HISTOIRE D’UN PUISSANT
RÉVEIL
VIE DE WILLIAM BRAMWELL
LA PRIÈRE POUR LE
RÉVEIL
A la conférence de 1791, il fut
nommé Surintendant du Circuit de Dewsbury
(1)
Il y avait, dans cette région, de la
division entre les chrétiens, aussi eut-il
beaucoup à gémir sur la langueur
spirituelle qui était devenue
générale.
« Je n'ai pas trouvé une seule
personne qui ait fait l'expérience de la
sanctification, écrit-il à un ami, et
le n'en ai trouvé que très peu qui
aient l'assurance du pardon de leurs
péchés. En plusieurs localités
les sociétés ont augmenté en
nombre; mais la religion active y est à peu
près absente. »
La première année fût un temps
d'afflictions et de rudes labeurs; mais, pendant la
seconde, comme on le verra bientôt, Bramwell
moissonna avec chant de triomphe. Il priait sans
cesse pour que Dieu répandît son
Esprit sur ses auditeurs; il insistait « en
temps et hors de temps, reprenant, censurant et
exhortant, comme dit l'apôtre Paul, avec une
entière douceur et en instruisant. » Il
s'assura la coopération de tous ceux qui
voulurent se joindre à lui, et il
établit avec eux des réunions de
prières qui avaient lieu à cinq
heures du matin. Les principaux membres des
sociétés commencèrent alors
à se réveiller.
Pendant cette période de luttes pour obtenir
une effusion du Saint-Esprit, Anne Cutler vint
à Dewsbury pour coopérer à
l’œuvre de Bramwell. Elle avait
l'habitude constante de se lever entre trois et
quatre heures du matin pour lutter avec Dieu afin
d'obtenir un réveil. Elle se joignait
souvent, en outre, à Bramwell pour prier
à ce sujet. Ces efforts furent bientôt
suivis de grandes bénédictions.
« Comme je priais un jour dans ma
chambre, dit Bramwell, Dieu me répondit
d'une façon toute particulière; il me
montra le réveil qui allait avoir lieu. Je
vis de quelle manière il se ferait et quels
en seraient les effets. Je n'eus plus aucun doute;
tous mes chagrins disparurent. Je m'écriai :
« Le Seigneur vient ! je sais qu'il
vient; il viendra subitement. »
En effet un remarquable réveil suivit
bientôt. Bramwell en décrit ainsi le
commencement « Pendant la prière
de notre sœur Cutter, une personne
reçut la grâce d'un cœur pur, et
nous fûmes assurés que Dieu ferait de
même pour d'autres. A une réunion de
prières qui suivit, deux personnes se
donnèrent à Dieu et reçurent
sa paix; deux autres se donnèrent de
même avant la fin de la semaine. Le dimanche
matin, nous avions une agape où plusieurs
personnes furent saisies d'angoisse au sujet de la
sanctification qu'elles n'avaient pas encore
reçue. Une jeune femme la reçut
bientôt. Le lundi soir, comme nous
étions réunis de nouveau, un
remarquable esprit de prière fut
répandu sur l'assemblée. Cinq
personnes reçurent la sanctification; et
plusieurs restèrent dans l'angoisse, ne
l'ayant pas encore. Plusieurs étrangers, qui
jusque-là avaient été remplis
de préjugés, furent soudainement
saisis par l'Esprit de Dieu, et leurs yeux furent
ouverts : ils virent leur péché et la
condamnation divine suspendus sur leurs
têtes. Ils gémissaient comme en
agonie, cherchant la délivrance. Le jeudi,
un homme qui avait été dans une
grande angoisse au sujet de la pureté du
cœur et qui avait recherché cette
grâce; de toute son âme, fut enfin
délivré de tout péché.
Cette oeuvre continua à peu près
à toutes nos réunions.
Soixante personnes de Dewsbury et des environs
reçurent la sanctification et
marchèrent dès lors dans la glorieuse
liberté des enfants de Dieu. Nos
réunions d'agapes commencèrent
à regorger de monde; on y venait de tous les
circuits voisins. Un très grand nombre
d'âmes y trouvèrent le pardon des
péchés et plusieurs y reçurent
l'amour parfait. En rentrant chez elles, ces
personnes déclarèrent les grandes
choses que Dieu avait faites pour elles.
« Plus je consulte les Actes des Apôtres
et l’histoire de l'Église, plus je suis
convaincu qu'il n'y avait rien là de
nouveau, ni dans les moyens dont Dieu s'est servi
pour produire le réveil, ni dans le
réveil lui-même, ni dans ses
conséquences. J'ai pris conseil des
chrétiens les plus
expérimentés et ils m'ont
exhorté à employer tous les moyens
possibles pour maintenir et faire progresser le
réveil. Satan met en œuvre ses agents
pour le détruire; ils critiquent les uns
d'une façon, les autres d'une autre; mais
personne, sans le Saint-Esprit, ne peut juger de la
chose.»
