Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LA VIE TRIOMPHANTE





CHAPITRE XI

POINT DE PERFECTION ABSOLUE

Comment le diable se sert du mirage de la « perfection absolue », pour empêcher bien des âmes sincères de rechercher la vie de sainteté

Avons-nous bien saisi le fait que la vie triomphante est un don de Dieu ? Nous pouvons nous la représenter comme étant « la plénitude du Saint-Esprit » ou l'habitation de Jésus dans nos coeurs. Pour moi personnellement, ce fait de l'habitation de Christ en moi et la conscience que j'ai de ce fait, constituent le plus précieux secours.

« Il prendra de ce qui est à moi et vous l'annoncera » (Jean 16, 14), c'est la principale oeuvre du Saint-Esprit.

Comment reçoit-on un don ?

De quelque manière que nous la considérions, la vie triomphante est un don. « Si donc, méchants, comme vous l'êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le Lui demandent » (Luc. 11, 13). - « Si tu connaissais le don de Dieu », dit Jésus à une femme pécheresse, « et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire ! tu lui aurais toi-même demandé à boire, et il t'aurait donné de l'eau vive » (Jean 4, 10).

Que faut-il maintenant que je fasse pour obtenir un don ? Tout simplement le prendre. Si, à ma demande, un don m'est offert, cela plairait-il au donateur, qu'au lieu de le prendre, je passe des semaines, des mois ou même des années à mendier, à prier et à gémir pour l'obtenir ? Des parents seraient-ils contents de voir leurs enfants passer la nuit entière à demander avec angoisse le cadeau de Noël qu'ils leur ont promis ? Si les enfants le faisaient, leur angoisse serait absolument indépendante du fait qu'ils recevront un don. On pourrait en effet s'imaginer que le père désolé dirait à ses enfants : Si vous ne cessez pas d'insister et n'allez pas vous coucher et me faites confiance, vous ne recevrez rien du tout.

Jésus-Christ est le grand don de Noël. « Grâces soient rendues à Dieu pour son don ineffable ! » (II Cor. 9, 15). Ce don est à nous. Quelqu'un a dit : « Notre Seigneur veut que notre vie terrestre soit un jour de Noël, où Il nous fait don de Lui-même, comme étant notre victoire. » - Nous n'avons pas besoin de lutter, de gémir, de peiner. Du moment que nous sommes entièrement soumis à Dieu, nous n'avons qu'à « recevoir », qu'à « prendre » le don de Christ lui-même.

Mais Jésus n'a-t-il pas dit à ses disciples de rester dans la ville de Jérusalem, jusqu'à ce qu'ils soient revêtus de la « puissance d'en haut » ? (Luc. 24, 49). Oui, de même il a dit d'attendre ce que le Père avait promis (Actes 1, 4). Mais c'était avant la Pentecôte.

Nous n'avons qu'à accepter

Nous n'entendons jamais les disciples dire aux croyants, après la Pentecôte, d'« attendre » ce don. Par contre nous lisons dans le 10e chapitre des Actes que le don du Saint-Esprit « descendait sur tous ceux qui écoutaient la Parole » (verset 44), pendant que saint Pierre parlait encore aux gens de la maison de Corneille et quoique aucun d'entre eux ne fût encore baptisé. Ainsi donc le -Saint-Esprit était donné aux païens, dès qu'ils croyaient en Christ. De même il n'est pas nécessaire qu'aujourd'hui nous attendions. Si nous remplissons les conditions, nous avons droit au don.

Les premiers disciples n'ont pas su apprécier d'abord la valeur et la nécessité de ce don. Le Seigneur semble avoir dit à plus de 500 frères de rester à Jérusalem, jusqu'à ce qu'ils fussent revêtus de la Puissance d'en haut (I Cor. 15, 6). Cependant 120 seulement obéirent à cet ordre et par conséquent 120 seulement reçurent ce don le jour de la Pentecôte - ce don destiné à tous (Actes 1, 15 et 2, 1, 4). Il importe que nous comprenions bien cela aujourd'hui. Le Seigneur désire ardemment accorder à tout croyant la plénitude du Saint-Esprit. II veut habiter par la foi notre coeur tout entier. Mais Il ne peut nous remplir de Lui-même que lorsque nous lui avons soumis toute notre volonté et livré nos corps aussi bien que nos âmes.

C'est ce que Saint Paul veut dire en priant pour les Éphésiens : « Il vous donne d'être puissamment fortifiés par Son Esprit dans l'homme intérieur » (Eph. 3, 16). « ... que vous soyez remplis jusqu'à toute la plénitude de Dieu » (Eph. 3, 19). « ... jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus... à la mesure de la stature parfaite de Christ (Eph. 4, 13) ... à la plénitude de Celui qui remplit tout en tous » (Eph. 1, 23).

Christ dans sa plénitude

C'est si merveilleux qu'Il soit prêt à venir en nous, mais c'est une chose glorieuse qu'Il soit prêt à se charger de la responsabilité dans notre vie, car Lui ne fera jamais de fautes et ne subira jamais d'échecs. Il semble inconcevable qu'un chrétien puisse refuser un don pareil. Nous insistons à nouveau auprès de vous : Recevez-le dans Sa plénitude par la foi. N'attendez pas un tressaillement ou même une extase. Peut-être sentirez-vous quelque chose de semblable, peut-être ne sera-ce pas le cas. Comptez sur la Parole du Christ et croyez qu'Il est venu dans votre coeur pour être votre vie. Et ensuite fiez-vous à Lui : Il « pourvoira à tous vos besoins » (Phil. 4, 19).
« Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui » (Apo. 3, 20).

Sachez que Christ est déjà dans le coeur de tout croyant, même de Celui qui ne le suit qu'à distance. Mais dans bien des cas il ne remplit pas le coeur tout entier. Il ne le possède qu'en partie, il ne le domine pas complètement. Il y a des recoins du coeur qui sont fermés pour lui, et non seulement fermés, mais habités par un effracteur qui guette le moment d'envahir d'autres compartiments du coeur. « Si quelqu'un... ouvre la porte... »

Tu attends, ô Jésus,
Devant la porte close, Malgré le long refus
Que notre âme t'oppose.
Quelle honte pour ceux
Qui se disent chrétiens
Et qui ne font pas mieux
Accueil à Toi qui viens.

