Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Parcours féminins



SECOND ENTRETIEN

 Il était plus de cinq heures du soir quand, le dimanche suivant, les jeunes amies de Mme Vivien se réunirent chez elle.

- Jeunes filles, leur dit Anne-Laure d'une voix émue, voici notre dernier moment ensemble. J'ai essayé de vous guider dans le choix d'un époux, maintenant discutons comme si, mariées depuis peu de temps, vous veniez chercher quelques conseils auprès de moi. D'abord, j'espère que votre mariage a été modeste, qu'on ne vous a pas vu dépenser en cérémonie, en robe, en achats de toutes sortes et en voyage de noces plus qu'il n'en fallait. Et surtout, j'ose espérer que vous n'avez pas dépassé ce que vous pouviez payer à deux. Commencer avec des crédits 18 pour ces choses serait déjà un mauvais départ, en plus de vous donner l'impression que l'on peut toujours s'en sortir avec des prêts.

Les jeunes filles sourirent, une fois de plus à l'écoute des propos de Mme Vivien, paroles d'un autre âge au jugement de l'une ou l'autre d'entres elles.

- Il me souvient, poursuivit Anne-Laure, des noces d'un jeune homme et d'une jeune fille qui avaient de bonnes qualités, qui s'aimaient, mais qui aimaient encore plus la vanité et les plaisirs. Marie, après cinq ans de travail, possédait une certaine somme en guise d'économies. Jacques, ouvrier maçon, avait amassé de son côté quelque argent. Leur union décidée, ils ne s'occupèrent plus que des emplettes nécessaires à leur entrée en ménage.

Marie, un peu fière, ne trouvait jamais que son linge de maison fût assez beau, que ses meubles fussent assez soignés, que ses vêtements fussent assez nombreux. Ceci manquait dans sa cuisine, cela dans sa chambre, et toujours l'on retournait au centre commercial et dans d'autres magasins.

Jacques, imprévoyant, faible de caractère, laissait faire sa fiancée. Lorsque tout fut acheté, la plus grande partie des économies des futurs mariés avait disparu. Mais le jour de la cérémonie arrivait, il fallait bien faire admirer ses richesses, on s'attendait à de belles noces. Qu'auraient dit les compagnes de la mariée, les amis de l'époux, tout le village, si après tant d'achats qui annonçaient l'opulence, le mariage s'était fait sans bruit, sans faste ?

Jacques aurait pris son parti d'une telle humiliation, mais Marie ne pouvait supporter cette idée. Alors, ils se dirent qu'avec un peu de travail, qu'avec beaucoup d'ordre, ils regagneraient vite l'argent dépensé. Ils firent des invitations, convoquèrent le traiteur pour commander un repas somptueux, réservèrent la plus belle salle de la région, et même un orchestre. Le jour du mariage, on dansa, on mangea, on s'amusa. Et dans ces moments si solennels où deux époux devraient se recueillir, prier Dieu de bénir leur union, prendre sous ses yeux des résolutions sérieuses, on se livra à toute la folie des plaisirs les plus bruyants et les plus frivoles. Ce jour d'ivresse passé, les nouveaux mariés se retrouvèrent seuls, en face des dettes qu'ils avaient voulu contracter pour soutenir jusqu'au bout le rôle du ménage opulent à qui rien ne manque. Supportant mal leur nouvelle situation précaire, mal disposés l'un envers l'autre, ils s'adressèrent des reproches qui furent mal reçus; les bouderies, les querelles suivirent. Plus tard arrivèrent des enfants; le travail suffisait à peine à la nourriture de chaque jour, les dettes restaient. Las d'attendre, les créanciers firent un beau matin saisir le mobilier et les bibelots, causes de tant de misères. Les souffrances de la pauvreté furent accueillies sans résignation, car ce mauvais commencement avait tout gâté, et ni l'affection ni la paix ne rentrèrent dans ce ménage, d'où les avait chassées le désir insensé de briller aux yeux des voisins. Tout cela est le résultat de leur vanité, qui n'est qu'apparences et jalousies à l'égard des voisins.

