Nous
les jeunes
IlI.
LA FEMME
POURQUOI
ACCABLEZ-VOUS CETTE FEMME?
JÉSUS
|
La première femme avec laquelle la vie
nous met en contact est notre mère. Lorsque
nous étions enfants, nous n'avions aucune
idée des relations sexuelles qui existaient
entre nos parents. À chaque nouvelle
naissance, nous avions, malgré la fable de
la cigogne, le sentiment instinctif que notre
mère avait fait quelque chose de grand. Je
me souviens que le respect que j'éprouvais
pour ma mère ne fut jamais si profond que
près du berceau d'une petite soeur qui
venait de naître. Si l'on avait
développé nos pensées
enfantines dans cette direction, si, peu à
peu, et à mesure que nous étions
capables de le comprendre, on nous avait
révélé que la nouvelle vie,
après avoir été
éveillée par le père, germait
dans le sein de la mère, nous n'aurions
jamais trouvé intéressantes les
conversations inopportunes de camarades plus
âgés, et nous ne nous serions pas
écrié, dans notre indignation
enfantine : « Cela, mes parents ne
l'ont jamais fait ! »
Mais notre développement a
été tout autre. Des camarades
ignorants nous ont fourni nos premières
informations, et désormais, nous ne
pûmes parler, ni entendre parler de ces
choses, sans y associer de mauvaises
pensées. Nous devons donc, pour ainsi dire,
redevenir des enfants et recommencer une
éducation qui, depuis longtemps, devrait
appartenir au passé.
Nous sommes redevables de notre
existence au fait que notre mère s'est
donnée à notre père. Nous
considérerions comme une grossière
offense toute allusion cynique à l'acte qui
nous créa. La vie sexuelle de nos parents
nous paraît naturelle, et par
conséquent sainte.
Puis, nous sommes entrés en
relation avec nos soeurs. Pour nos sens, les soeurs
n'ont pas de sexe. Le même sang qui coule
dans nos veines, les mêmes influences
auxquelles nous avons été soumis, les
impressions que nous avons reçues avec
elles, dès la jeunesse, la vie commune sous
le même toit, pendant des années, la
connaissance intime que nous avons les uns des
autres, tout cela exclut la possibilité
d'une excitation sexuelle, et crée, entre
frère et soeur, une amitié profitable
à tous deux. C'est parce que l'instinct
sexuel ne s'éveille pas au
contact d'une soeur qu'un sentiment de protection
chevaleresque, le premier et le plus puissant que
nous éprouvions, peut, mélangé
de tendresse, se développer en nous. La
supériorité physique du frère
lui crée des obligations vis à vis de
sa soeur, et lorsque la supériorité
intellectuelle, unie à la distinction
morale, s'y ajoute, la vie matérielle aussi
bien que la vie intellectuelle de la soeur viennent
se placer sous la protection du frère.
Lorsque la soeur est offensée, le
frère se sent atteint. Il est le bouclier de
son honneur, jusqu'à ce qu'elle appartienne
à un époux.
Serait-il donc inouï que nous conservions,
à l'égard de toutes les femmes, ce
sentiment de protection que nous éprouvons
pour nos soeurs ? C'est une faute de logique
que de vouloir traiter autrement que la sienne, la
soeur d'un autre. Ce serait une cruauté
raffinée que d'entourer une femme, qui nous
est étrangère, de pensées de
convoitise contre lesquelles nous
protégerions notre soeur
à tout prix. Nos sentiments chevaleresques
envers notre soeur seraient artificiels,
conventionnels, si nous laissions libre cours
à notre caprice, à notre convoitise
vis à vis de l'étrangère. Dans
chaque femme, nous devons voir un être auquel
est confié le rôle le plus difficile
dans le renouvellement du genre humain. Aucun
enfant ne vient au monde sans que la vie de la
mère soit exposée aux plus grands
dangers et sans qu'elle souffre les douleurs de
l'enfantement qui consument ses forces. Il est
partout admis, sur la surface de la terre
entière, que l'on doit traiter avec respect
celui qui expose sa vie au danger pour le bien des
autres. L'honneur que nous rendons à
l'armée ne s'adresse pas à
l'uniforme, mais bien à la
possibilité, pour le soldat, d'être
appelé en cas de guerre à risquer sa
vie pour tous. Une femme, qui enfante est toujours,
comme le soldat dans la mêlée, en
butte au feu meurtrier dont plus d'une a
été victime. Même dans le
mariage le plus heureux, les années comptent
double pour la femme. C'est pourquoi elle a des
droits indiscutables à être
entourée de respect et de tendre
considération.
Le fait que l'homme, étant le
plus fort, doive partir seul pour la guerre et
s'exposer au danger, parfois même
à la mort, qu'il doive
être prêt à sacrifier, pour la
femme, ce à quoi il tient le plus, n'est que
l'indication la plus frappante du devoir que la
nature lui confère envers celle dont il doit
être le chevalier, le protecteur.
