Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



DANIEL BONNET
ou
Les aventures d'un colporteur

CHAPITRE III
Une âme gagnée au Sauveur

Peu après son retour à Belormeau, Daniel fit une visite à une brave femme qui était chrétienne depuis bien des années et qui lui achetait souvent quelque chose. Elle était cuisinière et femme de charge dans un château, situé sur une colline près du village. Son nom était Mme Armand.
Ce fut elle qui vint lui ouvrir la porte lors de sa visite, et son sourire exprimait une cordiale bienvenue.
- Entrez, M. Bonnet, dit-elle. J'ai appris que vous étiez dans ces parages et je vous attendais. Je suis justement en train de goûter. Ma maîtresse sera heureuse que je vous aie offert une tasse de thé.

Elle conduisit Daniel dans sa confortable petite salle à manger et le déchargea elle-même de son fardeau, puis, ayant placé devant lui une tasse de thé, elle ouvrit la sacoche.
- Comment va votre femme ? demanda-t-elle tout en examinant les livres. Elle n'était pas très bien lors de votre dernière tournée.
- Merci, Madame, elle, va mieux, mais cela laisse encore bien à désirer. Elle me dit parfois en riant : « Nous devenons vieux, et chaque soir un nouveau pas me rapproche du Père », à quoi j'ajoute, quand j'ai appris quelques conversions : « Plusieurs âmes sauvées - Son retour approche ».
- C'est une pensée inspiratrice, répondit Madame Armand. « Toute âme convertie nous rapproche du jour où nous serons enlevés auprès du Seigneur ».
- Cette pensée m'a souvent aidé à franchir bien des kilomètres, à supporter nombre de rebuffades et de découragements, dit Daniel. Le jour du couronnement approche.
- Alors nous devons gagner des âmes aussi vite que possible, fut la réponse. J'aimerais avoir ce livre, poursuivit Madame Armand, et elle mit sur la table un volume joliment relié en rouge, intitulé : « Voyez quel amour... »
- Oui, c'est attrayant. Mettez-le en vue quelque part ; il se trouvera sûrement quelqu'un pour le lire.

Madame Armand sourit. Elle avait une vieille habitude de laisser les livres achetés un peu de droite et de gauche, dans l'espoir que d'autres domestiques les remarqueraient et seraient bénis par leur lecture.
- Vous souvenez-vous d'Amélie ? demanda-t-elle. La dernière fois que vous êtes venu, vous lui avez dit nettement votre pensée sur les insipides petites nouvelles qu'elle aimait à lire.
- Oui ; je crois même l'avoir fâchée.
- C'est vrai, mais elle se calma peu après ; elle se mit à lire mes livres, et, un beau jour, jeta tous ses romans dans le feu de la cuisine.
- Est-elle ici aujourd'hui ?
- Non, elle est partie il y a deux mois pour épouser un brave jeune homme qui travaille dans une fabrique d'automobiles. Elle m'a dit combien elle regrettait d'avoir été si impolie envers vous.
- Oh ! cela ne fait rien : « Si vous êtes outragés pour le nom de Christ, vous êtes heureux ». Quand vous la verrez, dites-lui quelle joie m'a causé ce changement.
- Et pourquoi ne pas lui écrire vous-même ? Cela lui ferait si plaisir. Je vais vous donner son adresse.

Ayant soigneusement placé l'adresse dans son portefeuille, Daniel prit congé de Madame Armand et retourna à son travail, rafraîchi de corps et d'esprit.
La cuisinière examina alors ses emplettes, surtout le volume intitulé: « Voyez quel amour... » Au bout de quelques instants, elle le posa bien en vue sur sa petite table, et, bien qu'elle attendît sa maîtresse d'un moment à l'autre pour parler avec elle de provisions de ménage, elle se rendit au jardin pour y couper un chou.
Ou le chou était bien dur, ou le couteau était émoussé ; toujours est-il que l'opération fut assez longue.
Madame Néville vint à l'heure habituelle et, ne trouvant personne là, elle s'approcha de la fenêtre, car elle savait que la cuisinière ne tarderait pas à paraître.
De fait, au delà du parterre fleuri et du verger, elle pouvait distinguer Madame Armand coupant son chou.
Puis elle se dirigea vers la table, et ses yeux tombèrent sur le petit livre joliment relié ; elle le prit et se mit à le feuilleter.

Quand Madame Armand rentra un peu à la hâte, sa maîtresse lui demanda en souriant d'où venait ce livre.
- Je l'ai acheté à M. Bonnet, le colporteur. Je lui ai aussi offert une tasse de thé, car j'étais en train de goûter ; et j'étais sûre que vous approuveriez la chose.
- Certainement, Madame Armand. Il doit toujours être reçu ici avec hospitalité. Me prêtez-vous ce livre ?
- Bien sûr, Madame, avec grand plaisir, fut la joyeuse réponse.

