Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...




(36) UTILITÉ DE L'INSTRUCTION.

 Je suis fatigué d'aller à l'école, dit Albert Jacot à son voisin. Pour ma part je ne vois pas bien l'utilité qu'il peut y avoir à se casser la tête pour apprendre la géométrie, l'algèbre, la navigation, et une douzaine d'autres branches que je ne pense jamais apprendre à fond. Elles ne me feront jamais aucun bien. Je ne veux pas aller gagner ma vie comme géomètre, arpenteur, ou capitaine de vaisseau.

- Comment te proposes-tu de gagner ta vie, Albert? lui demanda calmement son camarade en le regardant en face.
- Eh bien, je vais apprendre un état; c'est du moins ce que mon papa pense me faire apprendre.
- Moi de même, dit Edouard, et pourtant. mon papa désire que j'apprenne tout ce que je pourrai; parce qu'il dit que tout ce que j'apprendrai me sera utile une fois ou l'autre.
- Je ne vois pas l'usage que je pourrais faire de l'algèbre ou de la géométrie en étant sellier.
- Si nous ne le voyons pas, peut-être que nos parents le voient, parce qu'ils sont plus âgés et plus sages que nous. Je pense que nous devrions nous efforcer d'apprendre, simplement parce qu'ils le désirent, et cela alors même que nous ne pouvons pas voir l'utilité de ce qu'on nous fait étudier.
- Je ne puis pas partager ton sentiment, dit Albert en secouant la tête. Je ne pense pas que mon papa voit plus clairement que moi de quelle utilité toutes ces connaissances pourront m'être.
- Tu as tort de parler de cette façon, lui dit son ami d'un ton sérieux. Je ne voudrais pas 'penser comme toi pour tout au monde. Mon papa sait ce qui est pour mon bien, et je crois que ton papa sait aussi ce qu'il y a de mieux pour toi; ce serait certainement mal que de ne pas avoir confiance en eux.
- Je ne crains rien, dit Albert, en fermant le livre sur lequel il avait été penché tout une demi-heure, faisant de vains efforts pour fixer dans sa mémoire récalcitrante une leçon; et tirant quelques marbres de sa poche, il commença à s'amuser, tout en prenant bien garde de ne pas éveiller l'attention de l'instituteur. La différence du caractère de ces deux jeunes gens ressort assez clairement du court dialogue que nous venons de reproduire pour nous dispenser de donner d'autres renseignements. Pour les professeurs, cette différence se marquait de bien des façons : dans leur conduite, leurs habitudes, leurs manières, etc. William savait toujours parfaitement ses leçons, tandis qu'il arrivait rarement à Albert d'en avoir appris une convenablement. L'un était ponctuel, tandis que l'autre s'attardait toujours en chemin. Les livres d'Edouard étaient toujours propres, tandis que ceux d'Albert étaient tout tachés, salis, déchirés et chiffonnés.

C'est ainsi qu'ils commencèrent leur vie. L'un obéissant, actif, et prêtant l'oreille aux conseils de ceux qui étaient plus âgés et plus sages que lui, et disposé à se laisser conduire par eux ; l'autre indolent, et déterminé à faire sa volonté. Nous les présenterons encore à nos lecteurs, parvenus à l'âge de vingt-cinq ans. Edouard est un négociant intelligent, et à la tête d'un commerce prospère, tandis qu'Albert est un simple journalier, pauvre, placé dans des circonstances embarrassantes, et ne possédant que des connaissances fort limitées.

