Commentaire sur
l'épître aux Romains
CHAPITRE
PREMIER.
(suite)
18-23.
Car la
colère de Dieu se révèle du
Ciel,
sur
toute impiété et injustice des hommes
qui retiennent injustement la vérité
captive. Parce que ce qui se peut connaître
de Dieu est manifesté parmi eux ; car
Dieu le leur a manifesté. Car les choses
invisibles de Dieu, savoir sa puissance
éternelle et sa divinité se voient
comme à l'œil par la création du
monde, étant
considérées dans ses ouvrages, de
sorte qu'ils sont inexcusables ; parce
qu'ayant connu Dieu ils ne l'ont point
glorifié comme Dieu, qu'ils ne lui ont point
rendu grâces, mais ils sont devenus vains en
leurs discours, et leur cœur destitué
d'intelligence, a été rempli de
ténèbres. Se disant être
sages, ils sont devenus fous. Et ils ont
changés la gloire de Dieu incorruptible en
la ressemblance de l'image de l'homme corruptible,
et des oiseaux, et des bêtes à quatre
pieds, et des reptiles.
Que les hommes ne soient justes, ou
justifiés que par la justice de Dieu,
à laquelle il a lui-même pourvu, c'est
évident, parce que l'évangile
révèle de la manière la plus
complète la colère de Dieu contre
toute espèce et tout degré
d'impiété et d'injustice.
Elle avait été, à la
vérité, révélée
lorsque la sentence de mort fut prononcée
contre l'homme, lorsque la terre fut maudite,
lorsque les créatures furent assujetties
à la vanité, aussi bien que par les
nombreux exemples de vengeance que Dieu
exerça depuis sur les pécheurs ;
mais les souffrances et la mort de son Fils bien
aimé, montrent son indignation d'une
manière bien plus frappante, que n'avaient
pu le faire tous les fléaux par lesquels il
avait jusqu'alors marqué
son déplaisir : c'était la plus
grande preuve de sa haine pour le
péché, et de sa résolution de
punir jusqu'au dernier, partout où pourrait
l'atteindre son juste gouvernement.
Après avoir vu le Fils bien aimé de
Dieu, puni de mort, aucun homme ne peut avoir la
plus légère espérance
d'échapper à la punition, si ce n'est
par l'imputation d'une parfaite justice qu'il ne
possède point en lui-même. Cette
justice de Dieu est
révélée par
l'évangile en même temps que la
véracité de Dieu, qui avait
annoncé que la mort serait la peine du
péché, est confirmée ;
que la peine de l'infraction à la loi, est
appliquée ; que l'expiation pour le
péché, est assurée.
Ainsi d'un côté est
révélée dans l'évangile
la justice de Dieu en salut à tout
croyant ; de l'autre la colore de Dieu contre
toute violation de sa sainte loi ; ainsi
l'homme ne peut échapper à la
punition que par son union avec Christ, qui a
magnifié la loi par son obéissance et
sa mort. Celui qui aura cru sera sauvé, mais
comment
échapperions-nous si nous négligions
un si grand salut ? (Héb, II. 3)
Non-seulement la colère de Dieu est ainsi
révélée dans
l'évangile, mais l'Apôtre
déclare ici, qu'elle est
révélée à tous les
hommes, car il accuse tous ceux qui n'ont point cru
l'évangile, d'avoir retenu injustement la
vérité captive, ce qui les expose
à la colère de Dieu qui est sainte et
juste.
La vérité signifie ici cette
révélation que Dieu avait faite de
ses perfections dans les œuvres de la
création et dans la Providence qui gouverne
le monde. Ces considérations mettaient tous
les hommes dans l'obligation de l'aimer et de lui
obéir, et par conséquent, faisaient
connaître sa colère à tous ceux
qui ne remplissaient pas l'obligation qui leur
était imposée. Dans ce que
l'Apôtre dit bientôt après,
relativement à ceux qui connaissaient Dieu
par ses œuvres et non par l'évangile,
il ne veut point dire que, par ce moyen, Dieu ait
révélé à tous les
hommes que son dessein fût de faire voir sa
miséricorde dans ceux qui se repentiraient,
ou qu'il les appelât à la repentance
par l'espérance du pardon, mais qu'il avait
marqué la grandeur de leur
perversité, et manifesté la justice
de leur condamnation. Il montre ainsi que Dieu a eu
pour objet de convaincre les hommes de
péché et de leur prouver qu'ils
n'auront point d'excuse à opposer à
sa justice lorsqu'il les condamnera. Il est en
effet déclaré explicitement à
la fin du 20e verset, que par cette
révélation, les hommes sont rendus
inexcusables ;
ainsi, attendu que
les créatures coupables ne peuvent avoir de
droit à réclamer la
miséricorde que Dieu exerce suivant qu'il
lui semble bon, les voies de Dieu, en punissant la
rébellion des hommes, sont
pleinement justifiées dans
les peintures que contient ce chapitre, et en
même temps, l'Apôtre y développe
son grand objet relativement à ceux à
qui il a écrit, savoir, que
l'évangile seul est la puissance de Dieu en
salut.
Afin d'établir cette importante proposition,
Paul continue ici à prouver que tous les
hommes, soit Juifs, soit Gentils, sont
pécheurs, et que par conséquent,
nulle chair ne peut être justifiée par
les œuvres de la loi.
L'Apôtre commence par accuser
l'impiété et l'injustice des
Païens ; leur impiété,
jusqu'à la fin du 17e verset
et leur injustice, dans les versets suivants
jusqu'à la fin du chapitre.
Quoique les gentils n'eussent point de
révélation écrite, et eussent
criminellement perdu la connaissance de Dieu et de
son salut qui avait été
proclamé dans le monde et transmis par la
tradition, cependant son existence, ses perfections
et son autorité, leur étaient
manifestées par l'œuvre de la
création, ainsi ils n'auraient pu manquer de
connaître Dieu, tout au moins comme
bienfaiteur et gouverneur du monde, sans la
dépravation de leurs cœurs.
Son pouvoir et sa divinité, son existence
nécessaire et la toute-puissance, aussi bien
que sa bonté, sa sagesse et plusieurs autres
de ses attributs essentiels, étaient
montrés clairement aux créatures
intelligentes dans la grandeur, la
variété, l'ordre et la beauté
de ses œuvres. Cependant les païens
idolâtres retenaient injustement captive la
vérité qui était connue parmi
eux (1) relativement au
caractère de Dieu, et qui les mettait dans
l'obligation d'être justes et saints, de le
servir et de lui obéir. Ils
résistaient à ses effets et
s'ensevelissaient dans l'impiété et
l'injustice.
L'impiété des hommes ou leur
éloignement de Dieu, était le
principe de toute cette injustice ou défaut
de conformité avec la loi qui pouvait leur
être imputée. « Ils ont dit au Dieu Fort, retire-toi
de nous, car nous ne nous soucions point de la
science de tes voies. » (Job. XXI. 14)
Mais outre cette accusation générale
contre tous ceux qui ensevelissaient la
vérité sous l'impiété
et l'injustice ou qui agissaient en opposition avec
leurs connaissances et la conviction de leur
conscience, l'Apôtre paraît avoir eu en
vue, d'une manière particulière, les
principaux de ceux que, parmi les païens, on
appelait Philosophes, et qui faisaient profession
d'être sages. Cette déclaration, que
la colère de Dieu est
révélée des cieux contre
l'impiété et l'injustice des hommes
qui retenaient injustement la vérité
captive, attaquait directement le principe qu'ils
affirmaient universellement comme vrai, que Dieu ne
pouvait être irrité contre personne.
