Commentaire sur
l'épître aux Romains
CHAPITRE
PREMIER.
(suite)
10.
Demandant continuellement dans mes
prières que je puisse enfin trouver par la
volonté de Dieu, quelque moyen favorable pour aller
vers vous.
La piété de ce langage est un exemple
pour tous les chrétiens. Il provient d'une
réflexion profonde, et est une
reconnaissance. complète de notre
entière dépendance de Dieu.
« Or maintenant, vous qui dites, allons
aujourd'hui ou demain dans une telle ville, et
demeurons là un an, et y trafiquons et
gagnons ; ( vous,
qui, toutefois ne
savez pas ce qui arrivera le lendemain : car
qu'est-ce que notre vie ? ce n'est, certes,
qu'une vapeur qui paraît pour un peu de temps
et qui ensuite s'évanouit), au lieu que vous
devriez dire, si le Seigneur le veut, et si nous
vivons, nous ferons, ceci et cela. »
(Jacq. IV. 13. 14. 15)
Paul prie ici pour son heureux voyage à
Rome ; le désir qu'il avait d'y aller
fut exaucé ensuite, mais la manière
dont il y fut conduit fut bien différente de
ce qu'il semble ici désirer ou
espérer ; mais le Seigneur gouverne et
dirige toutes choses pour sa propre gloire et le
bien de son peuple.
11-13.
Car je
désire extrêmement de vous voir, pour
vous faire part de quelque don
spirituel, afin que vous soyez affermis.
C'est-à-dire, afin qu'étant parmi
vous, je sois consolé avec vous par la foi
qui nous est commune. Or, mes frères, je ne
veux point que vous ignoriez que je me suis souvent
proposé d'aller vers vous, afin de
recueillir quelque fruit aussi bien parmi
vous,
que
parmi les autres nations ; mais j'en ai
été empêché
jusqu'à
présent.
Non-seulement les apôtres avaient
été rendus capables de faire des
miracles, mais, comme on l'a déjà vu,
ils avaient encore reçu le pouvoir
remarquable de communiquer aux autres des dons
spirituels. Lorsque les Samaritains crurent
à la parole de Dieu qui leur fut
prêchée par Philippe
l'évangéliste, ils reçurent Saint-Esprit par
l'imposition des mains des apôtres.
(Act. VIII. 15-17) Ces mots indiquent qu'ils
reçurent les dons miraculeux, et c'est aussi
dans ce sens que l'on doit entendre ce qui est dit,
que le Saint-Esprit n'avait pas encore
été donné, parce que
Jésus n'avait pas été
glorifié. (Jean VII. 39)
En répondant aux questions que les
fidèles de Corinthe lui avaient
adressées à ce sujet, (I. Cor. XII. 1-11) Paul commence par leur rappeler leur
première condition, et leur donne ensuite
les éclaircissements qu'ils lui avaient
demandés ; il les instruit d'abord de
cette vérité importante et
fondamentale, qu'il ne peut y avoir de religion
sans l'influence de l'Esprit de Dieu ; que
sans cette influence, aucun homme ne peut appeler
Jésus-Christ, Seigneur, suivant le vrai sens
de cette expression ; c'est le langage
uniforme des apôtres, qui s'adressent aux
fidèles des églises comme
étant tous des temples du Saint-Esprit,
(I. Cor. VI. 19) des hommes scellés de
l'Esprit de Dieu. (Eph. I. 13. IV. 3.
l. Jean II. 20. 27)
Mais tous, parmi eux, ne possédaient pas ces
dons miraculeux que l'apôtre appelle la
manifestation de
L'Esprit, et qui
étaient répartis par l'Esprit-Saint,
d'après sa volonté, de la
manière la plus avantageuse au bien
général de l'église.
Quelques-uns étaient destinés
à l'édification des croyants,
d'autres à la conversion des
infidèles. (
I. Cor. XIV. 22)
L'apôtre désire de faire part aux
fidèles de Rome de quelques dons spirituels
pour les affermir.
Il comptait sur
l'accroissement de consolation qui
résulterait, tant pour lui que pour eux, de
ce qu'ils feraient réunis. Il savait que cet
accroissement serait la fuite de la communication
mutuelle de la foi qu'ils possédaient, dans
ses divers exercices et dans ses fruits.
Quoique Paul en eût été
détourné jusqu'alors, il
désirait que l'Église de Rome sut
qu'il s'était souvent proposé de s'y
rendre comme chez les autres Gentils, et d'y
produire, comme chez ceux-ci, quelques fruits pour
leur plus grande pureté, leur
édification. Lorsque les églises sont
édifiées, elles marchent dans la
crainte du Seigneur, qui est toujours
accompagnée de la consolation du
Saint-Esprit. (Act. IX. 31)
14 -15.
Je
suis débiteur tant aux Grecs qu'aux
Barbares, tant aux sages qu'aux ignorants.
Ainsi, autant qu'en moi est, je suis
prêt à annoncer aussi
l'évangile à vous qui êtes,
à Rome.
Tout le genre humain est compris dans ces deux mots
Grecs et Barbares. Les Grecs et les Romains
appelaient de ce dernier nom tous
les autres peuples, qui différaient d'eux
par les habitudes et la langue. Comme apôtre
de Christ, Paul était le débiteur des
hommes de tous les pays et de tous les
états, puisque le Seigneur avait
ordonné que son évangile fut
prêché à toutes les
créatures.
Cet évangile est adapté au bonheur
des hommes, dans tous les états de la
société et dans tous les
degrés de civilisation. Il est
également nécessaire pour leur salut,
dans toutes les conditions et également
capable d'influer sur leurs esprits quelles
qu'aient été auparavant leur
ignorance ou leurs connaissances.
