toi loin du courant du monde, et insensible à son esprit comme à ses attraits, applique-toi à aimer Jésus et à le satisfaire. Quelle merveille que Celui qui est assis sur le trône de Dieu dans les cieux et couronné de sa gloire daigne s'occuper de misérables tels que nous, qui ne sommes bons à rien, et surtout que, suivant notre manière d'agir, Il éprouve de la joie et du contentement, ou de la peine et de la douleur ! Combien il est triste, hélas ! qu'Il soit si fréquemment blessé dans la maison de ses amis ! Qu'y a-t-il sous le soleil qui puisse procurer un bonheur si réel, que de Lui être agréable ? Rien n'est plus indigne d'un chrétien que de rechercher sa propre satisfaction, et de se plaire dans les vanités du monde, sachant surtout qu'il afflige le coeur de Celui qui l'a tant aimé, de Celui qui pour lui est mort et ressuscité.

Après avoir jugé ton coeur et tes voies à cet égard, donne aux autres tes soins, ton amour, la sympathie, et en particulier aux agneaux du troupeau, pour la gloire du Seigneur. Combien Jésus est heureux, de voir ceux pour lesquels Il s'est sacrifié, marcher d'un pas ferme et joyeux sur ses traces, et paître à côté de la demeure de ses compagnons comme bergers. Là croît une herbe tendre, là coulent des eaux paisibles. Mais combien le Berger souffre, et ceux qui paissent le troupeau sous Lui, à la vue d'un jeune disciple qui, pendant un certain temps, semblait avoir donne son coeur au Seigneur, céder aux séductions d'amis inconvertis, aux pièges de l'Ennemi s'efforçant d'excuser une marche coupable, en bien des points conforme aux usages d'un monde qui gît dans le mal; il en vient même à se demander: dois-je rejeter ceci? dois-je abandonner cela?... Songe plutôt, mon frère, ma soeur, à ce que tu as dû rejeter jadis, afin de jouir de ces choses. Pensée solennelle! Pour ces folies et ces vanités, tu as abandonné Christ ! j'entends ta jouissance personnelle et pratique de Lui. Tu ne peux jouir du Seigneur et de ces choses à la fois. Il te faut donc les abandonner ! Aurais-tu une minute d'hésitation? regarde à la Croix ! Oh quel amour ! quelle mort ! quel monde ! Et c'est pour toi qu'Il meurt, pour tes péchés mêmes ! Et tu trouverais ton plaisir dans le monde qui a mis à mort ton Sauveur ! Oh ! jette-toi à ses pieds bénis, dans une tristesse selon Dieu, à salut. Tu as contristé son coeur, déshonoré son nom; confesse-lui tout; il est fidèle et juste pour te pardonner tes péchés et te purifier de toute iniquité.

Mais jusqu'à ce que tu l'aies fait, tu seras malheureux, d'un coeur indécis, ta communion avec le Seigneur étant interrompue ; ton cas est sérieux: il peut te conduire à l'apostasie. Et si le Seigneur ne retient les roues du chariot, qui peut dire où il ira, où il s'arrêtera sur cette pente. Un accident peut survenir et l'arrêter tout d'un coup, mais ce ne sera pas sans des avaries, dont les marques resteront ineffaçables. 0 Seigneur, fais luire les rayons de ta grâce ! Ouvre les yeux de tous ceux qui côtoient de trop près les rives de la mer de ce monde. Sèvre-les de ce présent siècle mauvais. Que pour Toi seul ils soient parés de la beauté et du parfum du lis des vallées ! T'entendre dire, ô Seigneur: «Tel qu'est le lis entre les épines, telle est mon amie entre les filles», ferait infiniment plus que récompenser tout notre renoncement à nous-mêmes.

Les personnes qui ont voyagé en Orient disent que l'arbre dont il est question, n'est pas le pommier, mais selon toute probabilité, le magnifique citronnier de Palestine. L'épais feuillage vert foncé des branches du citronnier, offre un excellent abri contre les rayons du soleil, et ses fruits délicieux sont très-parfumés et rafraîchissants. Le voyageur fatigué, qui le con pare aux arbres ordinaires de la forêt, ne peut que l'admirer et le préférer à tous les autres. Aussi l'épouse établit-elle une comparaison analogue: «Comme le pommier entre les arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé entre les fils. » Nul n'est semblable à Christ. Il est « le premier entre dix mille ». Elle jouit pleinement de Lui, non pas seulement de ses dons, quelque bénis qu'ils soient, mais de Lui-même.

