Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



L'ORDRE DE DIEU


VIII

Tu ne déroberas point. (suite)
par Charles BRÜTSCH

Tu ne déroberas point.
Exode 20/15.

Ill ème PARTIE

QUI EST LE VOLEUR?
1. QUELQUES EXEMPLES BIBLIQUES

C'est sur le fond lumineux de cette loi divine que se détache nettement la silhouette du voleur, convaincu de péché par le Saint-Esprit. Nous interrogeons la Bible

Ce voleur, qui est-il ?
Ce voleur, est-ce seulement cet Acan, dont il est dit dans Josué 7 qu'il déroba des choses dévouées par interdit : un beau manteau, deux cents sicles d'argent et un lingot d'or du poids de cinquante sicles ... ? On sait qu'il fut ensuite lapidé avec tous les siens.

Ce voleur, est-ce seulement Guéhazi, serviteur d'Élisée, dont vous connaissez la tromperie : courant après Naaman le Syrien, il sut lui soutirer de riches présents, et l'Eternel le punit en le frappant de la lèpre ?

Ce voleur, est-ce seulement David, qui vola la femme d'Urie, ou Achab et Jézabel qui ravirent le champ de Naboth ?

Ces derniers exemples, où l'adultère, le mensonge et le meurtre se mêlent au vol, sont significatifs ils montrent comment les transgressions de commandements s'engendrent l'une l'autre. Le vol, qu'il soit d'ordre matériel, moral ou spirituel, n'est-il pas à la base des autres péchés ? N'est-ce pas voler Dieu que de lui substituer des idoles, que de prendre son nom en vain et de soustraire à son ordre précis l'emploi des six jours ouvrables et du sabbat ? N'est-ce pas frustrer son prochain de ce qui lui revient que de ne pas honorer ses parents, de tuer ou de commettre adultère, de calomnier ou de convoiter dans son coeur?

Le voleur, est-ce seulement dans le Nouveau Testament, ce Zachée qui reconnaît avoir fait tort à d'autres et parmi les douze, ce Judas Iscariot qui tient la bourse (Jean 12/6) ? S'agit-il seulement d'Ananias et de Saphira, qui cachent leur recette, ou enfin de cette Babylone de l'Apocalypse, métropole du commerce international, du vol organisé ?
Assurément, il faut prolonger les lignes bibliques. Il faut stigmatiser les malhonnêtetés ouvertes des faussaires sans vergogne, mais également celles que, selon le catéchisme de Roland de Pury, « les braves gens pratiquent impunément : trucs de foire, bénéfices exagérés, contrebande, mouillage du lait, fausses mesures, fausses déclarations d'impôts, usure, etc. »

Les voleurs ce sont certes les conquérants politiques et ceux qui les suivent ou les admirent (ce qui est une façon de les suivre sans risques), les pillards, qu'ils soient sauvages ou corrects, roturiers ou gentilshommes, les parasites, les chasseurs d'héritages, les gourmands, les accapareurs, les joueurs et les amateurs de loterie (ou l'on éprouve aussi le besoin de payer des dîmes pour les bonnes oeuvres !). La liste est loin d'être complète, vous en conviendrez.

Certes le vol dépasse le domaine matériel; le voleur se ment tout aussi bien dans les domaines intellectuel, moral, esthétique ...
Surtout n'oublions pas, ainsi que l'écrivait St. Cyprien à Cécile, que « lorsque quelqu'un dérobe le sens de la vérité évangélique au sujet des paroles et des faits de notre Seigneur Jésus-Christ, corrompt et falsifie les divins commandements, il commet des larcins et des adultères spirituels ».
Ici le sol devient plus brûlant sous nos pieds; quel chrétien pourrait se glorifier de n'avoir jamais altéré la Parole de Dieu, de n'en avoir jamais dérobé le témoignage dû au prochain ? Qui a tout fait pour annoncer la bonne nouvelle du Royaume des cieux à toute créature, selon l'ordre explicite du Seigneur ?

Le voleur dont la silhouette se détache sur le fond lumineux du huitième commandement, qui est-il donc, sinon nous-mêmes ?

2. JÉSUS-CHRIST ET LE JEUNE HOMME RICHE

Si curieux que cela puisse paraître, cet interrogatoire serré ne suffit pas pour convaincre totalement de péché.
Voici le jeune homme riche. Ce n'est pas un hypocrite, mais un sincère. C'est un assoiffé de vie éternelle. Sur la demande expresse de Jésus-Christ qui énumère les commandements, il répond en toute loyauté : «Maître, j'ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse » (Marc 10,/20). « Il te manque -une chose, lui réplique le Seigneur, va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel », et il ajoute ces paroles, qui sont plus décisives encore: « Puis, viens, et suis-moi » !
Le jeune homme riche, zélé observateur de la loi, n'a pas seulement refusé de livrer ses biens; il s'est refusé lui-même à l'appel. C'est devant Jésus-Christ en personne qu'éclate tout le péché du scrupuleux observateur des commandements. Le jeune homme riche que Jésus a aimé, c'est le voleur. Il a dérobé en réalité tout ce qu'il a. Il s'est dérobé en vérité lui-même.