Chez la grande majorité des croyants cela est vrai quant à une partie de leur coeur. Mais ce n'est pas seulement une honte ; c'est une parfaite folie. Car nous savons qu'il ne demande à trouver accès dans notre coeur tout entier que pour y apporter la plus riche bénédiction.

Saint Paul avertit les chrétiens de Rome : « Donnez-vous vous-mêmes à Dieu... » (Rom. 6, 13). Lui-même l'avait fait ; il avait entendu Sa voix, non à travers une porte fermée : paroles ineffables. Sentant une joie inexprimable et pleine de gloire, dans la plénitude de son coeur, il s'écrie : « Grâces soient rendues à Dieu pour son don ineffable » (II Cor. 9, 15).

Tentations et échecs

Est-il possible de perdre la vie triomphante ? Voilà une question qui se pose souvent. En effet, c'est possible. La tentation viendra sûrement et un échec peut en résulter. Un chrétien occupant une place proéminente au point de vue spirituel me dit récemment qu'il avait parfois perdu pendant un certain temps la victoire. « Mais », dit-il, « quand j'ai manqué c'était toujours parce que je me suis tourmenté. » Cette défaite n'est pas inévitable. Nous avons un Sauveur parfait. Si, en regardant en arrière, nous pensons à telle interruption de merveilleuse communion avec le Christ, nous devrons toujours confesser que nous aurions pu l'éviter.

Perfection absolue

Il y a beaucoup d'âmes saintes qui déclarent ouvertement qu'elles ne pèchent jamais. Elles prétendent posséder la perfection absolue, en s'en rapportant à Saint-Jean : « Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche point ; mais celui qui est né de Dieu se garde lui-même, et le malin ne le touche pas » (I Jean 5, 18). « Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché, parce que la semence de Dieu » (Jésus-Christ) demeure en lui ; et il ne peut pécher parce qu'Il est né de Dieu » (I Jean 3, 9).

Cependant ces déclarations de l'apôtre ne se rapportent pas à un péché isolé, mais à un péché habituel. Le temps du verbe en grec n'implique pas que celui qui est né de Dieu ne puisse pas commettre d'action mauvaise définie, mais qu'il ne peut pas pécher d'une façon continuelle ; il ne peut pas faire du péché une habitude, un état qui dure. Saint Jean parle ici de péchés conscients et volontaires et non de péchés qui sont la suite de notre faiblesse ou de notre inaptitude à réaliser la gloire de Dieu.

Tendance ou possibilité

Tout homme peut pécher. Tout homme peut mentir. Mais nous savons ce que nous voulons dire en déclarant qu'un honnête homme ne saurait mentir. Nous n'accuserons pas Georges Washington de manquer de véracité quand il dit : « Je ne peux pas dire de mensonge. »

Tout péché est contraire à la nature d'un homme de bien. Nous disons par exemple que le bois ne peut couler à fond. En effet, le bois a la tendance de flotter. Cependant il peut descendre sous l'eau : la main d'un enfant peut le submerger. Si l'enfant le lâche, il remonte à la surface. Quand un homme vit la vie triomphante, une vie conservée et réellement vécue pour lui par le Christ qui habite en lui, il n'a plus aucune tendance au péché. Il désire toujours faire ce qui plaît à Dieu. Mais la terrible possibilité du péché existe toujours pour lui. Il peut être absorbé par le monde et ouvrir la porte à la tentation ; la main de Satan peut le tirer en bas. Aussi longtemps qu'un homme est réellement soumis à Christ et en pleine communion avec lui, il ne peut pécher. Mais une vie pareille est un triomphe constant grâce à une foi constante. Il peut à tout moment diminuer partiellement sa soumission ou interrompre la communion.

Un wagon de chemin de fer attaché à une locomotive en mouvement ne peut s'arrêter. Mais à tout moment l'accouplement peut se rompre, ce qui provoquera l'arrêt. Nous répétons cependant que personne n'est obligé de commettre un péché conscient et volontaire. « Il a la puissance de garder mon dépôt » (II Tim. 1, 12). « Il peut vous préserver de toute chute » (Jude 24). Ces deux paroles sont vraies - Dieu soit loué !

Entre les mains du Père

Notre Seigneur lui-même dit de ceux qui le suivent : « Personne ne les ravira de ma main... et personne ne peut les ravir de la main de mon père » (Jean 10, 28 et 29). Il est évident que notre Sauveur a pris toutes les précautions pour nous préserver de nous échapper nous-mêmes de sa main. Pour rester victorieux, il faut que nous ayons les regards sur « Jésus, le chef et le consommateur de notre foi » (Hébreux 12, 2). Mais grâces à Dieu, ce ne sont pas nos regards fixés sur Jésus qui nous donnent la victoire, mais Ses regards fixés sur nous. Saint-Pierre put voir le Seigneur outragé et maltraité et, en le regardant, prononcer des imprécations et jurer qu'il ne le connaissait pas. Mais lorsque le Seigneur se retourna et regarda Pierre, il ne put plus le renier. Ce n'est pas notre foi, c'est Sa fidélité qui nous préserve.

Le Christ demeurant en nous est bien supérieur à tout ce qui peut nous arriver. Aussi longtemps que nous avons pleine confiance en lui et que nous obéissons à ses moindres ordres, nous avancerons victorieux. Pourquoi un homme commettrait-il un péché volontaire ? Et pourquoi alors sommes-nous surpris quand un chrétien réellement sanctifié nous dit qu'il ne pèche jamais sciemment ?

