Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



DANIEL BONNET
ou
Les aventures d'un colporteur

CHAPITRE V
Daniel au marché

 Réaubec possédait une vaste halle, et le banc de Daniel Bonnet était bien placé. Les fermiers et leurs familles, de fait presque tous ceux qui passaient par là, jetaient généralement un coup d'oeil sur les brochures et les textes étalés avec ordre et goût.
Beaucoup d'entre eux connaissaient le colporteur par ses visites dans les villages, et il apprenait parfois que telle ou telle âme avait été bénie par son ministère.
Notre ami est donc à son poste ce jour-là ; debout près de son banc, il parcourt du regard les longues rangées d'étalages remplissant la halle.

Les acheteurs ne sont pas encore arrivés, mais le marché présente déjà une scène animée, car de nombreuses conversations s'échangent un peu partout au son agréable des tasses et des soucoupes annonçant le thé, toujours le bienvenu parmi ces gens matinaux. Ils en ont grand besoin. Quelques-uns ont fait une longue route après avoir travaillé dur pour préparer leurs marchandises, et ils ont une forte journée en perspective.

Voici une fermière aux joues roses apportant une grande tasse de thé et un énorme morceau de gâteau :
- Tenez, M. Bonnet, dit-elle, je n'accepte pas de refus. Vous avez fait une bonne roulée et la chaleur est intense.
- Merci, Madame, je veux bien, car j'ai grand soif. Mes chers amis de Belormeau voulaient m'emballer du thé ce matin, mais je leur ai dit que j'en trouverais sur place. Au fait, je savais que vous penseriez à moi.
- Oh ! vous avez bien fait, M. Bonnet. J'aurais été désappointée si vous aviez apporté votre thé. Déjeunez donc tandis que j'examine vos livres.

Au bout de quelques minutes, il regarda le choix qu'avait fait la fermière.
- « Précieuses Vérités », dit-il, mais vous l'avez acheté la semaine dernière ?
- Oui, mais j'ai envoyé cet exemplaire-là à l'hôpital, à une vieille femme que je connais. Elle devait subir une sérieuse opération et n'était pas convertie. Je lui ai donc adressé ce livre « de la part d'une amie inconnue ». Elle ne sait pas lire, mais des visiteurs le lui ont lu et elle a compris qu'elle pouvait être sauvée simplement par la foi en Jésus-Christ. Maintenant elle a la paix, Dieu soit loué ! Je garderai ce nouvel exemplaire pour quelque autre occasion.

- Le Seigneur se souviendra de votre labeur d'amour, Madame, dit Daniel en lui tendant ses livres soigneusement enveloppés.

Une larme brilla à sa paupière:
- J'aime travailler pour Lui, dit-elle. Pensez à ce que nous Lui devons ! Mais il faut que j'aille. Le fermier Gay vous apportera une tasse de thé pour dîner; cela ira bien avec vos sandwichs. Il m'a prié de vous le dire.

Peu après, le marché battait son plein.
Ce jour fut semblable à bien d'autres que Daniel avait passé dans la halle. Il eut beaucoup de clients, mais bon nombre de gens ne vinrent que par pure curiosité et pour passer le temps. Il eut pour tous une parole aimable et saisit plus d'une occasion de prêcher l'Évangile à des auditeurs parfois attentifs, parfois indifférents.

Voici venir, entre autres, un bel homme à l'air plein de santé :
- Bonjour, M. Bonnet. J'aimerais une Bible pour ma femme. La sienne est usée. Elle est chrétienne, et j'aimerais l'encourager.
- Êtes-vous aussi chrétien, Monsieur ? demanda Daniel en plaçant un choix de Bibles devant son client.
- Non, je ne crois pas.
- Et pourquoi pas ? Sûrement, ce serait pour votre femme le meilleur des encouragements. Elle doit souffrir de vous savoir inconverti. « Cherchez l'Éternel pendant qu'il se trouve ». Ne serait-ce pas terrible d'être séparé d'elle pour l'éternité ?

