Méditations sur le Cantique
de Salomon
CHAPITRE II
VERS. 1.
«Je suis le narcisse
de Saron, le lis des vallées.
»
|
Quelle merveilleuse chose que la grâce, la
grâce de Dieu pour les pécheurs !
Quels changements extraordinaires elle opère
dans les pensées, les intentions, les
désirs, les affections 1 Elle nous
communique l'intelligence de ce que nous sommes aux
yeux du Seigneur et pour son coeur. N'oublie point
ceci, ô mon âme, et
réfléchis-y profondément. La
source est abondante pour te
désaltérer.
Connaître la grâce,
c'est connaître Dieu et son parfait salut en
Jésus-Christ, par l'enseignement de la
puissance du Saint-Esprit. Peu de temps avant,
l'épouse avouait qu'elle était
«noire,... noire comme les tentes de
Kédar», et maintenant, par la
grâce, elle peut dire sans la moindre
hésitation: «Je suis le narcisse de
Saron et le lis des vallées», la
couronne et l'ornement de Saron, la beauté
et le charme des vallées. Et remarquez ces
expressions qu'elle emploie: « Le narcisse,...
le lis! » Elle ne parle pas d'une
manière générale de ses
attraits, qui lui ont gagné le coeur de
l'époux, dans le sens le plus absolu; elle
ne tire pas vanité devant le public de ce
qu'elle est; mais elle s'adresse directement
à Lui, avec le sentiment béni de la
place qu'elle occupe, dans son coeur, La communion
est complète, car, Il
ajoute aussitôt: « Tel
qu'est le lis entre les épines, telle est
mon amie entre les filles », et plus tard, Il
dit ouvertement: « Ma colombe, ma parfaite et
unique ; elle est unique à sa mère,
à celle qui l'a enfantée. » Tel
est le caractère distinctif de l'amour et de
la grâce de notre Seigneur
Jésus-Christ, et telle est la place
spéciale qu'occupe l'épouse à
ses yeux. Il va toujours plus loin qu'elle dans
l'expression de sa tendresse. Cela est très
bien pour le coeur. Quelle différence entre
le lis si beau, si parfumé, et
l'épine qui le déchire !
Il est bien des personnes qui,
à l'ouïe d'une pareille
vérité, s'écrient: « Oh !
je ne suis pas digne d'une telle place. »
C'est vrai, si vous parlez de votre propre
mérite. Mais de quelle place vous jugez-vous
digne? Si ce n'est pas celle-là, c'est d'une
inférieure, je suppose. Est-ce là de
l'humilité ? Non, mon ami, c'est de
l'orgueil. Nous ne méritons aucune place en
sa présence.
En conséquence s'il nous en
est assigné une, c'est une grâce, une
pure, une souveraine grâce. Être sur le
seuil, en serait une aussi bien que d'être
sur le trône.
Le fils prodigue pensait, sans
doute, que ce serait témoigner beaucoup
d'humilité que de dire à son
père ; « Traite-moi comme l'un de tes
mercenaires. » Ce n'était pas de
l'humilité, mais un reste d'orgueil et de
légalisme. De telles pensées prennent
leur origine dans le coeur naturel qui est
essentiellement orgueilleux et porté
à se placer sous la loi, et qui n'a
aucune idée de sa propre
condition, non plus que de la grâce de Dieu.
Quelqu'un qui nous donne un véritable
exemple d'humilité, c'est ce péager
qui se tenait à l'écart et n'osait
pas même lever les yeux vers le ciel.
(Luc XVIII, 13.) Le fils prodigue
n'avait pas plus de titres d'être reçu
comme serviteur que comme fils. Il avait perdu tous
ses droits sur le fondement de la justice. Tout ce
qu'il avait à alléguer,
c'était son pressant besoin. Il ne pouvait
être reçu qu'en grâce; s'il
avait été rencontré en
justice, il eût été
condamné à jamais. Mais la
grâce règne ; pas un mot n'est dit de
ses péchés. Sur mille articles, il
n'aurait pu répondre à un seul. La
question du péché a été
réglée entre Dieu et Christ sur la
croix. Maintenant la grâce brille. elle
brille dans tout son éclat par la justice.