Qu'il y ait des femmes ne
méritant, personnellement, aucun respect,
que toute la classe des prostituées soit
livrée au mépris de l'homme, cela ne
peut être, pour nous, un motif d'abandonner
notre attitude de respect, non plus que notre
rôle de protecteur. Si nous apprenions
à traiter avec considération,
même celles qui sont tombées, et
à leur inspirer ainsi le respect
d'elles-mêmes, nous leur rendrions le plus
grand service.
La richesse de la vie affective de la
femme ne s'ouvre qu'au respect ; il n'y a que
l'homme respectueux qui jouisse pleinement et
purement des charmes du caractère
féminin. Et celui qui est respectueux se
rend à lui-même un grand service.
Ruskin nomme, avec raison, le respect
« la principale joie et la force de la
vie, la reconnaissance de tout ce qui est pur et
lumineux dans notre propre jeunesse, de tout ce que
l'âge et l'expérience ont
démontré vrai aux autres, de ce qu'on
aime à rencontrer parmi les vivants, de ce
qui demeure grand parmi les morts, de ces
merveilles de forces qui ne
peuvent mourir. » Un respect
chevaleresque nous gagne la véritable
confiance de la femme, ainsi que tout son
amour.
Ne serait-il donc pas possible, nous
objectera-t-on, de conserver un respect
sincère pour la femme pure, et de
rechercher, en même temps, dans le commerce
avec les prostituées, la satisfaction des
besoins sexuels ? Ce ne sera pas encore par
son côté hygiénique que nous
aborderons cette question ; nous rechercherons
premièrement quelle devra être notre
attitude vis-à-vis du monde féminin
dans son ensemble. Un de mes contemporains me
racontait, un jour, que jamais il ne lui viendrait
à l'idée d'entamer une conversation,
tant soit peu intellectuelle, avec la
prostituée dont il se sert ; il la
considère comme un objet dont il a besoin,
qu'il repousse ensuite loin de lui, avec
dégoût. Me récriant sur cette
absence de sens moral, je ne trouvai pas d'autre
argument que celui-ci : « Elle est
pourtant aussi une créature
humaine ! » Et j'estime que cette
protestation qui
m'échappa, dans mon indignation, est une
raison suffisante, pour tout homme honnête,
de repousser toute relation avec les
prostituées.
ELLE EST POURTANT AUSSI UNE
CRÉATURE HUMAINE
- elle est née pour obéir à
sa vocation féminine. En elle sommeillent
tous les germes qui, s'ils avaient reçu
l'air et la lumière nécessaires, se
seraient développés jusqu'à
produire des fleurs belles et délicates.
Mais un homme grossier les a brutalement
foulés aux pieds, et d'autres viennent
successivement piétiner ce sol, afin que
plus rien ne puisse y prospérer. Tout jeune
homme qui se sert de cette pauvre créature
détruit plus complètement
« la femme » en elle. Alors,
elle devient une caricature qui nous donne le
frisson. Nous ne voudrions pas lui confier une
seule des pensées qui nous émeuvent,
nous ne lui permettrions pas de prendre une part
quelconque à nos intérêts,
à notre vie, - et ce serait à elle
que nous demanderions de partager avec nous ce qui,
plus que toute autre chose, doit nous rappeler au
sentiment de notre dignité, ce à quoi
nous sommes redevables de nos sensations les plus
fortes et les plus intimes !
Nous avons tous une profession qui nous
met en relation avec les différentes classes
de la population.
Plus nous avons de rapports avec les
autres, plus nous avons l'occasion d'exercer une
influence sur eux. Pour cela, il n'est pas
nécessaire que nous occupions une position
élevée, pleine de
responsabilités ; dans la position la
plus modeste, dans le cercle le plus restreint,
notre influence peut rayonner sans que nous nous en
doutions parfois. Elle portera l'empreinte de notre
individualité et sera, jusqu'à un
certain point, une aide pour ceux sur qui elle
s'exercera. Nous n'avons besoin, pour nous en
convaincre, que de nous rappeler combien grande a
été l'influence des autres dans notre
propre existence, combien les manifestations,
presque inaperçues et involontaires, du
caractère de telle ou telle personne ont
occupé nos pensées, influencé
notre jugement, et finalement, été
d'une grande importance pour notre vie. Nous
pouvons, ainsi, exercer notre influence sans que
nous en ayons conscience. Mais toute
possibilité d'exercer une influence
entraîne une responsabilité. Et la
responsabilité est d'autant plus grande que
nous comprenons plus clairement que cette influence
ne dépend pas seulement de nos paroles et de
nos actions voulues et réfléchies,
mais de notre manière d'être tout
entière. Il faut donc posséder un
caractère bien équilibré et
fort pour pouvoir remplir
honorablement la tâche que nous imposent nos
relations avec les hommes. Tout désaccord
dans notre vie paralyse nos forces. Et je ne
connais pas de désaccord plus néfaste
que celui qui consiste à vouloir unir ces
deux choses : le respect pour la femme pure et
les rapports avec les
prostituées.
