ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
ÉVANGILE
SELON SAINT LUC.
Cet Évangile a été
écrit, environ vingt ans après
l'Ascension de Jésus-Christ, par saint Luc,
qui fut disciple et compagnon de saint Paul, et qui
le suivit dans ses voyages.
CHAPITRE PREMIER.
1-38.-
Un ange
annonce à Zacharie la
naissance de Jean-Baptiste,
et six mois après, le
même ange annonce à la Sainte Vierge
celle de Notre Seigneur.
I. 1-25; Il. 26-38.
RÉFLEXIONS.
CE qu'il y a à considérer sur la
première partie de cette lecture regarde la
naissance de Jean-Baptiste et son
ministère.
Sur la naissance, il est à
remarquer qu'elle eut quelque chose
d'extraordinaire et de surnaturel. Il naquit d'un
père avancé en âge et d'une
mère âgée et stérile;
Dieu fit annoncer cette naissance par un ange, et
Zacharie qui ne pouvait la croire en fut
assuré par un miracle que Dieu fit en le
rendant muet.
Tout cela tendait à faire
voir que Jean-Baptiste serait un homme
extraordinaire et envoyé de Dieu; cette
naissance était aussi une image et un
prélude dé celle de
Jésus-Christ, qui devait être encore
plus miraculeuse, puisqu'il devait naître
d'une vierge.
Pour ce qui est du ministère
de Jean-Baptiste, il faut bien considérer ce
que l'ange dit à Zacharie pour l'instruire
de ce que son fils devait être un jour. Il
lui annonça que ce fils serait rempli du
Saint-Esprit, qu'il irait devant le Seigneur, que,
comme un autre Elie, il ramènerait les
hommes à Dieu et à la vie des justes
par l'austérité de sa vie, par son
autorité, par son grand zèle, et par
la force de ses exhortations, et qu'il les
préparerait ainsi à recevoir le
Messie dont il serait le précurseur.
Recueillons de là cette instruction
importante que le dessein de Dieu,
en envoyant Jean-Baptiste et
ensuite Jésus-Christ, a été de
convertir les hommes, de les retirer de leurs
péchés, et d'en faire un peuple saint
et adonné aux bonnes oeuvres.
Dans ce que l'ange dit à la
bienheureuse Vierge, lorsqu'il lui annonça
qu'elle serait la mère de
Jésus-Christ, nous avons principalement
à remarquer ces deux choses.
L'une, que le corps de Notre
Seigneur fut formé de la substance de la
Vierge par la vertu du Saint-Esprit, et l'autre,
que ce Jésus, qui devait naître de
Marie, serait le Fils de Dieu; qu'on le verrait
élevé à une très-grande
gloire, et qu'il régnerait
éternellement.
Ces paroles de l'ange nous
enseignent donc que la naissance de
Jésus-Christ a été miraculeuse
et toute sainte, qu'il a véritablement pris
notre nature, qu'il a été un homme
semblable à nous, mais parfaitement saint et
séparé des pécheurs.
Il est à remarquer enfin que
la sainte Vierge eut d'abord de la peine à
croire ce que l'ange vint lui annoncer, mais
qu'après l'avoir entendu, elle ne douta pas
que ce que Dieu lui avait fait dire
n'arrivât. C'était là une
preuve de sa foi et de sa piété, et
c'est ainsi que nous devons ajouter foi aux
promesses que Dieu nous fait dans sa parole,
étant pleinement persuadés qu'il ne
manquera jamais de puissance et de moyens pour les
accomplir, quelque difficulté que nous
voyions dans leur exécution.
CHAPITRE I.
39-80.-
Saint Luc rapporte:
1. La visite que la Sainte Vierge
rendit à Elisabeth, et le cantique qu'elle
prononça dans cette occasion;
2. la naissance de Jean-Baptiste, et
le cantique de Zacharie, son père.
RÉFLEXIONS.
