Méditations sur le Cantique
de Salomon
CHAPITRE V
Versets: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16.
|
VERS. 9.
« Ton
bien-aimé, qu'est-il de plus qu'un
autre bien-aimé, ô la plus
belle parmi les femmes ? Ton
bien-aimé qu'est-il de plus qu'un
autre bien-aimé, que tu nous
adjures ainsi ? »
|
Si la préparation du coeur est de
l'homme, la réponse de la bouche est de
l'Eternel. Considérées à ce
point de vue, les déclarations de
ce v. 9 sont précieuses
au coeur. Quoi de plus agréable, en effet,
que de savoir que nous sommes plus beaux que tous
les autres, pour celui que nous aimons le plus?
Être bien assuré que telle est la
pensée du Seigneur, donne à
l'âme un doux contentement. Il est aussi
très agréable de constater que c'est
par les autres, qui auraient pu être remplis
de jalousie à notre égard, que Christ
parle de nous et à nous,
précisément comme lui-même le
ferait. On ne saurait rien désirer de
plus.
Eh bien, voilà ce qui est
réservé, pour un prochain avenir
à la fille de Sion, la belle fiancée
du vrai roi Salomon Quand elle sera introduite dans
la pleine bénédiction sous le
règne du Messie et qu'elle sera hautement
honorée par lui, tous alors lui diront avec
joie: « 0 la plus belle d'entre les femmes.
» Les « filles de Jérusalem »
peuvent dans cette scène représenter
les villes de Juda, qui auront une portion
subordonnée à Jérusalem au
jour prochain de sa gloire, quoique se trouvait-il
néanmoins dans la même sphère
de bénédiction. Jérusalem et
les Juifs auront alors sur la terre la place
d'honneur et de gloire, et toutes les nations
rechercheront leur faveur et l'abri de leur aile.
« Ainsi a dit l'Eternel des armées: En
ces jours-là, dix hommes de toutes les
langues des nations saisiront, Oui saisit-on le pan
de la robe d'un homme juif disant : Nous irons avec
vous, car nous avons ouï dire que Dieu est
avec vous. »
(Zach. VIII, 23.) Évidemment,
cela est encore futur. Mais, voici
encore ce que dit l'Esprit de
prophétie parlant du rétablissement
des enfants de Sion : «Et des rois seront tes
nourriciers, et leurs princesses, tes nourrices;
ils se prosterneront devant toi le visage contre
terre, et ils lécheront la poussière
de tes pieds; et tu sauras que moi, je suis
l'Eternel; ceux qui s'attendent à moi ne
seront pas confus. »
(Es. XLIX, 23.)
Quel changement se fait alors pour
les Juifs ! Quel heureux changement pour ce peuple
longtemps foulé ! Quelle histoire que la
sienne ! au moins si nous embrassons le
passé, le présent et l'avenir. «
Allez, messagers rapides, vers une nation
répandue loin et ravagée, vers un
peuple merveilleux dès ce temps et au
delà, vers une nation qui attend, attend, et
qui est foulée aux pieds, de laquelle les
rivières ont ravagé le pays. »
(Es. XVIII, 2.)
Mais à présent tout
est heureusement changé. Il est parlé
du résidu de Juda sous l'image d'une
épouse aimée, admirée, et dans
laquelle le roi prend ses délices. « 0
la plus belle d'entre les femmes ! » Ainsi en
sera-t-il en ce jour-là de la nation
entière, les dix tribus et les deux tribus.
Elle seront toutes réunies dans leur propre
pays, et chaque tribu aura son propre
lot.
En réponse à la
question des filles de Jérusalem: «Ton
bien-aimé qu'est-il de plus qu'un autre
bien-aimé, que tu nous adjures ainsi? »
elle réplique immédiatement en
traçant le portrait fidèle de son
bien-aimé. On y trouve tout le brillant de
l'esquisse, et toute cette
délicatesse des
détails que peut seule donner une passion
ardente et partagée. La force de son
affection est rendue doublement puissante par les
reproches qu'elle se fait à elle-même.