La cause de l'échec

La raison pour laquelle même un chrétien pleinement consacré est parfois pris en flagrant délit de péché est que la plupart des croyants ne sont pas entièrement soumis à la volonté de Dieu : ils ne font pas grand cas de certains péchés tels que l'orgueil, la colère, l'irritabilité, la jalousie, l'impatience, l'amour de soi-même, le manque de véracité et autres péchés semblables. C'est ainsi que, même un homme vivant la vie triomphante, peut tomber dans un de ces péchés ; il y a tant de ses frères chrétiens qui en font de même sans rougir. Et s'il tombe dans ces péchés, les autres n'en seront guère surpris. D'ailleurs, seul un chrétien pleinement sanctifié pourra reprendre un tel homme ; un autre entendrait la réponse : « Médecin, guéris-toi toi-même » (Luc. 4, 23) ou bien l'allusion à la « paille » et à la « poutre ». Seul un homme « spirituel » sera capable de lui venir en aide. Saint Paul le dit bien : « Si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur » (Gal. 6, 1). Combien il est facile de vivre la vie triomphante au milieu d'hommes et de femmes sanctifiés ! Oh ! que n'y en a-t-il pas davantage !

Pourquoi sommes-nous surpris si quelqu'un dit qu'il a atteint un état de perfection absolue ? Parce que généralement tout le monde, sauf lui-même, reconnaît parfaitement qu'il n'a pas atteint cet idéal. - Un homme pieux parlait dernièrement sur ce point à table, en société, et prétendait avoir atteint la perfection absolue. Un des convives, très calmement, fit la remarque suivante - soit en toute sincérité, soit pour le mettre à l'épreuve : « Pardonnez-moi de vous le dire : il m'a semblé vous voir manger un peu goulûment ! » - « Jamais de ma vie », répondit l'autre vivement, « je n'ai été accusé de voracité, et je ne vous permets pas non plus de le faire ! » - La chaleur de cette réplique fit sourire tous ceux qui avaient écouté la conversation : pratique et profession de foi étaient si peu d'accord.

Cette petite histoire prouve l'exactitude de ce qui a été dit plus haut : le chrétien « absolument parfait » est parfois irritable et furieux, et lorsqu'il est surpris en quelque faute, le chrétien moyen s'en trouve à la fois réjoui et amusé.

Péchés ou « faiblesses »

J'ai eu le privilège de me rencontrer avec des croyants qui prétendaient posséder la perfection absolue ; j'ai pris les repas avec l'un d'eux pendant une semaine et je dois avouer franchement que je n'ai pu constater extérieurement aucune trace de péché chez lui. Mais ce cher enfant de Dieu me reprochait avec douceur de ne pas prêcher la perfection absolue, ce qui amena un long entretien à ce sujet. Mon critique déclara que le Seigneur Jésus l'avait complètement délivré de son tempérament violent, mais il m'avoua aussi qu'il lui arrivait encore parfois d'être impatient, irritable et contrariant. « Ces choses cependant », dit-il, « je les regarde comme des faiblesses et non comme des péchés. » Mon expérience m'a montré que, lorsque les gens qui professent la « perfection absolue » sont pressés de questions sur ce sujet, ils appellent « faiblesses » de « petites » choses qui pour nous sont des péchés. Frères, apportez vos faiblesses au Christ et laissez « la puissance de Christ reposer sur vous » (II Cor. 12, 9).

Hélas ! les chrétiens qui se vantent de la perfection absolue, font souvent un grand tort à la cause du Christ, parce qu'ils admettent dans leur vie des choses qui démentent leur profession de foi. L'un d'entre eux vint chez un de mes amis pour le consulter au sujet d'une affaire commerciale. Il s'agissait d'une entreprise qui touchait de si près à la tromperie que mon ami lui dit avec surprise : « Comment un acte pareil s'accorde-t-il avec la perfection absolue que vous professez ? » - « Oh ! » fut la réponse impatiente, « les affaires sont les affaires ». - « Mais moi », répondit mon ami, « je ne veux rien avoir à faire avec ce genre d'affaire. »

Nous nous sommes arrêtés longuement sur ce point parce que le diable se sert de cette fausse idée de perfection absolue, pour détourner beaucoup d'âmes sincères de la recherche d'une vie de sainteté. Notre point de vue est le suivant : Tant qu'un croyant complètement livré au Seigneur Jésus, se confie tout simplement en Lui et croit qu'il le garde et qu'Il triomphe pour lui de toute tentation, il n'est pas obligé de commettre un péché volontaire. Nous avons par conséquent le droit et le privilège de prier chaque matin : « Accorde-nous de ne tomber dans aucun péché aujourd'hui. » - « Permets, ô Seigneur, que nous traversions cette journée sans aucune chute. » Oui, Christ peut nous préserver de toute chute (Jude 24). Et il nous garde aussi longtemps que nous avons la confiance en Lui qu'Il le fera.

Néanmoins nous pouvons tomber dans le péché à tout instant. C'est une victoire qui doit être renouvelée toujours à nouveau. Beaucoup de nos lecteurs confesseront volontiers qu'ils ont fait l'expérience de cette liberté vis-à-vis du péché pendant cinq minutes, dix minutes, une heure ou plus longtemps encore. Mais nous sommes, hélas ! tous obligés d'avouer que par moments, nous nourrissons volontairement une mauvaise pensée et que, parfois même, nous commettons sciemment un acte condamnable, étant vaincus par quelque tentation subite. En y réfléchissant, nous sommes forcés de conclure que nous aurions pu éviter le péché. Nous nous rendons compte en outre que la plupart du temps d'autres croyants, par des actions ou des paroles indignes d'un chrétien, ont été la cause de nos chutes. Plus souvent elles sont dues au bas niveau de vie spirituelle chez nos frères chrétiens qu'à l'opposition de la part du monde.

Ne nous condamnez pas, mais saisissez la victoire pour vous-mêmes et haussez ainsi le niveau du christianisme autour de vous. Saisissez la victoire pour vous-mêmes et démontrez-nous par un exemple pratique quelle vie glorieuse est le partage de celui qui appartient entièrement à Christ.

