Il est
écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
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Bibliothèque chrétienne online EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON - 1Thess. 5: 21 - (Notre confession de foi: ici) |
Il est
écrit: TA PAROLE EST LA VERITE (Jean 17.17) Cela me suffit... |
LA MAIN DE
DIEU
|
Si je
n'étais point venu et que je ne
leur eusse point parlé, ils
n'auraient pas de péché,
mais maintenant leur péché
est sans excuse. |
|
DIEU JUGE ET AVERTIT
Admirons, mes Frères, combien
précis et solennels furent les
avertissements de la justice divine dans cette
histoire d'Achab que nous avons
méditée dimanche dernier. C'est tout
d'abord le prophète Elie qui, lors
même du meurtre de Naboth, apporte au roi un
terrible message de condamnation. Beaucoup plus
tard, après que les quelques
velléités de repentance d'Achab se
furent dissipées comme de la fumée,
c'est le prophète Michée qui vient
prévenir que l'échéance fatale
est là. Que de récits imagés,
émouvants, pittoresques, poignants dans tout
l'Ancien Testament ! Il y aurait toute une
série d'études bibliques à
faire sur les avertissements de Dieu dans la Bible.
Un homme, le roi David, porte dans sa seule
histoire tout un enseignement ; car
peut-être jamais aucun homme n'a
été si souvent prévenu et si
souvent averti ; rappelez-vous entre autres
les messages que Dieu lui a adressés par
l'intermédiaire de Chimëi et de Nathan.
Mais ce qui fait l'originalité
et la grandeur du roi David,
c'est qu'il a cru aux menaces de la condamnation
qu'il avait attirée sur lui par ses
désobéissances ; il a cru aux
signes qui s'appesantissaient sur sa vie ; il
a cru ; il s'est repenti et il a
été sauvé.
Tandis que c'est en vain que deux
prophètes inconnus se relaient auprès
du roi Jéroboam pour lui prédire la
ruine de sa maison ; c'est en vain que tour
à tour Elie et Michée se
succèdent auprès d'Achab pour lui
annoncer son destin ; c'est en vain que
Jérémie prévient d'abord le
roi Sédécias et ensuite le roi
Jéojakhin du sort terrible qui leur est
réservé ; c'est en vain que dans
la salle des festins et des orgies la main de Dieu
trace le signe avertisseur ; c'est en vain
que, les uns après les autres, les
prophètes insisteront auprès des
prêtres et des pharisiens pour qu'ils
veuillent bien renouveler et rajeunir en eux et
dans leur rite la vraie vie, la vie de
l'âme ; c'est en vain qu'ils supplieront
le peuple de se détourner de
l'idolâtrie et de l'impiété, du
matérialisme et de la
grossièreté ; c'est en vain que,
selon la comparaison de l'un d'entre eux, ils
seront comme des sentinelles debout sur les
remparts, sonnant de la trompette et signalant
à tous le danger mortel qui s'approche.
C'est en vain qu'ils déploieront non pas
seulement toutes les menaces mais aussi toutes les
promesses de la justice ; en vain qu'ils
feront miroiter devant les yeux la beauté de
ce Royaume de justice ; en vain qu'ils en
évoqueront les fleurs et les fruits, la paix
et la douceur ; en vain qu'ils chanteront la
branche d'amandier, le loup et l'agneau vivant
ensemble ; en vain que la sentinelle
criera : « Le matin vient ! La
nuit est finie ! Le Messie est
là ! »
C'est en vain que le Seigneur est venu
et a parlé, en vain qu'Il est mort et qu'Il
est ressuscité ; en vain que les
disciples ont crié au matin de Pâques
leur joie et leur foi, - en vain.
