Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



SPLENDEUR DE DIEU

XXV
LA CITÉ INQUIÈTE

 

Au bout de dix jours, ils arrivèrent à Ava. Adoniram éprouvait une paix profonde ; il avait accompli son devoir avec succès ; cela compensait dans une large mesure l'humiliation de ce retour enchaîné. Il avait rendu le calme à ce beau pays, à cette Birmanie insensée qui, maintenant, sous la surveillance britannique, permettrait au christianisme de s'implanter sur son territoire. Les années de travail, la prison, prenaient un sens. Il songea aux paroles de Mme Guyon :

« Mon coeur depuis longtemps plongé dans les douleurs,
Je m'abandonne à ta sagesse...
L'amour pur et la croix ne se quittent jamais
Leur société mutuelle
Fait que la souffrance nous plaît
Leur union est éternelle. »

Même si Bagyi-Daw jugeait bon de le rejeter en prison, le pas décisif était fait. Et ceci, parce que Dieu avait envoyé Adoniram Judson en Birmanie. Après le paiement de l'indemnité de guerre, Rangoon ne serait plus sous la tutelle des Anglais, mais ceux-ci resteraient si proches, sur la côte d'Arakan et en Birmanie septentrionale, qu'il serait impossible au pays de lutter encore contre le christianisme.

Il retournerait donc à Rangoon avec Anne et le bébé il verrait de nouveau la cour de la Mission si pleine de souvenirs ! Il retrouverait Maung Shway-gnong, Maung Ing, et Maung Nau et rétablirait avec eux l'Église, sur des fondements solides,

Durant le voyage, il évoqua toute la beauté de la terre : celle de la nature environnante, celle de sa vocation, celle de sa femme enfin, dont il était si fier. Il ne saurait jamais lui témoigner assez de reconnaissance pour tout ce qu'elle avait su être durant ces mois d'abjection et de misère. Il s'était reposé sur elle comme l'enfant sur sa mère, avec un abandon total. Tandis qu'il approchait d'Ava, mille souvenirs se pressaient dans sa mémoire Anne s'excusant de sa coquetterie, lors de sa première visite au vice-roi, à cause de la rose de son chapeau Anne avec Roger dans ses bras, puis ensuite, les yeux inondés de larmes, demandant avec angoissé : « Où donc est mon enfant ? »; Anne le regardant avec tant de compréhension, après qu'elle lui eût retiré Mme Guyon ; Anne rayonnante de beauté à son retour d'Amérique et, lors de l'inoubliable voyage sur l'Irrawaddy, de nouveau sa femme, sa bien-aimée. Il se sentait envahi par un amour de plus en plus intense, pour cet être chéri et rare qu'il avait le bonheur de posséder.

Ils débarquèrent de nuit. Adoniram supplia ses gardiens de le laisser passer par la Mission et leur offrit tout ce dont il disposait ; mais ils l'amenèrent directement au tribunal, où il trouva réuni le même aréopage qui l'avait envoyé à Melun ; chacun des dignitaires cependant feignit de ne pas le reconnaître. Comme personne ne paraissait au courant des intentions du roi à son endroit, on l'enferma dans un hangar isolé, en attendant de le ramener à Aungbinle. On l'y oublia pendant vingt-quatre heures, ce qui lui parut plus insupportable encore que toutes les humiliations précédentes. Personne n'entendait ses cris : il avait faim et soif. Le second jour, un visage sympathique apparut à la fenêtre Maung Ing, enfin !

Anne apprenant son arrivée, avait tout de suite dépêché Maung Ing à sa recherche. Il avait fallu du temps pour découvrir sa retraite isolée ; mais, maintenant, il recevait en même temps un message de tendresse et de la nourriture. Il fallait d'urgence envoyer au gouverneur de la porte du nord, leur seul ami influent, une demande de mise en liberté. Maung Ing partit en hâte.