 




CHAPITRE XII

LES PÉRILS DE CETTE VIE

Certains périls qui guettent la vie de sainteté ; comment il faut leur résister et les vaincre

La vie triomphante n'est pas obtenue une fois pour toutes ; ce n'est pas un sommet dont, une fois que nous l'avons atteint, rien ne peut nous déloger. C'est une victoire que nous nous assurons à chaque instant par une foi renouvelée à chaque instant. Aussi longtemps - et à cette condition seulement - que le croyant met toute sa confiance en Christ, il possède la victoire constante. Dès que cette foi simple se perd, la victoire sur le péché est interrompue. C'est, semble-t-il., pour cette raison que le Seigneur résume la notion du péché dans le seul mot de « incrédulité ». « Quand il (le Saint-Esprit) sera venu, il convaincra le monde de péché... de péché parce qu'ils ne croient pas en moi » (Jean 16, 8 et 9). Et c'est pourquoi Saint Jean dit : « La victoire qui triomphe du monde, c'est notre foi » (I Jean, 5, 4).

Puisque donc il ne s'agit pas de victoire remportée une fois pour toutes, il est évident que cette vie est menacée de périls et qu'il nous faut être constamment sur nos gardes. Il faut que toujours la paix de Dieu garde nos coeurs. - Quels sont maintenant quelques-uns des dangers auxquels la vie de sainteté est exposée ? - Être prévenu, c'est être armé. Connaissant les dangers, nous pouvons les regarder bien en face, sans avoir peur. « Dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés » (Rom. 8, 37).

Il y a en premier lieu :

Nos propres efforts

Dans le premier élan de joie que nous ressentons lorsque la possibilité d'une vie s'ouvre devant nous, nous avons une tendance à faire des efforts continuels et conscients pour ne pas lâcher ce que nous possédons. Il nous semble que, si nous ne concentrons pas assidûment toutes nos pensées sur l'habitation de Christ en nous, nous la perdrons. Peut-être cela vient-il de ce que nous considérons la vie triomphante comme une bénédiction, un bien que nous pouvons perdre. Satan essaie toujours de nous amener à la regarder de cette manière. - Non, c'est une personne, et non pas une chose ! C'est le Seigneur Jésus lui-même : Il ne vient pas à nous pour que nous Le possédions, mais bien plutôt pour qu'Il nous possède. Il ne peut pas s'échapper de nos mains. Il nous tient. Il a promis : « Je ne te délaisserai point, et je ne t'abandonnerai point » (Hébreux 13, 5). C'est pourquoi je parle davantage du Christ habitant en nous, et moins de la plénitude de l'Esprit.

À Jésus je m'abandonne ;
Ce qu'il me dit, je le crois,
Et je prends ce qu'il me donne,
La couronne avec la croix.
 
Que si l'ennemi se montre,
Mon coeur n'est point troublé ;
Avec Christ, à sa rencontre,
Je puis aller sans trembler.
 
Qu'on m'approuve ou qu'on me blâme,
Et demain comme aujourd'hui,
Je ne veux, quoi qu'on réclame,
Jamais compter que sur lui.
 
Compter sur lui d'heure en heure,
Tant que dure le combat ;
Que l'on vive ou que l'on meure,
Compter sur lui : tout est là.

Il nous tient, ce n'est pas nous qui le tenons. Il faut bien entendu que le Seigneur Jésus soit le centre de nos pensées. Mais regarder à Jésus dans la foi et l'amour ne signifie pas faire un effort constant pour le retenir, comme on retient un hôte bienvenu. Ce n'est pas avec un effort de nos yeux, mais dans une contemplation calme que nous portons sur lui le regard de la foi.

En lieu sûr

« Demeurez en moi », dit notre Seigneur (Jean 15, 4). Demeurer paisiblement en lui, voilà ce qui nous donne la victoire. À toute alarme, à toute approche de la tentation, cachez-vous en lui, le « roc des âges » (Esaïe 26, 4), comme le lapin se met à l'abri de tout danger dans le rocher qui le cache. « Laissez-vous instruire par les lis des champs. Voyez comment ils croissent », sans aucun effort, sans lutter ou peiner. Ils restent plongés pour ainsi dire dans les rayons du soleil et en boivent la vie. « Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie ? » (Matth. 6, 27 et 28).

Ce n'est pas notre foi, mais Sa fidélité qui est le fondement de la vie triomphante. « Confie-toi en l'Éternel", et ensuite : « pratique le bien ; aie le pays pour demeure et la fidélité pour pâture » (Ps. 37, 3)

Nous dirons en passant que même dans notre lutte avec le mal qui nous environne, nous devons nous confier entièrement en Lui et non dans nos propres efforts. Combien le Seigneur a-t-il insisté sur ce point en donnant ses instructions : « Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. » Et qu'ajoute-t-il ? « Soyez armés jusqu'aux dents ? » Jamais. « Soyez donc... simples comme les colombes » (Matth. 10, 16). Pourquoi cela ? Parce que c'est Lui qui est notre défense et notre bouclier.

La tentation reste

La vie triomphante n'est pas une vie sans tentation. Un seul homme a vécu une vie de triomphe ininterrompu, c'était notre Sauveur lui-même. « Il fut tenté comme nous en toutes choses, mais sans péché » (Hébr. 4, 15). Les anges qui étaient sans péché furent tentés et plusieurs tombèrent. Adam et Eve furent tentés dans leur état d'innocence et ils succombèrent également. Ne soyons donc pas surpris, si le diable nous tente. Il fera tout son possible pour nous faire tomber, car la vie triomphante est la seule qui compte véritablement. Tout enfant de Dieu connaîtra des tentations : mais nous pouvons les regarder comme « un sujet de parfaite joie » (Jacques 1, 2), car il nous est dit « que le bouclier de la foi peut éteindre tous les traits enflammés du malin » (Eph. 6, 16).

Une attitude de foi constante.

Si nous succombons

La possibilité de pécher existe toujours, mais des précautions ont été prises en vue de cela. « Si c'est le sacrificateur, ayant reçu l'onction qui a péché... » (Lév. 4, 3) - « cela ne prouve-t-il pas que le péché est inévitable ? » demanda quelqu'un. Certainement pas. En mer chaque bateau est pourvu d'un certain nombre de canots de sauvetage pour le cas d'un naufrage ou d'une collision. Cela ne veut pas dire que le capitaine aie l'intention de faire sombrer son bateau ou bien que tout vaisseau doive nécessairement faire naufrage.
Le péché est donc possible tant pour le prêtre que pour le peuple.

