Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE SALUT DE DIEU
FEUILLE CONSACRÉE À L'ÉVANGÉLISATION


VOL. III
TROISIÈME ANNÉE 1876

LE SANG DE JÉSUS

IX
LE SANG DE JÉSUS EST POUR LE CROYANT LA BASE DE SA PAIX
ET LE THÈME CONSTANT DE SON ADORATION.

Je voudrais m'adresser aujourd'hui plus spécialement à ceux qui croyant déjà en Christ, ont été amenés à sentir plus profondément leurs obligations et leur responsabilité.
Rappelons-nous d'abord que si nous voulons être remplis de la grâce de Dieu et rafraîchis dans nos âmes, il est essentiel que nous retenions fermement les grandes vérités dans lesquelles nous avons trouvé le repos au moment de notre conversion.
Comme les Israélites auxquels l'Éternel rappelle sans cesse la délivrance merveilleuse dont ils avaient été les objets, lorsqu'il les tira du pays d'Égypte, nous devons aussi nous souvenir constamment de l'oeuvre d'amour et de puissance par laquelle le Seigneur Jésus nous a délivrés.

Un chrétien était sur son lit de mort, et un ami lui citait différents passages qui montraient la fidélité de Dieu. Quand cet ami se fut retiré, le malade dit à ceux qui restaient auprès de lui : « Des textes tels que ceux-là ne me donnent pas autant de consolation et de soulagement que ces paroles : « Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle » (Jean III, 16), ou celles-ci : « Celui qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous fera-t-il pas don aussi, librement, de toutes choses avec Lui ? » (Romains VIII, 32) Ces témoignages si clairs, qui nous dévoilent le coeur de Dieu, me soutiennent plus que de simples promesses. J'aime à être mis en contact avec une personne vivante. »

C'est là une expérience commune en semblables circonstances. Quand un chrétien, fût-ce même le plus avancé, est sur son lit de mort, il sent qu'il n'y a rien sur quoi il puisse reposer avec confiance, excepté sur les précieuses vérités que proclame l'Évangile de la grâce de Dieu, et sur la personne vivante de son Fils ressuscité et monté en haut.

Sommes-nous faibles, abattus, découragés dans notre course à travers un monde rempli de mal ; notre âme est-elle comme « rassasiée de maux, et notre vie est-elle venue jusqu'au sépulcre » (Psaume LXXXVIII, 3) ; sommes-nous dans un état où « notre esprit se pâme en nous, et où notre coeur est désolé au dedans de nous » (Psaume CXLIII, 4), c'est encore la contemplation de l'oeuvre et de la personne bénies de Christ qui seule peut nous relever et nous fortifier.
La parole certaine et digne de toute acceptation que le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs (1 Timothée I, 15) est celle qui donne la vie au pécheur qui désespère, et c'est elle aussi qui console et ranime le chrétien. L'Évangile est toujours la puissance de Dieu en salut à quiconque croit (Romains 1,16), et Christ peut sauver entièrement ceux qui s'approchent de Dieu par Lui (Hébreux VII, 25).

Si l'on trouve dans le Christ Jésus la paix de la conscience par le pardon des transgressions passées, c'est en Lui aussi qu'on trouve la paix du coeur dans les circonstances présentes (voyez Philippiens IV, 7), et la paix de l'esprit quant à l'avenir. Et cela n'est pas une théorie, mais un fait que doit réaliser tout enfant de Dieu : « Car nous savons que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos... Qui est-ce qui nous séparera de l'amour de Christ ?... Car je suis assuré que ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni choses présentes, ni choses à venir, ni puissances, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur » (Romains VIII, 28-39).

Souvent une âme pieuse cherche en elle-même, dans ses sentiments envers Dieu, dans ses progrès, en un mot dans les fruits qui doivent être le résultat de la vie de l'Esprit, elle cherche, dis-je, une certitude qu'elle appartient à Dieu. La trouve-t-elle ? Non. Et la raison pour laquelle tant de personnes sincères qui croient en Jésus sont harassées par les doutes et les craintes et sont souvent comme enveloppées de ténèbres, c'est qu'au lieu de s'appuyer entièrement sur le bien-aimé Sauveur, elles veulent se reposer en partie sur ce que leur fournissent leurs propres expériences. Certes les fruits de justice que produit en nous le Saint-Esprit sont précieux comme évidences de la grâce qui nous a été donnée, mais s'y confier comme s'ils étaient les bases de notre paix, cela ne peut se faire qu'au grand détriment spirituel de nos âmes.

Il est bon sans doute, et il faut que les fruits de l'Esprit se voient en nous ; mais c'est Christ Lui-même, reçu et cru, Christ sur lequel on se repose, que l'on aime et que l'on suit, c'est Lui seul qui donne à notre âme une paix permanente.
C'est aussi en tenant, par la foi, nos regards attachés sur Lui que nous croîtrons à son image. Et plus nous avancerons dans cette voie, plus aussi nous verrons tout l'odieux du péché et nous sentirons combien loin nous sommes encore d'être conformes à Christ en toutes choses. Mais si notre sanctification pratique est une oeuvre graduelle et encore imparfaite, souvenons-nous que notre justification devant Dieu est parfaite et complète. La première s'opère en nous par la puissance du Saint-Esprit, la seconde a été accomplie par l'oeuvre de Christ. En même temps n'oublions pas que par le sacrifice de Christ nous sommes déjà sanctifiés pour ce qui regarde notre position devant Dieu, et que nous sommes agréés de Lui, saints et irrépréhensibles, selon toute la valeur à ses yeux du précieux sang de Christ. « C'est par sa volonté que nous avons été sanctifiés, par l'offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes » (Hébreux X, 10).
Justifiés par le sang de Christ et ayant ainsi la paix avec Dieu, c'est aussi par ce moyen que nous sommes parfaitement purifiés et sanctifiés, de sorte que par le sang de Jésus nous avons une pleine liberté pour nous approcher de Dieu.

