Méditations sur le Cantique
de Salomon
CHAPITRE V
Versets: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16.
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La belle et bien-aimée Sulamite, n'a pas
plutôt invité son Seigneur à
venir dans son jardin et à manger de ses
fruits exquis, qu'il répond : « Je suis
venu. » Il ne dit pas: « Je puis venir ou
je viendrai, » mais «je suis venu».
Pendant qu'elle l'invite encore, il est
déjà présent. Son coeur est
toujours prêt, faisant le guet, pour ainsi
dire, afin d'ouïr le cri de ses
bien-aimés. Oh ! heureuse l'épouse,
heureux le peuple qui se trouve
dans un cas pareil. Avoir le Roi des Rois et le
Seigneur des seigneurs, attendant, se tenant
prêt à ouïr quand ils
l'appellent! Les fruits de l'Esprit lui sont
toujours agréables. Il les trouve maintenant
riches et variés, et il jouit vivement de ce
banquet de l'amour.
VERS. 1.
« Je suis venu dans
mon jardin, ma soeur, ma fiancée.
J'ai cueilli ma myrrhe avec mes aromates
j'ai mangé mon rayon de miel avec
mon miel; j'ai bu mon vin avec mon lait.
Mangez, amis; buvez, buvez abondamment,
bien-aimés. »
|
Ces divers fruits peuvent représenter les
divers résultats des opérations de
l'Esprit, dans les âmes par la
vérité. De l'une peuvent couler des
larmes aussi amères que la myrrhe, sous le
sentiment profond d'une ancienne chute, l'Esprit de
Dieu ayant appliqué avec puissance la
vérité à la conscience, le
coeur est brisé; ses fontaines profondes
sont ouvertes, et les larmes les plus amères
du repentir selon Dieu coulent en abondance.
Maintenant tout se produit devant Dieu dans une
confession sans réserve. Dans la
lumière pénétrante de sa
sainte présence, on perd de vue les causes
secondes. «J'ai péché contre
toi, contre toi proprement, et j'ai fait ce qui
déplaît à tes yeux. »
Voilà les cabinets secrets où
l'âme doit être avec Dieu. Quoique le
péché de David eût
été contre son prochain et contre la
société, il n'en dit pas moins:
« J'ai péché contre toi, contre
toi proprement. » Tout péché est
contre Dieu, et c'est une chose pénible
mais nécessaire d'avoir
affaire avec Dieu au sujet de notre
péché. Mais il nous faut aller en la
présence de Dieu, avec humilité, tels
que nous sommes, si nous voulons être
délivrés du péché selon
1 Jean I, 9. Il faut que là
le coupable en pleurs confesse la multitude de ses
péchés pour connaître la
multitude des tendres compassions de Dieu. C'est
ainsi seulement qu'il apprend tout ce que signifie
cette parole: « Où le
péché abondait, la grâce a
surabondé. » Dieu rencontre le
pécheur, béni soit son nom, dans lit
grâce infinie de son coeur, sur le fondement
du Sang précieux de Jésus. De
même que le flot qui monte de l'immense
océan, se hâte à la rencontre
du flot qui descend, l'embrasse et le
déborde de toute part, ainsi la grâce
vient au-devant du pécheur repentant et
efface pour toujours toute trace de son
péché. Il se peut que, semblable
à un fleuve, son cours ait été
long et profond, mais désormais, impossible
d'en saisir même la moindre trace.
Amour divin, tu as effacé mes
péchés dans les immenses richesses de
ta grâce en Jésus. Mon iniquité
est couverte; je suis délivré de
toute condamnation ; tandis que le sang de
Jésus fait retentir la terre et les cieux de
ce cri d'amour : Grâce ! Grâce
entière ! Grâce illimitée
!
Ayant passé par
l'expérience décrite dans le psaume
51ème, David pouvait
célébrer et adorer Dieu avec un coeur
plein de joie dans les accents du
103 « Mon âme,
bénis l'Eternel! Et, que tout ce qui est
au-dedans de moi, bénisse
son saint nom ! Mon âme,
bénis l'Eternel, et n'oublie aucun de ses
bienfaits. C'est Lui qui pardonne toutes les
iniquités, qui guérit toutes les
infirmités, qui rachète ta vie de la
fosse, qui te couronne de bonté et de
compassions. » Ainsi la majesté, la
sainteté et la fidélité de
Dieu ont été maintenues, le
péché a été jugé
dans la lumière, la conscience a
été purifiée, le coeur rendu
heureux, la communion pleinement rétablie,
et l'âme établie dans la grâce.
