Un illustre prédicateur disait un jour: «Quand j'ai affaire à un sceptique de bonne foi, je l'engage à lire le livre de Job».
« Cet admirable poème est digne de figurer sur le même plan que tout ce que la littérature classique des temps anciens et modernes a produit de plus achevé » (Renan).

Le sujet du livre est le problème de la souffrance du juste.

1. Un prologue en prose (chap. 1-2) nous fait connaître la personne de Job, homme intègre et droit, craignant Dieu et se détournant du mal. Soudain, à la requête de Satan, d'effroyables malheurs fondent sur lui et sur sa famille.
Trois de ses amis, Éliphaz, Bildad et Tsophar, accourent pour le consoler. Frappés d'horreur à la vue de ses épreuves, ils demeurent sept jours stupéfaits, sans prononcer une parole. Puis ils discutent avec Job le problème de la souffrance (chap. 3 à 28).

Nous entendons ensuite le monologue de Job (chap. 29-31). Il s'efforce de se justifier, tout en tombant dans la propre justice.
Survient le jeune Elihu qui montre à Job que les voies de Dieu sont toujours justes (32 à (36) 37). Après une réponse de l'Éternel (chap. 38-41), Job se repent sur la. poussière et sur la cendre (42.1-6).

Un épilogue (chap. 42.7-17) raconte comment Job est rétabli dans sa prospérité et reçoit de l'Éternel le double de tout ce qu'il avait possédé.

2. Le livre de Job présente quatre solutions au problème de la souffrance.

La 1re est celle des trois amis: L'épreuve est un châtiment.

La 2e est celle d'Elihu: L'épreuve a un rôle éducatif.

La 3e est celle de Job: Il faut se soumettre avec résignation.

La 4e est celle du livre: L'épreuve est destinée à éprouver la foi des enfants de Dieu.

3. L'humiliation de Job et son repentir marquent le point culminant du poème (42.1-6).

4. La récompense de Job décrite au chap. 42. 7-17 consiste en un bonheur purement terrestre. Pendant ses dernières années, Job reçoit plus de bénédictions qu'il n'en avait reçu dans les premières: des brebis, des chameaux, des boeufs, des ânesses, ainsi que sept fils et sept filles. - Nous savons que le chrétien ne reçoit pas toujours ici-bas la récompense de sa fidélité. Mais un bonheur sans fin et une allégresse infinie sont promis au croyant fidèle dans le monde à venir.

5. Les grands messages du livre sont:

- La soumission à Dieu, 1. 21 et 2. 10.

- La misère de l'homme, 4.17-19; 9.2-3; 15.15-16.

- La brièveté de la vie, 7. 6; 8. 9; 9. 25.

- Le châtiment des méchants, 18.5-21.

- La foi dans la résurrection, 19. 25-29.

- Le secret de la paix, 11. 13-19.

- Le secret du succès, 22. 21-30.

- Le secret du bonheur, 36. 8-11.

6. Les plus belles pages de Job.

Chap. 1. Le prologue que le tragédien Mounet-Sully se plaisait à réciter en société, et qu'il considérait comme la plus belle page de l'Ancien Testament.
Chap. 29. Le tableau d'une vie heureuse.
Chap. 33. Comment Dieu parle (v. 14-30).
Chap. 42.1-6. La clé du livre de Job.
Chap. 42.7-17. Le retour à la prospérité.

De tous les livres de la Bible, aucun n'est plus populaire, ni lu davantage. Les hommes de tous les temps y ont retrouvé leurs propres détresses, leurs peines, leurs craintes et aussi leurs joies.

- Les Juifs en avaient fait le livre de cantiques du second temple, au retour de la captivité.

- Les moines n'ont cessé de les réciter dans la solitude de leurs couvents.

- Les Huguenots opprimés, traqués, persécutés les chantaient dans les grottes, les prisons, jusque sur le bûcher.

- Luther appelait le psautier une Bible en miniature, et saint Athanase y voyait un Épitome, un abrégé de l'Écriture.

- Aucun livre ne porte davantage à la prière. La note dominante est l'adoration. Les psaumes commencent généralement par la crainte, le découragement, la douleur, pour finir dans la confiance.

- La difficulté n'est pas d'amener les chrétiens à les lire, mais d'apprendre à les connaître. Une tâche utile serait de donner un titre à chacun d'eux.

- Essayons de mettre en lumière quelques-uns des plus connus..