Et tandis que les deux femmes parlaient ménage, l'une d'elles remerciait Dieu en son coeur d'avoir si vite exaucé la prière formulée dans le jardin potager.
Le jour suivant, elle examina plus d'une fois sa maîtresse avec curiosité.
Il y avait un changement dans ce beau visage. Un nuage était venu voiler ces traits d'habitude si impassibles, et la cuisinière s'en réjouit, surtout lorsqu'elle vit dans la chambre de Madame Néville une vieille Bible posée à côté du nouveau livre.

Madame Néville passait en effet par une crise morale. Pour la première fois, elle comprenait qu'elle était une pauvre pécheresse perdue, car, jusqu'alors, elle s'était bercée d'une fausse sécurité.

N'était-elle pas membre de l'Eglise, communiant régulièrement ? Et pourtant elle ne savait rien de la foi qui sauve. Sa présence au culte et à la sainte Cène, ses dons généreux, tout cela ne pouvait racheter son âme. C'était une pensée bouleversante. Depuis tant d'années, elle s'était contentée de sa tranquille vie religieuse, ne doutant pas un instant que le ciel ne soit ouvert à tous les honnêtes gens. Mais voilà que sa Bible, lue sous l'influence du Saint-Esprit, lui démontrait qu'il n'entrerait au ciel que des pécheurs sauvés par grâce.

Quelle grâce ! Quel amour ! « Et cet amour consiste non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu'Il nous a aimés et a envoyé Son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés ».

Pas à pas, Madame Néville descendit du piédestal de sa propre justice et humblement, sincèrement, s'approcha du Sauveur comme une pécheresse ; et elle trouva la paix de Dieu qu'aucune de ses formes de religion n'avait jamais pu lui procurer.

Alors Madame Armand aperçut sur le visage de sa maîtresse le reflet de cette joie intérieure et céleste qui vient remplir l'âme réconciliée avec Dieu.
- Prêtez ce livre à d'autres, dit-elle en le rendant à la cuisinière. Il est excellent et m'a été en bénédiction. Maintenant je connais l'amour de Dieu ; je sais qu'Il a donné Son Fils qui est mort pour moi. J'aimerais voir le colporteur lorsqu'il passera.

Nul besoin de dire que Madame Armand vaqua à ses occupations avec un sourire sur les lèvres et un coeur rempli de gratitude.

.

CHAPITRE IV
Daniel visite un café

Daniel continue son oeuvre d'évangéliste à travers la campagne. De temps à autre il apprend avec joie que la semence jetée au cours des deux dernières années a porté des fruits. Et cette nouvelle agit sur lui comme un cordial, le fortifiant contre les rebuffades, la profonde indifférence, ou encore l'hostilité amère qu'il rencontre continuellement.

Passant un soir près d'un café, après une pénible journée, il aperçut une douzaine d'hommes buvant autour du comptoir.
« Voici une porte ouverte, se dit-il. Profitons de l'occasion ! »
- Eh ! l'ami, cria l'un des hommes à son entrée. On n'a pas besoin de Bibles ici.
- Vraiment ? À mon avis, c'est ici qu'elles font grand besoin, répliqua Daniel en souriant à la compagnie.
Quelques hommes rirent, mais d'autres s'irritèrent de cette intrusion et cherchèrent à le pousser dehors.
Mais il résista, et l'un des buveurs s'écria :
- Laissez-le faire. Nous lui poserons quelques questions. Venez par ici, s'il vous plaît.

Et Daniel se trouva adossé à la plaque de marbre où s'alignaient verres et bouteilles et en face de ses bruyants auditeurs. Ils n'avaient pas l'air commode, mais le colporteur se sentait dans la main du Dieu qui sait tout ; il resta donc calme et les regarda tous sans sourciller.
- Et maintenant vos questions ? commença-t-il.

Un étrange silence fut la seule réponse.
Les hommes se regardèrent quelques instants avec embarras, puis l'un d'eux parla :
- Dis, Magnin ; c'est toi qui as proposé les questions ; donc à toi de commencer.

Le camarade interpellé ne semblait pas ravi de l'honneur qui lui était fait ; s'étant gratté la tête, puis essuyé le front avec un mouchoir rouge, il demanda d'un ton de défiance:
- Dites-moi donc tout d'abord à quoi sert la Bible?
- Ah, dit Daniel, il faut du temps pour répondre à cette question-là, provoquant ainsi un murmure moqueur, car les buveurs croyaient déjà lui avoir fermé la bouche.

