AVEC CHRIST
À L'ÉCOLE DE LA
PRIÈRE
XVII
La prière en harmonie avec Dieu
«
Père, je te rends grâces de
ce que tu m'as exaucé. Pour moi, je
savais bien que tu m'exauces toujours.
Jean XI, 41-42.
L'Éternel m'a dit:
Tu es mon fils! Je t'ai engendré
aujourd'hui. Demande-moi et je te
donnerai. Ps. II, 7-8.
|
Le Nouveau Testament fait une distinction
entre la foi et la connaissance.
« Or, à chacun la
manifestation de l'Esprit est donnée pour
l'utilité commune. En effet, à l'un
est donnée par l'Esprit une parole de
sagesse; à un autre, une parole de
connaissance, selon le même Esprit; à
un autre, la foi, par le même Esprit ».
(1 Cor. XII, 8).
Chez un chrétien peu
cultivé et chez un enfant, il peut y avoir
beaucoup de foi et peu de connaissance. La
simplicité enfantine accepte la
vérité sans difficulté, et
volontiers ne cherche pas d'autre raison pour
expliquer sa foi à elle-même ou aux
autres que celle-ci: Dieu l'a dit.
C'est la volonté de Dieu que nous
le servions et l'aimions de tout notre coeur, de
toute notre force et de toute notre pensée,
afin que nous arrivions à
une intelligence complète de sa divine
sagesse, de la beauté de ses voies, de ses
paroles et de ses oeuvres. Ce n'est qu'alors que
l'adoration du chrétien sera
complète. C'est par cette voie que notre
coeur saisira les trésors de sagesse et de
connaissance de la rédemption, et que nous
serons capables de nous joindre à l'hymne
qui s'élève devant le trône du
Père.
« O profondeur de la richesse, de
la sagesse et de la science de Dieu! »
(Rom. XI, 33).
La vérité qui fait l'objet
de cette leçon trouvera son application dans
une vie de prière.
Au fond, la prière et la foi sont
choses si simples en elles-mêmes que le
nouveau converti peut prier avec force et
puissance. Mais le chrétien affermi ne tarde
pas à découvrir qu'il y a plus encore
dans la doctrine de la prière. Il peut se
demander jusqu'à quel point la puissance de
la prière est une réalité, et
comment il se fait que Dieu lui ait accordé
ce pouvoir? Comment la prière peut-elle
s'harmoniser avec la volonté et les
décrets arrêtés de Dieu?
Comment concilier la souveraineté de Dieu et
notre volonté? sa liberté et la
nôtre? Ces questions et d'autres encore sont
des sujets importants proposés à la
réflexion du croyant. Plus nous nous
approcherons avec respect et sérieux de ces
mystères, plus nous tomberons à
genoux en adoration devant Celui
qui a conféré une telle puissance
à l'homme.
Une des difficultés
secrètes à prier, quoiqu'on ne se
l'avoue pas toujours, et qui souvent est un
empêchement réel, c'est le sentiment
de la perfection de Dieu, de son
indépendance absolue vis-à-vis de
tout ce qui n'est pas lui. N'est-Il pas
l'Être infini, qui ne doit ce qu'Il est
qu'à lui-même, et dont la
volonté sage et sainte a
décrété tout ce qui est et
sera?
Comment dès lors la prière
de l'homme peut-elle l'influencer? Comment
peut-elle le décider à faire ce que,
sans elle, Il n'aurait pas fait? La promesse d'une
réponse à notre prière
n'est-elle pas simplement une concession qu'Il fait
à notre faiblesse? Ce qui nous est dit de la
force toute puissante de la prière est-il
réel, n'est-ce pas une façon de
s'accommoder à notre mode de pensée?
La bénédiction de la prière
n'est-elle pas uniquement l'influence qu'elle
exerce sur nous pendant que nous prions?
Nous trouvons la réponse à
ces questions dans l'existence même de Dieu,
dans le mystère de la sainte Trinité.
Si Dieu était une seule personne,
renfermé en lui-même, nous ne
pourrions songer ni à l'approcher ni
à l'influencer, mais en lui il y a trois
personnes : le Père et le Fils, unis en une
communion et une unité parfaites par le lien
du Saint-Esprit. Quand l'amour
éternel engendra le Fils, lui donna à
ses côtés une place en tant que
seconde personne divine et en fit son conseiller,
son égal, Il ouvrit le chemin à la
prière, en lui permettant d'atteindre au
centre même de la vie divine.