Il faut considérer sur cette
lecture, que la Sainte Vierge ayant
été avertie pas l'ange Gabriel
qu'Elisabeth, sa cousine, était aussi
enceinte par un miracle, elle alla incontinent la
voir, et qu'elle fut de plus en plus
confirmée, par ce moyen, dans la croyance
où elle était que le Messie
naîtrait d'elle, selon que Dieu le lui avait
fait dire. Mais ce qui doit principalement
être remarqué, c'est le cantique que
Marie prononça alors. On voit dans ce
cantique la reconnaissance et la joie dont elle
était transportée, dans le sentiment
de la grâce que Dieu lui
avait faite de la choisir pour être la
mère du Messie; on y découvre sa
profonde humilité, et en même temps sa
foi, et la ferme persuasion qu'elle avait, que Dieu
allait racheter son peuple et accomplir les
promesses qu'il avait faites d'envoyer le
Rédempteur. Ceci nous engage à
honorer la mémoire de la Sainte Vierge, et
à célébrer son bonheur, selon
qu'elle le dit elle-même; à imiter sa
piété, sa foi et ses autres vertus;
à nous abaisser, comme elle, devant Dieu,
dans le sentiment de ses grâces et de notre
indignité; et surtout à louer Dieu de
ce qu'il a envoyé au monde
Jésus-Christ son Fils notre Sauveur, selon
les promesses qu'il en avait faites autrefois par
les prophètes.
Pour ce qui est de la naissance de
Jean-Baptiste, elle fut accompagnée de
diverses circonstances très-remarquables.
Zacharie son père recouvra alors la parole
par un miracle, et le bruit de cette naissance se
répandit de tous côtés, en
sorte que chacun attendait avec impatience ce que
serait un jour cet enfant.
Tous ces événemens
furent dispensés par la providence, afin de
préparer les Juifs à regarder
Jean-Baptiste comme un homme envoyé de Dieu,
à recevoir sa prédication, et
à croire au témoignage qu'il devait
rendre à Jésus-Christ. Enfin, dans le
cantique que Zacharie prononça par
l'inspiration du Saint-Esprit, on doit remarquer
ces trois choses :
1. Sa joie, sa
reconnaissance, et les actions de grâces
qu'il rendit à Dieu de ce que le temps
était venu auquel il délivrerait son
peuple.
2. Zacharie fait voir ici une foi
admirable. Quoique le Messie ne fût pas
encore né, il est pourtant fermement
persuadé qu'il allait être
manifesté, et que le fils qui venait de lui
naître serait son précurseur.
Enfin Zacharie marque, dans ce
cantique, le but de la venue de
Jésus-Christ, par ces mots: Après
avoir été délivrés de
nos ennemis, nous servirons Dieu sans crainte, dans
la sainteté et dans la justice, tous les
jours de notre vie.
Nous devons, comme Zacharie, et même
beaucoup plus que lui, bénir Dieu de ce
qu'il nous a sauvés par Jésus-Christ,
et célébrer sa miséricorde,
aussi bien que sa fidélité et la
vérité de ses promesses. Et puisque
Notre Seigneur est venu pour nous consacrer au
service de Dieu, il est de notre devoir de
répondre au dessein de sa venue, en servant
Dieu fidèlement, et en vivant dans la
sainteté et dans la justice, pendant tout le
temps de notre vie.
CHAPITRE Il.
1-20.-
C'est ici l'histoire de la
naissance de Jésus-Christ.
RÉFLEXIONS.
LA première
considération qu'il faut faire sur
l'histoire de la naissance de Notre Seigneur, c'est
que le Messie devant naître à
Bethléhem, suivant les prophéties, la
Providence y conduisit la Sainte Vierge, de la
Galilée où elle demeurait, dans le
temps qu'elle était prête à
accoucher; et cela par le moyen d'un édit de
l'empereur Auguste, qui avait ordonné qu'on
fit un dénombrement de tous ses sujets, et
que chacun se rendit pour cet effet dans la ville
d'où il était originaire.
La seconde réflexion est, que
Notre Seigneur naquit dans la bassesse et dans un
état de pauvreté, étant
né dans une hôtellerie, et ayant
été couché dans une
crèche. Dieu voulait faire connaître
par là, à l'avance, que
Jésus-Christ ne vivrait et ne
régnerait pas dans la gloire et dans la
pompe; que son règne serait tout spirituel,
et que l'humilité et la pauvreté
seraient son caractère.
3. Ce fut pour les mêmes
raisons que cette naissance fut premièrement
annoncée à des bergers, qui
étaient des gens simples et d'une condition
obscure, et non à des personnes riches et
distinguées dans le monde. En tout cela les
chrétiens ont de grandes leçons
d'humilité. Il faut cependant remarquer que
la naissance de Jésus fut rendue illustre,
par l'apparition des anges et par le cantique
qu'ils firent entendre dans les airs.
