Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Méditations sur le Cantique de Salomon



CHAPITRE V

Versets: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16.

La belle et bien-aimée Sulamite, n'a pas plutôt invité son Seigneur à venir dans son jardin et à manger de ses fruits exquis, qu'il répond : « Je suis venu. » Il ne dit pas: « Je puis venir ou je viendrai, » mais «je suis venu». Pendant qu'elle l'invite encore, il est déjà présent. Son coeur est toujours prêt, faisant le guet, pour ainsi dire, afin d'ouïr le cri de ses bien-aimés. Oh ! heureuse l'épouse, heureux le peuple qui se trouve dans un cas pareil. Avoir le Roi des Rois et le Seigneur des seigneurs, attendant, se tenant prêt à ouïr quand ils l'appellent! Les fruits de l'Esprit lui sont toujours agréables. Il les trouve maintenant riches et variés, et il jouit vivement de ce banquet de l'amour.

VERS. 1.
« Je suis venu dans mon jardin, ma soeur, ma fiancée. J'ai cueilli ma myrrhe avec mes aromates j'ai mangé mon rayon de miel avec mon miel; j'ai bu mon vin avec mon lait. Mangez, amis; buvez, buvez abondamment, bien-aimés. »

Ces divers fruits peuvent représenter les divers résultats des opérations de l'Esprit, dans les âmes par la vérité. De l'une peuvent couler des larmes aussi amères que la myrrhe, sous le sentiment profond d'une ancienne chute, l'Esprit de Dieu ayant appliqué avec puissance la vérité à la conscience, le coeur est brisé; ses fontaines profondes sont ouvertes, et les larmes les plus amères du repentir selon Dieu coulent en abondance. Maintenant tout se produit devant Dieu dans une confession sans réserve. Dans la lumière pénétrante de sa sainte présence, on perd de vue les causes secondes. «J'ai péché contre toi, contre toi proprement, et j'ai fait ce qui déplaît à tes yeux. » Voilà les cabinets secrets où l'âme doit être avec Dieu. Quoique le péché de David eût été contre son prochain et contre la société, il n'en dit pas moins: « J'ai péché contre toi, contre toi proprement. » Tout péché est contre Dieu, et c'est une chose pénible mais nécessaire d'avoir affaire avec Dieu au sujet de notre péché. Mais il nous faut aller en la présence de Dieu, avec humilité, tels que nous sommes, si nous voulons être délivrés du péché selon 1 Jean I, 9. Il faut que là le coupable en pleurs confesse la multitude de ses péchés pour connaître la multitude des tendres compassions de Dieu. C'est ainsi seulement qu'il apprend tout ce que signifie cette parole: « Où le péché abondait, la grâce a surabondé. » Dieu rencontre le pécheur, béni soit son nom, dans lit grâce infinie de son coeur, sur le fondement du Sang précieux de Jésus. De même que le flot qui monte de l'immense océan, se hâte à la rencontre du flot qui descend, l'embrasse et le déborde de toute part, ainsi la grâce vient au-devant du pécheur repentant et efface pour toujours toute trace de son péché. Il se peut que, semblable à un fleuve, son cours ait été long et profond, mais désormais, impossible d'en saisir même la moindre trace.

Amour divin, tu as effacé mes péchés dans les immenses richesses de ta grâce en Jésus. Mon iniquité est couverte; je suis délivré de toute condamnation ; tandis que le sang de Jésus fait retentir la terre et les cieux de ce cri d'amour : Grâce ! Grâce entière ! Grâce illimitée !

Ayant passé par l'expérience décrite dans le psaume 51ème, David pouvait célébrer et adorer Dieu avec un coeur plein de joie dans les accents du 103 « Mon âme, bénis l'Eternel! Et, que tout ce qui est au-dedans de moi, bénisse son saint nom ! Mon âme, bénis l'Eternel, et n'oublie aucun de ses bienfaits. C'est Lui qui pardonne toutes les iniquités, qui guérit toutes les infirmités, qui rachète ta vie de la fosse, qui te couronne de bonté et de compassions. » Ainsi la majesté, la sainteté et la fidélité de Dieu ont été maintenues, le péché a été jugé dans la lumière, la conscience a été purifiée, le coeur rendu heureux, la communion pleinement rétablie, et l'âme établie dans la grâce. Les larmes peuvent avoir été plus amères que la myrrhe, mais les résultats sont pour le coeur de Christ plus doux que le miel, et plus parfumés que tous les aromates.