C'était particulièrement aux
philosophes que devait être
reproché le crime qu'il impute ici aux
gentils, d'avoir retenu injustement la
vérité captive, quoiqu'elle leur
fût manifestée relativement à
l'unité de Dieu. Il paraît que presque
tous les philosophes la connaissaient et que
c'était la principale vérité
qu'ils communiquaient à ceux de leurs
élèves qu'ils initiaient dans leurs
mystères. Mais tous ces grands hommes de
l'antiquité païenne avaient pour maxime
et donnaient comme un précepte à
leurs disciples, que rien ne devait être
changé au culte établi dans le pays,
auquel ils se conformaient tous, quoiqu'il
consistât dans les rites absurdes d'une
idolâtrie, dont l'objet était une
multitude de Dieux des caractères les plus
odieux. Aussi tous, dans l'égarement de leur
raison, non-seulement résistaient à
l'évidence de la vérité dans
leurs propres pensées et agissaient
constamment contre elle, mais encore ils
empêchaient qu'elle ne parvînt au
peuple.
Quelle est l'étendue de cette
moralité si vantée qui ne
dérive pas de la connaissance de
Jésus-Christ ? Quel effort est-elle
capable de faire ? Où a-t-elle
formé un caractère d'une
intégrité ferme et
inaltérable, qui put résister et aux
suggestions de l'intérêt personnel et
à l'opinion des autres ?
« Qui est
celui qui surmonte le monde, si ce n'est celui qui
croit que Jésus est le fils de Dieu ?
Mais tout ce
qui est né de
Dieu surmonte le monde et la victoire par
laquelle
le monde est
vaincu,
c'est notre
foi. » (
I. Jean V. 5. 4)
Quoique les principaux d'entre les païens
fussent particulièrement coupables
d'impiété en retenant captive la
vérité, qui se manifestait dans les
œuvres de la création, la masse
entière du peuple était sous une
condamnation pareille.
L'intelligence commune et la raison humaine, ce
pouvoir de juger et de comparer que les
incrédules vantent comme si étendu,
suffisaient pour leur montrer quelle
absurdité et quelle dégradation il y
avait à se prosterner devant du bois ou de
la pierre. Esaïe fait dans son
quarante-quatrième chapitre, une description
frappante de la folie de l'idolâtrie, qu'il
termine en disant, « il se paît de
cendre et son cœur abusé, le fait
égarer, et il ne délivrera point son
âme et ne dira point ; ce qui est dans
ma main droite n'est-il pas une
fausseté ? » (Esa. XLIV. 10-20)
Tous les idolâtres étaient donc
enveloppés dans le péché de
rébellion contre Dieu, et dans la punition
que sa divine justice exigeait qu'on leur
infligeât. Ils étaient inexcusables, parce que connaissant Dieu, ou ayant
pu le connaître par ses œuvres qui le
manifestaient comme le Créateur digne de
tout honneur et louange, ils ne le glorifiaient pas
comme Dieu, et ne lui rendaient pas la
reconnaissance qui lui était due
pour les faveurs par
lesquelles sa providence se manifestait parmi eux.
(Act. XIV. 17) Ils devenaient vains dans leurs
raisonnements ; ils s'égaraient
eux-mêmes dans des spéculations
inutiles et absurdes sur des matières trop
élevées et trop abstraites pour eux.
Dans leurs fausses recherches, ils
s'éloignaient de plus en plus de la
connaissance de Dieu, et de celle des choses qui
pouvaient leur être utiles. Leurs
théories ou leurs superstitions ne pouvaient
donner de paix solide à leur conscience, ni
sanctifier leur vie. Leur raison
égarée était tout à
fait obscurcie et ce qui achevait de combler la
mesure, c'est qu'ils s'annonçaient
eux-mêmes comme sages, ce qui, ajouté
à leur entière ignorance de tout ce
qui était nécessaire pour leur
avantage et leur bonheur réel,
complète leur caractère de folie.
Rien n'est plus juste que la manière dont
l'Apôtre caractérise
l'idolâtrie, et qui peut être
appliquée aux païens de tous pays,
à leurs cultes sous toutes leurs
formés, surtout à ceux des nations
distinguées entre eux par leur
prétendue sagesse.
L'idolâtrie la plus stupide était
pratiquée précisément chez les
peuples les plus civilisés, les
Égyptiens, les Grecs, les Romains, et
c'était aussi chez eux que les plus absurdes
théories sur la création et le
gouvernement du monde étaient
adoptées. Les plus sages des Païens,
comme il est dit au v. 28, ne
s'étaient point souciés de
connaître Dieu ; ils ne donnaient point
pour base à ces modèles de vertu et
de bonheur qu'ils inventaient, cette crainte de
Dieu, qui, suivant les saintes écritures,
est le principe de la sagesse.
Depuis ce temps jusqu'à nos jours, les sages
selon le monde, ont rayé cette
qualité de leur plan de vertu et de bonheur,
et ont substitué à la place quelque
chose qui ne dépend point
immédiatement de Dieu, mais seulement de la
raison humaine : la considération de
l'intérêt temporel de la
société, et par conséquent ce
qui est utile aux hommes, plutôt que ce qui
est agréable à Dieu. Ils conduisent
les hommes à avoir sur le
péché, une façon de penser
bien différente et bien moins
énergique, que celle que le premier homme
avait apprise après sa faute, qu'Israël
apprit aux pieds du mont Sinaï, que nous
enseigne notre propre conscience, mais que nous
révèle surtout l'évangile.
D'un autre côté les Apôtres
apportant aux hommes une révélation
divine, ne s'adressent pas à leurs passions
pour les émouvoir par les insinuations de la
rhétorique humaine ; ils ne s'adressent
pas à leurs facultés intellectuelles
par une chaîne suivie d'argumens
philosophiques, mais par la manifestation de la
vérité, ils se rendent
approuvés à toute conscience des
hommes devant Dieu. ( II. Cor. IV. 2) Ils ne cherchent pas à
traiter avec les raisonnements humains ; ils
les foudroient, les renversent ; ils vont
droit à la conscience des pécheurs,
les placent devant Dieu et discutant avec eux en sa
présence, ils déchaînent leur
conscience, la font parler clairement, et
renforcent tout ce qu'elle dit, par les
démonstrations les plus
évidentes ; ils montrent dans la mort
de Christ, la colère de Dieu
révélée des cieux, contre
toute impiété et toute injustice des
hommes qui retiennent injustement la
vérité captive, c'est-à-dire,
ce que leur conscience connaît de Dieu.
« Les armes de notre milice, dit un
Apôtre, ne sont pas charnelles, mais
puissantes à Dieu, renversant les
forteresses, et détruisant les raisonnements
(2) et toute haute
pensée qui s'élève contre la
connaissance de Dieu, et emmenant en
captivité toutes les pensées à
l'obéissance de
Jésus-Christ. » ( II. Cor. X. 4. 5)
24. 25.