Qu'il est grand le prix auquel une telle rédemption a été opérée, - une rédemption qui, répondant à tous les besoins du pécheur, satisfait en même temps à tous les droits de la justice et de la sainteté de Dieu, et nous dévoile les profondeurs et les hauteurs de son amour, de sa grâce et de sa gloire !

Est-il étonnant de voir que les coeurs des rachetés y reviennent continuellement ? Dans le ciel comme sur la terre, le sang de l'Agneau est le thème de leurs adorations. Sur la terre, ils adorent « Celui qui nous aime et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang » (Apocalypse I, 5) ; et dans le ciel, les vingt-quatre anciens avec leurs harpes et leurs coupes d'or pleines de parfums, chantent un cantique nouveau, disant : « Tu es digne de prendre le livre, et d'en ouvrir les sceaux ; car tu as été immolé, et tu as acheté pour Dieu par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation ; et tu les as faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu ; et ils régneront sur la terre » (Apocalypse V, 9, 10).

Faut-il s'étonner, demanderai-je encore, si l'on parle sans cesse du sang de Jésus, vu que la merveille des merveilles, cette oeuvre insondable de l'amour de Dieu, par laquelle un pécheur trouve une entrée dans les saintes demeures de la lumière divine, c'est la mort du Fils de Dieu !

Précieux Sauveur ! Il savait combien le souvenir de sa mort est essentiel pour les siens, et II laissa cette ordonnance si douce à son coeur, qui leur rappelle, toutes les fois qu'ils y participent, son corps donné et son précieux sang versé pour eux. C'est ainsi que dit l'apôtre Paul : « Car moi, j'ai reçu du Seigneur ce qu'aussi je vous ai enseigné : c'est que le Seigneur Jésus, la nuit qu'il fut livré, prit du pain, et après avoir rendu grâces, il le rompit et dit : Ceci est mon corps qui est pour vous, faites ceci en mémoire de moi. De même il prit la coupe aussi, après le souper, en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang : faites ceci, toutes les fois que vous la boirez, en mémoire de moi. Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez la coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne » (1 Corinthiens XI, 23-26).

O Fils de Dieu ! Sauveur plein de tendresse,
Du péché, de la mort ton sang nous délivra,
Pour toujours rachetés, les tiens pleins d'allégresse,
Dans la gloire introduits répéteront sans cesse :
A l'Agneau, gloire, honneur ! Amen, Alléluia !



LA PAROLE ET LA FOI

Le Seigneur dit que quiconque CROIT, A la vie éternelle. C'est par le moyen de la foi que l'âme est mise en rapport avec Dieu, le Dieu vivant, et cette foi a pour objet ce que Dieu dit.
La parole est de Dieu. De là vient sa puissance et son efficacité. C'est par la parole de Dieu que tout a été créé ; « Dieu dit : Que la Lumière soit, et la lumière fut. » C'est par sa parole que toutes choses subsistent. Il est dit du FILS qu'il soutient toutes choses par la parole de sa puissance (Hébreux I, 3).
Le Seigneur Jésus, durant le cours de son ministère, donna constamment des preuves incontestables de la puissance divine de sa parole.

« Lève-toi, dit-il à l'impotent, prends ton petit lit et marche, » et ces paroles suffisent pour guérir l'homme qui avait langui trente-huit ans dans son infirmité (Jean V, 8, 9).
« Lazare, sors dehors, » crie-t-il à celui qui depuis quatre jours gisait dans le sépulcre et qui sentait déjà la corruption ; et, à cet appel, le mort ressuscite (Jean XI, 39-44).

C'est une parole aussi divinement puissante qui se fait entendre au pécheur.
« La parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu'aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit, des jointures et des moelles ; et elle discerne les pensées et les intentions du coeur. » (Hébreux IV, 12). Elle est incorruptible, vivante et permanente, et demeurera lorsque toutes choses auront passé (voyez 1 Pierre I, 23-25). Si donc je suis sauvé par elle, je trouve également en elle l'assurance inébranlable d'un salut éternel, car elle ne change jamais, elle ne peut pas se contredire. Or la parole a la puissance pour sauver nos âmes (Jacques I, 21).
« La foi est de ce qu'on entend et ce qu'on entend par la Parole de Dieu » (Romains X, 17). C'est lorsque la Parole de Dieu est reçue dans le coeur que l'on passe de la mort à la vie.

Cette même parole qui communique la vie, la soutient aussi. Le salut de l'âme est en elle ; en elle aussi se trouve la nourriture de l'âme sauvée. « L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matthieu IV, 4).
Quel bonheur pour nous de pouvoir nous remettre à Dieu pour toutes choses, pour le présent et pour l'avenir, nous appuyant sur la parole immuable et invariable du Dieu vivant, dans laquelle nous trouvons toute assurance pour nos âmes devant Dieu !


Nous avons vu que c'est la foi qui nous met en rapport avec Dieu. Les Écritures nous montrent aussi que la porte de la foi est la seule par laquelle l'homme puisse entrer en relation avec Dieu. Le récit de la chute d'Adam prouve cette vérité (voyez Genèse III).

Aussitôt qu'il eut commis son péché de désobéissance dans le jardin d'Éden, Adam eut peur de Dieu. C'est ainsi que dit le prophète : « Vos iniquités ont fait séparation entre vous et votre Dieu » (Esaïe LIX, 2). Pour que l'homme jouisse de nouveau de la communion avec Dieu, deux choses sont nécessaires : il faut d'abord que les péchés de l'homme soient ôtés ; or cela est une oeuvre que Dieu seul peut accomplir, et II le fait par le moyen du précieux sang de Christ (Hébreux IX, 14). Ensuite il faut que l'homme se soumette de coeur à la parole de Dieu qui lui annonce que cette oeuvre a été accomplie, car sans cette soumission, il est évident qu'il restera toujours dans l'état de rébellion dans lequel il est tombé par son premier acte de péché. C'est la désobéissance qui l'a privé de la communion avec Dieu, l'obéissance seule peut l'y faire rentrer.