Jeunes filles, veillez et priez dès le commencement de la vie conjugale.

Les débuts ont une grande importance.

Si, dès le premier jour, plaçant votre union sous la protection du Seigneur, vous étudiez la Bible, vous invoquez le Père céleste avec un époux, tout ira bien. Si, au contraire, vous pensez pouvoir vous passer des secours que Dieu vous donne par le moyen de sa Parole; si vous renvoyez à demain, et à demain encore, pour sonder les Écritures avec votre mari, pour unir vos coeurs dans la prière, tout ira mal. Vos défauts et ceux de votre mari briseront bientôt leur enveloppe, sous laquelle ils se dissimulaient durant les fiançailles, et comme ni l'un ni l'autre vous ne chercherez la sanctification vers celui qui la donne, vos mauvaises dispositions s'accroîtront au lieu de s'effacer. Elles amèneront le désordre, l'éloignement et infailliblement le malheur.

- Comment forcer un homme à lire, à prier tous les jours avec sa femme ? demanda Justine. Vous savez comment sont les garçons lorsqu'on leur parle de la Bible. Beaucoup disent que c'est pour les femmes, ces choses là.

- Oh ! Justine, j'espère que tu n'as pas épousé un homme « comme sont ces garçons », c'est-à-dire, si je te comprends bien, un homme indifférent, léger ou incrédule ! Cependant, admettons que tu aies fait cette erreur. Ton mari se soucie fort peu des choses du ciel, il ne s'inquiète en aucune façon de l'avenir de son âme. Il nourrit de fausses idées, telles que travailler c'est prier; que les femmes sont trop sensibles à ces choses; qu'en fin de compte, s'il y a réellement un enfer et un paradis, le premier ne renfermera que les monstres tandis que le second accueillera presque tout le monde. Quoi ! Justine, tu connais son état spirituel, tu en connais le danger pour son âme, et tu te tairais ! Tu prendrais ton parti de voir ton époux se perdre pour toujours ! Tu t'accommoderais d'une vie passée tout entière partagée entre le Seigneur et ton mari qui ne veut rien entendre à ta foi ! Tu t'établirais à ton aise dans la passivité et la permissivité, pour avoir la paix dans ton couple !

- Non, murmura Justine; j'essaierais... je m'efforcerais mais ...

- Mais sans avoir l'espérance de réussir, n'est-ce pas, Justine ?

La jeune fille se tut.

- Je ne sais en effet si tu réussirais, mais ce que je sais bien, c'est que ton devoir le plus pressant serait de tout tenter pour amener ton mari à la vérité évangélique. Ce que je sais encore, c'est que, sans une grande foi en la fidélité de Jésus qui bénit de tels efforts, tu n'aurais ni zèle, ni persévérance, ni charité.

- Oh ! Moi ! s'écria Melissa, si j'étais assez malheureuse pour me trouver unie à un mari sans religion, je ne goûterais aucun bonheur, aucune paix jusqu'à ce que son coeur fût changé. Je ne négligerais rien pour le convertir; le matin, le soir, je serais près de lui avec ma Bible, je le supplierais de l'ouvrir, je le fatiguerais peut-être, mais je vaincrais !

- Tu le fatiguerais, chère Melissa, c'est certain, quant à le vaincre c'est moins sûr. Mes amies, c'est ici un des plus dangereux écueils du zèle chrétien. Oui, il faut que le désir d'attirer un époux à Christ brûle notre coeur, mais il ne faut pas que ce désir nous incite à tyranniser, à tourmenter notre mari. Il ne faut pas surtout qu'il nous fasse oublier les plus évidentes règles de la soumission conjugale, de la douceur, de la prudence évangéliques.

Votre mari ne veut pas prier avec vous, il s'obstine à laisser sa Bible fermée. Eh bien, priez pour lui ! Que votre humble soumission et votre affection lui montrent les effets de cette Parole de Dieu qu'il méprise ! De temps à autre, lorsqu'il est heureusement disposé, dites-lui quelques-unes des admirables promesses que contiennent les Saintes Écritures; racontez-lui quelques-unes des instructives histoires qu'elles renferment; s'il le permet, lisez-lui un verset ou deux, mais n'imposez pas votre foi. La faire aimer, voilà tout votre droit, tout votre devoir.

