Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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L'ORDRE DE DIEU


IX

Tu ne diras point de faux témoignages contre ton prochain.
par J.-L. LEUBA

Tu ne diras point de faux témoignages contre ton prochain.
Exode 20/16.

Les mots centraux de ce texte sont : faux témoignage. Pour savoir ce qu'ils signifient, il nous faut consulter l'Écriture sainte, c'est-à-dire le livre qui contient la Parole de Dieu. De nous-mêmes, nous ne saurions pas ce qu'est un témoignage faux, ni ce qu'est un témoignage véritable. Nous ne saurions pas même quelle est la chose dont il faut témoigner ni quelle est la bonne manière de le faire fidèlement. Placés en face de cette chose extraordinairement complexe et mystérieuse qu'est la vie du prochain, nous ne saurions l'estimer vraiment et nous ne pourrions par conséquent éviter ce faux témoignage dont il est ici question. Comment pourrions-nous dire : « Je témoigne que mon prochain a volé » si nous ignorons ce que c'est que voler ? Comment pourrions-nous porter quelque jugement que ce soit sur sa conduite si nous ignorons le critère vrai qui nous permettra de juger ? Comment oserions-nous prétendre porter un témoignage, si ce témoignage devait venir de nous-mêmes? Car - c'est là le centre du message évangélique - la réalité et la vérité nous glissent entre les doigts tant que nous en restons aux idées que nous avons nous-mêmes. Seuls, nous sommes dans un chaos ténébreux où nous ne pouvons saisir ni les choses, ni les personnes, ni nous-mêmes.
Mais Dieu nous a donné sa Parole. Et c'est en nous laissant guider par elle que nous comprendrons ce commandement et sa portée.

Dès que nous ouvrons la Bible, dès que nous regardons où il y a les mots témoignage et témoin, un témoin apparaît centralement, un témoignage est immédiatement distingué. Ce témoin, c'est Jésus-Christ, ce témoignage, c'est ce qu'il dit. Cela peut nous paraître étonnant. Mais c'est par là qu'il nous faut commencer. Car c'est ce témoignage-là qui nous permettra d'y voir clair dans notre commandement, lequel, au premier abord, mais au premier abord seulement, parait se rapporter à tout autre chose.

Depuis le témoignage que constituaient les tables de la loi dans l'Ancienne Alliance (Exode 16/34, 25/16, 40/20, etc.) jusqu'au « témoin fidèle » de l'Apocalypse (1/5), il y a un fait, un seul lait central qui est celui dont témoignent bien des choses et bien des gens : la rencontre de Dieu et de l'homme en Jésus-Christ. C'est par rapport à ce témoignage central que s'orientent tous les autres témoignages de la Bible et tous les autres témoignages du monde. Car ce fait, Jésus-Christ, est le fait de la Bible et le fait du monde. C'est ce fait qui est la Vérité et la Réalité. En dehors de lui, il n'y a qu'erreur ou néant.
Mais quel est ce fait ? Quelle est cette rencontre de Dieu et de l'homme en Jésus-Christ ? Quelle est la substance de ce témoignage ?

C'est tout d'abord l'initiative de Dieu de se révéler aux hommes. C'est de cela que témoignent les tables de la loi. Dieu n'a pas laissé les hommes seuls, il est venu à eux, il leur a montré que leur vie était une fausse vie, une mort vivante pour ainsi dire. Devant le témoignage de la loi, les vies des hommes sont qualifiées de pécheresses, et leurs oeuvres de fruits mauvais.
Mais le fait ne s'arrête pas là. Car Dieu ne s'est pas seulement intéressé à l'humanité, il est devenu lui-même homme en Jésus-Christ. Et cela non pour lui, mais pour nous. Il est devenu homme pour que, à sa suite, nous ayons part à son humanité, qui est le principe et le secret de notre humanité. Son initiative est donc une initiative de grâce. Si elle nous confond, c'est pour nous relever. En Jésus-Christ repose donc, pour nous, notre vraie humanité, notre vraie vie. C'est donc en fin de compte par rapport à Jésus-Christ que nous pouvons vraiment juger de l'homme, c'est en lui que nous trouvons notre propre condition.

