Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Commentaire sur l'épître aux Romains



CHAPITRE PREMIER.

(suite)

10. Demandant continuellement dans mes prières que je puisse enfin trouver par la volonté de Dieu, quelque moyen favorable pour aller vers vous.

La piété de ce langage est un exemple pour tous les chrétiens. Il provient d'une réflexion profonde, et est une reconnaissance. complète de notre entière dépendance de Dieu. « Or maintenant, vous qui dites, allons aujourd'hui ou demain dans une telle ville, et demeurons là un an, et y trafiquons et gagnons ; (
vous, qui, toutefois ne savez pas ce qui arrivera le lendemain : car qu'est-ce que notre vie ? ce n'est, certes, qu'une vapeur qui paraît pour un peu de temps et qui ensuite s'évanouit), au lieu que vous devriez dire, si le Seigneur le veut, et si nous vivons, nous ferons, ceci et cela. » (Jacq. IV. 13. 14. 15)
Paul prie ici pour son heureux voyage à Rome ; le désir qu'il avait d'y aller fut exaucé ensuite, mais la manière dont il y fut conduit fut bien différente de ce qu'il semble ici désirer ou espérer ; mais le Seigneur gouverne et dirige toutes choses pour sa propre gloire et le bien de son peuple.

11-13. Car je désire extrêmement de vous voir, pour vous faire part de quelque don spirituel, afin que vous soyez affermis. C'est-à-dire, afin qu'étant parmi vous, je sois consolé avec vous par la foi qui nous est commune. Or, mes frères, je ne veux point que vous ignoriez que je me suis souvent proposé d'aller vers vous, afin de recueillir quelque fruit aussi bien parmi vous, que parmi les autres nations ; mais j'en ai été empêché jusqu'à présent.


Non-seulement les apôtres avaient été rendus capables de faire des miracles, mais, comme on l'a déjà vu, ils avaient encore reçu le pouvoir remarquable de communiquer aux autres des dons spirituels. Lorsque les Samaritains crurent à la parole de Dieu qui leur fut prêchée par Philippe l'évangéliste,
ils reçurent Saint-Esprit par l'imposition des mains des apôtres. (Act. VIII. 15-17) Ces mots indiquent qu'ils reçurent les dons miraculeux, et c'est aussi dans ce sens que l'on doit entendre ce qui est dit, que le Saint-Esprit n'avait pas encore été donné, parce que Jésus n'avait pas été glorifié. (Jean VII. 39)

En répondant aux questions que les fidèles de Corinthe lui avaient adressées à ce sujet, (
I. Cor. XII. 1-11) Paul commence par leur rappeler leur première condition, et leur donne ensuite les éclaircissements qu'ils lui avaient demandés ; il les instruit d'abord de cette vérité importante et fondamentale, qu'il ne peut y avoir de religion sans l'influence de l'Esprit de Dieu ; que sans cette influence, aucun homme ne peut appeler Jésus-Christ, Seigneur, suivant le vrai sens de cette expression ; c'est le langage uniforme des apôtres, qui s'adressent aux fidèles des églises comme étant tous des temples du Saint-Esprit, (I. Cor. VI. 19) des hommes scellés de l'Esprit de Dieu. (Eph. I. 13. IV. 3. l. Jean II. 20. 27)
Mais tous, parmi eux, ne possédaient pas ces dons miraculeux que l'apôtre appelle la
manifestation de L'Esprit, et qui étaient répartis par l'Esprit-Saint, d'après sa volonté, de la manière la plus avantageuse au bien général de l'église. Quelques-uns étaient destinés à l'édification des croyants, d'autres à la conversion des infidèles. ( I. Cor. XIV. 22)

L'apôtre désire de faire part aux fidèles de Rome de quelques dons spirituels pour les
affermir. Il comptait sur l'accroissement de consolation qui résulterait, tant pour lui que pour eux, de ce qu'ils feraient réunis. Il savait que cet accroissement serait la fuite de la communication mutuelle de la foi qu'ils possédaient, dans ses divers exercices et dans ses fruits.
Quoique Paul en eût été détourné jusqu'alors, il désirait que l'Église de Rome sut qu'il s'était souvent proposé de s'y rendre comme chez les autres Gentils, et d'y produire, comme chez ceux-ci, quelques fruits pour leur plus grande pureté, leur édification. Lorsque les églises sont édifiées, elles marchent dans la crainte du Seigneur, qui est toujours accompagnée de la consolation du Saint-Esprit. (
Act. IX. 31)

14 -15. Je suis débiteur tant aux Grecs qu'aux Barbares, tant aux sages qu'aux ignorants. Ainsi, autant qu'en moi est, je suis prêt à annoncer aussi l'évangile à vous qui êtes, à Rome.

Tout le genre humain est compris dans ces deux mots Grecs et Barbares. Les Grecs et les Romains appelaient de ce dernier nom tous les autres peuples, qui différaient d'eux par les habitudes et la langue. Comme apôtre de Christ, Paul était le débiteur des hommes de tous les pays et de tous les états, puisque le Seigneur avait ordonné que son évangile fut prêché à toutes les créatures.
Cet évangile est adapté au bonheur des hommes, dans tous les états de la société et dans tous les degrés de civilisation. Il est également nécessaire pour leur salut, dans toutes les conditions et également capable d'influer sur leurs esprits quelles qu'aient été auparavant leur ignorance ou leurs connaissances.
Ceux qui aiment le nom de Jésus, désirent de voir l'avancement de son règne dans le monde, et que les hommes de toutes les nations se réjouissent dans la bénédiction de le connaître, puisque sa connaissance est la vie éternelle. La sainte influence de cet amour éloigne de l'âme, cette haine et cette antipathie que les hommes ont naturellement pour ceux qui vivent dans d'autres contrées. Elle les engage à chercher le bien de tous pour qu'ils soient tous sauvés, et pendant qu'elle étend sous ce rapport l'influence de nos affections, elle ne diminue pas cependant les sentiments de bienveillance et d'attachement que nous devons à nos proches et à nos compatriotes. Nous en avons un bel exemple dans notre Apôtre, qui, lors même qu'il se regarde comme le débiteur de tous, manifeste cependant des attentions particulières pour les Israélites, ses parents selon la chair.
(Rom. IX. 3)

Paul était prêt à annoncer les heureuses nouvelles du salut, même à Rome, où l'esprit du monde semait tant d'orgueil et de vices, où il devait s'attendre à de si fortes oppositions, et courir de si grands dangers.
Ayant dans ces quinze premiers versets, achevé les préliminaires de son épître, il entre ici en matière.

