LE
SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À
L'ÉVANGÉLISATION
VOL. III
TROISIÈME
ANNÉE 1876
LE SANG DE JÉSUS
IX
LE SANG DE JÉSUS EST POUR LE CROYANT LA BASE
DE SA PAIX
ET LE THÈME CONSTANT DE SON ADORATION.
Je voudrais m'adresser aujourd'hui plus
spécialement à ceux qui croyant
déjà en Christ, ont été
amenés à sentir plus
profondément leurs obligations et leur
responsabilité.
Rappelons-nous d'abord que si nous voulons
être remplis de la grâce de Dieu et
rafraîchis dans nos âmes, il est
essentiel que nous retenions fermement les grandes
vérités dans lesquelles nous avons
trouvé le repos au moment de notre
conversion.
Comme les Israélites auxquels
l'Éternel rappelle sans cesse la
délivrance merveilleuse dont ils avaient
été les objets, lorsqu'il les tira du
pays d'Égypte, nous devons aussi nous
souvenir constamment de l'oeuvre d'amour et de
puissance par laquelle le Seigneur Jésus
nous a délivrés.
Un chrétien était sur son lit de
mort, et un ami lui citait différents
passages qui montraient la fidélité
de Dieu. Quand cet ami se fut retiré, le
malade dit à ceux qui restaient
auprès de lui : « Des textes
tels que ceux-là ne me donnent pas autant de
consolation et de soulagement que ces
paroles : « Dieu a tant aimé
le monde, qu'il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en Lui ne
périsse pas, mais ait la vie
éternelle »
(Jean III, 16), ou celles-ci :
« Celui qui n'a pas épargné
son propre Fils, mais qui l'a livré pour
nous tous, comment ne nous fera-t-il pas don aussi,
librement, de toutes choses avec
Lui ? »
(Romains VIII, 32) Ces
témoignages si clairs, qui nous
dévoilent le coeur de Dieu, me soutiennent
plus que de simples promesses. J'aime à
être mis en contact avec une personne
vivante. »
C'est là une expérience commune en
semblables circonstances. Quand un chrétien,
fût-ce même le plus avancé, est
sur son lit de mort, il sent qu'il n'y a rien sur
quoi il puisse reposer avec confiance,
excepté sur les précieuses
vérités que proclame
l'Évangile de la grâce de Dieu, et sur
la personne vivante de son Fils ressuscité
et monté en haut.
Sommes-nous faibles, abattus,
découragés dans notre course à
travers un monde rempli de mal ; notre
âme est-elle comme
« rassasiée de maux, et notre vie
est-elle venue jusqu'au sépulcre »
(Psaume LXXXVIII, 3) ;
sommes-nous dans un état où
« notre esprit se pâme en nous, et
où notre coeur est désolé au
dedans de nous »
(Psaume CXLIII, 4), c'est encore la
contemplation de l'oeuvre et de la personne
bénies de Christ qui seule peut nous relever
et nous fortifier.
La parole certaine et digne de toute acceptation
que le Christ Jésus est venu dans le monde
pour sauver les pécheurs
(1 Timothée I, 15) est celle
qui donne la vie au pécheur qui
désespère, et c'est elle aussi qui
console et ranime le chrétien.
L'Évangile est toujours la puissance de
Dieu en salut à quiconque
croit
(Romains 1,16), et Christ peut sauver
entièrement ceux qui s'approchent de Dieu
par Lui
(Hébreux VII, 25).
Si l'on trouve dans le Christ Jésus la paix
de la conscience par le pardon des transgressions
passées, c'est en Lui aussi qu'on trouve la
paix du coeur dans les circonstances
présentes (voyez
Philippiens IV, 7), et la paix de
l'esprit quant à l'avenir. Et cela n'est pas
une théorie, mais un fait que doit
réaliser tout enfant de Dieu :
« Car nous savons que toutes choses
travaillent ensemble pour le bien de ceux qui
aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon
son propos... Qui est-ce qui nous séparera
de l'amour de Christ ?... Car je suis
assuré que ni mort, ni vie, ni anges, ni
principautés, ni choses présentes, ni
choses à venir, ni puissances, ni hauteur,
ni profondeur, ni aucune autre créature ne
pourra nous séparer de l'amour de Dieu, qui
est dans le Christ Jésus, notre
Seigneur »
(Romains VIII, 28-39).
Souvent une âme pieuse cherche en
elle-même, dans ses sentiments envers Dieu,
dans ses progrès, en un mot dans les fruits
qui doivent être le résultat de la vie
de l'Esprit, elle cherche, dis-je, une certitude
qu'elle appartient à Dieu. La
trouve-t-elle ? Non. Et la raison pour
laquelle tant de personnes sincères qui
croient en Jésus sont harassées par
les doutes et les craintes et sont souvent comme
enveloppées de ténèbres, c'est
qu'au lieu de s'appuyer entièrement sur le
bien-aimé Sauveur, elles veulent se reposer
en partie sur ce que leur fournissent leurs propres
expériences. Certes les
fruits de justice que produit en nous le
Saint-Esprit sont précieux comme
évidences de la grâce qui nous a
été donnée, mais s'y confier
comme s'ils étaient les bases de notre paix,
cela ne peut se faire qu'au grand détriment
spirituel de nos âmes.
Il est bon sans doute, et il faut que les fruits de
l'Esprit se voient en nous ; mais c'est Christ
Lui-même, reçu et cru, Christ sur
lequel on se repose, que l'on aime et que l'on
suit, c'est Lui seul qui donne à notre
âme une paix permanente.
C'est aussi en tenant, par la foi, nos regards
attachés sur Lui que nous croîtrons
à son image. Et plus nous avancerons
dans cette voie, plus aussi nous verrons tout
l'odieux du péché et nous sentirons
combien loin nous sommes encore d'être
conformes à Christ en toutes choses. Mais si
notre sanctification pratique est une oeuvre
graduelle et encore imparfaite, souvenons-nous que
notre justification devant Dieu est parfaite et
complète. La première s'opère
en nous par la puissance du Saint-Esprit, la
seconde a été accomplie par l'oeuvre
de Christ. En même temps n'oublions pas que
par le sacrifice de Christ nous sommes
déjà sanctifiés pour ce qui
regarde notre position devant Dieu, et que nous
sommes agréés de Lui, saints et
irrépréhensibles, selon toute la
valeur à ses yeux du précieux sang de
Christ. « C'est par sa volonté que
nous avons été sanctifiés, par
l'offrande du corps de Jésus Christ faite
une fois pour toutes »
(Hébreux X, 10).