Ceux qui aiment le nom de Jésus,
désirent de voir l'avancement de son
règne dans le monde, et que les hommes de
toutes les nations se réjouissent dans la
bénédiction de le connaître,
puisque sa connaissance est la vie
éternelle. La sainte influence de cet amour
éloigne de l'âme, cette haine et cette
antipathie que les hommes ont naturellement pour
ceux qui vivent dans d'autres contrées. Elle
les engage à chercher le bien de tous pour
qu'ils soient tous sauvés, et pendant
qu'elle étend sous ce rapport l'influence de
nos affections, elle ne diminue pas cependant les
sentiments de bienveillance et d'attachement que
nous devons à nos proches et à nos
compatriotes. Nous en avons un bel exemple dans
notre Apôtre, qui, lors même qu'il se
regarde comme le débiteur de tous, manifeste
cependant des attentions particulières pour
les Israélites, ses parents selon la
chair.
(Rom. IX. 3)
Paul était prêt à annoncer les
heureuses nouvelles du salut, même à
Rome, où l'esprit du monde semait tant
d'orgueil et de vices, où il devait
s'attendre à de si fortes oppositions, et
courir de si grands dangers.
Ayant dans ces quinze premiers versets,
achevé les préliminaires de son
épître, il entre ici en
matière.
16.
Car je
n'ai point de honte de l'Évangile de
Christ. vu qu'il est la puissance de
Dieu,
en
salut à tout croyant ; au Juif
premièrement, puis aussi au Grec. (1)
L'évangile est la bonne nouvelle que ce
royaume de Dieu, spirituel et éternel,
(Dan. II, 44. VII. 13-27) qui a été promis
à l'homme aussitôt après sa
chute, et qui a été prédit par
les prophètes, a été
érigé par la venue du Messie en
chair, afin que la rédemption de tous les
croyants fut effectuée par ses
mérites et par son intercession ; c'est
la nouvelle du salut par sa
résurrection des morts qui a accompli les
promesses de Dieu, pour que gloire soit à
lui dans les lieux très-hauts, paix sur la
terre et bienveillance envers les hommes.
(Luc. II. 14)
Jésus-Christ ordonna à ses
apôtres d'aller dans tout le monde
prêcher à toute créature ce
témoignage de lui, accompagné de la
promesse que ceux qui y croiraient seraient
sauvés. (
Marc XVI. 15. 16) Quelle qu'ait été sa
première conduite, dès le moment
où un homme croit ce témoignage,
qu'il soit en santé ou en maladie, jeune ou
vieux, ne lui restât-il qu'un soupir à
pousser ,
il sera sauvé.
C'est là le véritable sens de la
commission que le divin Sauveur donna aux
apôtres, en même temps qu'il leur
déclarait, avec la même
autorité, que ceux qui ne croiraient pas
seraient condamnés.
Quelle qu'ait été leur apparente
moralité, quand ils auraient donné
leur bien aux pauvres, et leurs corps pour
être brûlés, (I. Cor. XIII. 13) s'ils ne croient pas
l'évangile, ils sont compris dans cette
sentence. « Celui qui croit en lui, ne
fera pas condamné, mais celui qui ne croit
point est déjà condamné, parce
qu'il n'a point cru au nom du Fils
unique de Dieu. » (Jean III. 18)
L'apôtre dit ici, qu'il n'a point de honte de
l'évangile de Christ. Les bonnes nouvelles
du salut par le Sauveur crucifié,
étaient folie pour les Grecs, et scandale
pour les Juifs. (I. Cor. I. 23) Mais cela ne leur était point
particulier. La prédication de la croix est
folie à tous ceux qui périssent.
(l. Cor. I. 18)
L'évangile condamne les hommes du monde dans
toute leur bonté si vantée et dans
toute leur perversité réelle :
il parle également à tous les hommes
comme étant tous coupables et placés
sous la même condamnation.
Cette doctrine est dans une opposition continuelle
avec l'orgueil du cœur humain, qui ne peut
supporter l'idée de ce salut, duquel on
exclut toute idée de mérite venant de
l'homme ; de ce salut qui doit être
reçu comme un don libre, comme une
grâce accordée à un criminel
qui a perdu, par ses fautes, tout droit à la
faveur de Dieu. Dès-lors, il n'est point
étonnant que cette doctrine salutaire soit
méprisée, haïe, combattue par
tous ceux dont l'orgueil résiste à
s'y soumettre sans condition.
On suppose, à la vérité, que
depuis que le monde en général, du
moins dans les pays civilisés, fait une
profession extérieure de l'évangile,
on ne peut plus être tenté d'en avoir
honte ; mais nulle idée ne peut
être plus mal fondée. Ce serait une
bien grande erreur d'imaginer que les Livres saints
ne s'appliquent qu'aux temps où ils ont
été écrits, aux circonstances
qu'il y avait alors. Les principes qu'ils
contiennent sont universellement applicables
à la condition actuelle de l'homme. Car la
nature humaine est la même dans tous les
temps et dans tous les lieux, malgré les
variations qu'éprouvent
les circonstances extérieures ; aussi,
relativement à la
généralité des hommes, qu'ils
soient Païens, Musulmans, ou Chrétiens
seulement de nom, l'état réel des
choses n'a point changé.
L'homme naturel ne reçoit point les choses
de l'esprit de Dieu, parce qu'elles sont folie pour
lui, (I Cor. II, 14) et la haine que tout homme, non
régénéré conserve dans
son cœur pour le Christ de Dieu, est toujours
la même, soit qu'elle se manifeste par des
actes extérieurs ou qu'elle paraisse
sommeiller, soit que son existence soit reconnue ou
qu'elle ne le soit pas. Jésus avertit
très-expressément ses disciples
qu'ils devaient s'attendre à être
détestés par le monde ; et nous
voyons que les païens haïssaient les
chrétiens et les persécutaient de la
manière la plus cruelle ; le Juif et le
Gentil grinçaient également des dents
contr'eux. (Act. VII. 54)
L'évangile, par sa vive lumière et
par son évidence, ayant exposé au
grand jour l'absurdité grossière de
l'idolâtrie, le monde forcé à
l'abandonner a pris le nom de
Chrétien : mais le changement n'a
été que dans le nom. Tous ceux qui
professent extérieurement le christianisme
n'ont point reçu l'amour de la vérité
pour être sauvés (II. Thess. II. 10) La plupart le corrompent
grossièrement, ou le changent en d'autres
religions qui, bien quelles aient la même
apparence, sont au fond essentiellement
différentes de lui. Tels sont les
systèmes les plus étudiés
entre lesquels se partagent un grand nombre de ceux
qui portent le nom de chrétiens ; il y
a, en vérité, une différence
plus grande entre le véritable
évangile et les systèmes qui, sans
avoir Christ pour fondement, paraissent le plus
s'en rapprocher, qu'il n'y en avait entre le
paganisme le plus grossier et la religion
chrétienne ; et il est vrai de dire,
que tous ceux qui n'ont pas reçu le
Saint-Esprit, ou en d'autres termes, qui ne sont
point régénérés, sont
dans la réalité, tout comme s'ils
étaient idolâtres.