Le Seigneur trouve toute sorte de fruits dans les assemblées des siens. Il a la plus entière communion avec tout ce qui est de l'Esprit, et en jouit avec délices. «J'ai mangé... j'ai bu. » Il n'en dédaigne aucun. Dans le disciple avancé, il peut trouver ce qui indique la force et la vigueur du vin, tandis que dans le petit enfant nouveau-né, il peut y avoir la douce simplicité du lait. Un incrédule, vexé et irrité de la charmante simplicité d'une enfant convertie qui parlait de la joie et du bonheur d'être avec Jésus pour toujours, lui dit: «Mais si Jésus est dans l'enfer? » «Ah ! » répliqua la chère petite, « ce ne serait pas l'enfer, s'il y était. Combien cette parole est simple, et pourtant irréfutable ! Comme elle honore le nom de Jésus - qu'elle est rafraîchissante pour son coeur ! Qu'as-tu pour ton Seigneur, ô mon âme? Que peut-il recevoir de toi? que peut-il manger? que peut-il boire chez toi? Quoi de plus doux que l'humilité? Qu'est-ce qui honore plus le Seigneur qu'une complète dépendance de Lui? Quoi de plus agréable à son coeur que le désir continuel, croissant, de glorifier Dieu!

Des hôtes nombreux auront part à ce souper royal, et entreront dans ses joies. Nombreux, fort nombreux, sont les « amis » de l'époux. Et au jour de sa gloire, ils entreront tous dans sa Joie. Jour merveilleux, jour longtemps désiré de la gloire céleste et de la gloire terrestre ! Tous les coeurs seront atteints et émus de cette joyeuse invitation : « Mangez, amis ; buvez abondamment, bien-aimés. » Les « branches naturelles » longtemps retranchées du tronc de la promesse seront, comme dit l'apôtre, greffées de nouveau. « En ce jour-là», le jour du rétablissement d'Israël, l'Eternel fera « que Jacob prendra racine, Israël fleurira et poussera, et remplira de fruits la face du monde » (Esaïe XXVII, 6). Quel banquet sera alors préparé pour toutes les nations par Israël rétabli ! La face du monde sera remplie de fruits. « Et l'Eternel des armées fera à tous les peuples, en cette montagne, un festin de choses grasses, un festin de vins vieux, un festin de choses grasses, moelleuses, de vins vieux bien épurés. » (Es. XXV, 6.) Et encore : « Et il arrivera, en ce jour-là, que j'exaucerai, dit l'Eternel, que j'exaucerai les cieux et eux exauceront la terre, et la terre exaucera le froment, le moût et l'huile, et eux exauceront Jizrëel. Et je la sèmerai pour moi dans le pays.» (Osée II, 21-22.)
Ici il y a un changement de figure: ce n'est plus de greffer, mais de semer, qu'il s'agit, comme si Dieu ,allait opérer sur la terre une chose entièrement nouvelle. «Nous savons, par le Nouveau-Testament, » dit l'auteur d'un ouvrage récent, « qu'en ce jour-là » « les cieux » seront occupés par Christ et les saints glorifiés. «Jéhovah exauce les cieux, et les cieux exauceront la terre. » Christ, en qui toutes choses, tant celles qui sont dans les cieux que celles qui sont sur la terre, seront réunies, sera Celui auquel s'adressera la prière et la louange de tout ce qui sera sur la terre, comme ce sera par lui et par ses saints glorifiés que la bénédiction sera universellement administrée. «Et la terre exauce le froment, le moût et l'huile. » Alors plus d'indigence, plus de disette. La voix de plainte aura cessé de se faire entendre dans les rues. Le gémissement universel de la création ne sera plus, et à sa place retentiront de toutes parts les hymnes de la gratitude et de la louange. « Et eux exauceront Jizrëel. » Or, Jizrëel, comme les savants nous l'apprennent, signifie : « la semence de Dieu », et celte interprétation du mot est confirmée par ce qui suit immédiatement. « puis je la sèmerai (Israël) pour moi dans le pays...,, Il y aura une chaîne non interrompue de bénédiction, du trône de Jéhovah, la grande source de tout, à la terre, pour la jouissance, par le genre humain, de toutes les bénédictions de cette vie ; et la place occupée dans cette merveilleuse chaîne par Israël restauré, et celle de Jizrëel, la semence de Dieu, semée, par Jéhovah et pour lui, en la terre, et remplissant de fruits la face du monde.
Les cieux seront occupés par Christ et l'église dans la gloire: la terre le sera par Israël rétabli ou Jizrëel, la semence de Dieu; une bénédiction universelle sur la terre, même jusqu'à l'abondance du froment, et du moût et de l'huile, l'Eternel ayant fait cesser les guerres et la violence: « Alors la gloire de l'Eternel sera manifestée, et toute chair ensemble la verra. » Louange, louange éternelle à Celui qui seul lait des choses merveilleuses ! Que toute la terre soit remplie de sa gloire.

