SPLENDEUR DE DIEU
II
LE MAILLET DE FER
Le capitaine du Georgiana avait
résolu le problème du transfert
d'Anne du bateau à la maison. Aucun
véhicule à roues n'avait le droit de
circuler dans les rues de Rangoon et, d'autre part,
là faiblesse d'Anne lui interdisait de faire
le trajet à dos de poney. Le capitaine
prêta donc un fauteuil dans lequel quatre
marins la menèrent à terre, puis la
portèrent jusqu'à la maison. Adoniram
se réjouit de voir tomber la pluie durant le
trajet. Il put ainsi tenir un parapluie ouvert
entre Anne et l'affreuse vision.
Ma Carey les accueillit au portail,
souriante, gloussant de joie. Elle avait mis une
petite veste blanche, son tamein (jupe) rayé
et un hibiscus rouge dans ses cheveux. Elle
conduisit les hommes avec autorité
jusqu'à la chambre d'Anne.
Quand Adoniram rentra, après
avoir payé les marins, il trouva Ma Carey en
train d'aider Anne à se dévêtir
; elle s'émerveillait en découvrant
le linge, cette chose inconnue.
Il s'arrêta à la porte,
sourit à la scène touchante; puis
sortit pour inspecter les lieux.
La maison comptait cinq chambres aux
parois de nattes et sans plafond. De minuscules
lézards sortaient furtivement des fentes du
plancher en bois de teck et grimpaient le long des
murs jusqu'aux poutres où pendaient des
guirlandes de chauve-souris.
À part le lit des Judson, une
table et une chaise dans la
chambre de la boîte-fourneau composaient tout
l'ameublement de la maison. Quelques pots de terre,
des bols et des plateaux de laque rouge et noire
étaient rangés derrière le
fourneau ; près de la porte, une grande
cruche pour l'eau. De fort belles nattes, les unes
étendues sur le sol, les autres
roulées contre les murs, témoignaient
du goût de Félix Carey pour la vie
indigène.
Adoniram fit le tour de la galerie
qui entourait la maison. La pluie s'étant
arrêtée, il descendit dans le jardin.
Partout de très beaux arbres. Au fond, un
potager mal entretenu eût tout de même
suffi à nourrir la moitié des
habitants de Plymouth, la ville natale d'Adoniram.
Il ne reconnaissait parmi les légumes que
les pommes de terre, les oignons et les
poivriers.
La jungle poussait son foisonnement
jusqu'aux barrières du jardin. Au nord, la
grande pagode luisait, admirable. Du
côté du sud des manguiers et des
palmiers étouffaient sous les lianes.
Adoniram entendait grogner des porcs. Il
écarta l'épaisse
végétation et regarda par-dessus la
palissade : ils fouinaient dans un enclos qui
devait être le dépôt des ordures
de la ville. Dans l'angle opposé, une
douzaine de cadavres aux attitudes torturées
et en état de putréfaction plus ou
moins avancé gisaient dans le plus grand
désordre. Adoniram se força, une
minute entière, à fixer cette
horreur. Il fallait absolument qu'il parvînt
à maîtriser son dégoût,
si telle était la façon dont les
Birmans considéraient la mort et le corps
humain.
Un énorme vautour se laissa
choir au milieu des porcs avec un grand battement
d'ailes. Adoniram se détourna en frissonnant
de l'immonde spectacle.
Anne était ravie de sa maison
et, de cette nouvelle amie. Il avait
été convenu entre elles - on ne sait
trop par quel moyen - que Ma Carey
préparerait les repas a l'indigène,
jusqu'au moment où Anne aurait
recouvré assez de forces et où elle
connaîtrait suffisamment les et les mots du
pays. Ils dînèrent donc de riz et de
poisson, accommodés au curry et aux mangues
et servis dans les bols de laque rouge. Pendant le
repas, ils discutèrent le plan de leur
programme immédiat.
Évidemment, tout serait
subordonné à la connaissance de la
langue. Avant tout, un bon professeur s'imposait.
