Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Le Mystère de l'Eglise



III

 On voit combien était importante la formation de ces communautés dans toutes les localités où la prédication des apôtres et de leurs collaborateurs avait amené des âmes à la foi. D'ailleurs ces communautés n'avaient rien, dans leur fonctionnement, de stéréotypé ; une sainte liberté y régnait, comme dans une famille unie et vivante. On était heureux d'assister aux assemblées, sans aucune contrainte autre que l'amour. Ces réunions étaient des banquets spirituels dont la Parole de Dieu, lue et expliquée par des frères dûment qualifiés, faisait tous les frais. La Parole de Dieu, c'étaient d'abord les livres sacrés de l'Ancien Testament, si riches en promesses et en prophéties relatives au Christ, à sa mort, à sa résurrection, à son règne éternel et glorieux, ces livres où la foi des ancêtres était montrée, dans toute son ampleur, bien que les patriarches et les prophètes de l'ancienne Alliance n'eussent possédé que l'ombre des richesses à venir, La Parole de Dieu, c'étaient aussi les écrits ou fragments d'écrits, émanés des apôtres ou de leurs collaborateurs : Matthieu, Marc, compagnon de Pierre ; Luc, compagnon de Paul. Plus tard, l'Évangile de Jean s'ajouta aux trois premiers.

La Parole de Dieu, c'étaient aussi des lettres, plus ou moins courtes, écrites à telle ou telle Église locale, surtout par Paul, et aussi des lettres adressées aux disciples dispersés, par Pierre, Jacques, Jean, Jude, et qu'on faisait passer d'une Église à l'autre. Tout cela, il est vrai, ne pouvait être que fragmentaire, car tout ne fut pas écrit à la fois, et bien des années s'écoulèrent entre la composition de ces divers écrits et leur groupement définitif. Aussi, pour suppléer à l'insuffisance temporaire des Écritures, le Saint-Esprit parlait-il souvent par des prophètes locaux. On devait les écouter, mais on devait aussi examiner leurs paroles et n'en retenir que ce qui était conforme au message apostolique, seule norme de la foi ( 1 Thess. 5 : 19-21). D'autres dons, ou charismes, étaient accordés à ces Églises, afin de suppléer à l'absence des apôtres qui les avaient fondées, mais que leur ministère appelait à voyager constamment.

Parmi ces dons, il en était de transitoires et qui n'étaient pas destinés à se produire toujours ni partout : celui d'opérer des miracles, celui de guérir les malades, celui de parler diverses langues. (1: note de "Regard")

Au début de l'Alliance nouvelle, comme au début de l'ancienne, Dieu avait voulu confirmer le témoignage de ses messagers par des interventions souveraines de sa puissance : ainsi Moïse chez Pharaon, ou au bord de la Mer Rouge, ou au pied du Sinaï... Ces miracles n'étaient pas destinés à être reproduits sans interruption ; ils ne se produisirent que pour rendre possible la libération du peuple de Dieu et son établissement dans la Terre promise. De même, les miracles de l'Eglise primitive furent transitoires, et cessèrent à peu près complètement dès que l'Eglise eut acquis, par la formation définitive du Canon du Nouveau Testament et par des expériences spirituelles de plus en plus profondes, la solidité qu'il lui fallait pour se maintenir et pour se propager.

Certains dons, cependant, avaient un caractère permanent ; ils sont énumérés par l'apôtre : « Il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l'oeuvre du ministère, et de l'édification du corps de Christ, jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'hommes faits, à la mesure de la stature parfaite de Christ... C'est de Lui et grâce à tous les liens de son assistance que tout le corps, bien ordonné et formant un solide assemblage, tire son accroissement selon la force qui convient à chacune de ses parties et s'édifie lui-même dans la charité (Eph. 4 : 11-16) ».