C'est pourquoi aussi Dieu les a
livrés aux convoitises de leurs propres
cœurs, de sorte qu'ils se sont adonnés
à l'impureté déshonorant entre
eux-mêmes leurs propres corps : Eux qui
ont changé la vérité de Dieu
en fausseté, et qui ont adoré et servi la
créature, en abandonnant le Créateur
Dieu béni éternellement :
Amen
Dieu ne peut être tenté par aucun mal,
aussi ne tente-t-il personne, (Jacq. I. 13) mais par le passage que nous venons
de rapporter, et par beaucoup d'autres endroits de
l'écriture, (Ps. LXXXI. 12. Act. VII, 42, II. Thés. II. 11) il paraît que si le monde
entier n'est pas changé en un chaos de
confusion et de crimes, si les hommes ne sont point
tous des scélérats, nous le devons
à la bonté de Dieu qui veut bien
contenir leurs méchantes passions. Lorsque
pour la punition du péché, il
éloigne ou les obstacles extérieurs
qu'a multipliés sa providence, ou ceux qui
opèrent sur les pensées humaines,
comme la crainte, le respect pour soi-même,
l'intérêt particulier et d'autres
pareils ; lorsqu'il livre les pécheurs
à toutes les suggestions et les influences
de l'esprit malin, alors l'intensité de leur
malice et de leur rébellion contre lui,
dépasse toutes les proportions ; nous
en avons de nombreux exemples dans
l'écriture, comme ceux de Saül, d'Achab
et de Judas. Mais on doit surtout remarquer celui
qui nous est cité ici, celui des nations
idolâtres qui ayant transformé la
gloire de Dieu incorruptible en des images faites
à la ressemblance des corps corruptibles des
hommes et des animaux de toute espèce,
furent justement abandonnées au crime qui en
devenait la punition, à celui de
déshonorer entre eux leurs propres
corps : châtiment qui correspondait
à leur idolâtrie. Ce crime fut la
conséquence de ce qu'ils avaient
changé la
vérité de Dieu, dont les divines
perfections pouvaient leur être connues,
ainsi que le culte qui lui était dû,
pour mettre à la place les plus
méprisables faussetés, rendant les
honneurs divins à de méprisables
créatures, les préférant au
Créateur infini, et oubliant celui qui est
béni
éternellement, Amen.
26. 27. C'est pourquoi Dieu les a
livrés à leurs affections
infâmes ; car même les femmes
parmi eux ont changé l'usage naturel en
celui qui est contre nature ; et les hommes,
tout de même, laissant l'usage naturel de la
femme, se sont embrasés en leur
convoitise l'un envers l'autre, commettant, homme
avec homme, des choses infâmes, et recevant
en eux-mêmes la récompense de leur
erreur, telle qu'il la fallait.
Dans les deux versets précédents
l'Apôtre déclare en termes
généraux, la punition qui avait suivi
le péché de l'idolâtrie. Il la
caractérise ici d'une manière plus
particulière, et montre à quel
degré de dépravation avaient
porté leur impureté, les
idolâtres, qui
ayant perdu tout sentiment, se sont
abandonnés à la dissolution pour
commettre toute souillure, avec une ardeur
insatiable. (
Ephés. IV. 19)
Dieu était
provoqué à la jalousie par leur basse
apostasie, par leur ingratitude, aussi les
livra-t-il à leurs inclinations et à
l'esclavage des passions les plus viles, auxquelles
ils s'abandonnaient sans nulle honte, et dont les
plus célèbres de leurs poètes
ont souillé leurs compositions, sans que
rien indiquât qu'ils les abhorrassent ou du
moins qu'ils les désapprouvaient.
L'aveuglement de leur raison si vantée,
ainsi que la dépravation de leurs
cœurs, est montrée dans toute son
étendue par cette récompense de leur erreur,
telle qu'il la fallait, par cette juste punition du
péché qu'ils avaient commis en
déshonorant Dieu et en s'éloignant de
lui.
28-31.
Car
comme ils ne se sont pas souciés de
connaître Dieu, aussi Dieu les a livrés
à un esprit dépourvu de tout
jugement, pour commettre des choses qui ne sont
nullement convenables. Étant remplis de
toute injustice, d'impureté, de
méchanceté, d'avarice, de
malignité ; pleins d'envie, de meurtre,
de querelle, de fraude, de mauvaises
mœurs ; rapporteurs, médisants,
haïssant Dieu, outrageux, orgueilleux, vains,
inventeurs de maux, rebelles à pères
et
à
mères ; sans entendement, ne tenant point
ce qu'ils ont promis, sans affection
naturelle, gens qui jamais ne se rappaisent
(4), sans
miséricorde.
(3)
Paul continue ici à établir la
dépravation des païens qui
provenait de leur
impiété à laquelle ils
étaient livrés par Dieu, ainsi qu'au
châtiment dont il a parlé et qui en
était la suite. Ils n'avaient pas
approuvé de retenir la connaissance de Dieu
dans leur cœur, et Dieu avait livré
leurs cœurs à un esprit dépourvu
de tout jugement. (5) Ils avaient
rejeté Dieu et Dieu les avait
rejetés. Aussi ils étaient
abandonnés à commettre des crimes
contraires à la nature et contraires
à leur bien-être, ainsi qu'à
celui des autres. Ils
étaient remplis de toute injustice.
La
méchanceté de leur conduite, et tous
les vices horribles dont l'Apôtre fait ici
l'énumération, sont attestés
pleinement par tous les historiens.
Les meurtres commis de sang-froid dans la guerre,
et même dans leurs simples amusements, le
défaut d'affection naturelle dans
l'exposition de leurs enfants, leur barbarie
à l'égard de leurs esclaves, la
rapacité et l'esprit d'oppression qu'ils
montraient dans leurs rapports avec les autres
nations, sont racontés par eux comme des
choses ordinaires, sans qu'il y ait en
général aucune marque d'improbation.
Leur conduite immorale dans le particulier, leurs
débauches et leurs crimes de toutes les
formes, correspondaient à la
dépravation publique ; ils
étaient en un mot haïssant Dieu ;
rien n'est plus
horrible que cette peinture du monde païen que
le Saint-Esprit fait dans ces versets ; et
comme il connaît les motifs secrets des
hommes, aussi bien que leur conduite
extérieure, un chrétien ne peut
supposer qu'elle soit exagérée.
32.
Et qui, bien qu'ils aient connu le
droit de Dieu, savoir, que ceux qui
commettent de telles choses sont dignes de
mort,
ne les
commettent seulement, mais encore ils favorisent
ceux qui les commettent.
La conscience du péché est
accompagnée de la conviction qu'il doit
être suivi d'une punition, même dans
ceux qui ne jouissent point de la
révélation divine. Car nous apprenons
ici que les idolâtres n'ignoraient point que,
par le juste jugement de Dieu, ceux qui
transgressaient sa loi étaient dignes de
mort. Ils le savaient, d'après l'œuvre
de la loi, écrite dans leurs cœurs,
comme l'Apôtre le montre plus
particulièrement dans le chapitre
suivant.
Sous le rapport de leur injustice, ils étaient donc
inexcusables
comme sous celui de
leur impiété, et ni l'une ni l'autre
ne peut être attribuée à leur
ignorance, sauf en ce que leur ignorance provenait
de la dureté de leur cœur. Paul dit aux
Éphésiens « je vous dis
donc, et je vous conjure de la part du Seigneur, de
ne plus vous conduire comme le reste des Gentils
qui suivent la vanité de leurs
pensées, ayant leur
entendement obscurci de ténèbres, et
étant éloignés de la vie de
Dieu, à cause de l'ignorance qui est en eux,
par l'endurcissement
de leur cœur. » (Eph. IV. 17. 18)
Les hommes, avec les
plus grands moyens d'acquérir des
connaissances, peuvent rester dans l'ignorance. Les
Israélites à qui appartenaient
« l'adoption, la gloire, les alliances,
l'ordonnance de la loi, le service divin et les
promesses, (Rom. IX. 4) ne connaissaient point la justice de
Dieu, et cherchaient à établir leur
propre justice, » (Rom. X. 3)
Et même beaucoup de ceux qui se donnent le
nom de chrétiens, et qui jouissent de la
lumière de la révélation
divine, se flattent toujours qu'il y a en
eux-mêmes quelque chose de bon qui peut les
conduire à Dieu, et supposent qu'ils peuvent
avoir quelque chose à faire pour obtenir la justification. Ces
espèces différentes d'ignorance ne
viennent pas du défaut des moyens
d'instruction, mais de la dureté des
cœurs.