Comme le Dieu que chaque homme adore est conforme
à la notion ou à l'idée qu'il
se fait de la Divinité, ceux qui s'en
forment des idées fausses adorent de faux
Dieux, comme le font tous ceux qui rejettent la
révélation que Dieu nous a faite de
lui-même, dans son évangile. Ils sont
idolâtres dans l'acception la plus
complète de ce nom. Ils adorent des Idoles,
qui, si elles ne sont pas l'ouvrage de leurs mains,
sont celui de leurs vaines imaginations. Ceux qui,
en professant extérieurement le
christianisme, ne croient pas l'évangile de
la grâce de Dieu ; ceux qui cherchent la
justification et le salut dans une voie
différente de celle qui est
révélée dans
l'évangile, se représentent
nécessairement Dieu comme n'étant ni
miséricordieux, ni juste, ni vrai, et ces
perfections de Jéhovah lui sont
aussi essentielles que
l'éternité, l'omniscience,
l'ubiquité et la toute-puissance. Ces
derniers caractères de Dieu ont
été reconnus par plusieurs personnes
au milieu du paganisme, et il est vrai que les
témoignages que nous en voyons sont si
puissants, qu'ils forcent plus ou moins tous les
hommes à les avouer, ceux-là
même à qui sa Parole n'est point
parvenue. Mais ce n'est que dans cette Parole que
les premiers des caractères que nous avons
cités plus haut sont clairement
révélés ; ce n'est que
par cette Parole qu'ils ont pu être connus
ensemble, car sans cette révélation
aucune créature n'aurait pu concevoir
comment ces attributs divers pouvaient être
exercés à la fois.
Si l'on reconnaissait dans le Très-Haut une
justice parfaite et une vérité
immuable, il ne restait plus d'espérance au
pécheur, si on permettait à celui-ci
d'espérer qu'il échapperait à
la juste punition de ses fautes, il ne restait plus
de moyens de reconnaître un Dieu, vrai dans
la dénonciation du péché et
juste dans sa punition : mais dans
l'évangile du Sauveur en qui sont
cachés tous les trésors de sagesse et
de connaissance, dans cet évangile qui
contient des choses que les anges voudraient
contempler, (
I. Pier. I. 12) la
bonté et la vérité se sont
rencontrées, la justice et la paix se sont
entre-baisées ; (Ps. LXXXV, 11) dans cet évangile Dieu est
montré juste,
et justifiant ceux qui croient en Jésus.
(Rom. III. 26) Sa loi est magnifiée et ce
qui prouve l'excessive culpabilité de toute
transgression contre lui, est
précisément la véritable voie
par laquelle le plus grand pécheur parvient
à la participation de la vie
éternelle.
L'homme qui croit réellement
l'évangile de Dieu Notre-Sauveur, est
amené à connaître le vrai
Dieu ; il sait que « la justice et
l'équité, sont la base de son
trône, et que la gratuité et la
vérité marchent devant sa
face. » (Ps. LXXXIX. 15) Celui qui ne croit pas
l'évangile peut être religieux, mais c'est un faux Dieu qui est
l'objet de son adoration ; c'est un Dieu qui
n'est ni miséricordieux, ni juste,
ni véridique. Il pourra discourir beaucoup sur ce
qu'il appelle la miséricorde divine et en
tirer divers arguments contre l'évangile.
Mais ce qu'il appellera miséricorde sera toujours quelque chose
d'opposé à la justice parfaite et
à l'immuable vérité ; il
y aura toujours ou de l'indulgence dans la
qualification des péchés, ou de
l'indifférence pour l'exécution de la
peine méritée. Un tel attribut ne
peut appartenir à Jéhovah.
Les incrédules se glorifient en vain d'avoir
de sa miséricorde des idées plus
élevées que celles de leurs
adversaires. Ils nient, au contraire, celle qui est
véritable, qui est plus haute que les cieux,
mais qui, lorsqu'elle a été le plus
déployée, a été
toujours en harmonie avec la plus redoutable
sanction de la loi.
On découvre le véritable
caractère des infidèles
dévoués à une fausse religion,
par leur opposition à l'Évangile
glorieux, cette opposition prouve
qu'ils sont ennemis de Dieu. L'orgueil de leurs
âmes répugne à sa
miséricorde, l'impiété de
leurs pensées accuse sa justice comme une
sévérité tyrannique,
l'infidélité de leurs cœurs qui
se trompent eux-mêmes, nie sa
vérité, et ne regarde la
qualification des péchés et la
dénonciation des peines qu'ils encourent,
que comme de vaines menaces qui ne doivent point
être exécutées.
En réfléchissant donc à la
condition dégradée de l'homme, on
n'est pas surpris que ceux qui croient en Christ,
soient d'autant plus en butte à la haine et
au ridicule, de la part des hommes mondains, quel
que soit le nom qu'ils prennent, qu'ils sont plus
fidèles à leurs principes dans leur
conduite et dans leur foi. Ce qui reste en eux de
la corruption naturelle est une cause qui les
expose à une tentation continuelle d'avoir
honte de l'évangile ; de là
vient que dans l'écriture, on leur rappelle
souvent le danger de cette honte et le devoir
auquel ils sont obligés de confesser
hardiment le nom de Jésus ; aussi
est-il ordonné à ceux qui croient en
lui d'ajouter à la foi, la vertu,
c'est-à-dire le courage, (II. Pier. I. 5)
(2) et les
timides
aussi bien que les
meurtriers et les débauchés auront
leur place dans l'étang ardent de feu et de
soufre. (Apoc. XXI. 8) « Car, dit Jésus,
quiconque aura eu honte de moi et de mes paroles
parmi cette nation adultère et
pécheresse, le Fils de l'homme aura aussi
honte de lui quand il sera venu environné de
la gloire de son Père avec les saints
anges. » (Marc VIII. 38)
Paul avait été privé de tous
les biens extérieurs (Phil. III. 8) de la situation avantageuse
où il se trouvait et des espérances
qu'il avait devant lui à cause de la faveur
que lui accordaient les chefs des Juifs : il
était passé dans un autre
état, de sorte qu'il était comme les
balayures du monde, comme le rebut de tous, en
spectacle aux anges et aux hommes. (I. Cor. IV. 9-13) Cependant il n'eut point honte de
l'évangile de Christ.