- Comment vas-tu, Albert? dit le marchand à l'artisan vers ce temps-là, au moment où ce dernier entrait au bureau du premier. Le contraste qu'ils présentaient était grand. Le marchand était bien vêtu, et paraissait heureux ; tandis que l'autre était presque en haillons, et semblait inquiet et abattu.
- Je ne puis pas dire que cela aille bien, dit l'artisan d'un ton presque désespéré. L'ouvrage va très doucement, et les prix sont bas; et avec une aussi grande famille que la mienne, nouer les deux bouts dans les circonstances les plus favorables serait tout ce que je pourrais faire.
- Je suis bien fâché qu'il en soit ainsi, dit Edouard d'un ton sympathique. Combien gagnes-tu maintenant?
- Si j'avais de l'ouvrage suivi, je pourrais faire mes quarante-cinq à cinquante francs par semaine; mais notre métier va très mal. L'introduction des chemins de fer l'a entièrement gâté. En conséquence, je n'arrive pas actuellement à une moyenne de trente francs par semaine pour l'année.
- Est-ce possible que les chemins de fer aient occasionné un tel changement dans votre industrie ?
- Oui; dans la fabrication des harnais, et particulièrement dans les grandes villes comme celle-ci, où on ne se sert presque plus des lourds attelages.
- Ne m'as-tu pas dit que tu ne gagnais pas plus de trente francs par semaine, en moyenne?
- C'est là à peu près ce que je gagne.
- Et combien as-tu d'enfants?
- J'en ai cinq.
- Cinq enfants, et seulement un gain de trente francs par semaine!
- C'est là ma situation; mais comme tu le concevras facilement, ce n'est pas avec ces trente francs que je puis faire face à toutes les dépenses de la famille, de sorte que je me mets dans les dettes.
- Tu devrais entreprendre autre chose.
- Mais je ne sais pas faire autre chose.

Après quelques instants de réflexion, le marchand lui dit :

- Je pourrais peut-être t'aider à trouver une occupation plus lucrative. Je suis président d'une voie de chemins de fer qui est actuellement en projet, et nous allons envoyer un certain nombre de géomètres pour en tracer le parcours. Comme tu as étudié la géométrie et la mécanique en même temps que moi, je suppose que tu en as toujours une intelligence assez claire ; si tel est le cas, je ferai tout mon possible pour te faire nommer surveillant. L'ingénieur est déjà choisi, et à ma requête, il te donnera volontiers tous les renseignements dont tu auras besoin en attendant que tu te sois mis parfaitement au courant de toutes ces choses. Le salaire est fixé à cinq cents francs par mois.

Un nuage plus épais encore couvrit le visage de l'artisan. Hélas, dit-il, je n'ai plus la moindre notion de la géométrie. Il est vrai que je l'ai étudiée, ou plutôt que j'ai fait semblant de l'étudier quand j'allais à l'école; mais ce que j'en ai appris ne s'est pas fixé dans mon esprit; je n'en voyais pas alors l'utilité, et maintenant, je suis tout aussi ignorant de la géométrie que si je ne l'avais jamais étudiée.

- J'en suis bien fâché, dit Edouard. Si tu étais bon comptable, je pourrais peut-être te trouver un emploi dans un magasin. Que sais-tu, en fait de comptabilité?
- Je devrais être bon comptable j'ai étudié assez longtemps les mathématiques; mais je m'intéressais fort peu aux chiffres, et maintenant, quoique j'aie étudié la tenue des livres pendant plusieurs mois, je sais tout à fait incapable de me charger de la comptabilité.
- Puisque tel est le cas, dit Edouard, je ne sais vraiment pas ce que je pourrais faire pour toi. Mais oui; je suis sur le point de faire un envoi considérable de marchandises à Buenos-Ayres, et ensuite à Callao, et je désire trouver pour l'accompagner un homme qui parle l'espagnol. Le capitaine se chargera des ventes. Je me souviens que nous avons étudié l'espagnol ensemble. Consentirais-tu à laisser ta famille pour y aller? Ton salaire serait de cinq cents francs par mois.
- J'ai oublié tout mon espagnol. Je n'en voyais pas l'utilité pendant que j'allais à l'école, de sorte qu'il ne m'est pas resté à l'esprit.

Le marchand qui s'intéressait vivement à l'ouvrier cherchait toujours quelque occupation dont il pût se charger.
À la fin, il lui dit:

- Je ne puis penser qu'à une seule occupation que je pourrais te procurer; mais elle ne vaudra pas beaucoup mieux que celle que tu as actuellement. C'est un travail auquel on emploie de simples manoeuvres : ce serait d'aller accompagner les arpenteurs, pour leur porter la chaîne.
- Quels seraient les appointements?
- Cent -soixante-quinze francs par mois.
- Outre la pension, le logement et les dépenses de voyage ?
- Naturellement.
- J'accepte cet emploi avec reconnaissance, dit l'artisan. Il vaudra en tout cas infiniment mieux que mon travail actuel.
- Dans ce cas, fais immédiatement tes préparatifs; il faudra partir la semaine prochaine.
- Je serai prêt, dit le pauvre homme en se retirant.
- Une semaine plus tard, les géomètres se mettaient en route, et Albert les accompagnait, comme porteur de chaîne; tandis que s'il avait suivi, étant enfant, les conseils de ses parents et de ses amis; s'il avait appris tout ce qu'ils auraient voulu, il eût pu s'engager comme géomètre, et recevoir un salaire plus que double de celui qu'il pouvait gagner dans les circonstances actuelles. On ne peut pas dire la position élevée qu'il eût pu occuper, s'il eût fait un bon usage de son temps lorsqu'il allait à l'école. Mais il ne reconnut que trop tard la valeur et l'utilité de l'instruction.

L'auteur de ces lignes espère qu'aucun de ses jeunes lecteurs ne devra faire les expériences d'Albert, alors que ce sera trop tard pour qu'elles lui soient profitables. Il n'est pas possible aux enfants de voir aussi clairement que leurs parents, leurs instituteurs, et ceux qui ont la charge de leur éducation, ce qui est pour leur mieux. C'est pourquoi ils devraient être obéissants, et désireux d'apprendre, et cela alors même qu'ils ne pourraient pas voir de quelle utilité leur seront les connaissances qu'on désire leur inculquer.



( 37) LE JARDIN DE LA PAIX.

Dans une ancienne ville de l'est de l'Amérique, deux jeunes garçons passaient devant un magnifique jardin. Il était fermé par une barrière fort élevée qui leur en interdisait l'entrée; mais ils pouvaient apercevoir, par les ouvertures, que c'était un lieu des plus enchanteurs. On avait épuisé pour son agrément toutes les ressources de la nature et de l'art. On y voyait des bosquets de grands arbres auxquels aboutissaient de larges avenues ombragées; de vertes pelouses dont le gazon ressemblait à du velours; et quantité d'arbrisseaux dont plusieurs étaient en fleurs, qui répandaient dans l'atmosphère l'odeur la plus suave.

Auprès de ces objets agréables se trouvaient des jets-d'eau qui jetaient en l'air leurs perles argentées, et des ruisselets d'une eau aussi limpide que le cristal y faisaient entendre leur doux murmure. Les charmes de ce site agréable étaient grandement relevés par le chant des oiseaux, le bourdonnement des abeilles, et le son de plusieurs voix fraîches et joyeuses.

Les deux jeunes gens contemplèrent cette scène avec le plus intense intérêt; mais comme les barrières ne leur permettaient de voir qu'une partie du jardin, ils se mirent à en chercher la porte pour y entrer. Ils aperçurent à une certaine distance un portail; aussitôt ils s'en approchèrent, supposant avoir trouvé l'entrée. C'était bien une porte; mais elle était fermée, et ils ne purent pas obtenir qu'on la leur ouvrît.

Comme ils étaient à se demander ce qu'ils feraient, ils aperçurent au-dessus de la porte l'inscription suivante :

« Ce que ce même jour ta main peut accomplir,
Doit être également ce que tu dois finir;
Et que tes actions par la raison dictées
Puissent être toujours sans honte confessées.
Une année à cela conforme tes désirs,
Tu pourras de ce lieu partager les plaisirs. »

Les deux jeunes gens furent vivement impressionnés par ces lignes; aussi dirent-ils, en se quittant, qu'ils allaient essayer de conformer leur vie pendant une année aux règles de l'inscription.

Je ne vous raconterai pas leurs tentatives dans tous les détails; Je dirai seulement qu'ils trouvèrent tous deux la tâche beaucoup plus difficile qu'ils ne l'avaient d'abord supposée. À leur grande surprise, ils durent se convaincre que pour se conformer à ces règles, il fallait changer presque entièrement leurs habitudes; et cela leur enseigna ce qu'ils n'avaient encore jamais senti auparavant, savoir qu'une grande partie de leur vie - la plupart de leurs pensées, de leurs sentiments, de leurs actions - était mauvaise bien qu'ils fussent considérés comme des jeunes gens vertueux dans le milieu où ils vivaient.