Le coeur du Père est le foyer d'où
s'échappent les rayons de sa grâce, et
dans tout cela il trouve sa joie propre. Il agit de
Lui-même, et comme Lui-même. Le fils
prodigue n'a pas le temps d'achever le discours
qu'il avait préparé; il n'en vient
pas au passage: «Traite-moi comme l'un de tes
mercenaires. » Comment l'aurait-il pu ? La
grâce le prévient; son père
court à sa rencontre, se jette à son
cou, et le couvre de baisers.
Une fois réconcilié
par le sang de la croix, celui qui était
auparavant perdu, ruiné,
dégradé, devient enfant et
héritier, héritier de Dieu, et
cohéritier de Christ. Voilà la
grâce, la grâce de Dieu en
Jésus-Christ. Mais il y a plus encore; le
même pêcheur sauvé par
grâce, devient le vase dans
lequel elle se manifeste; il brillera dans la
gloire, dans tout le cours de
l'éternité; et telle est la part de
tous ceux qui croient en Son nom. De même que
des siècles innombrables succéderont
aux siècles, de même tous ceux qui ont
été les objets de cette grâce
pendant le temps, brilleront d'une splendeur
toujours nouvelle durant l'éternité.
Oh ! quelle place pour le misérable qui
n'avait ici-bas ni ami, ni famille! pour toujours
dans la gloire de Dieu 1 Mais telles sont les
immenses richesses de grâce, et tels sont les
vaisseaux appropriés à sa glorieuse
et éternelle manifestation dans sa maison,
la maison du Père selon qu'il est
écrit. «Afin qu'il montrât, dans
les siècles à venir, les immenses
richesses de sa grâce, dans sa bonté
envers nous dans le Christ-Jésus »
(Ephés. II, 7).
VERS. 3.
Comme
le pommier entre les arbres de la
forêt, tel est, mon bien-aimé
entre les fils ; j'ai pris plaisir
à son ombre, et je m'y suis assise,
et son fruit est doux à mon palais.
|
Au premier verset, sans nul doute, c'est
l'épouse qui parle. Dans le bonheur que lui
procure la communion avec Lui, elle déclare
ce qu'Il a fait d'elle dans sa grâce; elle
confesse qu'elle Lui doit tout, et sa
beauté, et l'affection dont elle, se sent
animée à son égard; et en se
comparant à ces belles fleurs, elle se borne
à répéter ce que
Lui-même lui a enseigné.
Mais remarque bien, ô mon
âme ! qu'elle dit: « Je suis le lis des
vallées.» C'est au fond de la
vallée paisible qu'elle trouve son sol
natal; là et non dans la
ville, elle respire l'air libre qui lui est propre;
là elle fleurit pour charmer les regards de
son bien-aimé, et répand son parfum
pour Lui plaire. «Il paît son troupeau
parmi les lis. » C'est dans la ville qu'elle
perdit la joie de sa présence, que les
gardes la battirent et lui ôtèrent son
voile ; c'étaient, hélas ! ses heures
d'égarement.
Oh! combien il eût mieux valu
pour elle n'avoir jamais quitté sa
vallée natale ! Réfléchis
sérieusement à toutes ces choses,
ô mon âme. Place-toi loin du courant du
monde, et insensible à son esprit comme
à ses attraits, applique-toi à aimer
Jésus et à le satisfaire. Quelle
merveille que Celui qui est assis sur le
trône de Dieu dans les cieux et
couronné de sa gloire daigne s'occuper de
misérables tels que nous, qui ne sommes bons
à rien, et surtout que, suivant notre
manière d'agir, Il éprouve de la joie
et du contentement, ou de la peine et de la douleur
! Combien il est triste, hélas ! qu'Il soit
si fréquemment blessé dans la maison
de ses amis ! Qu'y a-t-il sous le soleil qui puisse
procurer un bonheur si réel, que de Lui
être agréable ? Rien n'est plus
indigne d'un chrétien que de rechercher sa
propre satisfaction, et de se plaire dans les
vanités du monde, sachant surtout qu'il
afflige le coeur de Celui qui l'a tant aimé,
de Celui qui pour lui est mort et
ressuscité.
Après avoir jugé ton
coeur et tes voies à cet égard, donne
aux autres tes soins, ton amour, la sympathie, et
en particulier aux agneaux du
troupeau, pour la gloire du Seigneur. Combien
Jésus est heureux, de voir ceux pour
lesquels Il s'est sacrifié, marcher d'un pas
ferme et joyeux sur ses traces, et paître
à côté de la demeure de ses
compagnons comme bergers. Là croît une
herbe tendre, là coulent des eaux paisibles.
