Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...




(11) AU CRÉPUSCULE

 Un heureux groupe d'amis s'était formé à la fin d'une journée dans l'agréable salon d'une famille aisée de l'ouest des États-Unis. Un jeune homme qui avait lu un journal devant la fenêtre, au crépuscule, rejoignit l'heureux cercle, autour de la table. À voir ses joues brunies et sa forte poitrine, on reconnaissait aussitôt un jeune fermier d'environ dix-huit ans. Au moment où il s'asseyait, une voix joyeuse lui dit:

- Eh bien, Emery, quelles sont les nouvelles du jour?
- Il n'y a rien de saillant, oncle Benjamin, mais je lisais qu'on offre une prime au jeune homme qui présentera la meilleure composition.
- Ah tiens! est-ce que tu voudrais concourir ?
- Vous plaisantez sans doute, mon oncle; vous savez bien qu'un jeune fermier comme moi, d'une éducation fort limitée, n'est pas capable de produire quelque chose qui soit digne d'être lu.
- Pas du tout, Emery. Quel penses-tu que soit le but des éditeurs en faisant une telle offre? dit l'oncle Benjamin.
- Eh bien, dit Emery après quelques instants de réflexion, il me semble que c'est de développer les facultés intellectuelles, qui placent la vie mentale au-dessus de la vie physique, d'instruire et d'ennoblir la jeunesse. Je crois que cette offre fera autant de bien à chacun de ceux qui auront concouru qu'à celui qui remportera le prix, puisqu'elle aura contribué au développement de leurs facultés.
- Tu as raison; l'influence en est excellente ; on conserve généralement dans un âge plus avancé les habitudes que l'on contracte dans sa jeunesse ; c'est du moins ce que mon expérience ne m'a que trop bien démontré. À ce propos, je vous raconterai une épisode de ma jeunesse.
- Oh, combien cela nous fera plaisir, dirent en choeur tous les jeunes gens.

Aussitôt que l'oncle Benjamin eut manifesté son intention de raconter une histoire, tous les yeux se braquèrent sur lui. La mère mit de côté son livre et ses lunettes, car elle avait lu jusqu'à ce que l'obscurité fût devenue trop grande. Le papa, se renversant sur son fauteuil, semblait écouter avec autant d'avidité que nous autres enfants. C'est qu'il savait combien le cerveau de l'oncle Benjamin était richement pourvu d'histoires intéressantes. L'oncle nous parut un moment fort triste. Posant ses pieds sur un petit banc, il parla en ces termes:

Il y a bien des années, quand j'eus achevé mes études, j'étais dévoré du désir d'entrer comme employé sur une de nos lignes de chemin de fer. Grâce à l'influence d'un ami, je pus entrer comme chauffeur, au service d'une grande compagnie. Je ne tardai pas à conquérir l'estime et l'affection de mes camarades et de mes chefs. Après un certain temps, je me liai d'amitié avec le directeur. Nous étions à peu près du même âge. Il n'y avait rien que je n'eusse fait pour François B. Je me rendais compte du sérieux des devoirs de ma situation, et j'étais résolu à m'en acquitter honorablement.

Mais, mes enfants, je m'enfonçai de plus en plus dans le sentier que tant d'autres ont suivi avant et depuis! Je m'étais laissé entraîner par de mauvaises compagnies à faire usage de boissons enivrantes. Qu'arriva-t-il ensuite? Je me laissai aller à boire de plus en plus. Un soir que j'avais bu plus que d'ordinaire, François B. entra dans l'établissement où je me trouvais. Je ne le vis pas jusqu'à ce qu'il me toucha le bras.

- Benjamin, me dit-il, viens. Au nom de l'affection que tu me portes, viens sans tarder.

Il me prit par le bras et me conduisit dehors au grand air. Quand il m'adressa de nouveau la parole, c'était d'un ton ému et suppliant.

- Benjamin, me dit-il, pour l'amour de ta mère, et au nom de l'amitié qui nous unit, je t'en supplie, ne trempe plus tes lèvres dans les boissons enivrantes. Bonne nuit, mon cher ami!