Il exhorte son fils Timothée dans la seconde
des épîtres qu'il lui écrit,
lorsqu'il avait lui-même en vue sa prochaine
dissolution et le dernier jugement, à faire
une profession aussi intrépide de la foi. Ce
dernier jour était tellement présent
à son esprit, il l'occupait au point qu'il
l'appelle plusieurs fois cette journée.
« Ne prends
donc point à honte le témoignage de
Notre Seigneur ni moi qui suis son
prisonnier ; mais prends part aux afflictions
de l'évangile suivant la puissance de Dieu
pour lequel j'ai été établi,
prédicateur, apôtre et docteur des
Gentils ; c'est pourquoi aussi je souffre ces
choses, mais je n'en ai point de honte ; car
je connais celui en qui j'ai cru et je suis
persuadé qu'il est puissant pour garder mon
dépôt jusqu'à cette
journée. » (II. Tim. l. 8. 11. 12)
L'apôtre n'avait point de honte de
l'évangile de Christ parce que c'est la
puissance de Dieu en salut ; c'est le moyen
par lequel il exécute son dessein de sauver
les hommes ; il s'y révèle
non-seulement comme le Dieu juste, mais comme le
Sauveur, qui dans ses actions exerce toute sa
souveraineté et sauve par son
évangile celui qu'il veut sauver. C'est dans
cet évangile qu'il découvre son grand
amour pour les hommes coupables, lors même
qu'ils étaient morts dans leurs péchés.
Ceux qui
étaient « choisis par lui
dès le commencement pour le salut, par la
sanctification de l'esprit et la croyance de la
vérité, sont appelés par
l'évangile à obtenir sa gloire par
Jésus-Christ. (II. Thess. Il. 13. 14) A ceux-là l'évangile
n'a pas été en parole seulement mais
en vertu. (
I. Thes. I. 5) » Ils sont d'abord et
« par la propre volonté de Dieu
engendrés par la parole de la
vérité. (Jacq. I. 18) Ils ont été
régénérés, non par une
semence corruptible, mais par une semence
incorruptible, savoir, par la parole de Dieu,
vivante et permanente à toujours.... et
c'est cette parole qui leur a été
évangélisée :
(I. Pier. I. 23-25) » et comme ils sont
engendrés selon sa volonté par sa
Parole, ils sont ensuite « gardés
par la puissance de Dieu par la foi afin qu'ils
obtiennent le salut (I. Pier. I. 5) » Ainsi c'est la parole de
la vérité de l'évangile, qui
seule fructifie dès le moment où les
hommes entendent et connaissent la grâce de
Dieu en vérité. (Col. I. 6)
Comme il est déclaré ici que
l'évangile est la puissance de Dieu en
salut, il s'ensuit nécessairement que les
hommes n'ont point d'autre voie pour y parvenir.
Dieu s'est révélé
lui-même à l'homme non-seulement par
les sentiments naturels de la conscience, mais par
les œuvres de la création, et
cependant, à cause de la dureté de
son cœur, ces moyens sont insuffisants pour le
conduire à son Créateur. Il combat,
il étouffe la voix de la conscience
relativement aux choses de Dieu et de
l'éternité et elle devient comme si
elle était cautérisée.
(I. Tim. IV. 2) Et quoique des qualités
invisibles de Dieu, comme son pouvoir
éternel et sa divinité, soient
manifestées clairement dans les œuvres
de la création, tel est l'aveuglement des
hommes, dans leur état de
déchéance et de corruption, qu'ils en
font usage pour cacher Dieu à leur propre
vue, et qu'au lieu d'être amenés
à lui par cette considération, ils
s'en éloignent de plus en plus. Il reste
souvent, à la vérité, une
espèce de reconnaissance
générale de l'existence et de la
puissance du Créateur ; elle naît
de la vue de ses ouvrages, mais elle ne fournit sur
cette matière aucune instruction tendant au
salut ; ce n'est donc que « par la
foi que les hommes savent, que les siècles
ont été rangés par la parole
de Dieu. (Héb. XI. 3) »
Si la voix de la conscience et la contemplation des
œuvres de Dieu n'ont pas conduit les hommes
à le connaître et à sentir leur
dépendance de lui, bien moins encore des
raisonnements abstraits sur son existence et les
perfections pourraient-ils produire cet effet. Dans
ce chapitre même, l'Apôtre
démontre, de la manière la plus
claire, ce qu'il affirme dans les deux premiers de
l'épître aux Corinthiens, que le monde
par sa propre sagesse n'a point connu Dieu et qu'il
a plu à Dieu que les croyants fussent
sauvés par la folie de la
prédication. (
I. Cor. I. 21)
Les anciens
philosophes étaient vains dans leurs imaginations
et il en est de
même aujourd'hui de ceux qui sont
réputés sages et dont les cœurs
ne s'assujettissent point à l'étude
de la parole de Dieu.
L'étude de ses œuvres, sans celle de sa
parole, n'est qu'une bagatelle difficile, quoique
décorée du beau nom de Philosophie.
Nul n'est plus éloigné du
Créateur que plusieurs de ceux qui vantent
et exagèrent eux-mêmes la connaissance
qu'ils croient avoir de ses créatures. Ils
parlent en termes généraux de sa
sagesse, mais ils vivent sans lui dans le monde et
leur philosophie ne peut leur enseigner ni à
l'aimer, ni à le craindre, ni à le
servir, ni à se confier en lui. Tandis que
d'un autre côté, ceux qui connaissent
Dieu dans sa parole ont à la fois, en
admirant ses ouvrages, de l'avantage et du
plaisir.