Enfin Dieu voulut que les bergers
allassent à Bethléhem, pour voir
l'enfant Jésus, et pour informer la sainte
Vierge de tout ce qu'ils avaient vu et entendu de
merveilleux, et qu'ensuite ils le publiassent
partout, afin que cela servît à
exciter l'attente des Juifs, et à les
disposer à recevoir Jésus-Christ.
Toutes ces circonstances de la
nativité de Notre Seigneur doivent fortifier
notre foi et nous remplir de consolation et de
joie. Nous devons surtout joindre nos louanges
à celles des bergers et des saints anges, et
bénir Dieu avec eux de ce que le Sauveur
nous est né, et de ce que par ce moyen la
paix a été donnée à la
terre, et que la bonne volonté de Dieu
envers les hommes a été si clairement
manifestée.
CHAPITRE II.
21-53.-
Saint Luc rapporte
la circoncision de
Jésus-Christ,
sa présentation au temple, et
les actions de grâces que Siméon et
Anne la prophétesse rendirent alors à
Dieu.
Il récite ensuite comment
Jésus-Christ, âgé de douze ans,
fut trouvé dans le temple au milieu des
docteurs.
I. 21-40; II. 41-52.
RÉFLEXIONS.
IL faut remarquer en premier lieu ce
qui est dit ici de la circoncision de
Jésus-Christ, de sa présentation au
temple, de la purification de la Vierge, et de
l'offrande qu'elle fit selon la coutume. Dieu
voulut que toutes ces choses fussent
observées après que Notre Seigneur
fut né, parce qu'elles étaient
prescrites par la loi, et afin qu'il n'y eût
rien en lui, d'où les Juifs pussent prendre
avec raison occasion de le rejeter.
2. La grande joie que Siméon
et Anne la prophétesse
témoignèrent alors, et les louanges
qu'ils rendirent publiquement à Dieu, sont
une preuve de leur foi à de leur
zèle. Surtout, cela marque que la naissance
de Jésus-Christ est
l'événement le plus heureux et le
plus salutaire qui soit jamais arrivé, et
qu'ainsi elle doit faire à jamais la
matière de notre joie et de nos actions de
grâces, d'autant plus que ce que
Siméon avait dit dans son cantique a
été accompli, et que nous sommes de
ceux dont le Messie devait être le salut et
la lumière.
3. Ce que Siméon dit à
la Sainte Vierge de la gloire de son Fils, aussi
bien que des contradictions et des souffrances
auxquelles il serait exposé, tendait
à lui faire connaître que le
règne de Jésus ne serait par un
règne temporel, et à le voir
rejeté par les Juifs et nus à mort.
Pour nous nous devons apprendre de
là que Jésus-Christ devait être
reçu par les uns et rejeté par les
autres, et que si sa venue est salutaire à
ceux qui le reçoivent avec foi , elle est
une occasion de scandale et de ruine pour les
incrédules.
4. Ce qui arriva à
Jésus-Christ, à l'âge de douze
ans, lorsqu'il fut trouvé au temple au
milieu des docteurs, est la seule circonstance qui
soit venue à notre connaissance de
l'histoire de sa vie, depuis sa naissance et son
retour d'Égypte, jusqu'au commencement de
son ministère. Cette particularité a
été
conservée, parce qu'elle
montre qu'on voyait en lui, dès sa
première jeunesse, des lumières, une
sagesse et un zèle extraordinaire, qui
faisaient voir qu'il serait un jour revêtu de
l'esprit de Dieu, dans une mesure riche et
abondante. Et par là Dieu voulait commencer
à le faire connaître aux Juifs, et les
disposer à profiter de son ministère,
lorsqu'il l'exercerait au milieu d'eux.
CHAPITRE
III.-
Ce chapitre comprend trois
choses:
la prédication de
Jean-Baptiste,
le baptême de
Jésus-Christ
et sa généalogie.
I. 1-20; II. 21-22; III. 23-38.
RÉFLEXIONS.
