LA
VIE TRIOMPHANTE
CHAPITRE XI
POINT DE PERFECTION ABSOLUE
Comment le diable se sert du mirage de la
« perfection absolue », pour
empêcher bien des âmes sincères
de rechercher la vie de sainteté
Avons-nous bien saisi le fait que la vie
triomphante est un don de Dieu ? Nous pouvons
nous la représenter comme étant
« la plénitude du
Saint-Esprit » ou l'habitation de
Jésus dans nos coeurs. Pour moi
personnellement, ce fait de l'habitation de Christ
en moi et la conscience que j'ai de ce fait,
constituent le plus précieux
secours.
« Il prendra de ce qui est
à moi et vous l'annoncera »
(Jean 16, 14), c'est la principale
oeuvre du Saint-Esprit.
Comment reçoit-on un don ?
De quelque manière que nous la
considérions, la vie triomphante est un don.
« Si donc, méchants, comme vous
l'êtes, vous savez donner de bonnes choses
à vos enfants, à combien plus forte
raison le Père donnera-t-il le Saint-Esprit
à ceux qui le Lui demandent »
(Luc. 11, 13). - « Si tu
connaissais le don de Dieu », dit
Jésus à une femme pécheresse,
« et qui est celui qui te dit :
Donne-moi à boire ! tu lui aurais
toi-même demandé à boire, et il
t'aurait donné de l'eau vive »
(Jean 4, 10).
Que faut-il maintenant que je fasse pour
obtenir un don ? Tout simplement le prendre.
Si, à ma demande, un don m'est offert, cela
plairait-il au donateur, qu'au lieu de le prendre,
je passe des semaines, des mois ou même des
années à mendier, à prier et
à gémir pour l'obtenir ? Des
parents seraient-ils contents de voir leurs enfants
passer la nuit entière à demander
avec angoisse le cadeau de Noël qu'ils leur
ont promis ? Si les enfants le faisaient, leur
angoisse serait absolument indépendante du
fait qu'ils recevront un don. On pourrait en effet
s'imaginer que le père désolé
dirait à ses enfants : Si vous ne
cessez pas d'insister et n'allez pas vous coucher
et me faites confiance, vous ne recevrez rien du
tout.
Jésus-Christ est le grand don de
Noël. « Grâces soient rendues
à Dieu pour son don
ineffable ! »
(II Cor. 9, 15). Ce don est à
nous. Quelqu'un a dit : « Notre
Seigneur veut que notre vie terrestre soit un jour
de Noël, où Il nous fait don de
Lui-même, comme étant notre
victoire. » - Nous n'avons pas besoin de
lutter, de gémir, de peiner. Du moment que
nous sommes entièrement soumis à
Dieu, nous n'avons qu'à
« recevoir », qu'à
« prendre » le don de Christ
lui-même.
Mais Jésus n'a-t-il pas dit
à ses disciples de rester dans la ville de
Jérusalem, jusqu'à ce qu'ils soient
revêtus de la « puissance d'en
haut » ?
(Luc. 24, 49). Oui, de même il
a dit d'attendre ce que le Père avait promis
(Actes 1, 4). Mais c'était
avant la Pentecôte.
Nous n'avons qu'à accepter
Nous n'entendons jamais les disciples
dire aux croyants, après la Pentecôte,
d'« attendre » ce don. Par
contre nous lisons dans le 10e chapitre des Actes
que le don du Saint-Esprit « descendait
sur tous ceux qui écoutaient la
Parole »
(verset 44), pendant que saint Pierre
parlait encore aux gens de la maison de Corneille
et quoique aucun d'entre eux ne fût encore
baptisé. Ainsi donc le -Saint-Esprit
était donné aux païens,
dès qu'ils croyaient en Christ. De
même il n'est pas nécessaire
qu'aujourd'hui nous attendions. Si nous remplissons
les conditions, nous avons droit au don.
Les premiers disciples n'ont pas su
apprécier d'abord la valeur et la
nécessité de ce don. Le Seigneur
semble avoir dit à plus de 500 frères
de rester à Jérusalem, jusqu'à
ce qu'ils fussent revêtus de la Puissance
d'en haut
(I Cor. 15, 6). Cependant 120
seulement obéirent à cet ordre et par
conséquent 120 seulement reçurent ce
don le jour de la Pentecôte - ce don
destiné à tous
(Actes 1, 15 et
2, 1, 4). Il importe que nous
comprenions bien cela aujourd'hui. Le Seigneur
désire ardemment accorder à tout
croyant la plénitude du Saint-Esprit. II
veut habiter par la foi notre coeur tout entier.
Mais Il ne peut nous remplir de Lui-même que
lorsque nous lui avons soumis toute notre
volonté et livré nos corps aussi bien
que nos âmes.
C'est ce que Saint Paul veut dire en
priant pour les Éphésiens :
« Il vous donne d'être puissamment
fortifiés par Son Esprit dans l'homme
intérieur »
(Eph. 3, 16). « ... que
vous soyez remplis jusqu'à toute la
plénitude de Dieu »
(Eph. 3, 19). « ...
jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus...
à la mesure de la stature parfaite de Christ
(Eph. 4, 13) ... à la
plénitude de Celui qui remplit tout en
tous »
(Eph. 1, 23).
Christ dans sa plénitude
C'est si merveilleux qu'Il soit
prêt à venir en nous, mais c'est une
chose glorieuse qu'Il soit prêt à se
charger de la responsabilité dans notre vie,
car Lui ne fera jamais de fautes et ne subira
jamais d'échecs. Il semble inconcevable
qu'un chrétien puisse refuser un don pareil.
Nous insistons à nouveau auprès de
vous : Recevez-le dans Sa plénitude par
la foi. N'attendez pas un tressaillement ou
même une extase. Peut-être
sentirez-vous quelque chose de semblable,
peut-être ne sera-ce pas le cas. Comptez sur
la Parole du Christ et croyez qu'Il est venu dans
votre coeur pour être votre vie. Et ensuite
fiez-vous à Lui : Il
« pourvoira à tous vos
besoins »
(Phil. 4, 19).
« Voici, je me tiens à
la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix
et ouvre la porte, j'entrerai chez lui »
(Apo. 3, 20).
Sachez que Christ est déjà
dans le coeur de tout croyant, même de Celui
qui ne le suit qu'à distance. Mais dans bien
des cas il ne remplit pas le coeur tout entier. Il
ne le possède qu'en partie, il ne le domine
pas complètement. Il y a des recoins du
coeur qui sont fermés pour lui, et non
seulement fermés, mais habités par un
effracteur qui guette le moment d'envahir d'autres
compartiments du coeur. « Si quelqu'un...
ouvre la porte... »
- Tu attends, ô Jésus,
- Devant la porte close, Malgré le long
refus
- Que notre âme t'oppose.