Mais combien le Berger souffre, et ceux qui
paissent le troupeau sous Lui, à la vue d'un
jeune disciple qui, pendant un certain temps,
semblait avoir donne son coeur au Seigneur,
céder aux séductions d'amis
inconvertis, aux pièges de l'Ennemi
s'efforçant d'excuser une marche coupable,
en bien des points conforme aux usages d'un monde
qui gît dans le mal; il en vient même
à se demander: dois-je rejeter ceci? dois-je
abandonner cela?... Songe plutôt, mon
frère, ma soeur, à ce que tu as
dû rejeter jadis, afin de jouir de ces
choses. Pensée solennelle! Pour ces folies
et ces vanités, tu as abandonné
Christ ! j'entends ta jouissance personnelle et
pratique de Lui. Tu ne peux jouir du Seigneur et de
ces choses à la fois. Il te faut donc les
abandonner ! Aurais-tu une minute
d'hésitation? regarde à la Croix ! Oh
quel amour ! quelle mort ! quel monde ! Et c'est
pour toi qu'Il meurt, pour tes péchés
mêmes ! Et tu trouverais ton plaisir dans le
monde qui a mis à mort ton Sauveur ! Oh !
jette-toi à ses pieds bénis, dans une
tristesse selon Dieu, à salut. Tu as
contristé son coeur, déshonoré
son nom; confesse-lui tout; il est fidèle et
juste pour te pardonner tes péchés et
te purifier de toute iniquité.
Mais jusqu'à ce que tu l'aies
fait, tu seras malheureux, d'un coeur
indécis, ta communion avec le Seigneur
étant interrompue ; ton cas est
sérieux: il peut te conduire à
l'apostasie. Et si le Seigneur ne retient les roues
du chariot, qui peut dire où il ira,
où il s'arrêtera sur cette pente. Un
accident peut survenir et l'arrêter tout d'un
coup, mais ce ne sera pas sans des avaries, dont
les marques resteront ineffaçables. 0
Seigneur, fais luire les rayons de ta grâce !
Ouvre les yeux de tous ceux qui côtoient de
trop près les rives de la mer de ce monde.
Sèvre-les de ce présent siècle
mauvais. Que pour Toi seul ils soient parés
de la beauté et du parfum du lis des
vallées ! T'entendre dire, ô Seigneur:
«Tel qu'est le lis entre les épines,
telle est mon amie entre les filles», ferait
infiniment plus que récompenser tout notre
renoncement à nous-mêmes.
Les personnes qui ont voyagé
en Orient disent que l'arbre dont il est question,
n'est pas le pommier, mais selon toute
probabilité, le magnifique citronnier de
Palestine. L'épais feuillage vert
foncé des branches du citronnier, offre un
excellent abri contre les rayons du soleil, et ses
fruits délicieux sont
très-parfumés et
rafraîchissants. Le voyageur fatigué,
qui le con pare aux arbres ordinaires de la
forêt, ne peut que l'admirer et le
préférer à tous les autres.
Aussi l'épouse établit-elle une
comparaison analogue: «Comme le pommier entre
les arbres de la forêt, tel est mon
bien-aimé entre les fils. » Nul n'est
semblable à Christ. Il est
« le premier entre dix mille ». Elle
jouit pleinement de Lui, non pas seulement de ses
dons, quelque bénis qu'ils soient, mais de
Lui-même.
La communion personnelle est
maintenant parfaite. L'épouse est dans la
pure lumière de la faveur de l'époux.
La réponse ne laisse rien à
désirer: « Tel qu'est le lis entre les
épines, telle est mon amie entre les filles.
» « Comme le pommier entre les arbres de
la forêt, tel est mon bien-aimé entre
les fils. » Admirables effets de la
grâce ! Voyez où elle conduit. Le Juif
aurait-il pu jamais parvenir jusqu'au sein de Dieu,
en escaladant les flancs escarpés du
Sinaï? Non, tout doit être grâce
du commencement à la fin. Il y a ici
réconciliation complète et communion.