Voilà, très brièvement dit, l'essentiel de ce témoignage. Témoignage qu'il nous est possible de recevoir et de transmettre. Ici, il faut encore ajouter une précision : puisque Dieu ne s'est pas seulement « intéressé » à l'humanité, mais qu'il est devenu lui-même homme, témoin de l'humanité nouvelle selon Dieu, son témoignage est identique à sa personne et sa personne est identique à son témoignage. Un homme qui témoigne de Jésus-Christ, un homme qui transmet Jésus-Christ, est donc, malgré toutes les imperfections de sa pensée, de ses paroles, de sa vie ou de ses actes, un homme qui a Jésus-Christ dans sa bouche, avec toute l'essence de Jésus-Christ, avec toute la puissance de Jésus-Christ, avec toute l'existence de Jésus-Christ.

Le témoignage vrai sur l'homme est Jésus-Christ.
Tout autre témoignage sur l'homme que celui qui vient de Jésus-Christ sera donc un faux témoignage. Toute parole qui n'est pas la Parole de Dieu sera une fausse parole, toute affirmation d'un fait autre que Jésus-Christ, basée sur une autre autorité que la sienne, sera une fausse affirmation. Tout jugement porté au nom d'un autre jugement que celui de Dieu manifesté en Jésus-Christ sera un faux jugement. Et toute vérité tirée d'ailleurs que de la vérité de Dieu en Jésus-Christ sera une erreur. Le faux témoignage sera donc toute déclaration qui se rapporte à un fait autre que Jésus-Christ, qui néglige ou qui combat ce fait central, toute parole qui livre passage à une autre puissance qu'à la puissance de sa Parole, qui invoque une autre puissance que la puissance de Jésus-Christ.

Maintenant que nous avons situé, très brièvement, la perspective dans laquelle la Bible nous invite à examiner notre commandement, nous pouvons en venir au commandement lui-même.

Tu ne diras pas. La première chose que nous apprenons, c'est la puissance de la parole. Cette puissance, nous l'avons oubliée. La Bible nous l'enseigne à nouveau. Car, pour la Bible, la parole, c'est la réalité, et le nom, c'est la chose. Ce que nous disons est une invocation de Dieu ou une incantation des puissances diaboliques. Dans notre bouche, nous avons la malédiction et la bénédiction, comme le dit l'apôtre Saint Jacques (3/10). Et il est très remarquable, signalons-le en passant, que l'apôtre qui met en valeur le rôle des oeuvres (2/14-26) soit aussi précisément celui qui souligne l'importance de la parole. Gardons-nous donc de toute religion qui tendrait à accorder quelque suprématie que ce soit aux oeuvres sur la parole. Car la parole est l'élément constitutif du monde et de l'humanité. C'est par la parole que Dieu a créé le monde, c'est par la parole que le serpent communiqua avec Eve et Eve avec Adam; c'est la parole de Dieu qui est devenue chair. Ce n'est pas seulement une constatation psychologique, c'est surtout et bien auparavant une vérité de Dieu: ce qui est dit existe, par le fait que cela a été dit. C'est par la parole que les hommes sont sauvés, c'est par elle qu'ils sont trompés, menés, damnés, c'est par elle qu'ils dominent le monde et c'est par elle qu'ils vivent et, qu'ils meurent.
Mais notre commandement ne se borne pas à nous signaler l'importance de la parole. Il nous en enseigne le véritable usage. Tu ne diras pas de faux témoignage. En d'autres termes : tu diras le vrai témoignage, tu diras Jésus-Christ. C'est ainsi que Dieu veut être glorifié par notre bouche, et que nous recevons la grâce de parler la vraie parole. Certes, Jésus-Christ pourrait très bien vivre sans nous; la Parole pourrait très bien exister au milieu de nos paroles contraires. Mais il a plu à Dieu de mettre sa Parole dans notre bouche, de recréer le monde avec notre collaboration, d'ailleurs jamais indispensable pour lui. Il lui a plu de ne pas nous laisser perdre notre temps à mille occupations mortelles mais de nous associer, dès maintenant, à son oeuvre.

Il nous est donc donné de manifester Dieu par nos paroles et, en conséquence, de manifester la vérité de l'homme en Jésus-Christ. Il nous est donné, portant le vrai témoignage sur Dieu, de porter le vrai témoignage sur l'homme.