L'homme regarda Daniel ; cette simple parole l'avait touché au coeur.
- J'achèterai aussi une Bible pour moi, dit-il, et il partit l'air sérieux.

Peu après parut une dame qui demanda à examiner les livres. Daniel servit un ou deux clients, tandis qu'elle était là, et il fut surpris de la voir parcourir minutieusement un volume intitulé: « La Bible est-elle la Parole de Dieu ou celle de l'homme ? »
Lorsqu'elle se décida à l'acheter, Daniel lui demanda si elle doutait que la Bible fût inspirée.
- Non, dit-elle tristement, c'est pour mon mari que je prends ce livre. Il dénigre la Bible et j'espère que ceci lui fera du bien.
- Je l'espère aussi, répondit Daniel avec sympathie. Et j'aimerais bien connaître. un jour le résultat de cette lecture, si vous le voulez bien ?
- Je vous promets de vous en informer, dit la pauvre femme. Cela me fait mal de l'entendre critiquer la Bible. Tout serait si différent s'il voulait croire...

Ce même jour, Daniel apprit une bonne nouvelle. Un homme qui avait acheté du beurre et des oeufs, vint le trouver :
- Vous étiez ici l'été dernier. Vous souvenez-vous de moi ?
- Mais oui, vous veniez souvent faire une causette les jours de marché; une fois, vous avez acheté: « Grâce et Vérité ». Ce livre vous a-t-il aidé ?
- Beaucoup. Il m'a révélé l'état de mon âme. Jusqu'ici, j'avais essayé d'établir ma propre justice, mais j'ai dû reconnaître que mon coeur était «tortueux par-dessus tout et méchant». Maintenant, Jésus seul est ma justice ; je n'en ai point d'autre. Je suis heureux d'avoir acheté ce livre.

Ce simple témoignage causa une grande joie à notre ami.
Vers le soir, plusieurs jeunes gens folâtrant sur la place s'approchèrent du banc de Daniel.
- Voici des Bibles, dit l'un d'eux. Vous en avez grand besoin, chacun de vous.
- Et vous, jeune homme ? demanda Daniel en souriant, n'en avez-vous pas besoin ?

L'adolescent, car il n'avait guère que dix-huit ans, ne répondit rien, mais l'un de ses camarades déclara :
- René est le pire de notre bande. Si vous êtes d'accord, nous allons nous cotiser pour lui acheter une Bible. Passons un chapeau !
- Je conseille cet achat pour chacun de vous, mais vous auriez peut-être de la peine à faire cette dépense. Quand j'avais votre âge, je me rappelle avoir mis longtemps à économiser deux francs cinquante pour m'acheter un livre.
- Était-ce une Bible ? demanda l'un d'eux.
- Non ; ma mère m'en avait donné une lorsque je quittai la maison pour aller travailler dans la mécanique. Le livre en question aidait à étudier la Bible.
- Tiens, quelle idée d'employer vos épargnes a un bouquin de ce genre ! Un livre traitant de la mécanique vous aurait été plus utile !
- Non, je venais de me convertir, et je voulais apprendre à bien connaître la Bible pour pouvoir en parler.
- Vous étiez un peu jeune pour prêcher, dit une voix moqueuse.
- C'est vrai, mais j'étais si reconnaissant d'être sauvé, que je désirais vivement montrer aux autres le chemin du salut. C'est un de mes camarades, encore tout jeune, qui m'amena au Sauveur. Je me promenais un jour avec un ami, lorsque Maurice nous rejoignit sur sa bicyclette. Il sifflait et chantait si joyeusement que je lui dis : « Que t'est-il donc arrivé ce soir ? » Il me répondit : « J'ai donné mon coeur au Seigneur Jésus ; fais-le, Daniel, et toi aussi tu seras heureux ». Ces simples paroles me touchèrent et, ce même soir, dans une réunion d'évangélisation, j'acceptai le Seigneur Jésus-Christ comme mon Sauveur. Voici pourquoi j'essaie maintenant de vous parler de Son amour, un amour qui L'a fait descendre du ciel et mourir pour vous, oui, pour vous.

