AVEC CHRIST
À L'ÉCOLE DE LA
PRIÈRE
VII
Le don qui renferme tous les dons
Si donc, tout
méchants que vous êtes, vous
savez donner de bonnes choses à vos
enfants, combien plus le Père
céleste donnera-t-il le
Saint-Esprit à ceux qui le lui
demandent. Luc XI, 13.
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Dans notre dernier chapitre, nous avons
étudié ces mêmes mots : COMBIEN
PLUS, que le Seigneur avait prononcé dans le
sermon sur la montagne. Ici en
répétant ces mots, nous observons une
différence. Il n'est plus question des
bonnes choses données par le Père,
mais du don par excellence, celui qui renferme tous
les autres et celui que le Père accorde avec
le plus de bonheur. N'est-ce pas alors celui que
nous devons rechercher en premier lieu et avec le
plus d'ardeur?
Jésus nous montre la valeur
indicible du Saint-Esprit, Il nous en parle comme
de « la promesse du Père
».
Un père terrestre voudrait avoir
la puissance de transmettre à son fils ce
qu'il a de, meilleur en lui, il serait sûr
ainsi de se l'attacher plus fortement, mais ce que
lui ne peut pas faire, le Père
céleste le peut et le veut en donnant
à tous ceux qui le lui demandent, son
Esprit, l'essence même de son
être et de sa vie.
Réfléchissons à la
portée de ces paroles : Dieu donne son
Esprit à son enfant sur la terre.
La gloire de Jésus sur la terre
c'est que l'Esprit de son Père était
en lui. Au moment de son baptême dans le
Jourdain, la voix de Dieu l'a proclamé Fils
bien-aimé, et l'Esprit de Dieu est descendu
sur lui.
De même l'apôtre dit de nous
:
« Et parce que vous êtes
fils, Dieu a envoyé dans vos coeurs l'Esprit
de son Fils, lequel crie : « Abba, Père
».
(Gal. IV, 6).
Un roi cherchera, dans
l'éducation qu'il fait donner à son
fils, à développer chez lui un esprit
que nous appellerons royal. Notre Père veut
faire notre éducation en vue de la vie
future, vie sainte et céleste qui est la
sienne. Pour atteindre ce but, dans son grand
amour, Il nous donne son propre Esprit.
Après avoir offert son sang sur la croix,
pour la rémission des péchés,
Jésus est entré dans la gloire pour
nous obtenir le don ineffable du
Saint-Esprit.
Le Saint-Esprit nous met en communion
intime avec le Père et le Fils; il est la
preuve donnée par Dieu que le Père
nous aime du même amour dont Il a aimé
le Fils, et c'est par le Saint-Esprit que nous
acquérons la place d'enfants
obéissants et consacrés au
Père, en imitant, dans notre vie, le
modèle tracé par Jésus dans sa
carrière terrestre.
Ne ressort-il pas alors que le premier
et le principal objet de nos prières doit
être ce don du Saint-Esprit? N'est-Il pas
nécessaire à notre vie
spirituelle?
Le Saint-Esprit, seul, nous permet de
nous approprier tout ce qui est en Jésus, de
grâce et de vérité. Si nous
nous abandonnons entièrement à
l'Esprit, le laissant librement agir, Il
manifestera et maintiendra la vie de Christ en
nous. S'il est une prière qui nous
amène au trône de Dieu, et nous y
retienne, c'est bien celle-ci :
« Que le Saint-Esprit que nous,
enfants du Père, avons reçu, habite
en nous puissamment et rayonne au dehors d'une vive
et éclatante lumière ».
L'Esprit répond à tous les
besoins du coeur et de l'âme de celui qui
croit. Arrêtons un moment notre pensée
sur les noms divers qu'Il porte.
L'Esprit de grâce
révèle et communique toute la
grâce qui se trouve en Jésus. L'Esprit
de foi nous enseigne à croire. L'Esprit
d'adoption rend témoignage en
nous-mêmes que nous sommes enfants de Dieu,
et nous pousse à crier en toute confiance
« Abba, Père ». L'Esprit de
vérité nous révèle la
vérité tout entière et fait
que toute parole de Dieu est pour nous esprit et
vérité. L'Esprit de prière
nous accorde le privilège de nous entretenir
avec le Père avec l'assurance de
l'exaucement. L'Esprit de
sainteté manifeste la sainte présence
du Père et nous la communique. L'Esprit de
force nous rend capables, de témoigner
hardiment notre foi et de travailler efficacement
au service du Père. L'Esprit de gloire est
le gage de notre héritage céleste et
glorieux.