La communion personnelle est maintenant parfaite. L'épouse est dans la pure lumière de la faveur de l'époux. La réponse ne laisse rien à désirer: « Tel qu'est le lis entre les épines, telle est mon amie entre les filles. » « Comme le pommier entre les arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé entre les fils. » Admirables effets de la grâce ! Voyez où elle conduit. Le Juif aurait-il pu jamais parvenir jusqu'au sein de Dieu, en escaladant les flancs escarpés du Sinaï? Non, tout doit être grâce du commencement à la fin. Il y a ici réconciliation complète et communion. Le Seigneur se repose dans son amour, ainsi qu'il est écrit: « Il se reposera en son amour, il s'égaiera en toi avec chant de triomphe. » (Soph. III, 17.) L'épouse, elle aussi, jouit d'un parfait repos en cet amour immuable: « J'ai pris plaisir à son ombre et je m'y suis assise; et son fruit est doux à mon palais. » Son âme y trouve repos, joie et abondance. Son coeur s'y nourrit de Christ, qui satisfait tous ses besoins. Elle occupe maintenant la place bénie qui lui convient; elle avait auparavant une autre place, celle hélas ! du péché et de la mort; mais le Seigneur l'en a délivrée pour l'introduire avec Lui dans la nouvelle place de son Sauveur ressuscité. Cette dernière est maintenant la sienne. « Je t'ai réveillée sous un pommier. » Le pommier c'est Christ.

Israël, nous le savons, sera bientôt réveillé de la mort, dans laquelle il est plongé actuellement comme nation, pour jouir des bénédictions de la nouvelle alliance sous Christ.

Mais il ne pourra être réveillé que par Christ, et venir en bénédiction que sous Christ. Ils ne pourront s'appuyer que sur la miséricorde, n'alléguer qu'une nécessité sans remède, et ne suivre d'autres voies que Christ. Quand on en arrive à ce point, tout est bien, éternellement bien, tant pour le Juif que pour le Gentil. C'est sur ce même terrain, sous ce même chef béni, qu'Israël sera de nouveau rassemblé. Alors il s'assiéra littéralement sous son ombre, et trouvera son fruit doux à son palais, le fruit glorieux de l'amour merveilleux que Jésus a manifesté en mourant pour la nation rebelle.

« Ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu'il est écrit. Le Libérateur viendra de Sion; il détournera de Jacob l'impiété. » (Rom. XI, 26.) « En ce jour-là, dit l'Éternel des armées, vous convierez chacun son prochain sous la vigne et sous le figuier. » (Zach. III, 10.)

Séjour béni de gloire et de bonheur
Où pour jamais régnera le Sauveur,
Où, loin des maux dont la terre est la proie,
Nous goûterons une ineffable joie;
Oh! quand pourrai-je, à ce monde arraché,
Dans tes splendeurs, à l'abri du péché,
Près de Jésus oublier mes alarmes,
Et par sa main voir essuyer mes larmes!

VERS. 4.
« Il m'a fait entrer dans la maison du vin, et sa bannière sur moi, c'est l'amour. »