Le Seigneur se repose dans son amour, ainsi qu'il
est écrit: « Il se reposera en son
amour, il s'égaiera en toi avec chant de
triomphe. »
(Soph. III, 17.) L'épouse,
elle aussi, jouit d'un parfait repos en cet amour
immuable: « J'ai pris plaisir à son
ombre et je m'y suis assise; et son fruit est doux
à mon palais. » Son âme y trouve
repos, joie et abondance. Son coeur s'y nourrit de
Christ, qui satisfait tous ses besoins. Elle occupe
maintenant la place bénie qui lui convient;
elle avait auparavant une autre place, celle
hélas ! du péché et de la
mort; mais le Seigneur l'en a
délivrée pour l'introduire avec Lui
dans la nouvelle place de son Sauveur
ressuscité. Cette dernière est
maintenant la sienne. « Je t'ai
réveillée sous un pommier. » Le
pommier c'est Christ.
Israël, nous le savons, sera
bientôt réveillé de la mort,
dans laquelle il est plongé actuellement
comme nation, pour jouir des
bénédictions de la nouvelle alliance
sous Christ.
Mais il ne pourra être
réveillé que par Christ, et venir en
bénédiction que sous Christ. Ils ne
pourront s'appuyer que sur la miséricorde,
n'alléguer qu'une nécessité
sans remède, et ne suivre d'autres voies que
Christ. Quand on en arrive à ce point, tout
est bien, éternellement bien, tant pour le
Juif que pour le Gentil. C'est sur ce même
terrain, sous ce même chef béni,
qu'Israël sera de nouveau rassemblé.
Alors il s'assiéra littéralement sous
son ombre, et trouvera son fruit doux à son
palais, le fruit glorieux de l'amour merveilleux
que Jésus a manifesté en mourant pour
la nation rebelle.
« Ainsi tout Israël sera
sauvé, selon qu'il est écrit. Le
Libérateur viendra de Sion; il
détournera de Jacob l'impiété.
»
(Rom. XI, 26.) « En ce
jour-là, dit l'Éternel des
armées, vous convierez chacun son prochain
sous la vigne et sous le figuier. »
(Zach. III, 10.)
- Séjour béni de gloire et de
bonheur
- Où pour jamais régnera le
Sauveur,
- Où, loin des maux dont la terre est
la proie,
- Nous goûterons une ineffable joie;
- Oh! quand pourrai-je, à ce monde
arraché,
- Dans tes splendeurs, à l'abri du
péché,
- Près de Jésus oublier mes
alarmes,
- Et par sa main voir essuyer mes larmes!
VERS. 4.
« Il m'a fait entrer
dans la maison du vin, et sa
bannière sur moi, c'est l'amour.
»
|
En méditant sur les
différentes scènes de délices,
dans lesquelles l'heureuse épouse est
introduite par le roi, arrête un instant tes
pensées, ô mon âme, à la
source d'où découle ce fleuve de
bonheur. C'est le privilège du
chrétien de s'abreuver à la source,
mieux encore qu'au fleuve. Dieu lui-même est
la source de toutes nos bénédictions.
Les plaisirs qui sont à sa droite ne
sauraient être comptés. Mais la source
profonde de la parfaite bénédiction
de l'âme, c'est la glorieuse assurance qu'il
n'était besoin de rien pour tourner le coeur
de Dieu vers nous. Précieuse
vérité ! Son amour est comme l'anneau
qui fut passé au doigt du fils prodigue: il
n'a pas eu de commencement, il n'aura jamais de
fin. « Dieu est amour.» Il ne change pas.
Ce qu'Il est en Lui-même, non pas ce que nous
sommes, nous assurent à jamais des riches
bénédictions de son amour. «En
ceci est l'amour, non en ce que nous, nous ayons
aimé Dieu, mais en ce que Lui nous aima et
qu'il envoya son Fils pour être la
propitiation pour nos péchés. »
(1 Jean IV, 10.) La foi trouve
là son parfait repos, dans le coeur de Dieu,
source de tout vrai bonheur. Comment douter d'un
amour qui a donné le Fils unique? Quelle
réponse à toute espèce de
question: Dieu a donné son Fils unique pour
moi, pécheur ! Car «Dieu constate son
amour à lui envers nous, en ce que lorsque
nous étions encore pécheurs, Christ
est mort pour nous.»