Ce passage a une importance capitale pour le sujet qui nous occupe, et nous supplions nos lecteurs de le relire et de le méditer. Ici sont mentionnés les dons essentiels à la vie permanente de l'Eglise locale, et par elle, au recrutement de l'Eglise universelle. Les apôtres et les prophètes, c'est-à-dire la Parole inspirée, donc la Parole de Dieu, voilà le fondement. Puis, les évangélistes, appelés à bâtir sur ce fondement, c'est-à-dire à recruter des membres et à fonder des Églises. Ensuite, les pasteurs, appelés aussi surveillants (épiscopoï), et anciens (presbyteroï), qui surveillent et nourrissent les troupeaux assemblés par le ministère des évangélistes ; enfin, les docteurs, chargés d'étudier plus profondément les Écritures et d'enseigner aux croyants les vérités qu'elles renferment, en montrant leur parfaite harmonie, en élucidant les points obscurs de la doctrine, etc...

Tous ces dons sont essentiels à la vie de la communauté chrétienne, au fur et à mesure de son développement ; les autres sont transitoires, puisque, aux époques les plus importantes de l'histoire du Christianisme, par exemple à l'époque de la Réformation du XVIe siècle et à celle du Réveil du XVIIIe, les dons spécifiquement miraculeux n'ont joué aucun rôle. Le grand miracle de la Réforme, ce fut la résurrection de la Parole inspirée, par laquelle les superstitions romaines, les faux miracles des saints et l'ascétisme maladif des couvents furent remplacés par des conversions innombrables, par la propagation du Livre, sacré, traduit et imprimé en près de mille langues (n'est-ce pas là le don des langues sur une vaste échelle ?), par des milliers de missionnaires portant l'Évangile dans le monde entier et faisant naître des milliers et des milliers d'Églises ; tels sont les miracles qu'ont produit la Réformation et le Réveil, miracles qui sont bien l'accomplissement de la promesse du Christ : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et en fera même de plus grandes, parce que je m'en vais au Père » (Jean 14 : 12).

IV

Unis dans la même foi et dans l'amour fraternel nés de l'expérience que tous avaient faite du grand miracle de la régénération, les membres des Églises primitives n'éprouvaient pas le besoin de se donner une organisation rigide, soit à l'intérieur des communautés, soit pour régler les rapports des Églises entre elles. L'esprit de l'Évangile est essentiellement l'Esprit de vie ; or, la vie, quand elle est normale, est toujours libre, mais toujours harmonieuse. Tandis que, sous la dispensation mosaïque, tous les détails du culte étaient rigoureusement ordonnés, Jésus et ses apôtres n'ont rien formulé qui ressemble à un code sacerdotal ou à un rituel liturgique.

Chaque Église, formait une société autonome. Jamais les Églises d'un même pays ne sont mentionnées comme étant nationales : il n'est pas question de l'Eglise de Judée ou de l'Eglise de Galatie, etc... Toutes sont des assemblées locales.

D'autre part, il ne semble pas qu'il existât plusieurs Églises dans une même localité ; les fidèles de Jérusalem, pourtant si nombreux, ne formaient qu'une seule Église ( Actes : 2 : 47 ; 4 : 31-35 ; 5 : 11 ; 6: 7 ; 8: 3). Toutefois, chaque Église était le plus souvent dirigée par plusieurs anciens ; s'il y avait un président unique, sa charge ne lui conférait pas l'honneur d'être le destinataire exclusif des lettres apostoliques. Par le discours si émouvant de Paul aux anciens, ou évêques, de l'Eglise d'Éphèse, on voit que ceux-ci avaient conjointement la charge de diriger leur Église (Actes 20 : 17-36). Les Églises se réunissaient dans des maisons particulières, chaque groupe étant probablement sous la surveillance d'un ancien (2).

Il faut distinguer dans la constitution de ces Églises, ce qui était essentiel, et devait, par conséquent, se retrouver dans chacune d'elles, et ce qui n'était que contingent et pouvait varier, suivant les lieux, les temps et les circonstances. Ce qui était essentiel alors l'est encore aujourd'hui ; essayons donc, d'après les écrits évangéliques, de le définir :

A - Le fondement de l'Eglise.
« Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire. » (Eph. 2 : 20-22 ; 1 Pierre 2 : 4)
Ainsi, l'Eglise locale a le même fondement que l'Eglise universelle : la Parole des apôtres et des prophètes inspirés.