- C'est clair ! dit Patricia, on peut suivre sa religion sans étudier la Bible du matin au soir. On n'a pas besoin de passer des heures à genoux pour vivre dans la présence de Dieu.

- Non, répliqua Anne-Laure, profondément attristée par l'endurcissement de Patricia, non, il n'est pas nécessaire de lire la Bible du matin au soir ou de passer des heures à genoux pour apprendre à connaître Dieu, à le servir. Mais vous savez que le Seigneur Jésus nous a invités à sonder les Écritures. Et il ne l'a pas dit pour rien. Il a dit : « Veillez et priez », et cet ordre signifie quelque chose. On trouve la pensée du Seigneur dans sa Parole, c'est donc dans sa Parole qu'il la faut chercher. On obtient ses secours par la prière, c'est donc la prière qu'il faut employer pour les demander. Renoncer à se servir des moyens qu'il nous indique lui-même, c'est renoncer à recevoir ses grâces.

Quelle responsabilité pèse sur l'épouse, mes chères amies! Par son influence elle peut écarter son mari du Seigneur; par son influence elle peut l'amener à Dieu.

- Oh ! Est-ce qu'elle le peut vraiment ? demanda Zoé avec l'accent du doute. Je n'ai, pour ma part, jamais vu de femmes qui agissent vraiment sur l'esprit d'un mari. Les hommes s'occupent si rarement de ce que leurs femmes pensent ou disent. Ils les écoutent à peine, et n'en font qu'à leur tête. C'est pourquoi on leur rend parfois la vie dure, et pour moi, je crois que c'est ce qu'on a de mieux à faire.

- Et moi, Zoé, je pense que c'est ton coeur qui te donne un mauvais conseil. Ce n'est pas avec ce genre de petites vengeances que l'on consolide un couple. Une épouse pieuse parle, et ses paroles, si elles sont prononcées dans un esprit de douceur, finissent un jour par atteindre le coeur de son mari. Plusieurs, au contraire, blessent leur époux par leurs paroles, et les expressions d'une femme en colère réveillent les passions violentes de son conjoint. Une chrétienne fidèle, si elle ne convertit pas le coeur de son mari, au moins elle ne l'endurcit pas, elle lui inspire du respect pour l'évangile. Tandis que celles qui se laissent emporter par des dures réflexions ou par de méchantes mesquineries finissent par récolter ce qu'elles ont semé; la discorde.

Il est commode de se dire qu'on ne peut pas agir sur son mari, mais cela n'est pas vrai. Pour travailler au bien de son mariage, il ne faut pas seulement aimer le Seigneur, il faut encore aimer l'époux qu'il nous a donné.

- Cela n'est pas difficile ! s'écria Justine avec sa promptitude ordinaire.

- Oui, s'il est aimable, mais s'il ne l'est pas ? Si aux illusions qu'on se faisait sur son compte succède la vue très nette de défauts qui nous sont insupportables ? S'il est brusque, s'il est contredisant, s'il est despote, s'il vous cause de vifs chagrins par son égoïsme ?

- Alors, jamais ! s'écria Zoé. Non ! reprit-elle, jamais je n'aimerai un homme qui n'aura pour moi ni respect ni affection, un homme qui ne me rendra pas heureuse !

- Que fais-tu de cet ordre du Seigneur : « Aimez vos ennemis » ?

- Mais le Seigneur parle ici du prochain, et puis un mari n'est pas un ennemi ! répliqua Zoé.

- En es-tu sûr ? Il peut le devenir. Et puis, dans tous les cas, votre mari est aussi votre prochain.

Les jeunes filles se mirent à rire.

- Ne riez pas. Cela peut malheureusement arriver, reprit Anne-Laure. Zoé a dit tout haut ce que pensent tout bas beaucoup de femmes. Il y en a même plusieurs qui, après d'heureuses années, souffrent auprès d'un mari violent ou très opposé à leur foi.