La journée se traîna interminablement. La nuit vint. Des roulements de tambour intermittents accompagnaient les gongs monotones. L'inquiétude planait sur la ville et le missionnaire était heureux de ne pas se trouver dans la prison de la mort. Il finit par s'endormir. Au lever du soleil, un gardien vint le chercher pour l'amener chez le gouverneur.
Le vieillard le dévisagea avec insistance et surprise. Puis, tirant sur sa barbiche, il déclara sentencieusement:
- Les belles femmes témoignent toujours d'un goût étrange dans le choix de leur époux, n'est-ce pas, Maître ?

Adoniram prit alors seulement conscience de ses vêtements déchirés et de sa barbe de quinze jours.
- Un goût étrange, en effet. Elles assortissent une pierre rare à l'argile.

Le gouverneur se mit à rire, découvrant ses dents noires.
- Tous les deux jours depuis une année, votre femme, cette fleur exquise, est venue chez moi plaider votre cause et celle de vos compagnons étrangers. Elle ne demeurait pas à la porte ; elle venait s'asseoir avec nous et, sur ma demande, nous instruisait sur les coutumes américaines. J'ai ainsi appris à vous connaître l'un et l'autre, et je me sens maintenant honteux de mon pays, de ses préoccupations et de sa conduite. Ainsi, cette fleur a plaidé votre cause, et mon coeur s'est ouvert comme la corolle du lotus après la pluie. Je ne puis faire pour elle tout ce que je voudrais. Si j'étais plus jeune - sa voix vibrait chaudement - je vous montrerais la différence entre l'amour décoloré que vous lui portez et une vraie passion virile. Mais je ne suis plus qu'une graine desséchée attendant les labours. Dans une autre vie... - Il regardait au loin un paon qui se mirait dans un bassin d'eau bleue. - La beauté, continua-t-il, est un mérite en soi, et compte dans un karma. - Puis, reprenant le ton officiel : J'ai fait pour vous autant qu'il se peut ; je me suis porté garant que vous ne quitterez pas la ville. J'ai obtenu qu'on vous délivre de vos chaînes. Retournez donc à votre monastère, au bord de la rivière. Mais agissez maintenant avec la prudence du serpent. Enlève ses chaînes, cria-t-il au gardien.

Adoniram était resté immobile pendant tout le monologue du gouverneur. Et maintenant encore, tandis qu'on délivrait ses membres torturés, il se mordait seulement les lèvres pour contenir la souffrance que lui causait l'afflux soudain de sang dans ses membres ankylosés. Il finit par dire de sa voix profonde, enrouée par l'émotion :
- De tout mon coeur, je vous remercie, ô magistrat au grand mérite. Tout ce que vous avez dit de mon admirable femme est vrai. Je ne suis pas digne d'une telle bénédiction. Mais, ami des malheureux, malgré votre grande sagesse, vous n'avez pu apprécier la profondeur de mon amour pour elle.
Il salua et partit en courant.
- Anne ! Anne !

Chancelant, il se hâtait le long de la route jusqu'à la Mission. Il y entra en coup de vent. Près du fourneau, il aperçut une indigène sale et grasse, qui tenait dans ses bras un enfant gémissant. Par la porte ouverte, il découvrit Anne. Elle était couchée. Il s'approcha, muet d'horreur devant l'ombre tragique, blême, qu'un instant il crut morte. Il s'agenouilla et posa ses lèvres tremblantes sur les joues creuses. Anne parut s'éveiller et caressa de sa main transparente la tête de son époux. Dieu m'a exaucée, murmura-t-elle.
- Chérie, qu'est-ce qui s'est passé ?

- La typhoïde. Tu ne devrais pas m'approcher. Koo-chil m'a soignée entièrement jusqu'à la libération de Price, la semaine dernière. Je suis en convalescence maintenant.

La flamme de la vie brûlait dans ses yeux. L'espoir remplit de nouveau le coeur du missionnaire. Une tâche immédiate s'offrait à lui, plus urgente que tous ses devoirs. Cinq minutes plus tard, Koo-chil, qui apportait un bol de soupe, trouva son maître en train de mettre des draps propres au lit de la malade.