C'est là cette bonne nouvelle que le Seigneur est venu nous annoncer : « Qui croit au Fils, a la vie éternelle, mais qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur Lui » (Jean III, 36). - Et remarquez que cette soumission de coeur que Dieu exige de nous, n'est pas une soumission à une parole de jugement ou à une loi impossible à accomplir, mais bien à une parole de grâce et de pardon gratuit accordé au pécheur perdu. « Les gages du péché, c'est la mort ; mais le DON DE GRÂCE de Dieu, c'est la vie éternelle dans le Christ Jésus, notre Seigneur » (Romains VI, 23).

Pécheur, pourriez-vous résister plus longtemps à cet appel de grâce ? Dieu ne peut ni cacher ni anéantir sa vérité, cela est évident. Il vous dit nettement ce que vous êtes : un pécheur totalement perdu ; en même temps il vous offre la grâce et la vie en vertu de l'oeuvre de rédemption que Christ a opérée. Le Seigneur Jésus a dit : « Ceux qui sont en bonne santé n'ont pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal. Mais allez et apprenez ce que c'est que : « Je veux miséricorde et non pas sacrifice ; » car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs » (Matthieu IX, 12-13).

La foi est le lien qui nous unit à Dieu ; c'est ce qui nous met à l'aise dans sa présence. Il est écrit : « Abraham crut Dieu et cela lui fut compté à justice » (Romains IV, 3). La foi d'Abraham se manifesta par la confiance qu'il avait en Dieu, comme la suite de son histoire nous le montre, et il fut appelé « ami de Dieu » (Jacques II, 23). Nous sommes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de nous-mêmes. Tout est de Dieu, du Dieu qui va à la recherche des pécheurs pour les sauver et les amener à Lui, leur pardonnant gratuitement toutes leurs fautes.

Y a-t-il quelqu'un qui dise : Qu'est-ce que la communion de Dieu ? Je ne la désire pas ; je ne m'en soucie point. Que désirez-vous donc ? Cherchez-vous la paix, la joie, le bonheur, tout en restant loin de Dieu ? Hélas ! pauvre âme, combien il vous en coûtera d'apprendre cette leçon élémentaire que lé bonheur n'existe pas dans les choses d'ici-bas, où le péché a tout gâté et où la mort met fin à tout ce que le coeur recherche !

Le bonheur n'existe que dans la présence de Dieu et dans sa communion. C'est là qu'il y a une plénitude de joie, des plaisirs qui durent éternellement (Psaume XVI, 11). En dehors, il y a le jugement, les ténèbres, les peines éternelles.
La mort et la vie sont devant vous, - choisissez ! Dieu dit que celui qui croit au Fils A la vie éternelle.


MINNIE GRAY, OU CHERCHÉE ET TROUVÉE

I
LA SALLE DE PRÉDICATION

La coupe du bonheur terrestre était comble pour Minnie Gray, quand le Seigneur paria pour la première fois à son âme. Tout ce que le monde admire, tout ce qu'il estime, tout ce qui a du prix à ses yeux, elle le possédait ; aussi lui prodiguait-il ses plus radieux sourires. Elle ignorait combien est trompeuse cette faveur qui s'adressait non à ce qu'elle était en elle-même, mais uniquement à ses avantages extérieurs. Tout lui apparaissait riant et plein de charmes, et elle ne connaissait rien dont l'excellence pût éclipser l'éclat de sa félicité.

Minnie était restée orpheline à un âge trop tendre pour avoir pu comprendre l'étendue de la perte qu'elle avait faite. La parente âgée sous les soins de laquelle elle avait été élevée n'avait qu'un objet dans sa vie : rendre heureuse celle qui lui avait été confiée ; et elle pensait assurer, son bonheur en s'appliquant à satisfaire tous ses désirs.

Au commencement de l'été de 186., Minnie, accompagnée de quelques jeunes amies, se rendit un soir dans une petite chapelle à l'apparence paisible et où se tenait une réunion. C'était Minnie qui avait suggéré cette idée à ses compagnes dans le but de savoir ce qui pouvait attirer tant de gens à passer une délicieuse soirée d'été d'une manière qui leur semblait si triste.
« Nous ne resterons qu'un quart d'heure, avait-elle dit ; nous nous mettrons près de la porte, puis nous nous glisserons dehors sans bruit. »
Mais ce dessein échoua. Lorsqu'elles entrèrent, la salle était déjà trop remplie : elles furent obligées de se séparer, et Minnie, loin de ses compagnes, se trouva droit en face du prédicateur. Pendant quelques moments elle ne songea qu'à s'amuser en pensant à la nouveauté de la scène où elle avait introduit ses amies et en se représentant leur ennui d'être forcées de passer ainsi toute une soirée.
Mais bientôt toute son attention fut attirée et comme enchaînée. Les manières et le sérieux profond, puis les paroles du prédicateur la frappèrent, et comme il discourait « sur la justice et sur la tempérance et sur le jugement à venir, » Minnie trembla de même que le gouverneur romain d'autrefois (voyez Actes XXIV, 25).

Elle avait bien entendu parler d'aumônes et de prières, jamais de justice et de jugement comme elle l'entendait en ce moment. Il lui semblait que le regard du prédicateur était fixé sur elle ; toute autre chose avait disparu de son esprit, excepté la pensée que c'était la vérité. Et comment pourrait-elle échapper à un jugement si proche, si imminent ? Il y avait, après cette vie, quelque chose à quoi elle n'avait jamais pensé ; il existait un Dieu dont elle n'avait jamais reconnu les droits. Voilà ce qui s'imposait à son âme avec puissance. Elle n'avait jusqu'alors rien connu au delà de la terre et de ses plaisirs, et tout à coup l'éternité se découvrait aux yeux de son âme.