Tout jugement porté sur le monde qui ne proviendrait pas du jugement de Dieu serait faux. Mais il nous est permis de porter le juste jugement. C'est ici que l'on voit apparaître le rapport entre le témoignage au sens étroit de «témoignage sur Jésus-Christ» et le témoignage au sens général de « témoignage sur tel ou tel fait particulier » du monde, de l'histoire des hommes, des individus ou des collectivités. La Parole de Dieu créant et recréant le monde, c'est par elle seule que nous connaîtrons le monde en vérité et en réalité. C'est à travers le fait Jésus-Christ que nous pourrons juger en vérité de tous les autres faits. Il serait vain de notre part de nous imaginer pouvoir porter un jugement « objectif » sur le monde et l'histoire, alors que seul l'« objet » par excellence Jésus-Christ nous permet de connaître en vérité le monde et l'histoire.

Par exemple, nous rendrons un faux témoignage contre notre histoire contemporaine et les hommes qui la font si nous en jugeons d'après nos petits ou nos grands intérêts, d'après nos craintes physiques ou nos espérances égoïstes. Mais nous ne pourrons bien juger de notre histoire contemporaine, porter sur elle un témoignage véritablement objectif, que si nous voyons, par Jésus-Christ, les forces de bénédiction et de malédiction qui oeuvrent en elle, que si nous nous laissons conduire par la Parole de Dieu à « discerner les esprits ». Ou encore : nous rendrons un faux témoignage contre notre prochain si nous le jugeons d'après nous-mêmes. C'est en ce sens-là qu'il est écrit : Ne jugez point. Mais au contraire nous rendrons sur lui un témoignage vrai si nous voyons en notre prochain ce que Jésus-Christ y voit : un pauvre homme qui est pécheur, mais auquel le pardon est donné et qui est appelé ainsi à un nouvel avenir. Ou encore : nous rendrions un faux témoignage contre nous-mêmes si nous jugions de notre propre situation d'après les idées personnelles que nous nous en faisons, d'après les sentiments que nous éprouvons, les joies ou les tristesses qui nous surprennent. Mais nous ne nous jugerons bien nous-mêmes que si notre conscience (ce qui signifie : savoir avec) est orientée sur la Parole de Dieu. Ai-je obéi à la loi de Dieu? Si oui, je suis heureux, même si je me sens malheureux. Si non, je suis malheureux, même si je me sens heureux.

Toute la réalité nous est ainsi dérobée tant qu'elle ne nous est pas donnée et redonnée par Jésus-Christ. Voilà ce qu'il faut que nous mettions dans notre tête pour éviter cette effrayante anarchie de témoignages contradictoires, personnels et faux parce que fondés en autre chose qu'en Jésus-Christ.
C'est Jésus-Christ qui nous permet de savoir ce qui se passe dans le monde et en l'homme. Car lui-même le sait (Jean 2/25) et, à travers lui, nous pouvons le savoir. Nous ne pourrons porter aucun jugement sur les faits du monde et de l'homme qui ne provienne directement de la parole créatrice.
À propos du prochain, nous sommes donc appelés à manifester les oeuvres du Seigneur : oeuvres de jugement et de grâce, oeuvres de condamnation et de rédemption, oeuvre de châtiment et d'espérance. Mais ce n'est pas tout. Car il est dit : tu ne diras point de faux témoignage contre ton prochain. Dire un faux témoignage, c'est donc parler contre son prochain. Et dire le vrai témoignage, c'est parler en faveur de son prochain.

Dire un faux témoignage, taire Jésus-Christ et le monde tel que Jésus-Christ en révèle la réalité et la vérité, c'est nuire à son prochain. C'est nuire à son prochain que de lui taire qu'il est, lui aussi, un de ceux qui ont crucifié Jésus-Christ, qu'il est, lui aussi, un de ceux qui n'ont pas voulu de Dieu, qu'il est, lui aussi, comme nous, dans une situation anormale, monstrueuse, perdue. C'est nuire à son prochain que de consentir à le voir des jours entiers, des années entières, sans jamais lui dire ce qu'il nous est possible et donné de lui dire : que sa situation est fausse, que son bonheur est une illusion, et ses malheurs des appels secrets de la grâce de Dieu. C'est nuire à son prochain que de prononcer, en face de lui, des paroles qui évoquent, au sens le plus fort du terme, des paroles d'incantation qui évoquent les puissances infernales, les puissances de néant que Jésus-Christ a vaincues: paroles de luxure, paroles de crainte des fausses puissances, paroles de légèreté, paroles de désespoir, paroles de découragement, paroles de haine, paroles d'envie, paroles de jalousie, paroles de mort. C'est nuire à son prochain que de lui cacher que, pour lui aussi, Jésus est ressuscité, qu'en Jésus il peut renaître en nouveauté de vie. C'est nuire à son prochain que de lui dire : « Tu es un de ceux que je connais bien, tu ne changeras guère, c'est bien dommage qu'il en soit ainsi », et de le lui signifier par toute notre attitude. C'est nuire à son prochain que de lui dire, en un mot, des paroles de mensonge, que d'être devant lui un témoin piteux des faux dieux vaincus par Jésus-Christ.

