Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



MOODY
PÊCHEUR D'HOMMES - MILITANT DES U. C. J. G.



CHAPITRE III
POUR LA PATRIE ET LA CITÉ

 La Guerre de Sécession

En plus du travail accompli dans la grande métropole de l'ouest, Moody eut, durant les quatre années de la Guerre de Sécession, - qui, de 1861 à 1865, déchira les Etats-Unis - une exceptionnelle occasion de donner plein essor à sa passion de servir et de sauver les âmes. Il avait, on le comprend, embrassé avec ferveur et par esprit de justice envers ses frères noirs, la cause de l'abolitionnisme. On le pressa de s'enrôler dans une compagnie de volontaires levée à Chicago et dans laquelle s'étaient engagés, dès les premiers jours, des unionistes (1), plusieurs de ses anciens élèves et de ses collaborateurs. Ne devrait-il pas, conséquent avec les principes qu'il avait hautement proclamés, partir lui aussi pour le front ? Cette question le troubla. D'autre part, il avait consacre sa vie au service du Christ : pouvait-il, dès lors, porter les armes? Dans le grave conflit que chaque chrétien doit résoudre pour lui-même au plus près de sa conscience, Moody vit clairement que son devoir était de rester à son poste de service chrétien. Mais il vit aussi que l'Union chrétienne de jeunes gens, dont il présidait la section religieuse, avait une tâche urgente à accomplir parmi les volontaires réunis dans un grand camp d'instruction ouvert au sud de la ville. Aussitôt il se met à l'oeuvre. Une chapelle est construite, des services organisés, et bientôt Moody et ses auxiliaires se réjouissent de voir cent cinquante pasteurs et laïques répondre à l'appel qu'ils ont adressé à toutes les Églises. Début d'une coopération fructueuse qui continua longtemps après la guerre.

Une fois au front, nombre de soldats, qui avaient été encouragés et soutenus au camp de Chicago, demandèrent instamment que l'on fit aussi quelque chose pour eux et pour leurs camarades. Moody fut délégué à l'organisation d'un effort de secours spirituel et matériel qui aussitôt prit une extension considérable.

Peu de temps après, une nouvelle branche d'activité dut être créée : la formation de colonnes de secours aux blessés ; oeuvre de Croix-rouge avant la lettre. Souvent Moody accompagna ces colonnes, profitant de toutes les occasions qui se présentaient à lui pour apporter le message du Christ.

«Je suis à Cairo (Illinois)», écrivait-il à sa mère en mars 1862, «avec des provisions pour les malades et les blessés. La semaine dernière j'étais à Fort Donaldson (Tennessee) ; à peine étais-je rentré chez moi qu'on m'a envoyé ici avec des objets de pansement. Un hôpital a quatre cents blessés, un autre huit cents. Je le dis, mère : en traversant les salles, je déclarais à une dame que si je devais tomber malade, c'est à la maison que je voudrais être soigné, car qui a-t-il de meilleur que le foyer et qui pourrait me soigner comme toi ? La sympathie fait tant de bien ! Tu ne peux savoir avec quelle dureté les soldats sont traités à l'armée... je me suis trouvé sur le champ de bataille avant qu'on soit venu enterrer les morts. C'était affreux de les voir gisant ça et là, abandonnés, sans personne pour les ensevelir... »

D'aucuns auraient préféré qu'on se bornât à panser les corps et à distraire les hommes avant et après la fournaise des batailles. Moody, lui, persista à faire oeuvre d'évangéliste auprès des valides comme auprès des malades, des blessés et des mourants. Il croyait que nul homme, s'il n'a foi en Christ, n'est sauvé par sa propre mort, fût-elle une mort héroïque au service de la patrie. Ainsi lui fut donnée la joie de voir nombre de conversions réelles et tout autant de morts paisibles et triomphantes. Il devait, dans la suite, évoquer souvent les visions horribles de la guerre, ses souffrances indicibles et les victoires de l'Évangile dont il avait été témoin. Il apprit combien est pressant le besoin du salut, avec quelle simplicité il faut présenter ce message, mais aussi quelle décision immédiate il exige.

Ce furent là quatre années d'allées et venues continuelles. Dix fois l'évangéliste fut appelé à se rendre en première ligne ; sur plusieurs champs de bataille, il put aider à relever et soigner des blessés, visitant les hôpitaux et s'intéressant au sort des prisonniers. Il fut l'un des premiers à entrer à Richmond après la défaite des Sudistes (2), car il exerçait son ministère d'amour sans distinction d'amis ou d'ennemis. Coïncidence à noter : tandis que Moody et ses compagnons organisaient les secours aux blessés de la Guerre de Sécession, à Genève, sous l'impulsion de l'unioniste Henri Dunant (3) et d'un autre chrétien de marque, Gustave Moynier, naissait l'institution qui devait devenir la Croix-Rouge internationale.

