ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
ÉVANGILE
SELON SAINT LUC.
CHAPITRE
V.-
Saint Luc fait le
récit
d'une pêche miraculeuse que
Notre Seigneur fit faire à saint
Pierre;
2. de la guérison d'un
lépreux;
3. de celle d'un
paralytique;
4. il rapporte la vocation de
Lévi, qui était l'apôtre saint
Matthieu, et ce que Jésus répondit
à ceux qui trouvaient mauvais qu'il
mangeât avec les pêcheurs, et que ses
disciples ne jeûnassent pas comme ceux de
Jean-Baptiste.
I. 1-11; II 12-16; III. 17-26; IV, 27-32; V.
33-39.
RÉFLEXIONS.
On doit admirer la sagesse de
Jésus-Christ aussi bien que sa puissance,
dans la pêche miraculeuse dont nous avons ici
l'histoire. Il fit ce miracle, pour confirmer saint
Pierre et quelques-uns de ses collègues dans
leur vocation de charge d'apôtre, et pour les
assurer que leur ministère produirait de
grands fruits.
Ce miracle dut faire d'autant plus
d'impression sur eux, que Notre Seigneur l'ayant
fait dans une chose qui regardait leur profession,
puisqu'ils étaient pêcheurs, ils
sentirent mieux la grandeur de cette merveille. Ce
fut aussi l'effet qu'elle produisit sur saint
Pierre qui, saisi d'admiration et de crainte
à la vue de ce qui était
arrivé, abandonna tout dès-lors pour
suivre Notre Seigneur, ce que saint Jacques et
saint Jean firent aussi.
Dans l'histoire du lépreux,
on remarque que ce fut par sa foi et par ses
prières qu'il obtint sa guérison, et
que Notre Seigneur le renvoya au sacrificateur, et
lui ordonna de présenter ce qui était
prescrit par la loi de Moïse en pareil cas. Il
en usa ainsi, pour faire voir d'autant mieux aux
sacrificateurs la certitude du miracle qu'il venait
de faire, et pour montrer qu'il observait tout ce
que Dieu avait commandé dans sa loi.
Il y a ceci de particulier dans
l'histoire du paralytique, que Jésus-Christ,
avec la santé du corps lui accorda le pardon
de ses péchés, et qu'il
déclara qu'il avait le pouvoir de le faire,
Nous devons reconnaître par là que
Jésus-Christ a une souveraine
autorité sur tous les hommes. Et comme ce
fut la foi de ceux qui présentèrent
ce paralytique à Notre Seigneur qui
l'engagea à le guérir, cela nous
montre que la foi est d'une grande vertu,
Celui qui veut ressentir les effets
de la grâce de Dieu doit avoir de la
confiance; et de toutes les grâces celle qui
est la plus nécessaire, et que l'on obtient
le plus sûrement de Jésus-Christ,
c'est le pardon et la délivrance des
péchés.
La vocation de saint Matthieu, qui
était péager, ou receveur des
impôts, fait voir que Notre Seigneur se
choisit des apôtres et des disciples parmi
des personnes qui étaient regardées
avec aversion par les Juifs, comme les
péagers.
À l'exemple de saint
Matthieu, qui quitta son emploi dès que
Jésus l'appela, il faut suivre la vocation
divine, aussitôt qu'elle nous est
adressée, et renoncer sans hésiter
à tout ce qui pourrait y être un
obstacle. Ce que Jésus-Christ dit aux
pharisiens qui s'offensaient de
le voir dans la compagnie des pécheurs, nous
enseigne que le salut des pécheurs a
été le but de sa venue au monde, mais
qu'ils ne peuvent être sauvés sans la
repentance; que ceux qui sont animés de
l'esprit de Jésus-Christ ont une grande
joie, lorsque Dieu ramène des
pécheurs de leurs égaremens, et
qu'ils recherchent avec empressement les occasions
de les en retirer.