Le souvenir qu'elle conserve de lui est
vivifié par la pensée de l'avoir
dédaigné, et tous ses sentiments
reçoivent une énergie nouvelle du
fait qu'elle ne le trouve point. C'est dans un
état de coeur pareil qu'elle le
décrit de la tête aux pieds. Oh, si
nous étions prêts, toujours
prêts, sous l'impulsion du moment à
parler de Jésus ! Il ne lui faut point de
temps pour se préparer; elle n'en demande
pas. Toute heureuse de l'occasion, elle n'a besoin
que d'oreilles qui écoutent et de coeurs qui
croient. Telle que la femme du puits de Sichar, son
propre coeur déborde. Le
désappointement a transformé son
amour en passion. C'est un soulagement pour son
coeur de parler de lui. Elle est éloquente:
L'amour est le don le meilleur de
l'évangéliste, l'amour pour
Jésus, l'amour pour le pécheur. Mais
quand cet amour s'élève à la
hauteur d'une passion, il doit y avoir une
réelle, une brûlante éloquence.
Jamais, jamais, ô mon âme, ne te
contente de moins que cela. L'amour pour le
Sauveur, l'amour pour les âmes, est certes
une bonne chose, mais il faut plus à
l'évangéliste. Tends à ce que
ton amour s'élève en une ardente
flamme. L'oeuvre l'exige. Es-tu
évangéliste? Que tout ce qui ferait
obstacle à ton oeuvre soit consumé
sur l'autel d'une entière
consécration. Prêcher, ne l'oublie
pas, ce n'est point enseigner, et enseigner, ce
n'est pas davantage
prêcher. Fais appel aux âmes, lutte
avec elles, empare-toi d'elles, martyrise-toi pour
elles. C'est une affaire de vie ou de mort,
d'ineffable et éternelle
félicité, ou d'indicible ruine.
Réalise l'avenir dans le présent, et
crie an Dieu de toute grâce afin qu'aucune
âme ne se retire non impressionnée,
non bénie, non sauvée.
Des coeurs plus calmes (et plus
sages en bien des choses, c'est possible) diront
peut-être : « La nature entre pour
beaucoup dans un tel zèle, aujourd'hui
l'incrédulité est effrayante
souvenez-vous, en outre, que l'oeuvre est l'oeuvre
du Seigneur. » Admets pleinement, ô mon
âme que, quant à toi, tu ne fais que
faillir, et que l'oeuvre est l'oeuvre de Dieu du
commencement à la fin; mais que rien ne
ralentisse ton zèle, oui n'abatte ton
énergie. Puisse la flamme de son amour
être inextinguible. Oh ! sois sérieuse
; le ciel et l'enfer sont des choses
réelles; sois aussi profondément,
profondément sérieuse et convaincue.
Le Maître pleura sur une ville, tu as un
monde sur qui pleurer. Aime de son amour, et que
tes yeux pleurent ses larmes.
Oh ! parle de Jésus - parle
de cet autour dépassant toutes les limites
de la pensée humaine, qui lui a fait quitter
son trône du ciel, le coeur plein d'une
profonde compassion divine pour sauver de la mort
des pécheurs ruinés, impies, ennemis,
haïssables, et leur donner la vie et les
rendre propres pour être avec lui dans la
gloire de Dieu.
Oh ! parle de Jésus, parle de
sa mort, car il mourut pour des
pécheurs tels que moi. « Oui, par la
mort, nous avons la vie, ô cher Sauveur !
VERS. 10.
« Mon
Bien-Aimé est blanc et vermeil, un
porte-bannière entre dix mille.
»
|
Il est dit de David: «Or il avait le teint
rosé, avec de beaux yeux, et était
beau de visage ».