B. - Les Membres de l'Eglise.
« Le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Eglise ceux qui étaient sauvés... Le nombre de ceux qui croyaient au Seigneur, hommes et femmes, augmentait de plus en plus. » (Actes 2 : 47 et 5 : 14)

C. - Les deux Symboles, ou ordonnances, institués par
le Seigneur et pratiqués dans chaque église.

1°) Le Baptême : « Allez par tout le monde, faites des disciples de toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Matt. 28 : 19 ; Rom. 6 : 3-4, etc.)

2°) La Cène : « J'ai reçu du Seigneur ce que je vous ai aussi enseigné, c'est que le Seigneur Jésus, la nuit où Il fut livré, prit du pain, et après avoir rendu grâces, Il le rompit et dit : Ceci est mon corps, faites ceci en mémoire de moi. De même, après avoir soupé, Il prit la coupe et dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang faites ceci en mémoire de moi, toutes les fois que vous en boirez » (1 Cor. 11 : 23-29). « Ils persévéraient dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières... » (Actes 2 : 42-47 et Actes 20 : 27).

La participation à ces deux symboles ou ordonnances (auxquelles on donna plus tard, à tort, le nom de « sacrements » emprunté à la langue latine) était obligatoire pour tous les membres de l'Eglise, mais n'était permise qu'à eux. L'hérédité naturelle ne conférait pas le droit d'être membre de l'Eglise. Sans doute, c'était alors, c'est encore aujourd'hui, une grande grâce que d'être né de parents chrétiens, mais cette grâce n'est pas la Grâce : celle-ci, la Grâce qui sauve, est accordée à quiconque croit, mais à ceux-là seulement, et c'est à eux seulement que les deux symboles sont destinés.

D. - Les Ministères réguliers.
Ceux-ci sont énumérés dans l'épître aux Éphésiens (Eph. 4 : 11-18). Il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs ».

Outre ces ministères, voués avant tout à la parole, il y avait aussi le diaconat, confié originairement à « des hommes pleins du Saint-Esprit et de sagesse » (Actes 6 : 2-4), surtout en vue de l'assistance aux pauvres. À cet office, des femmes étaient admises : « Je vous recommande Phébé notre soeur, diaconesse de l'Eglise de Cenchrées. » (Rom. 16 : 1-2)

Ces ministères n'étaient pas tellement distincts que la même personne n'en pût exercer plusieurs, au moins occasionnellement : Paul recommande à Timothée, qui était pasteur, de faire oeuvre d'évangéliste. Étienne, diacre de Jérusalem, était aussi un prédicateur puissant. Aquilas et sa femme Priscille, sans que le titre de docteur leur fût attribué, instruisirent Apollos - « Ils le prirent avec eux et lui exposèrent plus exactement la voie de Dieu. » (Actes 18 : 26)

Répétons-le : l'esprit de la nouvelle alliance est un esprit de liberté et de spontanéité, en même temps que d'ordre, et d'harmonie, Gouvernée par l'amour fraternel, la société des régénérés se forme, travaille, progresse, sans rivalités ni empiétements : c'est une famille dont Dieu est le Père et dont chaque membre est animé de l'Esprit du Père pour agir dans l'intérêt commun.

E. - La vie de l'Eglise.
« La multitude de ceux qui avaient cru n'étaient qu'un coeur et qu'une âme. » (Actes 4 : 32) Les chrétiens de Jérusalem allèrent jusqu'à mettre en commun leurs biens, ce qui n'avait été ordonné ni par le Maître, ni par ses apôtres, et ne pouvait durer au sein d'un ordre social et politique si différent de cet idéal.