Justifiés par le sang de Christ et ayant
ainsi la paix avec Dieu, c'est
aussi par ce moyen que nous sommes parfaitement
purifiés et sanctifiés, de sorte que
par le sang de Jésus nous avons une pleine
liberté pour nous approcher de Dieu.
Qu'il est grand le prix auquel une telle
rédemption a été
opérée, - une rédemption qui,
répondant à tous les besoins du
pécheur, satisfait en même temps
à tous les droits de la justice et de la
sainteté de Dieu, et nous dévoile les
profondeurs et les hauteurs de son amour, de sa
grâce et de sa gloire !
Est-il étonnant de voir que les coeurs des
rachetés y reviennent continuellement ?
Dans le ciel comme sur la terre, le sang de
l'Agneau est le thème de leurs adorations.
Sur la terre, ils adorent « Celui qui
nous aime et qui nous a lavés de nos
péchés dans son sang »
(Apocalypse I, 5) ; et dans le
ciel, les vingt-quatre anciens avec leurs harpes et
leurs coupes d'or pleines de parfums, chantent un
cantique nouveau, disant : « Tu es
digne de prendre le livre, et d'en ouvrir les
sceaux ; car tu as été
immolé, et tu as acheté pour Dieu par
ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et
nation ; et tu les as faits rois et
sacrificateurs pour notre Dieu ; et ils
régneront sur la terre »
(Apocalypse V, 9, 10).
Faut-il s'étonner, demanderai-je encore, si
l'on parle sans cesse du sang de Jésus, vu
que la merveille des merveilles, cette oeuvre
insondable de l'amour de Dieu, par laquelle un
pécheur trouve une entrée dans les
saintes demeures de la lumière divine, c'est
la mort du Fils de Dieu !
Précieux Sauveur ! Il savait combien le
souvenir de sa mort est essentiel pour les siens,
et II laissa cette ordonnance si douce à son
coeur, qui leur rappelle, toutes les fois qu'ils y
participent, son corps donné et son
précieux sang versé pour eux. C'est
ainsi que dit l'apôtre Paul :
« Car moi, j'ai reçu du Seigneur
ce qu'aussi je vous ai enseigné : c'est
que le Seigneur Jésus, la nuit qu'il fut
livré, prit du pain, et après avoir
rendu grâces, il le rompit et dit : Ceci
est mon corps qui est pour vous, faites ceci en
mémoire de moi. De même il prit la
coupe aussi, après le souper, en
disant : Cette coupe est la nouvelle alliance
en mon sang : faites ceci, toutes les fois que
vous la boirez, en mémoire de moi. Car
toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous
buvez la coupe, vous annoncez la mort du Seigneur
jusqu'à ce qu'il vienne »
(1 Corinthiens XI, 23-26).
O Fils de Dieu ! Sauveur plein de
tendresse,
Du péché, de la mort ton sang nous
délivra,
Pour toujours rachetés, les tiens pleins
d'allégresse,
Dans la gloire introduits répéteront
sans cesse :
A l'Agneau, gloire, honneur ! Amen,
Alléluia !
LA PAROLE ET LA FOI
Le Seigneur dit que quiconque CROIT, A la vie
éternelle. C'est par le moyen de la foi que
l'âme est mise en rapport avec Dieu, le Dieu
vivant, et cette foi a pour objet ce que Dieu
dit.
La parole est de Dieu. De là vient sa
puissance et son efficacité. C'est par la
parole de Dieu que tout a
été créé ;
« Dieu dit : Que la Lumière
soit, et la lumière fut. » C'est
par sa parole que toutes choses subsistent. Il est
dit du FILS qu'il soutient toutes choses par la
parole de sa puissance
(Hébreux I, 3).
Le Seigneur Jésus, durant le cours de son
ministère, donna constamment des preuves
incontestables de la puissance divine de sa
parole.
« Lève-toi, dit-il à
l'impotent, prends ton petit lit et
marche, » et ces paroles suffisent pour
guérir l'homme qui avait langui trente-huit
ans dans son infirmité
(Jean V, 8, 9).
« Lazare, sors dehors, »
crie-t-il à celui qui depuis quatre jours
gisait dans le sépulcre et qui sentait
déjà la corruption ; et,
à cet appel, le mort ressuscite
(Jean XI, 39-44).
C'est une parole aussi divinement puissante qui se
fait entendre au pécheur.
« La parole de Dieu est vivante et
opérante, et plus pénétrante
qu'aucune épée à deux
tranchants, et atteignant jusqu'à la
division de l'âme et de l'esprit, des
jointures et des moelles ; et elle discerne
les pensées et les intentions du
coeur. »
(Hébreux IV, 12). Elle est
incorruptible, vivante et permanente, et demeurera
lorsque toutes choses auront passé (voyez
1 Pierre I, 23-25). Si donc je suis
sauvé par elle, je trouve également
en elle l'assurance inébranlable d'un salut
éternel, car elle ne change jamais, elle ne
peut pas se contredire. Or la parole a la puissance
pour sauver nos âmes
(Jacques I, 21).
« La foi est de ce qu'on entend et ce
qu'on entend par la Parole de
Dieu »
(Romains X, 17). C'est lorsque la
Parole de Dieu est reçue dans le coeur que
l'on passe de la mort à la vie.
Cette même parole qui communique la vie, la
soutient aussi. Le salut de l'âme est en
elle ; en elle aussi se trouve la nourriture
de l'âme sauvée. « L'homme
ne vivra pas de pain seulement, mais de toute
parole qui sort de la bouche de Dieu »
(Matthieu IV, 4).
Quel bonheur pour nous de pouvoir nous remettre
à Dieu pour toutes choses, pour le
présent et pour l'avenir, nous appuyant sur
la parole immuable et invariable du Dieu vivant,
dans laquelle nous trouvons toute assurance pour
nos âmes devant Dieu !
Nous avons vu que c'est la foi qui nous met en
rapport avec Dieu. Les Écritures nous
montrent aussi que la porte de la foi est la seule
par laquelle l'homme puisse entrer en relation avec
Dieu. Le récit de la chute d'Adam prouve
cette vérité (voyez
Genèse III).