Enfin il faut savoir que, si Notre
Seigneur n'obligeait pas ses disciples à
jeûner, comme les disciples de Jean-Baptiste,
on ne doit pas croire que Jésus-Christ et
Jean-Baptiste fussent d'un sentiment
différent sur le jeûne, ou que ces
jeûnes que les disciples de Jean-Baptiste
pouvaient bien observer, fussent au-dessus des
forces des disciples de Notre Seigneur. La
différence qu'il y avait à cet
égard venait uniquement de ce que
Jésus-Christ fréquentait toutes
sortes de personnes sans distinction, et dans
toutes les occasions qui se présentaient, au
lieu que Jean-Baptiste menait une vie
retirée. Mais cependant le Seigneur
déclare qu'après son départ,
ses disciples seraient appelés,
non-seulement au jeûne, mais à de
grandes souffrances, et que s'il ne les appelait
pas encore alors à souffrir, c'était
pour ménager leur faiblesse. De là
nous devons recueillir que, bien loin que
Jésus-Christ condamne le jeûne et une
vie mortifiée, et qu'il permette à
ses disciples de chercher les plaisirs ou de
satisfaire leurs sens, il les appelle au contraire
à vivre dans la sobriété, dans
la mortification, et à porter leur croix.
CHAPITRE
VI.-
Notre Seigneur
justifie ses disciples, qui
étaient blâmés d'avoir
arraché et mangé des épis de
blé en un jour de sabbat;
il guérit un homme qui avait
une main sèche,
et il établit les douze
apôtres.
I. 5. 11; II. 6-11; III. 12-19.
RÉFLEXIONS.
La réflexion que nous devons
faire sur ce que Notre Seigneur dit aux pharisiens,
qui se scandalisaient de ce que ses disciples
avaient arraché des épis de
blé en un jour de sabbat, et de ce qu'il
avait guéri lui-même en un semblable
jour un homme qui avait une main sèche,
c'est que les hypocrites et ceux que l'envie
possède sont prompts à condamner les
autres; ils blâment ce qui
est innocent et permis, et même quelquefois
des actions nécessaires et louables ; et
pendant qu'ils manquent aux devoirs les plus
essentiels, qui sont toujours ceux de la
piété et de la charité, ils
sont scrupuleux dans les choses de petite
importance.
Nous devons donc apprendre d'ici
à nous éloigner de l'hypocrisie, de
la superstition et des jugemens
téméraires, et à nous attacher
toujours à ce que la religion a de plus
important, et à une piété
solide éclairée, accompagnée
de charité. Cela nous montre de plus, qu'il
ne faut jamais omettre des oeuvres saintes et
nécessaires, sous prétexte qu'il se
trouve des personnes qui en jugent mal, et que
l'appréhension de scandaliser des gens mal
disposés ne doit jamais nous empêcher
de faire notre devoir.
Ce qu'il y a à remarquer sur
la vocation des apôtres, c'est que ces saints
hommes, que le Seigneur choisit, pour être
les dépositaires de sa grâce et pour
convertir le monde, étaient des personnes
simples et peu considérables. Ainsi l'on
voit dans ce choix la vertu toute-puissante de
Jésus-Christ, qui les revêtit des dons
nécessaires pour un tel emploi, et la
divinité de sa doctrine.
La mémoire de ces premiers
ministres de l'Évangile doit être
précieuse parmi les chrétiens; nous
devons louer Dieu des grandes choses qu'il a faites
par leur moyen, recevoir la doctrine qu'ils ont
enseignée et qui est contenue dans leurs
écrits, et pratiquer les saints commandemens
qu'ils nous ont laissés en qualité
d'apôtres de Notre Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ, auquel l'obéissance, la
louange et la gloire doivent être rendues aux
siècles des siècles. Amen.
CHAPITRE VI.
20-49.-
C'est ici un discours de Notre
Seigneur, dans lequel il parle
de ce qui fait le bonheur ou le
malheur des hommes;
de la charité; du soin qu'on
doit avoir de conserver la paix;
de l'amour pour les ennemis;
des jugemens
téméraires, et de quelques autres
devoirs.
Et il conclut ce Il discours, en
montrant par une similitude, qu'il ne sert de rien
d'écouter sa parole, si on ne fait pas ce
qu'il nous commande.