Oui, depuis le début même
de la vie religieuse, le Message divin retentit ne
ménageant aucune indication, ne
négligeant aucun
avertissement, n'épargnant aucune souffrance
et aucune mort pour que tous, petits et grands,
prêtres et fidèles, tyrans et peuples,
riches et pauvres, savants et ignorants soient mis
devant la réalité de leur jugement
avec toutes ses menaces et toutes ses
promesses ; mais c'est en vain sous tous les
cieux, sous toutes les latitudes, sous tous les
climats, sous tous les régimes, sous toutes
les civilisations, sous toutes les barbaries ;
c'est en vain pour tous ceux qui endurcissent leur
coeur, qui ferment leurs yeux et bouchent leurs
oreilles, afin de ne pas voir et de ne pas entendre
les avertissements répétés de
la justice divine. Et la parabole des vignerons
nous montre le douloureux échec de tous les
Messagers de la Parole divine ; mais elle nous
révèle aussi que le dernier mot reste
à la justice de Dieu qui s'exerce d'autant
plus inexorablement que tous les efforts ont
été faits pour prévenir et
pour arrêter le pécheur dans sa chute
vertigineuse. C'est ce que l'apôtre saint
Paul exprimait dans la parole vigoureuse :
« On ne se moque pas de Dieu, ce que
l'homme aura semé il le
moissonnera. » Et c'est encore le texte
qui affirme : « C'est une chose
terrible que de tomber entre les mains du Dieu
vivant. »
Ainsi, au-dessus de nous tous existe un
ensemble de lois morales et spirituelles ;
elles sont immuables, elles sont invincibles ;
elles régissent le monde, la destinée
des grands et des petits, des riches et des
pauvres, des savants et des ignorants. L'homme ou
le peuple qui se dresse contre elles est tôt
ou tard abattu et brisé, quels que soient sa
force, sa ruse, son orgueil, son impudence, son
hypocrisie.
Ces lois nous sont enseignées
tout d'abord par ce que l'apôtre saint Paul
appelle la conscience naturelle ; mais elles nous
sont révélées avec une
évidence entière par le
témoignage intérieur du Saint-Esprit,
par la parole de Dieu, par la prédication et
par les avertissements de tous les
messagers que Dieu, dans un amour
qui ne se lasse pas, envoie vers nous, en sorte
que, lorsque nous violons ces lois notre
culpabilité demeure et notre
péché est sans excuse. La
révélation de Dieu est parfaite, et
c'est à elle que nous devons regarder, et
c'est sur elle que nous devons nous guider pour la
conduite de notre vie tout entière.
Ainsi, en ce qui concerne les bases
morales de notre vie et de notre action, nous
n'avons pas à considérer un ordre
ancien ou un ordre nouveau. Nous n'avons qu'un seul
ordre : l'ordre éternel de Dieu avec
les lois de sa souveraine justice telles qu'elles
nous sont décrites par tous les hommes de
Dieu et tout spécialement par notre Seigneur
Jésus-Christ, dans son enseignement, dans sa
vie et dans sa mort.
Et de cela nous tirerons pour
nous-mêmes une première leçon,
à savoir que notre responsabilité
à nous, chrétiens, est
immense.
Nous avons reçu ce qu'il est
convenu d'appeler les bienfaits d'une
éducation chrétienne. Notre coeur a
été ouvert aux influences
spirituelles ; notre âme a
été éclairée par la
lumière de Dieu ; bien plus encore,
à chacun de nos faux pas nous avons
été prévenus par un appel
solennel que Dieu a fait retentir au plus profond
de nous-mêmes ou par la voix d'un de ses
messagers, qu'Il avait chargé pour nous d'un
sérieux avertissement. Nous ne saurions
alléguer notre ignorance. Et surtout nous ne
saurions nous abuser en nous abritant
derrière ce que d'aucuns veulent nommer
l'indulgence évangélique.
L'indulgence n'est pas une vertu chrétienne,
elle n'est pas une réalité biblique.
Et ceci, les protestants authentiques le savent
parfaitement bien. Il n'y a pas là-dessus le
moindre désaccord entre l'Ancienne et la
Nouvelle Alliance. Les paraboles et les paroles du
Seigneur que nous avons lues tout à l'heure
montrent clairement que l'Évangile
établit plus rigoureusement encore que
l'Ancien Testament la culpabilité de ceux
qui après avoir entendu
les enseignements du Fils de Dieu vivent sans
repentance dans l'iniquité et dans
l'impiété.
Et lorsque nous méditons ainsi
sur la justice de Dieu, sur ses avertissements, sur
ses menaces, sur ses condamnations, sur ses appels,
sur ses promesses, c'est une responsabilité
de plus que nous ajoutons à la
Révélation qui nous a
été faite ; et de cette
responsabilité, un jour nous devrons rendre
compte !
Dieu veuille que ce ne soit pas en vain
que nos âmes reçoivent un
avertissement de plus de la part de la justice
divine !