16. Car je n'ai point de honte de l'Évangile de Christ. vu qu'il est la puissance de Dieu, en salut à tout croyant ; au Juif premièrement, puis aussi au Grec. (1)

L'évangile est la bonne nouvelle que ce royaume de Dieu, spirituel et éternel, (
Dan. II, 44. VII. 13-27) qui a été promis à l'homme aussitôt après sa chute, et qui a été prédit par les prophètes, a été érigé par la venue du Messie en chair, afin que la rédemption de tous les croyants fut effectuée par ses mérites et par son intercession ; c'est la nouvelle du salut par sa résurrection des morts qui a accompli les promesses de Dieu, pour que gloire soit à lui dans les lieux très-hauts, paix sur la terre et bienveillance envers les hommes. (Luc. II. 14)

Jésus-Christ ordonna à ses apôtres d'aller dans tout le monde prêcher à toute créature ce témoignage de lui, accompagné de la promesse que ceux qui y croiraient seraient sauvés. (
Marc XVI. 15. 16) Quelle qu'ait été sa première conduite, dès le moment où un homme croit ce témoignage, qu'il soit en santé ou en maladie, jeune ou vieux, ne lui restât-il qu'un soupir à pousser , il sera sauvé. C'est là le véritable sens de la commission que le divin Sauveur donna aux apôtres, en même temps qu'il leur déclarait, avec la même autorité, que ceux qui ne croiraient pas seraient condamnés.
Quelle qu'ait été leur apparente moralité, quand ils auraient donné leur bien aux pauvres, et leurs corps pour être brûlés, (
I. Cor. XIII. 13) s'ils ne croient pas l'évangile, ils sont compris dans cette sentence. « Celui qui croit en lui, ne fera pas condamné, mais celui qui ne croit point est déjà condamné, parce qu'il n'a point cru au nom du Fils unique de Dieu. » (Jean III. 18)

L'apôtre dit ici, qu'il n'a point de honte de l'évangile de Christ. Les bonnes nouvelles du salut par le Sauveur crucifié, étaient folie pour les Grecs, et scandale pour les Juifs. (
I. Cor. I. 23) Mais cela ne leur était point particulier. La prédication de la croix est folie à tous ceux qui périssent. (l. Cor. I. 18)
L'évangile condamne les hommes du monde dans toute leur bonté si vantée et dans toute leur perversité réelle : il parle également à tous les hommes comme étant tous coupables et placés sous la même condamnation.
Cette doctrine est dans une opposition continuelle avec l'orgueil du cœur humain, qui ne peut supporter l'idée de ce salut, duquel on exclut toute idée de mérite venant de l'homme ; de ce salut qui doit être reçu comme un don libre, comme une grâce accordée à un criminel qui a perdu, par ses fautes, tout droit à la faveur de Dieu. Dès-lors, il n'est point étonnant que cette doctrine salutaire soit méprisée, haïe, combattue par tous ceux dont l'orgueil résiste à s'y soumettre sans condition.

On suppose, à la vérité, que depuis que le monde en général, du moins dans les pays civilisés, fait une profession extérieure de l'évangile, on ne peut plus être tenté d'en avoir honte ; mais nulle idée ne peut être plus mal fondée. Ce serait une bien grande erreur d'imaginer que les Livres saints ne s'appliquent qu'aux temps où ils ont été écrits, aux circonstances qu'il y avait alors. Les principes qu'ils contiennent sont universellement applicables à la condition actuelle de l'homme. Car la nature humaine est la même dans tous les temps et dans tous les lieux, malgré les variations qu'éprouvent les circonstances extérieures ; aussi, relativement à la généralité des hommes, qu'ils soient Païens, Musulmans, ou Chrétiens seulement de nom, l'état réel des choses n'a point changé.

L'homme naturel ne reçoit point les choses de l'esprit de Dieu, parce qu'elles sont folie pour lui, (
I Cor. II, 14) et la haine que tout homme, non régénéré conserve dans son cœur pour le Christ de Dieu, est toujours la même, soit qu'elle se manifeste par des actes extérieurs ou qu'elle paraisse sommeiller, soit que son existence soit reconnue ou qu'elle ne le soit pas. Jésus avertit très-expressément ses disciples qu'ils devaient s'attendre à être détestés par le monde ; et nous voyons que les païens haïssaient les chrétiens et les persécutaient de la manière la plus cruelle ; le Juif et le Gentil grinçaient également des dents contr'eux. (Act. VII. 54)
L'évangile, par sa vive lumière et par son évidence, ayant exposé au grand jour l'absurdité grossière de l'idolâtrie, le monde forcé à l'abandonner a pris le nom de Chrétien : mais le changement n'a été que dans le nom. Tous ceux qui professent extérieurement le christianisme n'ont point reçu
l'amour de la vérité pour être sauvés (II. Thess. II. 10) La plupart le corrompent grossièrement, ou le changent en d'autres religions qui, bien quelles aient la même apparence, sont au fond essentiellement différentes de lui. Tels sont les systèmes les plus étudiés entre lesquels se partagent un grand nombre de ceux qui portent le nom de chrétiens ; il y a, en vérité, une différence plus grande entre le véritable évangile et les systèmes qui, sans avoir Christ pour fondement, paraissent le plus s'en rapprocher, qu'il n'y en avait entre le paganisme le plus grossier et la religion chrétienne ; et il est vrai de dire, que tous ceux qui n'ont pas reçu le Saint-Esprit, ou en d'autres termes, qui ne sont point régénérés, sont dans la réalité, tout comme s'ils étaient idolâtres.