Aussitôt qu'il eut commis son
péché de désobéissance
dans le jardin d'Éden, Adam eut peur de
Dieu. C'est ainsi que dit le prophète :
« Vos iniquités ont fait
séparation entre vous et votre
Dieu »
(Esaïe LIX, 2). Pour que l'homme
jouisse de nouveau de la communion avec Dieu, deux
choses sont nécessaires : il faut
d'abord que les péchés de l'homme
soient ôtés ; or cela est une
oeuvre que Dieu seul peut accomplir, et II le fait
par le moyen du précieux sang de Christ
(Hébreux IX, 14). Ensuite il
faut que l'homme se soumette de coeur à la
parole de Dieu qui lui annonce que cette oeuvre a
été accomplie, car sans cette
soumission, il est évident qu'il restera
toujours dans l'état de rébellion
dans lequel il est tombé par son premier
acte de péché. C'est la
désobéissance qui l'a privé de
la communion avec Dieu, l'obéissance seule
peut l'y faire rentrer.
C'est là cette bonne nouvelle que le
Seigneur est venu nous annoncer :
« Qui croit au Fils, a la vie
éternelle, mais qui désobéit
au Fils ne verra pas la vie, mais la colère
de Dieu demeure sur Lui » (Jean III, 36).
- Et remarquez que cette soumission de coeur que
Dieu exige de nous, n'est pas une soumission
à une parole de jugement ou à une loi
impossible à accomplir, mais bien à
une parole de grâce et de pardon gratuit
accordé au pécheur perdu.
« Les gages du péché, c'est
la mort ; mais le DON DE GRÂCE de Dieu,
c'est la vie éternelle dans le Christ
Jésus, notre Seigneur »
(Romains VI, 23).
Pécheur, pourriez-vous résister plus
longtemps à cet appel de grâce ?
Dieu ne peut ni cacher ni anéantir sa
vérité, cela est évident. Il
vous dit nettement ce que vous êtes : un
pécheur totalement perdu ; en
même temps il vous offre la grâce et la
vie en vertu de l'oeuvre de rédemption que
Christ a opérée. Le Seigneur
Jésus a dit : « Ceux qui sont
en bonne santé n'ont pas besoin de
médecin, mais ceux qui se portent mal. Mais
allez et apprenez ce que c'est que :
« Je veux miséricorde et non pas
sacrifice ; » car je ne suis
pas venu appeler des justes,
mais des pécheurs »
(Matthieu IX, 12-13).
La foi est le lien qui nous unit à
Dieu ; c'est ce qui nous met à l'aise
dans sa présence. Il est écrit :
« Abraham crut Dieu et cela lui fut
compté à justice »
(Romains IV, 3). La foi d'Abraham se
manifesta par la confiance qu'il avait en Dieu,
comme la suite de son histoire nous le montre, et
il fut appelé « ami de
Dieu »
(Jacques II, 23). Nous sommes
sauvés par la grâce, par la foi, et
cela ne vient pas de nous-mêmes. Tout est de
Dieu, du Dieu qui va à la recherche des
pécheurs pour les sauver et les amener
à Lui, leur pardonnant gratuitement toutes
leurs fautes.
Y a-t-il quelqu'un qui dise : Qu'est-ce que la
communion de Dieu ? Je ne la désire
pas ; je ne m'en soucie point. Que
désirez-vous donc ? Cherchez-vous la
paix, la joie, le bonheur, tout en restant loin de
Dieu ? Hélas ! pauvre âme,
combien il vous en coûtera d'apprendre cette
leçon élémentaire que
lé bonheur n'existe pas dans les choses
d'ici-bas, où le péché a tout
gâté et où la mort met fin
à tout ce que le coeur recherche !
Le bonheur n'existe que dans la présence de
Dieu et dans sa communion. C'est là qu'il y
a une plénitude de joie, des plaisirs qui
durent éternellement
(Psaume XVI, 11). En dehors, il y a
le jugement, les ténèbres, les peines
éternelles.
La mort et la vie sont devant vous, -
choisissez ! Dieu dit que celui qui croit au
Fils A la vie éternelle.
MINNIE GRAY, OU
CHERCHÉE ET TROUVÉE
I
LA SALLE DE PRÉDICATION
La coupe du bonheur terrestre était
comble pour Minnie Gray, quand le Seigneur paria
pour la première fois à son
âme. Tout ce que le monde admire, tout ce
qu'il estime, tout ce qui a du prix à ses
yeux, elle le possédait ; aussi lui
prodiguait-il ses plus radieux sourires. Elle
ignorait combien est trompeuse cette faveur qui
s'adressait non à ce qu'elle était en
elle-même, mais uniquement à ses
avantages extérieurs. Tout lui apparaissait
riant et plein de charmes, et elle ne connaissait
rien dont l'excellence pût éclipser
l'éclat de sa félicité.
Minnie était restée orpheline
à un âge trop tendre pour avoir pu
comprendre l'étendue de la perte qu'elle
avait faite. La parente âgée sous les
soins de laquelle elle avait été
élevée n'avait qu'un objet dans sa
vie : rendre heureuse celle qui lui avait
été confiée ; et elle
pensait assurer, son bonheur en s'appliquant
à satisfaire tous ses désirs.
Au commencement de l'été de 186.,
Minnie, accompagnée de quelques jeunes
amies, se rendit un soir dans une petite chapelle
à l'apparence paisible et où se
tenait une réunion. C'était Minnie
qui avait suggéré cette idée
à ses compagnes dans le but de savoir ce qui
pouvait attirer tant de gens à passer une
délicieuse soirée d'été
d'une manière qui leur semblait si triste.
« Nous ne resterons qu'un quart d'heure,
avait-elle dit ; nous nous mettrons
près de la porte, puis nous nous glisserons
dehors sans bruit. »
Mais ce dessein échoua. Lorsqu'elles
entrèrent, la salle était
déjà trop remplie : elles furent
obligées de se séparer, et Minnie,
loin de ses compagnes, se trouva droit en face du
prédicateur. Pendant quelques moments elle
ne songea qu'à s'amuser en pensant à
la nouveauté de la scène où
elle avait introduit ses amies et en se
représentant leur ennui d'être
forcées de passer ainsi toute une
soirée.