Dans ce verset, les Païens sont
présentés par l'Apôtre, comme
parvenus au dernier degré de la
dépravation, puisque non seulement ils se
rendaient coupables des crimes dont il les accuse,
mais qu'encore ils les
favorisaient dans les
autres.
Plusieurs personnes supposent que les
Israélites étaient pires que les
Gentils. Les Juifs, il est vrai, étaient en
général un peuple charnel, et
n'étaient une nation sainte que d'une
manière typique. Dans leurs cœurs, ils
étaient, en général, les
mêmes que les autres hommes, et comme ils
étaient favorisés de plus grands
privilèges que le reste du monde, cette
conduite était encore plus inexcusable.
Mais ceux qui, sous d'autres rapports, les accusent
d'avoir été plus méchants que
les Païens, ne font point attention à
ceci : leur histoire est consignée dans
de saints livres, écrits sous la
dictée du Saint-Esprit et dans lesquels le
mal n'est point caché ni le bien
exagéré par les
préjugés ou la partialité
nationale.
Tout est rapporté fidèlement, et les
motifs les plus secrets du cœur sont
développés ; la
dépravation naturelle des Israélites
y paraît d'autant plus qu'elle contraste
davantage avec la pureté de Dieu et les
lumières de leur sainte loi. Tandis que,
d'un autre côté, l'histoire des
païens qui nous a été transmise
par les poètes, les orateurs, les historiens
Grecs et Romains, est remplie de leurs
préjugés. Ils sont partiaux dans la
narration des événements, absolument
incapables de développer les motifs secrets
des actions, et leurs récits sont
constamment copiés sur les faux
modèles que leur présentaient leurs
idées perverses, sur la vertu et la
moralité : et cependant, malgré
tout cela, nous ne trouvons pas encore chez les
Juifs, des atrocités aussi publiques
etaussi impunies que celles que
l'on commettait sans aucune
répréhension, chez les païens
civilisés, telles que les combats de
gladiateurs et l'exposition des enfants. Ceux qui
veulent comparer avec exactitude les
idolâtres et le peuple d'Israël, doivent
rapprocher les passages où il est
parlé des premiers dans les
écritures, de ce que les mêmes livres
contiennent relativement aux Juifs.
Le langage uniforme
des écritures, sur ce sujet,
est d'accord avec la
manière dont l'Apôtre parle des
idolâtres dans ce chapitre. Le lecteur peut
s'en convaincre par une multitude de passages de
l'ancien Testament, et par les endroits du nouveau
où sont rapportés les traits qui
caractérisaient, pendant leur vie
païenne, les gentils qui furent convertis
à Christ. Ceux qui n'étaient pas
éclairés par la
révélation divine, sont constamment
représentés comme enveloppés
dans les ténèbres et sous l'empire de
Satan, et telle est la déplorable condition
de l'homme dépourvu de la connaissance de
l'évangile, qui est seul la puissance de
Dieu en salut.
Nous devons toujours nous rappeler que c'est
à cause du péché de l'homme
que, depuis la première promesse de
grâce qui fut faite à Adam
jusqu'à ce jour, la voie de la
réconciliation avec Dieu n'a pas
été connue par tous les hommes. Dieu
leur a donné, à différentes
époques, des moyens pour atteindre ce but,
mais ils ont été souvent rendus
infructueux par leur dépravation.
Après la grande apostasie qui fut suivie de
la destruction générale du genre
humain, la connaissance du vrai Dieu fut
conservée dans la famille de Noé,
mais bientôt après. le monde retomba
dans l'idolâtrie, et lorsque notre divin
Sauveur donna aux Apôtres la commission de
prêcher l'évangile à toute
créature, ne rencontrèrent-ils pas
partout la plus violente opposition ?
Aujourd'hui, combien la propagation de la
connaissance de Christ n'est-elle pas
gênée, empêchée ou
même absolument interdite dans les parties du
monde les plus civilisées ? Quels
efforts n'a-t-on pas faits pour la bannir ?
Combien y a-t-il de lieux où elle puisse
avoir librement son cours. ? (II. Thes. III. 1) Rien n'a jamais
éprouvé de si fortes et de si
universelles contradictions. Dans cette
circonstance, comme dans d'autres, beaucoup de
générations souffrent pour les fautes
de leurs ancêtres. Lorsqu'il n y a point de vision le
peuple est abandonné. (Prov. XXIX. 18) Quand la lumière de la
révélation ne brille pas, les hommes
vivent dans l'ignorance et l'impiété,
et meurent dans le péché.
Ceux-là ne sont point condamnés pour
n'avoir pas cru ce qu'ils n'ont point entendu, mais
depuis l'entrée du péché
dans le monde, il est dans un
état de perdition, sous le pouvoir de Satan,
et tous les hommes sont par leur nature, enfants de
la colère. (Eph. II. 3) Rien ne peut les sauver de cette
situation que l'évangile qui est la
puissance de Dieu en salut, à ceux qui
croient. Ainsi chaque homme dans l'état de
nature, est justement condamné à
cause de ses transgressions personnelles, comme le
prouve l'Apôtre. Aucun d'eux ne fait ce que
lui enseigne la lumière que lui
révèlent les œuvres de la
création relativement à Dieu et au
culte qu'on doit lui rendre ; aucun d'eux
n'observe, dans son entier, l'œuvre de la loi
écrite dans tous les cœurs ; tous
ont quelque connaissance de plusieurs
vérités relatives à Dieu et
aux devoirs moraux, mais leur dépravation
enchaîne ces vérités, et
restreint ainsi l'influence qu'elles devraient
avoir sur leur conduite ; et ils auraient
connu davantage s'ils n'avaient haï la
lumière par amour du
péché.
Personne dans aucune situation, ne vit
entièrement d'après ses propres
principes. Tous les hommes font ce qu'ils savent
être un mal et négligent ce qu'ils
savent être des devoirs. Ils sont rebelles,
non-seulement aux lumières qu'ils pourraient
obtenir, mais à celles même qu'ils
possèdent déjà. Nul homme ne
fait tout ce qu'il pourrait, et c'est pourquoi
aucun ne peut fonder sur son ignorance et son
incapacité, le droit de réclamer
contre le jugement de Dieu.
Il est vrai encore que sous le prétexte de
ce qu'ils appelaient leur faiblesse ou leur
imperfection, bien des personnes veulent s'excuser
de violer la loi de Dieu. Mais qu'est-ce que c'est
que ces imperfections ou ces faiblesses ? La
loi de Dieu commande-t-elle quelque chose
au-delà des forces humaines ? La seule
chose demandée aux hommes, c'est d'aimer le
Seigneur leur Dieu, de tout leur cœur et de tout leur pouvoir.
Cette
prétendue faiblesse n'est que de la
dépravation ; y a-t-il un
péché qui ne soit volontaire, et s'il
est volontaire, n'est-il point digne de
punition ?
Il est remarquable que le crime de favoriser les
méchants, cité dans le 32e verset
comme la preuve de la plus haute
dépravation, soit partagé par
beaucoup de ceux qui prennent le nom de
chrétiens. Ils sont les apologistes des
païens, ils vantent leur moralité et
affirment qu'il serait injuste à Dieu de les
punir dans la vie future.