Le prédicateur avertissait ceux qui étaient jeunes, gais et insouciants, et elle sentait que ses paroles s'adressaient à elle. Les terreurs de l'Éternel l'environnaient, elle aurait voulu les fuir et était sur le point de s'écrier : « N'y a-t-il aucun moyen d'échapper à ce jugement redoutable, à cet enfer plein d'horreurs ? »

Mais comme ces pensées remplissaient son âme, le prédicateur, cessant de dérouler devant ses auditeurs cette oeuvre de jugement, oeuvre étrange pour Dieu et son travail non accoutumé (Ésaïe XXVIII, 21), se mit à parler de l'amour qui remplit le coeur de Dieu ; du chemin du salut que Lui-même a ouvert en livrant son propre Fils ; il montra Christ venu du ciel pour chercher le plus vil pécheur et l'amener à la maison du Père, Christ, le seul chemin pour quiconque veut y entrer, le seul qui sauve de la colère à venir.

Le prédicateur devenait toujours plus épris de son sujet ; il semblait qu'il lui fût doux au delà de toute expression de parler des attraits de Christ, de s'étendre sur son amour et sur tout ce qui le rend aimable, de le présenter de telle sorte que d'autres yeux et d'autres coeurs pussent aussi regarder à Lui et être attirés vers Lui pour l'adorer et le suivre.
Mais Minnie ne voyait en Jésus aucune beauté qui fît qu'elle le désirât. Le prédicateur avait pris pour texte le XIe chapitre de Matthieu et termina par la touchante invitation sortie des lèvres du Sauveur Lui-même : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et je vous donnerai du repos. » Minnie ne sentait ni fatigue, ni besoin de repos ; le monde ne lui avait présenté qu'une brillante scène de bonheur, et cependant ces dernières paroles résonnaient à ses oreilles comme si elle les avait entendues auparavant, et comme si elle avait voulu les entendre encore, quoiqu'elles n'eussent pour elle aucune douceur (1).

Elle désirait être mise à l'abri du jugement, mais elle ne désirait pas Christ. Le ciel lui apparaissait comme un séjour lugubre où elle ne souhaitait d'aller que pour échapper aux terreurs de l'enfer, lorsqu'à un certain moment il lui faudrait mourir et quitter ce monde. Mais ce temps, elle l'espérait, était encore loin d'elle. Être chrétien à la manière du prédicateur lui paraissait si sombre ! N'y avait-il donc aucune autre ressource, aucun moyen terme entre cette alternative et l'éternité terrible qu'il avait dépeinte, et que quelque chose lui disait être une réalité ?
Satan murmurait à ses oreilles : Tu as bien le temps de t'occuper de ces choses ; le prédicateur est un enthousiaste. Pourquoi se hâter tellement et se jeter dans la détresse et le trouble ?

Elle accueillit cette suggestion, et sa conscience s'étant calmée pour un moment, elle jeta un rapide et ardent coup d'oeil sur les visages qui l'entouraient pour voir si elle y découvrirait le reflet de ses propres terreurs ou de l'anxiété que semblait éprouver le prédicateur pour le salut des âmes. Chez une ou deux personnes seulement elle put en voir quelques traces. D'après leurs livres et leur air même, elle s'imagina que la plupart étaient des auditeurs réguliers. Quoique plusieurs fussent attentifs, d'autres donnaient des signes de fatigue, quelques-uns s'agitaient, regardaient à leur montre et semblaient impatients ; combien y en avait-il qui se doutaient d'être observés de près par une âme qui mesurait la vérité de Dieu par leurs actes ?

Oh ! pensa-t-elle, mon cas n'est pas si désespéré ; il est clair que d'autres ne pensent pas que tout ce qu'il dit soit la vérité, sans cela ils seraient sérieux comme lui. C'est évidemment un enthousiaste emporté par son sujet. Rien ne presse. Je n'ai pas besoin de me décider maintenant ; j'y penserai. Si tous semblaient prendre à ces choses un aussi profond intérêt que lui, je sentirais que c'est maintenant ou jamais qu'il faut prendre parti.
Cependant ces paroles d'une part : « Venez à moi, » et d'une autre, celles-ci : « Allez-vous-en loin de moi, » ne cessaient de retentir à ses oreilles, et répandaient sur son visage habituellement radieux, un nuage inaccoutumé. Lorsqu'elles sortirent ensemble, ses amies s'en aperçurent et la raillèrent à cause de son silence. « Assurément, Minnie, lui dit l'une d'elles, vous ne pensez pas qu'il y eût rien de vrai dans les paroles de cet homme ? »
Elle rougit et répondit : « Supposez qu'elles soient vraies, combien cela est sérieux pour nous ! » Il y tut une exclamation générale, et celle qui avait déjà parlé dit en riant : « Pauvre H., que dira-t-il quand Minnie Gray sera devenue méthodiste ? »

Satan veillait pour enlever du coeur de Minnie la parole qui y avait été semée ; il savait comment détourner la flèche de la conviction qui commençait à pénétrer. Minnie ne répondit rien aux dernières paroles de son amie ; elle se demanda aussi ce que dirait H., car dans trois mois elle devait devenir sa compagne.
Pendant quelques moments, dans son anxiété touchant l'avenir éternel, elle avait oublié la terre ; mais maintenant ses joies et ses espérances recommencèrent à surgir en foule dans son coeur, avec la pensée de celui en qui elles se concentraient, et les paroles qui l'avaient si vivement impressionnée perdirent peu à peu de leur puissance.
Lorsqu'elle fut seule, dans le calme de la nuit, elles se firent encore entendre, et il ne lui était pas facile de s'en débarrasser ; mais le diable murmura de nouveau : « Tu as bien le temps ; tu es si jeune ! Ne te décide pas maintenant ; pense à tout ce que tu aurais à abandonner pour Christ, H. lui-même peut-être ! »