Seule la rencontre avec Jésus-Christ fait éclater notre transgression totale; et cette douloureuse confrontation avec Jésus-Christ qui nous regarde et nous aime profondément, se consomme devant la Croix.

3. JÉSUS-CHRIST CRUCIFIÉ

La croix de Jésus-Christ 'n'est pas autre chose que le dernier dépouillement du Fils de Dieu. Lui, seul entre les fils des femmes, « n'a pas regardé comme une proie à arracher d'être égal à Dieu ». (Phil. 2/6). Lui, seul d'entre les humains, n'a pas repris à son compte le vol sacrilège d'Adam, qui a dérobé le fruit défendu pour se dérober lui-même à la souveraineté de Dieu. Adam a revendiqué son autonomie complète et a voulu être comme Dieu; Adam a volé Dieu, et nous marchons tous les jours sur ses traces. Nous ne comprenons le récit de la Genèse en profondeur que devant la Croix. Car là, Jésus-Christ a fait exactement le chemin inverse. Adam a voulu être Dieu. Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, la Parole éternelle, qui est Dieu dans l'ineffable mystère trinitaire, « s'est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes; et ayant paru comme un simple homme, il s'est humilié lui-même se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la Croix » (Phil. 2/7-8).

 

L'abaissement du Fils de Dieu, qui a voulu être pareil à l'homme, a racheté l'orgueil de l'homme, qui a voulu être semblable à Dieu. Jésus-Christ a expié par sa mort notre péché, par son complet dépouillement notre vol total. Il a pris notre place misérable sous la colère de Dieu. Il est devenu le Guéhazi couvert de lèpre et l'Acan lapidé; il est devenu l'Adam condamné à mort pour sa révolte et foudroyé par Dieu, à l'heure de l'exécution de la sentence. Il est devenu notre péché et notre malédiction. Il nous a rachetés, nous les dérobés qui ne pouvions plus nous restituer à notre Dieu. Il a véritablement pardonné.

La Croix nous révèle, jusque dans toutes les profondeurs infernales, ce qu'est notre vol; mais elle manifeste aussi, jusque dans toutes les profondeurs du ciel, que nous sommes sauvés, restitués à Dieu au centuple, fils prodigues rentrés dans la grâce du Père et revêtus de la plus belle robe, vagabonds glanés le long des haies d'épines et ramassés sur les routes poudreuses, devant qui s'ouvre toute grande la porte du Royaume, et qui tombent dans les bras paternels.

4. JÉSUS-CHRIST ET L'AUTRE JEUNE HOMME RICHE

Un autre jeune homme riche qui a également observé tous les commandements, pourvu lui aussi de grands biens (d'ordre spirituel en tout cas), a été touché par la grâce. Estimant que tous ses biens étaient « une perte », « de la boue », « des balayures », il a troqué sa propre justice, « celle qui vient de la loi » avec la justice qui vient de Dieu par la foi, afin de connaître Christ et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances » ... (Phil. 3/9-10).

 

Ce jeune homme riche, qui ne s'en est pas allé tout triste, a connu la joie de voir les écailles tomber de ses yeux et de suivre le Christ partout, proclamant hardiment l'Évangile du Crucifié le long des routes impériales. C'est lui, Paul, qui dans la dernière partie de cette étude, nous montrera quelle est la vie chrétienne.

IV ème PARTIE

L'ACCOMPLISSEMENT DU HUITIÈME
COMMANDEMENT CHEZ LE CHRÉTIEN

Saul de Tarse, le pharisien, irréprochable à l'égard de la justice de la loi » (Phil. 3/6), s'est reconnu voleur devant le Christ. Brisé devant la croix, il a été rendu au Père et il est devenu Paul, l'apôtre. Il a marché vers le Royaume des cieux, dans la cohorte de l'Église chrétienne, dans la « communion des saints » qui, selon le mot de Luther, « sont tous des pécheurs » tous des voleurs restitués à Dieu.
Certes nous voyons Paul se défendre scrupuleusement d'avoir convoité et ravi le bien d'autrui (Actes 20/33 : « Je n'ai désiré ni l'argent, ni l'or, ni les vêtements de personne ». (Même note dans I Thess. 2/5).

En maintes occasions, Paul a préféré renoncer à ses droits et travailler manuellement, alors qu'il aurait pu demander d'être hébergé gratuitement (2 Thess. 3/8-9).

Surtout, il a proclamé l'Évangile, insistant en temps et hors de temps, « car, dit-il, la nécessité m'en est imposée; et malheur à moi si je n'évangélise ». (I Cor. 9/16). Il a pu dire aux anciens d'Éphèse : « Je suis pur du sang de vous tous, car je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu, sans en rien cacher » (Actes 20/ 26-27).

