HISTOIRE D’UN PUISSANT
RÉVEIL
VIE DE WILLIAM BRAMWELL
« MON ÂME EST TOUT AMOUR
»
A la Conférence de 1801, Bramwell
fut désigné pour le Circuit de Leeds.
Il y commença son ministère le 6
septembre, avec son zèle ordinaire, et Dieu
fut tellement avec lui, ainsi qu'avec ses
collègues, qu'en deux ans, cinq cents
membres furent ajoutés à la
Société wesleyenne. Sa correspondance
pendant ce temps fut moins étendue que
précédemment, mais elle montre,
toujours grandissant, la même foi, le
même renoncement, le même amour pour
les âmes.
Le Révérend Blackett, Conducteur de
deux des classes de Leeds, dit qu'à cette
époque il semblait que tous les habitants de
la ville allaient être convertis; les
pécheurs étaient tellement
troublés, qu'on voyait les hommes les plus
dépravés, les persécuteurs les
plus violents, témoigner de la repentance et
se mettre à prier. « Je visitai
chacune des maisons de la High strett dit le
Révérend Blackett, je parlai à
chacun du salut de son âme, et il se trouva
qu'un grand nombre de personnes dont je n'attendais
pas grand chose, avaient la conscience
réveillée et cherchaient Dieu en
secret. Beaucoup de gens désiraient venir
aux réunions de classe mais ne l'osaient
pas, parce qu'ils n'étaient pas
invités. Ils furent remplis de joie quand je
leur dis que je venais chercher les brebis perdues
et que je les invitais à venir recevoir
instruction dans les réunion, des enfants de
Dieu. »
Bramwell écrit de Leeds, à la date du
16 décembre 1801, au Révérend
Drake :
« J'ai besoin d'avoir de vos nouvelles, vous
pesez beaucoup sur mon cœur et je prie
beaucoup pour vous.
« Vous avez une grande croix à
porter, mais vous pouvez la recevoir avec joie de
la main du Seigneur; c'est ainsi qu'elle produira
une gloire infiniment excellente. Ce n'est que par
la prière et la foi que vous serez rendu
capable de surmonter la douleur, mais la chose est
possible... »
« O mon frère, le temps est
court, il faut que nous le mettions à
profit... Je me suis de nouveau consacré
à Dieu pour être à Lui en
sacrifice continuel et qu'il soit mon tout en
toutes choses. Je vis avec Lui et j'attends chaque
jour son appel. « Mon ami monte plus
haut, » dira-t-il bientôt.
« Je n'ai pas toujours recueilli tout le fruit
que j'aurais pu recueillir des croix que Dieu m'a
envoyées j'en suis honteux, confondu, et je
me prosterne devant le Seigneur dans la plus
profonde humiliation.
« Ma femme est véritablement
consacrée au Seigneur et notre petit John
est une joie pour nous. Beaucoup d'âmes ici
et dans d'autres localités du circuit se
tournent vers le Seigneur. Cependant l'ennemi me
tente souvent; il voudrait me faire abandonner tout
mon travail. Lisez, veillez, priez; en toutes
choses, soyez comme l'apôtre Paul. »
Le 30 novembre 1802, Bramwell écrivait de
Leeds, à son ami Taft, une lettre qui a
trait à la crise dont nous venons de parler;
nous en extrayons quelques lignes :
« Je suis toujours témoin de grandes
choses à Leeds; beaucoup d'âmes sont
sauvées dans la ville, pas autant dans la
campagne. Nous avons eu dans une des rues de la
ville une oeuvre comme j'en ai rarement vu :
beaucoup de ceux qui étaient les pires sont
devenus les meilleurs.