Les hommes ne peuvent point non plus être
sauvés par l'obéissance à la
loi de Dieu, lors même qu'elle est clairement
promulguée ; au contraire, plus elle
est pleinement connue, plus elle manifeste la
coulpe et la dépravation de l'homme,
(Rom. V. 20) en sorte que par les œuvres de
la loi nulle chair ne sera justifiée devant
Dieu. (Rom. III. 20) Il est bien vrai que les hommes qui
suivent les voies de ce monde aiment mieux entendre
parler du pouvoir naturel qu'on suppose qu'ils ont
d'obéir à la loi de Dieu, que du
salut par l'évangile. Ils aiment à
être engagés par la puissance de
l'éloquence et de la persuasion morale,
à exercer ce pouvoir par eux-mêmes.
Ils ne pensent pas que Dieu exerce d'autre
puissance, quant à l'usage de leurs pouvoirs
naturels, que le secours que leur accorde sa
providence universelle. Ils supposent même
que la doctrine de la grâce de Dieu, telle
qu'elle est exposée dans l'évangile,
bien loin d'être un moyen convenable pour
sauver les hommes de leurs péchés,
les encourage au contraire à y
persévérer et à vivre avec
sécurité dans l'ivresse de leurs
convoitises. Mais ceux qui croient
l'évangile connaissent l'excellente grandeur
de la puissance de Dieu qui y est
déployée pour leur salut. Ils savent
que « ce qui était impossible
à la loi parce qu'elle était faible
en la chair, Dieu ayant envoyé son propre
Fils en forme de chair de péché et
pour le péché, a
condamné le
péché en la chair. (Rom. VIII. 3) Ils savent que le fils de Dieu est
apparu pour détruire les œuvres du
Diable, ( I. Jean III. 8) qu'il a dépouillé les
principautés et les puissances qu'il a
produites en public, triomphant d'elles en la
croix. » (CoI. II. 15).
D'autres doctrines peuvent avoir quelque influence
pour rendre les hommes moraux et
réservés dans leur conduite. Mais
c'est l'évangile seul qui change le
cœur et sanctifie l'âme. Les croyants
savent que par l'évangile le Saint-Esprit
est communiqué et l'image de Dieu est
rétablie dans l'âme. « Il
n'y a de salut en aucun autre qu'en Christ. Il n'y
a point sous le ciel d'autre nom qui soit
donné aux hommes par lequel il nous faille
être sauvés. (Act. IV. 12) Qui croit au Fils a la
vie éternelle, mais qui ne croit
pas au Fils ne verra point la vie, mais la
colère de Dieu demeure sur lui. »
(Jean III. 26)
Le reste de ce chapitre est un commentaire pratique
de ces paroles, personne ne connaît le Fils que
le Père,
et personne ne
connaît le Père que le Fils et celui
à qui le Fils l'aura voulu
révéler. (Math XI. 27) »
Pour croire un témoignage il faut le
comprendre ; quelques personnes croient
à des idées de leur propre
imagination qu'ils supposent être
l'évangile ; tout comme ils croient
à l'existence de Dieu, en se formant de lui
une fausse idée, tout comme ils croient que
la bible est la parole de Dieu, et entendent mal ce
qu'elle contient. C'est dans le même sens
qu'en parlant des trois premiers caractères
peints dans la parabole du Semeur, qui se sont
retirés après avoir reçu la
parole, Jésus dit qu'ils ne l'ont pas
comprise.
Ces opinions ne peuvent les sauver. La seule
vérité dont Dieu se serve pour sauver
les hommes, c'est ce qui est en Jésus.
Cependant comme il y a diverses apparences de foi
là où elle n'existe pas
réellement, on a établi entre la
croyance et la foi, une distinction qui n'a nul
fondement dans la parole de Dieu, et on a alors
donné de la foi plusieurs définitions
embarrassées qui finissent toujours par
ajouter quelque chose à l'idée de la
croyance d£ la vérité.
Ces définitions renferment ordinairement,
comme faisant partie de la foi, l'espérance
et l'amour qui en sont distingués par
l'écriture. (I. Cor. XIII. 13) Elles renferment aussi diverses
opérations et diverses affections de
l'âme qui ne sont que les effets de la foi.
De là vient que l'on en a distingué
plusieurs espèces.
Mais comme il n'y a qu'une seule manière de
croire un témoignage, on ne doit chercher
aucune différence dans la nature de la foi
ou de la croyance en elle-même, parce qu'elle
est nécessairement toujours la même,
et l'on ne peut y faire de distinctions, que
relativement aux objets qui lui sont
proposés. Si donc on croit
l'évangile, ou comme il est souvent
appelé par excellence,
dans les écritures, la vérité,
il sera la puissance de Dieu en salut. Mais si l'on
croit autre chose on ne fera point
sauvé.
Les écritures distinguent, il est vrai, une
foi vivante d'une foi morte, c'est-à-dire
l'apparence de la réalité, de la
même manière qu'elles distinguent la
compassion apparente de la compassion
réelle, (Jacq. II. 15. 16)
mais cela ne prouve
pas plus qu'il y ait deux espèces de foi,
deux espèces de compassion, que ce que les
écritures disent de Dieu et des Dieux des
nations, lesquels
toutefois ne sont pas Dieux, (Jer. II. 11) ne prouve qu'il y a deux sortes de
Dieux.
Nous trouvons quelque chose qui éclaircit
d'une manière frappante ce que nous venons
de dire, dans les paroles de Jésus-Christ
aux Juifs. « Ne croyez point que je doive
vous accuser envers mon Père, Moïse sur
qui vous vous fondez, est celui qui vous accusera,
car si vous croyiez à Moïse vous me
croiriez aussi, vu qu'il a écrit de moi.