1. Sept psaumes classiques.

- Le Ps. premier. Le juste et le méchant. Sorte d'introduction au recueil. Merveilleuse préface qui renferme deux tableaux vivants.

- Psaume 23. Le psaume du berger, le favori de l'enfance et de la vieillesse. On y suit la journée du berger. Le matin (v. 1-2), midi (v. 3). L'après-dîner (v. 3). Le soir (v. 4-5).

- Psaume 46. Le choral de Luther. Le Réformateur le chantait chaque matin à sa fenêtre durant la diète d'Augsbourg.

- Psaume 91. Le psaume du soldat, avec les merveilleuses promesses qu'il faut étendre jusqu'au salut éternel.

- Psaume 103. Le ps. de l'amour de Dieu. C'est la prière d'actions de grâces que l'on répète depuis des siècles dans les fêtes de famille.

- Psaume 119. Le ps. de la Parole de Dieu. Le plus long des psaumes dont tous les versets, sauf le 122, mentionnent la loi de Dieu, ses commandements et ses ordonnances.

- Psaume 130. Le De Profundis, chanté pour les morts. Félix Bovet le considérait comme le point culminant du sentiment religieux dans les psaumes.

2. Sept psaumes de pénitence.

Les Pères de l'Église ont rangé sous la rubrique: Psaumes pénitentiaux, 7 psaumes disséminés à travers le recueil. Ils constituent un admirable guide pour l'âme tourmentée par le sentiment du péché:

- Psaume 6. La crainte du châtiment: Ne me punis pas dans ta colère.

- Psaume 38. Le poids du pêché. Mes iniquités m'oppressent comme un lourd fardeau.

- Psaume 51. Le psaume classique de la repentance, le Miserere de l'Église catholique. Avec le triple aveu: j'ai péché, j'ai fait ce qui est mal, je suis né dans l'iniquité. Et la triple prière: Efface, lave, purifie!

- Psaume 32. Le psaume du pardon que Luther qualifiait de paulinien.

- Psaume 102. La repentance du peuple en exil.

- Psaume 130. Le De profundis.

- Psaume 143. Les troubles du croyant.

3. Cinq psaumes messianiques.

Il ne faut pas chercher dans les psaumes des prophéties claires, précises, irréfutables de la venue de Jésus-Christ. Les poètes inspirés par l'Esprit ont souvent proféré des paroles dont ils ne saisissaient pas toute la portée. Cependant on y découvre des traits, des coups de pinceau dans lesquels Juifs et chrétiens ont reconnu le Messie.

- Psaume 2. Le complot contre le Fils.

- Psaume 22. La croix, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?

- Psaume 45. Tout pour le Roi. Le plus beau des fils des hommes.

- Psaume 69. Le psaume de la Passion.

- Psaume 110. Le roi sacrificateur.

4. Les Cantiques des Pèlerinages (Ps. 120-134), chantés par les Israélites au cours de leurs voyages vers la ville sainte, à l'occasion des grandes fêtes.

- Le psaume 120 était chanté avant le départ.

- Le psaume 121 était le ps. du voyage.

- Le psaume 122 l'arrivée à Jérusalem.

- Le psaume 123 la prière dans le temple.

- Psaume 124 et 125 récités sur la terrasse du temple.

Les psaumes suivants étaient chantés à certains moments de la fête.

- Psaume 126 commémore le retour de la captivité.

- Psaumes 127 et 128, psaumes domestiques, étaient chantés le soir en famille, sous la tente.

- Le psaume 134 était le psaume du départ.

 

5. Psaumes des Alléluias (1).

Le recueil des psaumes commence par le mot heureux et finit par celui de louange. Il se développe au travers de la pénitence, de la perplexité, de l'angoisse, pour retomber et abonder dans l'alléluia triomphant.

- Les psaumes 107 à 150 portent le nom de livre des Alléluias. C'était le livre des solennités postexiliques.

- Les psaumes 113 à 118 composaient le grand Hallel chanté aux fêtes de Pâques. Deux avant, deux après chaque repas.

- Les psaumes 146 à 150 constituaient le petit Hallel chanté tous les matins par les Lévites après la captivité.

6. Quelques psaumes célèbres.

On ne peut tout citer. Le psautier est un recueil d'une grande richesse. Chacun fait son choix, d'après ses préférences. Indiquons cependant:

Les ps. 3 et 4 prières du matin et du soir.