L'unioniste au travail

La paix signée et le travail de la commission des armées à son terme, Moody put se consacrer de nouveau à la communauté qui s'était groupée autour de son École du dimanche de North-Market ainsi qu'à l'Union chrétienne de jeunes gens.

L'École avait pris un essor rapide. De deux cents le nombre des élèves avait passé dès la première année à six cents, répartis en quatre-vingts groupes ; il ne cessait de croître et l'on en compta jusqu'à quinze cents. Tandis qu'il recrutait des élèves, Moody travaillait aussi à former des moniteurs capables ; il les choisissait avec soin, pour écarter les incapables. De nombreux aides lui vinrent, même de quartiers lointains : jeunes gens de qualité, hommes et femmes de distinction aussi bien qu'anciens élèves qui, jadis turbulents, étaient devenus des chrétiens convaincus. Ils étaient liés les uns aux autres par leur entraîneur incomparable qui se révélait exigeant pour eux autant qu'il l'était pour lui-même et vouait à chacun une amitié à toute épreuve.

Le moment vint de créer un lien plus étroit entre les familles du quartier gagnées à l'Évangile. Toujours préoccupé de travailler en harmonie avec les Églises constituées, Moody ne se souciait pas d'en former une de plus. Il aurait aimé que les nouveaux convertis fussent reçus dans les communautés existantes ; à cet effet, il convoqua leurs représentants. Hélas ! chacune voulant maintenir ses prétentions et imposer ses méthodes, il dut se convaincre que, pour assurer la continuité du travail et la cohésion entre ses auditeurs, il devenait indispensable de créer un foyer spirituel où ils se sentissent pleinement chez eux. Ainsi, l'on constitua une communauté sur le type des Églises congrégationalistes, communauté indépendante de toute fédération particulière ; on lui conserva le plus possible son caractère d'oeuvre de conquête en appelant à participer à ses réunions tous les pasteurs évangéliques qui se déclaraient d'accord avec la base biblique adoptée.

En même temps que se développait ainsi l'oeuvre de North-Market, prospérait l'Union chrétienne de jeunes gens de Chicago. L'affluence des membres ou des participants aux réunions de prière de midi, autant qu'aux séances d'évangélisation et aux conférences du soir, fut bientôt si considérable, que l'on dut envisager la construction d'un bâtiment plus vaste. Pour réussir dans cette entreprise, la Y.M.C.A. ne crut pouvoir faire mieux que de nommer président celui qui jusqu'alors avait fonctionné comme agent général bénévole. Elle ne fut point déçue. Dans ses nouvelles fonctions, Moody déploya un savoir-faire, un talent d'organisation, un zèle de collecteur tels qu'en peu de temps les fonds nécessaires étaient recueillis. Le 29 septembre 1867, le bâtiment fut inauguré au milieu de l'enthousiasme général. On l'appela Farwell Hall, du nom de l'ami généreux qui, depuis des années, avait été le bras droit de Moody. Quelques mois à peine s'étaient écoulés qu'un incendie détruisait l'édifice de fond en comble. Sans perdre un instant, Moody et ses amis se remirent en campagne et, déjà l'année suivante, le second Farwell Hall, plus grand que le premier, était solennellement ouvert, mais, hélas ! devait subir le même sort que le premier lors du grand incendie de Chicago.

Qu'on n'aille point s'imaginer que Moody mît sa gloire et vît l'avenir des Unions chrétiennes dans la construction de palais de la jeunesse ! Il estimait indispensable de donner à celle-ci des locaux aussi bien aménagés que possible afin de contrebalancer l'attrait que les trop nombreux lieux de plaisir exerçaient sur les isolés et les sans-foyer. Mais, dans sa pensée, ce fut là toujours un moyen et jamais un but. La vraie raison d'être des U.C.J.G. restait avant tout pour lui, comme pour George Williams, l'un des fondateurs du mouvement unioniste, de «gagner la jeunesse à Jésus -Christ». (4)

À combien de reprises, ne l'a-t-il pas dit et redit ? Qu'on relise à ce propos son discours de dédicace :
«Au cours de ce dernier mois, alors que nous louchions au but, on m'a maintes fois répété : «Ne vous enorgueillissez pas ! » Et l'on avait raison :je sens plus vivement que jamais que c'est Jésus-Christ qui a réalisé pour nous cette grande oeuvre et c'est Lui que nous voulons bénir ensemble pour ce présent admirable.