Oh ! quel cercle de bénédiction nous est présenté ici ! Considère-le bien, ô mon âme, et fais-en le sujet de tes méditations. Porte tes regards en avant sur le jour bienheureux où Celui qui a été si longtemps absent sera de retour, et dira aux oreilles de ses saints qui l'attendent : « Je suis venu », - « Je suis venu dans mon jardin, ma soeur, ma fiancée, » Alors les promesses faites aux pères seront accomplies dans leurs enfants, conformément à la parole du Seigneur. Jéhovah dans les plus hauts cieux - Christ et ses saints glorifiés dans les cieux qui sont rattachés à la terre - puis Israël rétabli dans la terre sainte et toutes les nations de la terre, liés ainsi ensemble par nue glorieuse chaîne de bénédiction universelle. Oh! quel cercle de gloire! quel cercle « d'amis ! » quel banquet d'amour ! Et quel accueil de radieuse allégresse de la part de Celui qui est « le Seigneur de tous! » « Mangez, amis, buvez, buvez abondamment, bien-aimés.»

VERS. 2.
« Je dormais, mais mon coeur était réveillé. C'est la voix de mon bien-aimé qui heurte: Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite! Car ma tête est pleine de rosée, mes boucles, des gouttes de la nuit.»

Dans cette triste confession de l'épouse, nous est présentée une expérience que font fréquemment beaucoup de croyants, parmi les chrétiens aussi bien que parmi les Juifs, laquelle est digne de notre patiente méditation. La plupart des chrétiens sont beaucoup plus occupés d'eux-mêmes et de leurs sentiments variables que de la Parole de Dieu. C'est là pour l'âme une source abondante de troubles et de perplexités sans fin. Qu'il arrive souvent à des chrétiens de se hâter de conclure que Christ n'est plus à leur égard ce qu'il était autrefois, lorsqu'ils éprouvent que leurs sentiments ont changé ! Ils jugent du Seigneur par leurs sentiments à eux, au lieu de croire en lui conformément à sa propre parole. C'est là regarder à soi, au lieu de regarder à Christ, et être gouverné par Ses sentiments, au lieu de l'être par l'immuable vérité de Dieu.

Il y a à peine quelques heures, pouvons-nous dire, en suivant l'ordre de notre chapitre, l'épouse se trouvait dans la pleine joie de la présence de son Seigneur. Elle était alors rayonnante et heureuse, comme certains chrétiens dans le plein courant d'une bonne réunion. Mais le souper fini, et les hôtes retirés, elle se retire aussi pour se reposer. Bientôt, hélas ! il survient dans ses sentiments un changement qui la trouble fort. «J'étais endormie, mais mon coeur était réveillé. » Elle est inquiète triste, malheureuse. Son coeur soupire après Christ, mais elle n'est pas disposée à se donner de la peine pour lui. Quel triste et déplorable état de choses, quand le bien-aimé Jésus doit frapper à la porte ! Mais c'est là un cas qui n'est pas rare. Tout en étant généralement sincère de coeur, le croyant peut tomber dans un état d'assoupissement et de sommeil, où les devoirs spirituels deviennent un fardeau, et sont, ou bien entièrement négligés, ou bien accomplis avec nonchalance. Misérable état d'âme, que celui qu'exprime cette parole: «J'étais endormie, mais mon coeur était réveillé ! » Il est bon de considérer les deux côtés de ce « mais ». Elle n'est ni endormie, ni réveillée : d'un côté, c'est une conscience endormie; de l'autre, un coeur souffrant. Elle ne peut trouver ni paisible repos, ni rafraîchissement. Et il est bon qu'il en soit ainsi quand nous devenons indifférents aux choses du Seigneur. Mais quel tableau de milliers et de dix milliers de serviteurs qui devraient être sereins, heureux, et toujours prêts pour toute oeuvre dans le service de Christ et des âmes immortelles !