Mais bientôt toute son attention fut
attirée et comme enchaînée. Les
manières et le sérieux profond, puis
les paroles du prédicateur la
frappèrent, et comme il discourait
« sur la justice et sur la
tempérance et sur le jugement à
venir, » Minnie trembla de même que
le gouverneur romain d'autrefois (voyez
Actes XXIV, 25).
Elle avait bien entendu parler d'aumônes et
de prières, jamais de justice et de jugement
comme elle l'entendait en ce moment. Il lui
semblait que le regard du prédicateur
était fixé sur elle ; toute
autre chose avait disparu de son esprit,
excepté la pensée que c'était
la vérité. Et comment pourrait-elle
échapper à un jugement si proche, si
imminent ? Il y avait, après cette vie,
quelque chose à quoi elle n'avait jamais
pensé ; il existait un Dieu dont elle
n'avait jamais reconnu les droits. Voilà ce
qui s'imposait à son âme avec
puissance. Elle n'avait jusqu'alors rien connu au
delà de la terre et de ses plaisirs, et
tout à coup
l'éternité se découvrait aux
yeux de son âme.
Le prédicateur avertissait ceux qui
étaient jeunes, gais et insouciants, et elle
sentait que ses paroles s'adressaient à
elle. Les terreurs de l'Éternel
l'environnaient, elle aurait voulu les fuir et
était sur le point de s'écrier :
« N'y a-t-il aucun moyen
d'échapper à ce jugement redoutable,
à cet enfer plein
d'horreurs ? »
Mais comme ces pensées remplissaient son
âme, le prédicateur, cessant de
dérouler devant ses auditeurs cette oeuvre
de jugement, oeuvre étrange pour Dieu et son
travail non accoutumé
(Ésaïe XXVIII, 21), se
mit à parler de l'amour qui remplit le coeur
de Dieu ; du chemin du salut que
Lui-même a ouvert en livrant son propre
Fils ; il montra Christ venu du ciel pour
chercher le plus vil pécheur et l'amener
à la maison du Père, Christ, le seul
chemin pour quiconque veut y entrer, le seul qui
sauve de la colère à venir.
Le prédicateur devenait toujours plus
épris de son sujet ; il semblait qu'il
lui fût doux au delà de toute
expression de parler des attraits de Christ, de
s'étendre sur son amour et sur tout ce qui
le rend aimable, de le présenter de telle
sorte que d'autres yeux et d'autres coeurs pussent
aussi regarder à Lui et être
attirés vers Lui pour l'adorer et le
suivre.
Mais Minnie ne voyait en Jésus aucune
beauté qui fît qu'elle le
désirât. Le prédicateur avait
pris pour texte le
XIe chapitre de Matthieu et
termina par la touchante
invitation sortie des lèvres du Sauveur
Lui-même : « Venez à
moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes
chargés, et je vous donnerai du
repos. » Minnie ne sentait ni fatigue, ni
besoin de repos ; le monde ne lui avait
présenté qu'une brillante
scène de bonheur, et cependant ces
dernières paroles résonnaient
à ses oreilles comme si elle les avait
entendues auparavant, et comme si elle avait voulu
les entendre encore, quoiqu'elles n'eussent pour
elle aucune douceur
(1).
Elle désirait être mise à
l'abri du jugement, mais elle ne désirait
pas Christ. Le ciel lui apparaissait comme un
séjour lugubre où elle ne souhaitait
d'aller que pour échapper aux terreurs de
l'enfer, lorsqu'à un certain moment il lui
faudrait mourir et quitter ce monde. Mais ce temps,
elle l'espérait, était encore loin
d'elle. Être chrétien à la
manière du prédicateur lui paraissait
si sombre ! N'y avait-il donc aucune autre
ressource, aucun moyen terme entre cette
alternative et l'éternité terrible
qu'il avait dépeinte, et que quelque chose
lui disait être une
réalité ?
Satan murmurait à ses oreilles : Tu as
bien le temps de t'occuper de ces choses ; le
prédicateur est un enthousiaste. Pourquoi se
hâter tellement et se jeter dans la
détresse et le trouble ?
Elle accueillit cette suggestion, et sa conscience
s'étant calmée pour un moment, elle
jeta un rapide et ardent coup d'oeil sur les
visages qui l'entouraient pour voir si elle y
découvrirait le reflet de ses propres
terreurs ou de l'anxiété que semblait
éprouver le prédicateur pour le salut
des âmes. Chez une ou deux personnes
seulement elle put en voir quelques traces.
D'après leurs livres et leur air même,
elle s'imagina que la plupart étaient des
auditeurs réguliers. Quoique plusieurs
fussent attentifs, d'autres donnaient des signes de
fatigue, quelques-uns s'agitaient, regardaient
à leur montre et semblaient
impatients ; combien y en avait-il qui se
doutaient d'être observés de
près par une âme qui mesurait la
vérité de Dieu par leurs
actes ?
Oh ! pensa-t-elle, mon cas n'est pas si
désespéré ; il est clair
que d'autres ne pensent pas que tout ce qu'il dit
soit la vérité, sans cela ils
seraient sérieux comme lui. C'est
évidemment un enthousiaste emporté
par son sujet. Rien ne presse. Je n'ai pas besoin
de me décider maintenant ; j'y
penserai. Si tous semblaient prendre à ces
choses un aussi profond intérêt que
lui, je sentirais que c'est maintenant ou jamais
qu'il faut prendre parti.
Cependant ces paroles d'une part :
« Venez à moi, » et
d'une autre, celles-ci :
« Allez-vous-en loin de moi, »
ne cessaient de retentir à ses oreilles, et
répandaient sur son visage habituellement
radieux, un nuage inaccoutumé. Lorsqu'elles
sortirent ensemble, ses amies s'en
aperçurent et la
raillèrent à cause de son silence.
« Assurément, Minnie, lui dit
l'une d'elles, vous ne pensez pas qu'il y eût
rien de vrai dans les paroles de cet
homme ? »
Elle rougit et répondit :
« Supposez qu'elles soient vraies,
combien cela est sérieux pour
nous ! » Il y tut une exclamation
générale, et celle qui avait
déjà parlé dit en riant :
« Pauvre H., que dira-t-il quand Minnie
Gray sera devenue
méthodiste ? »
Satan veillait pour enlever du coeur de Minnie la
parole qui y avait été
semée ; il savait comment
détourner la flèche de la conviction
qui commençait à
pénétrer. Minnie ne répondit
rien aux dernières paroles de son
amie ; elle se demanda aussi ce que dirait H.,
car dans trois mois elle devait devenir sa
compagne.