Après quelques semaines, le plus jeune des deux, trouvant que ces nouvelles règles venaient trop souvent à l'encontre de ses désirs, abandonna la tentative. L'autre persévéra, et à la fin de l'année.

Il se présenta à la porte du jardin. À sa grande joie, il y eut librement accès; et si ce lieu lui plaisait vu imparfaitement, au travers de la barrière, il lui apparaissait en ce moment infiniment plus désirable, maintenant qu'il pouvait marcher dans ses sentiers, respirer son air embaumé, et se mêler à ceux qui étaient assez heureux pour pouvoir y séjourner.

Ce jardin représente fort bien l'heureuse demeure promise à ceux qui remporteront la victoire sur l'égoïsme, sur toutes leurs passions, et qui font en toutes choses leur devoir. La grande porte est la barrière formée par les vices et les passions des hommes, qui sépare l'humanité de cette douce paix accessible à tous. Quiconque parvient à remporter la victoire sur soi-même, quiconque est fermement déterminé à sortir victorieux du combat de la vie, a trouvé la clé de la porte, et l'accès du jardin lui est accordé. Quiconque ne veut pas le faire sera toujours un paria pour les heureux habitants du jardin.



(38) HENRI LANGLOT OU LÉ GAMIN-HOMME.

On disait de Henri Langlot qu'il était un garçon fort bien doué. Nul n'en était plus convaincu que lui-même. Il n'avait encore que quatorze ans, et toutefois, il aimait beaucoup à se donner pour un homme. Comme il était sur le point de quitter les écoles, ses camarades lui demandaient souvent ce qu'il se proposait de faire. Henri n'en savait rien; tout ce qu'il savait, c'est que ce serait quelque chose de grand. Quoiqu'il eût appris de fort bonnes choses à l'école, Henri y avait aussi contracté de mauvaises habitudes - entre autres celle de fumer. Son père fumait. Voyant aussi des hommes fumer dans la rue, Henri pensa que pour être homme il fallait nécessairement fumer. De concert avec quelques-uns de ses camarades, il se cachait pour fumer, soit un cigare, soit une pipe qu'ils avaient achetés collectivement; craignant d'être trahis, ils cachaient leur pipe chaque fois qu'ils voyaient approcher quelqu'un. Quoique fumeur, le père de Henri défendait à son fils de toucher au tabac. S'apercevant un jour que les habits de celui-ci sentaient fort la fumée, il lui en demanda la raison.

- Oh, papa, c'est que quelques-uns de mes camarades d'école fument.
- Mais toi, fumes-tu?
- Non.
- Prends bien garde de ne jamais porter ni cigare ni pipe à la bouche! Fumer, c'est bon pour les hommes; mais il ne faut pas que je m'aperçoive qu'aucun de mes enfants le fait.
- Henri s'en alla ensuite, la conscience souillée. d'un mensonge.

Et pourtant, il voulait être un homme. Considérez bien cela, mes garçons. Qu'est-ce qui constitue un homme - j'entends un homme dans le vrai sens du mot? Il y a plusieurs choses. La Bible nous dit que la gloire du jeune homme est dans sa force - force physique et force mentale. Henri acquérait-il cette gloire en fumant? C'est fort douteux, l'expérience a prouvé au delà de tout doute que le gamin qui fume débilite son corps. Le tabac est un poison plus lent peut-être que les boissons fortes, mais tout aussi sûr; et quoiqu'il ne vous tue pas brusquement, parce que la quantité que vous. absorbez n'est pas assez forte, il n'en corrompt pas moins le sang, exerce une action désastreuse sur l'estomac et le cerveau, et paralyse plusieurs organes., Il en résulte un arrêt dans le développement physique, et une sorte de faiblesse générale. Jamais un gamin qui fumera beaucoup ne pourra avoir la gloire de la force physique. Henri en fit la triste expérience; et en outre, sa conduite témoignait-elle d'une grande puissance morale?, Il commença à fumer, non 'pas parce qu'il croyait que cette habitude était bonne, mais parce que les hommes la pratiquaient. Il n'était qu'un gamin, et il désirait passer pour un homme - c'est-à-dire qu'il désirait passer pour ce qu'il n'était pas.