SAINT Luc nous apprend ici
premièrement, qu'avant que Notre
Seigneur parût, Jean-Baptiste fut
envoyé, selon que les prophètes
l'avaient prédit, pour préparer les
Juifs à la recevoir. C'est ce qu'il fit, en
prêchant la repentance, en exhortant le
peuple à croire en celui qui viendrait
après lui, en baptisant ceux qui recevaient
sa doctrine, en dénonçant aux Juifs
incrédules et impénitens, que, quoi
qu'ils fussent les enfans d'Abraham, ils
n'éviteraient pas la colère à
venir, et que des pierres même Dieu
susciterait d'autres enfans à Abraham ; ce
qui signifiait que les payens seraient
appelés à leur place.
Tout cela tendait à faire
comprendre aux Juifs que le règne du Messie
allait être manifesté; mais que ce
serait un règne tout spirituel et du ciel,
et non un règne de la terre, comme ils
l'avaient cru, et que personne n'aurait part aux
avantages de ce règne que ceux qui
s'adonneraient à la sainteté et
à la vertu.
Ces instructions nous regardent
aussi bien que les Juifs; elles font voir que sans
l'amendement on ne saurait être disciple de
Jésus-Christ, et qu'il ne reçoit dans
son Église et dans son royaume que ceux qui
font des fruits dignes de repentance.
Jean-Baptiste déclare outre
cela qu'il ne sert de rien d'appartenir à
l'alliance de Dieu et de marquer même
au-dehors quelque zèle; mais qu'il faut
montrer par les effets et par les oeuvres la
sincérité de sa foi, et que les
impénitens, non plus que les hypocrites,
n'échapperont pas à la vengeance
divine. L'exemple de ceux qui
allaient écouter Jean-Baptiste et qui lui
demandaient ses conseils, nous instruit aussi de
notre devoir. Le caractère des vrais
pénitens est de confesser franchement leurs
péchés, de rechercher les
instructions dont ils ont besoin, et de les suivre
avec docilité.
Outre cela, les divers conseils que
Jean-Baptiste donnait au peuple, aux péagers
et aux soldats, nous montrent que chacun de nous
doit s'acquitter fidèlement des devoirs de
sa vocation, et éviter les
péchés et les tentations dans
lesquelles elle peut nous engager; et qu'en
particulier il faut exercer la charité, et
renoncer à l'avarice, à l'injustice,
à la violence, et à la tromperie.
Ce qu'il faut considérer sur
ce baptême de Jésus-Christ, c'est que
Dieu voulut qu'il fût baptisé par
Jean-Baptiste, et que dans cette occasion le
Saint-Esprit descendit sur lui, et qu'on entendit
une voix du ciel, afin que Jean-Baptiste
lui-même, les Juifs et tous les hommes,
regardassent Notre Seigneur comme le Fils de Dieu,
et celui auquel il faut obéir.
Pour ce qui est de la
généalogie de Jésus-Christ,
que saint Luc rapporte, il faut savoir qu'elle est
différente de celle de saint Matthieu; parce
que saint Matthieu rapporte la
généalogie de Joseph, l'époux
de la Sainte Vierge, par Salomon fils du roi David;
au lieu que saint Luc fait celle de la Vierge, par
Nathan aussi fils de David. Jésus passait
pour fils de Joseph, et il était tel selon
la loi; mais il descendait d'Héli, et il
était son fils, c'est-à-dire son
petit-fils par Marie sa mère, qui
était fille d'Héli. Mais ces deux
généalogies s'accordent, en ce
qu'elles font descendre notre Seigneur du roi David
et du patriarche Abraham, ce qui est un des
caractères auquel on devait
reconnaître le Messie.
CHAPITRE
IV.-
Saint Luc fait ici l'histoire du
jeûne et de la tentation de Notre Seigneur,
et il rapporte de quelle manière il
commença à exercer son
ministère dans la Galilée.
RÉFLEXIONS.
LE jeûne de
Jésus-Christ fut pour lui une
préparation à l'exercice de son
ministère, en quoi il ressembla à
Moïse, qui avait aussi jeûné
quarante jours, lorsque Dieu lui donna
ses lois sur le Mont de
Sinaï. Si Jésus-Christ a voulu
jeûner, lui qui n'avait pas besoin de le
faire pour se mortifier, nous ne devons pas
négliger une pratique aussi utile que
celle-là, nous à qui l'abstinence et
la mortification sont si nécessaires.