Il s'arrêta un instant, et l'un des jeunes gens dit
- Ne vous inquiétez pas de nous. Tout va bien !
- Non, rien ne va bien, car, hors de Christ, vous êtes perdus. Mais vous pouvez être sauvés en cet instant si vous croyez au Sauveur. Vous pouvez connaître la joie, la paix et la sécurité éternelles. Et pourquoi pas ce soir ?
- Pourquoi pas demain ? fit une voix railleuse.
- Demain ne vous appartient pas. Peut-être tel d'entre vous sera-t-il mort. Notre vie est aussi éphémère que la flamme d'une bougie. Pensez à cela en vous couchant ce soir. En attendant, René, vous que vos amis appellent e le pire » de la bande (ce n'est pas moi qui le dis), voulez-vous accepter cette petite Bible ?

Le jeune homme prit un peu honteusement le livre offert et s'éloigna en remerciant à voix basse. Puis Daniel donna un traité à chacun des jeunes hommes.
L'un d'eux, le plus âgé et le mieux vêtu, revint en arrière après avoir fait quelques pas, et acheta une Bible.

Jamais le colporteur ne connut le résultat de cette petite entrevue, mais un jour viendra où « l'oeuvre de chacun sera manifestée ».

Travaillez et luttez, braves colporteurs ! Le temps est court. Prêchez la Parole en toute occasion, favorable ou non. Qu'importent les nuages ! Le soleil brillera à nouveau.

.

CHAPITRE VI
Daniel au château

Un jour de marché, tandis qu'il cherchait le livre que désirait une cliente, Daniel entendit malgré lui une conversation entre deux fermiers qui le laissa tout soucieux.
- Il se passe quelque chose d'étrange à la Banque cantonale, dit l'un d'eux.
- Rien de grave, j'espère ? s'enquit l'autre.
- Non, une simple erreur au sujet d'un coupon, rectifiée une semaine après que je l'avais signalée. Mais un ami me dit que la même erreur s'est glissée dans son compte, il y a trois semaines. Cela donne à réfléchir !
- Le directeur est absent, je crois ?
- Oui ; il a été malade, mais j'apprends qu'il va bientôt revenir. Je n'en serai pas fâché.
- Ah, je comprends. C'est un homme strict et honnête ; s'il se passe quelque chose de louche, il ne tardera pas à le découvrir.
- Sûrement ; le personnel est un peu surchargé en ce moment. Venez donc prendre un verre à l'Auberge de l'Ours.

Les fermiers partirent.
Daniel continua à vendre toute la journée, mais ses pensées étaient ailleurs, car la banque en question était celle où Charles était employé. Une secrète anxiété le hantait, le faisait trembler pour le jeune homme. Qu'allait-il lui arriver ?
Comme il rentrait chez lui à bicyclette par un chemin solitaire, pour laisser un livre dans une maisonnette, il aperçut soudainement celui qui occupait ses pensées.
Il n'y avait pas à s'y tromper, Charles offrait le spectacle d'un homme dans une amère détresse. Daniel l'aperçut de loin. Assis sur une grosse pierre près d'une haie, il avait les coudes sur les genoux et le visage dans les mains ; son attitude ne fit que confirmer les craintes qui tourmentaient le colporteur.

Que faire ? Passer tranquillement sans attirer son attention, ou descendre de bicyclette et essayer de le consoler ? S'arrêter, sûrement !

Charles était dans une telle angoisse qu'il supporterait cette indiscrétion. Daniel fit donc vibrer la sonnette de sa machine. Le jeune homme leva les yeux, montrant un visage hagard qu'illumina pourtant un sourire triste.
- Je pensais à vous, dit-il.