Le repas terminé, Adoniram retourna chez M.
Lanciego. Il le trouva en âpre discussion
avec le capitaine du Georgiana, dans le
bâtiment des douanes, une construction
vermoulue près de la porte du sud.
C'était, semblait-il, l'habitude du
collecteur de confisquer le gouvernail de chacun
des bateaux qui jetaient l'ancre a Rangoon,
jusqu'à ce que certaines taxes, de nature
plus ou moins personnelles, lui eussent
été payées. Le capitaine ne
ménageait pas ses expressions au sujet du
goût marque de M. Lanciego pour les beaux
cadeaux. De son côté, le collecteur
s'exclamait sur l'avarice des Anglais, bien plus
grande encore que celle des Arméniens. Mais,
cinq minutes après, la discussion
était close et Lanciego, se retournant vers
Adoniram, lui dit :
- Veuillez m'accompagner jusque chez
moi, nous parlerons plus tranquillement. La
complication de toutes ces affaires est
usante.
Plein de tact, Adoniram ne fit pas
remarquer que le bâtiment des douanes et
l'entrepôt qui se trouvait à
l'arrière étaient parfaitement
déserts, à l'exception du capitaine
du Georgiana qui regagnait son bord. Pendant tout
le trajet, on parla des maigres chances qu'il y
avait de trouver à Rangoon quelques meubles
européens.. Lanciego se fit fort de procurer
aux Judson ce dont ils avaient besoin, pourvu que
leurs goûts furent simples ; il devint
même très aimable à la
perspective d'un petit trafic. Adoniram posa alors
sa seconde question.
- Un professeur ?
répéta Lanciego pensif.
Il s'assit et commanda du
thé.
- Ce sera bien plus difficile
à trouver que des meubles, et les meubles
sont aussi rares, dans ce pays, que les jolies
femmes. Beaucoup de gens à Rangoon lisent et
écrivent leur langue ; mais aucun d'eux ne
sait un mot de français ni d'anglais. Les
moines sont les seuls professeurs et,
naturellement, ils ne peuvent pas plus enseigner un
hérétique qu'un serpent ! Seul, un
moine renégat pourrait faire votre affaire.
Il y a parmi eux de
véritables érudits, pour qui les
voeux sont une trop sévère
discipline.
- Quels sont ces voeux ? demanda
Adoniram.
- C'est le voeu de continence qui
leur est le plus pénible, ricana
Lanciego.
Adoniram rougit.
- Il y a bien Maung Shway-gnong,
poursuivit l'Espagnol, réfléchissant
à voix haute. Il vivait dans un
monastère près de Prome, en amont,
jusqu'au moment où, il y a dix ans, il l'a
quitté pour se marier. Son oncle a
été vice-roi à Rangoon. Le mot
birman. pour « vice-roi » signifie «
mangeur ». Cela convient très
exactement à la fonction : le vice-roi
dévore tout ce qu'il peut tirer de son
peuple. J'ai entendu dire que Maung Shway-gnong
possède au plus haut point le talent
familial du « mangeur ». Mais il n'a pas
pu obtenir de poste plus élevé que
celui de percepteur. Les gens de Rangoon ont pour
lui le plus grand respect, car il expose avec art
la doctrine de Bouddha. Il s'assied. souvent dans
un zayat pour expliquer la loi aux passants. je
crois bien. qu'il accepterait d'être votre
professeur, Monsieur Judson.
- Votre description ne le rend pas
particulièrement sympathique, murmura
Adoniram.
- Vous n'avez pas le droit
d'être difficile, répartit abruptement
Lanciego. Vous n'êtes qu'un enfant et pas
plus qu'une fille qui sort du couvent, vous ne vous
rendez compte de ce qui vous attend. Supposons que,
par miracle, vous parveniez à faire quelques
conversions par votre charme personnel. Admettons
que vous ameniez un indigène au
christianisme, savez-vous que dès que les
autorités en entendront parler, ils le
tortureront jusqu'à sa mort ? Vous pouvez
vous faire une idée de ce qu'est la torture
dans ce pays, par le dépôt tout proche
de votre maison.