En méditant sur les différentes scènes de délices, dans lesquelles l'heureuse épouse est introduite par le roi, arrête un instant tes pensées, ô mon âme, à la source d'où découle ce fleuve de bonheur. C'est le privilège du chrétien de s'abreuver à la source, mieux encore qu'au fleuve. Dieu lui-même est la source de toutes nos bénédictions. Les plaisirs qui sont à sa droite ne sauraient être comptés. Mais la source profonde de la parfaite bénédiction de l'âme, c'est la glorieuse assurance qu'il n'était besoin de rien pour tourner le coeur de Dieu vers nous. Précieuse vérité ! Son amour est comme l'anneau qui fut passé au doigt du fils prodigue: il n'a pas eu de commencement, il n'aura jamais de fin. « Dieu est amour.» Il ne change pas. Ce qu'Il est en Lui-même, non pas ce que nous sommes, nous assurent à jamais des riches bénédictions de son amour. «En ceci est l'amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que Lui nous aima et qu'il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés. » (1 Jean IV, 10.) La foi trouve là son parfait repos, dans le coeur de Dieu, source de tout vrai bonheur. Comment douter d'un amour qui a donné le Fils unique? Quelle réponse à toute espèce de question: Dieu a donné son Fils unique pour moi, pécheur ! Car «Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous.» (Rom. V, 8.) En quoi consiste l'incrédulité à ce sujet? A ne pas croire Dieu dans le don de son Fils. En quoi consiste la foi ? À croire au parfait amour de Dieu manifesté dans le don de son cher Fils. « En vérité, en vérité, je vous dis, que celui qui entend ma parole et qui croit à Celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle, et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » (Jean V, 24.)

L'oeuvre de Christ n'était pas nécessaire pour tourner le coeur de Dieu vers le pécheur, mais pour tourner le coeur du pécheur vers Dieu. Toute l'Écriture révèle cette vérité bénie. La première occasion qui prêta à cette manifestation, se présenta dans le jardin d'Eden, quand l'homme tomba. Le couple criminel cherchait un lieu où se cacher, loin de la présence de Dieu, derrière les arbres du jardin; mais la voix de l'Éternel Dieu se fait entendre pleine de grâce: « Adam, où es-tu? » L'homme est maintenant un pécheur perdu, et Dieu le cherche; les premières paroles de l'amour qui rachète, caractérisent l'oeuvre entière de la rédemption. La révélation de l'amour de Dieu dans la promesse que la semence de la femme écraserait la tête du serpent, acheva de gagner leur confiance. Dès lors, et maintenant, dans le temps actuel, quand le pécheur, par grâce, croit au parfait amour de Dieu dans le don et l'oeuvre de son Fils, il est amené à Dieu par la foi en l'efficace de la mort, de la résurrection et de la gloire de Jésus. De la sorte, il est pardonné, accepté dans le bien-aimé, et répond pleinement aux désirs du coeur de Dieu.

Mais, bien que l'amour de Dieu à notre égard ait toujours été le même, il a rencontré chez nous beaucoup d'obstacles à son complet et libre épanchement. Si Dieu aime, il est juste aussi; s'il est miséricordieux, il est toujours conséquent avec Lui-même. Ce que son amour désirait, sa sagesse. en traçait le plan, et son pouvoir l'accomplissait. L'éloignement des obstacles prouve la grandeur de l'amour autant que la réalité de ces obstacles. Jésus vint pour faire la volonté de Dieu. Il fit et acheva l'oeuvre. Il abolit le péché par le sacrifice de lui-même. L'amour, le divin, l'éternel amour, ne pouvait aller plus loin. À quelle fin, ô mon âme, tendait, cet immense, ce mystérieux sacrifice? L'apôtre répond: «Afin de nous amener à Dieu»; pas seulement au ciel, mais à Dieu lui-même, à tout ce que Dieu est: « Car aussi Christ a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour les injustes, afin qu'il nous amenât à Dieu. » (1 Pierre III, 18.) Et encore : Car « Celui qui n'a pas connu le péché, il l'a fait péché pour nous, afin que nous devinssions, justice de Dieu en lui. » (2 Cor. V, 21.) Nous avons maintenant, c'est important à remarquer, l'amour et la justice en Christ. Il est également notre vie en tant que ressuscité d'entre les morts; mais c'est une vie au delà du tombeau, du jugement de Dieu, de la mort, de Satan, du péché et du monde. Nous possédons maintenant en Christ tout ce qui nous est nécessaire pour jouir de la présence de Dieu, présence dans laquelle il y a une plénitude de joie, de paix, de félicité, de repos, de gloire et pour l'éternité.