(Rom. V, 8.) En quoi consiste
l'incrédulité à ce sujet? A ne
pas croire Dieu dans le don de
son Fils. En quoi consiste la foi ? À croire
au parfait amour de Dieu manifesté dans le
don de son cher Fils. « En
vérité, en vérité, je
vous dis, que celui qui entend ma parole et qui
croit à Celui qui m'a envoyé, a la
vie éternelle, et ne vient pas en jugement,
mais il est passé de la mort à la
vie. »
(Jean V, 24.)
L'oeuvre de Christ n'était
pas nécessaire pour tourner le coeur de Dieu
vers le pécheur, mais pour tourner le coeur
du pécheur vers Dieu. Toute
l'Écriture révèle cette
vérité bénie. La
première occasion qui prêta à
cette manifestation, se présenta dans le
jardin d'Eden, quand l'homme tomba. Le couple
criminel cherchait un lieu où se cacher,
loin de la présence de Dieu, derrière
les arbres du jardin; mais la voix de
l'Éternel Dieu se fait entendre pleine de
grâce: « Adam, où es-tu? »
L'homme est maintenant un pécheur perdu, et
Dieu le cherche; les premières paroles de
l'amour qui rachète, caractérisent
l'oeuvre entière de la rédemption. La
révélation de l'amour de Dieu dans la
promesse que la semence de la femme
écraserait la tête du serpent, acheva
de gagner leur confiance. Dès lors, et
maintenant, dans le temps actuel, quand le
pécheur, par grâce, croit au parfait
amour de Dieu dans le don et l'oeuvre de son Fils,
il est amené à Dieu par la foi en
l'efficace de la mort, de la résurrection et
de la gloire de Jésus. De la sorte, il est
pardonné, accepté dans le
bien-aimé, et répond pleinement aux
désirs du coeur de Dieu.
Mais, bien que l'amour de Dieu
à notre égard ait toujours
été le même, il a
rencontré chez nous beaucoup d'obstacles
à son complet et libre épanchement.
Si Dieu aime, il est juste aussi; s'il est
miséricordieux, il est toujours
conséquent avec Lui-même. Ce que son
amour désirait, sa sagesse. en
traçait le plan, et son pouvoir
l'accomplissait. L'éloignement des obstacles
prouve la grandeur de l'amour autant que la
réalité de ces obstacles.
Jésus vint pour faire la volonté de
Dieu. Il fit et acheva l'oeuvre. Il abolit le
péché par le sacrifice de
lui-même. L'amour, le divin, l'éternel
amour, ne pouvait aller plus loin. À quelle
fin, ô mon âme, tendait, cet immense,
ce mystérieux sacrifice? L'apôtre
répond: «Afin de nous amener à
Dieu»; pas seulement au ciel, mais à
Dieu lui-même, à tout ce que Dieu est:
« Car aussi Christ a souffert une fois pour
les péchés, lui juste pour les
injustes, afin qu'il nous amenât à
Dieu. »
(1 Pierre III, 18.) Et encore : Car
« Celui qui n'a pas connu le
péché, il l'a fait
péché pour nous, afin que nous
devinssions, justice de Dieu en lui. »
(2 Cor. V, 21.) Nous avons
maintenant, c'est important à remarquer,
l'amour et la justice en Christ. Il est
également notre vie en tant que
ressuscité d'entre les morts; mais c'est une
vie au delà du tombeau, du jugement de Dieu,
de la mort, de Satan, du péché et du
monde. Nous possédons maintenant en Christ
tout ce qui nous est nécessaire pour jouir
de la présence de Dieu, présence dans
laquelle il y a une
plénitude de joie, de paix, de
félicité, de repos, de gloire et pour
l'éternité.
Dans la compagnie de Jésus,
l'épouse contemple les mêmes
scènes que Lui. Ils s'abreuvent aux
nombreuses sources des félicités
divines. Il la conduit aux «fontaines des eaux
de la vie. » Le roi, dit-elle, m'a
amené le matin dans ses chambres. Peu
après, les choses prennent un autre aspect.
Nous voyons l'épouse avec son
bien-aimé dans les champs, où il
paît et fait reposer son troupeau à
midi. Plus tard, dans la journée, elle
s'écrie: « Notre lit est verdoyant. Les
solives de nos maisons sont des cèdres ; nos
lambris des cyprès. » Cette image
semble représenter une
bénédiction pleine de
fraîcheur, de grandeur stable et noble.
À la fin du jour, son bien aimé la
conduit au festin, sous la bannière de.
l'amour. L'amour qu'Il lui témoigne est le
secret de toute sa joie, la source de toutes ses
délices.