« Je n'ai pas le secours dont j'ai besoin, et
je me dis parfois : « Malheur à moi!
car je suis assiégé par toutes les
puissances de l'enfer. » Vous seriez bien
surpris si vous saviez quelles machinations j'ai
découvertes; on voulait empêcher notre
victoire sur le Prince des ténèbres,
cependant la main de Celui qui déjoue les
manœuvres de l'ennemi se fait sentir. Mais
l'ouvre n'a pas pris l'extension que je
désirais; j'en pleure et j'attends la
délivrance.
Jamais je n'ai autant vécu avec Dieu
qu'à présent. Je puis dire que ma vie
est une prière semblable souvent à
une agonie. J'attends constamment l'appel de Dieu
qui me fera monter plus haut; cependant je pense
parfois que pour moi la plus grande œuvre est
encore à faire. Oh ! que Dieu me garde
prêt pour la vie comme pour la mort !
»
A la Conférence de Manchester en 1803,
Bramwell fut nommé prédicateur
itinérant du Circuit de Wetherby. Il avait
alors quarante-quatre ans. Pendant huit ans, il
avait travaillé dans des districts populeux,
où les sociétés étaient
importantes, les congrégations nombreuses et
l’œuvre étendue, souvent
glorieuse; il se trouvait maintenant au milieu
d'une population rurale relativement peu nombreuse,
et son action paraissait fort restreinte. Mais
c'est parfois dans l’ombre que le serviteur de
Dieu se développe le mieux. II devait en
être ainsi, pendant un an, pour Bramwell dont
la vie était une prière continuelle.
Il écrit de Wetherby à un ami
intime :
« Le temps est maintenant venu pour moi
d'être façonné comme il
convient pour occuper la place dans la gloire
où Dieu va m'appeler. Je combats chaque jour
de toute mon âme; et jamais je n'ai joui
d'une plus grande puissance et d'un plus grand
amour. Je vois des âmes arriver au salut
à peu près chaque soir. Mais dans
quel état de mort est ce circuit! chaque
jour je suis dans l'agonie pour obtenir le
réveil de quelques âmes. »
« Mon âme est toute amour ! gloire
à mon Sauveur ! » dit-il dans une autre
lettre datée de Wetherby.
A son ami Drake, il écrit:
« Nous sommes tous bien et beaucoup
d'âmes sont sauvées. Le circuit de
Wetherby est confortable, mais petit; notre action
y est fort limitée. On me sollicite vivement
de me rendre dans un circuit plus important et je
devrai probablement me rendre à cet
appel.
« Mon cher frère, ma vie est une
prière continuelle. Je vous assure que je
suis comme dans le ciel. Le ciel, c'est le
Seigneur. »
« Nous avons eu dimanche passé
une grande réunion dans une grange d'une
vingtaine de mètres de longueur. Il y vint
des personnes de presque toutes les communes du
Yorkshire. Je n'ai, je crois, jamais vu un plus
grand nombre d'âmes être remplies du
Saint-Esprit; il y eut, en outre, beaucoup de
pécheurs qui reçurent le pardon de
leurs péchés.»
.
« JE SUIS MOINS QUE RIEN
»
La Conférence de 1804 jugea comme
beaucoup des amis de Bramwell; elle pensa qu'il
devait être placé dans un circuit plus
important, aussi l'appela telle à celui de
Hull, ainsi que Walter Griffith et Samuel Taylor
qui étaient comme lui, des hommes «
remplis de foi et du Saint-Esprit. »
Bramwell travailla deux ans avec grand
succès dans ce nouveau circuit et vit de
quatre à cinq cents nouveaux membres
s'ajouter à la Société
wesleyenne. Aucune croix n'était pour lui
trop lourde, aucune privation trop rude, aucun
service trop pénible, quand il s'agissait de
sauver des âmes.