Comment pourrions-nous, vraiment, mener
ces deux choses de front ? Il est impossible,
qu'on l'avoue ou non, de rejeter loin de soi, comme
un vêtement sale, la mentalité que
l'on rencontre dans le monde de la
prostitution ; imagination, pensées,
sentiments en restent imprégnés,
même en présence d'une femme pure. Les
femmes honnêtes ont une intuition claire et
nette de l'atmosphère invisible qui entoure
un jeune homme, et même si elles se savent
à l'abri d'offenses directes, elles
n'éprouvent plus de sécurité,
plus de candeur dans sa société.
Celui qui s'adonne à la prostitution offense
la femme pure.
En fin de compte, c'est à
lui-même que le jeune homme a fait le plus de
tort. Sans qu'il s'en doute, il a perdu l'estime de
soi, sans laquelle le développement normal
et harmonieux du caractère est impossible.
Combien de jeunes gens ont dû
reconnaître que, loin d'avoir trouvé
dans la prostitution ce qu'elle
semblait leur promettre, ils n'en avaient
retiré que des déceptions et un
amoindrissement physique et moral. Le
côté bestial de l'instinct sexuel
était seul satisfait, et l'homme
réclame plus que cela. Impossible de
séparer l'âme du corps. Notre corps
prend part à tout ce qui intéresse
notre âme, de même que notre âme
prend part à tout ce qui concerne notre
corps. Dans les relations sexuelles avec une
prostituée, l'âme est toujours
frustrée de ses droits, car ce qui fait la
joie et la force de l'union corporelle de la femme
et de l'homme, l'amour, manque. Si nous
avons décidé d'abandonner tout ce qui
tient à l'animalité, et de conserver
notre dignité, d'homme, nous devons cesser
de traiter comme purement animal ce qu'il y a de
plus humain en nous. Tout retour en arrière,
lorsque nous avons acquis un certain degré
de développement, est un
« péché » qui
renferme en lui-même son châtiment. Les
déceptions toujours renouvelées, que
l'on éprouve auprès des
prostituées, les rapports exclusivement
physiques que l'on a avec elles, finissent par tuer
la capacité de ressentir un amour fort et
réel. Bien des célibataires ne
peuvent plus se décider à se marier
parce qu'il ont perdu, dans les bras des
prostituées, la force d'aimer.
Beaucoup de jeunes hommes qui, pour des
raisons hygiéniques ou esthétiques,
évitent les relations avec les
prostituées, mais ne croient cependant pas
pouvoir se passer de jouissances sexuelles, ont ce
que l'on nomme une « liaison »
avec une jeune fille. Les rapports qu'ils
entretiennent avec elle sont libres, et peuvent
être abandonnés d'un instant à
l'autre. Par leur intimité, ils
semblent, au premier moment, se rapprocher des
relations conjugales.
Je ne me dissimule pas la
difficulté qu'il y a à parler de
semblables « liaisons » de
manière à traiter, avec justice,
toutes les questions qu'elles soulèvent.
Mais je n'ai pas affaire à des gens
incapables d'aborder, de front et pour
elle-même, cette question si importante des
rapports entre les sexes, et dont les efforts ne
tendraient qu'à rechercher froidement et
égoïstement les moyens les plus
sûrs et les plus commodes de satisfaire leur
instinct sexuel. Nous sommes de ceux qui cherchent
une solution, qui la cherchent sérieusement,
et qui sont fermement décidés
à conformer leur vie à celle de ces
solutions que leur conscience leur désignera
comme la vérité.
Tout jeune homme cultivé et
honnête, qui s'efforce de
prendre la vie au sérieux, ne se posera pas
cette question, aussi brutale
qu'égoïste : « Une
liaison pourrait-elle m'être
profitable ? » Il se demandera
plutôt : « Que deviendrait la
jeune fille que je m'attacherais pendant un
temps ? »
Ne serait-il pas, en effet,
lâchement égoïste de notre part,
de chercher à éviter le combat, de la
manière la plus commode, et de faire
supporter à une femme le fardeau que nous ne
voulons pas porter nous-mêmes ? Et ce
sera, pour elle, un lourd fardeau, car il
anéantira son bonheur. N'oublions pas non
plus que les jeunes filles qui servent à nos
« liaisons » ont, sans
contredit, conservé infiniment plus de
valeur morale que les prostituées : en
elles, il y a donc encore beaucoup à
corrompre.
Je prends le cas le plus
favorable : La jeune fille a, dans ses
relations avec son amant, jeté un coup
d'oeil dans un monde qui lui était
auparavant fermé ; des goûts
intellectuels se sont éveillés en
elle, son esprit s'est affiné, ses
prétentions se sont accrues.
