Vous serez mes
témoins
Chapitre XV
NOUVELLE SOUFFRANCE ET
DÉLIVRANCE
On m'a rapporté les paroles d'une
personne du village : « Comment cela se
fait-il, disait-elle, que les Z., qui parlent sans
cesse de confiance en Dieu, travaillent plus que
tous, comme si la terre allait leur manquer sous
les pieds ? »
Oui, je juge les autres, et pourtant
nous en avons assez à porter pour notre
compte. Oui, c'est vrai, le dieu-Travail
règne aussi chez nous. De bon matin jusque
tard le soir il faut courir, courir, les jours ne
sont jamais assez longs ! Le dimanche, mon pauvre
mari est si exténué qu'il ne peut que
dormir. Il s'endort parfois même le matin, en
faisant le culte, tant il est fatigué. Et
pourtant nous avons toutes les machines les plus
modernes et, cette année, un bon domestique.
Il me semble quelquefois qu'il y a comme une
malédiction, le travail augmente toujours.
C'est comme si Dieu disait : « Ah ! vous
voulez mettre le travail en premier ! eh ! bien,
allez-y jusqu'à ce que vous succombiez
à la tâche ! » Et puis, il y a si
souvent des bêtes malades, ou qu'il faut
vendre à perte, que le profit est presque
nul. Oui, c'est bien ainsi que le dit
l'Ecclésiaste : « ... travail et
poursuite du vent ! » Nous avons lu le
prophète Aggée dernièrement,
et j'ai dit à mon mari : « Tu vois,
c'est comme pour nous ! Nous travaillons pour notre
maison et Dieu souffle dessus ! »,
chap. 1. 9. Oh ! si nous pouvions
mettre Dieu en premier là aussi, je suis
sûre que sa bénédiction
reposerait sur nous. N'est-il pas dit : « En
vain vous levez-vous matin, vous couchez-vous
tard... Il en donne autant à Ses
bien-aimés pendant leur sommeil. »
Psaume 127. 2.
La Parole de Dieu est pourtant
vraie, pourquoi manquer de confiance à ce
point ? Oh ! je souffre terriblement en pensant que
nous ne rendons pas un bon témoignage... Le
travail est là, il faut le faire en sa
saison, oui c'est vrai, je le reconnais, mais je
sens toutefois que nous ne sommes pas dans une
bonne voie. Le Seigneur Jésus dit,
Luc 21. 34 : « Prenez garde
à vous-mêmes de peur que vos coeurs ne
soient appesantis par la gourmandise et
l'ivrognerie, et par les soucis de la vie, et que
ce jour-là ne vous surprenne
inopinément... » Nos coeurs sont
appesantis... non par les soucis proprement dits,
mais par le travail...
Tous les produits agricoles baissent
sans que les autres choses suivent ; il y a
surproduction de lait et de tout, nous sommes
parfois si serrés que nous ne pouvons plus
donner la dîme qui serait pourtant bien
minime, non que nous voulions retourner à la
loi, cela est plutôt une indication, mais
c'est si bienfaisant d'avoir toujours là
quelque chose dans la « boîte du
Seigneur », et quand une détresse
frappe à la porte, on donne plus joyeusement
sachant que cet argent ne nous appartient
pas.
Toutes ces choses ne troublent pas
la paix intérieure... mais oh ! j'aimerais
tant que notre vie puisse s'accorder
entièrement avec nos paroles. N'est-il pas
dit dans
Malachie 3. 10 : «
Éprouvez-moi par ce moyen, dit
l'Éternel des armées, si je ne vous
ouvre pas les écluses des cieux et ne verse
pas sur vous la bénédiction
jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de place ?
» Certains prétendent que cette
promesse était pour l'ancienne alliance, que
maintenant nous avons les impôts de toutes
sortes, etc., mais je suis sûre que c'est
encore pour nous, je l'ai assez
expérimenté autrefois. Il y a
toujours une grande bénédiction
à prendre Dieu au mot. Oh ! pourquoi ne
suis-je pas libre de le faire ? Depuis quelque
temps, j'éprouve un besoin intense de
communion fraternelle et de me replonger dans une
atmosphère spirituelle. Il me fut alors
possible d'aller deux jours à la Convention
de M. J'en jouissais beaucoup, quoique regrettant
d'y être seule Joseph étant retenu
à la maison par l'ouvrage. Ce dont je jouis
le plus dans ces grandes assemblées, c'est
de voir tant de belles figures de chrétiens.
Visages sereins et paisibles de vieillards; ils ont
lutté et souffert, mais ils ont tout
surmonté par la grâce de Dieu. Visages
radieux de jeunes, avec Dieu l'avenir est
illuminé. Oui, nous ne sommes pas seuls,
nous sommes une nuée de
témoins...
Le matin du second jour, comme je
faisais mon culte personnel, je lisais le livre de
Daniel ; tout à coup les paroles du
chapitre 6, verset 27,
s'illuminèrent pour moi et je sentis que je
pouvais m'y appuyer de toutes mes
forces. « Il (Dieu) sauve et Il
délivre et Il opère des signes et des
prodiges dans les cieux et sur la terre ;
c'est Lui qui a sauvé Daniel de la puissance
des lions ! » je ne pus que louer et
remercier Dieu sachant qu'Il pouvait aussi nous
délivrer de la puissance du travail et qu'Il
allait s'occuper de nos affaires afin que nous
puissions glorifier Son nom de toutes
manières. Oui, dans le calme et la
confiance, j'attendrai...