Tout émotionné, Daniel sauta de sa bicyclette et se baissa un instant, soi-disant pour examiner l'un des caoutchoucs ; quand il fut plus calme, il s'approcha :
- J'espère que c'étaient des pensées aimables, dit-il.
- Je me rappelais la conversation que nous avons eue dans les champs, vous savez, sur l'héritage.
- Je me la rappelle, dit Daniel en s'asseyant. Penseriez-vous à réclamer cet héritage ?
- Impossible ! dit Charles avec énergie. Mais je me disais que tout serait si facile pour moi si je possédais les richesses terrestres. Le fait est que je suis dans un grand embarras financier. J'ai perdu de l'argent à une époque où j'avais besoin de toutes mes ressources. Alors j'ai dû emprunter à des usuriers, et ils n'ont pas tardé à me tourmenter. J'ai dû...

Il s'arrêta court, comme s'il ne pouvait se résoudre à dire le reste.

Daniel le questionna du regard avec sympathie.
- Vous vous êtes approprié de l'argent de la banque ? demanda-t-il tout bas.
- Oui, et Charles enfouit de nouveau son visage dans ses mains, les épaules secouées par un sanglot mal réprimé.

Puis bientôt, fortifié par la sympathie silencieuse de Daniel, il continua.
- La chose va bientôt être découverte, et je ne puis pas encore rembourser l'argent. Il n'y a qu'une maigre chance de payer ces petits prélèvements : c'est de détourner un assez gros versement dû dans quelques jours. En employant cette somme, je pourrai peut-être arranger les choses jusqu'à ce que je puisse rendre l'argent. Dans quinze jours, mon salaire doit être augmenté, ce qui facilitera les choses ; mais je n'ai rien dit à Constance, et elle se demandera ce que j'ai fait du surplus que je dois recevoir.
- Mais, M. Vallier, excusez mon franc-parler: cette grosse somme, elle ne vous appartient pas. Je vous en supplie, considérez le tort...
- ... un tort qui sera bientôt réparé, dit le jeune homme. La cliente est une dame très riche, elle ne s'en apercevra pas pendant longtemps ; j'espère pouvoir remplacer l'argent avant qu'elle en sache rien.
- Ceci n'empêche pas que vous vous appropriez ce qui ne vous appartient pas. C'est une chose dangereuse, déshonnête.
- Dites seulement que c'est un vol, dit Charles avec amertume, car c'en est un, même si je peux rembourser. Il n'y a pas bien longtemps que j'aurais été horrifié à la pensée d'agir ainsi. Si, il y a trois ans, quelqu'un m'avait dit que, je descendrais si bas, je l'aurais souffleté. J'étais sérieux, honorable, droit ;je m'occupais d'oeuvres religieuses, et maintenant...
- Votre maison était bâtie sur le sable, dit Daniel; alors, quand vint la tempête, elle fut démolie.
- Oui. J'ai commencé à me ruiner moralement en lisant des livres anti-chrétiens et en écoutant des conversations du même genre. Ma vie est devenue comme une barque sans amarres, à la merci des flots de l'incrédulité. Dernièrement, j'ai goûté du spiritisme. Je voulais voir mon cher père, mort il y a des années, il m'aurait aidé de ses conseils.
- Jamais ! jamais ! ceux qui s'occupent de spiritisme sont en abomination à l'Éternel. Vous ajoutez un péché à un autre.
- Je sais, je sais ! Vous comprenez maintenant pourquoi je ne pouvais me mettre en règle. Il faut que je commette encore un péché. Après, je marcherai droit, je vous assure.
- Et si la somme que vous attendez n'est pas versée ?