Elle prêta l'oreille aux perfides suggestions de l'ennemi. Elle mit résolument de côté tout ce qu'elle avait entendu et refusa l'appel de Celui qui aurait voulu l'attirer à Lui par les cordeaux de son amour, et choisit la terre pour sa portion : son coeur était trop plein pour qu'il y eût place pour Christ. Mais Celui dont elle se détournait ainsi de propos délibéré ne voulait pas l'abandonner. Elle avait repoussé son appel ; II étendit sa main et lui enleva celui qu'elle avait placé entre son âme et Lui-même. Deux mois h peine après cette nuit où elle avait fait taire la voix de sa conscience, où elle avait fait son choix et avait préféré le monde à Christ ; précisément au moment où tout semblait le plus beau et où le bonheur terrestre allait mettre le dernier fleuron à sa couronne, tout fut subitement renversé. Un message télégraphique, dans sa terrible concision, vint, sans aucune préparation, briser ses espérances et plonger son coeur dans la douleur. Jamais la pensée que la mort pût atteindre celui qu'elle aimait, n'avait abordé son esprit. C'était une douleur trop profonde pour qu'aucune consolation pût l'adoucir, et elle ne connaissait pas Celui qui seul peut verser un baume efficace sur les plus douloureuses blessures.

Une chrétienne âgée qui avait connu sa mère dans sa jeunesse, vint la voir, pensant que dans cette heure de détresse, le coeur de Minnie Gray s'ouvrirait pour écouter Celui qui a porté nos douleurs aussi bien que nos péchés. Mais Minnie s'était comme enveloppée de sa douleur et repoussa toute consolation. Ne sachant pas ce qui, deux mois auparavant, s'était passé entre son âme et Dieu, sa vieille amie lui cita ces mêmes paroles : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos, » et lui parla de l'amour de Celui qui les avait prononcées. Minnie tressaillit en les entendant, mais' elle ne pouvait pas voir d'amour dans le coup qui avait désolé sa vie ; elle ne connaissait pas le coeur qui était ému envers elle de la plus tendre compassion et qui lui disait d'une voix plus suppliante encore que celle de sa servante âgée : « Venez à moi et je vous donnerai du repos. »

Minnie était alors bien fatiguée, mais la fatigue même et la douleur fermaient la porte à Christ et endurcissaient son coeur contre Lui au lieu de l'adoucir. L'amie de sa mère la quitta en priant pour elle et en lui exprimant sa tendre sympathie. Sa visite sembla n'avoir produit aucun effet sur celle qu'elle désirait atteindre ; mais ses paroles furent bénies pour la parente chez laquelle Minnie vivait et qui bientôt après s'en alla paisiblement vers le Seigneur, laissant Minnie sous sa garde, dans la confiance qu'il trouverait le moment et le chemin pour l'amener à Lui.

Un an ou deux se passèrent, le monde cherchant à l'attirer de nouveau dans son cercle enchanteur. Elle se voyait adulée et caressée ; mais son coeur restait plein d'inquiétude et de fatigue. Bientôt les symptômes du mal fatal qui lui avait ravi son père et sa mère se montrèrent aussi chez elle. Ceux qui l'entouraient s'en apercevaient clairement ; pour elle, elle n'y voyait autre chose que l'effet de longues nuits d'insomnie. Elle n'avait aucun désir de vivre, mais elle redoutait la mort et faisait tout ce qui était en son pouvoir pour en éloigner la pensée. Se souvenant plus tard de ce moment de sa vie, elle disait : « Je ne voulais pas venir à Jésus ; et, dans son amour pour moi, II m'a forcée de chercher un asile dans ses bras. »
Dans l'automne de 186., sa santé s'affaiblit considérablement, et en même temps elle perdit presque tout ce qu'elle possédait. Elle put alors voir ce que vaut l'amitié du monde. Ceux qui l'avaient le plus entourée au temps de sa santé, de sa beauté et de sa richesse, furent les premiers à s'éloigner d'elle, maintenant que la détresse l'accablait.

Une parente éloignée lui ayant offert pour quelque temps un asile, elle se rendit près d'elle. Elle commença alors à se rappeler avec angoisse de coeur le soir où elle avait entendu prêcher sur le XIe chapitre de Matthieu. Elle aurait désiré entendre encore des paroles semblables, et cependant elle craignait d'ouvrir sa Bible pour les y trouver, parce qu'elles semblaient la condamner. Elle ne pouvait pas prier et ne connaissait personne à qui elle pût s'adresser. Elle était loin du lieu où elle avait entendu le serviteur de Dieu, elle ne savait qui il était, ni rien qui le concernât.

Semaine après semaine s'écoulaient ; elle voyait ses forces décliner, et l'esprit orgueilleux qui avait lutté jusqu'alors semblait aussi brisé. Elle sentait qu'elle était un fardeau dans la maison où elle se trouvait. Minnie Gray avec ses richesses et ses charmes, et Minnie Gray malade et minée par le chagrin et le souci, étaient deux personnes bien différentes aux yeux de ceux qui regardent aux choses extérieures. Quand un jour ses parentes firent allusion à l'hôpital, Minnie fut presque heureuse de s'y faire transporter et d'accepter les soins d'étrangers plutôt que de rester un hôte désagréable et à charge. "
À suivre.
D.V.

VENEZ AVEC FOI

Venez au Sauveur débonnaire,
Venez au Prince de la paix ;
Pourquoi languir dans la misère ?
Jésus pardonne pour jamais.

Sa grâce ineffable
Sauve le coupable ;
Mortels, plus d'effroi !
Jésus vous convie
Au fleuve de vie ;
Venez avec foi !

De votre cruelle blessure,
II est prêt à vous soulager.
Croyez... il n'est pas de souillure
Que son sang ne puisse laver.
Sa grâce ineffable
Sauve le coupable ;
Mortels, plus d'effroi !
Jésus vous convie
Au fleuve de vie ;
Venez avec foi !
J.-R. M.