Les larmes peuvent avoir été plus
amères que la myrrhe, mais les
résultats sont pour le coeur de Christ plus
doux que le miel, et plus parfumés que tous
les aromates.
Le Seigneur trouve toute sorte de
fruits dans les assemblées des siens. Il a
la plus entière communion avec tout ce qui
est de l'Esprit, et en jouit avec délices.
«J'ai mangé... j'ai bu. » Il n'en
dédaigne aucun. Dans le disciple
avancé, il peut trouver ce qui indique la
force et la vigueur du vin, tandis que dans le
petit enfant nouveau-né, il peut y avoir la
douce simplicité du lait. Un
incrédule, vexé et irrité de
la charmante simplicité d'une enfant
convertie qui parlait de la joie et du bonheur
d'être avec Jésus pour toujours, lui
dit: «Mais si Jésus est dans l'enfer?
» «Ah ! » répliqua la
chère petite, « ce ne serait pas
l'enfer, s'il y était. Combien cette parole
est simple, et pourtant irréfutable ! Comme
elle honore le nom de Jésus - qu'elle est
rafraîchissante pour son coeur ! Qu'as-tu
pour ton Seigneur, ô mon âme? Que
peut-il recevoir de toi? que
peut-il manger? que peut-il
boire chez toi? Quoi de plus doux que
l'humilité? Qu'est-ce qui honore plus le
Seigneur qu'une complète dépendance
de Lui? Quoi de plus agréable à son
coeur que le désir continuel, croissant, de
glorifier Dieu!
Des hôtes nombreux auront part
à ce souper royal, et entreront dans ses
joies. Nombreux, fort nombreux, sont les «
amis » de l'époux. Et au jour de sa
gloire, ils entreront tous dans sa Joie. Jour
merveilleux, jour longtemps désiré de
la gloire céleste et de la gloire terrestre
! Tous les coeurs seront atteints et émus de
cette joyeuse invitation : « Mangez, amis ;
buvez abondamment, bien-aimés. » Les
« branches naturelles » longtemps
retranchées du tronc de la promesse seront,
comme dit l'apôtre, greffées de
nouveau. « En ce jour-là», le jour
du rétablissement d'Israël, l'Eternel
fera « que Jacob prendra racine, Israël
fleurira et poussera, et remplira de fruits la face
du monde »
(Esaïe XXVII, 6). Quel banquet
sera alors préparé pour toutes les
nations par Israël rétabli ! La face du
monde sera remplie de fruits. « Et l'Eternel
des armées fera à tous les peuples,
en cette montagne, un festin de choses grasses, un
festin de vins vieux, un festin de choses grasses,
moelleuses, de vins vieux bien
épurés. »
(Es. XXV, 6.) Et encore : « Et
il arrivera, en ce jour-là, que j'exaucerai,
dit l'Eternel, que j'exaucerai les cieux et eux
exauceront la terre, et la terre exaucera le
froment, le moût et l'huile, et eux
exauceront Jizrëel. Et je
la sèmerai pour moi dans le pays.»
(Osée II, 21-22.)
Ici il y a un changement de figure:
ce n'est plus de greffer, mais de semer, qu'il
s'agit, comme si Dieu ,allait opérer sur la
terre une chose entièrement nouvelle.
«Nous savons, par le Nouveau-Testament, »
dit l'auteur d'un ouvrage récent, «
qu'en ce jour-là » « les cieux
» seront occupés par Christ et les
saints glorifiés. «Jéhovah
exauce les cieux, et les cieux exauceront la terre.
» Christ, en qui toutes choses, tant celles
qui sont dans les cieux que celles qui sont sur la
terre, seront réunies, sera Celui auquel
s'adressera la prière et la louange de tout
ce qui sera sur la terre, comme ce sera par lui et
par ses saints glorifiés que la
bénédiction sera universellement
administrée. «Et la terre exauce le
froment, le moût et l'huile. » Alors
plus d'indigence, plus de disette. La voix de
plainte aura cessé de se faire entendre dans
les rues. Le gémissement universel de la
création ne sera plus, et à sa place
retentiront de toutes parts les hymnes de la
gratitude et de la louange. « Et eux
exauceront Jizrëel. » Or, Jizrëel,
comme les savants nous l'apprennent, signifie :
« la semence de Dieu », et celte
interprétation du mot est confirmée
par ce qui suit immédiatement. « puis
je la sèmerai (Israël) pour moi dans le
pays...,, Il y aura une chaîne non
interrompue de bénédiction, du
trône de Jéhovah, la grande source de
tout, à la terre, pour la jouissance, par le
genre humain, de toutes les
bénédictions de cette vie ; et la
place occupée dans cette
merveilleuse chaîne par Israël
restauré, et celle de Jizrëel, la
semence de Dieu, semée, par Jéhovah
et pour lui, en la terre, et remplissant de fruits
la face du monde.