Ces avertissements renouvelés,
l'Évangile nous apprend que nous ne devons
pas les garder pour nous-mêmes, mais il nous
enseigne que nous sommes chargés par Dieu de
les faire retentir autour de nous, sans nous
préoccuper d'ailleurs de l'état
d'endurcissement des coeurs. C'est en ce sens que
tout chrétien doit être un humble et
fidèle témoin, doit être
lui-même un avertissement vivant de la part
de son Dieu. C'est là le rôle
grandiose de nos Sociétés de Mission
et d'Évangélisation dont le but n'est
pas d'annoncer le triomphe de telle ou telle
Église, de prêcher telle ou telle
doctrine, mais de proclamer devant tous les
peuples, tout aussi bien devant ceux que l'on
appelle civilisés que devant ceux que l'on
appelle sauvages, devant ceux qui seront les
vainqueurs comme devant ceux qui seront les vaincus
d'une éphémère période
de l'histoire humaine, que la justice de Dieu
règne au-dessus d'eux tous ; que ses
Lois souveraines et éternelles ne se
laissent pas violer impunément et que nous
marchons tous ensemble vers le seul jugement qui
soit solennel et définitif. Cependant, ces
grandes oeuvres qui ont reçu la magnifique
et redoutable vocation de la Mission et de
l'Évangélisation ne suppriment en
rien le devoir du plus obscur témoin de
Jésus-Christ. Et partout où il se
trouve, le chrétien a l'obligation
impérieuse non pas de balbutier mais
d'annoncer clairement et catégoriquement que
Dieu règne et que sa
justice est l'ordre souverain qui domine toutes nos
existences. Il est inutile de dissimuler que si,
dans le monde entier, les chrétiens, chacun
dans sa patrie, chacun dans son foyer, avaient
clairement, fidèlement et fortement averti
leurs frères et leurs compagnons de route
que toute désobéissance aux grandes
lois de la vie morale et spirituelle est
nécessairement châtiée, alors
notre univers ne se débattrait pas dans ce
chaos sanglant. Et si nous devons en sortir une
bonne fois pour toutes, ce ne sera, ne l'oublions
pas, qu'en écoutant, en
répétant et en observant les
avertissements de la Parole de Dieu : car Dieu
ne veut pas que le monde périsse, mais qu'il
se repente et qu'il soit sauvé.
Et c'est la troisième
leçon que nous tirerons comme conclusion de
notre méditation d'aujourd'hui. Tous ces
avertissements multipliés sur la route des
hommes sont littéralement et
réellement des avertissements salutaires que
l'Amour du Dieu juste ne cesse de prodiguer
à ses enfants perdus. C'est parce qu'Il les
aime qu'Il s'est penché sur eux et qu'Il les
a visités pour éclairer leur coeur
enténébré par le
péché ; c'est parce qu'Il les
aime qu'Il a envoyé vers eux ses
prophètes, ses apôtres et ses
messagers ; c'est parce qu'Il les aime qu'Il
leur a donné son Fils ; et toute cette
justice aux jugements solennels et redoutables
reste illuminée jusqu'au dernier jour par la
clarté de son amour.
Il ne s'agit aucunement de la
règle impitoyable du talion avec la terrible
réciprocité : oeil pour oeil,
dent pour dent. Cette façon de poser et de
résoudre le problème de la justice
est en contradiction complète avec toute la
prédication de l'Évangile et avec
toute la pensée chrétienne. Dieu ne
veut pas rendre à l'homme le mal pour le
mal. La préoccupation de mesquines
rétributions ou de basses vengeances
n'habite aucunement l'Esprit divin.
En ces temps où la faim et la
soif de la justice tenaillent nos
âmes profondément meurtries par le
déferlement des injustices les plus
déshonorantes et les plus criantes, il faut
veiller à éloigner de notre coeur et
de notre esprit les mouvements naturels et violents
de la haine. Nous sommes tous d'accord pour
affirmer que le monde qui se lèvera
après la catastrophe ne pourra être
apaisé et ne pourra être affermi que
par l'établissement de la justice ; et
cela comporte sans aucun doute des
conséquences d'ordre pratique rigoureuses et
précises. Mais la vraie justice, la justice
de Dieu, la justice éternelle aux solides
fondements, celle sur qui les hommes peuvent
bâtir des maisons paisibles qui ne seront
point ébranlées, cette
justice-là n'a rien à voir avec
l'assouvissement des rancunes humaines ou avec
l'application du régime de la vendetta. Et
cependant, pourquoi dissimuler que beaucoup
d'hommes, même ayant une certaine
élévation spirituelle, n'envisagent
pas autrement ce qu'ils veulent appeler le
règlement des comptes entre les hommes ou
entre les nations ?