Le premier foyer de l'U.CJ.G. de Chicago dont Moody fut le président.
Ce bâtiment fut également le premier foyer des U.CJ.G. américaines.

 

George Williams, co-fondateur de l'U.C.J.G. de Londres, en 1844,
et pionnier des U.CJ.G. britanniques.

Il y a quelques années, l'Union allait périclitant ; autant dire qu'elle était en passe de mourir. Ceux qui l'avaient fondée avaient eu le tort de s'imaginer que, s'ils ouvraient quelques salles et annonçaient qu'on y donnerait des conférences variées, des pécheurs viendraient d'eux-mêmes demander à être sauvés. Il leur fallut peu de temps pour reconnaître que, s'ils voulaient sauver les perdus, ils devaient aller les chercher dans les rues écartées et les sombres recoins où l'on se cache loin de la lumière du Christ et de son Évangile. Alors nous sortîmes à leur recherche. C'est cela que Jésus-Christ attendait de nous. Et maintenant, parce que, Lui ayant obéi, nous avons suivi Sa voie. Il nous a permis d'édifier cette maison.
Mais il me semble que notre Union chrétienne de jeunes gens ne fait que commencer. Des gens nous disent que nous sommes arrivés à la limite de nos possibilités. Non ! Nous devons nous unir au pied de la Croix, attaquer et conquérir pour Christ la cité tout entière. Quand je vois, par milliers, des jeunes hommes suivre un chemin qui mène à la mort, il me semble que je vais tomber aux pieds de Jésus, criant à Lui avec prières et avec larmes, le suppliant de venir les sauver et de nous aider à les Lui amener... »

Ainsi, l'influence exercée par Moody avait dépassé les limites de son quartier et même celles de la grande ville. On parlait ailleurs qu'à Chicago de ses dons d'orateur populaire et des étonnants résultats qu'il avait obtenus parmi les jeunes gens. Chacun voulut connaître ses méthodes, l'entendre lui-même ; l'une après l'autre, des «conventions» d'Écoles du dimanche, des concentrations d'Unions chrétiennes de jeunes gens firent appel à son concours. Seul, ou avec un ou deux amis intimes animés d'un égal enthousiasme et d'une même foi, il prit une part active à de nombreux congrès et contribua à leur donner un vigoureux élan en créant, entre efforts divers, une plus grande unité d'inspiration. Le mouvement des Écoles du dimanche, qui a joué un rôle très important dans l'éducation religieuse en Amérique, lui est, pour une bonne part, redevable de ses progrès.

Les assemblées révélèrent aussi ses aptitudes à la présidence. il était l'ennemi juré des redites et des vaines «palabres», des questions administratives qui noient tout et, à plus d'une reprise, il ne craignit pas de bousculer des programmes savamment établis pour laisser libre cours aux souffles de l'Esprit.

En 1861 déjà, une «convention» de directeurs et moniteurs d'Écoles du dimanche avait été convoquée à Princeton, dans l'État de New-jersey. Au dernier moment, les orateurs désignés ayant fait faux bond, le Comité recourut à Moody et à son ami Hawley, simple employé de commerce. Ils arrivèrent à Princeton trop tard pour se coucher, trop tôt pour commencer le travail. Transis de froid et tremblant d'appréhension, ils passèrent les dernières heures de la nuit en prière ; au matin, sabrant l'ordre du jour, ils annoncèrent des réunions d'appel et de consécration suivies d'entretiens particuliers pour répondre aux questions personnelles. Ce fut le début d'un réveil important.

Trois ans après, nouvelle «convention» à Springfield (Massachusetts), mêmes expériences et mêmes résultats. Toutes les Églises s'unirent dans l'intercession. La ville entière fut émue, et les délégués repartirent moins instruits par de savantes études qu'enflammés d'une ardeur inconnue pour arracher les âmes à l'Ennemi. Ce fut une nouvelle manifestation de puissance.

Il n'en devait pas être autrement dans le monde des Unions chrétiennes de jeunes gens : du Maine au Texas, de Montréal à San-Francisco, de Saint-Paul à la Nouvelle-Orléans, année après année, Moody, défricheur, laboureur, semeur et entraîneur d'hommes, ne cessa de stimuler les groupes de jeunes gens. Entre chacune de ses tournées, il revenait à Chicago passer quelques jours dans son église et à son foyer ; il fallait d'abord répondre aux lettres qui s'étaient accumulées sur son bureau. Mais, bien vite, il se remettait en route, vaillant ambassadeur du Christ.