Ne voilà-t-il pas autant de
preuves que l'enfant de Dieu a besoin surtout
d'être rempli du Saint-Esprit? Jésus
nous enseigne aujourd'hui que le désir
ardent du Père est de nous accorder son
Esprit si nous ne le lui demandons avec une foi
d'enfant, nous; appuyant sur cette parole :
« COMBIEN PLUS le Père
céleste donnera-t-il le Saint-Esprit
à ceux qui le lui demandent.
(Luc XI. 13). Dans ces versets «
Il a répandu le Saint-Esprit sur nous avec
abondance »
(Tite III, 6), et dans ce
commandement : « Soyez remplis de l'Esprit
»
(Ephés. V, 19), nous avons la
mesure de ce que Dieu veut donner et de ce que nous
pouvons recevoir.
En tant qu'enfants de Dieu nous avons
déjà reçu le Saint-Esprit,
mais nous devons. continuer à demander ses
dons spéciaux au fur et à mesure
qu'il nous les faut, et à le posséder
d'une façon plus complète et
permanente. Le sarment est bien rempli de la
sève que lui donne le cep, mais il faut
qu'elle circule constamment en lui pour que son
fruit arrive à
maturité complète. Le chrétien
lui aussi, joyeux de posséder le
Saint-Esprit, en demandera une effusion toujours
plus abondante, pour pouvoir porter plus de
fruits.
Ceci bien établi, quand nous
demandons à être remplis de l'Esprit,
ne cherchons pas la réponse dans nos
sentiments seulement. Saisissons par un acte de foi
toutes les bénédictions spirituelles,
et que notre foi soit assez complète pour
qu'au moment même de la prière, nous
puissions dire :
« Nous avons reçu ce que
nous avons demandé, la plénitude de
l'Esprit m'appartient désormais
».
Persévérons avec actions
de grâces dans cette prière de la foi.
Que ce soit le coeur pénétré
de reconnaissance pour la bénédiction
reçue, que nous continuions à la
demander jusqu'à ce qu'elle inonde notre
être tout entier.
Sans la reconnaissance, et sans l'action
de grâces, l'Esprit de Dieu ne prendra jamais
possession peine et entière de nous.
Rappelons-nous la leçon que le
Seigneur nous donne aujourd'hui : « S'il y a
une chose dont nous puissions être sûrs
en ce monde, c'est celle-ci : Le Père veut
que nous soyions remplis du Saint-Esprit, et c'est
sa joie de nous le donner ».
Lorsque nous aurons appris à
prier de la sorte pour ce qui
nous concerne et à puiser jour après
jour ce qu'il nous faut dans le trésor que
nous possédons aux cieux, avec quelle
liberté et quelle puissance ne prierons nous
pas pour obtenir une nouvelle effusion de l'Esprit
sur l'Église, sur tout ce qui se fait pour
l'avancement du règne de Dieu et sur toute
chair. Celui qui prie avec le plus de foi pour
lui-même apprend à prier avec le plus
de foi pour les autres.
Le Père donne l'Esprit-Saint
à qui le lui demande, non pas en petite
mesure, mais au contraire en grande abondance,
surtout si on le lui réclame pour les
autres.
SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.
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VIII
La hardiesse des amis de Dieu
Si l'un de
vous avait un ami et qu'il allât le
trouver au milieu de la nuit pour lui dire
: mon ami, prête-moi trois pains,
car un de mes amis qui voyage est
arrivé chez moi, et je n'ai rien
à lui offrir, et que cet ami lui
répondit de l'intérieur : Ne
m'importune pas, ma porte est
déjà fermée, et mes
petits enfants sont au lit avec moi, je ne
puis me lever pour te donner ces pains. Eh
bien ! je vous dis alors même qu'il
ne se lèverait pas pour les lui
donner parce qu'il est son ami, il se
lèvera à cause de son
importunité et lui donnera tout ce
dont il a besoin. Luc XI, 5-8.