Mais si vous ne croyez pas à ses
écrits comment croirez-vous à mes
paroles ? » (Jean V. 45. 47)
Jésus déclare ici que les Juifs se
fondaient sur Moïse ou qu'ils
espéraient en lui quoiqu'ils ne crussent pas
sa parole, ils croyaient que Moïse
était un prophète, et qu'il
proférait les paroles de Dieu, c'est pour
cela qu'ils espéraient en lui ; mais
après tout, ils interprétaient mal
les écrits de Moïse, ce qui est
prouvé par leur réjection du Messie,
et par conséquent ils ne croyaient point les
choses contenues dans ses écrits, mais toute
autre chose qu'ils supposaient y être
contenue. C'est ainsi que plusieurs de ceux qui
s'appellent chrétiens, interprètent
mal le témoignage de Dieu concernant Christ,
et par conséquent ne le croient pas. Ils
espèrent en un Sauveur enfanté par
leur imagination (Voy. dans le grec Jean VIII. 9. 46.
XVI. 8.
Tite I. 9.
Jacq. II. 9). Ils croient à quelque chose
qu'ils supposent être l'évangile et
qui n'est point l'évangile.
« La foi
rend présentes les choses que l'on
espère,
et elle est une
démonstration de celles qu'on ne voit
point : » (Héb. XI. 1) elle est la conviction de la
vérité ou de la réalité
de ce qui est attesté et aussi de ce qui est
espéré, car l'évangile nous
présente un objet d'espérance
« Allez par tout le monde et
prêchez l'évangile à toute
créature, celui qui aura cru et
qui aura été baptisé sera
sauvé, mais celui qui n'a point cru sera condamné. (Marc XVI. 15. 16)
La justice de Dieu par la foi en
Jésus-Christ s'étend à tous et
sur tous ceux qui croient, (Rom. III. 22) afin que tous ceux-là soient
jugés qui n'ont point cru à la vérité.....
mais Dieu vous a élus dès le
commencement pour le salut par la sanctification,
de l'esprit et par la croyance de la vérité.
(II. Thess. II. 12. 13) »
Nous voyons ici dans ces déclarations du
Saint-Esprit, que cette foi par
laquelle les hommes sont
sauvés est la croyance de la
vérité comme opposée à
la non-croyance.
« Abraham
ne forma point de doute sur la promesse de Dieu par
défaut de foi (3), mais il fut
fortifié par la foi, donnant gloire à
Dieu, étant pleinement persuadé que
celui qui lui avait fait la promesse était
puissant pour l'accomplir, c'est pourquoi cela lui
a été imputé à
justice. »
(Rom. IV. 21. 22)
Nous avons dans ces
dernières paroles une peinture non seulement
de la foi, mais d'une foi ferme, car la foi peut
différer en degrés, selon que l'on a
une intelligence plus ou moins claire d'un
témoignage et la persuasion plus ou moins
vive de sa vérité. Les
écritures déclarent que
« quiconque croit que Jésus est le
Christ (ce que personne ne peut faire que par le
Saint-Esprit) est né de Dieu »
(I. Jean V. 1) et le passage que nous examinons,
nous atteste que l'évangile de Christ est la
puissance de Dieu en salut à tout croyant.
Il est cette puissance en salut à tout
croyant, au Juif
premièrement et puis aussi au
Grec ; la
dispensation de l'évangile n'est pas, comme
celle de Moïse, bornée à une
seule nation ; elle est annoncée
à tous les hommes, et nul de ceux qui
entendent l'évangile n'est exclus de ses
bénédictions, s'il ne s'en exclut
lui-même.
Ce salut fut d'abord proclamé chez les
Juifs, l'ancien peuple de Dieu, et ils furent
établis les premiers hérauts des
bonnes nouvelles, pour tous les peuples de la
terre. « Il fallait que le Christ
souffrît et ressuscitât des morts le
troisième jour et qu'on prêchât
en son nom la repentance et la rémission des
péchés parmi toutes les nations, en
commençant par Jérusalem. »
(Luc XXIV. 46. 47)
Cet ordre de commencer la prédiction de
l'évangile par Jérusalem,
était l'accomplissement de cette
prophétie d'Esaïe, « la loi
sortira de Sion et la parole de l'Éternel
sortira de Jérusalem ; »
(Esa. II. 3) c'était aussi une
démonstration frappante de
l'efficacité du sang de l'expiation qui
avait été versé pour le
péché, et c'était encore une
preuve du caractère de bonté de cette
dispensation introduite par le Messie.
On avait lieu de penser que
Jérusalem, dont les habitants, ayant
rejeté et crucifié le Seigneur de
gloire « avaient achevé de remplir
la mesure des péchés de leurs
pères, » (Matt. XXIII. 32) aurait été
exceptée de la mission dont Jésus
avait chargé ses Apôtres, et que dans
la ville où habitaient des traîtres et
ses meurtriers, la voix de l'évangile ne
devait point se faire entendre ; au contraire
le Sauveur leur ordonne de prêcher à
toutes les nations la repentance et la
rémission des péchés,
en commençant
par Jérusalem.
17.
Car la
justice de Dieu par la foi, se révèle
en lui, à la foi, selon qu'il est
écrit, le juste par la foi, vivra.
L'évangile est la puissance de Dieu en salut
envers chacun de ceux qui croient, car en lui la
justice de Dieu est révélée.
On entend souvent dans l'écriture, par ces
mots, la justice de
Dieu, la justice
distributive par laquelle il maintient
l'autorité de sa loi ou la droiture de son
caractère, mais ici, ainsi que dans
plusieurs autres passages de l'écriture, ces
mots signifient la justice qui satisfait à
la loi, c'est la justice que Dieu le fils a
accomplie par son obéissance et son
sacrifice ; il avait été pourvu
ainsi au salut des hommes coupables, et la promesse
leur en avait été faite dès la
première entrée du
péché au monde ; elle avait
été ensuite
répétée d'âge en
âge, avec une clarté toujours
croissante, jusqu'à ce qu'enfin elle avait
été pleinement déployée
dans l'évangile, depuis la
résurrection de Jésus-Christ.