Ce chef entraînant était aussi un quêteur merveilleux. Très différent en cela du missionnaire François Coillard qui avouait «ne pas savoir collecter et avoir le métier en aversion», Moody semblait prendre plaisir à réclamer l'appui financier de ses amis. Dans sa pensée, il leur rendait service et, de fait, nombre d'entre eux surent répondre généreusement. Il ne craignait même pas de frapper souvent à la même porte. Quelqu'un s'en étonnant et conseillant de s'adresser plutôt à ceux qui ne donnent jamais, il répliqua non sans bonhomie :
« - Quand vous avez besoin d'un seau de lait, allez-vous à la vache que l'on trait de façon régulière ou à celle qu'on ne trait que de temps à autre?...»

L'argument était logique.
C'était l'esprit de foi et d'obéissance qui, inspirant demandes et réponses, constituait la valeur réelle de ces dons. Toujours les appels de Moody s'accompagnaient et s'enveloppaient de prières. Bien des années plus tard, à son fils qui l'aidait et venait d'envoyer quelques lettres
- As-tu prié avant de les écrire ?
- Non !
- Alors comment attendre une réponse, si tu n'as pas prié '?

Et cela n'était point apparence pure. Rien ne lui répugnait davantage que formalisme et patois de Canaan ! Tout autant que son désintéressement absolu, sa précision et sa sagacité d'homme d'affaires expliquent amplement le succès de ses campagnes d'ordre financier.

Sur un point éclatait son intransigeance : aucune dette ne devait grever des constructions élevées pour le service et la gloire de Dieu ! Lors de la reconstruction de l'église de l'Avenue, à Chicago, bien que, malgré l'apport magnifique des Écoles du dimanche (5) , les fonds recueillis ne couvrissent pas les frais, on s'apprêtait à inaugurer l'édifice et le Comité invita Moody a prendre part à la cérémonie d'inauguration. il répondit d'un trait :
«Présentement empêché de collaborer à votre effort, je suis en pensées avec vous, et je prie Dieu continuellement de vous bénir et de vous diriger. Mais une chose me préoccupe : c'est que nous n'avons aucun droit de consacrer à Dieu ce que nous ne possédons pas ; impossible de procéder légitimement à une dédicace tant qu'il nous reste quelque chose à payer ! ... »

En bien des domaines, on le voit, il avait fait ses preuves. On ne le regardait plus avec défiance. Ceux-là même qui l'avaient d'abord le plus âprement critiqué reconnaissaient maintenant en lui un homme de l'Esprit. Ses succès n'altéraient ni son zèle, ni sa joie au travail et pas davantage son humilité foncière.

Mais il lui manquait encore quelque chose pour devenir l'instrument dont Dieu devait se servir pour réveiller un monde.

LES INSIGNES UNIONISTES

L'INSIGNE ROND

L'insigne rond est l'insigne officiel mondial des U.C.J.G. Au milieu, la Bible, ouverte dans le monogramme de Christ ; XP (les 2 premières lettres du nom de Christ, en grec).

L'INSIGNE TRIANGULAIRE

L'insigne triangulaire, d'origine plus récente, est surtout utilisé dans les pays anglo-saxons, les abréviations Y.M.C.A. remplaçant U.C.J.G. Les trois côtés du triangle rappellent que les U.C.J.G. travaillent au développement de l'esprit, de l'âme et du corps des jeunes.


Table des matières

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1. Unioniste = membre des Unions chrétiennes de jeunes gens.
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2. ou Confédérés : Noms que portèrent durant la Guerre de Sécession, les partisans de l'esclavage par opposition aux Fédéraux ou Nordistes, qui en réclamaient l'abolition.
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3. Henri Dunant fut secrétaire de l'Union chrétienne de jeunes gens de Genève.
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4. Le but et la base des Unions chrétiennes de jeunes gens furent définis à Paris, le 24 août 1855, lors du Congrès mondial du mouvement : «Les Unions chrétiennes ont pour but de réunir dans une même association les jeunes gens qui, regardant Jésus-Christ comme leur Sauveur et leur Dieu selon les Saintes Écritures, veulent être ses disciples dans leur foi et dans leur vie, et travailler ensemble à étendre parmi les jeunes gens le règne de leur Maître.»
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5. Cinq cent mille enfants donnèrent chacun une «brique», c'est-à-dire un franc et vingt-cinq centimes.

 

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