Au printemps avait eu lieu un
concours. La place de tenancier du café de
Tempérance du village voisin étant
à repourvoir. Cela nous tentait beaucoup,
nous pensions que c'était une occasion
splendide de travailler parmi la jeunesse ;
nous rêvions de créer un foyer chaud
et accueillant où pourraient se
réfugier les sans-famille. Après
avoir examiné sérieusement la
question devant Dieu, nous sentîmes que nous
pouvions poser notre candidature, mais, à
notre grand étonnement, nous n'eûmes
pas la préférence. Certes, la
personne qui l'eut en avait plus besoin que nous,
mais alors ?
Maintenant nous comprenons, cela a
ouvert une porte quoique ce n'était pas
celle que nous pensions.
Un jour, mon beau-père dit
à mon mari : « je ne pourrai
plus t'aider comme je l'ai fait jusqu'à
présent, tu ne peux continuer seul avec un
domestique non plus. Le plus simple serait de louer
tes terres, d'avoir davantage d'abeilles, et
puisque ta femme aime cuisiner et que vous avez
plusieurs chambres libres, vous pourriez
peut-être prendre des pensionnaires en
été ? Qu'en
dis-tu ? »
Quand mon mari me rapporta cette
conversation, je ne pus que louer Dieu et le
remercier, c'est Lui qui incline les coeurs comme
des ruisseaux d'eau.
Certes, je ferai n'importe quoi pour
m'aider. Le ménage ne me fatigue pas et
c'est pourtant plus intéressant de
travailler pour les gens que pour les bêtes.
Il y aura là une occasion de faire quelque
chose pour Dieu peut-être.
Quelques mois plus tard, mon mari se
trancha à moitié un doigt à la
scie à ruban ; le tendon fut
coupé et le majeur de la main droite resta
paralysé. Impossible de traire
désormais. Ce fut encore une claire
indication.
Il y a bien longtemps que nous
n'avons été aussi heureux. Les choses
semblent s'arranger d'elles-mêmes. Oui
vraiment, celui qui se confie en Dieu ne sera pas
confus !
Nous avons décidé de
mettre la dîme de côté
coûte que coûte, et voici que tout de
suite nous nous aperçûmes que la
bénédiction de Dieu reposait de
nouveau sur notre maison. Joseph disait à
tout moment : « Tiens, il y a plus
de pommes de terre que je ne l'avais
pensé ! » Et c'est pour
toutes choses ainsi. il semble aussi que Dieu
développe notre savoir-faire pour que les
choses durent davantage. Quel Dieu merveilleux nous
avons
Joseph entra un jour dans la cuisine et me
trouva exténuée sur une chaise. Je
venais de terminer un grand repassage.
- Crois-tu encore que Dieu s'occupe
des plus petits détails de notre vie ?
me demanda-t-il.
- Oui, je le crois !
répondis-je fermement.
- Alors, puisqu'Il sait l'ouvrage
que tu as, pourquoi ne te donne-t-Il pas les forces
nécessaires ?
Je restai un moment sans
répondre, puis :
- Tu sais, ce n'est pas Dieu qui est
fautif, c'est moi ! Premièrement,
j'aurais pu ne pas forcer et laisser une partie du
repassage pour demain ! Secondement, Dieu ne
nous a pas créés pour repasser, c'est
nous qui avons compliqué notre vie de toutes
manières ; il y a bien des choses que
j'aurais pu plier soigneusement et mettre ainsi
dans l'armoire. C'est sûr qu'il faut faire
bien tout ce que l'on fait, mais vouloir que son
linge soit repassé à la perfection,
c'est aussi l'orgueil de la vie !
Cela m'a ouvert les yeux sur bien
des choses, et j'ai cherché à
simplifier notre vie autant que possible. C'est
vrai, on accuse souvent Dieu quand c'est
nous-mêmes qui sommes fautifs de notre
fatigue ou de surmenage.
Deux pasteurs très
évangéliques et vivants sont venus
tenir une série de réunions ici.
« Croyez-vous que Dieu se contente de ce
que vous êtes ? » disaient-ils
entre autres.
Ce fut un bouleversement
général au village, on était
si peu habitué à pareil
langage ! Le dernier soir, plusieurs personnes
restèrent, ce fut émouvant. Les jours
suivants, quelques jeunes se convertirent encore,
ce qui fait que presque toute la jeunesse du
village fit profession de s'être convertie.
Est-ce l'aube du Réveil ?
Oui, je commençais de le
croire, un mouvement semblait se dessiner, il y
avait des personnes travaillées et des
réconciliations... Mais Satan n'a pas perdu
son temps et il trouva vite quelque chose pour
rendormir ceux qui commençaient à se
frotter les yeux.
En ouvrant le journal
régional, je fus atterrée en lisant
qu'une séance cinématographique
aurait lieu « au Temple », au
profit de l'église, la semaine suivante.
C'était un film
« religieux » paraît-il,
mais oh ! comment est-ce possible que pour de
l'argent, on risque de perdre de précieuses
âmes pour lesquelles Christ est mort !
je ne pus que tomber à genoux et,
déployant la feuille, je dis :
« Seigneur, tu vois, tu vois ce qui se
passe ! Oh ! prends soin de Ta
gloire ! Ils ne savent ce qu'ils
font ! » Je souffrais terriblement
en voyant cet aveuglement après ces
merveilleuses réunions où l'Esprit de
Dieu agissait de façon si
manifeste !
Le lendemain quelqu'un dit
railleusement : « Il paraît
que le Réveil continue, il y a cinéma
à l'église ! »
Oh ! pourquoi les chrétiens ont-ils les
yeux si bouchés ? Pourquoi ne pas
croire que Dieu peut envoyer l'argent
nécessaire ? Quand les chrétiens
sont réveillés, les porte-monnaie le
sont aussi !