Les cieux seront occupés par
Christ et l'église dans la gloire: la terre
le sera par Israël rétabli ou
Jizrëel, la semence de Dieu; une
bénédiction universelle sur la terre,
même jusqu'à l'abondance du froment,
et du moût et de l'huile, l'Eternel ayant
fait cesser les guerres et la violence: «
Alors la gloire de l'Eternel sera
manifestée, et toute chair ensemble la
verra. » Louange, louange éternelle
à Celui qui seul lait des choses
merveilleuses ! Que toute la terre soit remplie de
sa gloire.
Oh ! quel cercle de
bénédiction nous est
présenté ici ! Considère-le
bien, ô mon âme, et fais-en le sujet de
tes méditations. Porte tes regards en avant
sur le jour bienheureux où Celui qui a
été si longtemps absent sera de
retour, et dira aux oreilles de ses saints qui
l'attendent : « Je suis venu », - «
Je suis venu dans mon jardin, ma soeur, ma
fiancée, » Alors les promesses faites
aux pères seront accomplies dans leurs
enfants, conformément à la parole du
Seigneur. Jéhovah dans les plus hauts cieux
- Christ et ses saints glorifiés dans les
cieux qui sont rattachés à la terre -
puis Israël rétabli dans la terre
sainte et toutes les nations de la terre,
liés ainsi ensemble par nue glorieuse
chaîne de bénédiction
universelle. Oh! quel cercle de gloire! quel cercle
« d'amis ! » quel banquet d'amour ! Et
quel accueil de radieuse
allégresse de la part de Celui qui est
« le Seigneur de tous! » « Mangez,
amis, buvez, buvez abondamment,
bien-aimés.»
VERS. 2.
« Je dormais, mais
mon coeur était
réveillé. C'est la voix de
mon bien-aimé qui heurte:
Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe,
ma parfaite! Car ma tête est pleine
de rosée, mes boucles, des gouttes
de la nuit.»
|
Dans cette triste confession de l'épouse,
nous est présentée une
expérience que font fréquemment
beaucoup de croyants, parmi les chrétiens
aussi bien que parmi les Juifs, laquelle est digne
de notre patiente méditation. La plupart des
chrétiens sont beaucoup plus occupés
d'eux-mêmes et de leurs sentiments variables
que de la Parole de Dieu. C'est là pour
l'âme une source abondante de troubles et de
perplexités sans fin. Qu'il arrive souvent
à des chrétiens de se hâter de
conclure que Christ n'est plus à leur
égard ce qu'il était autrefois,
lorsqu'ils éprouvent que leurs sentiments
ont changé ! Ils jugent du Seigneur par
leurs sentiments à eux, au lieu de croire en
lui conformément à sa propre parole.
C'est là regarder à soi, au lieu de
regarder à Christ, et être
gouverné par Ses sentiments, au lieu de
l'être par l'immuable vérité de
Dieu.
Il y a à peine quelques
heures, pouvons-nous dire, en suivant l'ordre de
notre chapitre, l'épouse se trouvait dans la
pleine joie de la présence de son Seigneur.
Elle était alors rayonnante et heureuse,
comme certains chrétiens dans le plein
courant d'une bonne
réunion. Mais le souper
fini, et les hôtes retirés, elle se
retire aussi pour se reposer. Bientôt,
hélas ! il survient dans ses sentiments un
changement qui la trouble fort.
«J'étais endormie, mais mon coeur
était réveillé. » Elle
est inquiète triste, malheureuse. Son coeur
soupire après Christ, mais elle n'est pas
disposée à se donner de la peine pour
lui. Quel triste et déplorable état
de choses, quand le bien-aimé Jésus
doit frapper à la porte ! Mais c'est
là un cas qui n'est pas rare. Tout en
étant généralement
sincère de coeur, le croyant peut tomber
dans un état d'assoupissement et de sommeil,
où les devoirs spirituels deviennent un
fardeau, et sont, ou bien entièrement
négligés, ou bien accomplis avec
nonchalance. Misérable état
d'âme, que celui qu'exprime cette parole:
«J'étais endormie, mais mon coeur
était réveillé ! » Il est
bon de considérer les deux
côtés de ce « mais ». Elle
n'est ni endormie, ni réveillée :
d'un côté, c'est une conscience
endormie; de l'autre, un coeur souffrant. Elle ne
peut trouver ni paisible repos, ni
rafraîchissement. Et il est bon qu'il en soit
ainsi quand nous devenons indifférents aux
choses du Seigneur. Mais quel tableau de milliers
et de dix milliers de serviteurs qui devraient
être sereins, heureux, et toujours
prêts pour toute oeuvre dans le service de
Christ et des âmes immortelles !