La vie triomphante s'obtient par un acte de foi et elle n'est maintenue que par une attitude de foi constante. Supposons que, momentanément, nous tombions dans un péché. Qu'est-ce qui s'ensuivra ? Satan essayera immédiatement d'exploiter sa victoire, en s'efforçant de nous persuader qu'une. chose telle que la vie triomphante n'existe pas du tout ; ou bien, si elle existe, que nous ne l'avons jamais possédée ; ou encore, si elle a été nôtre, qu'elle a disparu pour toujours : nous l'avons perdue. Nos frères chrétiens, d'autre part, qui n'ont jamais reconnu le seul chemin qui mène à la victoire, confirmeront volontiers ces assertions et mêmes des chrétiens dévoués et fidèles nous assureront que cet enseignement est une dangereuse hérésie.

Ne les écoutez pas, ni eux, ni Satan. Nous avons vu que la Bible contient une foule d'enseignements au sujet de la vie triomphante. Cette « dangereuse hérésie » est annoncée par le Christ Lui-même et proclamée sans cesse dans les épîtres de Saint Paul et de Saint Jean.

Rappelez-vous que Dieu nous donna la vie triomphante après bien des chutes. Nous la reprendrait-il pour toujours à cause d'une seule chute ? Certes, non.

Les suggestions de Satan

Si Satan ne réussit pas à nous dissuader de recommencer la vie triomphante, du moins essayera-t-il d'en retarder le rétablissement. Il nous suggérera qu'après une pareille chute nous n'avons qu'à en rester là pendant quelques temps ; qu'il vous faudra bien du temps pour revenir à la vie triomphante ; que ce sera une montée ardue, par un chemin pénible et humiliant. Que lui répondrons-nous ?

Nous avons montré d'une façon concluante que ni nos peines, ni nos luttes ne nous procureront jamais la victoire au début. Il est évident alors que notre rétablissement ne sera pas non plus le fruit de nos efforts et de nos luttes. Si nous tombons dans un péché, notre Sauveur désire que nous nous tournions vers Lui, immédiatement, pour recevoir le pardon, pleins de foi. Nous trouvons le pardon instantané et le rétablissement instantané même du temps de l'Ancienne Alliance. « J'ai péché contre l'Éternel ! » dit le roi pénitent. Et aussitôt le prophète de répondre : « L'Éternel pardonne ton péché » (II Sam. 12, 13).

« Si nous confessons nos péchés, Il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité » (I Jean 1, 9). Notre chute ne diminue pas la puissance du Christ. « Il est toujours à même de vous garder. » Votre défaite ne change rien en Lui. Il ne veut point vous abandonner. Et dès que nous avons reçu le pardon, détournons nos pensées de ce péché et tâchons de ne plus jamais y songer. « Je ne fais qu'une chose », dit Saint Paul, « oubliant ce qui est en arrière... (les péchés également), je cours... vers le but. » (Phil. 3, 13.)

Un obstacle à la sainteté

Ce n'est pas diminuer le péché ou en faire trop peu de cas. Personne n'a plus horreur du péché que celui qui vit la vie triomphante. Cela ne signifie pas non plus : se complaire à ses défaites.

Cependant nous sommes fermement convaincus que le souvenir du péché passé est l'un des plus grands obstacles au service de la sainteté dans le présent. Ces souvenirs affaiblissent notre confiance, paralysent notre ministère et nous rappellent « la jouissance du péché » (Hébr. 11, 25). Il en résulte un témoignage sans force, un travail stérile et de nouvelles défaites. D'ailleurs, le remords, l'angoisse, la condamnation de soi-même ne sauraient en aucune façon guérir la plaie. Le sang expiatoire du Christ est suffisant. Il l'est à tel point qu'après l'effusion du Saint-Esprit à la Pentecôte, il n'est dit nulle part aux croyants de prier pour le pardon de leurs péchés. Il leur est ordonné simplement de les confesser à Dieu ; c'est cela qui leur assure le pardon. La raison en est claire. Quand le Saint-Esprit demeure dans nos coeurs, nous avons horreur du péché et notre confession est toujours accompagnée du désir d'être pardonné.

Ne vous fiez pas à vous-même

« Cette vérité de l'habitation du Christ en nous ou plutôt : la conscience de Sa présence vous donne une confiance tellement merveilleuse que vous risquez de devenir trop confiants. » Voilà ce que me dit un homme de Dieu éprouvé. Nous comprenons ce qu'il entendait par là. Mais nous ne saurions être trop confiants ! L'idée de cet homme de Dieu était celle-ci : Le souvenir de la victoire du passé risque de nous inspirer une fausse sécurité pour le présent. Nous pouvons jouir - et c'est ce que le Christ désire pour nous - d'une victoire ininterrompue pendant un temps très long. Mais plus cette période de victoire est longue, plus nous inclinons à nous sentir nous-mêmes sûrs et forts. Saint Paul se rendait très bien compte de ce danger : « Que celui qui croit être debout, prenne garde de tomber ! » (I Cor. 10, 12). II faut nous mettre bien dans l'esprit que notre faiblesse n'est jamais transformée en force. « Ce n'est pas à dire que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir quelque chose comme venant de nous-mêmes. Notre capacité, au contraire, vient de Dieu » (II Cor. 3, 5), et uniquement de Lui. « C'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire » (Phil. 2, 13).

C. G. Trumbull écrit à ce sujet dans son livre sur les dangers de la vie triomphante : « Christ et Christ seul est notre victoire. Dix années de « record » ininterrompu (de notre part) n'ajoutent pas la moindre particule à la puissance de notre Seigneur Jésus ; l'efficacité de sa grâce ne s'en trouve pas augmentée, car elle est infinie. Ce n'est pas notre persévérance, mais la grâce de notre Seigneur qui nous garantit la victoire continuelle. La certitude de notre victoire n'est augmentée en rien par la réalisation constante de la victoire. »

La nécessité de l'obéissance

D'autre part, le pouvoir de Satan n'est pas affaibli par notre victoire prolongée. Il est toujours également puissant, actif et méchant ; et il n'attend que le moment favorable. Son moment est venu dès que nous cédons à la présomption ou à l'orgueil spirituel en nous.