(1 Sam. 16, 12). Mais dans la
description qu'il nous donne ici du vrai David,
l'Esprit de prophétie peut faire allusion
à la pureté sans tache de sa
personne. et au caractère de soit sacrifice.
Ce sont des termes significatifs que ces mots -
« blanc et vermeil ». Le Saint-Esprit se
plaît à présenter, soit en
types, soit sous forme d'allégories, les
gloires de la personne de Christ, et, l'infinie
valeur de son sang. «Pourriez-vous me nommer
quelque chose qui soit plus blanc que la neige ?
» demandait quelqu'un dans une école du
dimanche. « L'âme qui a
été lavée dans le sang de
Jésus, » répondit justement une
petite fille. Mais si un tison arraché du
feu, noirci et consumé, pour ainsi dire, par
le péché, petit être rendu plus
blanc que la neige, pur comme la lumière du
ciel, en vertu de ce sang précieux, quelles
ne doivent pas être, pouvons-nous demander,
la pureté essentielle, et la dignité
infinie de Christ, par l'effusion du sang duquel
cette oeuvre merveilleuse est accomplie! Oui,
certes, une seule âme ainsi bénie
prouverait l'étonnante efficace du sacrifice
de Jésus; mais quel moment, ô mon
âme, lorsque dans le ciel tu chanteras avec
les myriades de myriades des rachetés, le
cantique nouveau : « A celui qui nous aime et
qui nous a lavés de nos
péchés dans son sang; et il nous a
fait un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu
et Père ; à lui la gloire et la
force, aux siècles des siècles !
Amen. » Oh! quelles sublimes pensées
toutes pénétrées d'adoration
nous aurons alors de Jésus, qui fut jadis
l'homme de douleurs, et sachant ce que c'est que la
langueur; mais qui est maintenant le Christ de
Dieu, souverainement exalté !
Oh! médite là-dessus,
mon âme glorifie-toi dans la
vérité; « Mon bien-aimé
est blanc et vermeil; un porte-bannière
entre dix mille. » Quoi d'aussi blanc, d'aussi
pur, d'aussi saint, que la personne bénie du
Fils de l'Homme, Jéhovah, Jésus, la
racine et la postérité de David? Quoi
d'aussi vermeil que son sang qui coula sur le
Calvaire? Qui est digne d'être Christ sur
toutes choses, sinon l'auteur de notre salut
?
Ainsi, connaître Jésus,
c'est le salut, la paix et le bonheur dès
à présent et pour toujours. Savoir
que mes péchés sont effacés
par son sang, oui, effacés, et pour
toujours, c'est la félicité parfaite.
Pardonné, je le suis, je sais que je le
suis, Dieu le déclare. Mais savoir que mes
péchés sont effacés, c'est une
pensée plus profonde encore. Christ a aboli
le péché par le sacrifice de
lui-même. Quant à nos
péchés Il les a jetés dans les
profondeurs de la mer; ils ne peuvent plus se
retrouver ; ils sont ensevelis dans les eaux
profondes de la mort. Et Dieu a été
absolument glorifié dans l'oeuvre de son
Fils, c'est pour lui une affaire de justice aussi
bien que de miséricorde,
de bénir tous ceux qui croient en
Jésus. Il peut maintenant satisfaire son
amour en rencontrant en grâce le premier des
pécheurs qui croit au nom de Jésus,
jadis abaissé, mais maintenant
souverainement exalté.
VERS. 11.
« Sa tête est
un or très fin; ses boucles sont
flottantes, noires comme un corbeau.
»
|
Après avoir répondu aux filles de
Jérusalem d'une manière
générale relativement à son
bien-aimé, elle se met maintenant à
faire de lui une description plus
détaillée. Guidée par l'Esprit
de Dieu, elle se plaît à
s'arrêter sur ses perfections et ses gloires
diverses, sous des figures prises de traits
humains. Un mot, ô mon âme, dès
l'entrée de ce sujet: ne cherche pas, je
t'en prie, le sens mystique de chacun de ces traits
en dehors des limites de la sainte écriture.