Telle est la justice dont Noé avait
été le prédicateur,
(II. Pier. II. 5) et que les prophètes
étaient chargés de proclamer. Le
Psalmiste parlant du Messie, lui attribue cette
justice glorieuse, par laquelle il devait
être distingué, et qu'il devait
introduire dans le monde. « O
Très-Puissant, ceins ton épée
sur ta cuisse, ta majesté et ta
magnificence, et prospère en ta
magnificence, sois porté sur la parole de
vérité, de débonnaireté
et de justice, et ta droite t'enseignera des choses
terribles. Tes flèches sont aiguës, les
peuples tomberont sous toi, elles entreront dans le
cœur des ennemis du Roi. Ton trône,
ô Dieu est à toujours, et à
perpétuité ; le sceptre de ton
règne est un sceptre
d'équité ; tu aimes la justice
et tu hais la méchanceté ; c'est
pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t'a oint d'une
huile de joie au-dessus de tes compagnons.
(Ps. XLV. 4-8) »
Le Messie lui-même lorsqu'il annonce sa
détermination de descendre sur la terre pour
faire la volonté de son père,
dit : j'ai
prêché ta justice dans la grande
assemblée. (Ps. XL, 10. 11) A la vue de la
révélation de cette justice et se
rapportant à elle, le Psalmiste
s'écrie ailleurs : « Chantez
à l'Éternel un nouveau
cantique ; car il a fait des choses
merveilleuses. Sa droite et le bras de sa
sainteté l'ont délivré ;
l'Éternel a fait connaître sa
délivrance. Il a révélé
sa
justice devant les
yeux des nations. » (Ps. XCVIII. 1. 2) Jéhovah dit, par la bouche du
prophète, en parlant de cette justice,
« écoutez-moi vous qui avez le
cœur endurci, et qui vous éloignez de
la justice, j'ai fait approcher ma justice et elle ne s'éloignera
point ; et ma délivrance ne tardera
point. (Esaïe. XLVI. 12. 13) Écoutez-moi donc
attentivement, mon peuple.....
ma justice,
est près, mon
salut a paru.... mon salut demeurera à
toujours, et ma
justice ne fera point
anéantie. Ma
justice demeurera
à toujours et mon salut dans tous les
âges. (Esa. LI. 4.8) Certainement on dira de moi, la
justice et la force est en l'Éternel....
Toute la postérité d'Israël fera
justifiée, et elle se glorifiera en
l'Éternel. (Esa. XLV. 24. 25) C'est là l'héritage
des serviteurs de l'Éternel et leur justice
de par moi, dit l'Éternel. (Esa. LIV. 17) Mon salut est prêt à
venir et ma justice
à être
révélée. »
(Esa. LVI. 1)
Cette justice de Dieu est la justice du Messie.
« L'Éternel prenait plaisir en lui
à cause de sa justice ; il magnifiait
la loi, et la rendait honorable. (Esa. XLII. 21) Mon serviteur juste en justifiera
plusieurs par la connaissance qu'ils auront de
lui » (Esa. LIII. 11)
C'est cette justice que Jésus-Christ est
venue apporter. « Il y a septante
semaines déterminées sur ton peuple
et sur ta sainte ville pour abolir
l'iniquité, consumer le péché,
faire propitiation pour l'iniquité, et pour
amener la justice des
siècles. (Dan. IX. 24)
Voici, les jours
viennent, dit l'Éternel, que je ferai lever
à David un Germe juste qui régnera
comme Roi, il prospérera et exercera le
jugement et la justice sur la terre, et en ses
jours Juda sera
sauvé, et
Israël habitera en assurance, et c'est ici le
nom duquel on l'appellera, l'Éternel notre Justice.
(Jer. XXXIII. 16) Mais pour vous qui craignez son nom,
se lèvera le soleil de justice, la santé sera dans ses rayons.
(Mal. IV. 2)
C'est aussi la justice de l'église de Dieu,
laquelle il a acquise par son propre sang.
(Act. XX. 28) Pour l'amour de Sion je ne me
tiendrai point tranquille et pour l'amour de
Jérusalem je ne ferai point en repos, que sa
justice ne sorte dehors comme une splendeur, et que
sa délivrance ne soit allumée comme
une lampe, alors les nations verront ta justice.
( Esa. LXII. 1. 2) Je me réjouirai
extrêmement en l'Éternel, et mon
âme s'égayera en mon Dieu, car il m'a
revêtu des vêtements du saint et
couvert du manteau de la justice. (Esa. LXI. 10) Toutes nos justices sont comme le linge le plus
souillé. » (Esa. LXIV. 6)
C'est de cette justice qui est « sans la
loi, » qui n'est point accomplie par les
hommes, « mais qui est attestée par la
loi et par les prophètes, (Rom. III. 21) » que parle l'Apôtre
dans le troisième chapitre de cette
épître et dans beaucoup d'autres
endroits. Il nomme le service de la mission
apostolique auquel il avait été
appelé avec les autres apôtres,
le ministère de
la justice, (II. Cor. III. 9) l'opposant au ministère de
Moïse qui avait été
chargé de promulguer la loi, et qu'il
appelle ministère de la condamnation,
parce qu'une loi
sainte, condamne des
créatures coupables. Jésus-Christ a
été fait Justice pour son peuple. (I. Cor. l. 30) « Car il a fait celui qui
n'a point connu de péché, être
péché pour nous, afin que nous
fussions justice de
Dieu en
lui. » (II. Cor. V. 21)
C'est encore d'elle que Paul parla si souvent dans
l'épître aux Galates, et de laquelle
il dit aux Philippiens : « Et
certes, je regarde toutes les autres choses comme
m'étant nuisibles en comparaison de
l'excellence de la connaissance de
Jésus-Christ, mon Seigneur, pour l'amour
duquel je me suis privé de toutes ces
choses, et je les estime comme du fumier, afin que
je gagne Christ, que je sois trouvé en lui,
ayant non pas la justice qui est de la loi, mais
celle qui est par la foi en Christ,
c'est-à-dire, la justice qui est de Dieu par la
foi. »
( Phil. III. 8. 9)
C'est, dit Pierre, la
justice de notre Dieu et Sauveur
Jésus-Christ. (II. Pier. I. 1) Elle était opposée
à celle que les Israélites
cherchaient à lui substituer.