Et voyez ce qui arriva !
L'opérateur du cinéma voulant
préparer son appareil, eut toutes les peines
du monde à trouver la clef du temple. Enfin
il réussit à la dénicher, cela
aurait dû lui ouvrir aussi un peu les
yeux ! Le soir, les gens s'assemblaient
nombreux, tout heureux de pouvoir jouir du
cinéma sans aller dans le monde ( ?),
et voilà, pas de film !
Téléphones, recherches et pour finir
on découvrit que le film n'avait pas
été envoyé par suite d'une
erreur de dates ! Il fallut renvoyer la
foule.
N'empêche que cela a
enrayé le Réveil, mais nous
continuerons à prier jusqu'à ce que
nous l'ayons. Ce qui me fait de la peine, c'est de
voir le grand nombre de chrétiens qui ne
veulent d'un Réveil à aucun
prix : « Tout va bien, disent-ils,
pourquoi voudriez-vous tout
bouleverser ? » Tout va bien, tout
va bien ! comment faut-il être pour
trouver cela !
Quelques jeunes gens venaient
déjà chez nous
régulièrement, mais J'avais un ardent
désir de m'occuper des jeunes filles ;
j'en parlai au Seigneur afin que Lui arrange les
choses, si cela était selon Sa
volonté.
Un soir, deux jeunes filles vinrent
me demander si je voulais apprendre des chants
à la jeunesse, car c'était la coutume
qu'elle se fasse entendre à la fête de
l'arbre de Noël du village, l'institutrice qui
s'occupait de cela les autres années
refusait de le faire.
D'abord, interdite, je ne sus que
répondre et je leur dis de venir le
lendemain chercher la réponse. Serais-je
capable de leur enseigner des chants ? Puis,
je compris que c'était là l'occasion
demandée à Dieu et
j'acceptai.
Après chaque exercice nous
lisons un verset et nous prions. Quand Noël
fut passé, et les chants
exécutés de manière
satisfaisante, je demandai :
« Voulons-nous continuer de nous
réunir pour étudier la Parole de
Dieu, prier et chanter ? je pourrais vous
apprendre de nouveaux cantiques. » Toutes
furent d'accord, et ainsi nous avons chez nous, un
soir par semaine, de petites études
bibliques très bénies. Nous suivons
la même méthode qui nous avait si bien
réussi à l'Union
chrétienne.
Le samedi soir, nous avons
également chez nous, de petites
réunions de prières bien suivies
surtout par les jeunes.
C'est une nouvelle branche
d'activité qui me cause de bien grandes
joies. Quel encouragement de voir ces jeunes
croître, tels de jeunes plantes saines, dans
la grâce et la connaissance de Dieu. Que Dieu
est bon ! s'il m'a repris mon petit
garçon, il m'a rendu de grands enfants
spirituels.
Un homme du village voisin avait
assisté aux réunions de ces
prédicateurs de Réveil. Il en fut
bouleversé. Ayant appris qu'il ne mangeait
et ne dormait plus, une amie qui était en
séjour chez moi alla le voir.
- Oui, je crois, je sens que tout ce
que j'ai entendu est vrai, mais je ne puis me
convertir, cela impliquerait trop de choses pour
moi, cela me coûterait trop,
disait-il.
Il avait une maladie de coeur
très avancée, il le savait et
pourtant la crainte des hommes le retenait... Trois
semaines plus tard, on le trouvait mort dans son
écurie... le coeur avait
cédé.
« Que donnerait un homme
en échange de son
âme ? »
Ce qui me semble parfois extraordinaire, c'est
comme le goût de la lecture romanesque m'a
passé. C'est réellement ma Bible qui
occupe la première place ; je ne puis
plus me passer d'elle, j'en ai presque une faim
physique, et ensuite seuls, les livres parlant de
Dieu, de mon Sauveur et de ses voies
m'intéressent, ou alors des biographies.
Autrefois, cette lecture-là m'aurait
semblé suprêmement ennuyeuse. J'aime
aussi parcourir le journal ; la politique
m'intéresse, car je vois comme toutes choses
se préparent pour le retour de notre
Seigneur Jésus-Christ.
En rendant visite un jour à
maman, j'ai compris une chose que j'avais seulement
pressentie confusément jusqu'alors. Maman a
été aussi une grande lectrice, mais
maintenant elle sent qu'elle n'a plus le droit de
perdre du temps à lire des fictions qui
encombrent son cerveau de toutes sortes
d'idées. Oui, quand nous pensons à
des personnages imaginaires dont nous venons de
lire les aventures, et ceci c'est comme Pascal le
disait déjà des spectacles :
« Ce sont les plus beaux et les plus
innocents en apparence, qui sont les plus
dangereux, car ils semblent d'autant plus enviables
et éveillent le désir
d'éprouver aussi des sentiments si aimables
et si délicats. » Pendant ce temps
Dieu est mis à la porte quand c'est de Lui
que devraient être occupées
constamment nos pensées.
Maintenant je comprends aussi
pourquoi le cinéma est nuisible au
chrétien, même quand la pièce
est bonne ou anodine ; les films passent et
repassent dans notre mémoire, impossible de
penser à deux choses à la fois. Il
arrive encore parfois, quand je m'agenouille pour
prier, que les films vus il y a pourtant plus de
dix ans, me reviennent à la mémoire
et je dois lutter pour qu'ils me laissent jouir de
la communion avec Dieu.
- Vous voulez donc tout nous
prendre ? me disait quelqu'un auquel je
faisais part de ces réflexions.