En permettant cette manifestation extrême de l'amour fraternel, les apôtres respectèrent la liberté des fidèles dans les choses non essentielles. Le Seigneur laissa cette expérience se produire, pour qu'elle mît en garde les Églises qui allaient être fondées dans le monde entier quant au danger de mêler le temporel au spirituel. Il n'en est pas moins vrai que la fraternité pratique est un principe essentiel de toute Église digne de ce nom.
Ce principe essentiel est rappelé par l'apôtre Paul : « Quelqu'un de vous, lorsqu'il a un différend avec un autre, ose-t-il plaider devant les injustes, et non devant les saints ? Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? Et si c'est par vous que le monde est jugé, êtes-vous indignes de rendre les moindres jugements ? Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ?... Pourquoi ne vous laissez-vous pas plutôt dépouiller ? (1 Cor. 6 : 1 à 9) O sublimité de la vie chrétienne ! O beauté de cette société de loups changés en agneaux !

F. - Les Assemblées de l'Eglise.

Elles étaient obligatoires pour tous les fidèles : « N'abandonnons pas notre rassemblement, comme c'est la coutume de quelques-uns, mais exhortons-nous réciproquement, et cela d'autant plus que vous voyez approcher le jour » (Héb. 10 : 25).

Cette obligation devait surtout venir de l'intérieur c'est l'amour qui rassemblait la famille. Quant à l'ordre à suivre dans le service divin, nous ne trouvons aucune règle absolue. Lorsque Paul est de passage à Troas (Actes 20 : 7 à 12), il préside l'assemblée réunie, « le premier jour de la semaine, pour rompre le pain », et fait un discours qui se prolonge jusqu'à minuit, puis, après l'incident de la chute d'Eutyche et sa résurrection, il parle encore jusqu'au matin. Ses instructions aux Corinthiens (1 Cor. 14 : 26-40) permettent d'affirmer qu'il régnait une grande liberté dans les assemblées, liberté qui parfois confinait au désordre. On ne pourrait aujourd'hui suivre à la lettre ces indications, car elles sont données pour une Église dans laquelle abondaient des charismes miraculeux, lesquels n'étaient pas destinés à subsister sans interruption à travers les siècles. « Lorsque vous vous assemblez, les uns ou les autres parmi vous ont-ils un cantique, une instruction, une révélation, une langue, une interprétation, que tout se fasse pour l'édification... En est-il qui parlent en langue, que deux ou trois au plus parlent chacun à son tour, et que quelqu'un interprète ; s'il n'y a point d'interprètes, qu'on se taise dans l'Eglise, et qu'on parle à soi-même, et à Dieu. Pour ce qui est des prophètes, que deux ou trois parlent, et que les autres jugent, et si un autre qui est assis a une révélation, que le premier se taise, » (1 Cor 14 : 26-30).

On remarquera, dans ces indications, l'absence d'un élément du culte qui, pour nous, est essentiel : la lecture de l'Écriture sainte. Et cela, pour la raison que nous avons indiquée plus haut : les écrits de la nouvelle Alliance n'existaient pas encore. Les Églises primitives vivaient donc sous un régime exceptionnel ; réduites à n'avoir qu'occasionnellement la présence de l'un des apôtres, - lesquels étaient les organes permanents de l'inspiration divine - elles ne pouvaient cependant vivre et prospérer en l'absence de toute autorité surnaturelle ; c'est pourquoi le Seigneur daignait suppléer à cette lacune temporaire par des inspirations et des révélations occasionnelles non écrites, et qui n'avaient pour objet que l'édification de l'Eglise au sein de laquelle elles se produisaient. L'absence de la parole, apostolique explique la nécessité de ces dons exceptionnels, particulièrement dans des Églises fondées et composées en majorité de païens convertis. Ce qui était essentiel et le sera toujours dans toute Église chrétienne, c'est la Parole inspirée, et c'est aussi la présence réelle du Seigneur. L'Écriture et le Saint-Esprit : c'est tout ce qu'il faut à une Église pour être véritablement le temple de Dieu. Et il nous paraît dangereux de chercher ailleurs que dans ces deux dons surnaturels : la Parole écrite et le Saint-Esprit - dûment reconnus et mis à profit - l'édification de l'assemblée chrétienne (3).