Ne désobéissez pas au commandement du Seigneur

Un couple rayonnant de bonheur demanda à me parler à la suite d'une conférence sur l'habitation de Christ en nous. « Nous avons fait l'expérience », dit le mari, « de la vérité de la vie triomphante depuis bien des mois et cela a complètement changé nos vies. Pendant tout ce temps nous sommes restés loin de la Table du Seigneur. Nous ne participons jamais à la communion. Mais avons-nous le droit d'agir ainsi ? » - « Pour quelle raison vous abstenez-vous ? » demandai-je. - « Saint Paul dit pourtant que nous n'avons plus besoin de la Sainte communion, une fois que le Christ est venu habiter dans nos coeurs », telle fut la réponse singulière. Très curieux, je leur demandai quel passage de la Bible contenait un tel commandement. Et voici la réponse : « Saint Paul dit : « Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. » (I Cor. 11, 26.) Or, il est venu maintenant habiter dans nos coeurs et c'est pour cela que nous avons renoncé à la Sainte Cène. » - Les deux enfants de Dieu furent heureux d'apprendre que ces mots : « Jusqu'à ce qu'il vienne » se rapportent évidemment à la seconde venue de notre Seigneur. Saint Paul lui-même vivait et prêchait la vie triomphante, ce qui ne l'empêchait pas de prendre part à la Sainte Cène. « Nous participons tous à un même pain », dit-il (I Cor. 10, 17). Il ne faut jamais désobéir à un seul commandement de notre Seigneur.

Malgré cela, combien le Seigneur est plein de grâce et de bonté ! Ces chers amis dont nous venons de parler rayonnaient de joie et présentaient « le fruit de l'esprit » (Gal. 5, 22), quoiqu'ils n'eussent pas obéi à Dieu. Mais ils agissaient « par ignorance », non « dans l'incrédulité » (I Tim. 1, 13) et le Seigneur dans sa bonté les bénit et leur montra à temps « le chemin par excellence ». (I Cor. 12, 31.)

La Trinité habitant en nous

Rappelons-nous que les trois personnes de la Trinité habitent en nous. Christ a dit : « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons demeure chez lui. » (Jean 14, 23.) Nous savons que le Saint-Esprit demeure en nous, « afin qu'il demeure éternellement avec vous » (Jean 14, 16). C'est ainsi que Dieu le Père, le Fils et Dieu le Saint-Esprit peuvent nous « sanctifier entièrement » (I Thess. 5, 23) - l'esprit, l'âme et le corps.

Nous croyons cependant que la victoire est incompatible avec la désobéissance vis-à-vis d'un seul commandement de notre Seigneur. Quand il dit : « Faites ceci », il faut que nous obéissions. Si nous l'aimons, nous observerons Ses commandements.

 




CHAPITRE XIII

AUTRES PÉRILS

Quelques autres périls qui menacent celui qui aspire à la sainteté
En dehors des périls déjà mentionnés, il y en a d'autres sur le chemin vers la sainteté.

Où bien des gens font erreur.

Ne vous croyez pas infaillible

Vous souriez peut-être en lisant ce conseil. Mais ce danger est réel ! La joie dans la communion avec notre Seigneur est si grande et la conscience que nous avons de Sa puissance est souvent si forte qu'il y a danger pour nous de supposer que nous savons toujours et à n'importe quelle occasion quelle est la volonté de Dieu et que nous avons toujours raison.

J'eus l'occasion de vivre pendant quelque temps avec quatre hommes de Dieu vraiment consacrés qui, quant à la sainteté, étaient tous plus expérimentés que moi. L'un d'eux avait reçu de Dieu des enseignements particulièrement profonds et avait l'habitude de passer de longues heures en prière. Mais dans nos délibérations il déclarait toujours avec un calme inébranlable qu'il avait la pensée du Christ (I Cor. 2, 16), et que toute proposition contraire à ses idées était nécessairement fausse. Il dit cela même quand, nous quatre, nous nous sentions conduits par un autre chemin, différent de celui qu'il avait proposé. Il n'était pas rare que la suite des événements prouvât que nous avions raison et qu'il avait tort.

Je ne voudrais pas être mal compris. Je ne parle pas ici d'un homme obstiné dans ses idées, autoritaire, opiniâtre et qui ne penserait qu'à soi. Notre ami était un homme saint, humble, parfaitement désintéressé, - mais il était « infaillible » et convaincu d'être uniquement guidé par Dieu dans tout ce qu'il proposait. Le meilleur d'entre nous est souvent bien dur d'oreille au point de vue spirituel, et c'est pourquoi nous ne saisissons pas toujours ce que Dieu veut nous dire, tout comme un homme sourd physiquement ne comprend pas tout ce qui lui est dit par téléphone. Il faut d'abord « faire la volonté de Dieu » d'une façon parfaite, avant de « connaître la doctrine » d'une façon parfaite (Jean 7, 17).

Avouons donc que nous sommes faillibles. Nous pouvons nous tromper. Toutefois cela ne veut pas dire que la majorité ait toujours raison. Nous connaissons tous le récit des dix hommes qui disaient : « Nous ne pouvons pas monter contre ce peuple, car il est plus fort que nous. » Mais deux hommes s'opposaient à eux et pressaient le peuple d'Israël : « Montons, emparons-nous du pays, nous y serons vainqueurs » (Nombres 13, 30). Le peuple prit parti pour les dix et des années de misères et de rébellion s'ensuivirent. En effet, les deux hommes guidés par Dieu, avaient raison.

Le monde et ses exigences.

Ne négligez pas ce monde

Un fidèle homme de Dieu avait chez ses voisins la réputation de vivre pour « l'autre monde ». Mais tous ceux qui le connaissaient, savaient qu'il cherchait avec beaucoup de zèle à rendre meilleurs le monde et ses habitants. Nous vivons dans deux mondes à la fois et nous avons envers l'un et l'autre des devoirs à remplir.