Pendant quelques moments, dans son
anxiété touchant l'avenir
éternel, elle avait oublié la
terre ; mais maintenant ses joies et ses
espérances recommencèrent à
surgir en foule dans son coeur, avec la
pensée de celui en qui elles se
concentraient, et les paroles qui l'avaient si
vivement impressionnée perdirent peu
à peu de leur puissance.
Lorsqu'elle fut seule, dans le calme de la nuit,
elles se firent encore entendre, et il ne lui
était pas facile de s'en
débarrasser ; mais le diable murmura de
nouveau : « Tu as bien le
temps ; tu es si jeune ! Ne te
décide pas maintenant ; pense à
tout ce que tu aurais à abandonner pour
Christ, H. lui-même
peut-être ! »
Elle prêta l'oreille aux perfides suggestions
de l'ennemi. Elle mit résolument de
côté tout ce qu'elle avait entendu et
refusa l'appel de Celui qui aurait voulu l'attirer
à Lui par les cordeaux de son amour, et
choisit la terre pour sa portion : son coeur
était trop plein pour qu'il y eût
place pour Christ. Mais Celui dont elle se
détournait ainsi de propos
délibéré ne voulait pas
l'abandonner. Elle avait repoussé son
appel ; II étendit sa main et lui
enleva celui qu'elle avait placé entre son
âme et Lui-même. Deux mois h
peine après cette nuit où elle
avait fait taire la voix de sa conscience,
où elle avait fait son choix et avait
préféré le monde à
Christ ; précisément au moment
où tout semblait le plus beau et où
le bonheur terrestre allait mettre le dernier
fleuron à sa couronne, tout fut subitement
renversé. Un message
télégraphique, dans sa terrible
concision, vint, sans aucune préparation,
briser ses espérances et plonger son coeur
dans la douleur. Jamais la pensée que la
mort pût atteindre celui qu'elle aimait,
n'avait abordé son esprit. C'était
une douleur trop profonde pour qu'aucune
consolation pût l'adoucir, et elle ne
connaissait pas Celui qui seul peut verser un baume
efficace sur les plus douloureuses blessures.
Une chrétienne âgée qui avait
connu sa mère dans sa jeunesse, vint la
voir, pensant que dans cette heure de
détresse, le coeur de Minnie Gray
s'ouvrirait pour écouter Celui qui a
porté nos douleurs aussi bien que nos
péchés. Mais Minnie s'était
comme enveloppée de sa douleur et
repoussa toute consolation. Ne
sachant pas ce qui, deux mois auparavant,
s'était passé entre son âme et
Dieu, sa vieille amie lui cita ces mêmes
paroles : « Venez à moi, vous
tous qui vous fatiguez et qui êtes
chargés, et moi, je vous donnerai du
repos, » et lui parla de l'amour de Celui
qui les avait prononcées. Minnie tressaillit
en les entendant, mais' elle ne pouvait pas voir
d'amour dans le coup qui avait désolé
sa vie ; elle ne connaissait pas le coeur qui
était ému envers elle de la plus
tendre compassion et qui lui disait d'une voix plus
suppliante encore que celle de sa servante
âgée : « Venez à
moi et je vous donnerai du
repos. »
Minnie était alors bien fatiguée,
mais la fatigue même et la douleur fermaient
la porte à Christ et endurcissaient son
coeur contre Lui au lieu de l'adoucir. L'amie de sa
mère la quitta en priant pour elle et en lui
exprimant sa tendre sympathie. Sa visite sembla
n'avoir produit aucun effet sur celle qu'elle
désirait atteindre ; mais ses paroles
furent bénies pour la parente chez laquelle
Minnie vivait et qui bientôt après
s'en alla paisiblement vers le Seigneur, laissant
Minnie sous sa garde, dans la confiance qu'il
trouverait le moment et le chemin pour l'amener
à Lui.
Un an ou deux se passèrent, le monde
cherchant à l'attirer de nouveau dans son
cercle enchanteur. Elle se voyait adulée et
caressée ; mais son coeur restait plein
d'inquiétude et de fatigue. Bientôt
les symptômes du mal fatal qui lui avait ravi
son père et sa mère se
montrèrent aussi chez
elle. Ceux qui l'entouraient
s'en apercevaient clairement ; pour elle, elle
n'y voyait autre chose que l'effet de longues nuits
d'insomnie. Elle n'avait aucun désir de
vivre, mais elle redoutait la mort et faisait tout
ce qui était en son pouvoir pour en
éloigner la pensée. Se souvenant plus
tard de ce moment de sa vie, elle disait :
« Je ne voulais pas venir à
Jésus ; et, dans son amour pour moi, II
m'a forcée de chercher un asile dans ses
bras. »
Dans l'automne de 186., sa santé s'affaiblit
considérablement, et en même temps
elle perdit presque tout ce qu'elle
possédait. Elle put alors voir ce que vaut
l'amitié du monde. Ceux qui l'avaient le
plus entourée au temps de sa santé,
de sa beauté et de sa richesse, furent les
premiers à s'éloigner d'elle,
maintenant que la détresse l'accablait.
Une parente éloignée lui ayant offert
pour quelque temps un asile, elle se rendit
près d'elle. Elle commença alors
à se rappeler avec angoisse de coeur le soir
où elle avait entendu prêcher sur le
XIe chapitre de Matthieu. Elle aurait
désiré entendre encore des paroles
semblables, et cependant elle craignait d'ouvrir sa
Bible pour les y trouver, parce qu'elles semblaient
la condamner. Elle ne pouvait pas prier et ne
connaissait personne à qui elle pût
s'adresser. Elle était loin du lieu
où elle avait entendu le serviteur de Dieu,
elle ne savait qui il était, ni rien qui le
concernât.
Semaine après semaine
s'écoulaient ; elle voyait ses forces
décliner, et l'esprit orgueilleux qui
avait lutté jusqu'alors
semblait aussi brisé. Elle sentait qu'elle
était un fardeau dans la maison où
elle se trouvait. Minnie Gray avec ses richesses et
ses charmes, et Minnie Gray malade et minée
par le chagrin et le souci, étaient deux
personnes bien différentes aux yeux de ceux
qui regardent aux choses extérieures. Quand
un jour ses parentes firent allusion à
l'hôpital, Minnie fut presque heureuse de s'y
faire transporter et d'accepter les soins
d'étrangers plutôt que de rester un
hôte désagréable et à
charge. "
À suivre.