Nous arrivons maintenant à l'heureux et brillant côté de cette scène remplie d'instruction. Le Seigneur a-t-il changé parce qu'elle s'est endormie? Dans son aveuglement, l'incrédulité, la propre justice dirait hardiment que oui, et alors suivraient d'indignes pensées à l'égard de Christ, avec des doutes et des craintes sans fin: quand on se laisse guider par ses pensées intimes, les paroles de Christ ne comptent pour rien. Mais la froideur et l'indifférence de l'épouse n'ont-elles réellement pas changé ses dispositions à son égard ? L'amour que Christ lui porte ne change jamais un instant, quelles que soient les chutes et l'inconstance de sa bien-aimée. Du reste, il est impossible de faire à la question une meilleure réponse que celle que nous trouvons dans les paroles mêmes de la fiancée endormie. Toute assoupie qu'elle est, elle reconnaît son coup et discerne sa voix; et en outre elle dit: « Mon bien-aimé. » Son âme possède une vie qui répond à cette voix, malgré la chute. « C'est la voix de mon bien-aimé, qui heurte, dit-elle: Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite ! Car ma tête est pleine de rosée, et mes cheveux, des gouttes de la nuit. » Ici, ô mon âme, tu as devant toi, face à face, sur la page de la vérité éternelle, le pauvre croyant toujours si prompt à varier, et le Sauveur qui demeure toujours le même. Quel est ton avis? Vaut-il mieux dans un cas pareil s'en rapporter, relativement à la pensée de Christ, aux suggestions de l'esprit humain, ou à la parole de Dieu si positive et si claire? Que pourrait-il y avoir de plus clair et de plus précis que les paroles que nous avons là? Considère-les bien, ô mon âme, et médite-les ; et puissent ton coeur et ta conscience en réfléchir toujours la lumière bénie dans tous tes rapports avec des âmes en chute et dans la perplexité !

Quel patient, quel touchant amour respirent les paroles de l'époux à sa faible et charnelle épouse ! Au lieu de se laisser influencer par le triste état de celle-ci et de l'accuser d'ingratitude et d'indifférence envers lui, il s'adresse à elle en termes plus tendres que jamais : « Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite. » Jamais jusqu'ici il ne l'avait appelée sa « parfaite ». Cette expression d'une grâce merveilleuse, était réservée pour le jour de sa chute profonde. Jamais non plus il n'avait fait auparavant allusion à la rosée dont sa tête était pleine et aux gouttes de la nuit, par lesquelles il avait été surpris dans son sentier de dévouement et d'amour pour elle. Oh ! quel appel ! Ses accents profonds manifestent la grandeur d'un amour que rien ne peut détourner de son objet. Mais, hélas ! l'appel du Seigneur n'a que peu d'effet sur la conscience toute endormie de l'épouse : « Je me suis dépouillée de ma tunique, comment la revêtirais-je? J'ai lavé mes pieds comment les salirais-je ? »

Y a-t-il en tout cela, qu'on me permette de le demander, quelque chose qui ressemble à un changement dans l'amour de Christ pour sa bien-aimée en chute? Qui pourrait le dire? à moins que ce ne soit ceci, qu'Il révèle plus pleinement son amour et qu'il s'adresse à elle avec plus de tendresse. Ne lui parle-t-il pas d'une manière bien propre à disposer son coeur à l'écouter? Ne parle-t-il pas comme si ce devait être pour lui une grande faveur qu'elle le reçut sous son toit ? Or, semblable au voyageur fatigué qui se trouve dehors par une sombre nuit d'orage, il sollicite un abri. Une circonstance digne aussi d'être particulièrement notée, c'est que jamais auparavant dans une occasion quelconque, il ne lui a donné autant de titres de tendresse: « Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite !» Tel est, ô mon âme, l'amour de Christ, l'amour de Christ pour une pauvre égarée. Considère-le attentivement. Il n'y a qu'un seul coeur qui ne change Oh! comme nous devrions apprécier le Seigneur, nous confier en lui - compter uniquement sur lui - et nous tenir toujours près de son coeur invariable dans son parfait amour! L'épouse assoupie accueille ce patient, ce divin amour, avec une grande indifférence, et ne lui répond que par les plus vaines, les plus frivoles excuses.