«Le lieu où tu es arrêté
est une terre sainte. » Car, quoique l'Eternel
ne défendît point à Moïse
de s'approcher du buisson ardent, il lui
déclara nettement que ce devait être
avec des pieds déchaussés. Que ce
soit donc dans un esprit d'adoration que tu
médites sur le roi glorieux de Sion.
Dans le chapitre quatrième,
l'époux, en décrivant les attraits de
son épouse, fait l'énumération
de sept traits. Ici, elle en signale dix dans la
description de son bien-aimé. Les nombres
significatifs, trois et sept, sont réunis en
Lui. Maintenant nous méditerons
brièvement sur chacun de ces traits
séparément.
« Sa tête est un or
très fin. » Sa majesté
suprême peut être
indiquée par « l'or très fin
» comme en
Dan. Il, 38: «Tu es la
tête d'or. » L'or est aussi
fréquemment employé dans
l'écriture pour représenter la
justice divine en rapport avec la personne de
Christ; comme en
Es. XI, 5 et
Apoc. I, 13. Nous lisons de ce
même Jésus: «Voici, un roi
régnera en justice, et des princes
domineront avec droiture; et il y aura un homme qui
sera comme une protection contre le vent et un abri
contre l'orage, comme des ruisseaux d'eau dans un
lieu sec, comme l'ombre d'un grand rocher dans un
pays aride.»
(Es. XXXII, 1-2.)
« Ses boucles sont flottantes,
noires comme un corbeau. » Une riche et
abondante chevelure peut indiquer la vigueur et la
force de la jeunesse. Il est dit d'Ephraïm
(Osée VII, 9): « Des
étrangers ont consumé sa force, et il
ne le sait pas ; des cheveux gris sont aussi
parsemés sur lui, et il ne le sait pas.
» Mais on ne verra jamais de signe de
déclin dans le Seigneur. Il est le
même, hier et aujourd'hui et
éternellement. Quelques-uns pensent que
« l'or très fin » se rapporte
à la divinité de Jésus, et les
« boucles flottantes » à son
humanité. Il n'est pas de
vérité qui soit plus chère
à la foi que l'humanité parfaite de
notre bien-aimé Sauveur, et cela en
connexion avec sa divinité éternelle.
« Christ, qui est sur toutes choses, Dieu
béni éternellement. Amen. »
(Rom. IX, 5 et
Col. I, 15-19.)
«Admire, adore ce Dieu immuable
à qui seul il appartient de dire: «JE
SUIS VIVANT AUX SIÈCLES DES SIÈCLES !
» Lui, qui a fait les cieux et la terre, la
mer, et tout ce qui s'y trouve; qui garde la
vérité à toujours. »
(Ps. CXLVI, 6.)
VERS. 12.
« Ses yeux, comme des
colombes près des ruisseaux d'eau,
baignés dans le lait, bien
enchâssés. »
|
Dans
Apoc. V, 6, l'apôtre Jean
parle de « l'Agneau qu'il voit au milieu du
trône comme ayant «sept yeux qui sont
les sept Esprits de Dieu envoyés sur toute
la terre ». Le nombre sept, nous le savons,
indique la plénitude, la perfection, qui ici
signifie l'intelligence. « Car les yeux de
l'Eternel parcourent toute la terre, afin qu'il se
montre fort en faveur de ceux qui sont d'un coeur
parfait envers Lui»
(2 Chron. XVI, 9). Le croyant n'a
donc rien à craindre du regard vif et
pénétrant du Seigneur; il est pour
lui plein de douceur, de tendresse, de profonde
affection, « comme les yeux des colombes
près des ruisseaux d'eau ». Quelle
précieuse grâce: « Je te
conseillerai, ayant mon oeil sur toi. »
(Ps. XXXII, 8.)