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Le sermon sur la montagne a été le
premier enseignement, donné par le Seigneur
à ses disciples, mais ce ne lut guère
qu'un an plus tard qu'ils demandèrent
à Jésus de leur enseigner à
prier. Il leur répondit en leur donnant
l'Oraison dominicale pour modèle, et leur
montra comme tout à nouveau ce qu'Il leur
avait déjà
révélé de l'amour paternel de
Dieu et de la certitude de l'exaucement.
Entre ces deux enseignements,
Jésus a prononcé la parabole qui nous
occupe ici, où Il. nous démontre la
volonté de Dieu que nous priions, non
seulement pour nous, mais encore pour ceux qui
périssent autour de nous. Dans la
prière d'intercession, une
grande hardiesse est souvent
nécessaire, toujours. permise et même
agréable à Dieu.
Cette parabole est riche en instructions
à cet égard. Nous y distinguons
d'abord, l'amour qui cherche à secourir les
malheureux qui nous entourent : Un de mes amis est
arrivé chez moi. Puis l'indigence qui fait
pousser ce cri : Je n'ai rien à lui offrir.
Enfin la confiance que le secours lui sera
accordé. Si l'un de vous a un ami et lui
dise : Prête-moi trois pains. Sur le refus
inattendu : Je ne puis me lever pour te donner ces
pains, l'intercesseur sans se décourager,
persévère dans sa requête.
Alors... il se lèvera à cause de son
importunité. Le premier obtient enfin la
récompense de sa prière, il recevra
autant qu'il en désire.
La pensée centrale de ce
récit c'est la prière
considérée comme un appel à
l'amour de Dieu. Il en ressort deux leçons
spéciales.
D'abord si nous sommes amis de Dieu et
si nous nous approchons de lui en cette
qualité, nous sommes amis des
nécessiteux. Dès que nous aurons
réalisé l'amour de Dieu pour nous,
nécessairement nous en éprouverons
pour notre prochain. Secondement, quand nous allons
à Dieu comme ses amis, nous avons le droit
de réclamer une réponse. Toute
prière a pour but d'obtenir force et
bénédiction pour nous-mêmes,
pour les autres et tout à la gloire de Dieu.
C'est par la prière
d'intercession qu'Abraham, Jacob, Moïse,
Samuel et Elie ont montré quelle
était leur puissance auprès de Dieu,
et qu'ils ont remporté la victoire sur lui.
De même lorsque nous cherchons à
être en bénédiction à
ceux qui nous entourent, nous pouvons sans crainte,
compter sur la grâce de Dieu pour obtenir la
victoire.
Seigneur! j'ai un ami qu'il me faut
secourir. Ta bonté et tes richesses sont
infinies, accorde-moi ce qui m'est
nécessaire pour le sauver. Si moi, qui suis
mauvais, je suis prêt à faire pour mon
ami tout ce que je pourrai, combien plus toi, mon
ami céleste, voudras-tu m'accorder ce que je
te demande.
Une question se pose ici. Si l'amour
paternel de Dieu ne nous donne pas une confiance
entière en la puissance de la prière,
la pensée de son affection en tant qu'Ami le
fera-t-elle davantage?
Quand l'enfant obtient de son
père ce qu'il lui demande, nous sommes
tentés de croire qu'il est tout naturel au
père de le lui accorder. Avec un ami la
liberté est plus en jeu, donc la
bonté a plus de prix, dépendant moins
des relations de la nature que du caractère
et du degré de sympathie. La position de
l'enfant est celle d'une dépendance absolue
vis-à-vis du père. Deux amis,
même d'âge ou de rangs,
différents, sont beaucoup plus sur un pied
d'égalité.
Notre Seigneur en nous expliquant la
prière veut que nous nous approchions de
Dieu en qualité d'amis, aussi bien que
d'enfant, et nous le pouvons lorsque notre vie et
l'Esprit qui nous animent sont d'accord avec sa
volonté. Nous devons vivre sur un pied
d'intimité avec Dieu. Nous sommes toujours
enfants du Père quand bien même nous
serions éloignés de lui, mais nous ne
saurions être amis que par une constante
fidélité.
« Vous êtes donc mes amis, si
vous faites ce que je vous commande ».
(Jean XV, 14).
« Tu vois que la foi agissait avec
ses oeuvres et que par les oeuvres la foi lut
rendue parfaite. Ainsi s'accomplit ce que dit
l'Écriture : Abraham crut à Dieu et
cela lui fut imputé à justice, et il
fut appelé ami de Dieu.