Le Dr Price avait fait preuve d'une certaine clairvoyance en ordonnant au cuisinier de nourrir Anne de force. Celui-ci avait introduit des cuillerées de vin entre les lèvres sèches ; puis il était parvenu à lui donner du bouillon et un peu de riz. Mais, pour le reste, le traitement du médecin remplit Adoniram de consternation. Il avait rasé les belles boucles et appliqué un vésicatoire à la tête et à la plante des pieds. Il s'apprêtait même à poser des sangsues.
- Pour rien au monde, je ne le laisserai faire!

Adoniram se mit rapidement à l'ouvrage, aidé par Koo-chil et la femme indigène. Le soir venu, Anne reposait dans une maison propre ; Maria dans un berceau à ses côtés ; toutes deux avaient été baignées et changées de linge.
- Pourquoi cet affreux bonnet de nuit ?
- Price me l'a prêté. J'étais contente de l'avoir pour cacher ma tête.
- Tes cheveux repousseront vite ; tu n'auras plus à te couvrir.
- Peux-tu et veux-tu m'aimer encore, même ainsi, Adoniram?
- M'as-tu haï dans la crasse et l'abjection de la prison ?
- Oh non! - Elle paraissait indignée. - Mais chez une femme, l'extérieur est tellement plus important !
- Personne frivole, vaine comme un paon, plaisantât-il en caressant le visage amaigri. Chérie, même sous le bonnet de nuit de Jonathan David, tu restes ravissante. Et certes, cet ornement n'est pas flatteur !

Elle sourit faiblement et bientôt s'endormit paisiblement.

Ava attendait la décision de son roi. Des pourparlers interminables se poursuivaient au palais tandis qu'approchait la fin de l'armistice. Le délai fut bientôt dépassé...

Adoniram suivait avec amour les progrès de la convalescence d'Anne, qui reprenait des forces de jour en jour. Mais il commençait, non sans angoisse, à s'interroger sur l'utilité de son intervention à Melun. Obéissant aux ordres du gouverneur, il ne quittait pas l'enceinte de la Mission, et Maung Ing ne lui apportait du dehors que des nouvelles confuses. Maung Shway-gnong était retourné à Rangoon ; lui seul eût pu fournir des informations sûres.

Cette incertitude devait se terminer vers la fin de janvier. Un matin, un serviteur vint prier Adoniram de se rendre tout de suite à la salle des audiences ; le Dr Price était également convoqué. Le missionnaire partit sans inquiétude. Si le roi avait voulu l'humilier à nouveau, il eût envoyé des soldats pour le prendre, et non pas un garde de sa maison privée. De plus, comme il est interdit à un prisonnier de paraître devant le roi avant d'avoir obtenu son pardon, peut-être celui-ci avait-il déjà passé l'éponge.

Bagyi-Daw était assis sur un trône peu élevé, entouré, de dignitaires agenouillés, en longues robes, de généraux avec leurs aides de camp et de trois astrologues, aux tuniques blanches rehaussées d'étoiles. Le Dr Price, dans un magnifique costume de soie bleue, coupé à l'européenne par un tailleur birman, se tenait également sur l'estrade, ses longues jambes repliées. Adoniram s'accroupit à ses côtés ; les deux hommes échangèrent un sourire. Qu'allait-il se passer ?

Un gardien fit alors entrer un Anglais en uniforme en le bousculant violemment. Quand celui-ci aperçut les blancs, un éclair d'espoir s'alluma dans ses yeux; il se laissa tomber près d'eux.
Bagyi-Daw, désignant l'officier de son poignard, se mit à interroger :
- Judson ! demandez à l'Anglais s'il était à Melun ?