De ce témoignage centré en Jésus-Christ dépendra aussi le témoignage sur ses faits et gestes, et en particulier, le témoignage devant le tribunal. Il y aurait faux témoignage de notre part lorsque nous ne verrions pas le prochain tel qu'il est (et Jésus-Christ seul nous permet de le voir tel qu'il est) mais tel que, soit par une haine coupable, soit par une affection tout aussi coupable, soit par quelque intérêt égoïste et coupable, nous prétendrions le voir. Alors, nos passions déformeraient notre témoignage et de toute manière nous nuirions à notre prochain (voir plus bas comment, de toutes manières, un faux témoignage nuit au prochain).

En face de ce commandement, qui est toute grâce pour nous, nous voyons quelles grâces nombreuses nous avons laissé échapper. Nous aurions pu dire : Jésus-Christ et, en lui, la vérité du monde et de l'homme. Mais tant de choses nous en ont détournés : il était délicat, pensions-nous, de nous immiscer dans les affaires des autres (comme si nous ne nous immiscions pas dans leurs affaires en refusant de leur donner Jésus-Christ ! C'est toujours la même chose : on ne veut pas prendre trop de responsabilités. Et on ne se rend pas compte qu'on prend une aussi grande responsabilité en n'agissant pas qu'en agissant! Que nous le voulions ou non, nous sommes responsables !), nous avons craint de ne savoir que dire; par suite de ce malheureux préjugé qui cantonne les choses « religieuses » dans les Églises, nous n'avons pas osé, malgré toute notre piété, dire et montrer ce témoignage vrai aux gens que nous rencontrions dans notre vie quotidienne, dans notre famille, dans notre bureau, dans notre usine, dans notre école. Mais surtout, nous n'avons pas très bien su ce qu'était ce témoignage vrai. Nous sommes chrétiens et nous ignorons notre religion. Nous ne sommes pas armés pour le vrai témoignage. Il y a dans notre religion trop de convention, trop de tradition morte, trop de pudeur mal placée, trop d'ignorance surtout. Nous avons tous besoin d'un bon catéchisme qui nous donne ces connaissances indispensables pour que la Parole de Dieu s'exprime par notre bouche. Nous avons tous besoin de pensées claires, de doctrines utiles, qui n'enferment pas la Parole de Dieu, mais qui nous aident à lui laisser passage à travers nous.

Mais le pardon de Dieu dure encore. Il n'est pas trop tard pour prendre connaissance de ce témoignage vrai et pour le dire.
Ce grand fait de Dieu en Jésus-Christ, cette grande lumière qui éclaire les ténèbres, ce grand jugement qui détruit et qui construit, qui détruit le faux monde et rebâtit le vrai monde, il nous est permis, possible et donné de les apporter au prochain. Et, ce faisant, nous agirons en faveur de notre prochain. Ici aussi, nous avons beaucoup à apprendre. C'est agir en faveur de son prochain que de lui apporter Jésus-Christ, c'est même la seule manière d'agir vraiment en sa faveur. Et toutes les autres faveurs que nous pourrions lui témoigner sont rapportées à celle-là. C'est agir en faveur du prochain que de lui donner et la vérité de Dieu en Jésus-Christ et la vérité de l'homme en Jésus-Christ. Car nous lui apportons sa vraie situation : celle d'un pécheur (et il ne faut pas que cette situation soit cachée) et celle d'un pécheur pardonné (et il ne faut pas que ce pardon soit tu, que cette espérance d'un nouvel avenir soit dérobée).

C'est cela même qui nous permet de le voir tel qu'il est et de témoigner, au tribunal s'il est nécessaire, sans passions et sans autre « parti-pris » que celui de la vérité qui nous est donnée eu Jésus-Christ et qui nous permet de témoigner en vérité de l'existence et des actes d'un homme (voir ci-dessous comment un témoignage vrai est toujours en faveur d'un homme).

Ce que nous avons vu jusqu'ici contient l'essentiel du commandement. Pourtant il ne sera pas inutile d'ajouter encore deux précisions qui compléteront la perspective.

