LA
VIE TRIOMPHANTE
CHAPITRE IX
LA VRAIE ET LA FAUSSE VICTOIRE
La vie triomphante est simplement une vie
entièrement consacrée à Dieu,
une vie avec le Christ habitant en nous comme
Maître absolu, une vie dont le seul but est
la glorification de Jésus-Christ. C'est la
seule vie vraiment heureuse, et malgré cela
il existe des croyants qui refusent d'y entrer,
craignant de devenir malheureux.
La joie de la confiance absolue
Mais n'est-ce pas une vie remplie de
difficultés ? C'est ce que supposent
bien des personnes : une vie où,
lorsqu'il s'agit de choisir entre les choses
agréables et les choses
désagréables, il faut choisir ces
dernières. - Trouverons-nous quelque chose
de cela dans la Bible ?
Saint Paul ne se lassait jamais de
parler de sa joie merveilleuse :
« Soyez toujours joyeux » -
« Rendez grâces en toutes
choses »
(I Thess. 5, 16 et
18). Et pourtant que de peines et de
persécutions n'a-t-il pas
endurées ! Si vous aimez Dieu, si vous
avez une entière confiance en Lui, la place
où vous vous trouvez, le travail que vous
avez à remplir constituent ce qu'il y a de
mieux pour vous. Naturellement Dieu peut vous
placer ailleurs et vous donner une autre
tâche : c'est Son affaire. Pourvu qu'Il
soit glorifié par nous et en nous à
l'heure présente.
Des difficultés ? Il n'en
est question nulle part dans la Bible. Et cependant
quand nos projets sont renversés, quand la
maladie et le deuil trompent nos attentes, nous
avons coutume de dire tristement (ou
gaiement) : « Sans doute est-ce
là ma croix que je dois porter
aujourd'hui ». - Ce n'est peut-être
pas en murmurant que nous disons cela, mais nous le
disons avec une certaine
« résignation ». Un mot
comme « résignation »,
au fond, ne devrait pas figurer dans le vocabulaire
d'un chrétien. En effet, si nous
dépendons entièrement de Dieu, rien
ne peut nous arriver qui soit contraire à Sa
volonté, et Sa volonté n'est-elle pas
ce qu'il y a de mieux pour nous ? Au lieu de
nous résigner, nous devrions accepter tout
avec joie et dire toujours avec le psalmiste :
« Je prends plaisir à faire Ta
volonté, ô mon Dieu ».
(Psaume 40, 8). - Notre Seigneur
dit : « Ma nourriture est de faire
la volonté de Celui qui m'a
envoyé »
(Jean 4, 34). Pouvons-nous en dire
autant ?
Lorsque nous sommes transformés
par la régénération de notre
être, nous faisons chaque jour
l'expérience que la volonté de Dieu
est bonne et parfaite. Celui qui vit
véritablement la vie triomphante ne
connaît pas de déceptions. Avec quelle
joie ne devrions-nous pas accepter la
volonté de Dieu !
(Romains 12, 2).
En portant notre croix
Nous savons bien que Jésus-Christ
a dit : « Si quelqu'un veut venir
après moi, qu'il renonce à
lui-même, qu'il se charge de sa croix et
qu'il me suive »
(Matth. 16, 24). Et :
« Quiconque ne porte pas sa croix et ne
me suit pas, ne peut être mon
disciple »
(Luc 14, 27). Il est de notre devoir
de nous charger de notre croix, non pas seulement
de la porter, bon gré, mal gré. Si,
du temps de Jésus, vous aviez vu un homme
portant une croix, vous auriez su que cela
signifiait la mort de quelqu'un, probablement la
mort de cet homme lui-même. La croix est
toujours le signe de la mort. Avant de pouvoir
réellement suivre le Christ, être
réellement Son disciple, il faut être
mort avec Christ et ressuscité avec lui.
C'est ce que Saint Paul voulait exprimer par ces
mots : « J'ai été
crucifié avec Christ ; et si je vis, ce
n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en
moi. »
(Gal. 2, 20). Quelqu'un a dit :
« Être sauvé du
châtiment du péché et
être un disciple de Christ sont deux choses
distinctes. »
« Il y a des chrétiens
étranges, disait le Dr Griffith Thomas.
Vingt ans après leur conversion, ils ne sont
pas plus semblables au Seigneur qu'au début
de leur vie chrétienne. Ils n'apprennent pas
de Lui. Ils ne sont pas chargés de la croix,
ils ne sont pas crucifiés avec
Christ. » « Se charger de la
croix, c'est mettre fin à cette mauvaise
volonté qui consiste à traîner
la croix, mais c'est aussi le commencement de la
carrière du disciple de
Jésus », a dit C. G.
Trumbull.