RÉFLEXIONS.
Voici un discours qui renferme
plusieurs belles instructions.
La première, que ceux qui
sont pauvres, affligés,
méprisés et
persécutés, et qui avec cela sont
humbles, patiens et pieux, sont les vrais disciples
de Jésus-Christ; qu'ils seront heureux en ce
monde et en l'autre; et qu'au contraire ceux que
l'on croit les plus heureux, parce qu'ils vivent
dans l'abondance et dans la joie, et que le monde
les aime et les estime, sont
très-misérables.
La seconde instruction est que nous
devons aimer tous les hommes, même ceux qui
ne nous aiment pas, leur rendre le bien pour le
mal, et souffrir quelque injure ou quelque tort,
plutôt que de nous venger, ou que d'avoir des
disputes et des procès.
Jésus-Christ nous dit encore
sur ce sujet, que si nous n'aimons que ceux qui
nous aiment, nous ne valons pas mieux que les
payens ; mais que nous devons être
miséricordieux et faire du bien à
chacun, afin de ressembler à notre
Père céleste, qui est bon envers les
méchans et les ingrats.
3. Notre Seigneur défend les
jugemens téméraires, et il dit que
c'est une hypocrisie insigne que d'examiner et de
censurer les défauts d'autrui, pendant qu'on
ne se corrige pas de ses propres défauts,
qui sont souvent plus grands que ceux des autres.
La quatrième instruction est
renfermée dans ces paroles, que l'arbre se
connaît par son fruit, et que c'est de
l'abondance du coeur que la bouche parle. Cela veut
dire que les hommes montrent ce qu'ils sont par
leur conduite et par leurs discours, et que si nous
voulons que nos actions et nos paroles soient bien
réglées, nous devons purifier notre
coeur.
Enfin Jésus-Christ
déclare, de la manière la plus forte
et la plus expresse, qu'il ne reconnaît point
pour ses disciples ceux qui l'appellent leur
Seigneur, et qui ne font pas ce qu'il commande.
Il montre, par la comparaison d'une
maison bâtie sur le roc ou sur le sable,
qu'il n'y a rien qui puisse ébranler ceux
qui joignent à la connaissance de
l'Évangile la pratique de leurs devoirs; au
lieu que ceux qui se contentent d'écouter sa
parole, et qui ne font pas ce qu'elle ordonne, ne
sauraient résister aux tentations, ni
parvenir au salut. Ce sont là les divines
règles de la morale de Jésus-Christ;
nous devons les avoir sans cesse devant les yeux,
et les faire servir à notre avancement dans
la piété.
CHAPITRE VII
1-23.-
Jésus-Christ
guérit le serviteur d'un
capitaine payen,
ressuscite le fils d'une femme
veuve, de la ville de Naïn;
et il répond aux disciples de
Jean-Baptiste, qui étaient venus lui
demander s'il était le Messie.
I. 1-10; II. 11-17; III. 18-23.
RÉFLEXIONS.
DANS la guérison du serviteur
du centenier, on doit remarquer, d'un
côté, l'humilité de cet
officier, qui étant païen de naissance,
ne se croyait pas digne que Jésus-Christ
entrât chez lui; et de l'autre, la grandeur
de sa foi, qui paraît en ce qu'il
était persuadé que Notre Seigneur,
quoiqu'absent, pouvait guérir son serviteur
par une seule parole. L'éloge
distingué que Notre Seigneur fit de la foi
de ce centenier, en disant qu'il n'avait pas
trouvé parmi les Juifs une foi semblable
à la sienne, et le miracle qu'il voulut bien
faire en sa faveur, font voir que rien ne lui est
plus agréable que la foi et
l'humilité, et qu'une foi vive et un profond
sentiment de notre indignité, sont le
sûr moyen d'obtenir de lui les effets de sa
miséricorde.