Si nous, chrétiens, nous nous
laissions emporter par cette marée montante
de haine et de vengeance, si nous ne savions pas
opposer à ces grondements mêmes de
notre humanité la digue inébranlable
de la Révélation de Dieu ; si
nous voulions exercer nos jugements à la
manière des peuplades primitives qui n'ont
reçu aucune lumière de
Jésus-Christ, alors nous retomberions plus
bas encore dans le sang et dans le malheur. Et
notre Seigneur lui-même nous dirait :
Votre culpabilité est entière. Votre
péché est sans excuse.
Au reste, recevons en terminant cet
avertissement de saint Paul : « Ne
rendez à personne le mal pour le mal :
ayez pour tous de la bienveillance. S'il est
possible - pour autant qu'il dépend de vous,
- vivez en paix avec tout le monde. Ne vous vengez
pas vous-mêmes, mes bien-aimés ;
laissez agir la colère divine, car il est
écrit : « à moi la
vengeance, c'est moi qui rétribuerai, dit le
Seigneur. »
Mais toi, si ton ennemi a faim,
donne-lui à manger s'il a soif, donne-lui
à boire, car en agissant ainsi tu lui
amasseras des charbons enflammés sur la
tête. Ne te laisse pas vaincre par le mal,
mais triomphe du mal par le
bien. »
Car c'est ainsi que, de la part de Dieu,
tu jugeras et tu avertiras.
14 février 1943.
IV
Étant donc
justifiés par la foi, nous avons la
paix avec Dieu par notre Seigneur
Jésus-Christ, qui nous a fait aussi
avoir accès par la foi à
cette grâce dans laquelle nous
demeurons fermes. |
|
DIEU JUGE ET PARDONNE
Mes Frères, le pardon de Dieu en
Jésus-Christ ne supprime ou n'atténue
en rien la réalité solennelle du
jugement. Car pour que le pécheur obtienne
cette délivrance qui lui est offerte, il
faut avant tout qu'il confesse la
réalité de la juste condamnation dont
il est l'objet, et il faut qu'il reconnaisse
également qu'il ne peut pas mériter
par lui-même le moindre adoucissement
à la sentence sévère que son
péché lui fait encourir. Ainsi,
lorsque nous annonçons notre
prédication de ce matin sous ce titre :
Dieu juge et pardonne, ce n'est pas du tout par un
souci extérieur de conserver l'unité
d'une série en trois points, à
savoir : Dieu juge et châtie ; Dieu
juge et avertit ; Dieu juge et pardonne. Mais
c'est parce qu'entre le jugement et le Pardon il
existe une relation profonde qu'on ne saurait
mettre trop en évidence.
C'est pour avoir méconnu ou
sous-estimé l'importance de cette relation
que les Églises chrétiennes ont
parfois commis des erreurs
néfastes pour la vie spirituelle en
rassurant faussement leurs fidèles par la
théorie des mérites ou par celle des
indulgences. Car le péché creuse un
abîme entre le Dieu de sainteté et
l'homme pécheur ; et cet abîme ne
saurait être comblé par une
multiplicité de bonnes oeuvres ou par de
faciles indulgences que Dieu accorderait à
l'âme pécheresse. Tous les efforts
d'un homme pour s'améliorer et pour
progresser sur le chemin de la vertu ne pourront
jamais empêcher qu'il ne reste cependant, sur
bien des points de sa vie, inférieur
à l'appel qu'il a reçu, et que, dans
le fond même de son être, il ne
demeure, selon l'admirable expression de notre
liturgie, un « pauvre pécheur
incapable par lui-même de faire le
bien ». Et d'autre part, Dieu ne peut
pas, sans renier ou sans amoindrir la grandeur de
la Sainteté qu'Il nous révèle,
laisser glisser dans le silence de l'oubli ou dans
la facilité d'une paix débonnaire la
gravité des transgressions et des offenses
perpétrées contre sa volonté.
C'est pourquoi pour qu'il y ait pardon, il faut
qu'il y ait un jugement clair et catégorique
qui ne laisse subsister aucune ombre complaisante
dans les recoins les plus secrets d'une vie
d'homme.