Dans la compagnie de Jésus, l'épouse contemple les mêmes scènes que Lui. Ils s'abreuvent aux nombreuses sources des félicités divines. Il la conduit aux «fontaines des eaux de la vie. » Le roi, dit-elle, m'a amené le matin dans ses chambres. Peu après, les choses prennent un autre aspect. Nous voyons l'épouse avec son bien-aimé dans les champs, où il paît et fait reposer son troupeau à midi. Plus tard, dans la journée, elle s'écrie: « Notre lit est verdoyant. Les solives de nos maisons sont des cèdres ; nos lambris des cyprès. » Cette image semble représenter une bénédiction pleine de fraîcheur, de grandeur stable et noble. À la fin du jour, son bien aimé la conduit au festin, sous la bannière de. l'amour. L'amour qu'Il lui témoigne est le secret de toute sa joie, la source de toutes ses délices.

Longtemps, bien longtemps, l'étendard de son amour a été laissé de côté sans être déployé. La foi savait que dans les pensées de Dieu, ce n'était que pour un temps, et que, selon la parole de la promesse, un jour viendrait, où il serait de nouveau déployé.

Depuis que l'homme de grande naissance, dont il est parlé dans la parabole, «est allé dans un pays éloigné pour recevoir un royaume et revenir ensuite»; nul étendard de l'amour divin n'a flotté sur Jérusalem, Depuis plus de dix-huit cents ans, la cité bien aimée. le temple magnifique ont été réduits en poudre, et le peuple dispersé aux quatre vents des cieux. Le Seigneur l'avait prédit lui-même à diverses reprises: « Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui lui sont envoyés, que de fois j'ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu ! Voici, votre maison vous est laissée déserte; car je vous dis : Vous ne me verrez plus désormais, jusqu'à ce que vous disiez: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!» (Matth. XXIII, 37-39.)

S'Il a tardé à venir, c'est, nous le savons, par pure grâce pour nous. Son amour n'est pas demeuré inactif, bien qu'il ne se soit pas exercé à l'égard d'Israël. Sa longanimité, c'est le salut. Par la puissance du Saint-Esprit et la prédication de l'Évangile, il s'est choisi, parmi les Juifs et les Gentils, un peuple pour son nom. (Actes XV, 14-18; 2 Pierre III, 9.)

Mais bientôt l'église qui est la plénitude de Celui qui remplit tout en tous, sera complète et ravie à la rencontre du Seigneur en l'air, « et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (Eph. I, 22-23; 1 Thess. IV). Cela aura lieu avant qu'Israël soit reconnu de nouveau comme peuple de Jéhovah. Mais bien que les Juifs aient été longtemps laissés de côté et châtiés à cause de leurs péchés, l'apôtre nous assure qu'ils ne sont pas rejetés pour toujours, et que «les dons et la vocation de Dieu sont sans repentir» (Rom. XI).

Le temps où Dieu aura compassion de Sion, le temps assigné, viendra. On annoncera le nom de l'Éternel dans Sion et sa louange dans Jérusalem. (Ps. CII.) La parole du Seigneur demeure ferme à jamais; toutes les spéculations de l'esprit humain seront réduites à néant. « Car voici, les jours viennent, dit l'Éternel, où je rétablirai les captifs de mon peuple Israël et Juda, et je les ferai retourner au pays que j'ai donné à leur père, et ils le posséderont. » (Jér. XXX, 3.) Et encore: «Je me réjouirai en eux pour leur faire du bien, et je les planterai dans ce pays en vérité, de tout mon coeur et de toute mon âme. » (Jér. XXXII, 41.) Alors la bannière de l'amour immuable de Dieu flottera au-dessus de leurs têtes. Oh ! qu'elle sera grande la bénédiction de ce peuple que le Seigneur bénira de tout son coeur et de toute son âme. Quelle grâce et quelle condescendance de la part de Dieu, de parler ainsi ! Quelles nombreuses bénédictions réservées à ce peuple, maintenant rejeté et foulé aux pieds. Peu de personnes y ajouteront foi; néanmoins, il vient, il est près, le jour où le Messie, leur roi, s'élèvera en leur faveur contre tous leurs ennemis, et sera comme un mur de feu autour dé sa Jérusalem bien-aimée, qu'il remplira de gloire. Alors, l'étendard de son amour, caché depuis si longtemps, à cause de leur incrédulité, sera déployé et pour toujours; alors toutes les familles de la terre verront le fidèle amour du Seigneur, le Très-Haut quand elles monteront à Jérusalem, pour se prosterner devant le roi, l'Éternel des armées, et pour célébrer la fête des tabernacles. (Zach. XIV.) Et alors, oh oui, alors s'accomplira cette parole si précieuse : « Il m'a fait entrer dans la maison du vin, et sa bannière sur moi, c'est l'amour, Soutenez-moi avec des gâteaux de raisins ; ranimez-moi avec des pommes, car je suis malade d'amour. »