Je me retirai dans ma chambre la tête lourde et le coeur oppressé. Je savais que le devoir de François eût été de m'enlever ma place; mais il était trop généreux, et il avait encore trop de confiance en moi pour recourir à cette mesure extrême.
À mon réveil, le matin suivant, j'étais dévoré par la soif. Je trouvai dans une de mes poches un flacon d'eau-de-vie que je m'étais procuré le soir précédent. Je ne pus résister à la tentation de boire une dernière fois! Le directeur était parti par l'express, de bonne heure ce matin-là, pour aller surveiller personnellement des, réparations qui devaient être faites à la voie sur un autre point.

Notre train se mit en marche environ une heure après l'express. Le mécanicien avait été retenu par la maladie sur un autre point de la ligne. Je me trouvai donc seul dans le fourgon; mais le conducteur avait toute confiance en mes capacités. Hélas, combien ne se serait-il pas méfié de moi s'il avait su qu'en ce moment même j'étais hébété par la boisson! Jamais auparavant je n'avais bu assez pour me mettre en état d'ivresse, de sorte qu'aucun des employés du train ne supposait que j'avais contracté cette fatale habitude. Cependant, j'avais bu au point de ne plus pouvoir me tenir debout.

Bientôt après le départ du train, je tombai contre le fourgon, me faisant plusieurs fortes égratignures au front. J'essayai de me relever, mais j'en fus incapable. J'étais pourtant en possession de toutes mes facultés, en sorte que je me rendais parfaitement compte de l'affreuse réalité. J'étais tombé de telle façon que je pouvais voir entre le fourgon et la locomotive tout ce qui se passait. Nous avancions avec une rapidité vertigineuse sans qu'il y eût une main pour modérer la marche de notre train. Nous venions de passer le point où l'on faisait la réparation dont j'ai parlé, et au moment où nous dépassions un petit groupe d'ouvriers qui étaient au bord de la voie, je vis à quelque distance François B. qui marchait d'un pas rapide sur la voie. Au moment où je le vis, il mettait le pied sur un petit caillou qui avait été placé là exprès, me semblait-il, pour lui causer la mort; il glissa et son pied fut pris entre le terrain et le rail. Pauvre François! il faisait des efforts désespérés pour se relever, mais en vain.. Oh mes enfants, ce qu'il y a de plus triste dans cette histoire, c'est la pensée que si j'avais été de sang-froid, j'aurais pu renverser la vapeur assez tôt pour lui sauver la vie!

J'étais là, étendu, trop ivre pour pouvoir me mouvoir! Au moment où nous approchions de lui, François me vit : il était tombé en travers de la voie, du côté où j'étais couché sur la locomotive, et il étendit ses deux mains vers moi, comme pour me dire : Viens à mon secours! mon ami Benjamin, viens à mon secours ! Encore un moment, et je me trouvai si près de lui que je pouvais le regarder dans les yeux; puis.... encore une seconde, et ces yeux étaient fermés pour toujours. Un serre-frein qui avait vu François au moment où nous lui passions dessus s'élança à la locomotive. Ma position et mon air hébété lui eurent bientôt dit tout ce qui en était. Il arrêta le train. Les restes mortels de François furent recueillis, et moi, je fus ramené chez moi comme un fou furieux. Aucun des employés du train, sauf ce serre-frein, ne se douta de ma condition d'ébriété. Il garda mon secret - pourquoi? C'est ce que je ne sus jamais. Il avait peut-être le sentiment que j'étais bien assez puni. Je fus retenu fort longtemps sur un lit de douleur par la fièvre cérébrale.
Après ma guérison je ne trempai plus jamais les lèvres dans les boissons alcooliques. Il me semblait que j'étais plus que meurtrier. Quand je repris mon service, j'étais un tout autre homme. j'avançai graduellement jusqu'au poste de directeur de la compagnie.

J'ai vu tous mes camarades de jeunesse s'endormir l'un après l'autre, et je sais que le moment n'est pas éloigné où je devrai aller les rejoindre. Toutefois, je désire vous dire encore quelques paroles avant de m'en aller : quand vous sortirez de la maison paternelle, vous courrez le danger d'être séduits par diverses tentations. J'espère qu'alors vous vous souviendrez du soir où vous étiez assis autour de votre vieil oncle Benjamin, et où vous avez entendu la triste histoire qu'il vous a racontée au crépuscule de sa vie.