LE SANG DE JÉSUS

X
LE SANG DE CHRIST PLACE LE CHRÉTIEN DANS UNE POSITION
DE SAINTETÉ ABSOLUE DEVANT DIEU

Mon cher lecteur, si vous avez goûté en quelque mesure que le Seigneur est bon, vous avez, compris que pour l'âme le seul vrai bonheur se trouve dans la jouissance de la présence de Dieu. En dehors de cette présence adorable, il n'y a rien qui puisse réellement la satisfaire. Ses vrais besoins peuvent être trompés pour un temps par la poursuite ou la jouissance des biens et des plaisirs de la terre, mais bientôt le vide se fait d'autant plus douloureusement sentir : la soif du coeur ne peut s'étancher qu'à la source d'où jaillissent les eaux de la vie.

C'est ce que comprenaient bien et ce que sentaient ces hommes de Dieu qui s'écriaient : « Éternel des armées ! combien sont aimables tes tabernacles ! Mon âme désire ardemment, et même elle soupire après les parvis de l'Éternel ; mon coeur et ma chair tressaillent de joie après le Dieu fort et vivant » (Psaume LXXXIV, 1, 2). « O Dieu ! tu es mon Dieu fort ; je te cherche au point du jour : mon âme a soif de toi, ma chair te souhaite en cette terre déserte, altérée et sans eau, pour voir ta force et ta gloire » (Psaume LXIII, 1,2). « Pour moi approcher de Dieu, c'est tout mon bien » (Psaume LXXIII, 28). « J'ai demandé une chose à l'Éternel, et je la requerrai encore ; c'est que j'habite en la maison de l'Éternel tous les jours de ma vie, pour contempler la présence ravissante de l'Éternel » (Psaume XXVII, 4). C'est là, en effet, à sa droite, qu'il y a des plaisirs pour jamais ; car sa face est un rassasiement de joie (Psaume XVI, 11).

Mais comment approcher de Dieu et s'abreuver à ces eaux jaillissantes en vie éternelle ? « Éternel ! qui est-ce qui séjournera dans ton tabernacle V qui est-ce qui habitera en la montagne de ta sainteté ? » (Psaume XV, 1). Dieu est saint, en effet, et tout dans sa demeure respire la sainteté. Ses yeux sont trop purs pour voirie mal, et le méchant ne séjournera point chez lui (Habacuc I, 13; Psaume V, 4, 5). Devant Lui les séraphins couvrent leurs faces et s'écrient : Saint, saint, saint est l'Éternel des armées ! (Ésaïe VI, 3). Jour et nuit les quatre animaux qui sont au milieu du trône et à l'entour du trône ne cessent aussi de dire : Saint, saint, saint, Seigneur Dieu, Tout-Puissant ! (Apocalypse IV, 6, 8). Qui donc pourra subsister en la présence de ce Dieu parfaitement saint ?

L'homme pécheur ne peut comme tel s'approcher de Dieu, et bien moins encore rester en sa présence. Pour lui c'est la mort. C'est ce que Dieu veut faire comprendre aux enfants d'Israël quand II descend sur le mont Sinaï et que, sous peine de mort, II leur défend d'approcher ; c'est ce que signifiait le voile qui cachait le lieu très-saint et l'arche où Dieu siégeait entre les chérubins ; c'est ce que sent très-bien Ésaïe quand voyant le Seigneur séant sur un trône haut et élevé, il s'écrie : C'est fait de moi ; car mes yeux ont vu le Roi, l'Éternel des armées ! (Ésaïe VI, 5). Manoah aussi s'effraye et dit : Certainement nous mourrons, parce que nous avons vu Dieu (Juges XIII, 22). De là vient encore cette crainte qui saisit le coeur de tout homme devant les manifestations de la gloire de Dieu (voyez Luc II, 9, 10 ; V, 9).

L'homme est-il donc à jamais séparé de Dieu ? L'approche du Dieu bienheureux, source de toute félicité, lui est-elle interdite ? Non, Dieu a pourvu Lui-même à ce que l'homme pût entrer dans sa joie, l'homme pécheur même ! C'est, on peut le dire, le désir de son coeur, un des buts de ses révélations : II voulait amener plusieurs fils à la gloire ; II les prend du milieu de la race coupable des hommes, leur donne une place dans sa maison et les introduit dans la relation et la proximité la plus intime avec Lui. 0 profondeur des conseils de sa grâce !

Pour entrer en la présence du Dieu saint, il faut une sainteté parfaite. Il ne peut être question ici de quelque chose de relatif ; il ne suffît pas de bonnes intentions, de bons désirs, d'un coeur qui se sèvre, fût-ce même au plus haut degré, de ce qu'il sait ne point plaire à Dieu et ne point convenir à Sa sainteté. Cela est bon, sans doute, et nul coeur droit qui désire s'approcher de Dieu, ne fera bon marché même de la moindre pensée qui offenserait la pureté de Dieu. Mais est-ce là ce qui peut donner de la sécurité à l'âme et lui permettre de subsister devant Dieu ? Non ; à mesure même que nous nous efforcerons de maintenir purs nos coeurs et nos vies, nous apercevrons combien nous manquons et quelle est la hauteur des exigences de la nature de Dieu.

Pour jouir de sa présence, il ne peut être question d'une sainteté progressive ; il faut que l'âme soit établie dans une sainteté absolue, une sainteté à la hauteur de celle de Dieu ; ce qui est parfait peut seul subsister devant Lui.

Voilà pourquoi Dieu voulant pourtant amener des pécheurs près de Lui et les rendre capables de participer au lot des saints dans la lumière, a trouvé Lui-même un moyen en harmonie avec sa nature, moyen qui laisse debout toutes ses perfections, et qui les fait même briller d'un éclat dans lequel nous n'aurions pu les voir sans cela. CE MOYEN, C'EST LE SANG QUE CHRIST A VERSÉ. Le sang de Christ place les croyants dans une position de sainteté absolue devant Dieu, de sorte qu'ils Lui sont agréables et qu'ils peuvent s'approcher de Lui avec une entière confiance. C'est cette précieuse vérité qui nous est enseignée par un fait remarquable. Quand le Seigneur Jésus rendit l'esprit sur la croix, « le voile du temple se déchira en deux depuis le haut jusqu'en bas » (Matthieu XXVII, 51). Désormais le chemin des lieux saints, autrefois fermé, était ouvert, et l'homme avait un sûr et libre accès dans le sanctuaire où Dieu habite et où Christ est entré et demeure actuellement (Lisez Hébreux X, 19, 20, et VI, 20).