- Quelle honte pour ceux
- Qui se disent chrétiens
- Et qui ne font pas mieux
- Accueil à Toi qui viens.
Chez la grande majorité des croyants cela
est vrai quant à une partie de leur coeur.
Mais ce n'est pas seulement une honte ; c'est
une parfaite folie. Car nous savons qu'il ne
demande à trouver accès dans notre
coeur tout entier que pour y apporter la plus riche
bénédiction.
Saint Paul avertit les chrétiens
de Rome : « Donnez-vous
vous-mêmes à Dieu... »
(Rom. 6, 13). Lui-même l'avait
fait ; il avait entendu Sa voix, non à
travers une porte fermée : paroles
ineffables. Sentant une joie inexprimable et pleine
de gloire, dans la plénitude de son coeur,
il s'écrie : « Grâces
soient rendues à Dieu pour son don
ineffable »
(II Cor. 9, 15).
Tentations et échecs
Est-il possible de perdre la vie
triomphante ? Voilà une question qui se
pose souvent. En effet, c'est possible. La
tentation viendra sûrement et un échec
peut en résulter. Un chrétien
occupant une place proéminente au point de
vue spirituel me dit récemment qu'il avait
parfois perdu pendant un certain temps la victoire.
« Mais », dit-il,
« quand j'ai manqué c'était
toujours parce que je me suis
tourmenté. » Cette défaite
n'est pas inévitable. Nous avons un Sauveur
parfait. Si, en regardant en arrière, nous
pensons à telle interruption de merveilleuse
communion avec le Christ, nous devrons toujours
confesser que nous aurions pu
l'éviter.
Perfection absolue
Il y a beaucoup d'âmes saintes qui
déclarent ouvertement qu'elles ne
pèchent jamais. Elles prétendent
posséder la perfection absolue, en s'en
rapportant à Saint-Jean :
« Nous savons que quiconque est né
de Dieu ne pèche point ; mais celui qui
est né de Dieu se garde lui-même, et
le malin ne le touche pas »
(I Jean 5, 18). « Quiconque
est né de Dieu ne pratique pas le
péché, parce que la semence de
Dieu » (Jésus-Christ) demeure en
lui ; et il ne peut pécher parce qu'Il
est né de Dieu »
(I Jean 3, 9).
Cependant ces déclarations de
l'apôtre ne se rapportent pas à un
péché isolé, mais à un
péché habituel. Le temps du verbe en
grec n'implique pas que celui qui est né de
Dieu ne puisse pas commettre d'action mauvaise
définie, mais qu'il ne peut pas
pécher d'une façon continuelle ;
il ne peut pas faire du péché une
habitude, un état qui dure. Saint Jean parle
ici de péchés conscients et
volontaires et non de péchés qui sont
la suite de notre faiblesse ou de notre inaptitude
à réaliser la gloire de Dieu.
Tendance ou possibilité
Tout homme peut pécher. Tout
homme peut mentir. Mais nous savons ce que nous
voulons dire en déclarant qu'un
honnête homme ne saurait mentir. Nous
n'accuserons pas Georges Washington de manquer de
véracité quand il dit :
« Je ne peux pas dire de
mensonge. »
Tout péché est contraire
à la nature d'un homme de bien. Nous disons
par exemple que le bois ne peut couler à
fond. En effet, le bois a la tendance de flotter.
Cependant il peut descendre sous l'eau : la
main d'un enfant peut le submerger. Si l'enfant le
lâche, il remonte à la surface. Quand
un homme vit la vie triomphante, une vie
conservée et réellement vécue
pour lui par le Christ qui habite en lui, il n'a
plus aucune tendance au péché. Il
désire toujours faire ce qui plaît
à Dieu. Mais la terrible possibilité
du péché existe toujours pour lui. Il
peut être absorbé par le monde et
ouvrir la porte à la tentation ; la
main de Satan peut le tirer en bas. Aussi longtemps
qu'un homme est réellement soumis à
Christ et en pleine communion avec lui, il ne peut
pécher. Mais une vie pareille est un
triomphe constant grâce à une foi
constante. Il peut à tout moment diminuer
partiellement sa soumission ou interrompre la
communion.
Un wagon de chemin de fer attaché
à une locomotive en mouvement ne peut
s'arrêter. Mais à tout moment
l'accouplement peut se rompre, ce qui provoquera
l'arrêt. Nous répétons
cependant que personne n'est obligé de
commettre un péché conscient et
volontaire. « Il a la puissance de garder
mon dépôt »
(II Tim. 1, 12). « Il peut
vous préserver de toute chute »
(Jude 24). Ces deux paroles sont
vraies - Dieu soit loué !
Entre les mains du Père
Notre Seigneur lui-même dit de
ceux qui le suivent : « Personne ne
les ravira de ma main... et personne ne peut les
ravir de la main de mon père »
(Jean 10, 28 et 29). Il est
évident que notre Sauveur a pris toutes les
précautions pour nous préserver de
nous échapper nous-mêmes de sa main.
Pour rester victorieux, il faut que nous ayons les
regards sur « Jésus, le chef et le
consommateur de notre foi »
(Hébreux 12, 2). Mais
grâces à Dieu, ce ne sont pas nos
regards fixés sur Jésus qui nous
donnent la victoire, mais Ses regards fixés
sur nous. Saint-Pierre put voir le Seigneur
outragé et maltraité et, en le
regardant, prononcer des imprécations et
jurer qu'il ne le connaissait pas. Mais lorsque le
Seigneur se retourna et regarda Pierre, il ne put
plus le renier. Ce n'est pas notre foi, c'est Sa
fidélité qui nous
préserve.
Le Christ demeurant en nous est bien
supérieur à tout ce qui peut nous
arriver. Aussi longtemps que nous avons pleine
confiance en lui et que nous obéissons
à ses moindres ordres, nous avancerons
victorieux. Pourquoi un homme commettrait-il un
péché volontaire ? Et pourquoi
alors sommes-nous surpris quand un chrétien
réellement sanctifié nous dit qu'il
ne pèche jamais sciemment ?