Comme le Dieu que chaque homme adore est conforme à la notion ou à l'idée qu'il se fait de la Divinité, ceux qui s'en forment des idées fausses adorent de faux Dieux, comme le font tous ceux qui rejettent la révélation que Dieu nous a faite de lui-même, dans son évangile. Ils sont idolâtres dans l'acception la plus complète de ce nom. Ils adorent des Idoles, qui, si elles ne sont pas l'ouvrage de leurs mains, sont celui de leurs vaines imaginations. Ceux qui, en professant extérieurement le christianisme, ne croient pas l'évangile de la grâce de Dieu ; ceux qui cherchent la justification et le salut dans une voie différente de celle qui est révélée dans l'évangile, se représentent nécessairement Dieu comme n'étant ni miséricordieux, ni juste, ni vrai, et ces perfections de Jéhovah lui sont aussi essentielles que l'éternité, l'omniscience, l'ubiquité et la toute-puissance. Ces derniers caractères de Dieu ont été reconnus par plusieurs personnes au milieu du paganisme, et il est vrai que les témoignages que nous en voyons sont si puissants, qu'ils forcent plus ou moins tous les hommes à les avouer, ceux-là même à qui sa Parole n'est point parvenue. Mais ce n'est que dans cette Parole que les premiers des caractères que nous avons cités plus haut sont clairement révélés ; ce n'est que par cette Parole qu'ils ont pu être connus ensemble, car sans cette révélation aucune créature n'aurait pu concevoir comment ces attributs divers pouvaient être exercés à la fois.

Si l'on reconnaissait dans le Très-Haut une justice parfaite et une vérité immuable, il ne restait plus d'espérance au pécheur, si on permettait à celui-ci d'espérer qu'il échapperait à la juste punition de ses fautes, il ne restait plus de moyens de reconnaître un Dieu, vrai dans la dénonciation du péché et juste dans sa punition : mais dans l'évangile du Sauveur en qui sont cachés tous les trésors de sagesse et de connaissance, dans cet évangile qui contient des choses que les anges voudraient contempler, (
I. Pier. I. 12) la bonté et la vérité se sont rencontrées, la justice et la paix se sont entre-baisées ; (Ps. LXXXV, 11) dans cet évangile Dieu est montré juste, et justifiant ceux qui croient en Jésus. (Rom. III. 26) Sa loi est magnifiée et ce qui prouve l'excessive culpabilité de toute transgression contre lui, est précisément la véritable voie par laquelle le plus grand pécheur parvient à la participation de la vie éternelle.

L'homme qui croit réellement l'évangile de Dieu Notre-Sauveur, est amené à connaître le vrai Dieu ; il sait que « la justice et l'équité, sont la base de son trône, et que la gratuité et la vérité marchent devant sa face. » (
Ps. LXXXIX. 15) Celui qui ne croit pas l'évangile peut être religieux, mais c'est un faux Dieu qui est l'objet de son adoration ; c'est un Dieu qui n'est ni miséricordieux, ni juste, ni véridique. Il pourra discourir beaucoup sur ce qu'il appelle la miséricorde divine et en tirer divers arguments contre l'évangile. Mais ce qu'il appellera miséricorde sera toujours quelque chose d'opposé à la justice parfaite et à l'immuable vérité ; il y aura toujours ou de l'indulgence dans la qualification des péchés, ou de l'indifférence pour l'exécution de la peine méritée. Un tel attribut ne peut appartenir à Jéhovah.
Les incrédules se glorifient en vain d'avoir de sa miséricorde des idées plus élevées que celles de leurs adversaires. Ils nient, au contraire, celle qui est véritable, qui est plus haute que les cieux, mais qui, lorsqu'elle a été le plus déployée, a été toujours en harmonie avec la plus redoutable sanction de la loi.

On découvre le véritable caractère des infidèles dévoués à une fausse religion, par leur opposition à l'Évangile glorieux, cette opposition prouve qu'ils sont ennemis de Dieu. L'orgueil de leurs âmes répugne à sa miséricorde, l'impiété de leurs pensées accuse sa justice comme une sévérité tyrannique, l'infidélité de leurs cœurs qui se trompent eux-mêmes, nie sa vérité, et ne regarde la qualification des péchés et la dénonciation des peines qu'ils encourent, que comme de vaines menaces qui ne doivent point être exécutées.

En réfléchissant donc à la condition dégradée de l'homme, on n'est pas surpris que ceux qui croient en Christ, soient d'autant plus en butte à la haine et au ridicule, de la part des hommes mondains, quel que soit le nom qu'ils prennent, qu'ils sont plus fidèles à leurs principes dans leur conduite et dans leur foi. Ce qui reste en eux de la corruption naturelle est une cause qui les expose à une tentation continuelle d'avoir honte de l'évangile ; de là vient que dans l'écriture, on leur rappelle souvent le danger de cette honte et le devoir auquel ils sont obligés de confesser hardiment le nom de Jésus ; aussi est-il ordonné à ceux qui croient en lui d'ajouter à la foi, la vertu, c'est-à-dire le courage, (
II. Pier. I. 5) (2) et les timides aussi bien que les meurtriers et les débauchés auront leur place dans l'étang ardent de feu et de soufre. (Apoc. XXI. 8) « Car, dit Jésus, quiconque aura eu honte de moi et de mes paroles parmi cette nation adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aura aussi honte de lui quand il sera venu environné de la gloire de son Père avec les saints anges. » (Marc VIII. 38)