Adoniram traduisit la question tout en retenant l'officier qui faisait mine de se lever.
Demeurez à quatre pattes, lui souffla-t-il.
- J'ai été fait prisonnier après le bombardement de Melun, alors que je pansais des blessés. Je suis médecin, mon nom est Sanford.
- Qu'est-ce que le général Campbell a l'intention de faire maintenant ? demanda le roi.
- Il poursuivra sa marche sur Ava, car on a trouvé le traité, signé par les envoyés du souverain, par terre, dans la tente abandonnée du prince Meng-myat-bo. Cette découverte a vivement déçu le général, car il croyait que l'armistice était destiné à obtenir la signature du roi.
- Mais alors ! s'exclama Adoniram avant d'interpréter la réponse du docteur Sanford.
- À quoi bon m'apporter un traité que je ne signerai en aucun cas? commenta simplement Bagyi-Daw. Donc Melun est maintenant entre les mains de ces diables d'Anglais, qui avancent vers la cité dorée?.
- Oui, Majesté.

Le roi mordait alternativement ses ongles et l'extrémité de son poignard.
- Il est inconcevable que les Anglais, maîtres actuels de toute la vallée de l'Irrawaddy, se déclarent prêts à l'abandonner. Pourtant Judson l'affirme. Mais ils doivent comprendre ceci : nous ne pouvons payer un nombre aussi considérable de roupies ; il faut qu'ils réduisent leurs prétentions. Nous sommes en mesure de fournir le tiers de la somme requise, contre l'assurance absolue que l'ennemi quittera le pays. Aussi, c'est ma volonté que Judson le Maître et le docteur ennemi se portent tous deux à la rencontre du général, pour le persuader d'augmenter son mérite en diminuant l'indemnité de guerre.

Adoniram relevait la tête, et allait laisser éclater sa colère, quand Bagyi-Daw reprit avec une ardeur passionnée :
- Pourquoi, mais pourquoi avons-nous commencé cette guerre ? Qui m'a donné ce conseil insensé ?

Il faisait du regard le tour de l'assemblée. Il y eut un bruissement de soies. Tandis que chacun se prosternait plus bas encore..
- Il nous serait fatal d'entreprendre cette mission, car elle est d'avance vouée à l'échec, murmura le missionnaire à l'oreille de Jonathan David. La Main qui Tue ouvrira ses portes toutes grandes devant l'émissaire qui n'obtiendra pas les concessions demandées. Je vais tâcher de m'en tirer ; faites de même.

- Quelle bêtise ! C'est notre seule façon de rentrer en grâce.

Adoniram, exaspéré, se contint pourtant; aucun argument n'avait de prise sur le docteur lorsqu'il s'agissait des faveurs de la cour.

- M'avez-vous compris Judson ? hurla Bagyi-Daw.
- J'ai entendu, Grand Roi. Mais, dans votre bonté, vouas avez oublié que je n'ai point obtenu de concession des Anglais à Melun. Je ne réussirai vraisemblablement pas mieux cette fois-ci. Envoyez donc le médecin anglais pour traiter avec l'ennemi.
- Comment puis-je savoir qu'il reviendra ici ?
- S'il vous le promet, il le fera. Sa parole de chrétien est sacrée.
- J'irai à la place de Maung Judson, Roi de l'Air, déclara Price avec assurance.
- Comment saurais-je que vous serez fidèle? Et puis, vous n'avez pas les qualités de Maung Judson, ni la connaissance de l'esprit birman.

Le premier ministre soulevait son visage de terre.
- Face de singe, qu'en penses-tu ? gronda Bagyi-Daw.
- Roi de la Vie, accordez à Maung Price une position officielle dans votre entourage, et rien ne pourra le détacher de vous.

Le roi faisait des yeux le tour de son entourage, avec un regard d'animal traqué. Il demanda enfin :
- Maung Judson, êtes-vous prêt à offrir votre vie en gage pour le cas où le docteur ne reviendrait pas, sauf, bien entendu, s'il était tué dans le cours de sa mission ?
- Oui, Majesté.

Le docteur Sanford sourit au missionnaire.
- Maung Price, continua Bagyi-Daw, vous porterez le titre d'instructeur des enfants royaux. Vous aurez droit à une ombrelle rose et vous enseignerez à vos élèves et aux nobles du pays l'astronomie et la médecine. Vous allez partir sur l'heure, avec le médecin ennemi, pour obtenir, du général Campbell des conditions plus favorables. Vous recevrez chacun cent ticals. Un bateau doré se tiendra prêt à vous emmener.