Deux choses, quant à ma position, sont nécessaires pour que je puisse sans crainte m'approcher du Dieu saint et subsister devant Lui. D'abord n'avoir plus conscience de péchés pesant sur moi ; en d'autres termes être assuré que mes péchés sont pardonnés. Or Dieu l'affirme quand II dit : « Je ne me souviendrai plus de leurs péchés, ni de leurs iniquités. » En second lieu, il faut que je paraisse devant Dieu sanctifié d'une manière parfaite. Or par l'offrande du corps de Christ faite une fois pour toutes, nous sommes sanctifiés et rendus parfaits à perpétuité (Lisez Hébreux X, 17, 10, 14).
C'est ainsi que par le sang de Jésus, nous avons une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints (2) par le chemin nouveau et vivant qu'il nous a consacré à travers le voile, c'est-à-dire sa chair (Hébreux X, 19, 20).

Sang précieux de l'Agneau immolé ! c'est par lui que nous pouvons dans une sainteté parfaite nous approcher de Dieu et jouir de sa communion sans aucune crainte et dans une paix entière. Quel repos pour la conscience et pour le coeur ! Dieu est lumière, mais bien loin qu'elle nous rende confus, c'est dans cette lumière que nous trouvons le sang de Jésus-Christ son Fils qui nous purifie de toute iniquité.
Aussi tout dans le lieu où nous nous rendons et où par la foi nous avons déjà accès, proclame-t-il la vertu du sang de Christ et rappelle-t-il au coeur le sacrifice de Celui qui nous aime et nous a lavés de nos péchés. Partout se présente à nos regards 1'AGNEAU qui a été immolé. Si en Apocalypse IV, V, Jean est appelé à contempler dans le ciel le trône de Dieu avec les attributs de la puissance et du jugement, il y découvre aussi au milieu du trône et des quatre animaux et des anciens, un Agneau qui se tenait là, comme immolé. - Quelle est la place d'honneur qu'occupent les multitudes innombrables que Jean voit en Apocalypse VII, vêtus de robes blanches, avec des palmes dans leurs mains ? Ils sont devant le trône et devant l'Agneau, et leurs voix proclament que le salut est à notre Dieu et à l'Agneau. La blancheur immaculée de leurs robes vient de ce qu'ils les ont lavées dans le sang de l'Agneau et si tout besoin et toute douleur sont éloignés d'eux, c'est que l'Agneau lui-même les paîtra et les conduira aux fontaines des eaux de la vie.

Ce qui réjouit et fait tressaillir les coeurs dans le ciel, quand le Seigneur Dieu Tout-Puissant est entré dans son règne, c'est que les noces de l'Agneau sont venues et que sa femme s'est préparée (Apocalypse XIX, 6-9). Bienheureux même ceux qui, sans jouir d'une aussi tendre et aussi intime relation, sont conviés au banquet des noces de l'Agneau.
Et cette cité sainte qui a des fondements et de laquelle Dieu est l'architecte et le créateur, que nous dit-elle dans sa gloire ? Elle proclame la même grâce, partout en elle se retrouve le même nom précieux. La « nouvelle Jérusalem, » c'est l'Épouse, la femme de l'Agneau ; ses fondements portent les noms des apôtres de l'Agneau ; le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, et l'Agneau en sont le temple ; l'Agneau l'éclairé ; le nom de ses bienheureux habitants est écrit dans le livre de vie de l'Agneau, et ce qui l'arrose et la rafraîchit, c'est un fleuve d'eau vive, éclatant comme du cristal, qui sort du trône de Dieu et de l'Agneau. En effet, le trône de Dieu et de l'Agneau sera en elle, et ceux qui maintenant déjà sont ses serviteurs, le serviront alors parfaitement, rapprochés de Lui, voyant sa face, qui est un rassasiement de joie, et portant son nom sur leurs fronts. (Lisez Apocalypse XXI, XXII, 1-5).

Quel diadème de beauté et de gloire ! Dans quelle sphère de grâce et de vérité l'espérance introduit l'âme ! C'est un monde où seront connues toute la dignité et la gloire morales de l'Agneau qui versa son sang, - où n'existera nul obstacle à l'entière manifestation et à la pleine conception de la grâce et de la vérité révélées par Jésus-Christ. Combien toutes ces choses montrent la tendresse de Dieu envers nous ! Quelle perspective délicieuse elles nous ouvrent ! Les biens à venir dont Christ est devenu le souverain sacrificateur, nous parleront tous de cet amour rédempteur dans lequel nous pécheurs, nous avonstrouvé un refuge, et tous seront comme des liens d'une douceur et d'une puissance ineffables qui nous uniront à l'Agneau qui fut immolé.
Ainsi de la position de grâce où nous sommes introduits par le sang de Christ, ayant été justifiés par la foi en ce sang, nous contemplons et attendons la gloire où déjà se trouve notre bien-aimé Sauveur. Bientôt nous y serons nous-mêmes avec Lui, mais l'éclat le plus beau, les plus radieuses clartés de cette gloire nous diront le chemin par lequel nous y sommes arrivés.