Longtemps, bien longtemps,
l'étendard de son amour a été
laissé de côté sans être
déployé. La foi savait que dans les
pensées de Dieu, ce n'était que pour
un temps, et que, selon la parole de la promesse,
un jour viendrait, où il serait de nouveau
déployé.
Depuis que l'homme de grande
naissance, dont il est parlé dans la
parabole, «est allé dans un pays
éloigné pour recevoir un royaume et
revenir ensuite»; nul étendard de
l'amour divin n'a flotté sur
Jérusalem, Depuis plus de dix-huit cents
ans, la cité bien aimée. le temple
magnifique ont été réduits en
poudre, et le peuple
dispersé aux quatre vents des cieux. Le
Seigneur l'avait prédit lui-même
à diverses reprises: «
Jérusalem, Jérusalem, qui tues les
prophètes et qui lapides ceux qui lui sont
envoyés, que de fois j'ai voulu rassembler
tes enfants comme une poule rassemble ses poussins
sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu !
Voici, votre maison vous est laissée
déserte; car je vous dis : Vous ne me verrez
plus désormais, jusqu'à ce que vous
disiez: Béni soit celui qui vient au nom du
Seigneur!»
(Matth. XXIII, 37-39.)
S'Il a tardé à venir,
c'est, nous le savons, par pure grâce pour
nous. Son amour n'est pas demeuré inactif,
bien qu'il ne se soit pas exercé à
l'égard d'Israël. Sa
longanimité, c'est le salut. Par la
puissance du Saint-Esprit et la prédication
de l'Évangile, il s'est choisi, parmi les
Juifs et les Gentils, un peuple pour son nom.
(Actes XV, 14-18;
2 Pierre III, 9.)
Mais bientôt l'église
qui est la plénitude de Celui qui remplit
tout en tous, sera complète et ravie
à la rencontre du Seigneur en l'air, «
et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur
»
(Eph. I, 22-23;
1 Thess. IV). Cela aura lieu avant
qu'Israël soit reconnu de nouveau comme peuple
de Jéhovah. Mais bien que les Juifs aient
été longtemps laissés de
côté et châtiés à
cause de leurs péchés, l'apôtre
nous assure qu'ils ne sont pas rejetés pour
toujours, et que «les dons et la vocation de
Dieu sont sans repentir»
(Rom. XI).
Le temps où Dieu aura
compassion de Sion, le temps
assigné, viendra. On annoncera le nom de
l'Éternel dans Sion et sa louange dans
Jérusalem.
(Ps. CII.) La parole du Seigneur
demeure ferme à jamais; toutes les
spéculations de l'esprit humain seront
réduites à néant. « Car
voici, les jours viennent, dit l'Éternel,
où je rétablirai les captifs de mon
peuple Israël et Juda, et je les ferai
retourner au pays que j'ai donné à
leur père, et ils le posséderont.
»
(Jér. XXX, 3.) Et encore:
«Je me réjouirai en eux pour leur faire
du bien, et je les planterai dans ce pays en
vérité, de tout mon coeur et de toute
mon âme. »
(Jér. XXXII, 41.) Alors la
bannière de l'amour immuable de Dieu
flottera au-dessus de leurs têtes. Oh !
qu'elle sera grande la bénédiction de
ce peuple que le Seigneur bénira de tout son
coeur et de toute son âme. Quelle grâce
et quelle condescendance de la part de Dieu, de
parler ainsi ! Quelles nombreuses
bénédictions réservées
à ce peuple, maintenant rejeté et
foulé aux pieds. Peu de personnes y
ajouteront foi; néanmoins, il vient, il est
près, le jour où le Messie, leur roi,
s'élèvera en leur faveur contre tous
leurs ennemis, et sera comme un mur de feu autour
dé sa Jérusalem bien-aimée,
qu'il remplira de gloire. Alors, l'étendard
de son amour, caché depuis si longtemps,
à cause de leur incrédulité,
sera déployé et pour toujours; alors
toutes les familles de la terre verront le
fidèle amour du Seigneur, le
Très-Haut quand elles monteront à
Jérusalem, pour se prosterner devant le roi,
l'Éternel des armées, et pour
célébrer la
fête des tabernacles.