- Tout ? Mais ce que vous avez
tant de peine à lâcher vous a-t-il
donné le bonheur ? De courts moments de
plaisir peut-être ! Ah ! si vous
saviez la joie profonde, intense que produit la vie
livrée complètement ! Le bonheur
ne dépend pas de telles distractions, mais
de l'harmonisation de notre volonté avec
celle de Dieu. Comme ces choses vous importeraient
peu si vous connaissiez cela ! La
réalité est si merveilleuse que toute
fiction paraît bien terne à
côté !
Et puis rappelons-nous toujours que
nous avons été rachetés de
notre vaine manière de vivre, qui nous avait
été enseignée par nos
pères, non par des choses corruptibles, de
l'argent ou de l'or, mais par le sang
précieux de Christ...
1 Pierre 1. 18-19. - Et vous
n'êtes pas à vous-mêmes, car
vous avez été achetés à
prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps.
1 Corinthiens 6.20.
.
Chapitre XVI
ADORATION
Un jeune coutelier vient au village une
fois par mois environ. Il offre sa marchandise et
prend les couteaux à aiguiser. Une fois,
comme j'allais chercher ma bourse, la voix
intérieure me dit :
« Demande-lui s'il est prêt
à aller à la rencontre de son
Dieu ! » je commençai
à argumenter : « Mais je ne
puis lui poser cette question de but en
blanc ! » Demande-le-lui,
répéta la voix. « Mais il
est catholique, il ne comprendrait peut-être
pas ! Si seulement j'avais une brochure, je la
lui donnerais, mais je n'ai justement rien qui
convienne sous la main... » Finalement je
le laissai repartir sans rien lui dire. Je
préparai quelques traités pensant les
lui donner la prochaine fois qu'il reviendrait. Les
mois s'écoulèrent sans que je le
revoie... Un jour, une voisine me
dit :
- Savez-vous que le jeune E., le
coutelier, est mort ?
- Comment, m'écriai-je
bouleversée, quand ?
- Au mois de.... Je
crois.
C'était quelques semaines
après sa tournée ici.
Misérable servante que je suis, oh !
pourquoi ai-je désobéi à mon
Maître ! Je ne me pardonnerai jamais
cela. Non, je ne désobéirai plus
lorsque Dieu m'ordonnera de faire ou de dire
quelque chose pour Lui, c'est trop
sérieux !
Le père du jeune homme passa
un jour, je lui parlai de son fils.
- Il n'a pas été
malade longtemps, répondit-il, et il est
mort comme un saint ; on venait le voir pour
être
édifié. »
Cela me consola un peu ;
peut-être que Dieu aura trouvé
quelqu'un de plus obéissant que moi.
N'empêche que j'ai perdu là une belle
occasion de rendre témoignage.
Depuis quelque temps, j'ai le
sentiment qu'il y a quelque chose de
défectueux dans mes prières. Certes
la louange, l'action de grâces,
l'intercession y ont leur part, mais il y manque
cette adoration pour Dieu qu'ont le catholique, par
exemple, ou le païen devant ses
idoles.
J'ai relu le chapitre de l'adoration
dans le livre : « Ce que la Bible
enseigne », du Dr. Torrey. Pourquoi n'y
ai-je pas prêté attention plus
tôt ? Et voici ce que j'y trouvai entre
autres :
« L'adoration est un acte
bien défini dont la nature est très
nettement indiquée dans la Bible. C'est
l'âme se prosternant devant Dieu dans l'amour
le plus ardent et la contemplation la plus profonde
de Dieu Lui-même. La racine du mot
hébreu traduit par adorer dans l'Ancien
Testament veut dire - se courber jusqu'à
terre. Quelqu'un a dit très justement :
« Dans la prière nous sommes
occupés de nos besoins ; dans l'action
de grâces, de nos bénédictions,
dans l'adoration nous nous absorbons en Dieu
Lui-même. »
Et plus loin, tout le chapitre
devrait être cité, mais je ne
mentionne que ce qui m'a le plus
frappée :
« Nous devons l'adoration
à Dieu. C'est son dû. Nous devons
à l'homme : l'amour ; aux
parents : l'obéissance ; à
Dieu : l'adoration, le culte. C'est notre
premier devoir envers Lui. Il est la
Sainteté, la Sagesse, la Puissance absolue.
Il est l'Infini, le Parfait par excellence et
l'attitude qui nous convient en Sa présence
est celle de l'humilité profonde, dans
laquelle, courbés devant Lui, nous
contemplons et adorons Son infinie beauté,
Sa gloire, Ses attributs, en un mot, Sa personne
même. Si nous n'adorons pas Dieu, nous Lui
dérobons ce qui Lui est dû. Il ne
suffit pas de Lui obéir, de Le prier, de Lui
rendre grâces, de chercher à Le servir
et à faire Sa volonté. il nous faut
l'adorer. Avez-vous jamais adoré Dieu ?
Combien de temps passez-vous chaque jour dans
l'adoration, l'adoration pure et simple,
prosternés dans le silence et la
contemplation ? »
Il y a plus de dix ans que je suis
convertie, et pourtant il faut que je l'avoue
à ma honte, je ne sais pas ce que c'est
qu'adorer... Autour de moi personne n'en parle et
n'a l'air d'en savoir plus que moi sur ce sujet. Et
voici je m'aperçois que j'ai frustré
Dieu de ce qui Lui est dû, toutes ces longues
années... « Mais l'heure vient et
elle est déjà venue, où les
vrais adorateurs adoreront le Père en
esprit et en
vérité, car ce sont là les
adorateurs que le Père demande. »
Jean 4.23.