(12) HISTOIRE ALLEMANDE

Au cours d'une promenade que je fis une fois avec le pasteur de Landsdroff et sa dame, ils me parlèrent d'une mort subite qui avait récemment eu lieu dans le village.

- C'est effrayant, m'écriai-je! Combien est fragile le fil auquel notre existence est suspendue!
- C'était précisément le cas d'un des membres de ma famille, dit la bonne femme du pasteur. Sa vie était suspendue à un fil.
- Veuillez vous expliquer.
- C'est cette histoire qui a fait prendre comme devise de notre famille les paroles que vous voyez inscrites au-dessus de notre porte.
Voici l'inscription :

Pourquoi tant de chagrins, pourquoi tant de douleurs ?
Serait-ce donc en vain qu'on verse tant de pleurs ?
Ah, si jamais de Dieu nous comprenons les voies !
Dans son profond amour nous trouverons nos joies.

Je lus ces lignes, puis je priai la dame du pasteur de bien vouloir me raconter l'histoire.
Elle accéda à mon désir, et commença en ces termes :

- Il y a environ cent ans, l'aïeule de ma mère, la comtesse Von Merits vivait avec ses deux filles dans un château d'Allemagne.
Elles furent une fois invitées à des noces qui devaient avoir lieu à la lumière des flambeaux, selon la coutume allemande. Elles ne se mirent donc pas en route, avant qu'il commençât à faire obscur. Pour se rendre à destination, elles devaient traverser une partie de la Forêt-Noire.
Gertrude, l'aînée des deux filles de la comtesse, avait un magnifique collier de perles dont on lui avait fait présent, et qu'elle portait en cette occasion. Mais il arriva qu'au moment où elles entraient dans la forêt, une branche d'épine noire se passa dans ses cheveux, et avant qu'elle prit s'en débarrasser, le fil se rompit, et les perles furent semées dans toutes les directions.
Les servantes et les dames s'empressèrent de chercher les 'perles. Pendant qu'elles cherchaient, un bûcheron sortit soudain de la forêt; il avait évidemment couru, car il était tout hors d'haleine, et alla droit à la comtesse.

« Je vous en supplie, Mesdames, leur dit-il, n'allez pas plus loin! Il y a quelques instants, comme je ramassais du bois, j'ai entendu deux voleurs qui faisaient leurs plans' pour vous piller, et tuer vos serviteurs, s'ils offraient quelque résistance. Ce n'est qu'avec la plus grande peine que je sais arrivé à temps pour vous avertir. Si vous n'aviez pas été un peu plus en retard que vous le comptiez vous seriez infailliblement tombées entre les mains de ces voleurs. »

Il ne fut naturellement plus question d'aller assister aux noces; on se hâta de regagner la maison. En arrivant au château saine et sauve, la bonne mère tomba à genoux pour remercier le Seigneur de l'avoir préservée, ainsi que les personnes qui l'accompagnaient. Elle ne manqua pas non plus de récompenser le pauvre bûcheron qui l'avait avertie du danger qu'elle courrait. De plus, elle tira, au profit de ses enfants, deux leçons de ce qui leur était arrivé. La première, c'est que notre vie est toujours suspendue à un fil plus fragile que celui du collier de Gertrude, et que par conséquent, ce n'est que par un effet de la grâce de Dieu que la vie nous est conservée. La seconde, c'est que toutes les afflictions et tous les désappointements contribuent tout aussi sûrement à notre bien que le délai occasionné par l'accident arrivé à Gertrude, qui avait fait échapper toute la famille des mains des voleurs.

À partir de ce temps, les paroles que vous lisez au-dessus de notre porte sont devenues la devise de la comtesse et de sa famille. Quand je me mariai, et que mon mari fit réparer la façade de la maison, il fit graver sur le portail la devise de ma famille.



(13) UNE NOBLE VENGEANCE.