Retenons bien ceci : notre Seigneur
veut que nous soyons toujours pleins de joie,
partout et en toute circonstance.
Un chrétien à la mine
triste et morose se tenait à l'entrée
d'une salle de réunion. « Ne
voulez-vous pas assister à notre culte ce
soir ? » demanda-t-il à un
passant. Celui-ci le regarda d'un coup d'oeil
rapide et répondit en continuant son
chemin : « Non, merci. J'ai assez de
soucis moi-même ! » - Cela
nous surprend-il ?
Une vie triomphante est une vie de foi
doit être sans cesse remplie de joie. Une
telle vie glorifie le Christ.
Qu'est-ce que la victoire
véritable ?
Rendons-nous bien compte de ce qu'est la
vie triomphante. Par tous les moyens, le diable
essaie de nous tromper par de fausses victoires,
c'est-à-dire des
« victoires » que nous croyons
dues à nos propres efforts. Bien des
chrétiens se vantent de ce que, grâce
à leur maîtrise d'eux-mêmes,
leur tempérament ne prend jamais le dessus.
Par cela ils veulent dire qu'ils ne le montrent
jamais. Or, la vie triomphante ne corrige pas
seulement nos dehors : elle donne la victoire
au tréfonds de notre coeur, de sorte que
même nos désirs sont agréables
à Dieu. S'abstenir, à force d'empire
sur soi-même, du mal qu'on voudrait faire,
n'est pas une victoire réelle. Chose
merveilleuse : Dieu ôte tout
désir de notre coeur et nous ne voulons plus
qu'une chose : faire Sa
volonté.
Connaissez-vous l'histoire de cette
vieille quakeresse qui ne perdait jamais son
calme ? Dans les circonstances les plus
fâcheuses elle ne montrait jamais la moindre
irritation. Une amie lui parla un jour de cela et
dit : « Je ne comprends pas comment
vous pouvez garder toujours ce calme admirable. Si
à certains moments, je me trouvais dans
votre peau, j'enragerais de dépit ;
mais vous, jamais. » La vieille dame
répondit calmement : « Je
n'enrage peut-être pas, ma chère, mais
vous ne savez pas comment cela bouillonne dans mon
intérieur ! » - Ce n'est pas
une victoire que d'empêcher les mauvais
sentiments de faire explosion. Nous le faisons
uniquement parce nous aurions honte de montrer aux
autres combien le péché nous domine
encore. On n'a pas besoin de la grâce de Dieu
pour cacher sa mauvaise humeur. Un vendeur au
magasin fera cela du matin au soir pour ne pas
perdre sa clientèle ; un voyageur de
commerce le fera également pour obtenir des
commandes ; un homme ou une dame du monde le
feront pour montrer leur savoir-vivre. Cela n'est
pas la vie triomphante.
Quand le miracle s'accomplit
Un évangéliste
américain nous illustre la véritable
victoire par l'histoire suivante : Une
missionnaire qui s'était entièrement
consacrée à Christ, mais n'avait
jamais compté sur Lui pour la victoire
complète, s'aperçut que son
tempérament était influencé
par le climat tropical : elle devenait
facilement nerveuse et irascible. Elle en
était très peinée et essayait
de lutter contre ses défauts, mais en vain.
Une amie lui montra alors qu'elle pouvait triompher
par la simple foi en Christ, et elle demanda cette
victoire comme un don de Dieu. Quelque temps
après elle écrivit à cette
amie pour lui dire quelle expérience
merveilleuse elle avait faite. « Je
voulais vous écrire de suite »,
raconta-t-elle, « mais je craignais que
cela ne put durer : Cependant voilà
trois mois que non seulement je n'ai pas
fermé la porte au nez de ces stupides
domestiques hindous qui me donnaient tant sur les
nerfs, mais je n'ai pas même voulu le faire -
pas une seule fois. » Voilà la
victoire.
Il faut reconnaître que c'est un
miracle. Jamais les bonnes résolutions,
jamais la force de volonté ne peuvent
changer nos sympathies ou nos antipathies. Mais
Dieu le peut. Il peut enlever de notre coeur tout
mauvais désir.
La mauvaise humeur n'est pas le seul
péché des croyants et il y a bien des
chrétiens qui ont le tempérament le
plus doux. La meilleure pierre de touche, c'est
l'amour. Aimons-nous nos
« ennemis », ceux qui nous
traitent avec mépris et nous
persécutent ? Les aimons-nous
malgré tout ? Un serviteur de Dieu me
dit un jour en parlant d'un ami :
« Si vous voulez qu'il vous aime, il vous
faut le terrasser ». Quel est notre
premier sentiment quand quelqu'un nous offense ou
nous combat ? Est-ce un flot d'affection
spontanée ou bien sommes-nous obligés
de faire d'abord monter au ciel une prière
instante, demandant la force de l'aimer et de
triompher de tout ressentiment ?