VERS. 3.
«Je me suis dépouillée de ma robe, comment la revêtirais-je ? J'ai lavé mes pieds, comment les souillerais-je ?

» Hélas, hélas, pauvre fille de Sion ! Comme sa chute la rend insensible aux droits de son propre Messie de son miséricordieux Seigneur! Quelle puissance le péché possède pour endurcir, pour tuer! « Connais, et vois que c'est une chose mauvaise et amère que tu aies abandonné l'Eternel ton Dieu. » (Jér. II, 19.) Une fois loin de la présence du Seigneur, qui saurait dire jusqu'où nous pouvons nous éloigner de lui, oui par combien de chemins de traverse nous pouvons nous égarer? La carrière qu'on petit fournit, dans cette fatale direction est effrayante à contempler. Et plus nous aimons nos frères, plus il y a de spiritualité dans le sentiment que nous avons de ce mal terrible, plus aussi sera profonde notre douleur à la vue d'une âme en chute. Qui est. ce qui a souci des âmes et de la gloire du Seigneur, et n'a pas pleuré en secret sur le déclin trop manifeste du zèle, sur l'engourdissement d'un esprit jadis ardent et plein de ferveur, sur la disparition de ce temps où le coeur du serviteur était si encouragé, si reconnaissant, si plein d'espérance, si réjoui de «voir dans les âmes une telle fraîcheur d'affection, un tel zèle pour Jésus ! On était de bonne heure à toutes les réunions, l'air rayonnant - le coeur joyeux - chaque parole sur Christ faisant sur l'âme l'effet d'une huile de joie; on ne, se retirait de la réunion publique que pour méditer sur quelque vérité nouvelle, et jouir en secret d'une plus intime communion avec le Seigneur !

Ceux qui ont ressenti la douleur que fait éprouver l'égarement d'une âme aussi heureuse, savent seuls ce qu'est cette douleur. De même que le feuillage d'été, vert et plein de fraîcheur, apparaît flétri et languissant après une violente tempête, tel, hélas ! apparaît celui qui s'est laissé à piège subtil de l'ennemi Tout change dans ses manières et ses habitudes. Oh ! qu'il est changé ! Ce n'est plus qu'irrégulièrement qu'il assiste aux réunions; il s'imagine que tout le monde a changé à son égard, lent à apprendre que c'est en lui-même que se trouve le changement. Il se blesse, peut-être, de quelque petite chose, et se retire. Désormais sa place est vide, il s'en est allé, allé où? Dans la plupart des cas, le Seigneur seul peut répondre à cette question. Non que nous devions être indifférents à cet égard, mais il n'y a que le Seigneur qui puisse suivre la trace de ses égarements. Son oeil vigilant suit partout le pauvre égaré, et le Sauveur qui mourut pour ses péchés, ne peut jamais, non jamais, cesser de s'occuper de lui. Dans la sagesse de son amour, il peut lui laisser goûter l'amertume et la douleur de ses propres voies, et il en sera ainsi bientôt d'Israël, mais le Seigneur a toujours à sa disposition le moyen de l'amener à la repentance, et de le rétablir pleinement dans Sa communion.

VERS. 4.
«Mon bien-aimé a avancé sa main par le guichet, et mes entrailles se sont émues à cause de lui. »

C'est là un mouvement dans la bonne direction. Le Seigneur soit loué ! Sa propre main a fait cela. Nous avons maintenant comme une réponse à son amour, faible, il est vrai, mais réelle. Le coeur est ému à cause de lui. Elle n'a jamais cesse de l'appeler « mon bien-aimé ». Quoiqu'il y ait chute, il y a affection pour le Seigneur Mais lorsque l'âme n'est pas attentive aux coups miséricordieux, pleins de douceur, de l'amour d'un Sauveur qui frappe à la porte, il a recours à d'autres moyens. Il sait quel est l'état du coeur et ce (qui sera efficace pour le tourner vers lui. « Dieu ne s'en enquerrait-il pas ? car lui connaît les secrets du coeur. » (Ps. XLIV, 21.) Quelquefois c'est par des moyens inattendus qu'il atteint la conscience. La lumière arrivant nous fait voir où nous sommes et ce que nous sommes. La grâce triomphe. L'âme recherche maintenant la présence du Seigneur et le bonheur qui ne se trouve qu'en lui. Cependant, il est possible qu'il s'écoule quelque temps avant qu'elle soit pleinement relevée de sa chute ; elle peut passer par beaucoup de douleur, d'humiliation, d'abattement, avant d'arriver au parfait repos de la présence de Christ. Confus et agités, comme quelqu'un qui vient de se réveiller de son sommeil, nous pouvons nous mettre à courir et à chercher le Seigneur là où il n'a jamais dit qu'on le trouverait. C'est le sanctuaire et non la ville qui est le lieu de sa bénie et réjouissante présence.