En octobre 1804, il écrit de Hull :
« J'ai eu trois semaines d'agonie, mais
maintenant je vois le Seigneur à
l’œuvre. Depuis quelque temps le ne
prêche plus sans voir quelque fruit de mon
travail. Le Seigneur sauve des âmes. Oh! que
rien ne vienne y faire obstacle. Priez, priez
beaucoup pour moi! Que le Seigneur vous
bénisse! »
« Trois semaines d'agonie, » aussi ne
nous étonnerons-nous pas que ses armes aient
été « puissantes» pour
renverser les forteresses de l'ennemi ». Cette
même puissance, il la désirait
ardemment pour ses frères. Nous lisons dans
une lettre qu'il écrit le 29 novembre
1804 :
« Mon cher frère Cranswick,
« Je pense chaque jour à vous et
à votre famille. J'ai besoin souvent de
savoir comment vous êtes tous. Satan usera de
mille moyens pour refroidir notre amour; il fera
tout ce qu'il pourra pour donner à toutes
choses le plus triste aspect; puis il nous dira que
nous ferions aussi bien d'abandonner notre
oeuvre... Mais, bien que nous ne puissions sauver
tout le monde, ni peut-être beaucoup de
personnes, il n'en est pas moins vrai qu'une seule
âme a la plus grande importance. Les
églises, quoique petites, ont une valeur
infinie. Rappelez-vous comment vous avez
été sauvé, aussi ne
négligez jamais la moindre prière.
C'est en priant continuellement que nous conservons
la, grâce : j'en suis plus convaincu que
jamais. Oh! abandonnez tout à Dieu, qu'il
ait tout! Votre chère femme et vos
précieux enfants sont à lui;
remettez-les entre ses mains chaque matin, faites
cet acte à genoux. Dieu vous
répondra; il aplanira votre chemin et vous
verrez sa gloire.
« Je sais, cependant, que ce n'est que par un
combat continuel que nous pouvons rester debout au
milieu de l'incrédulité
générale. Faites toute
l’œuvre que vous avez à faire dans
votre maison, avec le moins de paroles possible.
Soyez toujours bon avec tous, même avec les
ingrats. Vous en retirerez les plus grandes
bénédictions. Vivez pour Dieu, en
toutes choses; soyez entièrement
abandonné entre ses mains. Je désire
vous voir bientôt. Que chacun de nous porte
ses frères à Dieu, et ne brisons
jamais les liens célestes qui nous unissent
! »
Le 30 mai 1805, Brarnwell écrit de Hull
à M. John Angrave :
«Mon cher père dans le Seigneur
jésus,
« J'ai été tout réjoui en
recevant des nouvelles de vous et de votre famille.
J'ai confiance que vous marchez toujours dans le
même chemin et que vous avez toujours les
mêmes sentiments. J'ai été
souvent édifié en méditant ces
paroles de saint Jacques qui nous parlent du
« Père des lumières chez qui
il n'y a ni changement ni ombre de variation.
» Quelle révélation ! Quelle
certitude de recevoir le plein salut !...Prenez
donc et efforcez-vous de prendre le tout. La
prière continuelle sera le moyen ;heurtez,
heurtez souvent et fort, allez avec assurance; ne
dites pas, j'y suis allé ce matin, ce soir;
allez à Dieu continuellement...
« Je suis moins que rien, et cependant je sens
en moi un grand accroissement de l'amour et de la
puissance de Dieu. Je vous retrouverai
bientôt là où il n'y aura plus
de séparation. Que le Seigneur dirige toutes
choses pour sa gloire ! etc. »
Le 20 juin il écrit: « Marcher,
voir, parler, souffrir dans le Seigneur, c'est le
ciel sur la terre. Dans la gloire, il n'y aura pas
la plus petite chose qui ne soit en
Dieu...»
Les progrès de Bramwell dans l'amour, la
lumière et la puissance de Dieu sont encore
affirmés dans la lettre suivante
adressée à William Burrows, un de ses
amis intimes qu'il s'efforçait
d'encourager :
« Hull, 27 novembre 1805 »
« Que la grâce vous soit
multipliée ainsi qu'à toute votre
famille. J'ai pensé à vous presque
chaque jour...