Ce jugement, il est rendu par Dieu
seul ; car Lui seul étant la
sainteté absolue a le droit de fouiller
toute conscience et Lui seul en a le pouvoir. Mais
il faut que l'homme acquiesce à ce jugement
porté sur lui-même, qu'il le
reconnaisse pour parfaitement juste et
entièrement véridique s'il veut avoir
accès à la grâce du pardon.
Tant que l'homme essayera de se dérober
à cette condamnation, tant qu'il voudra
s'abriter derrière sa propre justice, il
restera imperméable à la
grâce ; il sera comme un terrain ingrat
et aride dans lequel aucun germe de vie nouvelle ne
pourra pénétrer et germer ; et
il sera lui-même dans l'incapacité
d'entrer dans le Royaume de la Vie ; car entre
le Royaume de Dieu et lui, il y aura cette porte
verrouillée que seul peut forcer le jugement
de Dieu rendu et accepté. Mais s'il se met
devant la solennité de la
justice de Dieu, alors la porte s'ouvre ; le
pécheur a accès au monde de la
grâce ; il est introduit dans une vie
nouvelle illuminée de tous les rayons de
l'amour.
C'est ce qu'illustre admirablement la
parabole du Pharisien et du Péager. Le
Pharisien, lui, n'entre pas dans le Royaume de
Dieu ; il n'a non seulement aucune communion
mais aucun contact avec le Dieu de la vie. La porte
reste pour lui fermée ; il n'y a pour
lui aucun accès et aucune issue. Car il est
muré dans sa propre justice. Il
énumère toutes ses bonnes
oeuvres : il n'est pas menteur ; il n'est
pas voleur ; il n'est pas
adultère ; il donne, mes Frères,
il donne beaucoup, il est très
généreux ; il donne la
dixième partie de ses biens. Mais à
quoi bon ? Cela ne lui sert de rien. Il n'en
reçoit aucune grâce. Car il n'a pas
compris que, quelle que soit l'étendue ou
l'importance de ses bonnes oeuvres, quel que soit
le sérieux qu'il apporte à
l'accomplissement des rites de sa religion il est
cependant bien loin dans son orgueil et dans son
contentement spirituel de l'idéal de
sainteté qu'exige le Dieu des
âmes ; et surtout il n'a pas compris
qu'il est séparé de son Dieu tant
qu'il n'est pas descendu jusqu'au fond de son
coeur, de son âme, de sa pensée pour
en reconnaître et en confesser tous les
détours mauvais et pour s'humilier de cette
humanité de péché qui reste le
fond même de sa nature.
Tandis que le Péager va droit au
but ; là, dans le sanctuaire où
il frappera à la porte de la vie, il ne se
présente pas les mains pleines de richesses,
il ne vient pas faire le panégyrique de ses
vertus ; sa douleur est tellement profonde et
tellement sincère qu'il ne peut pas
davantage raconter et énumérer toutes
ses imperfections, toutes ses défaillances,
toutes ses misères ; il ne sait que
simplement répéter en
gémissant : 0 Dieu, sois apaisé
envers moi qui suis un pauvre pécheur. Et
pour lui, il reconnaît sans discussion et
sans atténuation toute la justice de la
condamnation qu'il a entièrement et
totalement méritée.
Alors, devant ce visage baigné de larmes,
devant ces mains suppliantes et devant tout cet
être prosterné dans sa
poussière et dans sa misère, la porte
s'est ouverte ; et le pécheur a eu
accès au Royaume de la grâce.
Une autre scène - historique
celle-là - est celle où le brigand
sur la croix affirme : « Pour nous
ce n'est que justice ! » Pour avoir
ainsi reconnu et accepté sa condamnation,
immédiatement le brigand a reçu son
pardon et a eu accès auprès de son
Seigneur dans le Paradis.
Nous voyons là d'ailleurs la
différence des attitudes et des
conceptions ; car le mauvais larron ne songe
qu'à un pardon qui serait la suppression de
son juste châtiment. « Si tu es le
Fils de Dieu, dit-il, descends de ta croix, et
sauve-nous avec toi. » Il n'a pas compris
que précisément le Fils de Dieu ne
descendrait pas de sa Croix et ne le sauverait pas
de cette mort, puisqu'Il était venu pour
l'accomplissement d'un jugement. Le monde doit
être tout d'abord soumis à la justice.