La cause de l'échec
La raison pour laquelle même un
chrétien pleinement consacré est
parfois pris en flagrant délit de
péché est que la plupart des croyants
ne sont pas entièrement soumis à la
volonté de Dieu : ils ne font pas grand
cas de certains péchés tels que
l'orgueil, la colère, l'irritabilité,
la jalousie, l'impatience, l'amour de
soi-même, le manque de véracité
et autres péchés semblables. C'est
ainsi que, même un homme vivant la vie
triomphante, peut tomber dans un de ces
péchés ; il y a tant de ses
frères chrétiens qui en font de
même sans rougir. Et s'il tombe dans ces
péchés, les autres n'en seront
guère surpris. D'ailleurs, seul un
chrétien pleinement sanctifié pourra
reprendre un tel homme ; un autre entendrait
la réponse :
« Médecin, guéris-toi
toi-même »
(Luc. 4, 23) ou bien l'allusion
à la « paille » et
à la « poutre ». Seul un
homme « spirituel » sera
capable de lui venir en aide. Saint Paul le dit
bien : « Si un homme vient à
être surpris en quelque faute, vous qui
êtes spirituels, redressez-le avec un esprit
de douceur »
(Gal. 6, 1). Combien il est facile de
vivre la vie triomphante au milieu d'hommes et de
femmes sanctifiés ! Oh ! que n'y
en a-t-il pas davantage !
Pourquoi sommes-nous surpris si
quelqu'un dit qu'il a atteint un état de
perfection absolue ? Parce que
généralement tout le monde, sauf
lui-même, reconnaît parfaitement qu'il
n'a pas atteint cet idéal. - Un homme pieux
parlait dernièrement sur ce point à
table, en société, et
prétendait avoir atteint la perfection
absolue. Un des convives, très calmement,
fit la remarque suivante - soit en toute
sincérité, soit pour le mettre
à l'épreuve :
« Pardonnez-moi de vous le dire : il
m'a semblé vous voir manger un peu
goulûment ! » -
« Jamais de ma vie »,
répondit l'autre vivement, « je
n'ai été accusé de
voracité, et je ne vous permets pas non plus
de le faire ! » - La chaleur de
cette réplique fit sourire tous ceux qui
avaient écouté la conversation :
pratique et profession de foi étaient si peu
d'accord.
Cette petite histoire prouve
l'exactitude de ce qui a été dit plus
haut : le chrétien
« absolument parfait » est
parfois irritable et furieux, et lorsqu'il est
surpris en quelque faute, le chrétien moyen
s'en trouve à la fois réjoui et
amusé.
Péchés ou
« faiblesses »
J'ai eu le privilège de me
rencontrer avec des croyants qui
prétendaient posséder la perfection
absolue ; j'ai pris les repas avec l'un d'eux
pendant une semaine et je dois avouer franchement
que je n'ai pu constater extérieurement
aucune trace de péché chez lui. Mais
ce cher enfant de Dieu me reprochait avec douceur
de ne pas prêcher la perfection absolue, ce
qui amena un long entretien à ce sujet. Mon
critique déclara que le Seigneur
Jésus l'avait complètement
délivré de son tempérament
violent, mais il m'avoua aussi qu'il lui arrivait
encore parfois d'être impatient, irritable et
contrariant. « Ces choses
cependant », dit-il, « je les
regarde comme des faiblesses et non comme des
péchés. » Mon
expérience m'a montré que, lorsque
les gens qui professent la « perfection
absolue » sont pressés de
questions sur ce sujet, ils appellent
« faiblesses » de
« petites » choses qui pour
nous sont des péchés. Frères,
apportez vos faiblesses au Christ et laissez
« la puissance de Christ reposer sur
vous »
(II Cor. 12, 9).
Hélas ! les chrétiens
qui se vantent de la perfection absolue, font
souvent un grand tort à la cause du Christ,
parce qu'ils admettent dans leur vie des choses qui
démentent leur profession de foi. L'un
d'entre eux vint chez un de mes amis pour le
consulter au sujet d'une affaire commerciale. Il
s'agissait d'une entreprise qui touchait de si
près à la tromperie que mon ami lui
dit avec surprise : « Comment un
acte pareil s'accorde-t-il avec la perfection
absolue que vous professez ? » -
« Oh ! » fut la
réponse impatiente, « les affaires
sont les affaires ». - « Mais
moi », répondit mon ami,
« je ne veux rien avoir à faire
avec ce genre d'affaire. »
Nous nous sommes arrêtés
longuement sur ce point parce que le diable se sert
de cette fausse idée de perfection absolue,
pour détourner beaucoup d'âmes
sincères de la recherche d'une vie de
sainteté. Notre point de vue est le
suivant : Tant qu'un croyant
complètement livré au Seigneur
Jésus, se confie tout simplement en Lui et
croit qu'il le garde et qu'Il triomphe pour lui de
toute tentation, il n'est pas obligé de
commettre un péché volontaire. Nous
avons par conséquent le droit et le
privilège de prier chaque matin :
« Accorde-nous de ne tomber dans aucun
péché aujourd'hui. » -
« Permets, ô Seigneur, que nous
traversions cette journée sans aucune
chute. » Oui, Christ peut nous
préserver de toute chute
(Jude 24). Et il nous garde aussi
longtemps que nous avons la confiance en Lui qu'Il
le fera.
Néanmoins nous pouvons tomber
dans le péché à tout instant.
C'est une victoire qui doit être
renouvelée toujours à nouveau.
Beaucoup de nos lecteurs confesseront volontiers
qu'ils ont fait l'expérience de cette
liberté vis-à-vis du
péché pendant cinq minutes, dix
minutes, une heure ou plus longtemps encore. Mais
nous sommes, hélas ! tous
obligés d'avouer que par moments, nous
nourrissons volontairement une mauvaise
pensée et que, parfois même, nous
commettons sciemment un acte condamnable,
étant vaincus par quelque tentation subite.
En y réfléchissant, nous sommes
forcés de conclure que nous aurions pu
éviter le péché. Nous nous
rendons compte en outre que la plupart du temps
d'autres croyants, par des actions ou des paroles
indignes d'un chrétien, ont
été la cause de nos chutes. Plus
souvent elles sont dues au bas niveau de vie
spirituelle chez nos frères chrétiens
qu'à l'opposition de la part du
monde.
Ne nous condamnez pas, mais saisissez la
victoire pour vous-mêmes et haussez ainsi le
niveau du christianisme autour de vous. Saisissez
la victoire pour vous-mêmes et
démontrez-nous par un exemple pratique
quelle vie glorieuse est le partage de celui qui
appartient entièrement à Christ.
CHAPITRE XII
LES PÉRILS DE CETTE VIE
Certains périls qui guettent la vie de
sainteté ; comment il faut leur
résister et les vaincre
La vie triomphante n'est pas obtenue une
fois pour toutes ; ce n'est pas un sommet
dont, une fois que nous l'avons atteint, rien ne
peut nous déloger. C'est une victoire que
nous nous assurons à chaque instant par une
foi renouvelée à chaque instant.