Adoniram haletait.
- Mais ce n'est pas possible, ce
n'est pas vrai, n'est-ce pas?
- Croyez-vous que je mente, Monsieur
Judson! Vous ignorez tout de ce pays. Il y a
quelques années, un prêtre portugais
est venu ici, persuadé qu'il
parviendrait à vaincre
Bouddha. Il envoya à Rome un indigène
fort intelligent, un ancien moine, dont on fit un
bon catholique. Dès qu'il revint en terre
birmane, il fut dénoncé par son
propre neveu. Le roi ordonna qu'il fût
torturé jusqu'à ce qu'il se
rétractât. On le fouetta de la plante
des pieds à la poitrine ; mais comme
à chaque coup le malheureux hurlait : «
Christ », le roi, qui le croyait fou, ordonna
qu'il fût envoyé dans la jungle. C'est
là que le prêtre le retrouva,
demi-mort, avant qu'il ne fût devenu la proie
des tigres et des porcs. Il repartit peu de temps
après pour Rome. Tel a été le
dernier effort de prosélytisme catholique !
D'autre part, je tiens à vous signaler que
le neveu qui envoya son oncle à la torture
est actuellement le plus haut fonctionnaire du
royaume, immédiatement en-dessous de la
« Présence dorée » du
roi.
Adoniram se mordait le pouce, en
contemplant, dans le bazar tout proche, les adeptes
de Bouddha, occupés à marchander des
fruits, sous des parapluies ruisselants.
Pouvait-il, lui, Adoniram Judson,
envoyer des gens à la torture? Que ferait le
Christ lui-même dans ce pays? Il essuya la
sueur qui coulait sur son front. Soudain il
aperçut un sourire ironique qui se dessinait
sur la figure de l'Espagnol.
Il redressa la tête et dit
fortement:
- Dieu m'a envoyé ici, je ne
puis faire que ce qu'Il jugera bon de
m'ordonner.
- Ce doit être bien
précieux de connaître les intentions
du Tout-Puissant, grogna Lanciego. De toutes
façons, tant que vous ignorez la langue du
pays, Bouddha ne court aucun danger d'être
supplanté par Christ. Je vous enverrai Maung
Shway-gnong. Remarquez, Monsieur, que je ne vous
garantis que ses connaissances. Il pourrait
être un nouveau neveu prêt à
vous dénoncer au roi.
- J'en ferai un chrétien,
affirma résolument Adoniram.
Le collecteur eut un nouveau
sourire, sardonique.
Adoniram se levait. Il prit
congé avec dignité : il était
jeune et ne pouvait admettre qu'on raillât sa
vocation.
Maung Shway-gnong arriva le
lendemain matin. L'Espagnol avait fait diligence.
Adoniram, assis dans la véranda,
était en train de considérer avec
mélancolie la moisissure verte lui couvrait
la reliure de cuir de sa Bible. Il
s'efforçait de ne pas penser à l'un
de ces appétissants petits déjeuners
de la Nouvelle-Angleterre, quand deux
indigènes passèrent le portail. Le
torse nu, ils portaient leurs grands pasos (jupes)
retroussés, afin de ne pas
s'éclabousser, et montraient leurs cuisses.
aux étonnants tatouages. L'un d'eux devait
être un serviteur, car il tenait une ombrelle
verte au long manche au-dessus de la tête de
l'autre. Ils traversèrent posément la
cour inondée et gravirent les marches de la
véranda. Adoniram salua. Le plus grand des
deux hommes l'examinait avec intérêt
et lui remit un papier. Lanciego lui
présentait Maung Shway-gnong, disposé
à lui donner des leçons quotidiennes
pour la somme de cinq roupies par mois.
Adoniram leva les yeux vers
l'indigène. Plus grand que la plupart de ses
compatriotes, il mesurait environ un mètre
soixante-quinze. Les yeux étaient profonds
et malheureux dans un visage émacié.