I.
Notre texte n'admet pas qu'un témoignage faux puisse être en faveur des hommes. Il n'est jamais en faveur des hommes que leur situation soit dissimulée à leurs propres yeux ou que le salut qui est en Jésus-Christ soit dérobé à leur vue. Il n'est jamais en faveur des hommes que leurs péchés soient cachés, leurs mauvaises actions passées sous silence, leur conduite couverte par un autre (rue par Jésus-Christ. Notez ce très remarquable caractère de la pensée biblique : il n'est pas dans l'intérêt des hommes que Dieu ou n'importe quel ministre de Dieu (par quoi il faut entendre tout homme agissant au nom de Dieu) dissimule les crimes des hommes publics ou privés, les crimes des nations et les crimes des collectivités diverses. La définition d'« intérêt » dont il s'agit ici ne saurait être une définition de droit formel. Dans le droit formel, un témoignage mensonger peut être en faveur d'un coupable. Par exemple, si quelqu'un a volé, que je le sache et que je témoigne faussement qu'il n'en est rien, mon témoignage sera à « décharge » comme on dît. Il déchargera le prévenu. Il sera en sa « faveur ». Mais la Parole de Dieu, qui est le vrai, le seul témoignage, ne nous permet plus d'en rester à ces « faveurs » provisoires, à ces « droits » passagers, à ces témoignages superficiels. Elle va jusqu'au fond des vies (Hébreux 4/12), elle n'admet pas qu'un témoignage mensonger puisse être en faveur des hommes. Non, un mensonge sur la situation humaine est toujours en la défaveur de l'homme. La charité divine ne nous permet pas de nous plonger dans des illusions mortelles sur notre véritable situation. Il faut que clarté se fasse, sur notre état et sur nos actes.

Il est bon que nous rappelions cela, à une époque où certains milieux chrétiens, par suite d'une certaine tendresse coupable - le contraire de la charité - dissimulent le vrai témoignage de Dieu sur les hommes et les choses. Certes, ce n'est pas eux qui doivent juger; mais ils ont à laisser la Parole de Dieu juger. Il importe, dans l'intérêt même des hommes qui se perdent dans leurs tours de Babel politiques, militaires ou économiques, que nous leur disions, même s'ils ne veulent pas l'entendre : « Votre affaire est une mauvaise affaire. Et c'est dans votre véritable intérêt que nous vous le disons. Car vous n'avez d'espérance en ce monde comme en l'autre que dans la vérité qui est en Jésus-Christ et qui, pour toute chose, procède de lui. »

Il
. Mais, réciproquement, notre texte n'admet pas qu'un témoignage vrai puisse être contre les hommes. Ici, de nouveau, puisque c'est la réciproque de ce que nous avons vu tout à l'heure, le droit auquel nous avons à faire est tout différent d'un droit formel. Car, dans le droit formel, un témoignage vrai peut être à charge, parce que les termes « à charge » et « en défaveur de » sont compris ici dans une perspective extrêmement limitée. On admet que c'est une chance pour un criminel d'échapper à un châtiment qu'il aurait mérité, et à n'importe quel « honnête » homme d'avoir pu dissimuler telle petite ou grosse vilenie aux yeux de ses congénères. Mais, selon la perspective nouvelle que nous donne la Parole de Dieu, il est toujours dans l'intérêt d'un homme que sa situation soit découverte et portée publiquement en Jésus-Christ., portée publiquement par la vérité et non point portée secrètement par le mensonge. Il n'y a pas moyen de recevoir le pardon de fautes que l'on ne veut pas voir, et que l'on ne veut pas avouer. Dans «Crime et Châtiment» de Dostoiewski, il était à l'avantage du criminel Baskolnikov que son crime fût découvert, avoué, condamné, parce que, à cause de Jésus-Christ, la repentance dans la vérité était possible et que le bagne de Sibérie était plus propice à la nouvelle vie que l'existence mensongère dans la patrie.
Au terme de cette brève étude, il nous est possible de rassembler en une phrase l'essentiel de ce que nous avons dit. Tu ne diras pas de faux témoignage signifie: Tu invoqueras Dieu seul, en Jésus-Christ, et ainsi, portant un vrai témoignage sur Dieu, tu porteras un vrai témoignage sur toute chose et tout homme, et ce vrai témoignage sera en leur faveur, car il est en la faveur des hommes que la vérité de Dieu - péché et grâce - (qui est leur vérité secrète) soit manifestée.

Jean-Louis LEUBA.


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