Le ps. 27 récité par Colomban sur son lit de mort. Le ps. 30 les pleurs et l'allégresse.

Le ps. 33 ps. de louange.

Le ps. 37 les sept promesses.

Le ps. 78 les leçons de l'histoire.

Le ps. 107 le psaume des rachetés.

« Nous ne trouverons meilleures chansons pour louer Dieu, disait Calvin, que les psaumes de David, lesquels le Saint-Esprit a dictés et faits, comme si Dieu chantait en nous pour exalter sa gloire. »

7. Psaumes des mourants. On lit dans J. et J. Tharaud, L'Ombre de la Croix: «Aux vieillards, il conseillait de faire dire Tehilim, les psaumes qu'on récite au chevet des mourants.»

Un rabbin interrogé à ce sujet nous a donné une liste assez longue de ces psaumes, dont voici les principaux: Ps. 6. Crainte du châtiment. - 16. L'Éternel est ma part. - 18. Les liens de la mort. - 23. L'Éternel est mon berger. - 25. Prière d'un affligé. - 31. Je remets mon esprit. - 39. Brièveté de la vie. - 55. Les terreurs de la mort. - 86. Seigneur, tu es bon, tu pardonnes. - 90. Cantique de Moïse. - 116. Les liens de la mort. - 143. Psaume de pénitence.

8. Les psaumes des Huguenots.

On sait le rôle joué par le psautier chez les Huguenots de France. Le petit recueil ne les abandonnait pas. Ils y puisaient leur force et leur consolation. Citons notamment:

- Le Ps. 68 ou le psaume des Batailles. Que Dieu se montre seulement.

- Le Ps. 79, ps. de la persécution, chanté par les 14 martyrs de Meaux, brûlés à Paris, place de Grève, en 1523.

- Ps. 118 ou le psaume des martyrs, en,tonné sur les bûchers: Rendez à Dieu l'honneur suprême. La voici l'heureuse journée.

- Ps. 138, le ps. de, l'assemblée : Il faut grand Dieu que de mon coeur.

Pour conclure, retenons ce mot de saint Ambroise: « Quiconque possède ses cinq sens et ne commence pas la journée par la lecture d'un psaume devrait être couvert de honte, puisque les petits oiseaux eux-mêmes chantent dans la dévotion la fin et le commencement du jour. »

1. On ne saurait trop admirer la variété des Écritures. Après les prières des psalmistes, les réflexions philosophiques du livre de Job et la chronique des rois, voici un petit livre d'une étonnante valeur.

On devrait offrir aux jeunes gens un exemplaire des Proverbes. Orné de belles illustrations, il devrait, plus que les Fables de La Fontaine ou les revues du jour, occuper une place de choix dans leur bibliothèque.
Rien de plus actuel qu'un tel livre. Rien de plus saisissant. Il parle au coeur et à la conscience.

2. Dès le début un prologue laïc. Aucun terme religieux qui pourrait écarter l'esprit sceptique. Aucune mention de culte, de sacrifice, de prière (1. 1-6).
Pourtant, voici un portique solennel: La crainte de l'Éternel est le commencement de la sagesse (1. 7).
Puis l'auteur entre aussitôt en matière Le père parle à son fils et le met en garde contre les séductions des pécheurs et leurs embûches (1.10-19).
Le père, ensuite, dresse devant son fils un double tableau: d'une part, la folie des plaisirs et des lieux bruyants (chap. 1. 20-33). D'autre part, le chemin du bonheur qu'il faut chercher comme l'argent et poursuivre comme un trésor (chap. 2, 3 et 4).
Les chapitres 5 et 6 décrivent en termes orientaux les séductions de l'étrangère. Le chapitre 7 sur la prostituée n'a rien perdu de son actualité.
Le chapitre 9 résume en un langage vivant le double appel de la sagesse et de la folie.

3. Les chapitres suivants renferment de courtes sentences, des maximes, que l'on ne saurait oublier:

- La mémoire du juste est en bénédiction, 10.7.

- C'est la bénédiction de l'Éternel qui enrichit, 10.22.

- Le sage s'empare des âmes, 11. 30.

- Le malheur poursuit celui qui pèche, mais le bonheur récompense les justes.

- Le coeur content est un festin perpétuel, 15.15.

- Le sentier de la vie mène en haut, 15.24.