L'autre miracle, que Notre Seigneur
fit en ressuscitant le fils de la veuve de
Naïn, est un événement où
le pouvoir de Jésus-Christ paraît
d'une manière encore plus éclatante,
de même que sa bonté et la compassion
qu'il avait des personnes affligées. Ainsi
nous avons dans cette histoire des motifs bien
forts à la confiance; elle doit surtout nous
remplir de consolation, et nous persuader
pleinement que Notre Seigneur ayant
ressuscité en divers occasions des personnes
mortes, il a le pouvoir de nous rendre la vie
après notre mort, et qu'il le fera
infailliblement au dernier jour, selon ses
promesses.
3. La réponse que
Jésus-Christ fit aux disciples de
Jean-Baptiste est remarquable. Étant
interrogé s'il était le Messie, il ne
leur répondit pas directement; mais il se
contenta de faire des miracles en leur
présence; ce qui montrait plus clairement
qu'on devait le regarder comme le Messie, que s'il
eût dit ouvertement qu'il l'était. On
voit, dans cette conduite de Notre Seigneur, une
sagesse admirable, puis qu'en ne prenant pas la
qualité de Messie, ce qu'il a toujours
évité de faire publiquement, il
faisait cependant tout ce qu'il y avait de plus
propre à convaincre les hommes qu'il
était ce grand Rédempteur, que Dieu
avait promis d'envoyer, et que les Juifs
attendaient.
CHAPITRE VII.
24-50.-
Notre Seigneur
parle de Jean-Baptiste, et il
décrit la nature et l'excellence de son
ministère.
Il se plaint que le plus grand
nombre des Juifs, et surtout les pharisiens et les
docteurs de la loi, avaient rejeté le
ministère de Jean-Baptiste et le sien.
Étant à table chez un
pharisien, il pardonne à une femme
pécheresse.
RÉFLEXIONS.
LE sens de ce que
Jésus-Christ disait aux Juifs, touchant le
ministère de Jean-Baptiste, était
que, tout de même qu'ils n'avaient pas vu en
Jean-Baptiste un homme qui partit avec la pompe qui
accompagne les ministres des rois de la terre, mais
seulement un grand prophète, aussi ils ne
devaient pas s'étonner de le voir
lui-même dans la bassesse, ni le rejeter
à cause de cela. Par où il voulait
leur faire comprendre que le règne du Messie
n'aurait rien de charnel, ni de mondain; et les
obliger à s'arrêter uniquement
à ce qu'il y avait de spirituel et de divin
dans sa doctrine.
2. Jésus-Christ dit dans
cette occasion que, quelque grand que fût
Jean-Baptiste, le moindre du royaume de Dieu,
c'est-à-dire de ses vrais disciples, serait
plus grand que lui. Notre Seigneur parlait ainsi,
parce que les chrétiens connaissent bien
mieux le Messie et les raisons de sa venue, que
Jean-Baptiste ne les connaissait. Ces paroles, qui
nous instruisent de nos avantages, doivent nous
inciter à y répondre et à nous
en rendre dignes.
On voit ici, que les personnes qui
étaient les plus méprisées et
les plus décriées parmi les Juifs,
furent touchées des exhortations de
Jean-Baptiste et de celles de Notre Seigneur; mais
que les pharisiens, et ceux qui paraissaient les
plus éclairés, avaient rejeté
ces exhortations, disant que la vie de
Jean-Baptiste était trop austère, et
trouvant que celle de Jésus-Christ
était trop relâchée, parce
qu'il se rencontrait souvent avec les
pécheurs.
Cet exemple montre que les personnes
qui ont le coeur mal disposé trouvent
à redire à tout; avec quelque
précaution qu'on se conduise, on ne saurait
éviter d'être condamné par ces
gens-là; mais ceux qui ont le coeur bon
profitent avec empressement des moyens que Dieu
leur présente, pour leur édification
et pour leur salut.
4. L'histoire de la
pécheresse est tout-à-fait
remarquable. Elle nous instruit
de la nature de la vraie repentance et de son
efficace.
1. On voit, dans cette femme
pénitente, le modèle de cette
profonde humilité avec laquelle les grands
pécheurs doivent déplorer leurs
égaremens; et de cette vive douleur qui
pénètre l'âme, qui paraît
au-dehors par la confession, par les larmes, et par
toutes les marques d'une sincère componction
et d'une confusion salutaire, et qui produit un
entier renoncement au péché.