« Oh! la patience de Dieu ! Combien il est
opposé à notre destruction ! et
prêt à pardonner, à
bénir, à nous purifier de tout
péché! Bien plus, à nous
purifier de toute notre vieille nature! Il n'est
jamais fatigué d'encourager ses enfants et
de les remplir de son Esprit. Je suis
émerveillé de son amour...
« Combien l'incrédulité
déshonore son nom ! Hésiter, ne
fût-ce qu'un instant, dans la confiance en
Lui, quel outrage envers sa personne ! Je suis
de plus en plus choqué à la
pensée de l'incrédulité. Le
péché, la mondanité, les
ténèbres, la mort, en voilà
l'effet immédiat; tandis que la vie, la
lumière, la sainteté, le ciel, sont
les fruits de la foi.
« J'ai confiance que vous
persévérez dans vos efforts, que vous
courez, que vous combattez, que vous croyez, que
vous êtes un homme faible qui a
été rendu puissant, un pauvre rendu
riche, un malheureux qui a été mis en
état de se réjouir
éternellement...
« Ne faiblissez jamais, quand même
d'autres autour de vous cèdent. Rester
debout, même seul, c'est la plus grande
gloire.
« Je bénis Dieu, je fais des
progrès dans la grâce, je vis dans
l'union avec jésus, je suis plus près
que jamais du trône. Satan me poursuit
toujours davantage, il veut détruire les
fruits de notre travail; mais je le combats
journellement et j'ai l'espoir de le vaincre. Je
vois le Seigneur faire son oeuvre; il opère
plus puissamment qu'au commencement mais
l’œuvre n'est pas encore
générale. Des âmes sont
sauvées; mais combien il me tarde de voir
davantage ! Quand je prêche, je suis plus que
jamais rempli de la Puissance d'En Haut! Priez,
priez, priez pour moi ! »
Le 30 mai 1805, Bramwell écrit :
« Le Seigneur est avec nous, il
émonde, il taille, il plante. Quelques
âmes sont sauvées dans nos
réunions. »
Un mois après, il dit encore :
« Dieu opère dans notre circuit,
Dans une localité quarante personnes se sont
jointes à notre société;
plusieurs étaient des catholiques romains;
dans le nombre se trouve un beau jeune homme qui
était clerc d'un prêtre, ce qui a fort
irrité les gens de son Église.
»
Le 16 décembre 1805, il
écrit :
« Je suis plus que jamais uni à Dieu.
Je vois des âmes arriver au salut, mais
l'oeuvre n'est pas
générale. »
Le 6 janvier 1806, il peut enfin
écrire :
« Le salut, la flamme de l'amour brille
maintenant de toutes parts à Hull. Je
connais que nous ne pouvons pas jeûner et
prier en vain. »
Bramwell n'en dit pas davantage ; mais de tout ce
que l'on pouvait souhaiter de connaître,
c'est là le point capital. Un réveil
général des âmes vint donc
couronner ses efforts pendant le dernier semestre
de son activité dans le Circuit de Hull.
Plusieurs exaucements à ses prières
et à celles de ses amis furent notés
pendant les deux ans qu'il passa dans ce
circuit.
A la suite d'une chute, M. Brayshaw, de Hull, se
trouva dans un état
désespéré. La gangrène
l'envahissait, et l'on n'attendait que sa mort. Il
prit en conséquence, congé des siens
et leur donna ce qu'il croyait être sa
dernière bénédiction. A ce
moment, Bramwell et son collègue Griffiths
vinrent le voir, et Mme Brayshaw leur recommanda de
prier dans la réunion de chrétiens
où ils se rendaient. Ils le firent; et
pendant qu'ils le faisaient une effusion
extraordinaire du Saint-Esprit; était
accordée à l'assemblée. M.
Brayshaw entra aussitôt en voie de
guérison et fut bientôt
entièrement rétabli. Pour sa famille
et ses amis, la réponse aux prières
fut évidente.