Depuis ma petite enfance, je connais
ce verset par coeur et pourtant je n'en ai encore
jamais saisi le vrai sens. Je lis plus
loin :
« Dieu demande de vrais
adorateurs. La chose que Dieu exige des hommes
par-dessus toutes les autres, c'est l'adoration.
Son désir suprême c'est que les hommes
l'adorent. Il cherche des adorateurs... Quelqu'un a
dit que nous étions sauvés pour
servir. C'est vrai, mais ce qui est encore plus
profondément vrai, c'est que nous sommes
sauvés pour que nous puissions adorer.
L'oeuvre entière de la Rédemption
atteint son point culminant et son accomplissement
suprême dans un corps spirituel
composé d'hommes et de femmes
assemblés et rendus capables d'adorer Dieu.
Nous devons adorer sur le terrain du sang
répandu de Jésus-Christ. Il n'y a pas
d'autre voie d'accès jusqu'à Dieu que
celle-ci.
» Nous devons adorer par
l'Esprit de Dieu. Les hommes cherchent à
faire les choses qui plaisent à Dieu pour
s'acquérir des mérites, de leur
propre initiative et par leurs propres forces. Mais
Dieu n'agrée pas cette adoration quoique
ceux qui l'offrent puissent être
sincères et très zélés
à cet égard. Ce n'est pas ce que Dieu
cherche. Il demande des adorateurs dans l'Esprit et
qui n'aient aucune confiance dans la chair. Pour
adorer comme il convient, nous devons
reconnaître l'impuissance totale de la chair
et adorer d'une manière que Dieu
agrée. Nous devons nous rendre compte du
danger d'infiltrations charnelles jusque dans notre
adoration. Nous oubliant nous-mêmes, nous
devons nous en remettre au Saint-Esprit pour qu'Il
nous inspire notre culte. La première chose
que nous ayons à faire, lorsque nous venons
adorer, c'est de reconnaître notre propre
incapacité et de regarder au Saint-Esprit
pour nous enseigner. C'est Lui qui doit nous mettre
en présence de Dieu et dans Sa
contemplation... Lorsqu'Il a découvert la
véritable adoration, le Père est
satisfait. C'est ce qu'Il cherche. L'adorateur est
satisfait. Il a trouvé la joie la plus
haute... Il n'y a pas de joie plus
élevée, plus profonde, plus pure que
celle qui jaillit de la contemplation de Dieu
pendant que nous l'adorons.
» L'adoration nous
délivre de l'orgueil et nous
révèle notre faiblesse et notre
indignité. Il est vrai que la puissance nous
est donnée en réponse à la
prière définie, mais ce n'est pas
seulement en réponse à la
prière. La puissance appartient à
Dieu et lorsque nous nous mettons et demeurons en
contact avec Dieu dans l'adoration, notre âme
est remplie de puissance. La force spirituelle
ressemble, de bien des manières, à la
force électrique, et de
même qu'un corps réceptif peut
être chargé
d'électricité par l'isolation et le
contact avec une source quelconque d'énergie
électrique, de même nous pouvons
être chargés de l'énergie
divine par la séparation d'avec le monde et
ce contact avec Dieu que nous trouvons dans
l'adoration. Pendant que nous adorons, la puissance
de Dieu se déverse en nous. Les nuits
passées en contact avec Dieu,
prosterné devant Sa face, en adoration, sont
suivies de jours de puissance dans le contact avec
les hommes. La cause secrète et principale
du manque de puissance dans le service, à
notre époque, c'est l'absence d'adoration
dans nos relations avec Dieu
Lui-même. »
Je fermai mon livre et je tombai
à genoux, bien décidée
à y rester jusqu'à ce que j'aie pu
adorer Dieu en esprit et en vérité.
Je suppliai le Saint-Esprit de m'enseigner à
adorer et cela dans le sentiment que ce
n'était qu'à cause du précieux
sang versé de mon Sauveur que j'osais ainsi
m'approcher du Dieu vivant et trois fois saint. Ce
fut d'abord une terrible lutte. Satan me soufflait
que c'était pour avoir de la puissance que
je désirais adorer. Je criai à Dieu,
lui qui sait ce qui se passe dans nos murs, lui
disant que je voulais l'adorer pour que Son coeur
de Père soit satisfait, et je me mis
à réciter le verset
12 du septième chapitre de
l'Apocalypse : « La louange, la
gloire, la sagesse, l'action de grâces,
l'honneur, la puissance et la force soient à
notre Dieu aux siècles des
siècles... » Puis :
« Mon âme, bénis
l'Éternel ! et que tout ce qui est en
moi bénisse Son saint
nom ! » Psaume 103. 1.
Ce qui se passa alors en moi, nulle
parole humaine ne peut le décrire ! je
sus alors la profonde signification du mot
adorer ! Tout ce que je venais de lire
était vrai, vrai et au-delà !
Maintenant ma plus grande joie est de me retirer
à l'écart et de me prosterner devant
mon Dieu. Non, aucune joie terrestre ne peut
être comparée à
celle-là. Oui, Dieu nous a
créés pour Lui et Lui seul peut nous
satisfaire entièrement. Quand je suis
très fatiguée, il n'y a rien qui me
réconforte aussi promptement. Je me suis
aussi aperçue que lorsque je voulais
éprouver le bonheur que procure l'adoration,
la communication ne s'établissait pas...
C'est Dieu seul, pour Lui seul que nous devons
rechercher, le Donateur et non les dons... et alors
nous avons toutes choses par-dessus...