2. On remarque ici avec quelle
bonté le Sauveur du monde reçoit les
vrais pénitens, et leur pardonne leurs
fautes. Ce qu'il dit au pharisien, qui croyait que
Jésus n'était pas un prophète,
puisqu'il souffrait que la pécheresse
s'approchât de lui et lui baisât les
pieds, tendait à lui faire connaître
qu'il savait bien ce que cette femme était;
mais qu'il ne rejetait pas les grands
pécheurs, lorsqu'il les voyait
véritablement repentans, et que l'on ne
devait pas non plus les rejeter ni les
mépriser.
Il faut enfin faire une attention
particulière à ces paroles de Notre
Seigneur, que celui à qui il est beaucoup
pardonné l'aimera davantage. Il nous apprend
par là que ceux à qui Dieu a
pardonné de grands péchés
doivent l'aimer avec plus d'ardeur, et même
qu'ils peuvent parvenir à un degré
considérable de sainteté. C'est
là une doctrine bien propre à
encourager les pécheurs, et qui doit les
animer à l'amour de Dieu, et à
l'étude de la sainteté et des bonnes
oeuvres.
CHAPITRE
VIII.-
Cette partie du chapitre VIII de
saint Luc renferme trois choses:
savoir la parabole de la semence;
2. la déclaration que Notre
Seigneur fait que ses vrais disciples lui
étaient aussi chers que ses plus proches
pareils;
3. le miracle qu'il fit en apaisant
une tempête.
I. 1-18; II. 19-21; III. 22-52.
RÉFLEXIONS.
LE dessein de Jésus-Christ,
dans la parabole de la semence, était
d'apprendre à ceux qui l'écoutaient,
que tous les hommes ne reçoivent pas la
parole de Dieu de la même manière.
La semence qui tombe auprès
d'un chemin représente les personnes qui
sont entièrement endurcies, et qui ne
reçoivent du tout point cette parole. Par la
semence qui tombe parmi les pierres, Notre Seigneur
décrit l'état de ceux sur
qui la parole fait quelque
impression, qui la goûtent d'abord et la
reçoivent avec joie; mais qui,
n'étant pas bien affermis, ne
persévèrent pas et succombent aux
tentations. La semence qui tombe parmi les
épines, nous met devant les yeux
l'état de ces auditeurs en qui
l'Évangile ne produit pas son effet, parce
que leur coeur est occupé par l'amour des
richesses et des voluptés, et
possédé par les soins de cette vie.
Mais par la semence qui est reçue dans un
bon champ, et qui y produit beaucoup de fruit,
Notre Seigneur marque l'effet que la parole produit
sur ceux qui la reçoivent dans un coeur
honnête et bon, et qui en rapportent les
fruits avec persévérance.
C'est une similitude à
laquelle nous devons faire une sérieuse et
continuelle attention. Jésus-Christ en la
proposant a voulu nous engager, comme il le dit
lui-même, à prendre garde à la
manière dont nous écoutons la parole
de Dieu, et à nous bien examiner, pour voir
si nous en faisons un bon usage.
C'est à quoi nous oblige
encore la déclaration que Notre Seigneur
fit, lorsqu'on lui vint dire que sa mère et
ses proches parens demandaient à lui parler.
Nous devons voir, par ce qu'il dit alors, que ce
qui nous fait surtout avoir part à son
amour, c'est une grande attention et un grand
zèle à écouter sa parole et
à faire sa volonté. Ce qui nous unit
ainsi à Jésus-Christ, est aussi ce
qui doit nous unir le plus étroitement les
uns avec les autres. Les liens de la
piété sont encore plus forts que ceux
de la nature; et de tous les hommes, ceux à
qui il faut le plus donner son affection et son
estime, sont ceux qui aiment véritablement
le Seigneur Jésus-Christ, et qui gardent ses
commandemens.