Paul avait été privé de tous les biens extérieurs (
Phil. III. 8) de la situation avantageuse où il se trouvait et des espérances qu'il avait devant lui à cause de la faveur que lui accordaient les chefs des Juifs : il était passé dans un autre état, de sorte qu'il était comme les balayures du monde, comme le rebut de tous, en spectacle aux anges et aux hommes. (I. Cor. IV. 9-13) Cependant il n'eut point honte de l'évangile de Christ.
Il exhorte son fils Timothée dans la seconde des épîtres qu'il lui écrit, lorsqu'il avait lui-même en vue sa prochaine dissolution et le dernier jugement, à faire une profession aussi intrépide de la foi. Ce dernier jour était tellement présent à son esprit, il l'occupait au point qu'il l'appelle plusieurs fois
cette journée. « Ne prends donc point à honte le témoignage de Notre Seigneur ni moi qui suis son prisonnier ; mais prends part aux afflictions de l'évangile suivant la puissance de Dieu pour lequel j'ai été établi, prédicateur, apôtre et docteur des Gentils ; c'est pourquoi aussi je souffre ces choses, mais je n'en ai point de honte ; car je connais celui en qui j'ai cru et je suis persuadé qu'il est puissant pour garder mon dépôt jusqu'à cette journée. » (II. Tim. l. 8. 11. 12)

L'apôtre n'avait point de honte de l'évangile de Christ parce que c'est la puissance de Dieu en salut ; c'est le moyen par lequel il exécute son dessein de sauver les hommes ; il s'y révèle non-seulement comme le Dieu juste, mais comme le Sauveur, qui dans ses actions exerce toute sa souveraineté et sauve par son évangile celui qu'il veut sauver. C'est dans cet évangile qu'il découvre son grand amour pour les hommes coupables, lors même qu'ils étaient
morts dans leurs péchés. Ceux qui étaient « choisis par lui dès le commencement pour le salut, par la sanctification de l'esprit et la croyance de la vérité, sont appelés par l'évangile à obtenir sa gloire par Jésus-Christ. (II. Thess. Il. 13. 14) A ceux-là l'évangile n'a pas été en parole seulement mais en vertu. ( I. Thes. I. 5) » Ils sont d'abord et « par la propre volonté de Dieu engendrés par la parole de la vérité. (Jacq. I. 18) Ils ont été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, savoir, par la parole de Dieu, vivante et permanente à toujours.... et c'est cette parole qui leur a été évangélisée : (I. Pier. I. 23-25) » et comme ils sont engendrés selon sa volonté par sa Parole, ils sont ensuite « gardés par la puissance de Dieu par la foi afin qu'ils obtiennent le salut (I. Pier. I. 5) » Ainsi c'est la parole de la vérité de l'évangile, qui seule fructifie dès le moment où les hommes entendent et connaissent la grâce de Dieu en vérité. (Col. I. 6)

Comme il est déclaré ici que l'évangile est la puissance de Dieu en salut, il s'ensuit nécessairement que les hommes n'ont point d'autre voie pour y parvenir. Dieu s'est révélé lui-même à l'homme non-seulement par les sentiments naturels de la conscience, mais par les œuvres de la création, et cependant, à cause de la dureté de son cœur, ces moyens sont insuffisants pour le conduire à son Créateur. Il combat, il étouffe la voix de la conscience relativement aux choses de Dieu et de l'éternité et elle devient comme si elle était cautérisée. (
I. Tim. IV. 2) Et quoique des qualités invisibles de Dieu, comme son pouvoir éternel et sa divinité, soient manifestées clairement dans les œuvres de la création, tel est l'aveuglement des hommes, dans leur état de déchéance et de corruption, qu'ils en font usage pour cacher Dieu à leur propre vue, et qu'au lieu d'être amenés à lui par cette considération, ils s'en éloignent de plus en plus. Il reste souvent, à la vérité, une espèce de reconnaissance générale de l'existence et de la puissance du Créateur ; elle naît de la vue de ses ouvrages, mais elle ne fournit sur cette matière aucune instruction tendant au salut ; ce n'est donc que « par la foi que les hommes savent, que les siècles ont été rangés par la parole de Dieu. (Héb. XI. 3) »

Si la voix de la conscience et la contemplation des œuvres de Dieu n'ont pas conduit les hommes à le connaître et à sentir leur dépendance de lui, bien moins encore des raisonnements abstraits sur son existence et les perfections pourraient-ils produire cet effet. Dans ce chapitre même, l'Apôtre démontre, de la manière la plus claire, ce qu'il affirme dans les deux premiers de l'épître aux Corinthiens, que le monde par sa propre sagesse n'a point connu Dieu et qu'il a plu à Dieu que les croyants fussent sauvés par la folie de la prédication. (
I. Cor. I. 21)
Les anciens philosophes étaient vains dans leurs imaginations et il en est de même aujourd'hui de ceux qui sont réputés sages et dont les cœurs ne s'assujettissent point à l'étude de la parole de Dieu.
L'étude de ses œuvres, sans celle de sa parole, n'est qu'une bagatelle difficile, quoique décorée du beau nom de Philosophie. Nul n'est plus éloigné du Créateur que plusieurs de ceux qui vantent et exagèrent eux-mêmes la connaissance qu'ils croient avoir de ses créatures. Ils parlent en termes généraux de sa sagesse, mais ils vivent sans lui dans le monde et leur philosophie ne peut leur enseigner ni à l'aimer, ni à le craindre, ni à le servir, ni à se confier en lui. Tandis que d'un autre côté, ceux qui connaissent Dieu dans sa parole ont à la fois, en admirant ses ouvrages, de l'avantage et du plaisir.