Aussi longtemps - et à cette condition
seulement - que le croyant met toute sa confiance
en Christ, il possède la victoire constante.
Dès que cette foi simple se perd, la
victoire sur le péché est
interrompue. C'est, semble-t-il., pour cette raison
que le Seigneur résume la notion du
péché dans le seul mot de
« incrédulité ».
« Quand il (le Saint-Esprit) sera venu,
il convaincra le monde de péché... de
péché parce qu'ils ne croient pas en
moi »
(Jean 16, 8 et 9). Et c'est pourquoi
Saint Jean dit : « La victoire qui
triomphe du monde, c'est notre foi »
(I Jean, 5, 4).
Puisque donc il ne s'agit pas de
victoire remportée une fois pour toutes, il
est évident que cette vie est menacée
de périls et qu'il nous faut être
constamment sur nos gardes. Il faut que toujours la
paix de Dieu garde nos coeurs. - Quels sont
maintenant quelques-uns des dangers auxquels la vie
de sainteté est exposée ? -
Être prévenu, c'est être
armé. Connaissant les dangers, nous pouvons
les regarder bien en face, sans avoir peur.
« Dans toutes ces choses nous sommes plus
que vainqueurs par celui qui nous a
aimés »
(Rom. 8, 37).
Il y a en premier lieu :
Nos propres efforts
Dans le premier élan de joie que
nous ressentons lorsque la possibilité d'une
vie s'ouvre devant nous, nous avons une tendance
à faire des efforts continuels et conscients
pour ne pas lâcher ce que nous
possédons. Il nous semble que, si nous ne
concentrons pas assidûment toutes nos
pensées sur l'habitation de Christ en nous,
nous la perdrons. Peut-être cela vient-il de
ce que nous considérons la vie triomphante
comme une bénédiction, un bien que
nous pouvons perdre. Satan essaie toujours de nous
amener à la regarder de cette
manière. - Non, c'est une personne, et non
pas une chose ! C'est le Seigneur Jésus
lui-même : Il ne vient pas à nous
pour que nous Le possédions, mais bien
plutôt pour qu'Il nous possède. Il ne
peut pas s'échapper de nos mains. Il nous
tient. Il a promis : « Je ne te
délaisserai point, et je ne t'abandonnerai
point »
(Hébreux 13, 5). C'est
pourquoi je parle davantage du Christ habitant en
nous, et moins de la plénitude de l'Esprit.
- À Jésus je m'abandonne ;
- Ce qu'il me dit, je le crois,
- Et je prends ce qu'il me donne,
- La couronne avec la croix.
-
- Que si l'ennemi se montre,
- Mon coeur n'est point troublé ;
- Avec Christ, à sa rencontre,
- Je puis aller sans trembler.
-
- Qu'on m'approuve ou qu'on me blâme,
- Et demain comme aujourd'hui,
- Je ne veux, quoi qu'on réclame,
- Jamais compter que sur lui.
-
- Compter sur lui d'heure en heure,
- Tant que dure le combat ;
- Que l'on vive ou que l'on meure,
- Compter sur lui : tout est là.
Il nous tient, ce n'est pas nous qui le tenons.
Il faut bien entendu que le Seigneur Jésus
soit le centre de nos pensées. Mais regarder
à Jésus dans la foi et l'amour ne
signifie pas faire un effort constant pour le
retenir, comme on retient un hôte bienvenu.
Ce n'est pas avec un effort de nos yeux, mais dans
une contemplation calme que nous portons sur lui le
regard de la foi.
En lieu sûr
« Demeurez en moi »,
dit notre Seigneur
(Jean 15, 4). Demeurer paisiblement
en lui, voilà ce qui nous donne la victoire.
À toute alarme, à toute approche de
la tentation, cachez-vous en lui, le
« roc des âges »
(Esaïe 26, 4), comme le lapin se
met à l'abri de tout danger dans le rocher
qui le cache. « Laissez-vous instruire
par les lis des champs. Voyez comment ils
croissent », sans aucun effort, sans
lutter ou peiner. Ils restent plongés pour
ainsi dire dans les rayons du soleil et en boivent
la vie. « Qui de vous, par ses
inquiétudes, peut ajouter une coudée
à la durée de sa
vie ? »
(Matth. 6, 27 et 28).
Ce n'est pas notre foi, mais Sa
fidélité qui est le fondement de la
vie triomphante. « Confie-toi en
l'Éternel", et ensuite :
« pratique le bien ; aie le pays
pour demeure et la fidélité pour
pâture »
(Ps. 37, 3)
Nous dirons en passant que même
dans notre lutte avec le mal qui nous environne,
nous devons nous confier entièrement en Lui
et non dans nos propres efforts. Combien le
Seigneur a-t-il insisté sur ce point en
donnant ses instructions : « Voici,
je vous envoie comme des brebis au milieu des
loups. » Et qu'ajoute-t-il ?
« Soyez armés jusqu'aux
dents ? » Jamais. « Soyez
donc... simples comme les colombes »
(Matth. 10, 16). Pourquoi cela ?
Parce que c'est Lui qui est notre défense et
notre bouclier.
La tentation reste
La vie triomphante n'est pas une vie
sans tentation. Un seul homme a vécu une vie
de triomphe ininterrompu, c'était notre
Sauveur lui-même. « Il fut
tenté comme nous en toutes choses, mais sans
péché »
(Hébr. 4, 15). Les anges qui
étaient sans péché furent
tentés et plusieurs tombèrent. Adam
et Eve furent tentés dans leur état
d'innocence et ils succombèrent
également. Ne soyons donc pas surpris, si le
diable nous tente. Il fera tout son possible pour
nous faire tomber, car la vie triomphante est la
seule qui compte véritablement. Tout enfant
de Dieu connaîtra des tentations : mais
nous pouvons les regarder comme « un
sujet de parfaite joie »
(Jacques 1, 2), car il nous est dit
« que le bouclier de la foi peut
éteindre tous les traits enflammés du
malin »
(Eph. 6, 16).
Une attitude de foi constante.
Si nous succombons
La possibilité de pécher
existe toujours, mais des précautions ont
été prises en vue de cela.
« Si c'est le sacrificateur, ayant
reçu l'onction qui a
péché... »
(Lév. 4, 3) - « cela
ne prouve-t-il pas que le péché est
inévitable ? » demanda
quelqu'un. Certainement pas. En mer chaque bateau
est pourvu d'un certain nombre de canots de
sauvetage pour le cas d'un naufrage ou d'une
collision. Cela ne veut pas dire que le capitaine
aie l'intention de faire sombrer son bateau ou bien
que tout vaisseau doive nécessairement faire
naufrage.