D.V.
VENEZ AVEC
FOI
Venez au Sauveur
débonnaire,
Venez au Prince de la paix ;
Pourquoi languir dans la misère ?
Jésus pardonne pour jamais.
Sa grâce ineffable
Sauve le coupable ;
Mortels, plus d'effroi !
Jésus vous convie
Au fleuve de vie ;
Venez avec foi !
De votre cruelle blessure,
II est prêt à vous soulager.
Croyez... il n'est pas de souillure
Que son sang ne puisse laver.
Sa grâce ineffable
Sauve le coupable ;
Mortels, plus d'effroi !
Jésus vous convie
Au fleuve de vie ;
Venez avec foi !
J.-R. M.
LE SANG DE
JÉSUS
X
LE SANG DE CHRIST PLACE LE CHRÉTIEN DANS UNE
POSITION DE SAINTETÉ ABSOLUE DEVANT DIEU
Mon cher lecteur, si vous avez
goûté en quelque mesure que le
Seigneur est bon, vous avez, compris que pour
l'âme le seul vrai bonheur se trouve dans la
jouissance de la présence de Dieu. En dehors
de cette présence adorable, il n'y a rien
qui puisse réellement la satisfaire. Ses
vrais besoins peuvent être trompés
pour un temps par la poursuite ou la jouissance des
biens et des plaisirs de la terre, mais
bientôt le vide se fait d'autant plus
douloureusement sentir : la soif du coeur ne
peut s'étancher qu'à la source
d'où jaillissent les eaux de la vie.
C'est ce que comprenaient bien et ce que sentaient
ces hommes de Dieu qui s'écriaient :
« Éternel des armées !
combien sont aimables tes tabernacles ! Mon
âme désire ardemment, et même
elle soupire après les parvis de
l'Éternel ; mon coeur et ma chair
tressaillent de joie après le Dieu fort et
vivant »
(Psaume LXXXIV, 1, 2). « O
Dieu ! tu es mon Dieu fort ; je te
cherche au point du jour : mon âme a
soif de toi, ma chair te souhaite en cette terre
déserte, altérée et sans eau,
pour voir ta force et ta gloire »
(Psaume LXIII, 1,2). « Pour
moi approcher de Dieu, c'est tout mon
bien »
(Psaume LXXIII, 28). « J'ai
demandé une chose à l'Éternel,
et je la requerrai encore ;
c'est que j'habite en la maison de l'Éternel
tous les jours de ma vie, pour contempler la
présence ravissante de
l'Éternel »
(Psaume XXVII, 4). C'est là,
en effet, à sa droite, qu'il y a des
plaisirs pour jamais ; car sa face est un
rassasiement de joie
(Psaume XVI, 11).
Mais comment approcher de Dieu et s'abreuver
à ces eaux jaillissantes en vie
éternelle ?
« Éternel ! qui est-ce qui
séjournera dans ton tabernacle V qui est-ce
qui habitera en la montagne de ta
sainteté ? »
(Psaume XV, 1). Dieu est saint, en
effet, et tout dans sa demeure respire la
sainteté. Ses yeux sont trop purs pour
voirie mal, et le méchant ne
séjournera point chez lui
(Habacuc I, 13;
Psaume V, 4, 5). Devant Lui les
séraphins couvrent leurs faces et
s'écrient : Saint, saint, saint est
l'Éternel des armées !
(Ésaïe VI, 3). Jour et
nuit les quatre animaux qui sont au milieu du
trône et à l'entour du trône ne
cessent aussi de dire : Saint, saint, saint,
Seigneur Dieu, Tout-Puissant !
(Apocalypse IV, 6, 8). Qui donc
pourra subsister en la présence de ce Dieu
parfaitement saint ?
L'homme pécheur ne peut comme tel
s'approcher de Dieu, et bien moins encore rester en
sa présence. Pour lui c'est la mort. C'est
ce que Dieu veut faire comprendre aux enfants
d'Israël quand II descend sur le mont
Sinaï et que, sous peine de mort, II leur
défend d'approcher ; c'est ce que
signifiait le voile qui cachait le lieu
très-saint et l'arche où Dieu
siégeait entre les chérubins ;
c'est ce que sent très-bien
Ésaïe quand voyant le
Seigneur séant sur un
trône haut et élevé, il
s'écrie : C'est fait de moi ; car
mes yeux ont vu le Roi, l'Éternel des
armées !
(Ésaïe VI, 5). Manoah
aussi s'effraye et dit : Certainement nous
mourrons, parce que nous avons vu Dieu (Juges XIII,
22). De là vient encore cette crainte qui
saisit le coeur de tout homme devant les
manifestations de la gloire de Dieu (voyez
Luc II, 9, 10 ;
V, 9).
L'homme est-il donc à jamais
séparé de Dieu ? L'approche du
Dieu bienheureux, source de toute
félicité, lui est-elle
interdite ? Non, Dieu a pourvu Lui-même
à ce que l'homme pût entrer dans sa
joie, l'homme pécheur même !
C'est, on peut le dire, le désir de son
coeur, un des buts de ses
révélations : II voulait amener
plusieurs fils à la gloire ; II les
prend du milieu de la race coupable des hommes,
leur donne une place dans sa maison et les
introduit dans la relation et la proximité
la plus intime avec Lui. 0 profondeur des conseils
de sa grâce !
Pour entrer en la présence du Dieu saint, il
faut une sainteté parfaite. Il ne peut
être question ici de quelque chose de
relatif ; il ne suffît pas de bonnes
intentions, de bons désirs, d'un coeur qui
se sèvre, fût-ce même au plus
haut degré, de ce qu'il sait ne point plaire
à Dieu et ne point convenir à Sa
sainteté. Cela est bon, sans doute, et nul
coeur droit qui désire s'approcher de Dieu,
ne fera bon marché même de la moindre
pensée qui offenserait la pureté de
Dieu. Mais est-ce là ce qui peut donner de
la sécurité à l'âme et
lui permettre de subsister
devant Dieu ? Non ; à mesure
même que nous nous efforcerons de maintenir
purs nos coeurs et nos vies, nous apercevrons
combien nous manquons et quelle est la hauteur des
exigences de la nature de Dieu.