N'est-ce pas faire preuve d'une faiblesse déplorable que de faire une chose alors qu'on n'est poussé à la faire que par ce vain motif : les hommes le font et il faut que je le fasse aussi ? Mais cette faiblesse le conduisit à quelque chose de pis. Il fumait en cachette, et pour le cacher, il devint menteur. Il mentait à l'école par sa conduite, et il mentait à la maison par ses paroles. Tout en le prenant en pitié, on aurait pu le respecter, s'il avait eu le courage de fumer ouvertement, et d'en supporter les conséquences; mais qui est-ce qui peut respecter un lâche? Il n'est pas digne de porter le nom d'homme. Henri continua de fumer après avoir fini ses classes, et il entra en apprentissage dans un grand arsenal. Ici de nouveau, son ancien désir de faire comme les hommes le poursuivit encore. Ceux-ci avaient des cigares, il devait en avoir aussi; ils fumaient, il devait fumer aussi. Cette conduite fut suivie de ses inévitables conséquences. Il fréquenta la compagnie de gais compagnons, contracta des dettes, apprit à boire, commença à ne rentrer que très tard le soir, et avant la fin de son apprentissage, sa santé était délabrée; et ce n'est que grâce à la trop grande indulgence de ses patrons qu'il ne fut pas honteusement chassé. Était-ce agir en homme?

Il y a plusieurs années que ces choses se passaient. La semaine dernière, an milieu d'une foule qui entourait un décrotteur, se trouvait un homme qui pouvait avoir une quarantaine d'années, mais qui paraissait en avoir soixante. Il portait un chapeau tout déformé, un habit tout râpé - il avait les deux mains dans ses poches, et tenait entre ses lèvres un bout de cigare qui avait été à moitié fumé par un autre; son visage était tout bouffi, et ses yeux ternes.

Une foule vulgaire le regardait même. avec mépris. Je l'observai attentivement, croyant reconnaître les traits d'une personne que j'avais autrefois connue. Je me rendis enfin compte que cet être ivre et dégoûtant n'était autre que Henri Langlot; il était bien devenu un homme, mais un homme perdu. On a souvent répété : Quel grand feu une étincelle peut allumer! L'étincelle qui avait mis le feu aux mauvaises passions de Henri était celle qui avait allumé sa pipe quand il fréquentait encore l'école. Il est aisé de contracter de mauvaises habitudes, mais il est plus difficile de s'en débarrasser. Voyez où l'habitude du tabac avait entraîné Henri. Elle engendra celle de la boisson, et les deux habitudes réunies firent de lui une épave.

Cependant, me direz-vous, il y a des milliers d'hommes qui fument, et qui pourtant sont très forts. C'est vrai. Mais en général, ces robustes fumeurs n'ont pas contracté leur mauvaise habitude étant jeunes; s'ils l'avaient. fait, selon toute probabilité, ils ne seraient jamais devenus forts. Et de plus, combien n'auraient-ils pas été plus forts s'ils n'avaient jamais fumé! La constitution de plusieurs fumeurs qui paraissent forts est sous-minée, et ils seront incapables de surmonter la maladie quand ils en seront atteints.

Mais, direz-vous encore, tous ceux qui fument n'apprennent pas à boire, et ne perdent pas ainsi tout sentiment d'honneur. C'est possible; mais un fait significatif, c'est qu'il n'est pas aisé de trouver un ivrogne consommé qui ne soit pas fumeur. L'expérience a démontré que la plupart de ceux qui retombaient après avoir pris un engagement de tempérance étaient des fumeurs. Le tabac et la boisson sont deux branches du même arbre empoisonné, dont les feuilles sont la malédiction des nations.

Maintenant, mes chers jeunes gens, agissez comme des hommes. Quand on vous présentera un cigare, ayez le courage de dire résolument : NON.

Vous allègue-t-on que c'est être homme que de fumer? dites : Pour être homme, il faut avoir de l'empire sur soi-même, agir par principes, avoir des habitudes de propreté, ne pas être égoïste, payer ses dettes, être sobre, et ne jamais rien faire contre sa conscience; or je pourrais perdre tous ces éléments qui constituent, l'homme dans le vrai sens du mot, si j'apprenais à fumer.


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