Quoique l'écriture déclare que les
païens étaient inexcusables, ils s'obstinent à le nier, et
citent comme des exemples de piété et
de moralité, des hommes morts dans la
profession de l'idolâtrie, ou qui même
ont rejeté l'évangile et
persécuté les chrétiens. Ils
attaquent avec violence le
jugement de Dieu,
révélé des Cieux contre toute
impiété et injustice, ils
représentent l'idolâtrie comme un
crime qui n'est pas d'une grande importance, et
parce que les écritures nous enseignent que
les idolâtres seront punis de la mort
seconde, (Apoc. XXI. 8) ils prennent occasion de là
pour faire des objections contre la
vérité de la
révélation, disant qu'elle ne
représente pas dignement le caractère
de l'Être-Suprême.
Nous avons ici un triste exemple d'hommes qui
professent la sagesse et qui tombent dans les
pièges du Diable par qui ils ont
été faits captifs pour faire sa
volonté. (II. Tim. II. 26)
Le premier artifice dont il se servit avec le
premier de la race humaine, fut de lui persuader
que Dieu ne lui infligerait pas la punition dont il
l'avait menacé en cas de
désobéissance. Vous ne mourrez nullement.
(Gen. III. 4) Et nous voyons aujourd'hui, que le
même artifice agit sur ceux qui ont
été gagnés par la philosophie
« et de vaines subtilités
conformes à la tradition des hommes et aux
éléments du monde et non point
à Jésus-Christ. (Col. II. 8)
Les écritures déclarent que le
jugement de Dieu contre ceux qui commettent de
telles choses est conforme à la
vérité. » (Rom, II. 2) Quelles que soient les
pensées de ces hommes qui n'ont point de
crainte de Dieu devant les yeux et qui ne veulent
point soumettre leur raison à sa parole,
quel que soit le jugement qu'ils portent de ces
choses, leurs vaines opinions ne sauraient
altérer ce qui doit être à la
fin. Ils ne pourront changer l'état des
choses, et hors s'ils ne se repentent, ils
n'échapperont point au jugement de Dieu.
Un homme peut déclarer qu'il est contraire
à sa raison, que sous le gouvernement d'un
Être tout-puissant, sage et bon, il y est
autant de misère qu'il en existe, cependant
le caractère de Dieu n'en sera pas plus
altéré que la condition de la nature
humaine n'en fera changée.
Les mêmes personnes tirent souvent du
défaut d'universalité dans la
prédication de l'évangile, une
objection contre le christianisme : et
quelques-unes des réponses qu'on leur a
faites ne sont guère moins
irréligieuses que l'objection même
qu'elles devaient réfuter.
Si la religion chrétienne émane
véritablement de Dieu, si elle est aussi
importante qu'on nous la représente,
pourquoi (dit-on) le Tout-Puissant n'a-t-il pas
adressé les écritures à toutes
les nations et dans tous les âges du
monde ?
Cette objection comme
toutes celles qui sont faites par les hommes,
contre les vérités ou contre les
actions de Dieu, ne prouve que la folie et la
perversité de ceux qui la font. Elle est
fondée sur cette supposition que les hommes
quoique sujets à l'erreur,
imparfaits
(pour nous servir des
expressions de ces défenseurs de la nature
humaine) que ces hommes, sont cependant si bien
disposés, que pour qu'ils embrassent ce qui
est bon et vrai, il leur suffit de le
connaître. La fausseté de cette
hypothèse est prouvée, non-seulement
par les écritures, mais encore par
ceux-là même qui font cette objection,
et dont la conduite accomplit ces écritures
qu'ils rejettent.
D'autres changent la forme de l'objection, et
demandent, non-seulement pourquoi Dieu n'a pas
envoyé son évangile à tous les
hommes, mais pourquoi il ne l'a pas
accompagné de son Esprit tout-puissant, pour
découvrir à tous les hommes son
excellence et les convaincre de sa
vérité ; cette nouvelle question
se résoudra en celles-ci. Pourquoi suis-je
pécheur ? Pourquoi suis-je fait
ainsi ? C'est ainsi que le pécheur a
l'audace de citer Jéhovah devant son
tribunal, et c'est alors qu'il montre dans la plus
haute évidence combien sa perversité
est volontaire, puisqu'il cherche à
déverser sur son Créateur le
blâme qu'il mérite lui-même.
Quelques-uns de ceux qui vantent le
caractère des anciens philosophes, insistent
sur ce que, s'ils avaient vécu sous la
lumière de la révélation
divine, ils auraient sans aucun doute,
embrassé l'évangile ; c'est
précisément le contraire qui est
très-clairement démontré.
Plusieurs de ces philosophes voyagèrent dans
des contrées éloignées pour
chercher des connaissances, mais quoiqu'ils
vécussent dans le voisinage de la
Judée, où le vrai Dieu était
adoré, ils négligèrent cette
divine lumière qui brillait d'une
manière si remarquable et à laquelle
tous les hommes pouvaient participer sans aucune
exclusion ; quoique les écritures de
l'ancien Testament eussent été
traduites en grec environ 300 ans avant la venue de
Christ, et fussent lues publiquement chaque jour de
Sabbat dans les Synagogues, qui étaient
répandues dans les principales cités
du monde civilisé, aucun philosophe ne leur
donna son assentiment.
Plusieurs opinions de Platon et de quelques autres
relativement à l'existence de Dieu et aux
obligations morales, paraissant avoir de la
ressemblance avec ce qui est enseigné dans
l'évangile, sont objectées avec un
air de triomphe, comme une preuve de ce que peut
faire la philosophie, sans être aidée
de la révélation divine, mais en
considérant qu'ils ont pu avoir connaissance
de la révélation faite aux Juifs,
aussi bien que des restes de la
vérité divine transmis par la
tradition, au lieu d'être surpris de trouver
quelque coïncidence légère dans
leur manière de parler de ces objets, on
doit plutôt être étonné
que des hommes qui consacraient leur vie
entière à la recherche des
connaissances, n'en sussent pas
davantage sur ces sujets. La parole de Dieu peut
seule rendre raison de cela. « L'homme
animal ne comprend point les choses qui sont de
l'Esprit de Dieu, car elles lui sont folie, il ne
peut même les entendre parce qu'elles se
discernent spirituellement. »
(I. Cor. II. 14)
L'assertion que les philosophes auraient
embrassé l'évangile s'ils avaient
joui de la lumière de la
révélation comme elle brille à
présent, cette assertion est démentie
par l'exemple de ceux qui ont vécu depuis
l'ère chrétienne , et qui cependant
ont rejeté le christianisme. Ce même
fait forme une des objections insidieuses par
lesquelles Gibbon, dans son histoire de la
décadence et de la chute de l'empire Romain,
attaque la vérité de
l'évangile. Il parle de plusieurs illustres
païens qui, dit-il, « auraient paru
à nos yeux les plus dignes d'obtenir les
faveurs célestes. Les noms de
Sénèque, des deux Plines, de Tacite,
de Plutarque, de Galien, de l'esclave
Epictète, et de l'empereur
Marc-Aurèle, honorent les siècles
dans lesquels ils ont vécu, et
élèvent la dignité de la
nature humaine. »
Après avoir vanté avec une
complaisance apparente les vertus de ses
héros favoris, il ajoute :
« Cependant tous ces sages, et ce n'est
pas moins un sujet de surprise que de peine, ont
méprisé et rejeté le
système chrétien. »
« Je dois remarquer, dit sur ce passage
un écrivain, que ceux qui connaissent le
système chrétien, ne seront nullement
surpris de cela, quel que soit le vif
intérêt que doivent prendre à
cet objet tous les philanthropes. Il y a beaucoup
de ceux qui se disent chrétiens aujourd'hui,
qui rejettent l'évangile, sinon aussi
grossièrement, du moins aussi
réellement que ces anciens sages, et la
disposition où ils sont de les admirer de
préférence aux saints
chrétiens, montre assez quel est l'esprit
qui les anime.