Fatalement, elle court au devant de
déceptions souvent brutales. Le monde dans
lequel elle a plongé ses regards lui reste
éternellement fermé, non seulement
parce que son origine et son manque de culture ne
lui permettent pas d'y
pénétrer, mais parce que son
« passé » l'en
éloigne. Ainsi le fruit qu'elle aura
récolté de sa
« liaison » sera un sentiment
de profonde amertume, que même un mariage
subséquent avec un homme de moindre
éducation, ne pourra lui enlever. Et si
l'occasion de se marier ne se présente pas,
une fois que les années pendant lesquelles
elle pouvait plaire seront passées, elle ira
- si elle ne descend pas plus bas encore - grossir
le nombre des malheureuses qui ont à peine
effleuré de leurs lèvres la coupe de
l'amour, mais ne l'ont jamais bue à longs
traits.
Jamais bue à longs traits, - car
les rapports intimes avec l'amant n'ont pas tenu
compte de leur but naturel la procréation
d'un enfant ; ils n'étaient que le
moyen d'une satisfaction sexuelle, personnelle ou
réciproque. Il fallait chaque fois se livrer
à certains actes, peu esthétiques,
pour empêcher la conception, et il manquait
ainsi à la jouissance des relations
sexuelles, la consécration du devoir
qu'elles entraînent. Il est tout à
fait impossible qu'en agissant de cette
manière, la moralité de la jeune
fille ne descende pas toujours plus bas. Puis, il
arrive que, dans beaucoup de cas, elle sort des
bras de l'un pour passer dans ceux d'un autre. Et
si une union légale ne
vient pas arrêter sa chute, il en sera d'elle
ce que dit Valentin, dans
Faust :
« Tu commenças par
l'un, l'autre succédera, puis toute une
douzaine ; et bientôt, chez toi, toute
la ville, au grand jour,
passera ! »
Mais à supposer qu'une jeune
fille, ayant eu une « liaison »
pendant quelques années, trouve ensuite un
mari et devienne une épouse et une
mère relativement heureuse,
représentons-nous ce que nous
éprouverions lorsqu'on viendrait nous dire
que notre propre femme, la mère de nos
enfants, a eu une « liaison »
avant son mariage, et nous comprendrons quel tort a
été faite à cet autre homme,
de nous inconnu, et à ses enfants. Nous
pouvons tourner et retourner la chose dans tous les
sens, la « liaison » avilit
toujours la femme, c'est donc une
lâcheté de la part de l'homme que d'en
contracter une.
Il faut avouer, pour être vrai,
que l'élément qui manque dans la
prostitution, l'amour, se rencontre dans la
« liaison ». Mais qu'est-ce
qu'un amour qui, dès le commencement, doit
compter avec la certitude qu'il cessera un
jour ! L'amour est l'union des âmes, et
non pas seulement celle des sexes. L'amour vraiment
digne de ce nom, ne peut pas admettre la
possibilité de finir.
Celui qui existe dans une
« liaison » est un amour
dégénéré - en tout cas
pour l'homme !
Établissons maintenant les
avantages et les désavantages qu'un jeune
homme peut trouver à avoir une
maîtresse. L'avantage qu'il en retire est la
commodité avec laquelle il esquive le
problème sexuel ; il le résout
à sa manière, et pense que l'instinct
satisfait ne le troublera plus, sa vie durant. Mais
ce qu'il ne voit pas, ou ne peut pas voir, c'est
que ses relations intellectuelles, même
superficielles, et surtout ses relations
corporelles avec son amante, l'ont fait descendre
à son niveau, à elle, bien plus qu'il
n'a réussi à l'élever au sien,
et que ce déficit est gravé en
lettres de feu ineffaçables, dans son
âme.
Puis il perd, dans sa
« liaison » la faculté
d'éprouver un amour véritable. Il n'a
que la contrefaçon de l'amour, et se trouve
dans le même cas que celui qui
fréquente les prostituées ; il
risque de ne jamais voir venir à lui l'amour
vrai, fort et grand. Dans une
« liaison » nous
épuisons des sensations dont nous avons
besoin pour le mariage, pour l'accomplissement des
plus nobles actions de notre vie, et pour la
procréation d'une nouvelle
génération.
Ainsi, en y réfléchissant
sérieusement et virilement, nous nous
avouerons à nous-mêmes que l'usage si
répandu d'avoir une maîtresse ne nous
a apporté, à nous, jeunes hommes,
aucun bienfait. Le désaccord d'une conduite,
si différente selon que nous vivons avec les
nôtres ou que nous avons une
« liaison », les contrastes qui
nous heurtent lorsque nous prétendons
appartenir à deux mondes dissemblables,
dissocient notre caractère, nous rendent
intérieurement étrangers à un
monde aussi bien qu'à l'autre, nous placent
sur un terrain mouvant, et nous empêchent,
à tout jamais, de devenir ce que nous
devrions être : des
individualités fortes, sérieuses et
harmonieuses, dont les actes
réfléchis ou spontanés tendent
au même but.