.
LE VRAI REPOS
En 1806, Bramwell fut nommé
prédicateur de l'important Circuit de
Sunderland. Il y fut reçu avec une affection
toute particulière. « Nous avons
une trop belle maison, écrit-il peu
après son arrivée à
Sunderland, et les amis ici sont trop bons pour
nous; j'ai beaucoup à veiller, à
prier et à jeûner, de peur que les
bonnes choses ne causent notre
ruine. »
Les doctrines pernicieuses d'un certain M. Cooke et
ses pamphlets qui avaient été fort
répandus, avaient profondément
divisé les sociétés du circuit
et avaient fait un mal considérable.
Bramwell pensa que la meilleure manière de
combattre le mal, était d'annoncer
pleinement la vérité sans parler de
l'erreur. Il ne fit donc aucune controverse et
prêcha d'emblée et hardiment un «
plein et entier salut » offert
présentement et gratuitement à tous.
Il n'avait d'autre objet en vue que de sauver les
âmes, sauver les chrétiens de l'esprit
de dispute qui s'était emparé d'eux.
Aussi s'efforça-t-il de répandre
partout l'esprit de prière, ce à quoi
il réussit.
Dès le commencement de ses travaux dans ce
nouveau circuit, il écrit à un de ses
collègues :
« Je suis à présent
adonné à la prière. L'esprit
et les doctrines de Cooke ont aveuglé le
peuple; ce circuit donne cependant de grandes
espérances. Les foules viennent entendre la
prédication de l'Évangile et les yeux
commencent à s'ouvrir. Dans l'agape que nous
avons eu dimanche passé, Dieu nous a
accordé une abondante effusion de son
Esprit; c'était une vraie averse : dix
personnes sont arrivées à la
glorieuse liberté des enfants de
Dieu»
Un réveil général ne tarda pis
à se manifester.
«L'oeuvre devient de plus en lus profonde dans
tout le circuit; quand j'y suis arrivé, on
ne connaissait rien de la sanctification
entière; et, à ce sujet, j'ai encore
lieu de gémir; mais j'ai formé un
groupe de chrétiens choisis et
j'espère que tous recevront la
bénédiction. Priez pour moi que je
puisse faire toute la volonté de Dieu. Je
pense que ma femme a une plus puissante foi que
moi ; toutes ses classes sont embrasées
du feu de l'amour divin. »
Au bout d'une année, cinq cents nouveaux
membres, dans le Circuit de Sunderland,
étaient entrés dans la
société.
« La paille, le foin et le chaume de Cooke ont
été maintenant balayés,
écrit Bramwell.
Quarante soldats ont été convertis,
et un bon nombre ont abandonné leurs
habitudes mondaines pour entrer dans les classes.
»
Cette oeuvre excellente se continua et, dans tout
le circuit, un grand nombre d'âmes furent
ajoutées aux églises.
Dans une lettre adressée par Bramwell au
Rév. Dunn, le 7 février 1807, nous
lisons :
« Environ deux cents personnes se sont jointes
à nous pendant ce dernier trimestre, et
parmi elles soixante soldats, lions qui ont
été changés en agneaux.
J'admire l’œuvre de Dieu parmi ces
hommes. Nous en avons maintenant soixante et dix
dans nos classes; et ces gens ont prouvé
qu'ils étaient tout à fait
changés. Le réveil commence en
plusieurs localités. A Durham nous avons
jeté les fondements d'une nouvelle
chapelle.
«Satan m'assaille avec une violence
extraordinaire; et cependant je grandis dans la
grâce de Dieu. Mon cher frère,
remettez toutes choses entre les mains du Seigneur
et votre chemin sera aplani, votre âme sera
vivifiée et vos travaux seront
couronnés de succès. Le temps est
court, tout ici-bas menace ruine; mais Dieu est et
sera avec nous. Priez pour moi. J'ai confiance que
j'aurai toujours raison de vous aimer en
jésus. »
Bramwell recherchait si ardemment le salut des
pêcheurs, qu'il arrêtait souvent les
personnes dans les rues pour leur parler du salut
de leur âme. La gloire de Dieu était
sa préoccupation constante.