La doctrine de la justification nous conduira
à découvrir la nature
particulière de la religion de Christ ;
nature si différente des idées
fondamentales de toutes les autres religions, si
exclusivement appartenante au christianisme, qu'il
n'est pas étonnant que les miracles les plus
frappants, et les témoignages les plus
puissants de sa vérité divine n'aient
produit aucun effet salutaire sur des esprits
complètement prévenus contre la
doctrine qu'il enseignait. »
« Pour présenter cette
matière sous son véritable point de
vue, il fera convenable de donner une idée
abrégée du système religieux
des philosophes païens. La plupart
étaient presque unanimes pour adopter la
doctrine du To En. Dieu, suivant eux, était
une forte d'esprit subtil qui
pénétrait toute la nature, et qui
était littéralement, l'âme de
l'univers. »
Les âmes des hommes étaient des
parcelles de cet esprit universel, et à leur
séparation des corps auxquels elles avaient
été unies, elles étaient
absorbées dans le TO EN ou animaient de
nouveaux corps dans une progression
indéfinie.
Les conséquences de cet horrible
système, sont aisées à
apercevoir, c'est presque le même qu'a depuis
renouvelé Spinosa ; l'idée de
Dieu est totalement dissipée, puis qu'il ne
reste point celle d'un être supérieur
à nous. La prière, l'humilité,
et toute espèce de culte, sont
anéantis, excepté toutefois la
conformité hypocrite avec celui de la
religion établie dans le pays, et qui,
quelque superstitieuse et absurde qu'elle soit, est
sûrement moins contraire à la
conscience naturelle de l'homme, que cette
religion, ou pour mieux dire, cette
irréligion des philosophes.
Toute idée de culpabilité, toute
possibilité d'un état de punition
après la mort est renversé par ce
système. (6) Au lieu de craindre
le jugement de Dieu sur leurs péchés,
ce qui est assurément un sujet bien naturel
de la plus vive terreur pour un être aussi
faible, aussi corrompu, aussi méchant que
l'homme, ils s'arrogent plutôt les divins
honneurs à eux-mêmes (7).
La première et la principale doctrine du
christianisme est la justification. Quelque
évidence que cette religion leur eût
offerte, les préjugés les auraient
aveuglés parce que sa véritable
nature était abhorrée. La lecture des
œuvres de Marc-Aurèle et
d'Epictète, et celle de tout ou de presque
tout ce qui nous reste des anciens philosophes de
l'antiquité, prouve que leur système
était celui que nous venons de
développer.
Comment ces Dieux arrogants et indépendants
se seraient-ils fournis à apprendre la
manière d'obtenir le pardon de leurs fautes,
et à paraître comme des coupables
devant le Dieu des Dieux ? Comment peut-on
être surpris de ce qu'ils ont rejeté
le christianisme, et comment peut-on, de
l'inimitié de tels hommes, tirer quelque
conclusion pour affaiblir sa
crédibilité ? Le lecteur peut
aisément se convaincre en parcourant le
livre de Cicéron sur la Vieillesse et ses
Tusculanes, que le système orgueilleux
d'athéisme, développé plus
haut, était la croyance commune des anciens
philosophes. Nous sommes aisément
frappés de l'éclat de quelques
sentences brillantes, qui considérées
isolément, semblent les représenter
comme beaucoup plus près d'être
chrétiens que le commun
des idolâtres ; mais les connaissances
de Ces prétendus sages, examinées
dans leur ensemble, s'éloignent de plus en
plus de l'esprit de l'évangile.
Ce Panthéisme, mélange des
absurdités de l'athéisme avec les
rêveries de l'orgueil, était le
système de croyance de la plupart des
anciens philosophes ; et ce système est
encore plus impie que toutes les fables du
paganisme vulgaire.
Les autres religions du monde, excepté la
chrétienne, quoiqu'elles ne soient pas aussi
complètement opposées à la
conscience naturelle que celle des philosophes, se
réunissent toutes en ce qu'elles ordonnent
à l'homme de chercher sa justification dans
ses propres œuvres.
Les philosophes ayant endurci leurs coeurs, contre
tout sentiment intérieur du
péché, et étant d'autant plus
bouffis d'orgueil spirituel, qu'ils étaient
plus exempts de crimes grossiers, ne pouvaient
avoir aucun plan de justification. Ils
n'étaient point pécheurs. Les autres
païens qui n'employaient pas autant leurs
méditations contre les sentiments naturels
de leur conscience, reconnaissaient qu'ils
étaient pécheurs, du moins à
un certain point. Mais leurs vues sur le
péché étaient si faibles
qu'ils croyaient pouvoir rendre la paix à
leur conscience au moyen de quelques
cérémonies religieuses. Et que
veulent le Mahométan avec ses lustrations,
le Bramine avec ses austérités, le
Socinien avec son humanité si vantée,
le prétendu Chrétien avec son
assiduité à la cène du
Seigneur et à d'autres devoirs
religieux ? que veulent-ils faire de plus que
se justifier devant Dieu par leurs
œuvres ? Nous concluons donc que l'homme est
justifié par la foi sans les œuvres de
la loi. (
Rom. III. 27) Qui
croit en moi, a la vie éternelle.
(Jean VI. 47)
Ces divins aphorismes sont également
rejetés par tous ceux que je viens de
citer ; donner toute la gloire de la
justification à Dieu, est une qualité
et un honneur particulier à sa religion.
Élever le mérite de l'homme, est la
marque de toutes les religions qui, dans le monde,
ont été inventées par les
mortels. »
Mais quelles que fussent les connaissances des
Magistrats et des Philosophes païens,
relativement à Dieu, ils les cachaient au
peuple avec l'injustice la plus criante, et
offraient à son adoration des êtres
qui, non-seulement par leur nature n'étaient
point Dieux, (Gal. IV. 9) mais qui présentaient
même le caractère le plus immoral. Et
c'est ainsi, que par les rites infâmes qu'ils
avaient établis pour honorer ces fausses
divinités, ils confirmaient les peuples dans
les plus détestables erreurs.