Le péché est donc possible
tant pour le prêtre que pour le
peuple.
La vie triomphante s'obtient par un acte
de foi et elle n'est maintenue que par une attitude
de foi constante. Supposons que,
momentanément, nous tombions dans un
péché. Qu'est-ce qui
s'ensuivra ? Satan essayera
immédiatement d'exploiter sa victoire, en
s'efforçant de nous persuader qu'une. chose
telle que la vie triomphante n'existe pas du
tout ; ou bien, si elle existe, que nous ne
l'avons jamais possédée ; ou
encore, si elle a été nôtre,
qu'elle a disparu pour toujours : nous l'avons
perdue. Nos frères chrétiens, d'autre
part, qui n'ont jamais reconnu le seul chemin qui
mène à la victoire, confirmeront
volontiers ces assertions et mêmes des
chrétiens dévoués et
fidèles nous assureront que cet enseignement
est une dangereuse hérésie.
Ne les écoutez pas, ni eux, ni
Satan. Nous avons vu que la Bible contient une
foule d'enseignements au sujet de la vie
triomphante. Cette « dangereuse
hérésie » est
annoncée par le Christ Lui-même et
proclamée sans cesse dans les
épîtres de Saint Paul et de Saint
Jean.
Rappelez-vous que Dieu nous donna la vie
triomphante après bien des chutes. Nous la
reprendrait-il pour toujours à cause d'une
seule chute ? Certes, non.
Les suggestions de Satan
Si Satan ne réussit pas à
nous dissuader de recommencer la vie triomphante,
du moins essayera-t-il d'en retarder le
rétablissement. Il nous suggérera
qu'après une pareille chute nous n'avons
qu'à en rester là pendant quelques
temps ; qu'il vous faudra bien du temps pour
revenir à la vie triomphante ; que ce
sera une montée ardue, par un chemin
pénible et humiliant. Que lui
répondrons-nous ?
Nous avons montré d'une
façon concluante que ni nos peines, ni nos
luttes ne nous procureront jamais la victoire au
début. Il est évident alors que notre
rétablissement ne sera pas non plus le fruit
de nos efforts et de nos luttes. Si nous tombons
dans un péché, notre Sauveur
désire que nous nous tournions vers Lui,
immédiatement, pour recevoir le pardon,
pleins de foi. Nous trouvons le pardon
instantané et le rétablissement
instantané même du temps de l'Ancienne
Alliance. « J'ai péché
contre l'Éternel ! » dit le
roi pénitent. Et aussitôt le
prophète de répondre :
« L'Éternel pardonne ton
péché »
(II Sam. 12, 13).
« Si nous confessons nos
péchés, Il est fidèle et juste
pour nous les pardonner et pour nous purifier de
toute iniquité »
(I Jean 1, 9). Notre chute ne diminue
pas la puissance du Christ. « Il est
toujours à même de vous
garder. » Votre défaite ne change
rien en Lui. Il ne veut point vous abandonner. Et
dès que nous avons reçu le pardon,
détournons nos pensées de ce
péché et tâchons de ne plus
jamais y songer. « Je ne fais qu'une
chose », dit Saint Paul,
« oubliant ce qui est en
arrière... (les péchés
également), je cours... vers le
but. »
(Phil. 3, 13.)
Un obstacle à la sainteté
Ce n'est pas diminuer le
péché ou en faire trop peu de cas.
Personne n'a plus horreur du péché
que celui qui vit la vie triomphante. Cela ne
signifie pas non plus : se complaire à
ses défaites.
Cependant nous sommes fermement
convaincus que le souvenir du péché
passé est l'un des plus grands obstacles au
service de la sainteté dans le
présent. Ces souvenirs affaiblissent notre
confiance, paralysent notre ministère et
nous rappellent « la jouissance du
péché »
(Hébr. 11, 25). Il en
résulte un témoignage sans force, un
travail stérile et de nouvelles
défaites. D'ailleurs, le remords,
l'angoisse, la condamnation de soi-même ne
sauraient en aucune façon guérir la
plaie. Le sang expiatoire du Christ est suffisant.
Il l'est à tel point qu'après
l'effusion du Saint-Esprit à la
Pentecôte, il n'est dit nulle part aux
croyants de prier pour le pardon de leurs
péchés. Il leur est ordonné
simplement de les confesser à Dieu ;
c'est cela qui leur assure le pardon. La raison en
est claire. Quand le Saint-Esprit demeure dans nos
coeurs, nous avons horreur du péché
et notre confession est toujours accompagnée
du désir d'être
pardonné.
Ne vous fiez pas à
vous-même
« Cette vérité
de l'habitation du Christ en nous ou
plutôt : la conscience de Sa
présence vous donne une confiance tellement
merveilleuse que vous risquez de devenir trop
confiants. » Voilà ce que me dit
un homme de Dieu éprouvé. Nous
comprenons ce qu'il entendait par là. Mais
nous ne saurions être trop confiants !
L'idée de cet homme de Dieu était
celle-ci : Le souvenir de la victoire du
passé risque de nous inspirer une fausse
sécurité pour le présent. Nous
pouvons jouir - et c'est ce que le Christ
désire pour nous - d'une victoire
ininterrompue pendant un temps très long.
Mais plus cette période de victoire est
longue, plus nous inclinons à nous sentir
nous-mêmes sûrs et forts. Saint Paul se
rendait très bien compte de ce danger :
« Que celui qui croit être debout,
prenne garde de tomber ! »
(I Cor. 10, 12). II faut nous mettre
bien dans l'esprit que notre faiblesse n'est jamais
transformée en force. « Ce n'est
pas à dire que nous soyons par
nous-mêmes capables de concevoir quelque
chose comme venant de nous-mêmes. Notre
capacité, au contraire, vient de
Dieu »
(II Cor. 3, 5), et uniquement de Lui.
« C'est Dieu qui produit en vous le
vouloir et le faire »
(Phil. 2, 13).
C. G. Trumbull écrit à ce
sujet dans son livre sur les dangers de la vie
triomphante : « Christ et Christ
seul est notre victoire. Dix années de
« record » ininterrompu (de
notre part) n'ajoutent pas la moindre particule
à la puissance de notre Seigneur
Jésus ; l'efficacité de sa
grâce ne s'en trouve pas augmentée,
car elle est infinie. Ce n'est pas notre
persévérance, mais la grâce de
notre Seigneur qui nous garantit la victoire
continuelle. La certitude de notre victoire n'est
augmentée en rien par la réalisation
constante de la victoire. »
La nécessité de
l'obéissance
D'autre part, le pouvoir de Satan n'est
pas affaibli par notre victoire prolongée.