Le cercueil est des plus simples un pauvre et misérable cercueil de sapin. Aucune fleur ne le recouvre, pas de satin pour orner le pâle front; rien pour relever le grossier linceul. Les cheveux bruns de la morte sont bien décemment jetés en arrière, mais elle n'a pas de bonnet qui vienne se boucler gracieusement sous le menton. Celle qui a enduré la plus cruelle pauvreté semble sourire dans son sommeil.

- Je voudrais voir ma mère, dit en sanglotant un petit garçon, au moment où le croque-mort enfonçait la première vis.
- Tu ne peux plus; ôte-toi chemin! Pourquoi n'enlève-t-on pas ce gamin d'ici?
- S'il vous plaît, Monsieur, permettez-moi de la revoir seulement une minute, dit le pauvre orphelin impuissant et sans asile, en se penchant sur le cercueil de charité, et en levant ses beaux grands yeux d'où s'échappait un torrent de larmes. C'était une scène attendrissante que de l'entendre crier : - Seulement une fois! s'il vous plaît, laissez-moi voir ma mère encore une fois !

Cet homme grossier et sans coeur, ce monstre à face humaine donna aussitôt un coup si violent au pauvre enfant, qu'il le fit rouler sur le plancher. Pendant quelques instants, la rage et la douleur le paralysèrent; ses yeux bleus prirent soudain un sinistre éclat; ses lèvres frémirent, puis élevant la main, il dit d'un ton qui n'avait rien d'enfantin : - Quand je serai grand, il faut que je vous tue pour me venger!

En face de ce cercueil, un monument plus durable que le granit fut ainsi élevé dans le coeur du pauvre enfant délaissé, à la mémoire d'un acte de brutalité dont il était victime.


La salle du tribunal était comble.

- Est-ce que quelqu'un se présente pour plaider la cause de cet homme? demanda le président.

Il y eut après cette question quelques instants d'un morne silence; puis un jeune homme après un combat intérieur violent, s'avança. Il avait un air mélancolique et réservé ; mais sa noble tenue et sa belle physionomie attirèrent tous les regards. Il était étranger; mais dès ses premières paroles, il se fit le silence le plus profond.
La chaleur de sa parole et la puissance de son génie portaient la conviction, de sorte que le pauvre criminel sans amis et sans défenseur fut acquitté.

- Puisse le Seigneur vous bénir, Monsieur, puisque je ne puis vous témoigner moi-même ma reconnaissance.
- Je ne veux pas de remerciements, répondit l'étranger d'un ton glacial.
- Je... je crois que Monsieur m'est inconnu.
- Eh bien, je rafraîchirai votre mémoire. Il y a vingt ans, vous maltraitiez, auprès du pauvre cercueil de sa mère, un misérable enfant délaissé et désolé. Je suis ce pauvre et misérable gamin.

Cet homme devint d'une pâleur mortelle.

- M'auriez-vous fait acquitter pour m'enlever la vie ?
- Non; j'ai obtenu une plus douce vengeance; j'ai sauvé la vie de celui dont la brutalité m'a fait au coeur une blessure qui y est ouverte depuis vingt ans. Allez, et souvenez-vous des larmes d'un enfant délaissé.

Tout honteux, cet homme baissa la tête, en pensant à cette magnanimité qui lui paraissait aussi grande que mystérieuse. Le noble et jeune avocat sentait en s'en retournant le sourire de Dieu dans son âme.



(14) LES ORPHELINS

 

Me promenant un jour dans la rue du Prince, j'entendis derrière moi le bruit d'une multitude de pas. En me retournant, je pus voir que ce bruit provenait d'une centaine de garçons et de fillettes d'une institution de charité. C'était un spectacle réjouissant que de les voir avec un visage aussi radieux. Tout en eux dénotait la santé; leurs habits étaient simples, mais propres; aucune coupe fantastique et nuisible ne défigurait leur petite personne, mais rien sur eux non plus n'indiquait qu'ils étaient des enfants du malheur.