Nous arrivons maintenant à
l'heureux et brillant côté de cette
scène remplie d'instruction. Le Seigneur
a-t-il changé parce qu'elle s'est
endormie? Dans son aveuglement,
l'incrédulité, la propre justice
dirait hardiment que oui, et alors suivraient
d'indignes pensées à l'égard
de Christ, avec des doutes et des craintes sans
fin: quand on se laisse guider par ses
pensées intimes, les paroles de Christ ne
comptent pour rien. Mais la froideur et
l'indifférence de l'épouse
n'ont-elles réellement pas changé ses
dispositions à son égard ? L'amour
que Christ lui porte ne change jamais un instant,
quelles que soient les chutes et l'inconstance de
sa bien-aimée. Du reste, il est impossible
de faire à la question une meilleure
réponse que celle que nous trouvons dans les
paroles mêmes de la fiancée endormie.
Toute assoupie qu'elle est, elle reconnaît
son coup et discerne sa voix; et en outre elle dit:
« Mon bien-aimé. » Son âme
possède une vie qui répond à
cette voix, malgré la chute. « C'est la
voix de mon bien-aimé, qui heurte, dit-elle:
Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma
parfaite ! Car ma tête est pleine de
rosée, et mes cheveux, des gouttes de la
nuit. » Ici, ô mon âme, tu as
devant toi, face à face, sur la page de la
vérité éternelle, le pauvre
croyant toujours si prompt à varier, et le
Sauveur qui demeure toujours le même. Quel
est ton avis? Vaut-il mieux dans un cas pareil s'en
rapporter, relativement à la pensée
de Christ, aux suggestions de l'esprit humain, ou
à la parole de Dieu si positive et si
claire? Que pourrait-il y avoir de plus clair et de
plus précis que les paroles que nous avons
là? Considère-les bien, ô mon
âme, et médite-les
; et puissent ton coeur et ta conscience en
réfléchir toujours la lumière
bénie dans tous tes rapports avec des
âmes en chute et dans la perplexité
!
Quel patient, quel touchant amour
respirent les paroles de l'époux à sa
faible et charnelle épouse ! Au lieu de se
laisser influencer par le triste état de
celle-ci et de l'accuser d'ingratitude et
d'indifférence envers lui, il s'adresse
à elle en termes plus tendres que jamais :
« Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe,
ma parfaite. » Jamais jusqu'ici il ne l'avait
appelée sa « parfaite ». Cette
expression d'une grâce merveilleuse,
était réservée pour le jour de
sa chute profonde. Jamais non plus il n'avait fait
auparavant allusion à la rosée dont
sa tête était pleine et aux gouttes de
la nuit, par lesquelles il avait été
surpris dans son sentier de dévouement et
d'amour pour elle. Oh ! quel appel ! Ses accents
profonds manifestent la grandeur d'un amour que
rien ne peut détourner de son objet. Mais,
hélas ! l'appel du Seigneur n'a que peu
d'effet sur la conscience toute endormie de
l'épouse : « Je me suis
dépouillée de ma tunique, comment la
revêtirais-je? J'ai lavé mes pieds
comment les salirais-je ? »
Y a-t-il en tout cela, qu'on me
permette de le demander, quelque chose qui
ressemble à un changement dans l'amour de
Christ pour sa bien-aimée en chute? Qui
pourrait le dire? à moins que ce ne soit
ceci, qu'Il révèle plus pleinement
son amour et qu'il s'adresse à elle avec
plus de tendresse. Ne lui parle-t-il pas
d'une manière bien propre
à disposer son coeur à
l'écouter? Ne parle-t-il pas comme si ce
devait être pour lui une grande faveur
qu'elle le reçut sous son toit ? Or,
semblable au voyageur fatigué qui se trouve
dehors par une sombre nuit d'orage, il sollicite un
abri. Une circonstance digne aussi d'être
particulièrement notée, c'est que
jamais auparavant dans une occasion quelconque, il
ne lui a donné autant de titres de
tendresse: « Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma
colombe, ma parfaite !» Tel est, ô mon
âme, l'amour de Christ, l'amour de Christ
pour une pauvre égarée.
Considère-le attentivement. Il n'y a qu'un
seul coeur qui ne change Oh! comme nous devrions
apprécier le Seigneur, nous confier en lui -
compter uniquement sur lui - et nous tenir toujours
près de son coeur invariable dans son
parfait amour! L'épouse assoupie accueille
ce patient, ce divin amour, avec une grande
indifférence, et ne lui répond que
par les plus vaines, les plus frivoles excuses.