Comme dans les relations de famille sur
la terre, le père donne et l'enfant
reçoit, il en est de même dans les
relations célestes; le Père donne,
mais il faut que le Fils demande et reçoive
une réponse.
Le Père, en donnant à
Jésus la place de Fils, lui a
conféré en même temps la
puissance d'agir sur lui. La prière du Fils
n'a été ni une simple forme, ni une
ombre vaine, mais elle a été une vie
réelle, où l'amour du Père et
du Fils se sont rencontrés et
complétés. Le Père avait
décidé qu'Il ne serait pas seul dans
son conseil; l'accomplissement des décrets
du Père dépendait de ce que le Fils
demanderait et accepterait; la prière sur la
terre est le reflet de cette vie du Fils et du
Père unis par la prière. Nous en
avons la preuve dans ces paroles de Jésus :
« Levant les yeux au ciel, Jésus dit :
Père, je te rends grâces de ce que tu
m'as exaucé... Je savais bien que tu
m'exauces toujours ».
(Jean XI, 41-42).
La place de Fils sur la terre ne peut
pas être séparée de sa place de
Fils au ciel; il en est de même pour sa
prière dans le ciel, elle
est la continuation de sa prière sur la
terre. La prière de l'homme
Jésus-Christ est le lien entre la
prière éternelle du Fils unique du
Père et celle des hommes sur la terre. La
prière prend sa source la plus profonde dans
l'essence même de Dieu! Rien ne peut
s'accomplir sans prière dans les demeures
éternelles; le Fils demande, le Père
accorde.
Ceci peut nous aider à
comprendre, en quelque mesure, comment la
prière de l'homme passant par le Fils, peut
avoir une influence sur Dieu. Dieu ne prononce pas
ses décrets sans en conférer avec le
Fils, qui lui présente ses désirs et
ceux de ses serviteurs. Le Seigneur Jésus
est le Fils unique, le Fils bien-aimé, le
chef et l'héritier de toutes choses, tout a
été créé par lui et
pour lui, et tout est à lui. Le Fils,
représentant de la créature tout
entière a sa voix dans les conseils du
Père; Il y a sa place comme médiateur
et intercesseur, Il y agit avec pleine
liberté en faveur de ceux qui s'approchent
du Père par lui.
Si ce qui précède nous
donne à penser que cette liberté et
cette puissance accordées au Fils d'agir sur
le Père n'est pas en harmonie avec
l'immutabilité des décrets divins
n'oublions pas qu'il n'y a pas pour Dieu comme pour
l'homme un passé auquel Il soit
irrévocablement lié; les distinctions
du temps passé et de
l'avenir ne sont rien pour Celui qui est
éternel. L'éternité, c'est le
présent éternel. Pour se mettre au
niveau de notre faiblesse humaine,
l'Écriture doit adopter notre langage et
parler de décrets soit au passé, soit
à l'avenir. En réalité,
l'immutabilité des conseils de Dieu est en
parfaite harmonie avec sa liberté de faire
ce qu'Il veut. Le coeur du Père est toujours
ouvert et toujours disposé à
accueillir toute requête qui lui est
présentée par le Fils; Il est libre
de se laisser fléchir par la prière
et de faire ce que, sans cela, Il n'aurait pas
fait.
Cette parfaite harmonie et cette
parfaite union entre la souveraineté divine
et la liberté humaine est et restera pour
nous un mystère insondable, parce que Dieu,
l'Être éternel, surpasse ce que notre
intelligence peut concevoir. Mais puisons notre
force et notre consolation dans l'assurance que
c'est dans la communion éternelle du
Père avec le Fils que la prière a
pris naissance et qu'elle tire sa puissance. C'est
aussi dans notre union avec le Fils que notre
prière prendra toute sa ferveur et pourra
exercer l'influence qu'elle doit avoir.
Les décrets de Dieu ne sont pas
une porte de fer contre laquelle la liberté
humaine vienne se heurter en vain. Non, Dieu
lui-même est amour et vie, par son Fils Il
est entré dans la plus tendre des relations
avec l'humanité, par le
Saint-Esprit Il prend à lui
l'humanité pour la changer, et, par sa vie
divine toute d'amour, Il se réserve la
liberté d'accorder une place, dans le
gouvernement du monde, à toute prière
humaine.
C'est à cette lumière qui
commence à se lever, c'est à l'aurore
de ces pensées, que la doctrine de la sainte
Trinité doit de n'être plus seulement
une spéculation abstraite, mais la
manifestation de la manière dont il est
possible à l'homme de vivre dans une
communion intime avec Dieu le Père. Sa
prière aura dans ce cas une part
réelle dans la direction des affaires de ce
monde.