J'entrai en conversation avec l'un des instituteurs, et j'appris qu'ils se rendaient au jardin zoologique, et que c'était cette perspective qui leur causait tant de joie. La petite troupe montait la rue Saint-André, et j'allais aussi dans la même direction. Je marchais avec l'un des garçons en avant, et les jeunes filles se trouvaient toutes en arrière. Au bout de la rue Saint-André, mon attention fut attirée par la vue de deux jeunes garçons d'environ quatorze ans, qui conduisaient chacun un léger attelage. Au moment où le premier des deux garçons aperçut les enfants, il appela son ami qui était en arrière et lui dit en sautant de son char : « Jacques, je vais voir ma soeur, ma petite soeur! » Il conduisit son cheval au bord de la rue et le quitta au moment où les jeunes filles approchaient. Quand il commençait ses recherches, son cheval se mit en route; d'un bond, notre jeune héros l'avait atteint, lui donnait une petite correction, et au bout d'une minute, il regardait de nouveau attentivement les files de jeunes filles à mesure qu'elles défilaient devant lui. Comme elles étaient toutes habillées de la même façon, ce n'était qu'avec la plus grande attention qu'on pouvait les reconnaître.

Elles passaient sous ses yeux, mais sa soeur ne venait pas. Pauvre garçon ! pensai-je, son pauvre coeur souffrira un triste désappointement; il semble que sa petite soeur ne se trouve pas parmi. elles; et son visage trahissait bien aussi le désappointement, Il n'y en avait plus que deux : sa soeur était l'une d'elles. Prenant l'une de ses petites mains dans la sienne, il passa l'autre sur ses épaules et ne put lui dire que ces mots - « MARIE! MARIE ! » La petite fille, enfant de sept ans environ, leva les yeux, et, oh quelle extase! elle était tout près de son frère. Elle le pressa dans ses petits bras, et tout son visage s'illumina d'un doux sourire. Son frère inclina la tête pour saisir les quelques paroles que sa petite soeur se hâtait de lui adresser, et pour lui raconter ce qu'il avait à dire. Il ne leva les yeux de dessus ce petit visage aimé qu'une seule fois, et cela seulement un instant pour voir si son cheval restait où il l'avait arrêté. Le pauvre animal semblait se rendre compte de la mission sacrée qu'accomplissait son conducteur: il ne bougeait pas. Le jeune garçon se baissa de nouveau pour dire quelques paroles d'adieu à sa chère et aimable soeur, car il ne pouvait pas aller plus loin ; ils se donnèrent une cordiale poignée de main, se jetèrent mutuellement un regard de tendresse, et la petite fille poursuivit sa route avec ses compagnes. Les yeux du jeune garçon ne voyaient autre chose que celle qui lui était si chère; ils la suivaient comme elle s'éloignait. La rue que suivaient les enfants faisant un contour, la petite fille allait bientôt être hors de la vue de son frère. Avant de disparaître, toutefois, l'orpheline se retourna, et avec un sourire, elle fit de la main un signe d'adieu. Le jeune garçon se mettait en route au moment où ses yeux rencontrèrent l'aimable visage de sa soeur; il étendit les deux mains.... un instant plus tard, elle avait disparu.

Tandis que le jeune orphelin retournait lentement vers son cheval, qu'une larme humectait ses paupières, et qu'un nuage de mélancolie passait sur tous ses traits, il demeurait encore quelque chose comme une expression de satisfaction sur son visage. Il monta sur son petit char ; et quand je me détournai de ce spectacle touchant je m'aperçus que mes yeux étaient obscurcis, et je dus me les essuyer à plusieurs reprises avec mon mouchoir.

Cette scène me donna matière à réflexion. Je pensai aux milliers d'enfants qui ignorent ce que c'est que d'être privé des tendres soins d'une mère et de la sollicitude d'un père; je pensai aux nombreux enfants qui sont jetés sans amis ni protecteurs entre les mains des étrangers. Ceux-ci avaient probablement passé leurs premières années sous le même toit, et ils avaient dormi dans les bras l'un de l'autre. L'un gagne maintenant humblement, mais honnêtement son pain, tandis que l'autre jouit des bienfaits d'une excellente institution. Ils n'ont pas l'occasion de se voir souvent, mais leurs rencontres sont douces, et ce fut doublement le cas en cette occasion. Puisse le souvenir de leur situation de solitude actuelle les rendre de plus en plus chers l'un à l'autre; et si jamais la fortune leur sourit, puissent-ils consacrer une partie des biens que le Seigneur leur accordera au support des institutions qui offrent asile et protection aux petits orphelins délaissés.