Les hommes ne peuvent point non plus être sauvés par l'obéissance à la loi de Dieu, lors même qu'elle est clairement promulguée ; au contraire, plus elle est pleinement connue, plus elle manifeste la coulpe et la dépravation de l'homme, (
Rom. V. 20) en sorte que par les œuvres de la loi nulle chair ne sera justifiée devant Dieu. (Rom. III. 20) Il est bien vrai que les hommes qui suivent les voies de ce monde aiment mieux entendre parler du pouvoir naturel qu'on suppose qu'ils ont d'obéir à la loi de Dieu, que du salut par l'évangile. Ils aiment à être engagés par la puissance de l'éloquence et de la persuasion morale, à exercer ce pouvoir par eux-mêmes. Ils ne pensent pas que Dieu exerce d'autre puissance, quant à l'usage de leurs pouvoirs naturels, que le secours que leur accorde sa providence universelle. Ils supposent même que la doctrine de la grâce de Dieu, telle qu'elle est exposée dans l'évangile, bien loin d'être un moyen convenable pour sauver les hommes de leurs péchés, les encourage au contraire à y persévérer et à vivre avec sécurité dans l'ivresse de leurs convoitises. Mais ceux qui croient l'évangile connaissent l'excellente grandeur de la puissance de Dieu qui y est déployée pour leur salut. Ils savent que « ce qui était impossible à la loi parce qu'elle était faible en la chair, Dieu ayant envoyé son propre Fils en forme de chair de péché et pour le péché, a condamné le péché en la chair. (Rom. VIII. 3) Ils savent que le fils de Dieu est apparu pour détruire les œuvres du Diable, ( I. Jean III. 8) qu'il a dépouillé les principautés et les puissances qu'il a produites en public, triomphant d'elles en la croix. » (CoI. II. 15).

D'autres doctrines peuvent avoir quelque influence pour rendre les hommes moraux et réservés dans leur conduite. Mais c'est l'évangile seul qui change le cœur et sanctifie l'âme. Les croyants savent que par l'évangile le Saint-Esprit est communiqué et l'image de Dieu est rétablie dans l'âme. « Il n'y a de salut en aucun autre qu'en Christ. Il n'y a point sous le ciel d'autre nom qui soit donné aux hommes par lequel il nous faille être sauvés. (
Act. IV. 12) Qui croit au Fils a la vie éternelle, mais qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. » (Jean III. 26)

Le reste de ce chapitre est un commentaire pratique de ces paroles,
personne ne connaît le Fils que le Père, et personne ne connaît le Père que le Fils et celui à qui le Fils l'aura voulu révéler. (Math XI. 27) »
Pour croire un témoignage il faut le comprendre ; quelques personnes croient à des idées de leur propre imagination qu'ils supposent être l'évangile ; tout comme ils croient à l'existence de Dieu, en se formant de lui une fausse idée, tout comme ils croient que la bible est la parole de Dieu, et entendent mal ce qu'elle contient. C'est dans le même sens qu'en parlant des trois premiers caractères peints dans la parabole du Semeur, qui se sont retirés après avoir reçu la parole, Jésus dit qu'ils ne l'ont pas comprise.
Ces opinions ne peuvent les sauver. La seule vérité dont Dieu se serve pour sauver les hommes, c'est ce qui est en Jésus. Cependant comme il y a diverses apparences de foi là où elle n'existe pas réellement, on a établi entre la croyance et la foi, une distinction qui n'a nul fondement dans la parole de Dieu, et on a alors donné de la foi plusieurs définitions embarrassées qui finissent toujours par ajouter quelque chose à l'idée de la croyance d£ la vérité.
Ces définitions renferment ordinairement, comme faisant partie de la foi, l'espérance et l'amour qui en sont distingués par l'écriture. (
I. Cor. XIII. 13) Elles renferment aussi diverses opérations et diverses affections de l'âme qui ne sont que les effets de la foi. De là vient que l'on en a distingué plusieurs espèces.
Mais comme il n'y a qu'une seule manière de croire un témoignage, on ne doit chercher aucune différence dans la nature de la foi ou de la croyance en elle-même, parce qu'elle est nécessairement toujours la même, et l'on ne peut y faire de distinctions, que relativement aux objets qui lui sont proposés. Si donc on croit l'évangile, ou comme il est souvent appelé par excellence, dans les écritures, la vérité, il sera la puissance de Dieu en salut. Mais si l'on croit autre chose on ne fera point sauvé.

Les écritures distinguent, il est vrai, une foi vivante d'une foi morte, c'est-à-dire l'apparence de la réalité, de la même manière qu'elles distinguent la compassion apparente de la compassion réelle, (
Jacq. II. 15. 16) mais cela ne prouve pas plus qu'il y ait deux espèces de foi, deux espèces de compassion, que ce que les écritures disent de Dieu et des Dieux des nations, lesquels toutefois ne sont pas Dieux, (Jer. II. 11) ne prouve qu'il y a deux sortes de Dieux.