Certes je ne néglige aucun de
mes devoirs de mère ou de femme de
ménage, j'expérimente que l'amour
rend ingénieux et que la joie de
l'Éternel est ma force !
Dieu est si peu connu même
dans nos pays christianisés depuis des
siècles. Chacun se fait un Dieu à son
idée et à sa mesure, on
l'appelle parfois le bon Dieu...
caricature ! Désormais tous mes efforts
tendront à révéler le Dieu
vivant et vrai autour de moi. Il faut un retour
à la Parole de Dieu intégrale, non
seulement à la lettre, mais avec tout ce que
cela implique pour nous de foi en Dieu ; c'est
là seulement que nous apprendrons à
Le connaître. Et, chose merveilleuse, nous
avons le Saint-Esprit pour nous l'éclairer,
Lui qui l'a inspirée.
Un tout jeune garçon me
racontait un jour, qu'à une séance de
l'Union chrétienne, ils s'étaient mis
quelques-uns à discuter sur la
Bible.
- Voyez-vous, disait l'un, j'ouvre
ma Bible au hasard et je lis, mais je vous avoue
que je n'y comprends pas
grand-chose !
- Ah ! ça
t'étonne ! lui répondit notre
jeune ami, essaie de prendre un autre livre, de
lire une phrase ici et là ! Si tu ne
sais pas de quelle histoire il s'agit, crois-tu que
tu comprendras ! La Parole de Dieu doit
être lue avec suite, en priant d'un coeur
droit, et tu verras alors si tu ne changes pas
d'idée !
Que c'est beau de voir comme le
Saint-Esprit guide et donne la réponse juste
à tous ceux, si jeunes soient-ils, qui Le
laissent agir en eux !
Un autre me disait une fois :
« Tout est instable autour de nous, comme
il fait bon pouvoir s'appuyer sur le Roc de la
Parole de Dieu ! »
.
Chapitre XVII
PUISSANCE DE LA PAROLE DE DIEU
Une de nos amies était dans une maison de
santé ; elle m'écrivit me
demandant un Nouveau Testament en gros
caractères, sa vue ayant baissé. Je
lui en envoyai deux ; elle en donna un
à une de ses compagnes qui se mit à
le lire attentivement. Une ou deux fois celle-ci
fit une réflexion à notre amie et
celle-ci en conclut qu'elle le comprenait bien.
Quelques semaines plus tard elles quittaient la
maison de santé heureuses et
guéries.
Un jeune homme incrédule de
notre connaissance eut un terrible accident de
motocyclette. À vues humaines et
malgré que des sommités
médicales aient été
consultées, il ne pourrait plus marcher.
Après de longs mois d'hôpital,
quelqu'un lui donna un Nouveau Testament ; il
se mit à le lire et, convaincu, il se
convertit, puis sa jambe se remit, au grand
étonnement des médecins.
- Avez-vous prié pour
être guéri ? lui ai-je
demandé.
- Non, pas seulement, mais plus
j'avançais dans la lecture de la Parole de
Dieu, et mieux je me sentais !
Ainsi la seule lecture du Nouveau
Testament guérit son âme et son
corps !
J'ai eu une grande joie de causer
avec ce jeune homme, tout rayonnant, et j'ai pu
constater, une fois de plus, à quelle
parfaite unité arrivent ceux qui se laissent
conduire par le Saint-Esprit ; quoique
complètement étrangers auparavant,
nous avions les mêmes idées, les
mêmes vues. Quel Dieu merveilleux nous
avons,! n'est-Il pas digne d'être cru et
adoré ?
Un jour, nous étions quelques
personnes réunies ; je leur parlai de
mon Sauveur...
- Oh ! fit l'un, c'est
prouvé que la Bible n'est pas
entièrement vraie.
- Prouvé par qui ?
demandai-je.
- Par les savants, la science,
dit-il vaguement et assez
embarrassé.
- Les savants ! repris-je, mais
il y en a des plus illustres qui ont cru en Dieu,
voyez Pasteur, Newton, Faraday, etc. Et maintenant
qu'on a fait tant de découvertes
archéologiques confirmant la Bible, ceux qui
ont écrit des piles de volumes pour en
montrer les soi-disant erreurs auront perdu leur
temps, car les pierres commencent à
crier !
- Pauvre petite, me dit un autre, si
vous aviez lu les livres que je possède,
vous changeriez bien vite
d'idée !
- C'est que, dis-je, ceux qui
parlent mal de Dieu ne le connaissent pas !
Ils n'ont vu le plus souvent que le Dieu des
chrétiens qui les entourent, un Dieu
rapetissé à des formes et des
cérémonies, un Dieu
déformé, tordu,
méconnaissable ! Ah ! s'ils
connaissaient le vrai Dieu ! mais le plus
souvent on préfère ne pas le
connaître et suivre sa propre voie. Tenez,
prêtez-moi vos livres, ils ne peuvent me
faire du mal, ce que je possède est si
merveilleux que je n'ai nulle envie de le troquer
contre autre chose. Je les lirai, mais à une
condition ! Prenez un Nouveau Testament,
mettez de côté vos préventions,
demandez à Dieu sincèrement de vous
éclairer, puis lisez-le en suivant, page
après page, et le matin de
préférence. Est-ce
dit ?
Il refusa, il pressentait la
puissance du Livre et il préférait
rester sans Dieu et sans espérance dans le
monde.