(15) UN GARÇON ET SES MOMENTS DE LOISIR.

Un gamin maigre et à l'air gauche se présente un jour chez le directeur d'un Célèbre collège, et demande à le voir. Regardant ses haillons, la servante le prit pour un mendiant et lui dit d'aller à. la cuisine. Suivant les indications qu'il avait reçues, le jeune garçon se présenta à la porte de derrière.

- J'aimerais voir M. Brown, dit-il.
- Il est beaucoup plus probable que tu désires avoir à déjeuner, lui dit la cuisinière; je puis te donner ce que tu veux sans déranger monsieur.
- Je ne refuserai pas un morceau de pain, si vous voulez bien me le donner; mais si M. Brown est visible, j'aimerais beaucoup lui parler.
- Probablement que tu désirerais aussi avoir quelques vieux habits, ajouta la servante en le regardant du haut en bas; mais je crois qu'il n'en a pas à donner; et sans se soucier davantage de la requête du garçon, elle se remit à son ouvrage.
- Ne pourrais-je pas voir M. Brown, demanda de nouveau le garçon après avoir mangé son morceau de pain.
- Eh bien, il est à sa bibliothèque ; s'il est nécessaire de le déranger, je t'introduirai; mais il aime quelquefois à être seul, dit la servante d'un ton qui trahissait quelque impatience.

Elle pensait que c'était bien insensé que de permettre à un être qui avait aussi mauvaise façon de se présenter devant son maître : toutefois elle essuya ses mains et lui dit de la suivre. Entr'ouvrant la porte de la bibliothèque, elle dit :

- Il y a ici quelqu'un qui désire fort voir Monsieur, en sorte que je l'ai laissé entrer.

Je ne sais comment le garçon se présenta, ni comment il fit connaître le but de sa démarche; mais ce que je sais c'est qu'après une conversation de quelques instants, le professeur mit de côté le livre qu'il étudiait, prit quelques livres grecs, et commença à poser des questions au nouveau venu. L'examen dura quelque temps. Le garçon répondit à chaque question posée sans un seul instant d'hésitation.

- En vérité, VOUS faites fort bien ! s'écria le professeur, toisant le jeune garçon des pieds à la tête par-dessus ses lunettes. Comment avez-VOUS donc appris toutes ces choses, mon garçon ?
- Dans mes moments de loisir, répondit-il.

Il était pauvre et devait se livrer à des travaux très pénibles, et pourtant, il était presque préparé à entrer à l'université, et cela simplement en mettant à profit ses moments de loisir.
Les moments de loisir ne sont-ils pas véritablement de la poudre d'or? Combien ils devraient nous être précieux!
Quel compte pouvez-vous rendre de vos moments de loisir?
Qu'est-ce que vous avez accompli pendant ce temps ?
Considérez ce jeune homme et il vous dira ce que vous pouvez faire en les mettant à profit.

Il y a plusieurs milliers d'autres garçons, je le crains fort, dans les prisons, dans les maisons de correction et sur les galères, dans les maisons de jeu, dans les tavernes qui, si vous leur demandiez quand ils se sont jetés dans la carrière du vice, pourraient vous répondre : « Dans mes moments de loisir, j'ai joué aux marbres. » « Dans mes moments de loisir, j'ai commencé à fumer et à boire. », Dans mes moments de loisir, j'ai commencé à voler des fruits à la marchande. » « Dans mes moments de loisir, j'ai commencé à suivre de mauvaises compagnies. »

Oh, prenez bien garde, à la manière dont vous employez vos loisirs! C'est toujours dans ces petits moments que la tentation se présente à vous, toujours quand vous êtes inoccupés; c'est dans ces moments qu'elle entre dans vos coeurs, chaque fois que la chose lui est possible. Votre ennemi se saisit de ces occasions pour opérer votre perte. Je le répète donc, prenez garde à vos moments de loisir!


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