Nous trouvons quelque chose qui éclaircit d'une manière frappante ce que nous venons de dire, dans les paroles de Jésus-Christ aux Juifs. « Ne croyez point que je doive vous accuser envers mon Père, Moïse sur qui vous vous fondez, est celui qui vous accusera, car si vous croyiez à Moïse vous me croiriez aussi, vu qu'il a écrit de moi. Mais si vous ne croyez pas à ses écrits comment croirez-vous à mes paroles ? » (
Jean V. 45. 47)
Jésus déclare ici que les Juifs se fondaient sur Moïse ou qu'ils espéraient en lui quoiqu'ils ne crussent pas sa parole, ils croyaient que Moïse était un prophète, et qu'il proférait les paroles de Dieu, c'est pour cela qu'ils espéraient en lui ; mais après tout, ils interprétaient mal les écrits de Moïse, ce qui est prouvé par leur réjection du Messie, et par conséquent ils ne croyaient point les choses contenues dans ses écrits, mais toute autre chose qu'ils supposaient y être contenue. C'est ainsi que plusieurs de ceux qui s'appellent chrétiens, interprètent mal le témoignage de Dieu concernant Christ, et par conséquent ne le croient pas. Ils espèrent en un Sauveur enfanté par leur imagination (Voy. dans le grec
Jean VIII. 9. 46. XVI. 8. Tite I. 9. Jacq. II. 9). Ils croient à quelque chose qu'ils supposent être l'évangile et qui n'est point l'évangile.
« 
La foi rend présentes les choses que l'on espère, et elle est une démonstration de celles qu'on ne voit point : » (Héb. XI. 1) elle est la conviction de la vérité ou de la réalité de ce qui est attesté et aussi de ce qui est espéré, car l'évangile nous présente un objet d'espérance « Allez par tout le monde et prêchez l'évangile à toute créature, celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé, mais celui qui n'a point cru sera condamné. (Marc XVI. 15. 16)

La justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ s'étend à tous et sur tous ceux qui
croient, (Rom. III. 22) afin que tous ceux-là soient jugés qui n'ont point cru à la vérité..... mais Dieu vous a élus dès le commencement pour le salut par la sanctification, de l'esprit et par la croyance de la vérité. (II. Thess. II. 12. 13) »
Nous voyons ici dans ces déclarations du Saint-Esprit, que cette foi par laquelle les hommes sont sauvés est la croyance de la vérité comme opposée à la
non-croyance. « Abraham ne forma point de doute sur la promesse de Dieu par défaut de foi (3), mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu, étant pleinement persuadé que celui qui lui avait fait la promesse était puissant pour l'accomplir, c'est pourquoi cela lui a été imputé à justice. » (Rom. IV. 21. 22)

Nous avons dans ces dernières paroles une peinture non seulement de la foi, mais d'une foi ferme, car la foi peut différer en degrés, selon que l'on a une intelligence plus ou moins claire d'un témoignage et la persuasion plus ou moins vive de sa vérité. Les écritures déclarent que « quiconque croit que Jésus est le Christ (ce que personne ne peut faire que par le Saint-Esprit) est né de Dieu » (I. Jean V. 1) et le passage que nous examinons, nous atteste que l'évangile de Christ est la puissance de Dieu en salut à tout croyant.
Il est cette puissance en salut à tout croyant,
au Juif premièrement et puis aussi au Grec ; la dispensation de l'évangile n'est pas, comme celle de Moïse, bornée à une seule nation ; elle est annoncée à tous les hommes, et nul de ceux qui entendent l'évangile n'est exclus de ses bénédictions, s'il ne s'en exclut lui-même.
Ce salut fut d'abord proclamé chez les Juifs, l'ancien peuple de Dieu, et ils furent établis les premiers hérauts des bonnes nouvelles, pour tous les peuples de la terre. « Il fallait que le Christ souffrît et ressuscitât des morts le troisième jour et qu'on prêchât en son nom la repentance et la rémission des péchés parmi toutes les nations, en commençant par Jérusalem. » (
Luc XXIV. 46. 47)
Cet ordre de commencer la prédiction de l'évangile par Jérusalem, était l'accomplissement de cette prophétie d'Esaïe, « la loi sortira de Sion et la parole de l'Éternel sortira de Jérusalem ; » (
Esa. II. 3) c'était aussi une démonstration frappante de l'efficacité du sang de l'expiation qui avait été versé pour le péché, et c'était encore une preuve du caractère de bonté de cette dispensation introduite par le Messie.

On avait lieu de penser que Jérusalem, dont les habitants, ayant rejeté et crucifié le Seigneur de gloire « avaient achevé de remplir la mesure des péchés de leurs pères, » (Matt. XXIII. 32) aurait été exceptée de la mission dont Jésus avait chargé ses Apôtres, et que dans la ville où habitaient des traîtres et ses meurtriers, la voix de l'évangile ne devait point se faire entendre ; au contraire le Sauveur leur ordonne de prêcher à toutes les nations la repentance et la rémission des péchés, en commençant par Jérusalem.

17. Car la justice de Dieu par la foi, se révèle en lui, à la foi, selon qu'il est écrit, le juste par la foi, vivra.

L'évangile est la puissance de Dieu en salut envers chacun de ceux qui croient, car en lui la justice de Dieu est révélée. On entend souvent dans l'écriture, par ces mots,
la justice de Dieu, la justice distributive par laquelle il maintient l'autorité de sa loi ou la droiture de son caractère, mais ici, ainsi que dans plusieurs autres passages de l'écriture, ces mots signifient la justice qui satisfait à la loi, c'est la justice que Dieu le fils a accomplie par son obéissance et son sacrifice ; il avait été pourvu ainsi au salut des hommes coupables, et la promesse leur en avait été faite dès la première entrée du péché au monde ; elle avait été ensuite répétée d'âge en âge, avec une clarté toujours croissante, jusqu'à ce qu'enfin elle avait été pleinement déployée dans l'évangile, depuis la résurrection de Jésus-Christ.