Tout en parlant le roi leva, écarta les tentures qui le séparaient de ses appartements et disparut.

Le docteur Sanford tendit chaleureusement la main à Adoniram
- Je suis votre obligé, Monsieur Judson. Tous, nous connaissons votre effort à Melun. Quel gâchis ils ont fait !

Jonathan David s'approchait, rouge de joie.
- Eh bien ! Eh bien ! voici une tâche qui en vaut la peine, n'est-ce pas, Docteur ? Par où allons-nous commencer ?
- Obtenez d'abord le versement des cent ticals, suggéra Adoniram sèchement. J'en ai fait durer vingt un mois entier en faisant très attention. Quand j'ai réclamé davantage, on m'a accusé de prodigalité et l'on a surveillé chacune de mes dépenses. Un tical ne représente que deux shillings.
- Je le sais bien, répondit Sanford. Mais l'argent a ici plus de valeur qu'en Angleterre. Je voudrais envoyer la moitié de ce qui me sera alloué à ce pauvre Gouger. Pouvez-vous m'aider ?
- Certainement. Je connais son serviteur bengali qui n'a cessé de le ravitailler depuis qu'on a confisqué tout son argent.

Un ministre en robe blanche interrompit cet entretien. Il remit un petit sac d'argent à chacun des médecins et leur ordonna de se trouver à l'embarcadère dans le délai d'une heure. Sanford remit la moitié de la somme au missionnaire qui s'éloigna à la recherche du domestique de Gouger.

Un désordre indescriptible régnait dans Ava. Partout on élevait de nouvelles palissades, on démolissait des maisons, on abattait des arbres pour creuser des tranchées. Hommes, femmes, enfants, et même les éléphants se démenaient fiévreusement pour préserver la cité dorée des attaques de l'ennemi. En arrivant à la Mission, Adoniram trouva un soldat qui le pria de vider les lieux le plus rapidement possible, car la nouvelle palissade de protection devait passer au milieu même de la maison ; on lui laissait vingt-quatre heures pour trouver une nouvelle résidence.

Sans Prendre le tempo d'avertir Anne, mais reconnaissant de la savoir assez remise pour supporter un transport, il se précipita chez le gouverneur de la porte du Nord pour solliciter la permission de s'établir dans l'enceinte de la ville. Le vieillard surveillait le chargement de nombreux coffres de documents sur un char à boeufs ; il sourit avec ironie, mais non sans bienveillance, en entendant la requête.

- Maître, vous avez eu d'innombrables malheurs et autant d'occasions d'acquérir du mérite. Où voulez-vous vous installer dans Ava ? Il n'y a pas assez de maisons pour tout le monde:
- Je construirai de mes mains une hutte en bambous.
- Mais la saison chaude approche et votre femme, cette fleur délicate, doit vivre à l'ombre de murs de brique. Maître, amenez-la dans ma maison avec son enfant. J'aspire à connaître votre théorie des étoiles. Ainsi, vous pourrez me l'enseigner.
La joie remplit le coeur du missionnaire.

- Homme de grand coeur, je demanderai chaque jour à Dieu de vous bénir !
- La beauté de votre femme diminue mon mérite.
- Mais non pas notre gratitude. Nous vous apporterons des cadeaux.

Adoniram inspectait la maison avec son jardin admirable, ses arbres fruitiers, ses lourdes treilles, ses roses. Il se rappela les paroles du berger Dhaniya :
- Vous souvenez-vous, Ô mon ami, du beau dialogue : « ... je vis avec mes compagnons sur les rives du grand fleuve Mahi. La maison est prête, le feu brûle. Ciel, ta pluie peut tomber! »
- Non, je ne le connais pas encore. Les yeux du gouverneur brillaient d'ardente curiosité. J'ai entendu dire que vous connaissiez admirablement le Pali. Vous m'en direz davantage, n'est-ce pas?
- Si vous le désirez.

Il salua et reprit le chemin de la Mission, le coeur allégé et réconforté.


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