Socrate, comme on sait, soit par ses
préceptes, soit par son exemple, favorisa
cette fausse religion. Il enseignait à ses
disciples, qu'en matière de culte, ils
devaient se régler par l'usage de leur pays,
et lui-même sacrifiait aux
autels publics, et envoyait consulter l'oracle de
Delphes. Lorsqu'il fut jugé, il cita ces
faits dans sa défense pour prouver qu'il
n'avait point nié les Dieux. S'il parla
jamais contre le culte établi, ce fut en
secret et faiblement ; et après sa
condamnation, n'ayant plus rien à redouter
des hommes, au lieu de rendre témoignage
à la vérité relativement
à Dieu, en parlant clairement contre la
religion populaire, il rendit hommage à
celle-ci en ordonnant de sacrifier un coq à
Esculape. L'honorable titre de Martyr de la vérité,
n'a jamais
été plus mal appliqué
qu'à Socrate. (8)
Platon établissait que la connaissance d'un
seul Dieu ne devait point être
divulguée. Il dit expressément,
« il n'est ni aisé de trouver le
Père de l'univers, ni prudent de le
découvrir au vulgaire lorsqu'on l'a
trouvé. »
Tout ce qu'il a osé hasarder contre la
théologie populaire, a été de
bannir de sa république les poètes
qui en étaient les plus grands
soutiens ; pour ne point trop choquer les
préjugés du peuple. Dans son
traité des lois et ses livres de la
république, il ordonne le culte et les rites
qui doivent être établis pour honorer
les Dieux, les Démons et Esculape. C'est
ainsi que Varron dit : « il est
beaucoup des choses vraies, qui ne doivent point
être connues du vulgaire, mais fussent-elles
fausses, il est convenable que le peuple pense
autrement (9), et c'est pour cela
que les Grecs gardaient le plus grand secret, sur
leurs initiations et leurs mystères et ne
les célébraient que dans des lieux
fermés. »
Combien était différente la conduite
des Apôtres de Christ ? au lieu de
communiquer la vérité de Dieu
à un petit nombre de leurs compagnons, ils
vont partout la prêcher en public ; ils
ordonnent partout à tous les hommes de se
détourner des idoles ; ils
déclarent la vérité,
dénoncent le crime de l'idolâtrie, et
le châtiment qui attend ceux qui en sont
coupables ; ils condamnent les vices qui
feraient partie de ce culte, et s'exposant ainsi
eux-mêmes à la persécution,
finissent par souffrir la mort pour cette cause
honorable, avec joie et avec un courage qui
triomphe des supplices.
Comme les païens changeaient la
vérité de Dieu en fausseté,
Dieu, ainsi que nous l'enseigne l'Apôtre,
Dieu les a
livrés à l'impureté pour
déshonorer entre eux-mêmes leurs
corps. Nous savons en
effet que les plus grands hommes parmi eux,
étaient aussi bien que les autres
adonnés, non-seulement à la
fornication, mais encore au
détestable crime qui est
spécifié dans le verset 27.
Quant au premier de ces vices, il faisait partie du
culte de leurs Déités ; quand au
second, Tertullien et Grégoire de Naziance,
en accusent Socrate. Athénée,
écrivain païen, lui fait la même
imputation, de même que Lucien, qui dans
plusieurs passages de ses écrits, l'inculpe
formellement de ce vice.
Quelques modernes ont essayé de
détruire cette inculpation, en faisant
observer que ni Aristophane, dans sa comédie
dont le but était de décrier Socrate,
ni ses accusateurs lors de son jugement, n'avaient
rien avancé qui confirmât ces
idées, et qu'il n'est point probable que
Socrate eût cherché à dissuader
ses disciples de se livrer à l'amour contre
nature, s'il y avait été
adonné lui-même.
Quoi qu'il en soit de cela, que dira-t-on de son
dialogue avec Théodote, fameuse
courtisane ; conversation que Xénophon
nous a conservée. En la rapportant,
Xénophon n'avait pas assurément le
moindre désir de déshonorer son
maître, de sorte qu'il est prouvé,
d'une manière incontestable, combien peu et
le maître et les disciples estimaient la
chasteté.
Athénée accuse aussi Aristote et
Zénon du crime dont nous avons parlé
plus haut ; Diogène-Laërce,
élève la même inculpation
contre Platon ; en quoi il est appuyé
par Théodoret, cité par Estius ;
nous savons aussi par Théodoret, que
Lycurgue avait permis, par une loi, l'amour contre
nature, et Chrysostôme affirme la même
chose de Solon.
Cicéron, peu avant la publication de
l'évangile, introduit dans ses dialogues
Cotta, homme du premier rang, qui avoue franchement
à d'autres Romains de la même
qualité, qu'il était adonné
à ce vice infâme, étaye sa
justification de l'opinion des anciens philosophes
et cite Q. Catulus, un des principaux citoyens, qui
était amoureux de Roscius. La seconde
églogue (10) de Virgile est
consacrée tout entière à
célébrer cet amour contre nature.
Ces faits n'ont été mis sous les yeux
du lecteur que pour lui faire voir que l'histoire
profane rend témoignage à la
vérité des inculpations contenues
dans ce chapitre contre les païens, et pour
montrer encore que ce vice abominable
n'était condamné ni par leur
religion
ni par leurs lois,
mais au contraire, autorisé et par l'une et
par l'autre et par l'exemple des personnes de la
plus haute considération dans le monde
païen. Lorsque les hommes d'état, les
philosophes, les prêtres, étaient
ainsi abandonnés aux plus horribles
impuretés ; lorsque même les
Dieux qu'ils adoraient étaient
regardés comme coupables de crimes aussi
énormes ; lorsque leurs temples
étaient des maisons de
prostitution, leurs peintures des invitations au
péché, leurs bois sacrés des
lieux de débauche et leurs sacrifices un
mélange horrible de cruauté et de
superstition, il était certes bien
nécessaire que la révélation
de l'évangile vînt montrer au genre
humain toute sa brutalité et le conduire
à une vie plus sainte.
L'évangile par sa divine lumière a
obligé les nations à corriger leurs
lois civiles, et dans tous les pays où il
est connu, ces abominations sont défendues,
et ceux qui les commettent sont punis. Ainsi
l'évangile, lors même qu'il n'atteint
pas le cœur, introduit un système de
morale bien meilleur, rend la conduite
extérieure des hommes beaucoup plus
décente et plus honnête qu'elle
n'était autrefois chez les nations
païennes les plus éclairées et
les plus polies.
On ne peut cependant pas supposer que tous ceux qui
n'appartenaient pas à Israël, à
qui les oracles écrits de Dieu avaient
été confiés, ignoraient
entièrement le salut. Nous apprenons par
différents passages de l'écriture,
qu'il n'en est pas ainsi. Tous ceux qui avaient
connaissance de la promesse originaire du salut
faite au premier homme, rendue sensible par
l'institution typique des sacrifices, et
proclamée par Noé au commencement du
nouveau monde, avaient la connaissance de
l'évangile, et appartenaient à
l'alliance de Dieu.
Cette connaissance pouvait leur avoir
été communiquée, ou par les
autres hommes, ou immédiatement par Dieu
lui-même, qui peut leur « parler par des
songes,
par des visions de
nuit, » ou
de toute autre manière qui lui semble bonne,
« ouvrant
les oreilles aux hommes, et scellant leur
instruction » (Job XXXIII. 15. 16) Mais de quelque manière et
à quelque degré qu'elle ait
été communiquée, cette
connaissance est celle de ce libérateur du
péché et de Satan, qui a
été constitué par Dieu ;
c'est une révélation du Père
que personne ne connaît que le Fils et celui
à qui le Fils l'a voulu
révéler ; (Math. XI. 27) c'est une révélation
de « ce salut qui n'est en aucun autre
que Christ, car il n'y a point sous le ciel d'autre
nom qui soit donné aux hommes par lequel il
nous faille être sauvés. »
(Act. IV. 12) C'est en un mot, la
révélation de l'évangile de sa
grâce qui est la puissance de Dieu en salut,
pour chacun de ceux qui croient.
Mais pour être convaincu de l'état
déplorable de tous les hommes qui
n'étaient pas éclairés par la
révélation divine et qui par
conséquent n'appartenaient pas au royaume de
Dieu, mais à celui de Satan, il suffit de
considérer avec quelle horreur Dieu avait
ordonné à son ancien peuple de
regarder l'état d'aveuglement et de
péché dans lequel étaient les
idolâtres ; horreur
qui est si souvent montrée dans la loi,
proclamée par les prophètes, et
imprimée dans le cœur des Juifs de
différentes manières, soit dans la
conduite qu'il leur était prescrit d'avoir
envers les nations païennes, soit par les
punitions qui leur étaient infligées,
lorsqu'ils s'étaient alliés avec
elles. Tel est le point de vue, sous lequel
l'ancien Testament présente partout ces
choses, comme le savent tous ceux qui le
connaissent.