Accueillons-nous avec joie l'opposition,
l'inimitié, la grossièreté et
autres choses semblables à notre
égard, comme des occasions de montrer que
l'amour de Christ remplit nos coeurs. C'est dans
les petites choses que nous nous sommes mis
à l'épreuve.
Sous l'influence de l'amour de Christ
Combien de fois on entend dire des
chrétiens sincères :
« Je rie puis aimer les gens qui ne sont
pas aimables » Certes, pour l'amour
humain cela est impossible et nous ne pouvons pas
nous y forcer. L'amour humain ne s'enflamme que
pour ce qui lui paraît digne d'être
aimé. L'amour de Dieu, l'amour de Christ,
par contre, embrasse tous et voit en chacun un
être aimable. Lorsque Christ habite dans nos
coeurs nous aimons même nos ennemis. Il n'y a
victoire que lorsque « l'amour de Dieu
est répandu dans nos coeurs par le
Saint-Esprit »
(Rom. 5, 5) et en expulse tout ce qui
n'est pas amour. C'est là que nous
trouverons une définition de la vie
triomphante. D'abord pareille chose semble
dépasser nos plus grandes espérances.
Bien des gens y voient une impossibilité,
mais avec Dieu cela est possible. Chers
frères en Christ, ne renoncez pas à
la pensée de vivre une vie triomphante,
parce qu'elle vous paraît impossible. C'est
un miracle, il est vrai. Mais Dieu accomplit des
miracles tous les jours. Beaucoup de personnes
répondent que leur foi n'est pas assez
grande. Comment ? Mais la foi de la grosseur
d'un grain de sénevé est suffisante
si vous la mettez en pratique. - Voici deux faits
propres à fortifier votre amour et votre
foi : souvenez-vous que :
1. Le Seigneur Jésus aime
tendrement tous ceux que nous ne trouvons pas
dignes d'être aimés et Il les aime
comme Il nous aime nous-mêmes. Ne
pouvons-nous pas les regarder avec les yeux du
Christ
« N'ayez pas peur de moi,
madame, « disait un sale vagabond
à l'air sauvage à une dame qui
passait sur l'autre trottoir pour l'éviter.
« Ma mère était aussi une
femme ». - « Ne refusez pas de
m'aimer », pourrait s'écrier celui
que nous jugeons indigne de notre amour.
« Le Seigneur Jésus m'aime
aussi. »
2. L'homme le moins aimable,
l'être le plus détestable et le plus
répugnant devient digne d'être
aimé, même à nos yeux, quand
l'amour de Dieu est répandu dans son coeur.
Si vous voulez réellement lui
témoigner votre amour, priez instamment pour
lui et cherchez à sauver son âme. Si
c'est un chrétien, mais
incomplètement lavé de son
iniquité, demandez pour lui la vie
triomphante, envoyez-lui ce livre et continuez
à prier. - J'ai eu la joie de guider vers
Jésus, leur Sauveur, des hommes et des
femmes chez qui toute trace de beauté
(intérieure) semblait effacée par la
boisson, et le vice. Je les ai retrouvés peu
après, créatures nouvelles par
Jésus-Christ. Cette transformation
merveilleuse s'était opérée
avec une rapidité incroyable. Quelqu'un vous
paraît-il indigne d'être
aimé ? Songez donc à ce qu'il
peut devenir si l'amour de Dieu le saisit.
La délivrance de l'ange
On raconte que Michel-Ange
s'arrêta un jour longuement devant un bloc de
marbre dans une carrière. « Il y a
un ange dans ce bloc de marbre »,
s'écria-t-il, « et je vais le
délivrer ». - Quel amour abondant
se manifesterait en nous à l'égard
des plus bas tombés, si nous nous rendions
compte de ce qu'ils peuvent devenir ; pleins
d'enthousiasme nous nous écrierions :
Il y a dans ce pauvre être humain l'image de
Christ, quoique cachée et presque
méconnaissable, et je vais la lui
montrer.
Une légende raconte qu'un prince
baisa un serpent qui devint alors une belle
princesse. L'expérience prouve que,
baisé par l'amour, l'être le plus vil
devient un saint.
« Quels sont les signes
extérieurs et visibles de la vie
triomphante ? » me demanda un jeune
évangéliste. Répondre à
cette question, c'est en même temps faire la
description de la véritable victoire. La
voici en peu de mots : toute chose contraire
à l'amour est bannie du coeur et de la vie.