VERS. 3.
«Je me suis
dépouillée de ma robe,
comment la revêtirais-je ? J'ai
lavé mes pieds, comment les
souillerais-je ?
|
» Hélas, hélas, pauvre fille
de Sion ! Comme sa chute la rend insensible aux
droits de son propre Messie de son
miséricordieux Seigneur! Quelle puissance le
péché possède pour endurcir,
pour tuer! « Connais, et vois que c'est une
chose mauvaise et amère que tu aies
abandonné l'Eternel ton Dieu. »
(Jér. II, 19.) Une fois loin
de la présence du Seigneur, qui saurait dire
jusqu'où nous pouvons
nous éloigner de lui, oui par combien de
chemins de traverse nous pouvons nous
égarer? La carrière qu'on petit
fournit, dans cette fatale direction est effrayante
à contempler. Et plus nous aimons nos
frères, plus il y a de spiritualité
dans le sentiment que nous avons de ce mal
terrible, plus aussi sera profonde notre douleur
à la vue d'une âme en chute. Qui est.
ce qui a souci des âmes et de la gloire du
Seigneur, et n'a pas pleuré en secret sur le
déclin trop manifeste du zèle, sur
l'engourdissement d'un esprit jadis ardent et plein
de ferveur, sur la disparition de ce temps
où le coeur du serviteur était si
encouragé, si reconnaissant, si plein
d'espérance, si réjoui de «voir
dans les âmes une telle fraîcheur
d'affection, un tel zèle pour Jésus !
On était de bonne heure à toutes les
réunions, l'air rayonnant - le coeur joyeux
- chaque parole sur Christ faisant sur l'âme
l'effet d'une huile de joie; on ne, se retirait de
la réunion publique que pour méditer
sur quelque vérité nouvelle, et jouir
en secret d'une plus intime communion avec le
Seigneur !
Ceux qui ont ressenti la douleur que
fait éprouver l'égarement d'une
âme aussi heureuse, savent seuls ce qu'est
cette douleur. De même que le feuillage
d'été, vert et plein de
fraîcheur, apparaît flétri et
languissant après une violente
tempête, tel, hélas ! apparaît
celui qui s'est laissé à piège
subtil de l'ennemi Tout change dans ses
manières et ses habitudes. Oh ! qu'il est
changé ! Ce n'est plus
qu'irrégulièrement
qu'il assiste aux réunions; il s'imagine que
tout le monde a changé à son
égard, lent à apprendre que c'est en
lui-même que se trouve le changement. Il se
blesse, peut-être, de quelque petite chose,
et se retire. Désormais sa place est vide,
il s'en est allé, allé où?
Dans la plupart des cas, le Seigneur seul peut
répondre à cette question. Non que
nous devions être indifférents
à cet égard, mais il n'y a que le
Seigneur qui puisse suivre la trace de ses
égarements. Son oeil vigilant suit partout
le pauvre égaré, et le Sauveur qui
mourut pour ses péchés, ne peut
jamais, non jamais, cesser de s'occuper de lui.
Dans la sagesse de son amour, il peut lui laisser
goûter l'amertume et la douleur de ses
propres voies, et il en sera ainsi bientôt
d'Israël, mais le Seigneur a toujours à
sa disposition le moyen de l'amener à la
repentance, et de le rétablir pleinement
dans Sa communion.
VERS. 4.
«Mon bien-aimé
a avancé sa main par le guichet, et
mes entrailles se sont émues
à cause de lui. »
|
C'est là un mouvement dans la bonne
direction. Le Seigneur soit loué ! Sa propre
main a fait cela. Nous avons maintenant comme une
réponse à son amour, faible, il est
vrai, mais réelle. Le coeur est ému
à cause de lui. Elle n'a jamais cesse de
l'appeler « mon bien-aimé ».
Quoiqu'il y ait chute, il y a affection pour le
Seigneur Mais lorsque l'âme n'est pas
attentive aux coups miséricordieux, pleins
de douceur, de l'amour d'un Sauveur qui frappe
à la porte, il a recours à d'autres
moyens. Il sait quel est
l'état du coeur et ce (qui sera efficace
pour le tourner vers lui. « Dieu ne s'en
enquerrait-il pas ? car lui connaît les
secrets du coeur. »
(Ps. XLIV, 21.) Quelquefois c'est par
des moyens inattendus qu'il atteint la conscience.