Quel oeil que celui qui se trouve
maintenant exposé devant le regard de la foi
! Tendre comme celui de la colombe, rayonnant et
éclatant comme lorsqu'il s'est baigné
dans le ruisseau ; ou brillant comme d'une larme
rapide de profonde compassion. La partie blanche de
l'oeil, pure comme du lait, l'oeil lui-même
«bien enchâssé ». Ni trop
saillant, ni trop enfoncé, mais pareil
à la pierre précieuse qui est
parfaitement enchâssée dans son
chaton.
VERS. 13.
« Ses joues (sont)
comme des parterres
d'aromates, des corbeilles de fleurs
parfumées. »
|
Ces comparaisons représentent quelque
chose d'une douceur, d'une beauté, d'un
parfum extrêmes. C'est le visage: mais, ce
que l'on peut voir dans ses traits montre combien
est grand le contraste entre le jour de sa
grâce et de son humiliation et le jour
prochain de sa gloire merveilleuse. La fille de
Sion, dans son aveuglement, le méprisa et le
rejeta à cause de son humilité. Lui,
en grâce parfaite, se soumit à la
volonté de l'homme qui est inimitié
contre Dieu. « J'ai donné mon dos
à ceux qui frappaient, et mes joues à
ceux qui arrachaient le poil; je n'ai pas
caché ma face à l'opprobre et aux
crachats. »
(Es. L, 6) Et encore: « Ils
frappent le juge d'Israël avec une verge sur
la joue. »
(Mich. V. 1.) Mais la fille de Sion
est alors affligée de tout son coeur, pour
toute cette haine, toute cette cruauté dont
elle s'est rendue coupable envers son Messie. Le
voile est ôté. Comme il disparaissait
de dessus le visage de Moïse quand il
retournait au tabernacle, de même il
disparaîtra de dessus le coeur d'Israël,
quand ils regarderont à Celui qu'ils ont
percé. Et alors, au lieu de dire de lui :
« Il n'y a rien en lui à le voir qui
fasse que nous le désirions », ce sera:
« Tout en Lui est aimable. » La joue,
autrefois souillée, outragée et
frappée, est pour le coeur de l'Israël
de Dieu comme des parterres d'aromates, des
corbeilles de fleurs parfumées. Oh! quelle
oeuvre la grâce a accomplie! Quelles
merveilles les opérations de l'Esprit ont
effectuées ! Quel
triomphe ont remporté
l'amour et le pardon de Dieu ! Hâte-toi de
luire, oh ! hâte-toi de luire, jour prochain,
jour heureux du Millénium !
« Ses lèvres (sont) des
lis, distillant une myrrhe limpide. » La
comparaison peut être prise du magnifique lis
rouge de l'Orient, mais le croyant connaît la
vérité de cette parole bénie,
« la grâce est répandue sur tes
lèvres » non pas distillant pauvrement,
mais répandue avec abondance. Les
lèvres de Jésus, et seulement les
siennes, peuvent parler de paix à une
âme troublée. Jusqu'à ce qu'il
soit écouté, et écouté
lui seul, la véritable paix ne saurait
être connue. «Le Seigneur, l'Eternel
», dit-il lui-même par le
prophète, « m'a donné la langue
des savants pour savoir assaisonner la parole
à celui qui est accablé de maux.
»
VERS. 14.
« Ses mains, des
rondelles d'or où sont
enchâssés des chrysolites.
»
|
Généralement, nous pouvons
comprendre dans ce trait toutes les oeuvres de la
nature, de la providence et de la grâce. Leur
beauté, leur gloire, leur durée
peuvent être représentées par
l'or, l'anneau, et les, pierres précieuses.
« Les oeuvres de ses mains sont
vérité et jugement; tous ses
préceptes sont sûrs, maintenus
à perpétuité, pour toujours,
faits avec vérité et droiture.»