Passant la nuit avec un de ses collègues
chez un excellent frère, Bramwell apprend
que la famille de son hôte est dans une
grande anxiété. Le
propriétaire veut qu'elle évacue la
maison et il n'y a pas moyen d'en trouver une autre
convenable. Bramwell et son collègue prient
jusqu'à l'aube. Le lendemain toute
difficulté est aplanie, et l'hôte
reconnaît que « la prière
fervente du juste a une grande
efficacité. »
A peu près à la même
époque notre ami écrit à
William Burrows :
« Je suis affligé de ce que mon amour
n'est pas plus puissant et de ce que le ne suis pas
plus semblable à notre Sauveur... je me
jette à ses pieds avec honte. Comment se
fait-il qu'une seule âme ayant un si grand
prix, que Dieu étant si grand et
l’éternité si proche, nous n'en
soyons pas davantage émus? Peut-être
pourrez-vous répondre à cette
question.
« La vérité, sa profondeur, la
grandeur des promesses de Dieu, ce sont des choses
qui me submergent entièrement; je suis perdu
dans l'admiration et la louange. Mon âme
pénètre en Jésus-Christ. Sa
parole me saisit plus fortement que jamais. Oh i
combien je puis lire, pleurer, aimer, souffrir! Oh!
oui, que ne pourrais-je souffrir, quand je vois le
Seigneur comme je le vois maintenant! Être
justifié est une grande chose; être
purifié est une grande chose; mais qu'est-ce
que la justification et la purification
comparées à la grâce
d'être ainsi incorporé à Sa
personne?
Le monde et tout son bruit a entièrement
disparu et l'âme porte la pleine empreinte de
l’image de Dieu...»
« O mon cher frère, priez, priez,
persévérez dans la prière,
plaidez avec Dieu, pleurez et gémissez dans
la prière et la supplication. Vous
connaissez le chemin; le Seigneur vous a
montré son grand salut; vous ne pouvez pas
rester en repos comme les autres et être
heureux; non! vous devez tout obtenir, rien moins
que toute la bénédiction ne peut
mettre votre esprit en repos. Ne vous
relâchez en rien!... »
Si l'âme sanctifiée n'a plus à
« lutter contre la chair et le
sang, » elle n'en est pas moins assaillie
par «les dominations, les autorités,
les princes de ce monde de ténèbres,
les esprits méchants qui sont dans les airs.
» (Eph. 6/12)
L'ennemi sera même d'autant plus terrible au
dehors, qu'il aura perdu toute position au dedans.
C'est ce qu'éprouvait Bramwell, les
fragments de lettres suivants en donnent mainte
preuve :
«Ces derniers temps mes regards ont
pénétré plus
profondément dans l'Evangile. Nos corps sont
« les temples du
Saint-Esprit » : je suis convaincu que,
quant à notre corps particulièrement,
notre gloire est peu de chose en comparaison de ce
qu'elle pourrait être. Il est
nécessaire au plus haut point d'être
pur quant à l'homme extérieur. Il
faut pour cela être dans la prière
continuelle, les yeux toujours fixés sur
Jésus-Christ...
« Quant à rechercher la gloire
qui vient des hommes, le monde, ou quant à
se rechercher soi-même, cela est devenu si
choquant pour moi, que je m'étonne que nous
ne tombions pas tous morts quand si peu que ce soit
d'un pareil péché vient à se
produire parmi nous.
« Quand je fais de la peine au Seigneur, j'en
ai immédiatement conscience, l'Esprit me le
dit... Mon âme est sujette à la
paresse; et je dois prendre de la peine, je vous
assure, pour que tous mes devoirs soient faits
aussi vite que possible.