L'amour que prescrit la Parole de Dieu n'est pas un amour comme les autres, c'est un amour désintéressé. Cet amour-là, Dieu vous le donnera si vous le lui demandez. Il vous soutiendra en dépit des mauvais procédés d'un mari. Si vous êtes vraiment chrétiennes, plus vous le verrez pécheur, plus vous éprouverez le besoin de prier pour lui. Les sacrifices mêmes que vous imposeront ses défauts ne vous paraîtront pas trop cruels, parce que c'est à Christ que vous les offrirez.

Avec l'amour doit marcher l'obéissance. Et ce n'est pas facile ! Obéir à un mari qu'on aime n'est pas toujours si facile qu'on le pense, surtout quand l'amour propre, quand le caprice, quand l'entêtement se mettent en travers de sa volonté, et ils s'y mettent souvent. Mais obéir à un mari fâcheux, exigeant, obéir à un mari qu'on aime peu, voilà qui est bien difficile, et pourtant bien nécessaire.

- Il me semble que dans le mariage, dit Patricia, chacun doit obéir à son tour.

- La Bible affirme le contraire. Tenez, voyez vous-même: «Ton désir sera tourné vers ton mari, et il dominera sur toi » (Genèse 3 :16), et ici : «Femmes, soyez soumises à vos propres maris comme au Seigneur » (Ephésiens 5 :22).

- Obéir ! reprit à son tour Zoé, d'un ton hautain, mais si j'ai raison et si mon mari a tort ?

- D'abord, il faut que la chose soit bien prouvée; qu'elle le soit, non pas au jugement de ta passion du moment, mais qu'elle le soit au jugement de ta conscience. Et puis il faut encore savoir si l'obéissance envers ton mari, quand même il a tort, entraîne la désobéissance envers Dieu, ou si elle ne blesse que ton amour-propre; dans ce dernier cas, ma chère amie, soumets-toi.

- Et dans le premier ?

- Dans le premier, la résistance est un devoir, mais il y faut une humilité, une mesure, une douceur plus malaisées, crois-moi, à obtenir de notre coeur que la soumission toute simple.

- Je vous le répète, continua Anne-Laure, cherchez le Seigneur, fuyez tout ce qui pourrait vous familiariser avec le vice, et Dieu vous gardera d'un mauvais mari. Au contraire, il vous accordera un époux bienveillant qui vous aimera comme Christ a aimé l'église. Il se donnera pour vous, et il vous sera alors facile de lui être soumise.

Je vous remets entre les mains du Père céleste; qu'il vous protège. Melissa, ne t'endors pas sur l'oreiller de la grâce de Christ. Zoé, méfie-toi de l'orgueil. Justine, prends garde à la légèreté. Et toi, Patricia - ici Mme Vivien prit les deux mains de la seule jeune fille dont les yeux restèrent secs - n'irais-tu pas à Jésus pour avoir la vie éternelle ?

Patricia baissa la tête.

- Adieu, dit Anne-Laure, après un instant de silence, en serrant les quatre jeunes filles dans ses bras. Adieu, je prierai pour vous, mes jeunes amies. Vous aussi, priez pour moi; je suis faible, je tombe souvent en faute, et bien que j'aie fait avec vous la prêcheuse, j'ai besoin comme vous des secours journaliers du Saint Esprit. Qu'il nous les accorde à toutes. Mon plus vif souhait est de vous retrouver dans le futur comme de fidèles chrétiennes, peut-être de pieuses épouses et de bonnes mères. Et si je ne devais pas vous revoir sur cette terre, oh ! que pas une de vous ne manque à l'appel lorsque le Sauveur viendra rechercher les siens!

Les jeunes filles, la larme à l'oeil, quittèrent Mme Vivien. Patricia essaya de prononcer quelques mots indifférents ou gais, mais personne ne lui répondit, et chacune emporta silencieusement dans son coeur les sérieuses impressions de cette soirée.


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