Eh bien, ô mon âme ! que te disent toutes ces bénédictions, toutes ces sources de pures délices? Quelle signification revêtent-elles pour toi maintenant ? Bien que ce ne soient que des images et des allégories, elles ont été écrites pour ton instruction. De fait, elles représentent les réalités de la communion avec Christ, l'époux, et les affections, les sympathies de coeurs qui n'en forment qu'un N'as-tu pas remarqué parfois qu'après une séparation momentanée d'avec le monde, et la jouissance d'une communion étroite avec le Seigneur, le ton, le, caractère de notre esprit deviennent plus spirituels? La présence du Seigneur est plus complètement réalisée; le corps devient plus léger, l'esprit plus libre. Nous nous sentons alors éloignés de la terre et rapprochés des cieux; nous jouissons davantage des choses célestes, assurés que nous sommes de l'amour du Seigneur et du bon plaisir qu'Il prend en nous.

Mais cet état de vives jouissances spirituelles n'est qu'accidentel. On n'y parvient pas non plus, généralement parlant, en un instant. Nous ne pouvons tout d'un coup passer de la jouissance des choses de la terre à cette mesure de jouissance des choses du ciel. Il est vrai que nous avons Christ, le Saint-Esprit, la Parole, l'amour du Père, qui ne changent point; mais notre communion varie : elle est plus ou moins intime. Même la nécessité dans laquelle se trouvent l'esprit et le corps de s'occuper des choses temporelles, émousse notre sensibilité spirituelle. La prière en secret, la méditation de la Parole, le jugement de soi-même, la mortification du corps, le plaisir que prend le coeur aux choses de Dieu, la révélation faite par l'Esprit à nos âmes de l'amour de Jésus, se trouveront, la plupart du temps, unis à cet état de jouissance spirituelle. Tous ces exercices doivent être habituels au croyant, s'il désire être animé de sentiments célestes. Nous avons à marcher par la foi, comme appartenant à la nouvelle création, et non par la vue, comme étant encore dans l'ancienne. (2 Cor. V, 16, 17, 18.) Il est bon en même temps de se souvenir que le Seigneur n'est restreint à aucun genre de moyens, en amenant ses bien-aimés dans la salle des noces, le lieu de Sa présence où il y aura joie parfaite. Nous avons vu une âme ravie de bonheur par le sentiment subit du pardon de ses péchés et de l'amour assuré du Seigneur. Dans le cas de l'épouse, que nous avons sous les yeux, il n'y a pas eu chute apparente, mais simplement progrès notable dans son expérience. « Soutenez-moi avec des gâteaux de raisins ; ramenez-moi avec des pommes ; car je suis malade d'amour. »

Jamais l'âme qui se nourrit de Christ n'est rassasiée de Christ. Et le Seigneur prend plaisir à donner en abondance. « Ouvre ta bouche toute grande, et je la remplirai. » Lui seul est capable de satisfaire les désirs du coeur et de l'esprit. Mais remarquez-le, Il attire sa bien-aimée encore plus près de lui. « Sa main gauche est sous ma tête, et sa droite m'embrasse. » Oh ! Seigneur Jésus, Dieu, Sauveur, céleste époux, tête de l'église, qui est ton corps ! Comment sonder la hauteur et la profondeur de ton amour? Comment en mesurer la longueur et la largeur? Où trouver une communion plus intime, plus réelle, plus bénie? L'épouse bénie penche sa tête sur le sein de son bien-aimé, lieu du parfait et de l'éternel repos. Il ne peut y avoir rien de plus haut, il ne doit y avoir rien de plus bas que cela. Oh ! que ne donnerais-je pas pour éprouver davantage cette puissance, qui épuise et qui fortifie à la fois la présence du Seigneur ! Que ne donnerais-je pas pour avoir un coeur plus grand, une âme plus vaste !


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