La lumière arrivant nous fait voir où
nous sommes et ce que nous sommes. La grâce
triomphe. L'âme recherche maintenant la
présence du Seigneur et le bonheur qui ne se
trouve qu'en lui. Cependant, il est possible qu'il
s'écoule quelque temps avant qu'elle soit
pleinement relevée de sa chute ; elle peut
passer par beaucoup de douleur, d'humiliation,
d'abattement, avant d'arriver au parfait repos de
la présence de Christ. Confus et
agités, comme quelqu'un qui vient de se
réveiller de son sommeil, nous pouvons nous
mettre à courir et à chercher le
Seigneur là où il n'a jamais dit
qu'on le trouverait. C'est le sanctuaire et non la
ville qui est le lieu de sa bénie et
réjouissante présence.
VERS. 5.
« Je me suis
levée pour ouvrir à mon
bien-aimé, et la myrrhe a
dégoutté de mes mains, et la
myrrhe limpide de mes doigts, sur les
poignées du verrou. »
|
Y a-t-il des larmes douces comme il y a des
larmes amères ? Et peuvent-elles couler en
mérite mêlées les unes aux
autres ? Quoi de plus amer au goût que la
myrrhe ; quoi de plus embaumé à
sentir que la myrrhe limpide ? « La myrrhe a
distillé de mes mains, et la myrrhe limpide
de mes doigts, sur les poignées dit verrou.
»
(Myrrhe signifie, qui coule, qui
pleure.) Maintenant
l'épouse répond d'une manière
nette et réelle au persévérant
amour de son époux. «Je me suis
levée pour ouvrir à mon
bien-aimé. » Elle se relève de
son état d'indolence spirituelle. Le
sentiment du péché qu'elle a commis
un n'ouvrant pas la porte quand il frappait,
remplit son âme d'amertume, amertume
mêlée toutefois du sentiment d'une
affection profonde pour celui qu'elle a
méprisé. Arrivée à la
porte à laquelle il s'est tenu si longtemps,
elle trouve tout embaumé du parfum de la
personne du Seigneur; elle saisit les
poignées du verrou, et « la myrrhe
dégoutte de ses mains, et la myrrhe limpide
de ses doigts (1)
».
Maintenant qu'elle est
réveillée et qu'elle a un vif
sentiment de ce qu'elle a été et de
ce qu'elle a fait, la plus profonde douleur et les
regrets les plus amers, mêlés à
un amour tout pénétré
d'adoration pour son Seigneur si
miséricordieux et si bon, remplissent son
âme et en débordent, comme quelqu'un
qui, après une douloureuse chute, est revenu
aux lieux de ses anciennes
jouissances spirituelles. L'entrée bien
connue, la vue de bien des visages si familiers, le
son d'une voix aimée et qui réveille
un écho dans le coeur maintenant attendri,
tout cela remplit l'âme des plus profondes
émotions, et rappelle au coeur les jours
bénis du premier amour. Et maintenant aussi,
à l'abandon du coeur à l'amour de
Jésus, se mêlent les coups, les
reproches de la conscience. Le coeur murmure en
silence : « Seigneur Jésus, j'ai honte
et je rougis devant toi. J'ai été
misérable et malheureux toutes les heures de
mes égarements. Oh ! que j'ai
été ingrat, insensé ! Est-il
possible que j'aie mis cet opprobre sur ton nom
béni ! Mon âme est honteuse
d'elle-même et se fait les reproches les plus
amers. Seigneur, je t'en supplie ardemment, imprime
plus profondément dans mon âme le
sentiment du péché que j'ai commis en
m'égarant, et celui de ta sainteté et
de ta grâce à me ramener dans ton
bercail. Rends-moi la joie de ton salut, Mon
âme s'attache à toi.»
VERS. 6.
« J'ai ouvert
à mon bien-aimé; mais mon
bien-aimé s'était
retiré, il avait passé plus
loin ; mon âme s'en était
allée pendant qu'il parlait. Je le
cherchai, mais je ne le trouvai pas: je
l'appelai, mais il ne me répondit
pas. »
|
Comme jadis Joseph chercha à exercer le
coeur de ses frères, à cause du crime
qu'ils avaient commis à son égard,
ainsi dans les derniers jours, le vrai Joseph fera
passer par des exercices profonds le coeur de ses
frères, les Juifs, à cause de leur
état devant Dieu.
Mais pour avoir adopté envers
eux une marche qui les éprouvait et les
criblait douloureusement, Joseph n'avait pas moins
d'amour pour ses frères. Son coeur
était plein et prêt à
éclater en expressions de l'affection la
plus profonde, quand le moment convenable serait
arrivé. Quel soulagement pour lui lorsque
les écluses furent ouvertes et que l'amour
longtemps contenu de son coeur pût prendre
son libre cours ! Il en sera ainsi du Seigneur,
juste avant qu'Il se relève en puissance et
en gloire pour la complète délivrance
d'Israël, et la pleine manifestation de son
amour pour lui comme son propre Messie.