Nous n'avons pas l'intention de mettre
tout en oeuvre pour détruire l'abus des
« liaisons » ; nous
voulons essayer, tranquillement et
sérieusement, de desserrer la chaîne
qui nous lie, afin que nous puissions prendre un
nouvel essor ; il n'est jamais trop tard pour
cela.
Ce n'est pas tout. Nous avons nettement
distingué le cas d'un jeune homme qui
succombe une fois, occasionnellement, à sa
faiblesse, de celui d'un cynique qui ne veut plus
de la pureté. Nous faisons,
également, une grande
différence entre la chute momentanée,
un rapport sexuel avant le mariage, dû
à une très forte tentation, et la
profanation de la jeune fille dans la
« liaison ». Il n'y a rien de
commun entre le soldat consciencieux que la
lassitude envahit à son poste, au point
qu'il ne peut plus résister au sommeil, et
le soldat sans conscience qui considère, de
prime abord, le poste isolé comme une place
favorable pour dormir.
Et s'il naît un enfant de
l'instant de faiblesse ou de la liaison ? Dans
un cas semblable, pour un jeune homme
honnête, la question ne se pose même
pas. Le devoir imposé par une
paternité de ce genre ne s'arrête pas
au payement de la pension légale, bien que
ce ne soit pas toujours un bonheur pour un jeune
homme - souvent même le contraire - de faire
sa femme de la mère de son enfant
illégitime. Je connais, cependant, des cas
où l'homme a écarté toutes les
considérations de rang, de fortune et
d'éducation, pour devenir le père
légitime de son enfant. Celui qui ne peut le
faire, doit, en tout cas, prendre soin de la femme
et de l'enfant, afin qu'un malheur ne se transforme
pas en souffrance et en malédiction. Et
il doit le faire, non seulement
pécuniairement, mais avec un affectueux
intérêt, avec la pleine conscience
que sa responsabilité
s'étend à l'avenir tout entier de
l'enfant. La responsabilité du
père à l'égard de l'enfant
né, hors du mariage, n'est pas moins grande,
bien loin de là.
Si nous avons absolument nié que les
diverses sortes de relations, avant le mariage,
puissent avoir quelque valeur, si nous avons
démontré leur immoralité qui
provient, non pas de la
« jouissance » qu'elles
procurent, mais du tort qu'elles font à la
vie personnelle de ceux qui les recherchent,
c'est pour accentuer maintenant, avec d'autant
plus d'énergie, la valeur et le charme
uniques de cette autre relation qui est une des
plus belles choses que la vie puisse offrir :
l'amitié de la femme.
La question de la possibilité
d'une amitié entre sexes différents
est en passe de devenir un problème
scientifique. Pour toute une catégorie de
jeunes hommes et de femmes, il n'existe même
pas. Les femmes qui s'abandonnent, comme objets de
satisfaction sexuelle, dans une
« liaison », et dont les
pensées sont, sinon
déterminées, du moins
influencées par les sens, ne sont pas
capables d'éprouver de
l'amitié pour un homme. Les jeunes gens qui
n'ont jamais voulu lutter pour dominer leur
instinct sexuel ne sont pas davantage
préparés à éprouver de
l'amitié pour une femme ; car
l'amitié entre sexes différents
n'exige pas seulement l'exclusion du
côté bestial de l'instinct sexuel, il
faut encore que le charme et la valeur qui doivent
lui appartenir en propre, proviennent de ce que cet
attrait réciproque a été assez
puissant pour s'élever des bas-fonds de
l'animalité, jusqu'à la région
supérieure d'une intimité personnelle
basée sur la communion d'esprit. Mais cette
intimité n'est possible que là
où règne une confiance
réciproque et inébranlable. Quand une
femme devient pour son partenaire un objet de
pensées frivoles et sensuelles, elle s'en
aperçoit bien vite. S'il essaye de gagner
son amitié, elle se retirera dès
qu'elle s'apercevra qu'il ne respecte plus sa
féminité. C'est pourquoi, la
première condition à remplir pour un
jeune homme qui cherche une amie, c'est de
combattre jusqu'à ce qu'il ait
discipliné son corps et son esprit. Tant que
nous ne sommes pas fermement résolus
à vouloir être purs, tant que nous
n'avons pas fait de réels progrès sur
le chemin qui conduit à la pureté,
nous devons renoncer à rechercher
l'amitié d'une femme.