Puis, saisi d'une sainte ferveur, il s'écria :
- À quoi sert la Bible ? Elle me dit que je suis un pécheur perdu qui mérite la mort éternelle, et que je suis déjà condamné. Elle me dit comment être délivré, pardonné, sauvé, comment devenir un enfant de Dieu. Oh! mes amis, elle parle du Seigneur Jésus mourant pour vous - pour moi. - Oui, pour vous!

Et dans son ardeur, il se tournait rapidement vers chacun de ses auditeurs ; pendant dix minutes au moins, il parla avec une ardente émotion, et les paroles sortaient de ses lèvres avec une force irrésistible.

Sur un signe du cabaretier, le garçon souleva tout doucement la planche mobile du comptoir contre laquelle était adossé le colporteur. Entièrement absorbé par ses pressants appels, il tomba facilement dans la trappe qui lui était tendue. De grossiers éclats de rire secouant tous les hommes lui révélèrent tout à coup qu'il était enfermé derrière le comptoir.
- Eh bien, puisque vous êtes pris, dit Magnin, vous allez nous payer une tournée.

Et il fit signe au cabaretier de servir.
Mais ce dernier fut arrêté par la main de Daniel.
- Un instant, dit-il, et sa voix ferme fit impression sur l'homme. Puis il s'adressa de nouveau aux buveurs : Vous dites que je dois vous payer une tournée. Mais je n'ai pas tout à fait terminé. Avant que vous touchiez une autre goutte de cet alcool (dont vous n'avez déjà pris que trop), je veux vous dire deux ou trois choses sur le Livre des livres. Écoutez : Il y a un ciel et il y a aussi un enfer. Mais c'est du ciel que je désire parler. C'est un lieu béni où Dieu essuiera toutes larmes, où il n'y aura plus ni mort, ni chagrin, ni douleur.
« Ce sont des choses que l'oeil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues, et qui ne sont point montées au coeur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment ».
Ne désirez-vous pas partager ces joies ? N'avez-vous pas soif de ce bonheur ?
Le Seigneur Jésus a dit : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive ». Il dit encore « À celui qui a soif, je donnerai de la source de l'eau de la vie, gratuitement ». Vous vous attendez à ce que je vous offre de l'alcool ; non, mes amis, je ne vous offrirai que de l'eau de la vie : « Que celui qui veut prenne de l'eau de la vie. Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui ». Voulez-vous croire en Lui ? Le voulez-vous ?
- Levez la planche ! qu'il sorte ! Assez de serinons comme ça !

Telles furent les exclamations qui suivirent les paroles vibrantes de Daniel. Puis Magnin lui-même souleva la planche, et poussa doucement mais fermement le colporteur et ses livres dans la rue.
Épuisé de fatigue, Daniel s'appuya un instant contre un vieux mur en face du bar, et il pria silencieusement.

Comme il s'éloignait, il entendit un bruit de pas. Le nouveau venu était un vieillard qui avait entendu au bar les appels de Daniel. Les yeux pleins de larmes, il s'approcha timidement de ce dernier et lui dit tout bas :
- Merci pour vos paroles de ce soir. Autrefois, j'avais fait profession de christianisme, mais cette maudite boisson m'a ruiné.
- Rappelez-vous que rien n'est impossible à Dieu. Il peut et veut briser vos chaînes. Que votre christianisme ne soit plus une simple étiquette, mais une réalité ! Croyez au Seigneur Jésus. Il vous sauvera et vous gardera : « Il peut sauver parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur ».

Ils se séparèrent, mais Daniel apprit plus tard que cette soirée avait marqué une heure décisive dans la vie du vieillard.
Qui pourrait dire le résultat de cette visite au café ? Peut-être l'éternité réserve-t-elle une joyeuse surprise à celui qui sema si fidèlement la Parole de vie. Elle ne retourne jamais à Lui sans effet.
Et ainsi l'été s'écoula.

Nous ne pouvons raconter ici tous les travaux de Daniel, ses succès et ses insuccès ; du matin au soir, tantôt ici, tantôt là, il semait la semence incorruptible sans s'épargner la fatigue. Il lui arrivait rarement de récolter les fruits de ses efforts, mais il persévérait dans sa tâche, s'en remettant à son Maître pour les résultats.
Il provoquait souvent une vive colère chez ceux auxquels il parlait du salut de leur âme, il essuyait bien des insultes pour son « impertinence » ou pour son « outrecuidance », comme on appelait cela.
Les sarcasmes et les quolibets lui étaient prodigués chaque jour, et si la grâce de Dieu ne l'avait soutenu, il aurait souvent été tenté d'abandonner une tâche si ingrate. Mais le Seigneur l'assistait et le fortifiait ; Il fermait la gueule des lions comme Il l'avait fait pour Daniel.

La lutte contre le mal était dure, mais il n'était pas seul. Il réalisait que son Maître était avec lui et s'occupait de lui.


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