Dans le nouveau Testament on trouve la même
affreuse peinture des païens, non-seulement
dans le passage dont nous nous occupons, mais dans
tous ceux qui se rapportent à eux.
Dans le premier et deuxième chapitres de
l'épître adressée aux saints de
Corinthe, Paul affirme de la manière la plus
positive, que le monde par la sagesse n'a point
connu Dieu. Déclarant ensuite que la parole
de la Croix est folie à ceux qui
périssent, mais qu'elle est la vertu de Dieu
à ceux qui obtiennent le salut, il
ajoute : « Il est écrit, j'abolirai la
sagesse des sages, et j'anéantirai
l'intelligence des hommes intelligents ;
où est le sage, où est le scribe,
où est le disputeur de ce
siècle ? Dieu n'a-t-il pas
manifesté la folie de la sagesse de ce
monde ? Car puisqu'en la sapience
(sagesse) de Dieu, le monde n'a point connu
Dieu par la sagesse, le bon plaisir de Dieu a
été de sauver les croyants par la
folie de la prédication : car les Juifs
demandent des miracles, et les Grecs cherchent la
sagesse. Mais pour nous, nous prêchons Christ
crucifié, qui est un scandale pour les
Juifs, et une folie pour les Grecs, à ceux,
dis-je, qui sont appelés tant Juifs que
Grecs, nous leur prêchons Christ, la
puissance de Dieu, et la sagesse de
Dieu. » (
I. Cor. I. 18-24) L'Apôtre continue à
montrer que Dieu a choisi les choses folles du
monde pour rendre confus les sages, et que lui et
les autres serviteurs de Dieu, prêchaient la
sagesse que Dieu avait révélée
par son esprit , et qu'aucun des princes du
siècle, n'a connue. (I. Cor. II. 8) Il montre ainsi, presque dans les
mêmes paroles que dans le seizième
verset de l'épître aux Romains,
Chapitre 1er, que l'évangile seul est la
puissance de Dieu en, salut.
Les passages, dont nous joignons ici la citation,
et qui sont pris parmi un grand nombre d'autres,
attestent le pouvoir du Diable, qui est le dieu de
ce monde, (Jean XII. 31. XIV. 30.
XVI. 11.
II. Cor. IV. 4. Ephes. II. 2. VI. 12.
Col. I. 13) la malice, l'aveuglement, les vains
travaux des hommes qui n'ont point
l'évangile (Math. VI. 32. I. Cor. X. 20. XII. 2.
II. Cor.VI. 16. Gal. IV. 8. Eph. II. 11. 12. I Thess. II. 16. I. Pier. IV. 3) et la condamnation finale de ceux
qui ne connaissent pas Dieu. ( I. Cor. VI. 9. Gal. V. 20, 21. Apoc. XXI. 8. XXII. 15)
Ce qui est dit dans tous ces passages est d'accord
avec les paroles de la
commission que Jésus
Notre Seigneur donna à Paul lorsqu'il
l'établit pour prêcher
l'évangile. « Je te suis apparu
pour t'établir ministre et
témoin, tant des choses que tu as vues, que
de celles pour lesquelles je t'apparaîtrai,
en te délivrant du peuple et des Gentils,
vers lesquels je t'envoie maintenant, pour ouvrir
leurs yeux afin qu'ils soient convertis des
ténèbres à la
lumière ; et de la puissance de Satan
à Dieu : et qu'ils reçoivent la
rémission de leurs péchés, et
leur part avec ceux qui sont sanctifiés par
la foi en moi. » (Act. XXVI. 16-18)
S'adressant aux fidèles de Thessalonique,
l'Apôtre leur dit : « Puisque
c'est une chose juste envers Dieu, qu'il rende
l'affliction à ceux qui vous affligent, et
qu'il vous donne
du relâche
à vous qui êtes affligés, de
même qu'à nous, lorsque le Seigneur
Jésus sera révélé du
ciel, avec les anges de sa puissance, avec des
flammes de feu, exerçant la vengeance contre
ceux qui ne connaissent point Dieu, et contre ceux
qui n'obéissent pas à
l'évangile de Notre Seigneur
Jésus-Christ, lesquels seront punis d'une
peine éternelle par la présence du
Seigneur et par la gloire de sa force. »
(II. Thes. I. 6-9)
On trouve les mêmes idées, par la
même inspiration du Saint-Esprit, dans le
Psalmiste et le prophète
Jérémie. « Répands
ta fureur sur les nations qui ne te connaissent
point, et sur les royaumes qui n'invoquent point
ton nom. (Ps. LXXIX. 6) Répands ta fureur sur les
nations qui ne te connaissent point, et sur les
familles qui n'invoquent point ton nom.
(Jer. X. 25) Tous les Dieux des peuples ne sont
que des idoles ; (Ps. XCVI. 5) que tous ceux qui servent les images
et qui se glorifient aux idoles soient
confus. » (Ps. XCVII. 7)
Dans ce passage de l'épître aux
Éphésiens cité plus haut,
(Ephes. II. 12) l'Apôtre déclare que
les Gentils sont sans Christ, sans
espérance, sans
Dieu ; à
la lettre Athées.
Le Dieu qu'ils se
forgeaient à eux-mêmes était un
Dieu de leur imagination, et c'est le cas où
sont tous ceux que l'on appelle Déistes, et
tous ceux qui rejettent l'évangile.
Nul ne connaît
le Père que celui à qui le Fils
l'aura voulu révéler.
(Math. XI. 27)
Malgré les passages ci-dessus, et tout le
chapitre dont nous nous occupons, il y a beaucoup
de personnes qui, quoiqu'elles vivent sous une
dispensation bien plus claire que celle dont
Israël avait été
favorisé, tiennent relativement aux
Païens idolâtres, un langage directement
opposé à ce que Dieu lui-même
enseignait à ce peuple, aussi bien
qu'à ce que les apôtres enseignaient
uniformément. Ils représentent
l'évangile comme découvrant le plus
clairement possible, les moyens de salut, mais
comme n'étant nullement d'une
nécessité indispensable pour l'obtenir.
Ils imaginent que l'on peut y parvenir sans lui,
quoiqu'ils conviennent, peut-être, qu'on y
parvient plus aisément et plus
sûrement par son moyen.
L'état du monde Païen, destitué
de la lumière de l'évangile, n'est
point l'objet d'une méditation inutile, car,
s'il en était ainsi, les écritures
n'en auraient pas parlé. Il n'y a rien dans
tout ce qu'elles contiennent qui ne soit d'une
importance pratique.
La comparaison de cet état avec le leur,
enseigne aux chrétiens à bénir
avec la plus vive reconnaissance, Dieu qui choisit
le lot de l'héritage de son peuple, qui
détermine les bornes de son habitation, de
l'avoir placé dans une situation où
il peut entendre le
cri de réjouissance, (Ps. LXXXIX. 16) de lui avoir fait connaître le
seul nom par lequel il nous faille être
sauvés : cet état des
païens les engage encore à employer
tous leurs soins, tous leurs moyens, toute leur
activité, pour étendre la
connaissance du salut parmi ceux de leurs
compagnons sur la terre qui demeurent dans les
ténèbres et dans l'ombre de la
mort,
( Ps. CVII. 10) car les
lieux ténébreux de la terre, sont
remplis de cabanes de violence. (Ps. LXXIV. 20)
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