« Je suis aussi fort corporellement que je
l'ai jamais été, mais ma vue baisse
rapidement : c'est un coup retentissant
frappé à ma porte. »
« La guerre pour moi se prolonge, je suis
entouré des puissances des
ténèbres. Mes tentations à me
relâcher, à mettre moins d'ardeur et
de travail dans la prédication et la
prière, sont plus grandes que jamais. Les
invitations que je reçois de beaucoup d'amis
fortunés sont plus nombreuses ici, à
Sunderland, que dans toutes les localités
que j'ai habitées
précédemment, et ces invitations
tendent à produire ce relâchement.
Mais je reste dans le Seigneur, je demeure ferme en
Lui. Je suis gardé par la puissance de Dieu;
de cela, j'ai pleine certitude. Je grandis et je
deviens plus petit; je suis ! plus honteux de
moi-même, plus dépendant de non
Père céleste que jamais. Ma communion
avec Lui est devenue plus étroite, plus
constante; et mon amour pour Lui, plus puissant.
Quant à ma prédication, je suis
peiné au plus haut point : elle est
tellement au-dessous de son sujet, la
rédemption, le plein salut ! Je tremble
autant que jamais en présence de mes
auditeurs. »
Dans une lettre datée de 1807, Bramwell
montre la grandeur des bénédictions
dont il jouit et il exprime l'ardent désir
que ses frères aient part aux mêmes
grâces :
« J'espère que vous conserverez toute
votre foi et toute votre patience. Plus nous nous
approchons de Dieu, plus nous devenons conscients
du moindre péché et de la moindre
tentation. Ce qui pour moi est le meilleur, c'est
de demeurer continuellement dans le Seigneur.
Sentir que tout lui est abandonné, qu'on
dépend de lui pour toutes choses, qu'on est
un avec lui, et ne jamais être distrait de sa
présence, c'est le ciel continuellement sur
la terre.
« Être constamment prêt pour la
gloire : tel est, en effet, notre privilège.
Oh ! quel grand salut ! Tout ce qui est mauvais a
été enlevé, toute grâce
est obtenue, l'enfer est vaincu et Christ est sans
cesse glorifié ! »
Le 20 mars de la même année, il
écrit encore de Sunderland :
« Mon cher frère,
«Il y a quelques temps que je pense à
vous écrire, car je n'oublie pas mes amis;
au contraire, je me sens toujours plus uni à
eux et parfois je désire beaucoup les voir,
afin que nous puissions, eux et moi lutter ensemble
les uns pour les autres dans la prière et
recevoir du Seigneur une grande puissance pour
accomplir notre œuvre. Encore un peu de temps
et la bataille sera gagnée. Nous devons
vaincre pleinement par le sang de l'Agneau. La
vieille nature doit être détruite. Le
Seigneur qui a créé le monde d'un
mot, peut d'un mot nous sauver; et
l'incrédulité seule peut
empêcher notre plein salut.
« Oh! combien la vie est douce, calme et
sereine quand toute guerre contre le
péché et le mal intérieur est
terminée !
« Priez ! oh ! Priez ! mon frère.
Ne vous dessaisissez jamais, jamais, de la pleine
bénédiction que vous avez
reçue. Je suis étonné que nous
ne prions pas davantage et même que nous ne
vivions pas à chaque instant comme sur le
bord du royaume éternel...
J'espère que vous passerez au travers des
choses périssables les yeux fixés sur
celles qui sont d'En-Haut.
« Quand nous sommes purifiés du
péché, il semble que nous ne faisons
que commencer à vivre; se reposer alors sur
Dieu, n'être jamais distrait par les choses
de la terre, croître de toute façon en
« Celui qui est la tête» ne
jamais voir ni sentir que Lui, faisant tout en Lui
et pour Lui, c'est le ciel commencé sur la
terre...
|