Ce qui me fait souvent de la peine,
c'est de constater l'incrédulité
invétérée des chrétiens
et pourtant n'est-il pas dit dans la
première épître de
Jean 5. 10 : « Celui qui ne
croit pas Dieu le fait menteur... » Ce
n'est pas peu de chose que cela : faire passer
Dieu pour un menteur ! Et n'est-ce pas ce que
nous faisons souvent quand nous ne voulons pas nous
approprier Ses promesses, car il
est dit : « Car
autant il y a de promesses de Dieu, en Lui est le
oui et en Lui l'amen à la gloire de
Dieu... »
Il Corinthiens 1. 20.
Dieu nous aime, oh ! plus que
nous pouvons nous l'imaginer ! Il nous attend,
Il voudrait répandre sur nous Ses meilleures
bénédictions, mais notre
incrédulité Lui retient les
mains.
« Mais, entend-on souvent
dire, on ne peut pourtant pas se croiser les bras
et laisser Dieu tout faire ! Il faut se
débrouiller aussi bien que l'on peut et
demander à Dieu de bénir nos
travaux ! »
Ou comme quelqu'un me disait un
jour:
- Il est pourtant mis dans la
Bible : « Aide-toi, le Ciel
t'aidera »
- Ah ! vraiment ! fis-je
amusée, pourriez-vous m'indiquer dans quel
livre et quel chapitre cela se trouve ? C'est
tout simplement la morale d'une fable. Notre Dieu
dit tout le contraire, voyez le Psaume 37, verset
5 : « Remets ta voie sur
l'Éternel, confie-toi en Lui et Lui il
agira... » Ce que Dieu dit est vrai, et
je l'ai expérimenté maintes
fois.
- Oui, mais... croyez-vous que l'on
peut se confier en Dieu pour tout et en toutes
circonstances ?
- Oui, mille fois oui !
« Goûtez et voyez comme
l'Éternel est bon ! Bienheureux l'homme
qui se confie en Lui » Psaume 34.8.
Est-ce assez clair ? Que vous faut-il de
plus ?
Quand le printemps fut là, on
me demanda:
- Comment allez-vous faire pour
trouver des pensionnaires ? Mettrez-vous des
annonces dans les journaux ?
- Non, non, je ne ferai rien de tout
cela, Dieu sait que j'aimerais en avoir, et Il sait
qui il me faut. Ce n'est pas seulement une question
de gros sous pour moi. Dieu nous enverra ceux qui
pourraient nous faire du bien spirituellement ou
auxquels nous pourrons en faire.
Avec un sourire un peu sceptique, on
me laissa tenter l'expérience.
La même semaine, je recevais
deux téléphones, coup sur coup ;
on me demandait de prendre une jeune dame et une
demoiselle âgée. Quoique mes
préparatifs ne fussent pas tout à
fait achevés, j'acceptai. Quand ces
personnes arrivèrent, elles furent bien
surprises de se reconnaître quoique ne venant
pas du même endroit. Nous
en fûmes bien aise car ainsi elles se
tiendront compagnie l'une l'autre.
Elles étaient toutes deux
malades des nerfs quoique à des
degrés différents. Les faibles ont de
la peine à suivre le mouvement
échevelé de la vie
moderne.
La demoiselle est une
chrétienne. Une chrétienne qui
cherche toujours du nouveau. Elle avait entendu
parler, par une connaissance commune, que nous
fondions (?) une nouvelle secte, et elle avait eu
de suite envie de voir ce que c'était. Elle
fut bien étonnée et un peu
déçue de voir ce que nous
étions tout simplement :
« Sur l'ancien et bon
chemin » ! Pauvre Mlle Y. Elle est
bien gentille et agréable à vivre,
mais à force de chercher de droite et de
gauche, sa pauvre tête, qui ne devait
déjà pas être bien solide,
s'est un peu détraquée. Ce qui me
paraît inconcevable, c'est qu'elle n'a pas sa
Bible avec elle. Un soldat sans épée,
qu'est-ce donc ? Elle prétend
même pouvoir s'en passer, Dieu lui donnant
des ordres directement. En effet, elle nous raconte
de belles expériences. Elle a une grande
confiance en Dieu, mais elle le connaît bien
imparfaitement, et c'est sans doute au manque de
nourriture de la Parole de Dieu qu'elle doit son
peu de stabilité. Nous lui avons
donné un Nouveau Testament ainsi qu'à
la jeune dame, et elles le lisent.
Pour cette dernière, c'est
une autre histoire. Élevée dans une
famille chrétienne, elle avait perdu sa foi
enfantine lors de douloureux et récents
événements. Elle est réceptive
et se joint à nous quand mes jeunes viennent
et que nous chantons ou méditons la Parole
de Dieu.
Un soir, un de nos amis resta
à souper avec nous. Comment la conversation
en arriva à rouler sur les sorciers et la
sorcellerie, je ne sais. Notre ami avait connu
autrefois de ces gens qui passaient pour avoir fait
un pacte avec Satan et ce qu'il nous disait nous
faisait courir des frissons dans le dos. Cela
intéressa si fort mes pensionnaires que je
ne réussis pas à changer le sujet de
la conversation. Ce soir-là nous avions
notre petite réunion d'étude
biblique, mais après souper Mlle Y.
prétextant la fatigue, se retira dans sa
chambre qui est au plein pied. Pendant que je
jouais le premier cantique, j'entendis quelqu'un se
promener dans la cuisine, j'allais voir,
c'était la pauvre Mlle Y. en robe de chambre
et toute effarée.
- Oh ! venez, venez,
s'écria-t-elle, on entend un si drôle
de bruit dans ma chambre
J'y courus en repensant à
notre précédente conversation. En
effet, on entendait gratter, grogner à qui
mieux, mieux, jamais encore je n'avais entendu
chose pareille.