Cependant, cette amitié peut
être un bienfait pour nous. Notre
constitution masculine, notre caractère
viril, si différent de celui de la femme,
demandent énergiquement à être
complétés par le caractère
féminin. « La force active,
défensive et impulsive est l'apanage de
l'homme. Il est, avant tout, celui qui agit, qui
découvre, qui défend. Son
intelligence est orientée vers la recherche
et l'invention ; son action, vers les
aventures, la guerre et les conquêtes, vers
la guerre légitime, les conquêtes
nécessaires. Mais la force de la femme veut
régner et non combattre ; son
intelligence ne veut pas inventer ou créer,
mais ordonner, débrouiller et juger. Elle
voit les propriétés des choses, la
place qu'elles doivent occuper ; elle ne prend
pas part à la lutte, mais elle
décerne la couronne, prix du combat, d'une
manière infaillible. Sa position et sa
vocation la protègent contre tout danger et
toute tentation. Grâce au rude travail qu'il
accomplit dans le monde, l'homme est exposé
à tous les dangers, à toutes les
tentations ; échecs, obstacles, erreurs
inévitables, voilà sa part ; il
doit être souvent blessé et vaincu,
souvent égaré et toujours
aguerri. »
De même que la structure de son
corps a assigné à
l'homme le devoir de produire, de même la
femme a été créée pour
concevoir, enfanter, protéger et
garder ; la vocation intellectuelle de l'homme
est de créer quelque chose de nouveau, et
celle de la femme de garder ce qui est
créé, de l'administrer et de
l'augmenter. Ce que Multatuli, qui ne s'est
cependant pas laissé aigrir par une vie
très dure, dit de ce qui est donné,
pris et rendu dans le mariage par chacun des
conjoints, est vrai aussi des délicates
relations entre ami et amie
« Je retrouve plus belles,
plus vigoureuses, plus nobles, pleinement
développées, les pensées que
j'ai confiées au sol fécond de son
coeur. Je demande, comme Haydn, ébloui de
son oeuvre, demanda lorsqu'on exécutait sa
« Création » :
Mon Dieu, est-ce bien moi qui ai fait
cela ?
« Ainsi la femme rend à
très fort intérêt ce que
l'homme qu'elle aime a semé dans son
âme. Je lui donne mon âme
entière, sans en rien retrancher. J'implante
mes pensées dans son intelligence - et
lorsque le temps est écoulé, je
trouve un arbre où j'avais semé une
graine ; un fleuve coule où j'avais
laissé tomber une goutte, et je retrouve un
rocher où j'avais déposé une
petite pierre. »
L'amitié entre un homme et une
femme, a donc aussi quelque chose
de sexuel, mais seulement en ce sens que deux
créatures humaines tendent
intellectuellement l'une vers l'autre pour se
compléter, qu'elles s'appartiennent par la
différence sexuelle de leur
intelligence.
N'avons-nous encore jamais subi
l'influence d'une femme avec qui nous pouvions
avoir des relations de telle nature que nos sens
demeuraient dans un bienfaisant repos ?
N'avons-nous jamais rencontré une jeune
fille entourée de cette atmosphère
d'élévation morale qui exclut toute
pensée impure ?
Oui ? Alors foulons à nos
pieds ce qui, en nous, est animal, et recherchons,
nos sens étant maîtrisés,
l'amitié de femmes semblables. Cette
amitié ne nous sera pas refusée, elle
enrichira notre vie ; elle nous rendra,
purifié, ce que nous lui aurons
donné ; elle nous conduira, si nous
sommes purs, à une pureté plus grande
encore ; elle augmentera notre force pour le
combat que nous avons à livrer contre
nous-mêmes ; elle nous imprégnera
de l'esprit chevaleresque, en nous imposant
l'obligation d'être, notre vie durant, le
protecteur de la femme. Tant que nous n'avons pas
trouvé celle à qui nom appartiendrons
toute notre vie, les relations d'amitié avec
une femme nous sont nécessaires. Aussi
longtemps que l'humanité existera,
l'homme recherchera la femme, car
il ne peut s'en passer. Quoique le mariage reste
l'union la plus élevée et la plus
complète, et bien que l'amitié, par
le fait qu'elle est une union incomplète, ne
puisse jamais être une compensation au
mariage, elle n'en reste pas moins l'occasion la
plus noble, la seule possible de relations
fécondes entre les sexes.
Elle offre à l'homme un des
meilleurs éléments du mariage, le
complément de son être
intérieur. Car les rapports sexuels ne sont
pas ce que le mariage offre de meilleur. Une union
conjugale qui ne possède rien d'autre, ne
mérite pas ce nom. Le bonheur du mariage
doit, dans beaucoup de cas, subsister alors
même que, pour différentes raisons,
les rapports sexuels ne peuvent plus avoir lieu.
Lorsque le mariage n'est fondé que sur une
attraction physique et sensuelle, il devient une
souffrance. Mais s'il a des racines plus profondes,
sa réelle valeur deviendra manifeste. Ce qui
est possible dans une union où la continence
est observée, l'est aussi dans
l'amitié : une compréhension, un
enrichissement, un dévouement
réciproques.