Cependant, l'analogie, qui est ici
si frappante entre Joseph et ses frères, et
Christ et les Juifs, fait complètement
défaut lorsqu'on l'applique à Christ
et à l'église. L'idée si
répandue que Christ quelquefois se retire,
ou cache sa face aux chrétiens afin de les
éprouver, n'a aucun fondement dans les
épîtres. Avec les Juifs, sous la loi,
les choses naturellement étaient toutes
différentes; Dieu habitait dans une profonde
obscurité. Le chemin des lieux saints
n'était pas encore manifesté, le
parfait sacrifice n'avait pas été
offert, la conscience du Juif n'avait pas
été parfaitement purifiée, il
ne pouvait donc pas avoir une pleine paix. Mais
pour les chrétiens, la position est
entièrement changée. « Les
ténèbres s'en vont et la
lumière luit maintenant. » Nous sommes
« rendus agréables dans le
bien-aimé ». Nos péchés,
selon le jugement de Dieu, ont été
tous et pour toujours
ôtés par l'offrande
du corps de Christ, faite une fois pour toutes.
Lorsque le, plein jugement de Dieu contre nos
péchés et contre le
péché eût été
exécuté en Christ sur la croix, le
voile fut déchiré, et le chemin des
lieux saints fut ouvert. Nous fûmes
vivifiés ensemble avec le Christ, et
ressuscités ensemble avec Lui, et assis
ensemble dans les lieux célestes en Christ.
Il ne saurait y avoir de voile entre Dieu et nous.
Et de plus, le Saint-Esprit est descendu comme le
témoin et la puissance de notre union
actuelle avec Christ ressuscité et
exalté, et pour nous donner par son
habitation nous la jouissance consciente de notre
portion en Christ dans la présence de Dieu..
L'idée même que Dieu
veuille cacher sa face à ceux qui sont dans
sa pleine lumière en Christ et comme Christ,
est certes entièrement
étrangère à toute la doctrine
de l'écriture concernant l'église. Il
est vrai, combien vrai, hélas ! que nous
pouvons oublier comme nous sommes richement
bénis dans le Christ Jésus. Nous
pouvons oublier que nous sommes associés
avec lui comme ressuscités des morts et
montés en haut ; nous pouvons oublier que sa
vie est notre vie, et que ses délices
devraient être aussi les nôtres ; et,
oubliant Ces choses, nous pouvons nous
éloigner de lui et pécher contre lui.
Et nul péché, souvenons-nous-en, ne
saurait être aussi odieux à Dieu que
le péché d'un chrétien, par la
raison précisément que nous avons
été amenés aussi près
de lui. Mais hélas, il faut que
nous nous soyons
éloignés de lui, quand nous tombons
dans le péché; nul de nous ne
pourrait pécher en sa présence.
Là, le péché nous est odieux,
et nous avons puissance sur lui.
Il y a tant de dignité dans
le langage du Saint-Esprit quand il fait allusion
à ce point, qu'il se borne à admettre
uniquement la possibilité qu'un
chrétien ait péché. « Si
» (ce n'est que la possibilité d'une
chose pareille qui est supposée); « si
quelqu'un a péché, nous avons un
avocat auprès du Père,
Jésus-Christ, le juste ; et lui, est la
propitiation pour nos péchés, et non
pas seulement pour les nôtres, mais aussi
pour le monde entier. »
(1 Jean II, 1-2,) Nous voyons
là comment Dieu a pourvu à tous les
besoins de notre marche de pèlerins.
L'intercession de Christ, fondée sur la
justice et la propitiation, garantit la
purification de nos souillures et nous maintient
sans tache devant la face de Dieu. Comme
l'idée tant répandue que quelquefois
Dieu cache sa face pour mettre à
l'épreuve la foi et l'amour des siens, est
opposée à cette vérité
bénie ! Nous pouvons manquer de grâce
et nous égarer; mais la vérité
de Dieu demeure invariablement la même ; et
la position (le l'église devant lui, en
Christ, est aussi invariable que la
vérité elle-même.
Maintenant, si nous passons de
l'église à Israël comme tel,
nous trouvons qu'il y a, non pas analogie, mais
contraste avec toute celte merveilleuse
grâce. Car quoique « an temps de la fin
» le résidu attende le Messie et
soupire après lui avec
une sincère affection, il est encore sous la
loi, et Dieu lui en laisse sentir la pression.