Il est toujours également puissant, actif et
méchant ; et il n'attend que le moment
favorable. Son moment est venu dès que nous
cédons à la présomption ou
à l'orgueil spirituel en nous.
Ne désobéissez pas au
commandement du Seigneur
Un couple rayonnant de bonheur demanda
à me parler à la suite d'une
conférence sur l'habitation de Christ en
nous. « Nous avons fait
l'expérience », dit le mari,
« de la vérité de la vie
triomphante depuis bien des mois et cela a
complètement changé nos vies. Pendant
tout ce temps nous sommes restés loin de la
Table du Seigneur. Nous ne participons jamais
à la communion. Mais avons-nous le droit
d'agir ainsi ? » - « Pour
quelle raison vous abstenez-vous ? »
demandai-je. - « Saint Paul dit pourtant
que nous n'avons plus besoin de la Sainte
communion, une fois que le Christ est venu habiter
dans nos coeurs », telle fut la
réponse singulière. Très
curieux, je leur demandai quel passage de la Bible
contenait un tel commandement. Et voici la
réponse : « Saint Paul
dit : « Toutes les fois que vous
mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous
annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce
qu'il vienne. »
(I Cor. 11, 26.) Or, il est venu
maintenant habiter dans nos coeurs et c'est pour
cela que nous avons renoncé à la
Sainte Cène. » - Les deux enfants
de Dieu furent heureux d'apprendre que ces
mots : « Jusqu'à ce qu'il
vienne » se rapportent évidemment
à la seconde venue de notre Seigneur. Saint
Paul lui-même vivait et prêchait la vie
triomphante, ce qui ne l'empêchait pas de
prendre part à la Sainte Cène.
« Nous participons tous à un
même pain », dit-il
(I Cor. 10, 17). Il ne faut jamais
désobéir à un seul
commandement de notre Seigneur.
Malgré cela, combien le Seigneur
est plein de grâce et de bonté !
Ces chers amis dont nous venons de parler
rayonnaient de joie et présentaient
« le fruit de l'esprit »
(Gal. 5, 22), quoiqu'ils n'eussent
pas obéi à Dieu. Mais ils agissaient
« par ignorance », non
« dans
l'incrédulité »
(I Tim. 1, 13) et le Seigneur dans sa
bonté les bénit et leur montra
à temps « le chemin par
excellence ».
(I Cor. 12, 31.)
La Trinité habitant en nous
Rappelons-nous que les trois personnes
de la Trinité habitent en nous. Christ a
dit : « Si quelqu'un m'aime, il
gardera ma parole, et mon Père
l'aimera ; nous viendrons à lui et nous
ferons demeure chez lui. »
(Jean 14, 23.) Nous savons que le
Saint-Esprit demeure en nous, « afin
qu'il demeure éternellement avec
vous »
(Jean 14, 16). C'est ainsi que Dieu
le Père, le Fils et Dieu le Saint-Esprit
peuvent nous « sanctifier
entièrement »
(I Thess. 5, 23) - l'esprit,
l'âme et le corps.
Nous croyons cependant que la victoire
est incompatible avec la
désobéissance vis-à-vis d'un
seul commandement de notre Seigneur. Quand il
dit : « Faites ceci », il
faut que nous obéissions. Si nous l'aimons,
nous observerons Ses commandements.
CHAPITRE XIII
AUTRES PÉRILS
Quelques autres périls qui menacent celui
qui aspire à la sainteté
En dehors des périls
déjà mentionnés, il y en a
d'autres sur le chemin vers la
sainteté.
Où bien des gens font erreur.
Ne vous croyez pas infaillible
Vous souriez peut-être en lisant
ce conseil. Mais ce danger est réel !
La joie dans la communion avec notre Seigneur est
si grande et la conscience que nous avons de Sa
puissance est souvent si forte qu'il y a danger
pour nous de supposer que nous savons toujours et
à n'importe quelle occasion quelle est la
volonté de Dieu et que nous avons toujours
raison.
J'eus l'occasion de vivre pendant
quelque temps avec quatre hommes de Dieu vraiment
consacrés qui, quant à la
sainteté, étaient tous plus
expérimentés que moi. L'un d'eux
avait reçu de Dieu des enseignements
particulièrement profonds et avait
l'habitude de passer de longues heures en
prière. Mais dans nos
délibérations il déclarait
toujours avec un calme inébranlable qu'il
avait la pensée du Christ
(I Cor. 2, 16), et que toute
proposition contraire à ses idées
était nécessairement fausse. Il dit
cela même quand, nous quatre, nous nous
sentions conduits par un autre chemin,
différent de celui qu'il avait
proposé. Il n'était pas rare que la
suite des événements prouvât
que nous avions raison et qu'il avait tort.
Je ne voudrais pas être mal
compris. Je ne parle pas ici d'un homme
obstiné dans ses idées, autoritaire,
opiniâtre et qui ne penserait qu'à
soi. Notre ami était un homme saint, humble,
parfaitement désintéressé, -
mais il était
« infaillible » et convaincu
d'être uniquement guidé par Dieu dans
tout ce qu'il proposait. Le meilleur d'entre nous
est souvent bien dur d'oreille au point de vue
spirituel, et c'est pourquoi nous ne saisissons pas
toujours ce que Dieu veut nous dire, tout comme un
homme sourd physiquement ne comprend pas tout ce
qui lui est dit par téléphone. Il
faut d'abord « faire la volonté de
Dieu » d'une façon parfaite, avant
de « connaître la
doctrine » d'une façon parfaite
(Jean 7, 17).
Avouons donc que nous sommes faillibles.
Nous pouvons nous tromper. Toutefois cela ne veut
pas dire que la majorité ait toujours
raison. Nous connaissons tous le récit des
dix hommes qui disaient : « Nous ne
pouvons pas monter contre ce peuple, car il est
plus fort que nous. » Mais deux hommes
s'opposaient à eux et pressaient le peuple
d'Israël : « Montons,
emparons-nous du pays, nous y serons
vainqueurs »
(Nombres 13, 30). Le peuple prit
parti pour les dix et des années de
misères et de rébellion
s'ensuivirent. En effet, les deux hommes
guidés par Dieu, avaient raison.
Le monde et ses exigences.