Telle est la justice dont Noé avait été le prédicateur, (
II. Pier. II. 5) et que les prophètes étaient chargés de proclamer. Le Psalmiste parlant du Messie, lui attribue cette justice glorieuse, par laquelle il devait être distingué, et qu'il devait introduire dans le monde. « O Très-Puissant, ceins ton épée sur ta cuisse, ta majesté et ta magnificence, et prospère en ta magnificence, sois porté sur la parole de vérité, de débonnaireté et de justice, et ta droite t'enseignera des choses terribles. Tes flèches sont aiguës, les peuples tomberont sous toi, elles entreront dans le cœur des ennemis du Roi. Ton trône, ô Dieu est à toujours, et à perpétuité ; le sceptre de ton règne est un sceptre d'équité ; tu aimes la justice et tu hais la méchanceté ; c'est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t'a oint d'une huile de joie au-dessus de tes compagnons. (Ps. XLV. 4-8) »

Le Messie lui-même lorsqu'il annonce sa détermination de descendre sur la terre pour faire la volonté de son père, dit : j
'ai prêché ta justice dans la grande assemblée. (Ps. XL, 10. 11) A la vue de la révélation de cette justice et se rapportant à elle, le Psalmiste s'écrie ailleurs : « Chantez à l'Éternel un nouveau cantique ; car il a fait des choses merveilleuses. Sa droite et le bras de sa sainteté l'ont délivré ; l'Éternel a fait connaître sa délivrance. Il a révélé sa justice devant les yeux des nations. » (Ps. XCVIII. 1. 2) Jéhovah dit, par la bouche du prophète, en parlant de cette justice, « écoutez-moi vous qui avez le cœur endurci, et qui vous éloignez de la justice, j'ai fait approcher ma justice et elle ne s'éloignera point ; et ma délivrance ne tardera point. (Esaïe. XLVI. 12. 13) Écoutez-moi donc attentivement, mon peuple..... ma justice, est près, mon salut a paru.... mon salut demeurera à toujours, et ma justice ne fera point anéantie. Ma justice demeurera à toujours et mon salut dans tous les âges. (Esa. LI. 4.8) Certainement on dira de moi, la justice et la force est en l'Éternel.... Toute la postérité d'Israël fera justifiée, et elle se glorifiera en l'Éternel. (Esa. XLV. 24. 25) C'est là l'héritage des serviteurs de l'Éternel et leur justice de par moi, dit l'Éternel. (Esa. LIV. 17) Mon salut est prêt à venir et ma justice à être révélée. » (Esa. LVI. 1)

Cette justice de Dieu est la justice du Messie. « L'Éternel prenait plaisir en lui à cause de sa justice ; il magnifiait la loi, et la rendait honorable. (
Esa. XLII. 21) Mon serviteur juste en justifiera plusieurs par la connaissance qu'ils auront de lui » (Esa. LIII. 11)
C'est cette justice que Jésus-Christ est venue apporter. « Il y a septante semaines déterminées sur ton peuple et sur ta sainte ville pour abolir l'iniquité, consumer le péché, faire propitiation pour l'iniquité, et pour amener
la justice des siècles. (Dan. IX. 24) Voici, les jours viennent, dit l'Éternel, que je ferai lever à David un Germe juste qui régnera comme Roi, il prospérera et exercera le jugement et la justice sur la terre, et en ses jours Juda sera sauvé, et Israël habitera en assurance, et c'est ici le nom duquel on l'appellera, l'Éternel notre Justice. (Jer. XXXIII. 16) Mais pour vous qui craignez son nom, se lèvera le soleil de justice, la santé sera dans ses rayons. (Mal. IV. 2)

C'est aussi la justice de l'église de Dieu, laquelle il a acquise par son propre sang. (
Act. XX. 28) Pour l'amour de Sion je ne me tiendrai point tranquille et pour l'amour de Jérusalem je ne ferai point en repos, que sa justice ne sorte dehors comme une splendeur, et que sa délivrance ne soit allumée comme une lampe, alors les nations verront ta justice. ( Esa. LXII. 1. 2) Je me réjouirai extrêmement en l'Éternel, et mon âme s'égayera en mon Dieu, car il m'a revêtu des vêtements du saint et couvert du manteau de la justice. (Esa. LXI. 10) Toutes nos justices sont comme le linge le plus souillé. » (Esa. LXIV. 6)

C'est de cette justice qui est « sans la loi, » qui n'est point accomplie par les hommes,
« mais qui est attestée par la loi et par les prophètes, (Rom. III. 21) » que parle l'Apôtre dans le troisième chapitre de cette épître et dans beaucoup d'autres endroits. Il nomme le service de la mission apostolique auquel il avait été appelé avec les autres apôtres, le ministère de la justice, (II. Cor. III. 9) l'opposant au ministère de Moïse qui avait été chargé de promulguer la loi, et qu'il appelle ministère de la condamnation, parce qu'une loi sainte, condamne des créatures coupables. Jésus-Christ a été fait Justice pour son peuple. (I. Cor. l. 30) « Car il a fait celui qui n'a point connu de péché, être péché pour nous, afin que nous fussions justice de Dieu en lui. » (II. Cor. V. 21)

C'est encore d'elle que Paul parla si souvent dans l'épître aux Galates, et de laquelle il dit aux Philippiens : « Et certes, je regarde toutes les autres choses comme m'étant nuisibles en comparaison de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ, mon Seigneur, pour l'amour duquel je me suis privé de toutes ces choses, et je les estime comme du fumier, afin que je gagne Christ, que je sois trouvé en lui, ayant non pas la justice qui est de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ, c'est-à-dire, la
justice qui est de Dieu par la foi. » ( Phil. III. 8. 9)

C'est, dit Pierre,
la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ. (II. Pier. I. 1) Elle était opposée à celle que les Israélites cherchaient à lui substituer. « Parce que ne connaissant point la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont point soumis à la justice de Dieu, car Christ est la fin de la loi en justice à tout croyant. (Rom. X. 3.4) Car si la loi eût été donnée pour pouvoir vivifier véritablement, la justice serait de la loi ; mais l'écriture à montré que tous les hommes étaient pécheurs, afin que la promesse par la foi en Jésus-Christ fut donnée à ceux qui croient. (Gal. III. 21. 22) Si la justice est par la loi, Christ est donc mort inutilement. (Gal. II. 21) Mais pour nous, nous espérons par l'esprit d'être justifiés par la foi. (Gal. V. 5) »

Paul déclare que
cette justice de Dieu est révélée en l'évangile ; elle ne pouvait être connue que par une révélation, car il est écrit : « Ce sont des choses que l'œil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues et qui ne sont point montées au cœur de l'homme, lesquelles Dieu a préparées à ceux qui l'aiment. Mais Dieu nous les a révélées par son esprit. » (I. Cor. II. 9. 10)
Cette révélation n'est donc point annoncée comme un perfectionnement des connaissances naturelles que nous pouvions avoir relativement à Dieu et à nos devoirs envers lui ; et la vérité concernant sa justice, ne pouvait pas non plus être déduite des principes naturels. Le seul fondement que nous ayons pour établir notre persuasion de la vérité de cette révélation, est la fidélité de Dieu dans le témoignage qu'il rend de cette justice, manifestant lui-même en nos âmes la lumière qu'il a révélée.