Pour jouir de sa présence, il ne peut
être question d'une sainteté
progressive ; il faut que l'âme soit
établie dans une sainteté
absolue, une sainteté à la
hauteur de celle de Dieu ; ce qui est parfait
peut seul subsister devant Lui.
Voilà pourquoi Dieu voulant pourtant amener
des pécheurs près de Lui et les
rendre capables de participer au lot des saints
dans la lumière, a trouvé
Lui-même un moyen en harmonie avec sa nature,
moyen qui laisse debout toutes ses perfections, et
qui les fait même briller d'un éclat
dans lequel nous n'aurions pu les voir sans cela.
CE MOYEN, C'EST LE SANG QUE CHRIST A VERSÉ.
Le sang de Christ place les croyants dans une
position de sainteté absolue devant Dieu, de
sorte qu'ils Lui sont agréables et qu'ils
peuvent s'approcher de Lui avec une entière
confiance. C'est cette précieuse
vérité qui nous est enseignée
par un fait remarquable. Quand le Seigneur
Jésus rendit l'esprit sur la croix,
« le voile du temple se déchira en
deux depuis le haut jusqu'en bas »
(Matthieu XXVII, 51).
Désormais le chemin des lieux saints,
autrefois fermé, était ouvert, et
l'homme avait un sûr et libre accès
dans le sanctuaire où Dieu habite et
où Christ est entré et demeure
actuellement (Lisez
Hébreux X, 19, 20, et
VI, 20).
Deux choses, quant à ma position, sont
nécessaires pour que je puisse sans crainte
m'approcher du Dieu saint et subsister devant Lui.
D'abord n'avoir plus conscience de
péchés pesant sur moi ; en
d'autres termes être assuré que mes
péchés sont pardonnés. Or Dieu
l'affirme quand II dit : « Je ne me
souviendrai plus de leurs péchés, ni
de leurs iniquités. » En second
lieu, il faut que je paraisse devant Dieu
sanctifié d'une manière parfaite. Or
par l'offrande du corps de Christ faite une fois
pour toutes, nous sommes sanctifiés et
rendus parfaits à perpétuité
(Lisez
Hébreux X, 17,
10,
14).
C'est ainsi que par le sang de Jésus, nous
avons une pleine liberté pour entrer dans
les lieux saints (2)
par le chemin nouveau et vivant
qu'il nous a consacré à travers le
voile, c'est-à-dire sa chair
(Hébreux X, 19, 20).
Sang précieux de l'Agneau
immolé ! c'est par lui que nous pouvons
dans une sainteté parfaite nous approcher de
Dieu et jouir de sa communion sans aucune crainte
et dans une paix entière. Quel repos pour la
conscience et pour le coeur ! Dieu est
lumière, mais bien loin qu'elle nous rende
confus, c'est dans cette lumière que
nous trouvons le sang de
Jésus-Christ son Fils qui nous purifie de
toute iniquité.
Aussi tout dans le lieu où nous nous rendons
et où par la foi nous avons
déjà accès, proclame-t-il la
vertu du sang de Christ et rappelle-t-il au coeur
le sacrifice de Celui qui nous aime et nous a
lavés de nos péchés. Partout
se présente à nos regards 1'AGNEAU
qui a été immolé. Si en
Apocalypse IV, V, Jean est appelé à
contempler dans le ciel le trône de Dieu avec
les attributs de la puissance et du jugement, il y
découvre aussi au milieu du trône et
des quatre animaux et des anciens, un Agneau qui se
tenait là, comme immolé. - Quelle est
la place d'honneur qu'occupent les multitudes
innombrables que Jean voit en Apocalypse VII,
vêtus de robes blanches, avec des palmes dans
leurs mains ? Ils sont devant le trône
et devant l'Agneau, et leurs voix proclament que le
salut est à notre Dieu et à l'Agneau.
La blancheur immaculée de leurs robes vient
de ce qu'ils les ont lavées dans le sang de
l'Agneau et si tout besoin et toute douleur sont
éloignés d'eux, c'est que l'Agneau
lui-même les paîtra et les conduira aux
fontaines des eaux de la vie.
Ce qui réjouit et fait tressaillir les
coeurs dans le ciel, quand le Seigneur Dieu
Tout-Puissant est entré dans son
règne, c'est que les noces de l'Agneau sont
venues et que sa femme s'est préparée
(Apocalypse XIX, 6-9). Bienheureux
même ceux qui, sans jouir d'une aussi tendre
et aussi intime relation, sont conviés au
banquet des noces de l'Agneau.
Et cette cité sainte qui a des fondements et
de laquelle Dieu est l'architecte et le
créateur, que nous dit-elle dans sa
gloire ? Elle proclame la même
grâce, partout en elle se retrouve le
même nom précieux. La
« nouvelle Jérusalem, »
c'est l'Épouse, la femme de l'Agneau ;
ses fondements portent les noms des apôtres
de l'Agneau ; le Seigneur Dieu, le
Tout-Puissant, et l'Agneau en sont le temple ;
l'Agneau l'éclairé ; le nom de
ses bienheureux habitants est écrit dans le
livre de vie de l'Agneau, et ce qui l'arrose et la
rafraîchit, c'est un fleuve d'eau vive,
éclatant comme du cristal, qui sort du
trône de Dieu et de l'Agneau. En effet, le
trône de Dieu et de l'Agneau sera en elle, et
ceux qui maintenant déjà sont ses
serviteurs, le serviront alors parfaitement,
rapprochés de Lui, voyant sa face, qui est
un rassasiement de joie, et portant son nom sur
leurs fronts. (Lisez
Apocalypse XXI, XXII, 1-5).
Quel diadème de beauté et de
gloire ! Dans quelle sphère de
grâce et de vérité
l'espérance introduit l'âme !
C'est un monde où seront connues toute la
dignité et la gloire morales de l'Agneau qui
versa son sang, - où n'existera nul obstacle
à l'entière manifestation et à
la pleine conception de la grâce et de la
vérité révélées
par Jésus-Christ. Combien toutes ces choses
montrent la tendresse de Dieu envers nous !
Quelle perspective délicieuse elles nous
ouvrent ! Les biens à venir dont Christ
est devenu le souverain sacrificateur, nous
parleront tous de cet amour rédempteur dans
lequel nous pécheurs, nous
avonstrouvé un refuge, et
tous seront comme des liens d'une douceur et d'une
puissance ineffables qui nous uniront à
l'Agneau qui fut immolé.