Charles fit un signe de désespoir.
- Alors il n'y aurait que la prison en perspective, répondit-il. Ce gros versement m'en préserverait pendant quelque temps au moins.
- Le péché est le même, dit Daniel.
- Il y a des circonstances atténuantes, et Madame Néville, la cliente... - Charles, se mordit les lèvres de dépit d'avoir prononcé ce nom, et continua rapidement, espérant que Daniel n'avait pas entendu : la cliente est si riche qu'elle n'en saura rien des mois durant.
- Alors, vous persistez dans votre intention ? demanda le colporteur fixant ses regards sur la haie vis-à-vis, de peur que Charles ne lût sa pensée.
- Oui, il le faut, déclara le jeune homme avec impétuosité. Puis il se leva et disparut rapidement.

Tout pensif, Daniel se remit en route. Il s'agissait donc de Madame Néville, la maîtresse de Madame Armand. Il ne l'avait jamais vue, mais il avait appris par la cuisinière que cette dame était pieuse et avait bon coeur. Il se demandait donc s'il pouvait lui confier les difficultés de Charles sans nuire à personne, car il fallait à tout prix, lui semblait-il, préserver le jeune homme de la chute vers laquelle il courait.

Pourrait-il obtenir par Madame Armand l'entrevue désirée ? Il ne savait rien de l'intention exprimée par Madame Néville de faire sa connaissance, mais, avant de s'endormir ce soir-là, sa route était claire : visiter le château dès le lendemain.
Aussi fut-il à peine surpris de trouver, à son lever, une lettre de Madame Armand le priant de lui apporter - et le plus vite serait le mieux - quelques « Testaments soulignés ».

Il vit qu'il lui était facile de commencer sa tournée en passant au château et y arriva plutôt de bonne heure. En dépit de ce fait, Madame Armand insista pour qu'il entrât, ce qui était l'exaucement de sa prière.
- Ma maîtresse désire vous voir. Elle m'a dit de ne pas manquer de l'avertir à votre première visite.

Et un instant après, Daniel Bonnet était introduit dans un gentil petit salon où Madame Néville écrivait.
- Voici le colporteur, Madame, annonça joyeusement Madame Armand. Et tandis que Madame Néville tendait la main à Daniel, la cuisinière se retirait avec un visage tout souriant.
- Bonjour, Monsieur. Je suis bien aise de faire votre connaissance. J'aimerais vous dire... mais, prenez place, je vous en prie. J'aimerais vous dire que j'ai été richement bénie en lisant un de vos livres que m'avait prêté ma bonne cuisinière: « Voyez quel amour... »
« Jusqu'alors je n'avais jamais compris l'amour de Dieu pour moi. Ce livre m'a poussée à étudier les Écritures, et j'ai vu qu'en dépit de mes formes religieuses, j'étais loin de Dieu. Maintenant je connais Son amour, je sais que mes péchés sont pardonnés selon les richesses de Sa grâce.

Daniel fut si touché de cette confession que, pendant un instant, il ne trouva pas de voix ; il dit enfin joyeusement :
- Ah, Madame, voici une bonne nouvelle qui m'est un grand encouragement au début de ma journée de travail. C'est fort bien de votre part de m'avoir fait venir à ce sujet.
- Pas du tout. C'est une joie de confesser Son nom. Et maintenant, Monsieur Bonnet, bien que j'aie déjà questionné ma cuisinière, je désire être pleinement renseignée sur le colportage, sur ses buts, ses méthodes, ses moyens d'action, ses ressources. Dites-moi tout ce que vous en savez.