Tout cela ne nous révèle-t-il pas le coeur et la pensée de Celui qui étant allé maintenant nous préparer une place assurée par son sang, reviendra bientôt et nous prendra pour accomplir le désir de son coeur ? Il a dit : « Père, je veux, quant à ceux que tu m'as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu'ils voient ma gloire que tu m'as donnée s (Jean XVII, 24). Cette espérance est « comme une ancre de l'âme, sûre et ferme et qui entre jusqu'au dedans du voile, où Jésus est entré comme précurseur pour nous, étant devenu souverain sacrificateur pour l'éternité, selon l'ordre de Melchisédec" (Hébreux VI, 19, 20).
Tout est le résultat du sacrifice de Lui-même qu'il a accompli une fois pour toutes sur la croix et que dès ce moment Dieu a accepté. La pensée du Seigneur Jésus maintenant, n'est pas de frayer un chemin vers Dieu ; c'est une chose qu'il a faite ; mais sa pensée est de revenir pour recevoir dans sa gloire ceux qui suivent ce chemin.

« Maintenant en la consommation des siècles, il a été manifesté une fois pour 'l'abolition du péché par son sacrifice... Ainsi le Christ aussi, ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut, à ceux qui l'attendent » (Hébreux IX, 26-28).
La culpabilité, toute la culpabilité qui pesait sur le croyant a été enlevée par le sacrifice de Christ. L'offrande, que dans son amour, II a faite de Lui-même, n'a pas été en vain : à ceux qui le connaissent et l'attendent, il apparaîtra bientôt pour un salut plein et glorieux.

Le sang de Christ est donc ce qui a ôté, aboli le péché devant Dieu ; par lui les croyants, jouissant de la rémission de leurs péchés, sont sanctifiés, c'est-à-dire, mis à part pour Dieu et déjà rendus parfaits à perpétuité. C'est l'enseignement que nous donne la Parole dans le Xe chapitre aux Hébreux : Le sang de taureaux et de boucs ne pouvait ôter les péchés, et sans effusion de sang, il ne se fait pas de rémission. Alors Christ, dans son amour ineffable, est venu pour faire la volonté de Dieu. « C'est par cette volonté que nous avons été sanctifiés, par l'offrande du corps de Jésus Christ, faite une fois pour toutes... Ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, il s'est assis à perpétuité à la droite de Dieu, attendant désormais jusqu'à ce que ses ennemis soient mis pour le marchepied de ses pieds. Car par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés. L'Esprit aussi nous en rend témoignage, disant : Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés, ni de leurs iniquités » (vers. 10, 12,13, 14, 15 et 17).
Il n'est donc plus besoin d'offrande pour le péché, puisqu'il y a rémission de tous les péchés et de toutes les iniquités du croyant. Quelle sécurité parfaite cela ne donne-t-il pas à la conscience ? La possédez-vous, mon cher lecteur, cette sécurité ? Mais là ne se borne pas la bénédiction. Le sang de Jésus met le croyant à part pour servir Dieu en sainteté.

Le sang de Jésus est notre sanctification, suivant ce qui est écrit : « C'est pourquoi aussi Jésus, afin qu'il sanctifiât le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. » Quelle en est la conséquence ? « Sortons donc vers Lui hors du camp portant son opprobre » (Hébreux XIII, 12, 13).

O mon cher lecteur, souvenons-nous que si nous jouissons de la paix avec Dieu, si notre conscience a été purifiée parfaitement (Hébreux IX, 14), c'est pour que nous servions Dieu, et non pour que nous travaillions d'autant plus tranquillement à notre avancement dans le monde. Ce serait en quelque sorte estimer profane le sang de l'alliance par lequel nous avons été sanctifiés et outrager l'Esprit dé grâce. De quel châtiment pensez-vous que sera jugé digne celui qui agit ainsi ? (Lisez Hébreux X, 29-31).
Le sang de Jésus-Christ qui est pour nous le témoignage et le garant des biens à venir, l'est du jugement pour le monde où nous sommes.

« Le sang de l'aspersion parle mieux qu'Abel » (Hébreux XII, 24), car c'est du ciel que se fait entendre la voix qui nous annonce la paix par ce sang (Colossiens I, 20) ; or cette même voix proclame aussi le jugement qui vient sur toutes choses muables, tandis que nous, nous recevons un royaume inébranlable. (Lisez Hébreux XII, 26-29).

Ainsi non-seulement Dieu attire nos coeurs par les descriptions ravissantes qu'il nous présente de l'aimable séjour de la Canaan céleste vers laquelle nous marchons, mais il nous pousse pour ainsi dire hors des choses présentes, - ce dur pays d'esclavage, - en nous montrant le jugement terrible que Lui - même va faire fondre sur le monde et sur Satan qui en est le prince.
La terre et les oeuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement !... Quelles gens devrions-nous être en sainte conduite et en piété ! - Séparés du monde et de sa souillure, des enfants de Dieu irréprochables au milieu d'une génération tortue et perverse (2 Pierre III, 10, 11 ; Philippiens II, 15).


Table des matières par ordre chronologique

Table des matières par ordre alphabétique

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Correspondance - Y a-t-il un intervalle de temps quelconque entre la conversion et la réception du Saint-Esprit ?
LE SANG DE JÉSUS - VIII - QUELLE EST LA FOI PAR LAQUELLE ON SAISIT CHRIST ?
CAÏN
ÉTANT MORT, IL PARLE ENCORE
LE SANG DE JÉSUS - IX - LE SANG DE JÉSUS EST POUR LE CROYANT LA BASE DE SA PAIX
ET LE THÈME CONSTANT DE SON ADORATION.


(1) Longtemps après, Minnie Gray apprit que ces paroles avaient été les dernières prononcées par sa mère mourante, lorsque toute petite enfant, on l'avait amenée près de son lit pour recevoir son dernier baiser.

(2) Pour pouvoir jouir de cette liberté en pratique, il faut que le coeur ait trouvé son repos dans la personne du souverain Sacrificateur, Jésus-Christ, et dans le fait de sa présence continuelle devant Dieu pour nous (Lisez Hébreux VI, 19, 20 ; IX, 24). Ce sujet si précieux et d'un si grand intérêt pour l'âme dépasse les limites de ce que nous nous étions proposé de traiter ici.

 

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