De loin, nous pouvons apercevoir les
rayons de la lumière qui resplendit dans le
monde éternel, et qui vient tomber sur des
paroles telles que celles-ci : « Car c'est par
lui que nous avons, les uns et les autres,
accès auprès de Dieu dans un seul et
même Esprit ».
(Eph.
II, 18).
SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.
.
XVIII
La prière d'accord avec la
destinée de l'homme
Ils lui présentèrent un
denier. Il leur demanda : De qui sont
cette effigie et cette inscription ?
Matth. XXII, 20.
Puis Dieu dit: Faisons l'homme
à notre image, selon notre
ressemblance.
Genèse I, 26.
|
« De qui est cette effigie ? »
Jésus, par cette question, déroute
ses ennemis, au moment où ils
espéraient le prendre en défaut, et
les met en face de leur devoir en ce qui concerne
les impôts. Le principe mis en lumière
par ce récit est d'une application
universelle et, nulle part, d'une manière
aussi frappante.
L'image que l'homme porte en
lui-même décide de sa destinée;
si c'est celle de Dieu, il appartient à
Dieu.
Plus nous méditons sur la
prière et sur la puissance merveilleuse
qu'elle exerce sur Dieu, plus nous sommes
poussés à nous demander ce qu'est
l'homme pour qu'une pareille place dans les
conseils de Dieu ait pu lui être
départie. Le péché l'a
amené à un, tel état de
dégradation que nous ne pouvons absolument
pas nous former une idée, par ce qu'il est
devenu, de ce qu'il devait être. Pour bien
nous rendre compte du but que
Dieu s'est proposé,
revenons au récit qu'Il nous a fait
lui-même de la création de l'homme et
nous verrons quels dons Il lui avait
conférés pour qu'il pût
répondre à cette vocation.
L'homme était destiné
à remplir la terre, à se l'assujettir
et à dominer sur tout ce qu'elle contient.
(Genèse 1, 28).
Ces trois expressions nous montrent
qu'il a été créé pour
gouverner le monde comme représentant de
Dieu. Assujetti lui-même à Dieu, il
devait s'assujettir toutes choses pour le service
de Dieu.
Tout devait s'accomplir par le travail
de l'homme sur la terre, l'avenir de la
création était entièrement
remis entre ses mains.
Sa destinée était donc en
harmonie avec la position qu'il devait occuper et
la puissance mise à sa disposition. Quand un
souverain envoie un vice-roi dans une province
éloignée, il va de soi que celui-ci
se réserve de donner son avis sur la
politique à suivre et de demander que l'on
agisse d'après son conseil. Le vice-roi a la
liberté de réclamer les secours et
les moyens nécessaires pour mettre en oeuvre
les ordres du souverain et maintenir la
dignité de son empire.
S'il ne remplit pas ses fonctions d'une
manière satisfaisante, il est
rappelé, sa place est donnée à
un autre qui, mieux que lui, saura comprendre et
exécuter la volonté de son
maître. Tant qu'il a la
confiance du souverain, on suit ses
conseils.
Tout donc sur la terre devait
s'accomplir par la volonté de l'homme.
À sa demande le ciel aurait répandu
ses bénédictions sur la terre; la
prière aurait été le canal
naturel par lequel les relations entre le Roi des
cieux et son fidèle serviteur, seigneur de
la création, auraient été
maintenues.
Au moment de la chute de l'homme, tout
sur la terre, subit un terrible changement : le
péché fit tomber la création
tout entière sous le poids de la
malédiction.
La rédemption fut le commencement
d'une glorieuse restauration. Dès que Dieu,
en appelant Abraham, se fut mis à part un
peuple, peuple d'où devait sortir non
seulement des rois, mais le Roi des rois, nous
voyons quelle fut la puissance de la prière
du fidèle serviteur de Dieu sur les
destinées de ceux qui sont en rapport intime
avec le Tout-Puissant. Abraham nous fait comprendre
que la prière est non seulement le moyen
d'obtenir une bénédiction
personnelle, mais qu'elle est encore l'exercice
d'une prérogative royale, qui a une
influence positive sur les destinées de
l'homme et sur la volonté du Dieu qui les
gouverne.