La justice de Dieu
par la foi, est révélée dans l'évangile à la foi ; cette même expression, la justice par la foi, est encore employée deux fois, dans la suite de cette épître (4) et elle est semblable à celle qui se trouve dans le passage de l'épître aux Philippiens que nous venons de citer et où la justice par la foi est appelée la justice de Dieu ; et dans Rom. III. 22. il est dit : « la justice de Dieu par la foi, en Jésus-Christ s'étend à tous et sur tous ceux qui croient. »
Ainsi la manière dont cette justice est imputée et reçue, c'est seulement par la foi, du commencement à la fin, conformément à ce que dit le prophète Habacuc,
le juste vivra de sa foi, (Hab. II. 4) ou comme le cite Paul d'après la doctrine qu'il établit, le juste par la foi (celui qui est justifié par la foi (Rom. V. 1) vivra.
L'Apôtre répète en deux autres endroits la même déclaration :
1° dans l'épître aux Galates (
Gal. III. 11) où il prouva en même temps que les hommes ne peuvent être justifiés par la loi ;
quand il exhorte les Hébreux à être fermes dans la foi, ( Héb. X. 38) et que leur expliquant bientôt après ce qu'il entend par cette expression, il montre que c'était par la foi que les hommes étaient sauvés avant, aussi bien que depuis la venue du Messie. Dans le premier cas, la foi avait pour objet cet événement considéré dans la promesse, dans le second, considéré dans son accomplissement.
Ainsi c'est seulement par la foi dans le témoignage de Dieu, relativement
à. sa justice, que les hommes ont, ou peuvent obtenir, la justification et la vie. L'homme, comme l'écriture nous le déclare dès son commencement, avait perdu tout droit à la vie. Il fallait savoir comment il pouvait le recouvrer. Le prophète avait répondu à cette question, le juste vivra de sa foi.

Tous ceux qui ont quelque connaissance de Dieu et d'eux-mêmes, doivent rechercher une justice qui est le seul moyen d'établir une relation favorable entre Dieu et nous. L'idée que se font en général les hommes de la justice, est qu'elle dépend d'eux, leur est inhérente et est accomplie par eux. Tel est le langage uniforme de tous ceux qui n'ont pas été éclairés par la connaissance des choses divines : aussi ne cherchent-ils point d'autre justice. Mais l'Apôtre déclare ici que dans l'évangile une autre a été révélée, une justice étrangère à l'homme, la justice de Dieu, et qu'elle a été révélée à la foi ; car non-seulement cette justice est différente de celle que recherchent naturellement les hommes, mais encore c'est par une autre voie que l'on parvient à y avoir part, et c'est seulement
par la foi.
Par conséquent les hommes ne sont justifiés devant Dieu que par la justice de Christ reçue par la foi « II est l'Éternel notre justice, en qui toute la postérité d'Israël sera justifiée et se glorifiera. »
Mais malgré la manière claire dont cela est révélé, et la conviction qu'ils ont de cette vérité, tous ceux qui connaissent et aiment Christ, comme la fin de la loi en justice à tout croyant, ressentent chaque jour les efforts d'un penchant puissant qui agît dans leurs cœurs en opposition à la justice de Dieu, et qui leur suggère d'établir la leur. Et même, plus ils aiment Christ, et plus ils aperçoivent la force de ce penchant et ses mauvais effets sur eux. C'est pour cela qu'ils éprouvent chaque jour le besoin de demander la rémission de leurs péchés.

En distinguant ce penchant de tout autre charge, et de toutes les convoitises mondaines qui les retardent dans leur course, ils trouvent que c'est le péché qui les enveloppe, (
5) Ils trouvent que c'est ce qui est proprement inhérent en eux et qui a jeté les racines les plus profondes dans leur manière d'être et leur constitution morale. Ce mal est toujours présent en eux lorsqu'ils veulent faire le bien. De sorte que se réjouir devant Dieu, dans l'œuvre terminée par Jésus-Christ, est une chose entièrement surnaturelle, et tout à fait étrangère au cours naturel de leurs pensées et de leurs raisonnements
En conservant la communion avec Dieu par la prière de la foi, ils trouvent le remède contre ce péché, et un secours contre son pouvoir ; et ils sont encouragés par l'espérance d'une victoire complète et de leur délivrance finale.


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(1) Après que les généraux d'Alexandre eurent établi leur empire en Égypte et en Asie, les habitants de ces contrées furent regardés comme Grecs, parce qu'en général ils parlaient la langue Grecque, et comme les Juifs n'avaient guère de rapports avec d'autres idolâtres, ils appelaient Grecs tous les païens ; ainsi dans leur langue, ces expressions, les Juifs et les Grecs, comprenaient tout le genre humain.

(2),
Mars, dieu supposé de la guerre.

(3)

(4) Rom. IX. 30. X. 5. Dans ces deux endroits Martin traduit par ces mots, par la foi, aussi bien que dans
Rom. IX. 16. V. 1

(5)
Héb. XII. 1.

 

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