(Ps. CXI, 7-8.) Mais la foi peut
maintenant dire de ces mains ornées de
pierres précieuses: « Sa main gauche
est sous ma tête et sa droite m'embrasse.
» Oh ! quel embrassement ! Heureux, trois fois
heureux, ceux qui sont ainsi
entourés de ses bras éternels ! C'est
une étreinte sans fin, comme l'anneau
lui-même. « L'amour ne périt
jamais.»
« Son ventre, un ivoire poli,
couvert de saphirs. » Ici nous pouvons voir
une allusion aux entrailles de 'ses profondes et
tendres compassions. « Mon coeur est comme de
la cire, il est fondu au-dedans de mes entrailles
»
(Ps. XXII, 14). Une allusion aux
entrailles suggère l'idée de la
profondeur, et la couleur bleue du saphir, celle du
caractère céleste des tendres
sympathies de Jésus. « Et, sous ses
pieds, comme un ouvrage de saphir transparent, et
comme le ciel même en pureté. »
(Ex. XXIV, 10.) Purs comme «
l'ivoire poli » profonds comme les entrailles,
élevés comme les cieux; tels sont
l'amour, la tendresse, la pitié, les
compassions de notre précieux Seigneur
Jésus-Christ. «Si donc il y a quelque
consolation en Christ, si quelque soulagement
d'amour, si quelque communion de l'Esprit, si
quelque tendresse et quelques compassions, rendez
ma joie accomplie (en ceci) que vous ayez une
même pensée, ayant un même
amour, étant d'un même sentiment,
pensant à une seule et même chose.
»
(Philip. II, 1-2.)
VERS. 15.
«Ses jambes des
colonnes de marbre blanc, reposant sur des
socles d'or fin. »
|
C'est la marche en général, qui
d'ordinaire est représentée par ce
trait. « Éternel, fais-moi
connaître tes voies, enseigne-moi tes
sentiers... Tous les sentiers de l'Eternel sont
gratuité et vérité. » Les
« colonnes de marbre » peuvent
exprimer la force, la
fermeté, la permanence de son règne;
et les « socles d'or fin », la justice
divine, comme caractérisant toutes les voies
de son gouvernement. La justice divine, la
toute-puissance, les voies de «
gratuité et de vérité»
appartiennent au roi de Sion, au puissant roi de la
terre. « L'empire a été
posé sur son épaule. » «
Mais quant au Fils, il dit: ton trône,
ô Dieu (est) aux siècles des
siècles ; c'est un sceptre de droiture que
le sceptre de ton règne. Tu as aimé
la justice et haï l'iniquité. C'est
pourquoi, Dieu, ton Dieu, t'a oint d'une huile de
joie au-dessus de tes compagnons. »
(Héb. I, 8-9.) « Et dans
les jours de ces rois, le Dieu des cieux
établira un royaume qui ne sera jamais
détruit; et ce royaume ne passera point
à un autre peuple, mais lui, il subsistera
à toujours. »
(Dan. Il, 44.)
« Son port, comme le Liban ;
distingué comme les cèdres. »
Ayant déjà décrit son
bien-aimé de la tête aux pieds,
l'épouse considère maintenant, nous
n'en doutons pas, l'ensemble général
de son aspect, tous ses traits glorieux
réunis, sa parfaite stature. Et sa stature
« est comme le Liban, distinguée comme
les cèdres ». Cette image exprime,
évidemment, sa glorieuse majesté,
comme Messie. Les hauts cèdres «. de
cette bonne montagne du Liban » sont, dans
l'écriture, le type ordinaire de la
noblesse, de l'exaltation, de la gloire, de la
majesté. Resplendissante comme « l'or
fin» de la tête aux pieds, ornée
de toutes les grâces, embaumée de tous
les parfums, glorieuse et majestueuse
comme les cèdres du
Liban: telle est la personne de son
bien-aimé.
VERS. 16.