Nous ne voyons jamais Abraham prier pour
lui-même : ses prières pour Sodome,
pour lot, pour Abimélec, pour Ismaël,
prouvent la puissance que
possède l'ami de Dieu, et montrent que c'est
entre ses mains qu'est confiée la
destinée de ceux qui l'entourent. Tel a
été le sort de l'homme dès le
commencement. Non seulement l'Écriture nous
le dit, mais elle nous enseigne comment il se peut
que Dieu ait appelé l'homme à une
pareille vocation. C'est parce qu'Il l'a fait
à son image et selon sa
ressemblance.
Dieu n'a pas formé l'homme
à son image sans le douer en même
temps des qualités morales
nécessaires pour porter dignement cette
ressemblance. Il existait entre Dieu et lui une
harmonie intime qui mettait la créature en
état d'être le médiateur entre
le Créateur et la création. L'homme
était créé pour être
prophète, prêtre, roi, pour
interpréter la volonté de Dieu, pour
intercéder, pour recevoir et dispenser les
munificences de Dieu.
C'est parce qu'il a été
créé selon la ressemblance de Dieu
que l'homme peut comprendre les vues de Dieu,
accomplir ses plans, et que le Père
céleste lui a confié ce merveilleux
privilège. Quoique le péché
ait modifié pour un temps les plans de
l'Éternel, la prière reste ce qu'elle
est en principe. Elle est pour nous la preuve de
notre ressemblance primitive avec Dieu, le
véhicule de nos relations avec le pouvoir,
par lequel nous tenons la main qui dirige
l'univers. La prière
n'est pas seulement le cri du su
pliant qui veut obtenir miséricorde; c'est
l'expression la plus élevée de la
volonté de l'homme qui, se sachant d'origine
divine, se sent capable d'exécuter avec une
entière liberté les décisions
de l'Éternel.
La grâce a rétabli ce que
le péché avait détruit. Ce que
le premier Adam avait perdu, le second Adam l'a
retrouvé.
Par Christ, l'homme peut être
rétabli dans sa position primitive, et
l'Église, demeurant en lui hérite de
la promesse.
« Demandez ce que vous voudrez, et
cela vous sera accordé ».
(Jean XV, 7).
Cette promesse ne se rapporte pas
seulement aux bénédictions que nous
réclamons pour nous-mêmes, mais elle
nous rappelle que, comme des sarments
attachés au cep divin, nous devons porter
des fruits et vivre uniquement à la gloire
du Père. Cette promesse est faite à
ceux qui, ayant renoncé à
eux-mêmes, demeurent en Christ, et ne veulent
plus d'autre vie que celle de l'obéissance.
Ils savent que ce n'est qu'en perdant leur vie
qu'ils la retrouveront en lui.
Ce n'est que par la nouvelle naissance
que nous sommes ramenés à notre
origine première, parce qu'elle nous rend
l'image et la ressemblance de Dieu.
Ceux qui ont compris cette
vérité ont réellement le
pouvoir d'obtenir les bénédictions
d'en haut, pour les
répandre sur ceux qui les entourent. Ils
expriment leurs désirs avec une sainte
hardiesse, ils vivent comme les prêtres de
Dieu en sa présence, et en tant que rois,
ils peuvent disposer des puissances du monde
à venir. Pour eux commence
déjà à s'accomplir cette
promesse : « Demandez ce que vous voudrez et
cela vous sera accordé ».
(Jean XV, 7).
Église du Dieu vivant! Ta
vocation est plus élevée, plus sainte
que tu ne t'en doutes. C'est par tes membres, comme
rois et sacrificateurs, que Dieu veut gouverner le
monde; leurs prières accordent ou retiennent
les bénédictions du ciel!
Par les élus qui ne se contentent
pas seulement d'être sauvés, mais qui
consacrent leur vie à Dieu, le Seigneur
révèle quelles magnifiques
destinées auraient été celles
de l'homme sans la chute. C'est par ses élus
qui crient à lui jour et nuit, qui
s'approchent de lui au nom du Fils, que le
Père accomplit son « conseil admirable
».
(Esaïe XXVIII, 29)
Maintenant que l'homme est
racheté, sa dignité première
commence de lui être rendue. Il entre dans
les desseins de Dieu que son peuple accomplisse sa
volonté sur la terre en y établissant
son royaume. Ceux qui demeurent en Christ ne
seront-ils pas prêts à prendre leur
place auprès de lui, le grand
sacrificateur-roi, et ne
feront-ils pas monter leurs prières
où ils exprimeront hardiment ce qu'ils
désirent que Dieu fasse? L'homme
racheté doit, comme porteur de l'image de
Dieu et son représentant sur la terre, se
rappeler que, par ses prières, il est
chargé de décider des
destinées humaines.
SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.
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