Lisez la fin du troisième chapitre et vous
verrez ce que l'amour divin peut faire ou
plutôt ce que cet amour réalise dans
des centaines de vies. Il expulse du coeur
l'impatience, la dureté, la jalousie,
l'envie, l'orgueil, l'arrogance,
l'égoïsme, la colère,
l'irritabilité, la mauvaise humeur, la
malveillance, la méchanceté, les
remarques blessantes, les plaintes, l'esprit de
critique, le désespoir, l'accablement, la
médisance, même si elle est
fondée (Toutes ces choses passant pour des
péchés insignifiants, si toutefois on
les considère comme des
péchés ! - Que Dieu nous soit en
aide ! Aussi longtemps que l'un ou l'autre de
ces péchés - et ne fût-ce qu'un
seul - règne en nous, il n'y a pas de
victoire pour nous. Lorsqu'un chrétien
entièrement consacré à Christ
regarde à Lui, en demandant avec une foi
simple qu'Il remplisse son coeur, Lui le Christ qui
est amour parfait, extirpe tous ces
« petits » péchés
qui entravent notre ministère.
Ne voulez-vous pas permettre au Seigneur
de réaliser cela en vous ?
CHAPITRE X
LA VIE TRIOMPHANTE EST UN DON
La vie triomphante est un don et ne peut
être obtenue par la lutte et les efforts de
notre part. Nous ne pouvons l'atteindre
progressivement en devenant de plus en plus
semblables à Christ. Tâchons de bien
nous en rendre compte.
Toute vie est un don. De même que
notre vie physique nous est donnée, de
même aussi notre vie spirituelle est un don
de Dieu, un don gratuit
(Rom. 6, 23). La vie surabondante est
également un don. Or, nous ne pouvons
accepter un don progressivement. On peut
hésiter à l'accepter ou remettre la
chose à plus tard. On peut passer par des
combats intérieurs avant de se
décider à l'accepter. Mais si nous
l'acceptons, c'est à un moment donné.
Un don ne saurait être atteint, il faut le
saisir.
La vie triomphante est donc reçue
par un acte de volonté. Bien entendu, il
existe une croissance en grâce chez celui qui
s'est entièrement consacré au
Seigneur, un progrès vers la perfection
à mesure que Sa connaissance augmente. Mais
cette vie est dans Son Fils
(I. Jean 5, 11). Si nous acceptons le
Fils de Dieu comme le Maître de toute notre
vie„ nous obtenons (en don) la vie. C'est une chose
que Dieu fait pour nous, en nous. Parfois une
longue lutte précède cet abandon
complet et beaucoup de chrétiens ne prennent
cette décision qu'après de terribles
combats intérieurs. Mais tout cela
précède la vie triomphante. La
victoire ne commence que lorsque la lutte cesse.
Dès que nous nous abandonnons
entièrement à Christ, dès que
nous regardons à Lui, en attendant dans la
foi qu'Il vienne remplir notre coeur Il vient et
prend possession de nous.
Cette habitation de Christ en nous est
tout à fait indépendante de nos
sentiments. Elle est indépendante des
idées que nous nous faisons sur la
façon dont Christ manifestera Sa
présence. Appuyez-vous sur Sa parole, non
pas sur vos sentiments ! Il se peut que vous
ressentirez une joie merveilleuse, mais
peut-être aussi ne sentirez-vous rien
d'extraordinaire. Pouvez-vous croire à sa
promesse ?
Crise décisive et progression
Il faut que chaque croyant se
décide s'il veut se consacrer
entièrement à Dieu, ou bien s'il veut
se contenter d'une vie spirituelle d'un niveau plus
bas, vie toujours impuissante et périlleuse
à la fois. Cette décision pour la
sainteté représente une crise dans la
vie du chrétien. À ce
moment-là, Dieu lui révèle
instantanément que Christ peut être
tout en toute chose, que Christ peut donner et
donne la victoire sur tout péché
conscient, non pas successivement, mais de suite.
« Ayant donc de telles promesses,
bien-aimés, purifions-nous de toute
souillure de la chair et de l'esprit, en achevant
notre sanctification dans la crainte de
Dieu. »
(II Cor. 7, 1.) La forme du verbe
dans le texte original grec désigne ici un
acte unique et décisif. C'est la crise de la
sanctification.
Mais celui qui a fait ce pas
définitif d'une consécration absolue
à Dieu entre alors dans la période de
la sanctification progressive qui ne s'arrête
qu'à la mort et pendant laquelle il est
rendu de plus en plus conforme à la vie et
au caractère du Christ. (Cf.
Rom. 8, 2 ;
II Cor. 3, 18.)
Nous nous sommes arrêtés
longtemps à ce point, parce que beaucoup
d'entre nous ont commis une grande erreur :
elle consiste à vouloir réaliser le
progrès de la sanctification avant d'avoir
passé par la crise de la sanctification. La
croissance en grâce sera minime - si
toutefois elle n'est pas nulle, - si nous n'avons
pas saisi « Christ notre vie »
(Col. 3, 4) par un abandon complet et dans la foi.