« Croyez-vous », me demanda un jour un père aux cheveux blancs qui aimait le Seigneur, « que j'aurais tort de jouer aux billes avec mon petit-fils ? » - Quelle serait votre réponse, lecteur ? Combien Satan serait-il réjoui s'il réussissait à persuader l'ensemble du peuple de Dieu qu'il faut regarder tout plaisir comme un péché ! - En tout cas, continuez à jouer aux billes, - pourvu que vous ne soyez pas tenté de tricher !

Nous n'avons pas seulement une vie spirituelle, mais aussi une vie physique, et - bon gré, mal gré - une très grande partie de notre temps est remplie de choses qui concernent notre corps. De plus, nous nous trouvons unis à la société humaine par de multiples liens. Dieu n'a jamais voulu que l'homme vécût seul. Il a dit deux choses au sujet du premier homme, Adam, dès qu'il l'eut créé. D'abord, qu'il était « très bon », et ensuite qu'« il n'est pas bon que l'homme soit seul. » (Genèse, 2, 18.) Chaque homme est. né dans une famille, chacun a ses relations humaines qui constituent pour lui autant de points de contact avec ceux qui l'entourent et auxquels il est appelé à témoigner un amour impartial. L'amour se manifeste par des actes et nous devons être humains aussi bien que « divins ». Nous ne pouvons montrer notre amour pour Dieu que par des actes d'amour à l'égard de notre prochain. Ébattons-nous donc avec les petits et jouons avec les grands.

Heureux et « humain »

Les gens qui vivent la vie triomphante sont les plus heureux et les plus « humains », débordant de joie dans le Seigneur, d'innocente gaîté et d'allégresse. Nous sommes dans ce monde pour le rendre plus heureux! « La joie de l'Éternel sera votre force » (Néh. 8, 10). « Soyez toujours joyeux » (I Thess. 5, 16). Cela veut dire : commencez dès ici-bas sur cette terre.

Une mère de famille sondait les Écritures pour découvrir le secret d'une vie sainte. Toute occupée à cette recherche d'un secours spirituel, elle y consacrait un temps si long qu'elle se trouvait gênée par les devoirs de son ménage ; elle les accomplissait à la hâte, ou bien les négligeait tout à fait. La vie douce et paisible du foyer disparut. Un jour qu'elle était plongée dans l'étude de la Bible, sa fillette accourut avec une poupée cassée : « Maman, raccommode-la moi, s'il te plaît. » - D'un geste impatient, elle l'écarta : « J'ai bien autre chose à faire », dit la mère, « qu'à me déranger pour ta poupée ! » La petite s'en alla toute triste et la mère reprit sa recherche de la sainteté.

Mais cette recherche restait sans résultat ; finalement elle ferma le livre avec un soupir et chercha sa petite fille. Elle la trouva couchée sur le tapis près de la cheminée, serrant dans ses bras sa poupée chérie, sa figure mignonne encore toute mouillée de larmes. En voyant cela, le coeur de la mère fut touché. Dieu lui parla. Elle se pencha sur son enfant, le réveillant par ses baisers. Puis, le prenant dans ses bras, elle demanda pardon à Dieu, en silence. Elle avait enfin compris que la sainteté ne s'accordait pas avec des devoirs négligés. Dorénavant elle manifesta son amour pour le Seigneur, en s'occupant avec soin de son ménage et en réparant même les jouets cassés ! Le bonheur revint au foyer. Sa Bible désormais fut illuminée d'une nouvelle clarté et le visage rayonnant de la mère parlait de victoire.

Nous croyons que Jésus qui observait le jeu des enfants, le travail des pêcheurs et des agriculteurs, qui travaillait lui-même, et trouva aussi le temps de participer à une noce, désire que nous nous intéressions d'une façon réelle et active à tout ce qui concerne la vie, la nôtre et celle de nos amis. Il nous a donné la faculté de nous réjouir et il tient à nous voir profiter avec joie du don de la vie qu'il nous a fait. Il nous a donné un corps physique qui a besoin de nourriture, de travail, de mouvement et de récréation. Le merveilleux domaine de la nature, l'espace infini, la beauté musicale, les couleurs du ciel, de la mer et des paysages, tout cela, Il veut que nous en jouissions. Dieu attend de ses enfants qu'ils apportent des soins à leurs vêtements et à leurs manières : en ces choses aussi nous devons montrer que nous sommes de vrais chrétiens. L'ordre du Roi exige une exécution prompte, mais n'implique jamais l'impolitesse ou le manque d'égards vis-à-vis du prochain.

Lors d'un voyage aux Indes, j'eus l'occasion de rencontrer un officier. Après une vie dissolue il avait été sauvé et converti et maintenant on le voyait toujours plongé dans la Bible. Il évitait toute espèce d'amusement, même les jeux, pourtant innocents, sur le pont du bateau. Un fils de ce cher officier m'écrivait entre autres : « Je suis si content de ce que vous ayez rencontré mon père. Essayez donc de le convertir à l'Église anglicane. C'est sa religion qui le rend si malheureux. » Il n'est pas étonnant que ce jeune homme débordant de vie ne se sentît pas à l'aise auprès de son père et cherchât à éviter la « religion ». - La « religion » de Dieu n'a jamais rendu un homme malheureux, et le Seigneur Jésus ne prend pas plaisir à la tristesse ? N'a-t-il pas dit : « Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite » (Jean 15, 11)

Ne vous fiez pas aux émotions

Il arrive souvent qu'un croyant qui entre dans la vie de victoire vis-à-vis du péché volontaire, ressent une joie, une extase, un enthousiasme, un tressaillement si intense qu'il a le sentiment d'être porté sur des ailes. Mais ce n'est pas toujours le cas et il ne faut pas croire que l'absence d'émotions de ce genre soit une preuve que le Christ n'est pas venu dans toute sa plénitude.