2. Il faut savoir que, quand il est
dit que le diable tenta Jésus-Christ, cela
signifie qu'il voulut éprouver si
Jésus était le Fils de Dieu; et Dieu
permit que Notre Seigneur fut ainsi tenté,
avant que de commencer à prêcher
l'Évangile et à faire des miracles;
afin que le diable étant convaincu que
Jésus était véritablement le
Fils de Dieu, il reconnût sa puissance, et
que les démons obéissent aux ordres
de Notre Seigneur, lorsque dans la suite il les
chasserait de ceux qui en étaient
possédés.
Le but de cette tentation
était donc de montrer que
Jésus-Christ était le Fils de Dieu,
et qu'il venait au monde pour détruire le
règne du diable. À cette
considération générale il faut
en ajouter deux particulières.
L'une, que nous devons
résister aux tentations, et surtout ne nous
laisser jamais tenter par la défiance du
secours de Dieu, ou par une présomption
téméraire, ou par l'amour de la
gloire et des biens du monde.
L'autre considération regarde
le moyen de résister aux tentations. La
retraite de Jésus-Christ dans le
désert, son jeune, et la manière dont
il repoussa les assauts du démon, nous
enseignent, que la retraite, le jeûne, la
prière, et la parole de Dieu, sont les
moyens les plus efficaces, pour vaincre les
tentations et pour rendre inutiles tous les efforts
des ennemis de notre salut.
CHAPITRE IV.
16-44.-
Notre Seigneur se trouvant
à Nazareth un jour de sabbat dans la
synagogue,
il y lut un oracle d'Esaïe, qui
marquait que Dieu enverrait le Messie, et qu'il le
remplirait de son esprit, pour annoncer aux hommes
les bonnes nouvelles du salut; et il montre que cet
oracle était accompli en sa personne.
Il reprocha ensuite aux habitans de
cette ville-là leur
incrédulité, ce qui les irrita
tellement, qu'ils voulurent le précipiter du
haut d'une montagne; mais il échappa
à leur fureur.
Il se rendit de là à
Capernaüm, où il guérit un homme
possédé du démon, la
belle-mère de saint Pierre et plusieurs
autres malades.
Il parcourut ensuite la
Galilée en faisant des miracles et en
prêchant l'Évangile.
I. 16-30; Il. 31-44.
RÉFLEXIONS.
Voici quel était le sens et
le but du discours que Jésus-Christ fit dans
la synagogue de Nazareth.
C'était premièrement
de montrer que, puisqu'il était revêtu
des dons du Saint-Esprit, et qu'il annonçait
aux hommes l'heureuse nouvelle du salut, l'oracle
d'Esaïe qui est rapporté dans ce
chapitre trouvait son accomplissement en lui.
2. Il voulait faire comprendre aux
habitans de cette ville, parmi lesquels il avait
été élevé, que leur
incrédulité était cause qu'il
ne faisait pas parmi eux les mêmes miracles
qu'il avait faits ailleurs; tout de même
qu'autrefois les prophètes Élie et
Élisée avaient fait des miracles en
faveur des étrangers plutôt qu'en
faveur de ceux de leur nation.
Par là nous pouvons voir que
ceux qui ont le plus d'occasions et de moyens de
connaître la vérité, sont
souvent ceux qui en profitent le moins. Mais cela
montre aussi que Dieu prive de sa grâce et de
sa présence salutaire ceux qui s'en rendent
indignes.
La résolution que les
habitans de Nazareth prirent de précipiter
Jésus-Christ, est une nouvelle preuve de
cette incrédulité qu'il leur avait
reprochée, et de leur ingratitude. C'est
ainsi que les pécheurs s'irritent contre
ceux qui leur disent la vérité et qui
leur reprochent leurs vices. Cependant
Jésus-Christ donna une marque de sa
puissance infinie, en échappant à la
fureur de ces malheureux, qui voulaient lui
ôter la vie.
Enfin les divers miracles, dont nous
avons le récit sur la fin de ce chapitre, et
par lesquels Notre Seigneur commença
à se faire connaître dans la
Galilée, et le soin qu'il eut de parcourir
les villes de ces pays-là en
annonçant l'Évangile, sont des
preuves sensibles de son grand zèle, de sa
puissance sans bornes, de la charité dont il
était animé envers les hommes, et de
la divinité de sa doctrine.
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