Nous voyons enfin ici que Notre
Seigneur, qui avait fait tant de miracles pour la
délivrance des personnes affligées,
voulut aussi en faire un en faveur de ses
apôtres, en les délivrant d'un grand
danger, lorsqu'ils étaient prêts
à périr sur l'eau. Les apôtres
craignirent dans cette occasion, et le Seigneur
voyant la faiblesse de leur foi, les en reprit;
mais il ne laissa pas de les délivrer. Nos
faiblesses n'empêchent pas que Dieu ne nous
accorde les secours qui nous sont
nécessaires, pourvu que nous ayons recours
à lui, avec sincérité et
humilité.
Ceux que Dieu aime peuvent se
rencontrer dans de fâcheuses
extrémités, et leur faiblesse peut
alors les jeter dans la crainte; mais le Seigneur
ne les abandonne jamais; et en quelque état
qu'ils se trouvent, il les favorise toujours de son
amour et de sa protection.
CHAPITRE VIII.
26-56.-
Jésus-Christ fait trois
miracles.
Il délivre Un
démoniaque;
il guérit une femme malade
d'une perte de sang;
et il ressuscite une jeune fille.
I. 26-42; Il. 43-48; III. 49-56.
RÉFLEXIONS.
CE qui est ici rapporté de
l'état déplorable où
était depuis Iong-temps ce démoniaque
que Jésus-Christ délivra, et les
diverses circonstances de cette histoire, font voir
la certitude et la merveille du miracle que Notre
Seigneur fit dans cette occasion; aussi bien que la
grande miséricorde qu'il exerça
envers lui.
La permission que
Jésus-Christ donna aux démons
d'entrer dans les pourceaux, est aussi une preuve
de la grandeur et de la vérité de ce
miracle, et du pouvoir souverain que Notre Seigneur
avait sur les démons. On voit même ici
que ces esprits malins le craignaient et le
redoutaient comme leur juge. Jésus-Christ
ayant délivré cet homme, lui ordonna
de raconter aux siens la grâce que Dieu lui
avait faite. C'est ainsi que nous devons
reconnaître et publier les bontés du
Seigneur envers nous, lorsqu'il nous accorde
quelque délivrance ou quelque autre faveur
particulière.
Au reste, il faut considérer
que, si les hommes ne sont plus exposés au
pouvoir du démon, comme l'étaient
ceux que Notre Seigneur délivrait, ils
peuvent tomber d'une autre manière sous la
puissance de cet ennemi de notre salut. C'est
l'état funeste de ceux dont
l'Écriture dit, (Ephes. Il. -9; II. Tim. II.
26.) que le diable agit en eux avec efficace, et
qu'ils ont été pris dans ses
pièges, pour faire sa volonté.
Dans la guérison de cette
femme qui était malade d'une perte de sang,
l'on doit principalement faire attention à
ses sentimens et à sa conduite. N'osant pas
se présenter devant Notre Seigneur, pour lui
demander sa guérison, elle se contenta de
toucher son habit; ce qui marquait sa profonde
humilité, et en même temps la grandeur
de sa foi et la haute opinion qu'elle avait de la
puissance de Jésus-Christ. La
délivrance prompte et miraculeuse que le
Seigneur lui accorda, ne manifeste pas seulement la
vertu divine qui était en lui, elle nous
apprend aussi qu'avec l'humilité et la foi,
nous trouverons toujours
auprès de Jésus-Christ les secours
nécessaires pour notre salut. Plus on se
croit indigne d'avoir part à la grâce
de Dieu, et plus il est disposé, à la
répandre sur nous. C'est encore une chose
digne d'être remarquée, que Notre
Seigneur connut que cette femme l'avait
touché, quoiqu'elle ne se fût pas
adressée à lui; on voit par là
que rien n'était caché à
Jésus-Christ, et que les miracles qu'il
opérait ne se faisaient que par sa
volonté.
La résurrection de la fille
de Jaïrus est un effet encore plus
considérable de la puissance infinie de
Notre Seigneur; et ce miracle, de même que
quelques autres semblables qu'il a faits, ne nous
permettent pas de douter qu'il ne puisse
ressusciter les morts, et qu'il ne fasse un jour
cette même merveille en notre faveur, selon
qu'il nous l'a promis.
|