Avez-vous passé par cette crise ?
Avez-vous obéi au commandement :
« Sanctifiez dans vos coeurs Christ le
Seigneur » ?
(I Pierre 3, 15). Le Christ est dans
'le coeur de chaque croyant comme
« Jésus - Sauveur ».
Mais est-Il véritablement le Seigneur ?
Il ne s'agit pas d'une seconde conversion, il
s'agit de reconnaître le Christ comme le
Maître de Sa maison - de mon coeur.
Rappelons-nous cependant que cette
consécration à elle seule,
c'est-à-dire la décision, ne suffit
pas. C'est uniquement ce que nous avons à
faire de notre part pour enlever tous les obstacles
à la bénédiction. Si la
consécration était suffisante, nous
ferions de la sanctification un simple acte de
volonté. Nous ne sommes ni sauvés ni
sanctifiés par ce à quoi nous
renonçons, mais par ce que nous obtenons.
C'est « le Dieu de paix qui nous
sanctifie entièrement »
(I Thess. 5, 23). Après nous
être donnés à Christ, il faut
que nous regardions à Lui pour qu'Il nous
crucifie et nous ressuscite de la mort du
péché et nous fasse vivre Sa vie de
résurrection
(Rom. 6, 6-7,
11).
Abandonnons-nous à Dieu. Il se
chargera du reste. Il ne veut pas être
aidé par nos efforts ou nos luttes. Le salut
est entièrement un don de Dieu, un don de
grâce. Ce salut a trois aspects : le
passé, le présent et l'avenir :
la justification, la sanctification et la
glorification.
La vie éternelle est un don
Jamais nous ne méritons ou
acquérons ce don par nos propres efforts.
« C'est par grâce que vous
êtes sauvés, par le moyen de la foi.
Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu.
Ce n'est point par les oeuvres, afin que personne
ne se glorifie »
(Eph. 2, 8-9 ; cf.
Rom. 11, 6 et
Rom. 3, 20-23). Saint Paul va encore
plus loin : « Vous êtes
séparés de Christ, vous tous qui
voulez être justifiés par la loi
(c'est-à-dire par l'effort) »
(Gal. 5, 4). Quand un homme accepte
Christ comme son Sauveur qui le délivre du
châtiment du péché, il se rend
compte que le pardon s'obtient uniquement et
entièrement par la foi. Souvent la tristesse
au sujet du péché, les bonnes
résolutions, les larmes accompagnent la
repentance, mais la repentance ne sauve personne.
Nous avons à nous en remettre
entièrement à Christ. La
justification est entièrement son
oeuvre ; et la foi en Lui nous assure le
salut... Nous ne pouvons faire quoi que ce soit
pour gagner ou mériter ce salut. Nous
l'acceptons comme un don.
Quand Christ reviendra nous serons
glorifiés. C'est le salut dans l'avenir.
Nous savons que nous ne pouvons contribuer en rien
à cette oeuvre de glorification. Tout nous
vient du Christ.
Que dire du présent,
c'est-à-dire de la sanctification ?
Elle est une crise d'abord, une progression
ensuite, avons-nous dit. Nous l'avons
appelée la vie triomphante. Lorsque nous la
saisissons par la foi, c'est la crise ;
lorsque nous la vivons jour après jour,
c'est la progression.
Notre Sauveur bien-aimé nous a
justifiés et nous glorifiera
entièrement par Sa puissance. Aura-t-Il
besoin de notre aide en matière de
sanctification ? Christ, le Sauveur
tout-puissant, a-t-Il besoin de mes luttes ? -
Une dame chrétienne disait dans une
allocution : « La vie
chrétienne n'est-elle pas une longue
lutte ? Mais grâces à Dieu qui
nous donne la force pour lutter, » C'est
le contraire qui est vrai. Aussi longtemps que nous
luttons, Il ne peut nous aider comme il le
voudrait ; nous limitons Sa puissance et
l'empêchons de se développer en
nous.
La vie triomphante n'est autre chose que
le salut présent. Or tout salut
procède uniquement de la grâce -
uniquement de Christ. Il est un don.
« Comme vous avez reçu le Seigneur
Jésus-Christ, ainsi marchez en
Lui »
(Col. 2, 6). Comment l'avons-nous
reçu ? Simplement par la foi. Comment
devons-nous marcher en Lui, ou autrement dit :
comment devons-nous réaliser la vie
triomphante ? Simplement par la foi.
« Si nous vivons par l'Esprit
(c'est-à-dire si nous possédons la
vie éternelle comme un don, par la puissance
de l'Esprit), marchons aussi selon
l'Esprit »
(Gal. 5, 25). Saisissons donc cette
vérité : nous ne devons et nous
ne pouvons pas participer dans la moindre mesure
à une partie quelconque du salut
réalisé par Christ. Cependant
beaucoup d'entre nous, en matière de
sanctification, se croient obligés de
coopérer.