Il faut lire ce livre la plume à la main et souligner les textes. Ce sont plus que des textes, ce sont des perles, des trésors. On y trouve des conseils sur toutes les circonstances de la vie: l'oisiveté, l'intempérance, la dissipation, le vin qui fait des perles dans la coupe, la paresse qui fait porter des haillons, la richesse qui fuit avec des ailes.

4. Le livre se termine par l'admirable tableau de la femme vertueuse, honorée par ses fils, louée par son mari (ch. 31).
Peu de livres de l'Ancien Testament renferment une philosophie morale plus encourageante et plus utile.

5. Le livre s'intitule Proverbes de Salomon, fils de David.
Bien que certains commentateurs fixent l'origine de ce livre à une époque plus récente, de bonnes raisons permettent de l'attribuer à Salomon, dont il est dit qu'il ne composa pas moins de 3000 sentences et de 1500 cantiques (1 Rois 4.29-34).

1. L'admission de l'Ecclésiaste dans le Canon biblique a été longtemps contestée. On reprochait à ce livre ses tendances matérialistes et fatalistes. N'exprimait-il pas des sentiments dangereux, propres à scandaliser les faibles?
Renan l'a caractérisé: «un petit écrit de Voltaire égaré parmi les in-folio d'une bibliothèque de théologie».
Ce n'est qu'en l'an 90 de l'ère chrétienne que les 72 rabbins du synode de Jabné le déclarèrent digne de figurer dans le recueil sacré.

2. L'auteur se nomme fils de David et roi de Jérusalem. Pour des raisons de style et de composition, certains théologiens placent la composition de ce livre vers le 4me siècle avant J.-C.
D'autre part, cet ouvrage porte d'une façon si évidente le sceau du roi Salomon, qu'il paraît normal de lui en attribuer l'origine, ainsi que le veut la tradition juive. Mais il s'agit du roi dans sa vieillesse, alors que son coeur n'était plus tout entier à l'Éternel (1 Rois 11. 3-6).

3. L'ouvrage aborde successivement tous les doutes. Il constate la vanité de toutes choses, la poursuite futile du bonheur, le triomphe des méchants. Il adopte momentanément des solutions franchement Pessimistes: «J'ai haï la vie, j'en suis venu à livrer mon coeur au désespoir» (2), si bien que l'on croit avoir affaire à un sceptique.
Il ne redoute pas davantage les conclusions faciles de l'épicurisme. «Va mange avec joie ton pain et bois gaiement ton vin. Jouis de la vie avec la femme que tu aimes. Il n'y a de bonheur pour l'homme qu'à manger et à boire et à se réjouir! » (3)
Mais voici qu'«au moment où l'on croirait que l'auteur va s'enfoncer dans le pur matérialisme, il se relève tout à coup avec un accent élevé».

4. En définitive, on s'aperçoit que l'auteur est un croyant convaincu. Après avoir donné cours aux arguments subtils du monde, il se ressaisit et proclame la vraie foi.

Dieu apparaît constamment au cours de ces 12 chapitres. Dieu agit. Dieu donne la richesse. Il domine toutes choses. Il faut le craindre et se souvenir de lui.

Finalement, tout aboutit au jugement dernier, car «il y a pour toutes choses un temps et un jugement» (4). «Jeune homme, réjouis-toi dans ta jeunesse, livre ton coeur à la joie, mais sache que pour tout cela Dieu t'appellera en jugement» (5) «Et voici la fin du discours: crains Dieu et observe ses commandements. C'est là ce que doit tout homme» (6)

5. Le livre est émaillé de petites sentences pleines de sagesse dans lesquelles on retrouve l'auteur des Proverbes, et qui sont souvent citées :
- Voe soli, malheur à ce qui est seul! (7) - La corde à trois fils ne se rompt pas facilement (8). - Celui qui aime l'argent n'est pas rassasié par l'argent (9). - Au jour du bonheur, sois heureux. Au jour du malheur, réfléchis! (10) - Tout ce que ta main trouve à faire avec ta force, fais-le! (11) - Un seul pécheur détruit beaucoup de bien (12).

Il faut méditer spécialement le chap. 11 : jette ton pain sur la face des eaux, et le chap. 12 : souviens-toi de ton créateur. Ce sont de véritables chefs-d'oeuvre qui méritent d'être appris par coeur.

Citons en terminant cette parole de Renan qui aime l'Ecclésiaste, et le proclame: « un livre si profondément moderne».