Mais Paul avoue n'avoir aucun mérite en tout cela; il ne cesse de rendre grâces à Dieu; surtout il ne prétend pas avoir atteint la perfection; le « vase de terre » n'est pas devenu transparent. Mais il sait et il proclame qu'il a été « saisi par Jésus-Christ » qui a mis fin à toutes ses faites pieuses, à son péché orthodoxe et légaliste, il sait et il proclame que la puissance du Christ triomphe toujours à nouveau de son péché.
Paul a été rendu au Père par Jésus-Christ, - et c'est ainsi qu'il accomplit la loi, ou plutôt qu'il rentre dans la loi déjà accomplie.
Je voudrais montrer en terminant, comment l'attitude de Paul reflète l'accomplissement de la loi divine, et particulièrement du huitième commandement. Prenons pour nous en rendre compte, la dernière et la plus courte de ses épîtres, celle qu'il a adressée à Philémon. Vous en connaissez l'argument : Paul, captif à Rome, écrit à Philémon au sujet de son esclave Onésime. Ce dernier s'est évadé de chez son maître en le volant. Il a échoué à Rome, où il a rencontré Paul. L'apôtre prisonnier a lutté pour sauver cette âme misérable; et maintenant il peut renvoyer l'ancien voleur auprès de son maître, en l'accompagnant de cette épître.

Quelle éloquente requête ! « Je te prie pour mon enfant, que j'ai engendré étant dans les chaînes, Onésime, qui autrefois t'a été inutile, mais qui maintenant est utile et à toi et à moi. Je te le renvoie, lui, mes propres entrailles ... » (v. 10-11).
« Si donc tu me tiens pour ton ami, reçois-le comme moi-même. Et s'il t'a fait quelque tort, ou s'il te doit quelque chose, mets-le sur mon compte !... (V. 18). Paul supplie Philémon de reprendre l'ancien esclave, de lui pardonner et de ne plus le considérer comme Onésime, mais comme s'il était Paul en personne.
Écoutez ce commentaire de Luther qui nous révèle le sens profond de l'épître :
« Nous voyons comment Paul s'occupe du pauvre Onésime et le défend vis-à-vis de son maître, par tous les moyens à sa disposition; il le fait, comme s'il était lui-même cet Onésime qui a commis le péché. Mais il ne le fait pas avec violence ou par contrainte, quelque droit qu'il puisse invoquer; au contraire, il se dépouille de tout son droit, pour que Philémon fasse de même. C'est justement ce que Christ a fait vis-à-vis de Dieu son Père; c'est exactement ainsi que Paul agit vis-à-vis de Philémon à propos d'Onésime. Car Christ s'est également dépouillé de son droit; il a fléchi son Père par l'amour et par l'humilité, afin qu'il dépose sa colère et sa vengeance et qu'il nous reçoive en grâce à cause de Jésus-Christ; c'est lui qui nous représente devant Dieu et qui s'occupe de nous de tout son coeur; car nous sommes tous ses Onésime, si nous le reconnaissons par la foi ».

Oui, nous sommes les Onésime de Dieu, tous des créatures qui ont dérobé à leur Maître et (lui se sont dérobées à lui. Mais, à l'instar de l'esclave larron et déserteur, à l'instar de Saul de Tarse lui-même devant Damas, nous avons été arrêtés par Christ dans notre fuite; et Jésus-Christ, luttant pour notre salut jusqu'à la mort, s'offrant à tout payer à notre place, nous rend à notre Père, munis de l'acte de grâce, après que l'acte de condamnation ait été cloué au bois (Col. 2/14).

Celui qui est sur le chemin du retour, avec toute l'Église, toute la caravane des Onésime rachetés, est ainsi marqué dans toute son attitude, dans ses faits et gestes, et jusque dans ses lettres les plus brèves, par le signe de Jésus-Christ. Il est encore tenaillé par bien des tentations et même par celle du vol dans tous les domaines; il y a des luttes quotidiennes et des insistances douloureuses de la part du péché, qui enveloppe encore si facilement les croyants eux-mêmes. Mais voilà que la grâce du Christ fait irruption au milieu des tentations et des luttes quotidiennes. Et le chrétien ayant obtenu grâce, ne se dérobe plus à Dieu, il ne se dérobe plus au prochain; il ne prend plus ce qui est à Dieu et il ne prend plus le bien de son frère. Il donne et il se donne, parce que Christ l'a rendu avec tout ce qu'il a, à son Père dans les cieux et à ses frères sur la terre. Ainsi s'accomplit le huitième commandement ici-bas, dans la marche de l'Église chrétienne, avant qu'il le soit pleinement dans le Royaume des cieux, où toutes les créatures rachetées, revêtues de robes blanches, rendent gloire, honneur, louanges, actions de grâces à Celui qui est assis sur le trône et à l'agneau, i Dieu qui est « tout en tous ».

Charles BRUTSCH.


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