(Zach. XIV.) Et alors, oh oui, alors
s'accomplira cette parole si précieuse :
« Il m'a fait entrer dans la maison du vin, et
sa bannière sur moi, c'est l'amour,
Soutenez-moi avec des gâteaux de raisins ;
ranimez-moi avec des pommes, car je suis malade
d'amour. »
Eh bien, ô mon âme ! que
te disent toutes ces bénédictions,
toutes ces sources de pures délices? Quelle
signification revêtent-elles pour toi
maintenant ? Bien que ce ne soient que des images
et des allégories, elles ont
été écrites pour ton
instruction. De fait, elles représentent les
réalités de la communion avec Christ,
l'époux, et les affections, les sympathies
de coeurs qui n'en forment qu'un N'as-tu pas
remarqué parfois qu'après une
séparation momentanée d'avec le
monde, et la jouissance d'une communion
étroite avec le Seigneur, le ton, le,
caractère de notre esprit deviennent plus
spirituels? La présence du Seigneur est plus
complètement réalisée; le
corps devient plus léger, l'esprit plus
libre. Nous nous sentons alors
éloignés de la terre et
rapprochés des cieux; nous jouissons
davantage des choses célestes,
assurés que nous sommes de l'amour du
Seigneur et du bon plaisir qu'Il prend en
nous.
Mais cet état de vives
jouissances spirituelles n'est qu'accidentel. On
n'y parvient pas non plus,
généralement parlant, en un instant.
Nous ne pouvons tout d'un coup passer de la
jouissance des choses de la terre à cette
mesure de jouissance des choses
du ciel. Il est vrai que nous avons Christ, le
Saint-Esprit, la Parole, l'amour du Père,
qui ne changent point; mais notre communion varie :
elle est plus ou moins intime. Même la
nécessité dans laquelle se trouvent
l'esprit et le corps de s'occuper des choses
temporelles, émousse notre
sensibilité spirituelle. La prière en
secret, la méditation de la Parole, le
jugement de soi-même, la mortification du
corps, le plaisir que prend le coeur aux choses de
Dieu, la révélation faite par
l'Esprit à nos âmes de l'amour de
Jésus, se trouveront, la plupart du temps,
unis à cet état de jouissance
spirituelle. Tous ces exercices doivent être
habituels au croyant, s'il désire être
animé de sentiments célestes. Nous
avons à marcher par la foi, comme
appartenant à la nouvelle création,
et non par la vue, comme étant encore dans
l'ancienne.
(2 Cor. V, 16, 17, 18.) Il est bon en
même temps de se souvenir que le Seigneur
n'est restreint à aucun genre de moyens, en
amenant ses bien-aimés dans la salle des
noces, le lieu de Sa présence où il y
aura joie parfaite. Nous avons vu une âme
ravie de bonheur par le sentiment subit du pardon
de ses péchés et de l'amour
assuré du Seigneur. Dans le cas de
l'épouse, que nous avons sous les yeux, il
n'y a pas eu chute apparente, mais simplement
progrès notable dans son expérience.
« Soutenez-moi avec des gâteaux de
raisins ; ramenez-moi avec des pommes ; car je suis
malade d'amour. »
Jamais l'âme qui se nourrit de
Christ n'est rassasiée de
Christ. Et le Seigneur prend plaisir à
donner en abondance. « Ouvre ta bouche toute
grande, et je la remplirai. » Lui seul est
capable de satisfaire les désirs du coeur et
de l'esprit. Mais remarquez-le, Il attire sa
bien-aimée encore plus près de lui.
« Sa main gauche est sous ma tête, et sa
droite m'embrasse. » Oh ! Seigneur
Jésus, Dieu, Sauveur, céleste
époux, tête de l'église, qui
est ton corps ! Comment sonder la hauteur et la
profondeur de ton amour? Comment en mesurer la
longueur et la largeur? Où trouver une
communion plus intime, plus réelle, plus
bénie? L'épouse bénie penche
sa tête sur le sein de son bien-aimé,
lieu du parfait et de l'éternel repos. Il ne
peut y avoir rien de plus haut, il ne doit y avoir
rien de plus bas que cela. Oh ! que ne donnerais-je
pas pour éprouver davantage cette puissance,
qui épuise et qui fortifie à la fois
la présence du Seigneur ! Que ne
donnerais-je pas pour avoir un coeur plus grand,
une âme plus vaste !
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