Une forte lèvre inférieure
s'étalait au-dessus du menton fuyant. Sous
le turban blanc, le front était haut ; la
forme de la tête splendide. Indiscutablement
le visage d'un intellectuel.
Adoniram l'accueillit avec un
sourire empressé.
Maung Shway-gnong lui rendit son
sourire, découvrant ses dents noircies par
le bétel. Puis il s'assit sur une natte.
Adoniram l'imita. Le serviteur sortit d'une
boîte de laque un livre en papyrus, le remit
à son maître et s'esquiva.
La grande lutte d'Adoniram pour
s'initier à la plus difficile des langues
orientales commençait.
La santé d'Anne fit de
très rapides progrès. Dès
qu'elle fut sur pieds, Adoniram insista pour
qu'elle ne se bornât pas à apprendre
avec Ma Carey quelques rares expressions
indigènes, mais pour qu'elle assistât
aux leçons de Maung
Shway-gnong. Elle ne pouvait d'ailleurs consacrer
à l'étude qu'une faible partie de sa
journée, car les soins du ménage
occupaient beaucoup de son temps. Mais, par ses
rapports avec les fournisseurs, elle apprit, mieux
qu'Adoniram, à connaître les
indigènes. Ce dernier acquit bientôt
de solides connaissances de Pali, la langue
classique de la littérature birmane ;
grâce, il est vrai, à quatorze heures
de travail quotidien.
Ils étaient fort
occupés et très isolés. Les
pluies rendaient impossible l'exploration du pays.
À part les commerçants du bazar, ils
n'avaient fait connaissance de personne. Lanciego
ne tenait pas à risquer sa situation en les
voyant trop souvent. À cause de la lenteur
exaspérante avec laquelle, cette terrible
langue livrait ses secrets, les témoignages
de sympathie de Maung Shway-gnong lui-même
demeuraient de faible secours. La vie du pays
n'était pour eux qu'une sorte de pantomime
à travers les brouillards et les
pluies.
Leur existence se déroulait,
monotone. À l'aube d'un matin d'août,
alors que les rossignols et les loriots chantaient,
un cri strident déchira l'atmosphère.
Anne et Adoniram se dressèrent sur leurs
lits et se regardèrent avec horreur. Toute
explication était inutile. Derrière
le rideau de lianes, on crucifiait un
homme.
- Je ne puis pas entendre cela, dit
Anne haletante.
- Moi non plus, dit Adoniram,
contenant sa voix avec peine. Il ne pleut pas.
Habillons-nous et montons vers la pagode pour ne
plus entendre.
- Oui, Don, faisons cela
!
Elle tentait de sourire en mettant
ses bas, les mains tremblantes.
Le soleil commençait à
luire quand ils atteignirent le portail. Ils
s'arrêtèrent pour laisser passer une
théorie de moines portant des bols à
offrandes. Deux petits garçons les
précédaient en frappant sur un gong
de bronze dont le son couvrait heureusement les
cris humains.
Les rayons obliques du soleil levant
pénétraient sous les arbres et
coloraient d'orange vif les robes jaunes des
moines.
- Je voudrais parler assez bien leur
langue pour pouvoir leur demander si aucun
dégoût ne les effleure quand ils
passent là-devant, dit Adoniram.
- Leur appétit ne doit pas en
être affecté, s'ils y sont aussi
indifférents que Ma Carey. Sauvons-nous
vite.
Elle l'entraîna dès que
la dernière robe jaune eut
dépassée le portail.
Ils rejoignirent la procession des
fidèles, éparse sur la route qui
montait à la grande pagode. On les fixait du
regard. Mais ils ne comprirent que peu de choses
aux remarques qu'on faisait sur leur passage. Ils
s'arrêtèrent au pied de la colline du
Shwé-Dagôn. Chacun enlevait ses
sandales avant de monter le long escalier couvert.
Tous apportaient leurs offrandes : fleurs,
victuailles. Sous les arcades; les cierges
allumés des fidèles
étincelaient. Des pasos et des tameins
magnifiques voltigeaient légèrement,
comme des ailes de papillons.