Foi, non pas lutte
Inscrivez-le en lettres de feu dans le
ciel de votre foi que Christ peut et veut vous
sauver de la puissance du péché,
chaque jour, à chaque heure, sans faire
appel à nos luttes, à nos efforts ou
à nos tourments. Vous n'avez pas la foi si
vous luttez. Sans doute la plupart d'entre nous ont
appris par leurs propres expériences combien
les luttes sont vaines. Voici par exemple quelque
péché invétéré
qui prend le dessus en nous. Ah ! comme nous
luttons contre lui ! Avec quelle angoisse nous
crions à Dieu « nous appuyant sur
Ses promesses », comme nous le pensons.
Et pourtant nous ne nous relevons des genoux que
pour retomber toujours à nouveau. Les
promesses du Christ ne peuvent nous donner la force
dont nous avons besoin ; la foi non plus ne
nous délivrera pas. Le Christ seul le
peut.
Sommes-nous décidés
à fixer sur Lui nos regards, à nous
confier en Lui, étant certains qu'Il
triomphera du péché pour nous ?
C'est Lui qui a vaincu Satan et le
péché. Lui, le vainqueur, est
prêt à remplir notre coeur et à
être notre vie. « Le
péché n'aura point de pouvoir sur
vous »
(Rom. 6, 14), dit la parole de Dieu.
Nous pouvons être « plus que
vainqueurs », non pas en luttant, mais
uniquement « par Celui qui nous a
aimés »
(Rom. 8, 37). Cela veut dire que non
seulement le péché
invétéré sera vaincu, mais que
tout désir de pécher sera
enlevé. Christ seul peut faire cela. C'est
un grand miracle : quelques-uns parmi nous en
ont fait l'expérience.
Un homme bien connu à Londres est
mort il y a quelque temps. Il avait
été un buveur notoire et fut
sauvé par Christ d'une façon
merveilleuse. Quelques semaines après sa
conversion, il fut assailli par un désir
irrésistible de boire. Il résista et
lutta contre la tentation. Quoique étant un
homme sans culture, il sentait que Dieu avait pour
lui un meilleur chemin que celui-là.
S'agenouillant en plein champ, il
s'écria : « O Dieu, ne
peux-Tu pas faire de moi quelque chose de meilleur
que je ne le suis maintenant ? »
À l'instant même, Dieu le
délivra de tout désir de la boisson
et l'envie ne revint plus jamais.
L'évêque Moule, un saint
homme, avoua dans une allocution à ses
catéchumènes qu'un jour une tentation
violente l'assaillit dans la rue. Il ajouta :
« Je m'arrêtai en disant
calmement : « Saint-Esprit, viens en
moi. » Ensuite je me dis à
moi-même : « L'esprit malin
qui est ici est fort. Mais j'ai le Saint-Esprit qui
est tout-puissant et je puis lui laisser le soin de
surmonter la tentation. »
Le Christ ne nous donne pas de force qui
ne soit pas en rapport avec Lui. « Tout
pouvoir m'a été donné dans le
ciel et sur la terre. Et voici Je suis avec vous
tous les jours »
(Matth. 28, 18 et
20). « Car si, lorsque
nous étions ennemis, nous avons
été réconciliés avec
Dieu par la mort de Son Fils, à plus forte
raison, étant réconciliés
serons-nous sauvés par Sa vie »
(Rom. 5, 10), c'est-à-dire par
le Christ vivant et habitant en nous. Il nous
préservera de la puissance du
péché, si nous le laissons faire.
Christ le peut et Il le fera. Il se réalise
en chaque âme qui se confie à
Lui.
Nos propres efforts échouent
Notre expérience prouve que nous
ne pouvons nous améliorer par nos propres
efforts. Ne l'essayons donc plus et laissons le
Sauveur accomplir cette grande oeuvre pour nous.
« Il est venu sauver Son peuple de ses
péchés »
(Matth. 1, 21). Nous pouvons compter
sur Lui. La promesse est pour celui « qui
ne fait point d'oeuvre, mais qui croit »
(Rom. 4, 5). « C'est Dieu
qui produit en vous »
(Phil. 2, 13). « Mon Dieu
pourvoira à tous vos besoins, selon ses
richesses, avec gloire, en
Jésus-Christ »
(Phil. 4, 19). - Cher frère en
Christ, est-ce justement ceci qu'il vous
faut : la délivrance de cet affreux
péché ? Comme vous avez
lutté avec angoisse ! Et cependant le
secours est en vous !