Ne négligez pas ce monde
Un fidèle homme de Dieu avait
chez ses voisins la réputation de vivre pour
« l'autre monde ». Mais tous
ceux qui le connaissaient, savaient qu'il cherchait
avec beaucoup de zèle à rendre
meilleurs le monde et ses habitants. Nous vivons
dans deux mondes à la fois et nous avons
envers l'un et l'autre des devoirs à
remplir.
« Croyez-vous », me
demanda un jour un père aux cheveux blancs
qui aimait le Seigneur, « que j'aurais
tort de jouer aux billes avec mon
petit-fils ? » - Quelle serait votre
réponse, lecteur ? Combien Satan
serait-il réjoui s'il réussissait
à persuader l'ensemble du peuple de Dieu
qu'il faut regarder tout plaisir comme un
péché ! - En tout cas, continuez
à jouer aux billes, - pourvu que vous ne
soyez pas tenté de tricher !
Nous n'avons pas seulement une vie
spirituelle, mais aussi une vie physique, et - bon
gré, mal gré - une très grande
partie de notre temps est remplie de choses qui
concernent notre corps. De plus, nous nous trouvons
unis à la société humaine par
de multiples liens. Dieu n'a jamais voulu que
l'homme vécût seul. Il a dit deux
choses au sujet du premier homme, Adam, dès
qu'il l'eut créé. D'abord, qu'il
était « très
bon », et ensuite qu'« il n'est
pas bon que l'homme soit seul. »
(Genèse, 2, 18.) Chaque homme
est. né dans une famille, chacun a ses
relations humaines qui constituent pour lui autant
de points de contact avec ceux qui l'entourent et
auxquels il est appelé à
témoigner un amour impartial. L'amour se
manifeste par des actes et nous devons être
humains aussi bien que
« divins ». Nous ne pouvons
montrer notre amour pour Dieu que par des actes
d'amour à l'égard de notre prochain.
Ébattons-nous donc avec les petits et jouons
avec les grands.
Heureux et
« humain »
Les gens qui vivent la vie triomphante
sont les plus heureux et les plus
« humains », débordant
de joie dans le Seigneur, d'innocente
gaîté et d'allégresse. Nous
sommes dans ce monde pour le rendre plus heureux!
« La joie de l'Éternel sera votre
force »
(Néh. 8, 10).
« Soyez toujours joyeux »
(I Thess. 5, 16). Cela veut
dire : commencez dès ici-bas sur cette
terre.
Une mère de famille sondait les
Écritures pour découvrir le secret
d'une vie sainte. Toute occupée à
cette recherche d'un secours spirituel, elle y
consacrait un temps si long qu'elle se trouvait
gênée par les devoirs de son
ménage ; elle les accomplissait
à la hâte, ou bien les
négligeait tout à fait. La vie douce
et paisible du foyer disparut. Un jour qu'elle
était plongée dans l'étude de
la Bible, sa fillette accourut avec une
poupée cassée :
« Maman, raccommode-la moi, s'il te
plaît. » - D'un geste impatient,
elle l'écarta : « J'ai bien
autre chose à faire », dit la
mère, « qu'à me
déranger pour ta
poupée ! » La petite s'en
alla toute triste et la mère reprit sa
recherche de la sainteté.
Mais cette recherche restait sans
résultat ; finalement elle ferma le
livre avec un soupir et chercha sa petite fille.
Elle la trouva couchée sur le tapis
près de la cheminée, serrant dans ses
bras sa poupée chérie, sa figure
mignonne encore toute mouillée de larmes. En
voyant cela, le coeur de la mère fut
touché. Dieu lui parla. Elle se pencha sur
son enfant, le réveillant par ses baisers.
Puis, le prenant dans ses bras, elle demanda pardon
à Dieu, en silence. Elle avait enfin compris
que la sainteté ne s'accordait pas avec des
devoirs négligés. Dorénavant
elle manifesta son amour pour le Seigneur, en
s'occupant avec soin de son ménage et en
réparant même les jouets
cassés ! Le bonheur revint au foyer. Sa
Bible désormais fut illuminée d'une
nouvelle clarté et le visage rayonnant de la
mère parlait de victoire.
Nous croyons que Jésus qui
observait le jeu des enfants, le travail des
pêcheurs et des agriculteurs, qui travaillait
lui-même, et trouva aussi le temps de
participer à une noce, désire que
nous nous intéressions d'une façon
réelle et active à tout ce qui
concerne la vie, la nôtre et celle de nos
amis. Il nous a donné la faculté de
nous réjouir et il tient à nous voir
profiter avec joie du don de la vie qu'il nous a
fait. Il nous a donné un corps physique qui
a besoin de nourriture, de travail, de mouvement et
de récréation. Le merveilleux domaine
de la nature, l'espace infini, la beauté
musicale, les couleurs du ciel, de la mer et des
paysages, tout cela, Il veut que nous en
jouissions. Dieu attend de ses enfants qu'ils
apportent des soins à leurs vêtements
et à leurs manières : en ces
choses aussi nous devons montrer que nous sommes de
vrais chrétiens. L'ordre du Roi exige une
exécution prompte, mais n'implique jamais
l'impolitesse ou le manque d'égards
vis-à-vis du prochain.
Lors d'un voyage aux Indes, j'eus
l'occasion de rencontrer un officier. Après
une vie dissolue il avait été
sauvé et converti et maintenant on le voyait
toujours plongé dans la Bible. Il
évitait toute espèce d'amusement,
même les jeux, pourtant innocents, sur le
pont du bateau. Un fils de ce cher officier
m'écrivait entre autres :
« Je suis si content de ce que vous ayez
rencontré mon père. Essayez donc de
le convertir à l'Église anglicane.
C'est sa religion qui le rend si
malheureux. » Il n'est pas
étonnant que ce jeune homme débordant
de vie ne se sentît pas à l'aise
auprès de son père et cherchât
à éviter la
« religion ». - La
« religion » de Dieu n'a jamais
rendu un homme malheureux, et le Seigneur
Jésus ne prend pas plaisir à la
tristesse ? N'a-t-il pas dit :
« Je vous ai dit ces choses, afin que ma
joie soit en vous, et que votre joie soit
parfaite »
(Jean 15, 11)
Ne vous fiez pas aux émotions
Il arrive souvent qu'un croyant qui
entre dans la vie de victoire vis-à-vis du
péché volontaire, ressent une joie,
une extase, un enthousiasme, un tressaillement si
intense qu'il a le sentiment d'être
porté sur des ailes. Mais ce n'est pas
toujours le cas et il ne faut pas croire que
l'absence d'émotions de ce genre soit une
preuve que le Christ n'est pas venu dans toute sa
plénitude.