L’œuvre s'étendit de tous
côtés. Dans une des localités
du circuit, près de cent membres furent
ajoutés à la Société et
plusieurs croyants, anciens membres, furent
réveillés et se vouèrent
à l’œuvre de Dieu avec un
zèle et un soin tout nouveaux. Bramwell se
réjouissait « comme celui qui trouve un
grand butin. »
Des réveils tels que celui-ci ont une
importance toute particulière :
« les chrétiens furent
vivifiés et beaucoup furent purifiés
du péché intérieur », dit
Bramwell. C'était la sainteté,
l'entière sanctification et non le bonheur,
qu'on avait en vue en se convertissant. Un
chrétien chez lequel existe encore
« le péché
intérieur, » ou le «vieil
homme, » n'est-il pas souvent plus
nuisible qu'utile au règne de Dieu? Or les
réveils du méthodisme primitif
produisirent bon nombre de chrétiens
sanctifiés. Et l'on comprend facilement
qu'un seul de ces chrétiens vaut une
armée.
.
UNE VÉRITABLE «
AVERSE »
A la conférence de 1793, Bramwell fut
nommé prédicateur du Circuit de
Birstal (2),
adjacent à celui de Dewsbury. Un
réveil avait commencé au début
de l'année, dans ce nouveau circuit, sous
l'action bénie de MM. Jackson et Smith; il y
avait pris naissance dans de nombreuses
réunions, de jeûne et de
prières. Sous l'action de Bramwell, ce
réveil s'accentua. Le serviteur de Dieu
s'adonna plus que jamais à la prière;
il passait parfois ses nuits entières
à lutter avec Dieu; et il exhorta tous les
membres de la Société
méthodiste à lutter avec lui. Son
collègue qui ne pouvait comprendre un tel
zèle et le trouble qu'il produisait chez les
âmes endormies, s'opposa à ses efforts
et entraîna plusieurs Conducteurs de classes
dans son opposition. Mais au « repas de
charité » qui eût lieu le jour de
Noël cinquante personnes furent converties, et
dès lors toute opposition cessa. « Ce
jour-là, dit M. Crowther, qui avait
été un des opposants, je fus si
convaincu que cette oeuvre était de Dieu,
que je m'y joignis immédiatement ne me
bornant pas à l'approuver, mais y
coopérant de tout mon cœur. En sortant
de la chapelle, je fus entouré de plusieurs
Conducteurs de classes qui me demandèrent ce
que j'en pensais encore. Je répondis :
«Nous avons longtemps prié pour obtenir
un réveil, et maintenant que le Seigneur
nous l'accorde, en serions nous mécontents
et nous opposerions-nous à ses
progrès, parce qu'il ne s'accorde pas
exactement avec nos faibles idées, et qu'il
ne se manifeste pas de la manière que nous
l'attendions? » A partir de ce moment,
tous les Conducteurs s'unirent cordialement
à M. Bramwell pour travailler aux
progrès du réveil, et leurs travaux
furent couronnés d'un grand
succès.
L'agape suivante eut lieu le dimanche de
Pâques (1794); et là encore, cinquante
personnes se convertirent et «
passèrent des ténèbres
à la lumière et parvinrent à
la joie du salut et à la liberté des
enfants de Dieu. »
Dans les diverses localités du circuit,
Bramwell tenait ce que l'Église
méthodiste a appelé des «
longues veilles. » Dans l'une de ces
réunions prolongées, à Little
Gomersal, à dix heures du soir, aucun
résultat extraordinaire ne s'étant
manifesté, il allait terminer la
réunion, lorsque, reprenant courage, il
prolongea les prières jusqu'à minuit.
A cette heure-là, par « un mouvement
intérieur, »il résolut de
continuer la lutte avec Dieu jusqu'au point du
jour, comme avait fait Jacob. Bientôt
après, une personne implora à haute
voix la miséricorde de Dieu en sa faveur;
d'autres firent de même plus tard, si bien
qu'avant quatre heures du matin, quinze personnes
s'étaient données à Dieu,
avaient reçu « le témoignage de
leur pardon » et se réjouissaient en
leur Sauveur.
Les mêmes scènes eurent lieu dans
beaucoup d'autres localités du circuit.
Un Conducteur de classe de Gomersal, M. Thomas
Pearson, rend ainsi compte du réveil dans
cette localité :
« M. Brarnwell vint au milieu de nous rempli
de foi et rempli du Saint-Esprit. Sa puissante
prédication et ses ferventes prières
furent tellement efficaces que les pécheurs
les plus endurcis tremblèrent devant lui.
Nous avions eu des effusions du Saint-Esprit, mais
alors commença une véritable averse;
la puissance de Dieu, par le moyen de la
vérité, eut un triomphe merveilleux.
Ma classe fut rapidement augmentée de
vingt-sept à soixante membres. Les lieux de
culte regorgeaient d'auditeurs de tout rang et de
toute condition. Même des enfants de dix ans
furent convaincus de péché et
vraiment convertis, ce qui eut un tel effet sur
leurs parents que plusieurs d'entre eux se
donnèrent à Dieu.
« Quand M. Bramwell venait à Gomersal,
il logeait généralement chez nous.