« Hélas ! » vous
écriez-vous, « vous ne savez pas
combien je suis faible. » Non, mais nous
rendons grâces à Dieu pour votre
faiblesse. « Ma grâce te suffit,
car Ma puissance s'accomplit dans la
faiblesse »
(II Cor. 12, 9). Votre faiblesse,
objet de vos lamentations, sera ainsi votre plus
grande gloire.
« Je me glorifierai donc bien
plus volontiers de mes faiblesses, afin que la
puissance de Christ repose sur moi »
(II Cor. 12, 9). Nous ne pouvons
être gardés que « par la
puissance de Dieu par la foi »
(I Pierre 1, 5).
« Mais grâces soient
rendues à Dieu qui nous donne la victoire
par notre Seigneur Jésus-Christ »
(I Cor. 15, 57).
Courant vers le but
Cela signifierait-il que nous n'avons
qu'à nous asseoir et chanter des
psaumes ? Loin de là ! Nous
n'avons parlé que de notre salut personnel
avec ses trois aspects: passé,
présent et avenir. Tout cela doit être
accepté comme un don. Mais quand Christ
entre dans nos coeurs, Il y entre avec puissance.
« Vous serez revêtus de la
puissance d'en haut »
(Luc. 24, 49). Une puissance se fait
toujours sentir. « Malheur à moi,
si je n'annonce pas
l'Évangile ! »
(I Cor. 9, 16) dit Saint Paul dont
nous avons cité plus haut les
pensées. « Nous ne pouvons pas ne
pas parler de ce que nous avons vu et
entendu »
(Actes 4, 20).
La lutte et l'angoisse ne jouent aucun
rôle dans notre salut personnel. Ce sont
plutôt des obstacles. Mais nous vivons au
milieu d'une génération perverse. Le
diable s'est fortement retranché dans la vie
des hommes qui nous entourent ; ceux-là
recherchent même la tentation et la saluent
avec plaisir, car c'est dans le péché
qu'ils trouvent leurs plus grandes
réjouissances. Ils ne veulent point vaincre
le péché. Aussi Saint Paul, qui
déclare que le salut dépend
entièrement de la foi, nous avertit que nous
avons à livrer un combat, à courir
une course, à soutenir une lutte.
« Car nous n'avons pas à lutter
contre la chair et le sang, mais contre les
dominations, contre les autorités, contre
les princes de ce monde de ténèbres,
contre les esprits méchants dans les lieux
célestes »
(Eph. 6, 12). C'est dans une lutte
âpre et continuelle que nous vous à
conquérir le terrain occupé par ces
puissances des ténèbres, nous avons
à leur arracher des victimes, à
sauver des âmes.
Toutes les forces de l'âme, de
l'esprit et du corps doivent prendre part à
cette grande tâche. Mais si Christ nous
inspire et nous fortifie dans cette activité
tant extérieure qu'intérieure, elle
portera des fruits suivant la promesse :
« Le Dieu de paix écrasera Satan
sous vos pieds »
(Rom. 16, 20).
Résumons ce qui a
été dit : Il peut y avoir des
conflits terribles dans le coeur d'un homme avant
qu'il soit prêt à s'abandonner
entièrement à Christ, et
sûrement nous aurons de grandes luttes
à soutenir contre le diable, dans nos
efforts pour arracher d'autres êtres à
son esclavage. Mais la vie triomphante, en ce qui
concerne nos propres âmes, est
indépendante de toute lutte. « Il
peut nous préserver. »
Quand j'étais un jeune
garçon, je passais beaucoup de temps
à marcher sur des échasses, et
j'acquis une habileté considérable
dans ce jeu. Mais malgré cela, il me fallait
faire des constants efforts et parfois même
lutter pour ne pas tomber. Le moindre obstacle me
faisait trébucher. Voilà une image de
la marche de bien des chrétiens. Des
efforts, des luttes, de lents progrès, des
chutes continuelles, suivies de nouveaux
élans, et par conséquent une
incapacité presque totale de secourir les
autres. - C'est une marche anormale. Saisissez donc
la vie triomphante - la victoire par le Christ
habitant en nous - et notre marche de
chrétien sera aussi facile que la marche sur
nos pieds.
Certains soldats, à la guerre, se
croient incapables de marcher, quoique leurs jambes
soient en parfait état, car ils ont ce qu'on
appelle la fièvre de Saint-Vallier. En
effet, ils ne le peuvent pas. Mais le
médecin habile leur fait croire qu'ils
peuvent marcher - et ils marchent. La force de
Christ pour « marcher par la
foi » est à notre disposition.
Pouvons-nous nous confier à
Lui ?