VERS. 5.
« Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé, et la myrrhe a dégoutté de mes mains, et la myrrhe limpide de mes doigts, sur les poignées du verrou. »

Y a-t-il des larmes douces comme il y a des larmes amères ? Et peuvent-elles couler en mérite mêlées les unes aux autres ? Quoi de plus amer au goût que la myrrhe ; quoi de plus embaumé à sentir que la myrrhe limpide ? « La myrrhe a distillé de mes mains, et la myrrhe limpide de mes doigts, sur les poignées dit verrou. »
(Myrrhe signifie, qui coule, qui pleure.) Maintenant l'épouse répond d'une manière nette et réelle au persévérant amour de son époux. «Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé. » Elle se relève de son état d'indolence spirituelle. Le sentiment du péché qu'elle a commis un n'ouvrant pas la porte quand il frappait, remplit son âme d'amertume, amertume mêlée toutefois du sentiment d'une affection profonde pour celui qu'elle a méprisé. Arrivée à la porte à laquelle il s'est tenu si longtemps, elle trouve tout embaumé du parfum de la personne du Seigneur; elle saisit les poignées du verrou, et « la myrrhe dégoutte de ses mains, et la myrrhe limpide de ses doigts (1) ».

Maintenant qu'elle est réveillée et qu'elle a un vif sentiment de ce qu'elle a été et de ce qu'elle a fait, la plus profonde douleur et les regrets les plus amers, mêlés à un amour tout pénétré d'adoration pour son Seigneur si miséricordieux et si bon, remplissent son âme et en débordent, comme quelqu'un qui, après une douloureuse chute, est revenu aux lieux de ses anciennes jouissances spirituelles. L'entrée bien connue, la vue de bien des visages si familiers, le son d'une voix aimée et qui réveille un écho dans le coeur maintenant attendri, tout cela remplit l'âme des plus profondes émotions, et rappelle au coeur les jours bénis du premier amour. Et maintenant aussi, à l'abandon du coeur à l'amour de Jésus, se mêlent les coups, les reproches de la conscience. Le coeur murmure en silence : « Seigneur Jésus, j'ai honte et je rougis devant toi. J'ai été misérable et malheureux toutes les heures de mes égarements. Oh ! que j'ai été ingrat, insensé ! Est-il possible que j'aie mis cet opprobre sur ton nom béni ! Mon âme est honteuse d'elle-même et se fait les reproches les plus amers. Seigneur, je t'en supplie ardemment, imprime plus profondément dans mon âme le sentiment du péché que j'ai commis en m'égarant, et celui de ta sainteté et de ta grâce à me ramener dans ton bercail. Rends-moi la joie de ton salut, Mon âme s'attache à toi.»

VERS. 6.
« J'ai ouvert à mon bien-aimé; mais mon bien-aimé s'était retiré, il avait passé plus loin ; mon âme s'en était allée pendant qu'il parlait. Je le cherchai, mais je ne le trouvai pas: je l'appelai, mais il ne me répondit pas. »

Comme jadis Joseph chercha à exercer le coeur de ses frères, à cause du crime qu'ils avaient commis à son égard, ainsi dans les derniers jours, le vrai Joseph fera passer par des exercices profonds le coeur de ses frères, les Juifs, à cause de leur état devant Dieu.
Mais pour avoir adopté envers eux une marche qui les éprouvait et les criblait douloureusement, Joseph n'avait pas moins d'amour pour ses frères. Son coeur était plein et prêt à éclater en expressions de l'affection la plus profonde, quand le moment convenable serait arrivé. Quel soulagement pour lui lorsque les écluses furent ouvertes et que l'amour longtemps contenu de son coeur pût prendre son libre cours ! Il en sera ainsi du Seigneur, juste avant qu'Il se relève en puissance et en gloire pour la complète délivrance d'Israël, et la pleine manifestation de son amour pour lui comme son propre Messie.