Dieu veut que nous ayons confiance en
Lui et en Sa parole et que nous ne comptions pas
sur nos sentiments. Il voudrait nous
préserver du danger qui consiste à
examiner notre victoire ou Son habitation en nous
à l'aide d'idées
préconçues au sujet de la
manière dont Sa présence se
manifestera ou sera sentie par nous. Pensons moins
à la victoire, moins à la
bénédiction et davantage à
Celui qui bénit.
Citons la remarque de Spurgeon, remarque
très juste et qui est à sa place
ici : « Je regardais à
Jésus, et la colombe de la paix vint voler
dans mon coeur ; je regardais la colombe et
elle s'envola. » - N'examinez pas votre
victoire, ne la mettez pas à
l'épreuve. Gardez une simple et constante
confiance en Christ : Il ne saurait faillir.
Il vaut mieux, après tout, entrer dans la
vie triomphante par la simple foi, sans exaltation
ou enthousiasme. Car, lorsque l'émotion
disparaît et que la vie de tous les jours
recommence, ennuyeuse et banale, nous pourrions
être tentés de croire que la victoire
a disparu avec l'émotion. Acte, foi,
sentiment - voilà l'ordre normal.
Ne soyez pas surpris si d'autres ne se
rendent pas compte de votre victoire
Un seul homme a vécu une vie sans
péché. C'est Jésus-Christ.
Mais les chefs religieux de son temps
étaient tellement aveuglés qu'il ne
voyaient rien de la vie triomphante qui
était en Lui. Ils l'appelaient un
« buveur »
(Matth. 11, 19). « Nous
savons, » disaient-ils de Lui,
« que cet homme est un
pécheur »
(Jean, 9, 24). Ne nous
étonnons donc pas si les gens ne
reconnaissent pas la vie triomphante en nous. Il
faut que nous soyons très humbles et ne
cédions en aucune façon à la
dureté, à l'amertume, lorsque les
autres nous contrecarrent, nous combattent et
mettent en doute notre sincérité et
notre foi. Jamais la pensée :
« J'ai plus de sainteté que
toi ! » ne devra surgir en nous, ne
fût-ce que pour un moment, car aussitôt
notre victoire sera interrompue.
Nous pouvons être sûrs
d'être mal compris et nos plus grands
ennemis, nos plus violents contradicteurs ne se
trouveront pas dans le monde, mais dans
l'Eglise ! C'est de la part de ces
« fils du malin » dans
l'église qu'il faut attendre la plus grande
Opposition. Le Seigneur n'a pas appelé
« enfants de diable » les
incrédules en général, mais
seulement les incrédules
« religieux »
(Matth. 13, 25 ;
38 ;
23, 15 ;
Jean 8, 38-44). Cette pensée
est terrible, mais il faut la prononcer. Le
serviteur n'est pas plus grand que son maître
(Jean 13, 16). Le Christ a
été contredit par les gens
« religieux », nous le serons
de même.
Chaque opposition est pour nous une
occasion de manifester la vie de Christ en nous,
non par des paroles, mais par notre vie, et de
prouver que nous avons la victoire par notre
Seigneur Jésus-Christ Et même si
quelques-uns nous contredisent, nous critiquent et
nous condamnent, beaucoup de ceux qui nous
entourent, étant témoins de notre
victoire par Jésus-Christ, en
éprouveront une grande joie ; car ils
verront la puissance de Dieu capable de renverser
des forteresses.
Le moment de la victoire : Aujourd'hui
- non demain
Rappelons à nos lecteurs un fait
très simple et pourtant si souvent
oublié : le seul moment où vous
pouvez vivre la vie triomphante est le moment
présent. La seule manière de
posséder la victoire par Christ consiste
à la saisir maintenant, en ce moment
même. Elle ne se limite pas aux cas de besoin
urgent. Tant d'âmes attendent dans l'avenir
des occasions pour manifester le Christ habitant en
elles. Elles attendent une réunion de
prières, une Convention ou une conversation
avec des personnes qui partagent leur foi.
Dieu est lumière tout autant
qu'Il est amour et notre Seigneur a dit :
« Laissez luire votre
lumière »
(Matth. 5, 16), non pas :
attendez des occasions de la faire luire. Qu'elle
luise toujours et partout.
Quand vous vous levez le matin et que
vous dites joyeusement à Dieu et à
vous-même : « Pour moi, vivre
c'est Christ »
(Phil. 1, 21), prenez la
résolution de manifester quelque chose de la
gloire du Christ à l'égard de tous
ceux à qui vous aurez à faire.
Veillez sur vous-mêmes. Montrez à
votre entourage la lumière - la victoire.
Faites voir à vos collègues au bureau
ou à l'atelier, à la fabrique ou
à l'école que le Christ habite dans
votre coeur. Pourquoi le commerçant, le
facteur, le conducteur du tramway ne devraient-ils
pas connaître votre secret ? Soyez des
lettres de Christ, « connues et lues par
tous les hommes »
(II Cor. 3, 2).
Un de mes amis - homme cultivé
que la boisson avait littéralement fait
rouler dans le ruisseau de la rue - fut converti
à l'occasion d'une
évangélisation pour vagabonds. Le
lendemain il monta dans un tramway. Le conducteur
le dévisagea avec étonnement, car ses
habits trahissaient le mendiant, tandis que son
visage reflétait le ciel. « Eh
bien ! camarade, » fit-il,
« à vous voir on dirait que
quelqu'un est mort et vous a laissé une
fortune. » - « C'est bien
cela, » fut là prompte
réplique, « Jésus-Christ
est mort pour moi et m'a donné Sa richesse
et Sa gloire. » - « Alors Il
pourrait bien vous donner d'autres
habits », railla l'autre. Et il l'a
fait !
Des étrangers même ne
devraient-ils pas être attirés par
notre joie ?
En communion avec Christ
N'attendez pas l'avenir. C'est
maintenant que vous devez remporter la victoire.
Vivez en communion avec Christ de telle
façon qu'Il puisse toujours manifester sa
gloire à travers vous. « À
moi... cette grâce a été
accordée d'annoncer aux païens les
richesses incompréhensibles de Christ et de
mettre en lumière quelle est la dispensation
du mystère caché de tout temps en
Dieu qui a créé toutes choses, afin
qu'aujourd'hui soit manifestée par l'Eglise
- c'est-à-dire par vous et moi - la sagesse
infiniment variée de Dieu ».
(Eph. 3, 8-10).
Oui, de même que Son merveilleux
amour et Sa gloire ineffable !
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