Comme le meurtrier de jadis, il sera pour ainsi
dire dans la ville de refuge jusqu'à ce
qu'il survienne un changement dans la
sacrificature. (Voir
Nomb. XXXV.) L'apparition de l'Oint
du Seigneur, dans l'exercice de la sacrificature
selon l'ordre de Melchisédec, sera le grand
antitype de cette ancienne loi. Un changement dans
la sacrificature, par la mort, procurait la
liberté à ceux qui étaient
prisonniers dans les villes de refuge. « Mais,
après la mort du souverain sacrificateur, le
meurtrier retournera dans la terre de sa
possession. » Israël, au dernier jour,
avant que le Seigneur apparaisse, passera par une
terrible tribulation sous la loi, qui le criblera
profondément, comme le montre clairement de
nombreux passages. Il faut que le jugement solennel
de Dieu contre le crime de meurtre dont il est
coupable, soit senti et reconnu dans sa conscience.
Et quand le Seigneur apparaîtra, cette oeuvre
bénie, quoique sévère, sera
plus profonde encore, mais alors ce sera sous la
grâce. C'est à ce sujet que le passage
suivant se rapporte. «Et je répandrai
sur la maison de David et sur les habitants de
Jérusalem un esprit de grâce et de
supplications; et ils regarderont vers moi, celui
qu'ils auront percé, et ils se lamenteront
sur lui comme quand on se lamente sur un fils
unique, et il y aura de l'amertume pour lui, comme
l'amertume pour un premier-né. » Lisez
soigneusement
Zach. XII, aussi
XIII et
XIV. Mais n'est-ce pas
véritablement beau, ô mon âme,
de voir la réalité et l'ardeur
d'affection que le Seigneur bien-aimé a
créées dans les coeurs des siens, au
milieu même de toutes leurs souffrances ?
Avec quelle douceur le coeur de
l'épouse soupire après son
bien-aimé ! A la vérité, c'est
là un des caractères des Cantiques ;
les psaumes, envisagés à ce point de
vue, nous présentent davantage le travail de
la conscience dans le résidu, tandis que les
Cantiques, essentiellement et par dessus tout, les
affections du coeur. Tel est le côté
que nous avons ici, et c'est un côté
précieux. L'amour de Jésus comme
époux est manifesté ici, et cet amour
se réfléchit d'une manière
douce et touchante dans le coeur plein de tendresse
de son épouse. « Mon âme s'en
était allée pendant qu'il parlait.
» Oui, son âme s'en était
allée. Elle peut l'entendre, mais ne peut le
voir. Dans une heure mauvaise, elle avait fait peu
de cas de Lui, qui se retire maintenant et part,
afin d'éprouver les affections de son coeur;
car Il ne l'aimait pas moins. Si elle sentait
vivement qu'il s'en fût allé, Lui,
bien davantage. Jamais le coeur de Joseph ne
brûla d'un amour aussi ardent pour ses
frères que lorsqu'il les affligea. Mais il y
a ici plus que Joseph ! Jésus-Christ, «
le même hier, et aujourd'hui, et
éternellement ». Et remarquez-le, ce
passage ne dit point: Dieu est le même hier,
et aujourd'hui, et éternellement, bien qu'il
le soit; mais c'est de « Jésus-Christ
», Sauveur et Époux, qu'il
affirme qu'il ne change jamais.
Apprends donc, Ô mon âme, à te
confier en lui. Ne doute jamais de son amour,
quelles que soient les apparences, et ne te
défie jamais de sa grâce, laquelle ne
peut jamais faire défaut.
La scène qui suit est une
pénible scène. L'épouse est
hors de la communion, et tout est dans un
état de confusion et de désordre.
L'énergie même et l'ardeur de son
amour l'amènent dans toutes sortes de
troubles. Elle s'expose pour ainsi dire aux
censures des disciples de profession au dedans, et
aux rudes traitements du monde au dehors, Pour le
moment tout est hors de sa place quand à ses
voies, mais en général son coeur est
droit et fidèle a son Seigneur. «Filles
de Jérusalem, je vous adjure, si vous
trouvez mon bien-aimé, que lui direz-vous?
Que je suis malade d'amour.» Oh ! qu'il y en a
peu. parmi nous qui pourraient dire : « Je
suis malade d'amour ! » Combien rarement il
arrive que nous nous exposions à être
persécutés pour l'ardeur de nos
affections ! Puissions-nous connaître
davantage cette communion qui fait que le coeur
brûle, et que les paroles coulent en
témoignage à la gloire de notre
Seigneur absent !
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