Mais dans l'amitié comme dans le
mariage, l'homme, qui doit être le plus fort,
portera la plus grande part de
responsabilité, afin que
cette amitié soit durable et harmonieuse.
D'abord la responsabilité vis-à-vis
des dangers de toutes sortes, le plus souvent
mesquins, que les sens peuvent faire courir
à la durée de cette amitié. En
exclure totalement les sens, voilà le
parti le plus salutaire à prendre, et aussi,
- je demande qu'on veuille bien me croire - ce qui
vaudra le mieux pour les deux parties. Et si,
peut-être, des jeunes hommes pleins de force
n'y réussissent pas toujours, un baiser ou
une caresse inoffensive ne sont pas choses si
terribles. Il n'y a que les pédants qui
fronceront les sourcils. Mais il est certain,
qu'entre amis de sexes différents, de
semblables tendresses ne doivent pas être la
règle. Autrement l'amitié deviendrait
niaise, ou même un peu vulgaire, et
dénoterait, en tout cas, un manque de
goût. Or, l'homme qui aime le plus à
jouir de la vie doit se garder de manquer de
goût, surtout en ces matières. Le
manque de goût est non seulement le signe
d'une sensibilité qui n'est plus très
saine, mais il nuit toujours en diminuant la joie
réciproque ; il est aussi le chemin qui
mène à l'avilissement personnel et
général.
Impossible de définir exactement
ce qui constitue un manque de goût ;
chacun doit le sentir pour son
propre compte. Il vaut cependant
mieux être un peu sévère - mais
sans pédanterie envers les autres, - que
trop indulgent pour soi-même.
Il pourra arriver que « le
monde » jase sur l'amitié,
même la plus pure et la moins
équivoque, existant entre une jeune fille et
nous. Par égard pour elle, nous ne devrons
pas ignorer complètement ces
bavardages ; cependant nous ne leur
accorderons pas non plus trop d'attention, car ceux
qui s'y livrent sont, pour la plupart, de pauvres
diables, incapables de comprendre que la
sensualité peut être exclue des
relations entre les sexes et remplacée par
quelque chose de meilleur. Celui qui est sûr
de lui-même a, non seulement le droit, mais
le devoir d'opposer au bavardage des gens, un
hautain : « Eh bien, peu
m'importe ! » Les idées
insensées et hypocrites qui s'opposent
aujourd'hui encore, à des relations de ce
genre, lors même qu'elles sont inoffensives
et en état de braver toute critique, ne
disparaîtront que lorsque nous ne nous
préoccuperons plus de ces bavardages, car il
est certain que moins nous serons sûrs de
nous-mêmes, plus nous serons craintifs et
soumis à leur influence.
L'amitié entre un homme et une
femme doit encore compter avec
une autre éventualité. Un amour peut
s'éveiller dans le coeur d'un des amis, sans
trouver d'écho chez l'autre. C'est
l'objection que l'on fait le plus souvent à
ce genre d'amitié. Elle deviendrait ainsi un
malheur, et ce qui a commencé, dans la joie
et avec de grandes espérances, finirait dans
les larmes et la douleur. Un amour non
partagé est-il toujours un malheur ?
Cela dépend entièrement de la
manière dont celui qui est frappé se
comporte. S'il considère philosophiquement
cet événement comme une chose qui
devait arriver dans sa vie, s'il accepte
courageusement cette déception, s'il
s'efforce d'en tirer parti pour son propre
développement, s'il a la ferme
volonté de ne pas permettre à la
douleur de le rendre plus faible, il sortira
plus fort de cette épreuve, et ce qui
lui paraissait insupportable deviendra finalement,
pour lui, un stimulant sans égal. Qu'il
traverse cette épreuve en la sondant
jusqu'au fond ; plus il le fera, mieux cela
vaudra. Alors il fera de sa douleur une
guérison, de sa chute, un relèvement.
Un amour malheureux ne peut conduire à la
ruine que les faibles. Ils auraient aussi bien
succombé dans toute autre
circonstance.
Et d'un autre côté, quelle
joie, lorsque dans le sanctuaire
paisible de l'amitié, la flamme de l'amour
réciproque s'allume, et que l'amie devient
la fiancée ! En tout cas, cette
manière d'apprendre à s'aimer et de
se fiancer est beaucoup plus sûre et
naturelle que les coups de foudre d'où
résultent fréquemment les
fiançailles.