G. - Les rapports de l'Eglise et du Monde.
Les chrétiens primitifs étaient séparés du monde tout en étant mêlés à lui. Ils respectaient les lois, les usages, les moeurs de leur temps et de leur pays, pour tout ce qui, dans ces lois et ces moeurs, n'était pas nettement contraire à la Parole de Dieu.

Membres du corps politique, et bénéficiant des institutions sociales par lesquelles la vie, la propriété et la sécurité de chacun étaient protégées, ils montraient à leurs concitoyens l'exemple de l'obéissance au prince, quel qu'il fût ; ils étaient de leur époque et marchaient en avant de leur peuple, mais sans rompre avec lui. N'est-ce pas là le principe même de l'Incarnation ?

Sans combattre de front l'esclavage, ils montraient pour la personne de l'esclave, un respect qui préparait la voie à son affranchissement. Voir sur ce sujet la si touchante épître de Paul à Philémon (4). De même, la femme chrétienne ne se libérait pas avec éclat des contraintes que les lois de son temps faisaient peser sur elle ; mais elle occupait à son foyer une place honorée, une dignité qui l'égalait, même dans les plus humbles conditions, à la grande matrone romaine. Acceptant comme la volonté de Dieu le rôle qui lui fut assigné dès la Création et que la grâce n'a point aboli, mais que le péché et la méchanceté des hommes ont rendu bien plus humiliant qu'il ne devait l'être dans l'intention divine, elle jouissait de la place que le Sauveur lui a désormais assurée : « En Christ, il n'y a plus ni homme ni femme » (Gal. 3: 28).

De même, l'humble prolétaire chrétien acceptait la destinée assignée à l'homme après la chute, et que la grâce n'a point abolie non plus : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front », sentence douloureuse, que l'égoïsme des riches et des puissants a mille fois aggravée. Ni la femme chrétienne opprimée par l'homme, ni l'homme chrétien opprimé par la société, ne prêchaient la révolte contre d'injustes lois. Mais le front du travailleur, penché tout le jour vers le sol avare, se relevait souvent vers le ciel, car cet homme savait qu'il était « héritier de Dieu et cohéritier de Christ », plus riche qu'aucun de ses maîtres païens ; et par leur soumission, leur patience, leur charité, l'homme et la femme, arrachés au monde par la grâce de Dieu, étaient « la lumière du monde et le sel de la terre » ; par eux pénétraient peu à peu dans la masse païenne les idées de liberté, de noblesse et de beauté morale, qui sont l'essence même de la véritable civilisation.

La loi essentielle des Églises apostoliques, celle qui doit aussi gouverner les Églises actuelles, c'est l'amour. Cette loi met au dernier rang ce qui n'est que forme ; aucune forme n'est de droit divin si elle n'est, en quelque sorte, une manifestation de l'amour qui nous unit à Dieu en nous unissant à nos frères. Pour les rachetés de Christ, il n'y a de culte digne de Dieu que celui qui lui est offert « en esprit et en vérité », Le temple de Dieu sur la terre, c'est d'abord notre corps de chair, habité par le Saint-Esprit ; c'est ensuite ce corps collectif, l'Eglise locale, et c'est enfin ce corps parfait : l'Eglise universelle.

Où que ce soit : chambre haute, catacombes, salle d'hôpital, chaumière, prison, aussi bien et mieux que cathédrale ou palais, l'Eglise est chez elle, parce que Dieu y est chez Lui, pourvu qu'Il y soit adoré par de véritables adorateurs. Hormis le Christ Lui-même, ou plutôt parce qu'elle est une avec Lui, l'Eglise est l'objet le plus magnifique offert à l'admiration des anges ; et elle est aussi la force la plus redoutable aux démons (Cant. 6: 10) « Qui est celle qui apparaît comme l'aurore, belle comme la lune, pure comme le soleil, mais terrible comme des troupes sous leurs bannières ? »