Dès qu'il avait dîné, il priait
invariablement avec notre famille; puis il allait
faire des visites de maison en maison; il visitait
ainsi à l'ordinaire dix-sept ou dix-huit
familles avant le thé, priant avec tous.
J'invitais quelques amis à prendre le
thé avec nous, et M. Bramwell s'informait
affectueusement de l'état spirituel de
chacun d'eux. Ceux qui n'avaient pas la
justification par la foi, il les pressait de la
rechercher et de n'avoir aucun repos qu'ils ne
l'eussent acquise; et quant à ceux qui
étaient justifiés, il les pressait de
ne s'accorder ni trêve, ni repos qu'ils ne
fussent entièrement sanctifiés. Bien
qu'après l’œuvre de la
journée, M. Bramwell fût très
fatigué et qu'il ne se retirât que
tard, il était toujours levé à
cinq heures du matin et priait alors pour chaque
personne de sa connaissance en la nommant par son
nom, et pour chaque société du
circuit.
« J'ai connu bien des hommes pieux et saints;
mais je n'en ai jamais vu de pareil à M.
Bramwell pour la foi et la prière. Tant
qu'il fût parmi nous, l’œuvre de
Dieu y progressa et à la fin de ses travaux
dans notre circuit, le nombre des membres des
sociétés y était à peu
près doublé. »
Le réveil du Circuit de Birstal
s'étendit dans les circuits voisins.
Beaucoup de personnes qui venaient à Birstal
par curiosité, étant reprises dans
leur conscience et convaincues de
péché, se convertirent.
L’œuvre de la sanctification des
chrétiens s'étendit de même au
loin. Un grand nombre de chrétiens crurent
au Sauveur qui leur était annoncé
comme celui qui « détruit » qui
« ôte » le
péché, et entrèrent dans une
vie toute nouvelle; ils pouvaient dès lors
être « toujours joyeux, prier sans
cesse et rendre grâces pour toutes choses.
»
Quand Bramwell était en
société, le thème habituel de
sa conversation était celui-ci: «que
pouvons-nous faire pour louer davantage le
Seigneur, obtenir de plus grandes
bénédictions, avancer son
règne? De quelque partie de
l’œuvre qu'il dût s'occuper, il se
donnait toujours tout entier à son travail,
y mettant tout le soin dont il était
capable. Il régularisa les classes,
établit des réunions de
prières et entreprit de fortifier la
discipline. Il avait particulièrement
à cœur les nouveaux convertis; il
faisait tout son possible pour les préserver
du mal et assurer leurs progrès spirituels.
Il avait pour cela des réunions
spéciales, les jeunes gens et les ,jeunes
filles étant rassemblés
séparément. Il leur donnait des
directions quant à leur conduite, les
mettait en garde contre les dangers qu'ils
couraient et leur recommandait les livres qui
pouvaient leur être utiles.
Des faits qu'on regarderait; partout comme
étranges, mais qui n'étonnaient
guère dans les églises où
prêchait Bramwell, parce qu'ils y
étaient fréquents, montrent quelle
était; la puissance spirituelle qui
accompagnait son ministère. Nous en citerons
un entre beaucoup d'autres.
Pendant les assemblées de district de Leeds,
Bramwell se rendit de Birstal â Kirkstall
Forge, avec le Révérend John Nelson,
et prêcha là en plein air à un
auditoire fort attentif. Ensuite, dans la chapelle,
avec la plus grande partie de cet auditoire, il
tint un service qui se prolongea fort tard dans la
nuit. L'Esprit de Dieu y fut abondamment
répandu et beaucoup de personnes
étant convaincues de péché,
témoignèrent une grande
détresse.
Le lendemain matin, comme Bramwell priait avec la
famille chez laquelle il était logé,
une des femmes présentes qui avait
assisté aux réunions de la veille et
qui n'avait pas voulu s'y donner à Dieu,
prétextant son aversion pour les «
réunions bruyantes », fut saisie
elle aussi par l'Esprit de Dieu; mais comme elle
résistait aux convictions qui se formaient
en son esprit elle tomba sur le plancher et y resta
pendant quatre heures dans un état
d'insensibilité telle que plusieurs
personnes la croyaient morte. Elle revint cependant
à la vie; mais elle ne trouva la paix et la
joie qu'en abandonnant sa volonté propre
pour se soumettre entièrement à
Dieu.
Nous avons vu la vigilance de Bramwell; il veillait
et priait sans cesse, il jeûnait même
souvent, de sorte qu'il pouvait
répéter avec une entière
vérité ces paroles : « Je
tiens mon corps durement assujetti, de peur
qu'après avoir prêché aux
autres je ne sois moi-même rejeté.
» Et cependant ou plutôt à
cause de cela même, il avait cette assurance
toute particulière qu'on remarque chez
l'apôtre Paul.
Après deux heureuses années
passées à Birstal, où il vit
six cents nouveaux membres se joindre aux
églises, Bramwell fut nommé
Prédicateur de l'immense Circuit de
Sheffield.
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