Ruskin parle sévèrement de
cette facilité avec laquelle les jeunes gens
se lient pour la vie : « Je ne puis
trouver de termes assez forts pour exprimer le
danger universel et signaler la vulgarité
des demandes en mariage, que la mode actuelle a,
presque érigée en loi ; lorsque,
misérablement égarés à
la lumière des salons et des salles de bal,
au clair de lune, - en tout cas, pas au grand jour,
- des jeunes gens, vêtus d'une façon
indécente et provocante, ou follement
prétentieuse, tristement ignorants, se
cachent dans les coins, se regardent en souriant,
se font les yeux doux, chuchotent,
gémissent, s'insinuent, tâtonnant et
trébuchant dans ce qu'ils nomment l'amour -
et cherchent toujours à obtenir ce qui leur
plaît, au moment où ils en ont envie,
continuellement en danger de perdre tout l'honneur
de la vie, pour une folie, toute sa joie, à
cause d'un hasard. »
Et qu'y a-t-il à
côté de cette amitié profonde
de la femme ?
Eh bien, vous connaissez les
différents degrés de l'amourette,
depuis l'amusante camaraderie avec une jeune fille,
jusqu'à cette manière
déplaisante de faire sa cour qui rend si
pénible, pour une personne ayant le sens du
beau, la vue des regards langoureux qui en sont les
manifestations ostensibles. Une bonne camarade,
avec qui on se taquine, avec qui on fait toutes
sortes de plaisanteries, à qui l'on vole
parfois un baiser, en lui laissant cependant la
conviction qu'elle n'a à redouter aucune
assiduité désagréable, n'est
pas à dédaigner. Si la jeune fille
qui vous accorde cette camaraderie est pure, elle
pourra vous inspirer l'envie d'être pur,
vous-même, autrement vous auriez honte
près d'elle. Vous connaissez aussi la
façon déjà indiscrète
par laquelle, comme dit la chanson :
« on cligne de l'oeil et pousse du
pied », le flirtage qui recherche la
satisfaction du besoin momentané d'aimer,
mais qui ne pense pas à s'engager
sérieusement, et qui, reposant sur une
excitation superficielle et sensuelle,
disparaît avec l'objet de la convoitise. Vous
connaissez aussi cette frivolité masculine
qui « tourne la tête » de
toutes les jeunes filles et qui
se complaît à jouer le rôle d'un
irrésistible ; cette vanité
intolérable qui, par des traits d'esprit,
des vêtements élégants ou
d'autres futilités, croit en imposer
à des jeunes filles de valeur. C'est ainsi
que sombre, souvent, le légitime sentiment
de joie que fait éprouver la beauté
féminine, et que la sensualité, non
maîtrisée, commence à exercer
sa domination. Il suffit d'avoir, une fois, surpris
derrière une haie un semblable couple
d'amoureux, pour être convaincu, à
tout jamais, de la laideur insupportable du
désir, à peine voilé, qui
recherche plus que le baiser.
Et lorsqu'un fils de parents riches ou
un grand commerçant s'autorise de la
dépendance dans laquelle se trouve une jeune
fille pour se procurer la jouissance d'un baiser,
ou même de rapports plus intimes, nous ne
pouvons que nous écrier :
« C'est une lâche
infamie ! » Car, ce que la femme
possède de meilleur, le sentiment de sa
valeur, tout-à-fait indépendant de sa
position sociale, lui est enlevé à
jamais. Une jeune fille peu instruite, qui accepte
trop volontiers les flatteries que lui vaut sa
beauté, descend insensiblement à un
niveau où elle ne se considère plus
que comme une marchandise, et si
le secours ne vient à temps, cela la
conduira facilement sur la pente fatale.
« Mais, nous faudra-t-il donc
devenir des « misogynes »
(1) ou des jeunes
hommes craintifs et efféminés, ou
encore des « petits garçons bien
sages » (2)
qui éviteront, à
tout prix, le contact des femmes ? Faudra-t-il
que nous renoncions à toute la joie de la
vie ? » Pas du tout ! Nous
pouvons et nous devons jouir de la vue d'une belle
jeune fille, d'une belle femme, comme de tout ce
qui est beau dans la nature et dans l'art. Mais, tu
tiens sûrement pour indigne de cueillir une
belle fleur pour la déchirer, de saisir un
joli insecte pour l'écraser. Serait-ce moins
vilain de briser une fleur humaine pour satisfaire
tes convoitises ?
Apprenons à regarder une femme
pour admirer sa beauté ! Surtout cette
beauté de l'âme qui peut se manifester
au travers des traits les plus irréguliers,
et malgré des mains déformées
par le travail. Nos yeux perdront alors l'habitude
de rechercher les charmes sexuels, et la jouissance
que nous fera éprouver la vue de la femme,
au lieu d'être un piège pour notre
convoitise, deviendra l'éducatrice de notre
pureté.
Je le répète :
conservons toute la fraîcheur de notre amour
pour la femme qui nous appartiendra. La vie est
trop longue pour être supportable lorsque la
faculté d'aimer est émoussée.
Seule une grande âme est capable d'un grand
attachement, ce n'est que sur des cordes
harmonieuses que peut résonner le chant de
l'amour éternel. Tout ce que nous donnons
à un amour artificiel et peu sérieux,
nous le perdons en bonheur et en force.
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