L'importance attachée par le Seigneur à l'Eglise locale apparaît dans le dernier livre de la Bible, l'Apocalypse, par les messages. adressés par le Seigneur aux sept Églises d'Asie-Mineure (Apoc. chap. 2 et 3). Dans la vision décrite au chapitre premier, ces Églises sont figurées par « sept chandeliers d'or », au milieu desquels se tient « Quelqu'un ressemblant à un fils d'homme ». Ainsi, les Églises locales sont distinctes l'une de l'autre, comme les chandeliers qui les représentent, et comme les sept étoiles qui, probablement, figurent les pasteurs de chacune de ces Églises. Ces chandeliers ne sont pas éternels, ni immuables ; ces Églises ne devaient pas subsister toujours. Mais, si ces chandeliers-là ne brillent plus, le Seigneur en a, depuis, allumé beaucoup d'autres : le nombre, des Églises fidèles n'a jamais été si élevé qu'aujourd'hui, en dépit des apostasies et des persécutions.

Qu'il existe, en ce monde, de multiples sociétés locales qui ne recherchent pas la puissance politique, et vivent sans ressources assurées, sans organisations nationales ou mondiales, sans édifices somptueux, sans chefs visibles marquants ; composées, chacune, d'un nombre restreint de membres, - le nombre n'étant pour elles qu'une considération secondaire - sociétés qui se recrutent dans tous les pays, d'hommes et de femmes de toutes les races, de toutes les classes, professant et pratiquant l'absolue égalité des âmes devant Dieu, régies par une loi écrite et immuable, dont le principe fondamental est l'amour ; que ces sociétés aient pu se former et subsister à travers vingt siècles d'ostracisme, de persécutions parfois sanglantes, de dédain et de mépris de la part des ennemis avérés du Christ, et même, et surtout, de la part de prétendues Églises qui, soutenues par les pouvoirs politiques, se servaient de la force publique pour écraser ces humbles rassemblements ; que de telles sociétés, dis-je, aient pu exister et se multiplier, disparaissant ici pour renaître ailleurs, et qu'il s'en crée toujours de nouvelles, présentement en Afrique, en Extrême-Orient, dans les îles Océaniennes tout récemment encore peuplées d'anthropophages ; assemblées se recrutant uniquement par la libre propagande, par la diffusion d'un Livre, unique et miraculeux tout concentré dans l'histoire de l'Homme unique : Jésus-Christ, et se recrutant aussi par la pureté, la charité et le zèle, de ceux qui l'ont apporté ; que ces sociétés exercent une influence bienfaisante et moralisatrice sur un monde qui les persécute, et même en proportion, semble-t-il, de l'intensité de cette persécution, voilà le, miracle actuel, palpable, visible, fruit et démonstration du plus grand de tous les miracles : la résurrection du Fils de Dieu !


Table des matières


1 Note de "Regard" : Notons que de nombreuses personnes ne suivent pas le raisonnement de l'auteur et croient textuellement que "Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui et éternellement" (Hébreux 13: 8) et qu'en conséquence, les oeuvres qu'il accomplissait sur la Terre, il les accomplit toujours.
Aux yeux de plusieurs, guérisons et pardon des péchés ont trouvé leur accomplissement dans le sacrifice de la Croix ; ils en témoignent pour les avoir expérimentés conjointement.

2. « Les réunions se tenaient dans des maisons particulières, surtout dans les grandes pièces de l'étage supérieur qui de tout temps ont été d'usage en Orient » (L. Duchesne, « Histoire anc. de l'Eglise »). Voir. Appendice II, une citation empruntée à ce même auteur, évêque catholique romain.

3. Israël, lorsqu'il fut entré dans le pays de Canaan n'eut pas besoin des miracles quotidiens qui l'avaient soutenu dans le désert. Ainsi l'Eglise, sortie de sa période formatrice, n'eut plus besoin des miracles avaient rendu sa naissance possible. Dieu nous garde cependant de limiter Sa puissance ! Privés de leur Bible, de tout moyen de grâce et de communion fraternelle, qui sait quelles miraculeuses consolations sont accordées à nos frères persécutés ! Mais retenons ceci : à travers la Bible entière, le miracle matériel est l'exceptionnel, le miracle spirituel, seul, est de règle.

4. Voir l'Appendice 1.

 

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