- Allons-nous enlever nos souliers ?
chuchota Anne.
- Certainement non, répondit
Adoniram fermement.
Il releva le menton et jeta un
regard désapprobateur vers une femme qui se
prosternait devant un moine. Anne ne se laissa pas
impressionner par la réponse et l'attitude
de son mari.
- Tu les enlèves bien pour Ma
Carey et pour la femme de Lanciego. Pourquoi ne pas
avoir ici quelque diplomatie ?
- Tu me parles de ce qui n'est
qu'une stricte marque de politesse. Je me refuse au
moindre geste de respect pour le Bouddha Gautama.
Après tout, ne suis-je pas un ministre de
Dieu ? Tu ne dois pas l'oublier, Anne, bien, que je
n'aie point d'Église.
- Je ne l'oublie nullement, dit Anne
avec humilité. Mais puisque ce geste n'a
aucune signification pour nous autres
chrétiens, pourquoi refuser de le faire,
s'il peut nous faciliter le chemin de leur coeur
?
- Je m'y refuse ; car je laisserais
supposer à ces gens que je respecte leur
dieu. C'est une absurdité de Maung
Shway-gnong de soutenir que Gautama fut un homme,
et qu'ils ne l'adorent pas.
Regarde, Anne, leurs génuflexions et leurs
offrandes. Viens !
Il la prit par la main et
commença à monter les
escaliers.
Aussitôt ce fut un concert de
voix irritées. Vers la quatrième
marche, un prêtre se jeta au-devant d'eux
pour leur barrer la route.
- Reculez, animaux étrangers
! s'écria-t-il.
Adoniram, qui retenait fermement
Anne par le bras, ne lui permit pas de
reculer.
Le moine était
âgé, très ridé ; mais
ses yeux jeunes et ardents
commandaient...
- Quittez ces lieux,
répéta-t-il. Personne ici ne doit
avoir la tête couverte ni les pieds
chaussés. N'avez-vous aucun respect pour le
Bienheureux ?
Adoniram comprit autant
d'après les gestes que par les mots. Il
brûlait de se déclarer enfin
ouvertement. Mais six semaines seulement
d'études dans une langue qui ignorait Dieu
ne lui fournissaient pas les mots
nécessaires. Il ne put que demeurer au
même endroit en répétant
lentement :
- Je n'enlèverai pas mes
chaussures.
La foule, arrêtée dans
l'escalier, grondait.
- Nous ferions mieux de nous en
aller, Adoniram.
- Nous partirons, consentit-il, car
je ne veux pas qu'on te blesse, et parce que j'ai
pu réaliser ce qui me brûlait le coeur
: je me suis affirmé. Je déteste
avoir à me cacher.
Il la ramena vers la
route.
- Je ne pense pas qu'on t'accuse
jamais de caponnerie, dit Anne sèchement,
mais je sais, surtout après ce que M.
Lanciego nous a dit, qu'un minimum de diplomatie
est essentiel. Ceci nous vaudra peut-être des
difficultés sans nombre.
Elle secoua la tête et sourit
à ce visage si grave.
- Je suis fière de ton
courage, mon Don chéri, mais tu es tellement
jeune !
Il lui rétorqua avec un
sourire
- Mais oui, chère
grand'mère. Comme vous avez de grands yeux
!
- C'est pour mieux te voir, mon
enfant!
Ils rirent. Puis Adoniram reprit
:
- J'ai peur, parfois, que tu ne me
voies avec trop de lucidité. Je dois te
rappeler constamment que je suis pasteur, ce qui
n'arriverait pas si j'étais moins souvent
fautif.
- Pas fautif, mais impétueux,
corrigea Anne: Mais tu seras très bien,
quand je t'aurai encore un peu
calmé.
Ils rirent encore.
Tout était silencieux quand
ils rentrèrent. Malgré les grands
événements de cette matinée,
ils déjeunèrent de bon
appétit.
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