Dieu veut que nous ayons confiance en Lui et en Sa parole et que nous ne comptions pas sur nos sentiments. Il voudrait nous préserver du danger qui consiste à examiner notre victoire ou Son habitation en nous à l'aide d'idées préconçues au sujet de la manière dont Sa présence se manifestera ou sera sentie par nous. Pensons moins à la victoire, moins à la bénédiction et davantage à Celui qui bénit.

Citons la remarque de Spurgeon, remarque très juste et qui est à sa place ici : « Je regardais à Jésus, et la colombe de la paix vint voler dans mon coeur ; je regardais la colombe et elle s'envola. » - N'examinez pas votre victoire, ne la mettez pas à l'épreuve. Gardez une simple et constante confiance en Christ : Il ne saurait faillir. Il vaut mieux, après tout, entrer dans la vie triomphante par la simple foi, sans exaltation ou enthousiasme. Car, lorsque l'émotion disparaît et que la vie de tous les jours recommence, ennuyeuse et banale, nous pourrions être tentés de croire que la victoire a disparu avec l'émotion. Acte, foi, sentiment - voilà l'ordre normal.

Ne soyez pas surpris si d'autres ne se rendent pas compte de votre victoire

Un seul homme a vécu une vie sans péché. C'est Jésus-Christ. Mais les chefs religieux de son temps étaient tellement aveuglés qu'il ne voyaient rien de la vie triomphante qui était en Lui. Ils l'appelaient un « buveur » (Matth. 11, 19). « Nous savons, » disaient-ils de Lui, « que cet homme est un pécheur » (Jean, 9, 24). Ne nous étonnons donc pas si les gens ne reconnaissent pas la vie triomphante en nous. Il faut que nous soyons très humbles et ne cédions en aucune façon à la dureté, à l'amertume, lorsque les autres nous contrecarrent, nous combattent et mettent en doute notre sincérité et notre foi. Jamais la pensée : « J'ai plus de sainteté que toi ! » ne devra surgir en nous, ne fût-ce que pour un moment, car aussitôt notre victoire sera interrompue.

Nous pouvons être sûrs d'être mal compris et nos plus grands ennemis, nos plus violents contradicteurs ne se trouveront pas dans le monde, mais dans l'Eglise ! C'est de la part de ces « fils du malin » dans l'église qu'il faut attendre la plus grande Opposition. Le Seigneur n'a pas appelé « enfants de diable » les incrédules en général, mais seulement les incrédules « religieux » (Matth. 13, 25 ; 38 ; 23, 15 ; Jean 8, 38-44). Cette pensée est terrible, mais il faut la prononcer. Le serviteur n'est pas plus grand que son maître (Jean 13, 16). Le Christ a été contredit par les gens « religieux », nous le serons de même.

Chaque opposition est pour nous une occasion de manifester la vie de Christ en nous, non par des paroles, mais par notre vie, et de prouver que nous avons la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ Et même si quelques-uns nous contredisent, nous critiquent et nous condamnent, beaucoup de ceux qui nous entourent, étant témoins de notre victoire par Jésus-Christ, en éprouveront une grande joie ; car ils verront la puissance de Dieu capable de renverser des forteresses.

Le moment de la victoire : Aujourd'hui - non demain

Rappelons à nos lecteurs un fait très simple et pourtant si souvent oublié : le seul moment où vous pouvez vivre la vie triomphante est le moment présent. La seule manière de posséder la victoire par Christ consiste à la saisir maintenant, en ce moment même. Elle ne se limite pas aux cas de besoin urgent. Tant d'âmes attendent dans l'avenir des occasions pour manifester le Christ habitant en elles. Elles attendent une réunion de prières, une Convention ou une conversation avec des personnes qui partagent leur foi.

Dieu est lumière tout autant qu'Il est amour et notre Seigneur a dit : « Laissez luire votre lumière » (Matth. 5, 16), non pas : attendez des occasions de la faire luire. Qu'elle luise toujours et partout.

Quand vous vous levez le matin et que vous dites joyeusement à Dieu et à vous-même : « Pour moi, vivre c'est Christ » (Phil. 1, 21), prenez la résolution de manifester quelque chose de la gloire du Christ à l'égard de tous ceux à qui vous aurez à faire. Veillez sur vous-mêmes. Montrez à votre entourage la lumière - la victoire. Faites voir à vos collègues au bureau ou à l'atelier, à la fabrique ou à l'école que le Christ habite dans votre coeur. Pourquoi le commerçant, le facteur, le conducteur du tramway ne devraient-ils pas connaître votre secret ? Soyez des lettres de Christ, « connues et lues par tous les hommes » (II Cor. 3, 2).

Un de mes amis - homme cultivé que la boisson avait littéralement fait rouler dans le ruisseau de la rue - fut converti à l'occasion d'une évangélisation pour vagabonds. Le lendemain il monta dans un tramway. Le conducteur le dévisagea avec étonnement, car ses habits trahissaient le mendiant, tandis que son visage reflétait le ciel. « Eh bien ! camarade, » fit-il, « à vous voir on dirait que quelqu'un est mort et vous a laissé une fortune. » - « C'est bien cela, » fut là prompte réplique, « Jésus-Christ est mort pour moi et m'a donné Sa richesse et Sa gloire. » - « Alors Il pourrait bien vous donner d'autres habits », railla l'autre. Et il l'a fait !
Des étrangers même ne devraient-ils pas être attirés par notre joie ?

En communion avec Christ

N'attendez pas l'avenir. C'est maintenant que vous devez remporter la victoire. Vivez en communion avec Christ de telle façon qu'Il puisse toujours manifester sa gloire à travers vous. « À moi... cette grâce a été accordée d'annoncer aux païens les richesses incompréhensibles de Christ et de mettre en lumière quelle est la dispensation du mystère caché de tout temps en Dieu qui a créé toutes choses, afin qu'aujourd'hui soit manifestée par l'Eglise - c'est-à-dire par vous et moi - la sagesse infiniment variée de Dieu ». (Eph. 3, 8-10).

Oui, de même que Son merveilleux amour et Sa gloire ineffable !



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