Ainsi de la position de grâce où nous
sommes introduits par le sang de Christ, ayant
été justifiés par la foi en ce
sang, nous contemplons et attendons la gloire
où déjà se trouve notre
bien-aimé Sauveur. Bientôt nous y
serons nous-mêmes avec Lui, mais
l'éclat le plus beau, les plus radieuses
clartés de cette gloire nous diront le
chemin par lequel nous y sommes arrivés.
Tout cela ne nous révèle-t-il pas le
coeur et la pensée de Celui qui étant
allé maintenant nous préparer une
place assurée par son sang, reviendra
bientôt et nous prendra pour accomplir le
désir de son coeur ? Il a dit :
« Père, je veux, quant à
ceux que tu m'as donnés, que là
où moi je suis, ils y soient aussi avec moi,
afin qu'ils voient ma gloire que tu m'as
donnée s
(Jean XVII, 24). Cette
espérance est « comme une ancre de
l'âme, sûre et ferme et qui entre
jusqu'au dedans du voile, où Jésus
est entré comme précurseur
pour nous, étant devenu souverain
sacrificateur pour l'éternité, selon
l'ordre de Melchisédec"
(Hébreux VI, 19, 20).
Tout est le résultat du sacrifice de
Lui-même qu'il a accompli une fois pour
toutes sur la croix et que dès ce moment
Dieu a accepté. La pensée du Seigneur
Jésus maintenant, n'est pas de frayer un
chemin vers Dieu ; c'est une chose qu'il a
faite ; mais sa pensée est de revenir
pour recevoir dans sa gloire ceux qui suivent ce
chemin.
« Maintenant en la consommation des
siècles, il a été
manifesté une fois pour 'l'abolition du
péché par son sacrifice... Ainsi le
Christ aussi, ayant été offert une
fois pour porter les péchés de
plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans
péché, à salut, à ceux
qui l'attendent »
(Hébreux IX, 26-28).
La culpabilité, toute la
culpabilité qui pesait sur le croyant a
été enlevée par le sacrifice
de Christ. L'offrande, que dans son amour, II a
faite de Lui-même, n'a pas été
en vain : à ceux qui le connaissent et
l'attendent, il apparaîtra bientôt pour
un salut plein et glorieux.
Le sang de Christ est donc ce qui a
ôté, aboli le péché
devant Dieu ; par lui les croyants, jouissant
de la rémission de leurs
péchés, sont sanctifiés,
c'est-à-dire, mis à part pour Dieu et
déjà rendus parfaits à
perpétuité. C'est l'enseignement que
nous donne la Parole dans le
Xe chapitre aux
Hébreux : Le sang de taureaux et de
boucs ne pouvait ôter les
péchés, et sans effusion de sang, il
ne se fait pas de rémission. Alors Christ,
dans son amour ineffable, est venu pour faire la
volonté de Dieu. « C'est par cette
volonté que nous avons été
sanctifiés, par l'offrande du corps de
Jésus Christ, faite une fois pour toutes...
Ayant offert un seul sacrifice pour les
péchés, il s'est assis à
perpétuité à la droite de
Dieu, attendant désormais jusqu'à ce
que ses ennemis soient mis pour le marchepied de
ses pieds. Car par une seule offrande, il a rendu
parfaits à perpétuité ceux qui
sont sanctifiés. L'Esprit aussi nous en
rend témoignage,
disant : Je ne me souviendrai plus jamais de
leurs péchés, ni de leurs
iniquités »
(vers. 10, 12,13, 14, 15 et 17).
Il n'est donc plus besoin d'offrande pour le
péché, puisqu'il y a rémission
de tous les péchés et de toutes les
iniquités du croyant. Quelle
sécurité parfaite cela ne donne-t-il
pas à la conscience ? La
possédez-vous, mon cher lecteur, cette
sécurité ? Mais là ne se
borne pas la bénédiction. Le sang de
Jésus met le croyant à part pour
servir Dieu en sainteté.
Le sang de Jésus est notre sanctification,
suivant ce qui est écrit :
« C'est pourquoi aussi Jésus, afin
qu'il sanctifiât le peuple par son propre
sang, a souffert hors de la porte. »
Quelle en est la conséquence ?
« Sortons donc vers Lui hors du camp
portant son opprobre »
(Hébreux XIII, 12, 13).
O mon cher lecteur, souvenons-nous que si nous
jouissons de la paix avec Dieu, si notre conscience
a été purifiée parfaitement
(Hébreux IX, 14), c'est pour
que nous servions Dieu, et non pour que nous
travaillions d'autant plus tranquillement à
notre avancement dans le monde. Ce serait en
quelque sorte estimer profane le sang de l'alliance
par lequel nous avons été
sanctifiés et outrager l'Esprit dé
grâce. De quel châtiment pensez-vous
que sera jugé digne celui qui agit
ainsi ? (Lisez
Hébreux X, 29-31).
Le sang de Jésus-Christ qui est pour nous le
témoignage et le garant des biens à
venir, l'est du jugement pour le monde où
nous sommes.
« Le sang de l'aspersion parle mieux
qu'Abel »
(Hébreux XII, 24), car c'est
du ciel que se fait entendre la voix qui nous
annonce la paix par ce sang
(Colossiens I, 20) ; or cette
même voix proclame aussi le jugement qui
vient sur toutes choses muables, tandis que nous,
nous recevons un royaume inébranlable.
(Lisez
Hébreux XII, 26-29).
Ainsi non-seulement Dieu attire nos coeurs par les
descriptions ravissantes qu'il nous présente
de l'aimable séjour de la Canaan
céleste vers laquelle nous marchons, mais il
nous pousse pour ainsi dire hors des choses
présentes, - ce dur pays d'esclavage, - en
nous montrant le jugement terrible que Lui -
même va faire fondre sur le monde et sur
Satan qui en est le prince.
La terre et les oeuvres qui sont en elle seront
brûlées entièrement !...
Quelles gens devrions-nous être en sainte
conduite et en piété ! -
Séparés du monde et de sa souillure,
des enfants de Dieu irréprochables au milieu
d'une génération tortue et perverse
(2 Pierre III, 10, 11 ;
Philippiens II, 15).
|