Cependant, l'analogie, qui est ici si frappante entre Joseph et ses frères, et Christ et les Juifs, fait complètement défaut lorsqu'on l'applique à Christ et à l'église. L'idée si répandue que Christ quelquefois se retire, ou cache sa face aux chrétiens afin de les éprouver, n'a aucun fondement dans les épîtres. Avec les Juifs, sous la loi, les choses naturellement étaient toutes différentes; Dieu habitait dans une profonde obscurité. Le chemin des lieux saints n'était pas encore manifesté, le parfait sacrifice n'avait pas été offert, la conscience du Juif n'avait pas été parfaitement purifiée, il ne pouvait donc pas avoir une pleine paix. Mais pour les chrétiens, la position est entièrement changée. « Les ténèbres s'en vont et la lumière luit maintenant. » Nous sommes « rendus agréables dans le bien-aimé ». Nos péchés, selon le jugement de Dieu, ont été tous et pour toujours ôtés par l'offrande du corps de Christ, faite une fois pour toutes. Lorsque le, plein jugement de Dieu contre nos péchés et contre le péché eût été exécuté en Christ sur la croix, le voile fut déchiré, et le chemin des lieux saints fut ouvert. Nous fûmes vivifiés ensemble avec le Christ, et ressuscités ensemble avec Lui, et assis ensemble dans les lieux célestes en Christ. Il ne saurait y avoir de voile entre Dieu et nous. Et de plus, le Saint-Esprit est descendu comme le témoin et la puissance de notre union actuelle avec Christ ressuscité et exalté, et pour nous donner par son habitation nous la jouissance consciente de notre portion en Christ dans la présence de Dieu..
L'idée même que Dieu veuille cacher sa face à ceux qui sont dans sa pleine lumière en Christ et comme Christ, est certes entièrement étrangère à toute la doctrine de l'écriture concernant l'église. Il est vrai, combien vrai, hélas ! que nous pouvons oublier comme nous sommes richement bénis dans le Christ Jésus. Nous pouvons oublier que nous sommes associés avec lui comme ressuscités des morts et montés en haut ; nous pouvons oublier que sa vie est notre vie, et que ses délices devraient être aussi les nôtres ; et, oubliant Ces choses, nous pouvons nous éloigner de lui et pécher contre lui. Et nul péché, souvenons-nous-en, ne saurait être aussi odieux à Dieu que le péché d'un chrétien, par la raison précisément que nous avons été amenés aussi près de lui. Mais hélas, il faut que nous nous soyons éloignés de lui, quand nous tombons dans le péché; nul de nous ne pourrait pécher en sa présence. Là, le péché nous est odieux, et nous avons puissance sur lui.

Il y a tant de dignité dans le langage du Saint-Esprit quand il fait allusion à ce point, qu'il se borne à admettre uniquement la possibilité qu'un chrétien ait péché. « Si » (ce n'est que la possibilité d'une chose pareille qui est supposée); « si quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ, le juste ; et lui, est la propitiation pour nos péchés, et non pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier. » (1 Jean II, 1-2,) Nous voyons là comment Dieu a pourvu à tous les besoins de notre marche de pèlerins. L'intercession de Christ, fondée sur la justice et la propitiation, garantit la purification de nos souillures et nous maintient sans tache devant la face de Dieu. Comme l'idée tant répandue que quelquefois Dieu cache sa face pour mettre à l'épreuve la foi et l'amour des siens, est opposée à cette vérité bénie ! Nous pouvons manquer de grâce et nous égarer; mais la vérité de Dieu demeure invariablement la même ; et la position (le l'église devant lui, en Christ, est aussi invariable que la vérité elle-même.