Il doit avant toute autre chose reconnaître
et accepter toute condamnation de son
péché. Mais lorsque l'homme fait cet
acte de contrition et de foi qui accepte le
jugement de la justice avec toutes ses
conséquences, alors, immédiatement,
le jour même, il entre dans le Paradis, dans
la vie éternelle. Il a accès à
la grâce, sans avoir rien à payer,
sans avoir à aligner en compensation de ses
fautes toute une série d'actes bons
proportionnels.
C'est gratuit ; le pardon de Dieu
est immédiat et total lorsque le
pécheur a dit sincèrement : 0
Dieu sois apaisé envers moi qui suis un
pauvre pécheur ; ou bien : Pour
moi ce n'est que justice ; ou bien : je
ne suis plus digne d'être appelé ton
fils. Mais là où il n'y a pas ces
démarches, là où il n'y a pas
cet aveu total, il n'y a pas de pardon, il n'y a
pas de délivrance, il n'y a pas de
salut ; et l'homme ou la collectivité
sur lesquels pèsera ainsi la sentence de
Dieu iront en s'enfonçant toujours davantage
dans les ténèbres de leur jugement et
de leur condamnation.
C'est pourquoi, il est exactement
criminel de pardonner à la
légère de la part de Dieu et
d'absoudre frivolement de la part du Seigneur un
homme ou un monde pécheur ; car au lieu
de lui apporter la lumière on l'enfonce
davantage encore dans les ténèbres de
son péché. Au seuil même de son
ministère, le Seigneur Jésus-Christ
disait à Jean-Baptiste : Il faut que
nous accomplissions toute la Justice. Sans cet
accomplissement de la justice, il ne saurait y
avoir de pardon. C'est là une affirmation
que nous ne saurions trop méditer et
retenir.
Mais il est tout aussi criminel
d'écarter quiconque des sources vivifiantes
du pardon de Dieu pour le faire passer sous les
fourches caudines d'un ressentiment quelconque ou
pour lui imposer auparavant l'épreuve d'un
credo ou d'une pénitence. C'est
immédiatement, sur le champ même, que
le fils prodigue est rentré en
grâce ; immédiatement que le
péager a été
justifié ; immédiatement que le
brigand sur la croix a été
sauvé, parce qu'ils se sont repentis, ont
confessé leur misère, reconnu leur
péché, et mis toute leur confiance
pour leur salut dans le seul Amour de Dieu en
Jésus-Christ. Et c'est alors, dans le ciel,
une joie sans pareille ; c'est une
allégresse et une félicité
divines ; car un fils était mort et il
est revenu à la vie ; un enfant
était perdu et il a été
retrouvé ; un homme disparaissait dans
l'abîme de son néant et voici il a
été arraché au gouffre de son
péché. Les anges eux-mêmes,
nous dit le Seigneur, se réjouissent dans le
ciel. Car c'est un nouveau-né ; c'est
un nouveau venu qui a accès dans leur
Royaume de grâce et de beauté.
Telle est la réalité
exaltante du pardon de Dieu. C'est bien autre chose
que le voile de l'oubli jeté sur un lourd
passé ou bien un acte de débonnaire
faiblesse : c'est le péché avec
ses causes et ses conséquences
dénoncé virilement, pris corps
à corps, ligoté, jugulé,
jugé et condamné, haï et
détesté, vaincu et brisé, et
cela par la puissance supérieure de l'Esprit
divin et dans l'acquiescement terrifié du
pécheur lui-même.
Alors se produit le miracle, le miracle
éternel, le miracle que l'on ne peut
décrire en aucune langue, ou fixer dans un
tableau, le miracle qui s'accomplit pourtant dans
toutes les époques ou dans toutes les
situations, partout et toujours sans aucune
exception, lorsqu'un homme se repent et croit en
Jésus-Christ - ce péché
intérieur, cette misère morale, cette
médiocrité spirituelle dont on avait
si honte qu'on ne voulait pas se l'avouer à
soi-même et qu'on essayait d'en discuter
devant Dieu lui-même, ce péché
qui paraissait si fort que personne ne pourrait le
maîtriser, si lourd que personne ne pourrait
le soulever ; et ce jugement nécessaire
et inexorable que l'on tremblait de ne pouvoir
accepter, mais tout cela est maintenant
terminé, réglé gratuitement et
pour toujours, - et voici enfin le
miracle :
Un homme lève un visage nouveau
et, d'un coeur renouvelé, marche vers
l'avenir.
12 février 1943.
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