«Son palais est plein
de douceur. »
|
Ses « lèvres» ayant
déjà été
mentionnées, ce trait-ci doit indiquer
quelque chose d'autre que les paroles. Il me
paraît se rapporter plus
particulièrement à la grâce de
Jésus - à l'expression de sa
bonté, des témoignages de sa
bienveillance, - à ses communications
affectueuses. L'Épouse a goûté
souvent de sa grâce, c'est pourquoi elle
pouvait dire par expérience : « son
palais est plein de douceur. » La grâce
et la bonté avec lesquelles il vient au
devant d'elle, même après ses
égarements, suffisent pour
pénétrer son coeur à jamais de
la douceur de la grâce de son Seigneur.
« Si toutefois vous avez
goûté,» dit l'apôtre,
« que le Seigneur est bon. » Il en est
qui pensent que c'est à la mélodie de
sa voix qu'il est fait allusion. Mais elle continue
en disant:
«Toute sa personne est
désirable. Tel est mon bien-aimé, tel
est mon ami, filles de Jérusalem.
»L'expression lui manque. Elle n'est pas lasse
de parler de lui, mais elle est incapable de dire
tout ce qu'il est. En conséquence, elle
clôt sa description par cette parole:
«Toute sa personne est désirable.»
Comme si elle eût dit: tout ce qu'il y a
d'aimable habite en lui, toute chose
désirable se trouve en lui, et toute
beauté non spécifiée lui
appartient. En lui habite corporellement toute la
plénitude de la déité et
toutes les grâces du fils de l'homme. Il est
aimable dans son humiliation, aimable dans son
exaltation ! Toute sa personne est
désirable.
Mais, n'est-ce pas la
dernière note de ce délicieux
cantique, qui est la plus riche de toutes, celle
qui a le plus de douceur.- Mon bien-aimé...
Mon ami ? » Quelques-uns disent
peut-être : « quelle description est
cela ! » Mais toi, ô mon âme, dis
: Quelle conclusion que celle-là ! «
Tel est mon bien aimé... mon ami. »
Lui, lui-même est à moi. Elle est
heureuse de s'arrêter sur ses
qualités, mais elle est plus heureuse encore
de pouvoir dire: « Celui en qui toutes ces
qualités brillent d'un si vif éclat
est à moi! Toutes ses qualités sont
donc miennes aussi. Mais les qualités se
trouvent dans la personne de Christ., Les
trônes, les couronnes, les royaumes, les
gloires, les félicités sont à
lui, et appartiennent au croyant, en lui ; mais
après tout, ces choses ne sont point sa
personne même. Quelle valeur auraient-elles
toutes sans la personne du bien-aimé ?
Quelque précieuses qu'elles soient, elles ne
seraient qu'une dérision mêlée
à la plus amère souffrance pour les
affections renouvelées. Il en serait d'elle
comme d'une jeune mariée qui perd son mari.
Le coeur de l'infortunée veuve est
brisé et dépouillé sur le
seuil même de sa nouvelle demeure : celui
qu'elle aimait s'en est allé et pour
toujours. La maison, il est vrai, reste avec son
riche ameublement, mais hélas !
l'époux n'est plus. Tout est changé
pour elle dans le fiel et l'absinthe de la plus
amère douleur. L'ombre d'un épais
nuage s'étend sur tout ce qui l'environne ;
désormais tout porte l'empreinte de sa
propre misère : c'en est fait de son bonheur
! C'est là, ô mon
âme, une chose qui n'est pas rare dans les
affections de la terre. Plus d'un coeur aimant et
plein de confiance a été ainsi
brisé et broyé par la mort de celui
auquel il se confiait. Mais jamais, non, jamais, il
n'en est ainsi des affections du ciel. Bienheureux
sont tous ceux qui ont mis leur confiance en
Jésus. C'est le ciel sur la terre que de le
connaître, que de connaître son amour,
son immuable amour: son amour n'est pas en paroles
seulement, mais en action et en
vérité.
|