[Jacques II, 23).
C'est le même Esprit
(1 Cor. XII, 4) qui nous aide dans la
prière, et si nous vivons en amis de Dieu,
nous serons libres de dire : « Oui, j'ai un
ami auquel je puis aller même à minuit
».
Dieu a égard au but que nous nous
proposons en le priant. Si nous n'avons que
nous-mêmes en vue, nous ne recevrons pas tout
ce que nous voudrions, mais s'II voit que notre
désir est de le glorifier en devenant une
source de bénédictions pour autrui,
nous n'aurons pas prié en vain. D'autre
part, si nous attendons, pour prier en faveur des
autres que Dieu nous ait rendus
assez riches pour qu'aucun sacrifice ne nous soit
plus nécessaire, nous n'obtiendrons rien. Au
contraire, si nous pouvons nous rendre le
témoignage que nous avons fait un effort en
faveur d'un ami malheureux, et que malgré
notre indigence nous avons commencé une
oeuvre d'amour envers lui, sachant que notre ami
céleste viendra à notre aide, soyons
certains que notre prière sera
exaucée.
Cependant l'exaucement ne vient pas
toujours tout de suite. C'est par la foi que nous
honorons Dieu; dans la prière d'intercession
la foi est aussi mise à l'épreuve.
Cette prière-là est la
véritable pierre de touche de notre amour
pour Dieu et notre prochain. Par elle on jugera si
nous aimons réellement les pécheurs,
jusqu'à sacrifier nos aises, à nous
lever à minuit pour aller implorer ce qui
leur est nécessaire et à ne prendre
aucun repos que nous ne l'ayions obtenu. Par elle
aussi on reconnaîtra que nos rapports avec
Dieu sont ceux de l'ami avec son intime.
Prions donc jusqu'à complet
exaucement!
Quel mystère! Dieu a fait la
promesse, Il est parfaitement résolu
à en accorder l'accomplissement, et
toutefois Il la fait attendre! N'oublions pas qu'il
est de souveraine importance que les
chrétiens se confient pleinement en leur
céleste ami et nous
comprendrons mieux l'intention
éducatrice de Dieu par l'exaucement
différé.
Il veut leur enseigner que la
persévérance est nécessaire
pour remporter la victoire, et qu'ils
possèdent une arme puissante s'ils veulent
s'en servir.
Il y a une foi qui tout en connaissant
la promesse, n'en obtient cependant pas la
réalisation.
« C'est dans la foi qu'ils sont
tous morts sans avoir obtenu les choses promises.
Tous ceux-là, à la foi desquels il a
été rendu témoignage, n'ont
pas obtenu ce qui leur était promis ».
(Héb. XI, 13, 39).
La réponse
différée, et la promesse restant sans
réalisation sont cette épreuve de la
foi qui est plus précieuse que l'or, et qui
a pour but de la purifier et de la fortifier. Le
fidèle doit s'emparer de cette promesse et
ne l'abandonner que lorsqu'il a obtenu ce qu'il
réclame.
Que tout enfant de Dieu au service de
son Père prenne courage! Que les parents et
les enfants, le moniteur et ses
élèves, l'ancien et le diacre dans
leurs visites, le pasteur et son troupeau, que ceux
qui dans quelque sphère que ce soit portent
le message du salut à ceux qui
périssent, que tous ceux-là, en un
mot, prennent courage!
Si par notre importunité, nous
parvenons à triompher de
l'indifférence égoïste d'un
ami terrestre, que de grandes et
merveilleuses choses par une importunité
semblable, n'arriverons-nous pas à
conquérir auprès de l'Ami
céleste qui aime à donner bien qu'Il
soit constamment retenu dans sa
générosité, par notre
incapacité à profiter de ses
trésors.
Rendons-lui grâces de ce qu'en
différant sa réponse, Il fait notre
éducation en nous amenant à une
communion plus intime avec lui et à une foi
plus grande en ses promesses. Tenons-nous ferme
à ce câble à trois cordes que
rien ne peut rompre : l'ami affamé
réclamant un service, l'ami en prière
cherchant à secourir, et l'ami Tout-puissant
aimant a donner, tout ce qui lui est
demandé.
SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.
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