Maintenant, si nous passons de l'église à Israël comme tel, nous trouvons qu'il y a, non pas analogie, mais contraste avec toute celte merveilleuse grâce. Car quoique « an temps de la fin » le résidu attende le Messie et soupire après lui avec une sincère affection, il est encore sous la loi, et Dieu lui en laisse sentir la pression. Comme le meurtrier de jadis, il sera pour ainsi dire dans la ville de refuge jusqu'à ce qu'il survienne un changement dans la sacrificature. (Voir Nomb. XXXV.) L'apparition de l'Oint du Seigneur, dans l'exercice de la sacrificature selon l'ordre de Melchisédec, sera le grand antitype de cette ancienne loi. Un changement dans la sacrificature, par la mort, procurait la liberté à ceux qui étaient prisonniers dans les villes de refuge. « Mais, après la mort du souverain sacrificateur, le meurtrier retournera dans la terre de sa possession. » Israël, au dernier jour, avant que le Seigneur apparaisse, passera par une terrible tribulation sous la loi, qui le criblera profondément, comme le montre clairement de nombreux passages. Il faut que le jugement solennel de Dieu contre le crime de meurtre dont il est coupable, soit senti et reconnu dans sa conscience. Et quand le Seigneur apparaîtra, cette oeuvre bénie, quoique sévère, sera plus profonde encore, mais alors ce sera sous la grâce. C'est à ce sujet que le passage suivant se rapporte. «Et je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplications; et ils regarderont vers moi, celui qu'ils auront percé, et ils se lamenteront sur lui comme quand on se lamente sur un fils unique, et il y aura de l'amertume pour lui, comme l'amertume pour un premier-né. » Lisez soigneusement Zach. XII, aussi XIII et XIV. Mais n'est-ce pas véritablement beau, ô mon âme, de voir la réalité et l'ardeur d'affection que le Seigneur bien-aimé a créées dans les coeurs des siens, au milieu même de toutes leurs souffrances ?

Avec quelle douceur le coeur de l'épouse soupire après son bien-aimé ! A la vérité, c'est là un des caractères des Cantiques ; les psaumes, envisagés à ce point de vue, nous présentent davantage le travail de la conscience dans le résidu, tandis que les Cantiques, essentiellement et par dessus tout, les affections du coeur. Tel est le côté que nous avons ici, et c'est un côté précieux. L'amour de Jésus comme époux est manifesté ici, et cet amour se réfléchit d'une manière douce et touchante dans le coeur plein de tendresse de son épouse. « Mon âme s'en était allée pendant qu'il parlait. » Oui, son âme s'en était allée. Elle peut l'entendre, mais ne peut le voir. Dans une heure mauvaise, elle avait fait peu de cas de Lui, qui se retire maintenant et part, afin d'éprouver les affections de son coeur; car Il ne l'aimait pas moins. Si elle sentait vivement qu'il s'en fût allé, Lui, bien davantage. Jamais le coeur de Joseph ne brûla d'un amour aussi ardent pour ses frères que lorsqu'il les affligea. Mais il y a ici plus que Joseph ! Jésus-Christ, « le même hier, et aujourd'hui, et éternellement ». Et remarquez-le, ce passage ne dit point: Dieu est le même hier, et aujourd'hui, et éternellement, bien qu'il le soit; mais c'est de « Jésus-Christ », Sauveur et Époux, qu'il affirme qu'il ne change jamais. Apprends donc, Ô mon âme, à te confier en lui. Ne doute jamais de son amour, quelles que soient les apparences, et ne te défie jamais de sa grâce, laquelle ne peut jamais faire défaut.

La scène qui suit est une pénible scène. L'épouse est hors de la communion, et tout est dans un état de confusion et de désordre. L'énergie même et l'ardeur de son amour l'amènent dans toutes sortes de troubles. Elle s'expose pour ainsi dire aux censures des disciples de profession au dedans, et aux rudes traitements du monde au dehors, Pour le moment tout est hors de sa place quand à ses voies, mais en général son coeur est droit et fidèle a son Seigneur. «Filles de Jérusalem, je vous adjure, si vous trouvez mon bien-aimé, que lui direz-vous? Que je suis malade d'amour.» Oh ! qu'il y en a peu. parmi nous qui pourraient dire : « Je suis malade d'amour ! » Combien rarement il arrive que nous nous exposions à être persécutés pour l'ardeur de nos affections ! Puissions-nous connaître davantage cette communion qui fait que le coeur brûle, et que les paroles coulent en témoignage à la gloire de notre Seigneur absent !


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(1) L'histoire nous fait connaître une coutume orientale qui jette du jour sur la comparaison que nous trouvons ici. Lorsque la personne aimée persiste à repousser les voeux de celui qui l'aime celui-ci se dirige durant la nuit vers la maison de son père, vers la maison où elle demeure. il suspend des guirlandes de fleurs tout autour de la porte et en jonche le seuil de fleurs odorantes. Il oint aussi d'huiles parfumées la serrure et la poignée de la porte. Il avoue par là à toute la famille, que son affection, quoique méprisée, est une affection réelle.

 

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