On demanda un jour à une fillette
de 13 ans ce que la vie triomphante signifiait pour
elle dans les moments de tentation. Après un
instant de réflexion, elle
répondit : « Autrefois
j'avais l'habitude de me disputer avec le tentateur
et c'était généralement lui
qui prenait le dessus. Mais à
présent, quand il frappe à la porte
de mon coeur, je dis : « Seigneur
Jésus, veux-tu aller à la porte pour
moi ? » Et lorsque Satan voit que le
Seigneur Jésus est là, il dit :
« Je regrette, je pense que je me suis
trompé de maison ». Et il se
sauve.
Comment il y a victoire
Ce qui est vrai quant à la
victoire remportée sur la tentation par
Christ seul, l'est aussi pour nos luttes contre les
oeuvres de Satan autour de nous. C'est Christ, et
non pas nous-mêmes, qui est vainqueur.
« Quelle est, à votre point de
vue, la plus dangereuse hérésie de
nos jours ? » demanda-t-on un jour
à l'éditeur du « Sunday
School Times » (journal américain
des écoles du dimanche). Après avoir
passé en revue la Science chrétienne,
la « haute critique biblique, le
spiritisme » et autres
« ismes », il
répondit : « La plus
dangereuse hérésie consiste dans
l'emphase avec laquelle les chrétiens
parlent de ce que nous faisons pour Dieu, au lieu
de parler de ce que Dieu fait pour
nous ».
N'oublions pas dans notre travail pour
le Maître que ce n'est pas nous qui
accomplissons Son oeuvre, mais que c'est Lui qui
travaille par nous. C'est pour cela que tout
chrétien qui vit la vie triomphante
recherchera toujours à nouveau la communion
avec Dieu par la prière et l'étude de
Sa Parole.
Avant de terminer ce chapitre,
demandons-nous encore quel sera l'effet de la vie
triomphante en nous sur les autres. Jusqu'à
présent il n'a été question
que de nous-mêmes. Si nous nous
arrêtons là, nous pourrions
dire : Cela ne vaut pas la peine. Mais nous
sommes sauvés pour servir. Les nombreuses
lettres dans lesquelles on me demande conseil de
secours, proviennent de chrétiens - hommes
et femmes - qui essayent de travailler pour Christ,
mais qui ne sont pas préparés et
armés pour le service.
Le Dr Temple, évêque de
Manchester disait lors de son installation :
« Souvenons-nous que la puissance de
conversion de l'Eglise ne dépend pas en
première ligne de l'éloquence des
prédicateurs ou bien de la perfection de son
organisation. Elle dépend de la mesure dans
laquelle les hommes voient dans la vie des
chrétiens se manifester la puissance de
l'amour de Christ. » C'est bien cela.
Lorsque les gens voient que l'amour de Christ,
répandu dans nos coeurs, a une puissance
telle qu'il a tué en nous les
péchés qui affligeaient nos amis, ils
commenceront à
réfléchir.
L'amour vainqueur
Personne n'est insensible à
l'amour. La puissance de l'amour divin est infinie.
Pendant la guerre américaine, il y avait
à Ephrata un pasteur baptiste, Pierre
Miller, qui jouissait de l'amitié de
Washington. Dans la même ville habitait un
nommé Michel Wittmann, un méchant
homme qui injuriait et contrariait le pasteur tant
qu'il pouvait. Ce même Michel Wittmann fut
impliqué dans une affaire de haute trahison,
arrêté et condamné à
mort. Le vieux pasteur Miller, alors, partit
à pied et fit 70 lieues de route
jusqu'à Philadelphie, afin de plaider pour
cet homme ! Il fut admis à l'audience
de Washington et demanda grâce pour le
traître. « Non, Pierre »,
lui dit Washington, « je ne puis vous
rendre la vie de votre ami. » -
« Mon ami ? »
s'écria le pasteur. « Mais c'est
mon pire ennemi ! » -
« Comment », répondit
Washington, « vous avez fait 70 lieues
à pied pour sauver la vie d'un ennemi ?
Cela change l'affaire. J'accorderai
l'amnistie. » Et il le fit. Pierre Miller
ramena Michel Wittmann qu'il avait arraché
à la mort, dans sa propre maison à
Ephrata, mais ce dernier n'y alla plus en ennemi,
mais en ami. Voilà comment l'Amour amena ce
blasphémateur du pied du gibet au pied de la
croix.
Écoutez, serviteurs du
Christ ! Obtenez-vous, dans votre travail pour
le Seigneur, le succès que vous
souhaitez ? Constatez-vous des fruits
quelconques ? Sinon, ne vaut-il pas la peine
d'entrer dans la vie triomphante - à cause
de vous-mêmes, à cause de votre
travail, à cause du Sauveur, à cause
des pécheurs, qui vont vers la
perdition ?
Abandonnez-vous à Christ !
Croyez ! Saisissez ! Rendez
grâces !
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