- C'est peut-être le vent qui
souffle par les trous d'aération sous le
plancher, suggérai-je.
Je pris les caisses à fleurs
sur la fenêtre et j'en bouchai les orifices.
Silence complet.
- Vous voyez, lui dis-je, et,
l'esprit rasséréné, je lui
souhaitai une bonne nuit, et je retournai vers nos
amis qui ne savaient que penser de mon absence. Un
quart d'heure plus tard, nouvelle irruption de Mlle
Y. Il semblait que le bruit avait encore
augmenté.
- Eh ! bien, je ne veux pas que
vous passiez la nuit ici. Nous allons porter toutes
vos affaires en haut où j'ai encore une
chambre libre, espérons que là vous
aurez la paix !
Le lendemain matin, rien d'anormal,
mais le soir le bruit avait repris dans la fameuse
chambre ; nous enlevâmes les caisses
à fleurs et, avec une lampe
électrique, nous essayâmes de voir ce
qui se passait sous le plancher, mais inutilement.
Ce n'est pourtant pas possible que ce soit des
esprits ! Puis, rentrant dans la chambre, nous
nous mimes à sauter sur le plancher pour
effrayer l'animal, si c'en était un. Au bout
d'un instant le silence fut complet, et nous
n'entendîmes plus jamais quoi que ce soit.
Quelque temps plus tard, passant dans le jardin un
soir, j'entendis de nouveau ce bruit
extraordinaire. Je criai à mon mari de venir
avec sa lampe de poche, je voulais savoir... La
lumière nous montra... deux
hérissons ! Si nous n'avions pas
parlé auparavant de l'ennemi de nos
âmes, la pauvre Mlle Y. n'aurait pas
été si effrayée ;
désormais nous n'aurons jamais plus pareille
conversation dans notre maison.
Il y eut, de nouveau, un merveilleux dimanche,
les arbres étaient en pleine floraison. Le
mari de la jeune dame était venu la
rejoindre ; c'est un homme droit, croyant,
mais il lui manque aussi la connaissance de la
Bible. C'est étonnant ce qu'il y a peu de
chrétiens qui la
connaissent !
Dans l'après-midi
arrivèrent quelques amis, des enfants de
Dieu. Il faisait si beau dehors que je portai la
table à thé au
verger, et nous restâmes
là devisant et causant des choses de Dieu et
de notre grande espérance : le prochain
retour de notre Sauveur Jésus-Christ !
Ce furent de précieux et paisibles moments,
la présence de Dieu était sensible
à nos coeurs.
Après le souper, nos jeunes
époux s'éclipsèrent. Quelques
jeunes gens et jeunes filles étant venus se
joindre à nous, je me mis à
l'harmonium et nous commençâmes
à chanter. Un nouveau recueil a paru, les
« Chants joyeux », et nous
avons tant de plaisir à chanter ces airs
entraînants et ces paroles qui expriment si
bien nos sentiments Plus tard, dans la
soirée, les époux arrivèrent
et se joignirent à nous. Qu'ils avaient
l'air heureux et comme leurs voix vibraient Puis
nous prîmes place pour lire la Parole de Dieu
et prier avant de nous séparer. Nous
eûmes alors la clef de l'énigme. La
conversation de l'après-midi les avait
frappés et ils s'étaient
aperçus qu'ils n'étaient pas
prêts pour le retour du Seigneur
Jésus, alors là-bas dans les champs,
sous un cerisier fleuri, ils s'étaient
agenouillés et avaient prié ensemble,
faisant le voeu de vivre désormais pour
Dieu.
- Ah ! c'est de Dieu que nous
avions besoin disait le mari.
Inutile de dire que nous partagions
leur joie Maintenant ils lisent aussi la Bible
ensemble. Y a-t-il lien plus solide et plus durable
que celui-là ? Que Dieu fasse son
oeuvre en eux afin qu'ils ne recherchent pas
seulement leur bonheur personnel, mais que Sa
gloire devienne leur
préoccupation !
Nos pensionnaires restèrent
six semaines. Mlle Y. m'a déjà
écrit qu'elle continuait à lire sa
Bible, et pour les jeunes, eh ! bien,
« Celui qui a commencé en eux une
bonne oeuvre l'achèvera jusqu'au jour de
Jésus-Christ... »
Philippiens 1: 6.
Un incrédule me disait une
fois : « Bah ! il n'y a de vrai
que l'amour. » je savais que lui et sa
femme s'aimaient beaucoup, mais je lui
répondis : « Oui, c'est vrai,
mais vous ne savez pas ce que c'est que
l'amour ! Vous ne connaissez pas l'amour
divin... Quant à ce que vous appelez
l'amour, vous ignorez ce qu'est l'union spirituelle
qui est la plus complète et la plus durable.
Quand vous aurez prié sincèrement et
lu la Bible ensemble, vous saurez alors ce que
c'est que le vrai amour, l'amour plus fort que la
mort » Il ne sut que
répondre.
C'est toujours pour moi une grande
joie de voir se former des ménages d'enfants
de Dieu ! Non, je ne puis comprendre ces
unions où la meilleure partie de
soi-même, l'immortelle, reste
étrangère à l'autre. L'amour
divin, au lieu de séparer les
époux, les unit plus
étroitement ; maintenant je ne
comprends plus que j'aie eu tant de peine à
me décider ! C'est vrai que c'est
beaucoup plus beau que je n'aurais jamais pu
l'imaginer, une union dont Dieu est le
centre.
Quel tendre Père que notre
Dieu ! oui vraiment, il fait bon être
guidé et conduit par Lui !
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