Encouragé par un sourire engageant, Daniel donna rapidement un compte-rendu de l'oeuvre.
- Notre premier but est de prêcher l'Évangile dans sa pureté, et de vendre des Bibles et des Nouveaux Testaments de porte en porte, dans les lieux les plus reculés. Nous visitons aussi les foires et les marchés, les cirques, les courses de chevaux, pour y prêcher et y vendre. Puis nous essayons de lutter contre la mauvaise littérature en vendant de bons ouvrages, des histoires saines et des biographies. Nous répandons beaucoup d'histoires intéressantes à bas prix. Elles dépeignent la vie telle qu'elle est et telle qu'elle devrait être, puis elles sont toutes pénétrées de l'Évangile. Beaucoup de personnes les lisent avec plaisir, tandis qu'elles ne voudraient pas regarder une Bible ou des livres tels que « Grâce et Vérité », « Voyez quel amour... », « Précieuses vérités ».
Mais souvent ces récits populaires préparent la voie pour d'autres livres et ont amené des conversions ; certaines vies ont été transformées par les vérités bibliques qu'ils illustrent. Alors on ne tarde pas à acheter la Bible ou le Nouveau Testament. Le « Testament souligné » est très utile, il ouvre la route pour l'achat de la Bible. Nous essayons toujours de vendre d'abord la Parole de Dieu ; si cela ne réussit pas, nous recommandons quelque autre livre.
En voici assez sur nos objectifs et nos moyens d'action. Vous connaissez, je pense, nos méthodes.
Nous cherchons à rester en étroite communion avec le Seigneur, pour faire notre travail avec tact et pour ne pas céder au découragement. Quant aux moyens financiers, le Seigneur met au coeur de Ses enfants d'aider notre cause. La Société dépend entièrement des dons volontaires et des cotisations régulières. Parfois Dieu permet que les fonds soient bas, mais l'oeuvre continue en dépit des efforts de l'ennemi pour la paralyser.
- Merci, dit-elle lorsque Daniel s'arrêta. Je veux coopérer à ce travail. Je suis assez riche, et depuis que je suis sauvée, j'ai grand désir de servir Christ. Dites-moi comment.

Le colporteur se demanda s'il avait bien entendu. Cette offre était en effet grosse de magnifiques possibilités pour l'oeuvre qui lui était chère, et il eut comme une rapide vision d'un avenir encourageant et béni. Son visage trahit sa surprise et sa joie.

Madame Néville rit en le regardant, puis elle dit
- Je m'intéresse beaucoup à cette région, naturellement celle que vous avez parcourue ces dernières semaines. Vous pouvez compter sur moi de toutes manières. Je veux m'abonner à votre petit journal ; j'en prendrai trois exemplaires par mois. Mais je veux faire plus.
- Vous avez de grands projets, Madame, dit Daniel en souriant. Avez-vous écrit à la direction de l'oeuvre ?
- Non, dois-je le faire ?
- Certainement. Nos directeurs seraient très encouragés d'apprendre l'existence d'une nouvelle amie.
- Eh bien, j'écrirai aujourd'hui. Voulez-vous me montrer vos livres ?

Madame Néville fit plusieurs achats et quelques commandes.
Alors, Daniel prit son courage à deux mains et lui demanda :
- Avant de partir, puis-je vous raconter une triste histoire ? Elle vous concerne et vous êtes la seule personne à laquelle je puisse la confier. Vous pouvez, si vous le voulez, empêcher la ruine morale d'un jeune homme.

Madame Néville le regarda avec étonnement.
- Ayez confiance en moi, Monsieur Bonnet, dit-elle. Même si je ne puis aider ce jeune homme, je serai discrète à son égard.

Daniel raconta donc toutes les difficultés de Charles, sa chute et le plan qu'il formait de s'approprier la somme qu'elle allait verser à la banque.
- J'irai le voir à Réaubec. Je puis facilement l'aider, Dieu merci. Seulement, il se demandera comment je suis au courant de son histoire. Me permettez-vous
- Nommez-moi s'il le faut. L'essentiel c'est que ce pauvre jeune homme soit sauvé, répondit Daniel.

En continuant ses visites, il pensait avec bonheur à Madame Néville et à l'exaucement que lui avait accordé le Seigneur, soit quant à l'oeuvre de colportage, soit quant au malheureux Charles. Il était aussi reconnaissant d'avoir eu en Madame Armand une si fidèle alliée.


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