« Parce que ne connaissant point la
justice de Dieu,
et cherchant à
établir leur propre justice, ils ne se sont
point soumis à la justice de Dieu, car
Christ est la fin de la loi en justice à tout croyant. (Rom. X. 3.4) Car si la loi eût
été donnée pour pouvoir
vivifier véritablement, la justice serait de
la loi ; mais l'écriture à
montré que tous les hommes étaient
pécheurs, afin que la promesse par la foi en
Jésus-Christ fut donnée à ceux
qui croient. (Gal. III. 21. 22) Si la justice est par la loi, Christ
est donc mort inutilement. (Gal. II. 21) Mais pour nous, nous espérons
par l'esprit d'être justifiés par la
foi. (Gal. V. 5) »
Paul déclare que cette justice de Dieu est
révélée en
l'évangile ; elle ne pouvait être connue
que par une révélation, car il est
écrit : « Ce sont des choses
que l'œil n'a point vues, que l'oreille n'a
point entendues et qui ne sont point montées
au cœur de l'homme, lesquelles Dieu a
préparées à ceux qui l'aiment.
Mais Dieu nous les a révélées
par son esprit. » (I. Cor. II. 9. 10)
Cette révélation n'est donc point
annoncée comme un perfectionnement des
connaissances naturelles que nous pouvions avoir
relativement à Dieu et à nos devoirs
envers lui ; et la vérité
concernant sa justice, ne pouvait pas non plus
être déduite des principes naturels.
Le seul fondement que nous ayons pour
établir notre persuasion de la
vérité de cette
révélation, est la
fidélité de Dieu dans le
témoignage qu'il rend de cette justice,
manifestant lui-même en nos âmes la
lumière qu'il a
révélée.
La justice de Dieu par
la foi, est
révélée dans l'évangile
à la foi ;
cette même
expression, la justice par la foi, est encore
employée deux fois, dans la suite de cette
épître (4) et elle est
semblable à celle qui se
trouve dans le passage de l'épître aux
Philippiens que nous venons de citer et où
la justice par la foi est appelée la justice
de Dieu ; et dans Rom. III. 22.
il est dit :
« la justice de Dieu par la foi, en
Jésus-Christ s'étend à tous et
sur tous ceux qui croient. »
Ainsi la manière dont cette justice est
imputée et reçue, c'est seulement par
la foi, du commencement à la fin,
conformément à ce que dit le
prophète Habacuc, le juste vivra de sa
foi, (Hab. II. 4) ou comme le cite Paul d'après
la doctrine qu'il établit, le juste par la foi (celui qui est justifié par la
foi (Rom. V. 1)
vivra.
L'Apôtre répète en deux autres
endroits la même
déclaration :
1° dans l'épître aux Galates
(Gal. III. 11) où il prouva en même
temps que les hommes ne peuvent être
justifiés par la loi ;
2°
quand il exhorte les
Hébreux à être fermes dans la
foi, (
Héb. X. 38) et que leur expliquant bientôt
après ce qu'il entend par cette expression,
il montre que c'était par la foi que les
hommes étaient sauvés avant, aussi
bien que depuis la venue du Messie. Dans le premier
cas, la foi avait pour objet cet
événement considéré
dans la promesse, dans le second,
considéré dans son
accomplissement.
Ainsi c'est seulement par la foi dans le
témoignage de Dieu, relativement
à. sa justice,
que les hommes ont,
ou peuvent obtenir, la justification et la vie.
L'homme, comme l'écriture nous le
déclare dès son commencement, avait
perdu tout droit à la vie. Il fallait savoir
comment il pouvait le recouvrer. Le prophète
avait répondu à cette question,
le juste vivra de sa
foi.
Tous ceux qui ont quelque connaissance de Dieu et
d'eux-mêmes, doivent rechercher une justice
qui est le seul moyen d'établir une relation
favorable entre Dieu et nous. L'idée que se
font en général les hommes de la
justice, est qu'elle dépend d'eux, leur est
inhérente et est accomplie par eux. Tel est
le langage uniforme de tous ceux qui n'ont pas
été éclairés par la
connaissance des choses divines : aussi ne
cherchent-ils point d'autre justice. Mais
l'Apôtre déclare ici que dans
l'évangile une autre a été
révélée, une justice
étrangère à l'homme, la
justice de Dieu, et qu'elle a été
révélée à la foi ;
car non-seulement cette justice est
différente de celle que recherchent
naturellement les hommes, mais encore c'est par une
autre voie que l'on parvient à y avoir part,
et c'est seulement par
la foi.
Par conséquent
les hommes ne sont justifiés devant Dieu que
par la justice de Christ reçue par la foi
« II est l'Éternel notre justice,
en qui toute la postérité
d'Israël sera justifiée et se
glorifiera. »
Mais malgré la manière claire dont
cela est révélé, et la
conviction qu'ils ont de cette
vérité, tous ceux qui connaissent et
aiment Christ, comme la fin de la loi en justice
à tout croyant, ressentent
chaque jour les efforts d'un penchant puissant qui
agît dans leurs cœurs en opposition
à la justice de Dieu, et qui leur
suggère d'établir la leur. Et
même, plus ils aiment Christ, et plus ils
aperçoivent la force de ce penchant et ses
mauvais effets sur eux. C'est pour cela qu'ils
éprouvent chaque jour le besoin de demander
la rémission de leurs
péchés.
En distinguant ce penchant de tout autre charge, et
de toutes les convoitises mondaines qui les
retardent dans leur course, ils trouvent que c'est
le péché qui les enveloppe,
(5) Ils trouvent que
c'est ce qui est proprement inhérent en eux
et qui a jeté les racines les plus profondes
dans leur manière d'être et leur
constitution morale. Ce mal est toujours
présent en eux lorsqu'ils veulent faire le
bien. De sorte que se réjouir devant Dieu,
dans l'œuvre terminée par
Jésus-Christ, est une chose
entièrement surnaturelle, et tout à
fait étrangère au cours naturel de
leurs pensées et de leurs raisonnements
En conservant la communion avec Dieu par la
prière de la foi, ils trouvent le
remède contre ce péché, et un
secours contre son pouvoir ; et ils sont
encouragés par l'espérance d'une
victoire complète et de leur
délivrance finale.
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