Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LETTRES À MON CURÉ






SIXIÈME LETTRE


 Monsieur le Curé,

 Plus j'y pense, plus il me semble que j'ai bien fait de changer de méthode dans les recherches auxquelles je me livre. Aussi longtemps que j'ai voulu envisager les questions dans leur généralité et déterminer ce que c'est que le catholicisme, l'infaillibilité, l'Église, je n'ai rien trouvé que des abstractions qui échappaient à tous mes efforts pour leur donner un sens précis.

De guerre lasse j'ai résolu de prendre une autre voie. Je me suis mis à étudier le catholicisme dans les catholiques, les éléments du système dans la croyance et la vie des fidèles. Ce moyen m'a réussi ; je me sens placé sur un sol moins mobile et je commence enfin à voir clair autour de moi.

J'ai dit qu'il faut trois choses pour faire un catholique - la foi orthodoxe, la soumission à l'Église et la participation aux sacrements.
De ces trois points, il en est un qui nous a déjà occupés. La foi catholique, avons-nous vu, est essentiellement une foi implicite, et le fidèle, dans le système romain, est sauvé en croyant ce que croit l'Église ou, ce qui revient au même, en croyant à l'Église. Ainsi la doctrine se réduit à ce seul article ; tout le reste est un hors-d'oeuvre.

La seconde condition du salut consiste dans la soumission au gouvernement et à la discipline de l'Église. Il n'est pas nécessaire, ce me semble, que nous nous arrêtions beaucoup à cette condition. Au fond, elle ne fait qu'un avec la précédente. Dans une religion dont la doctrine fondamentale est l'autorité de l'Église, on ne peut croire à la doctrine sans se soumettre aussi à la discipline ; la foi entraîne l'obéissance, et je ne conçois guère, sur ce terrain, de schisme qui ne soit une hérésie, d'hérésie qui ne soit un schisme.

Il n'en est pas tout à fait de même des sacrements. Si la participation aux sacrements suppose la foi, la foi et les sacrements sont cependantdeux choses distinctes et elles constituent deux conditions du salut qu'on ne saurait confondre.

Un sacrement, au sens de l'Église catholique, est un rite qui efface les péchés et qui produit la sainteté.
Ce n'est pas seulement un symbole qui représente telle ou telle grâce chrétienne, c'est le moyen que Dieu a établi pour communiquer ces grâces aux fidèles.

Bien plus, il est des grâces que l'on ne peut obtenir autrement que par l'acte rituel auquel elles sont attachées, de sorte que la qualité de chrétien et le salut éternel dépendent de la participation aux sacrements. Il est même vrai de dire que c'est dans le sacrement que l'Église a sa raison d'être.

Jésus-Christ, à en croire la théorie catholique, a confié à ses apôtres le dépôt des grâces divines qu'il voulait répandre sur le monde. Les apôtres, à leur tour, ont transmis ces grâces aux évêques leurs successeurs, les évêques les ont transmises à d'autres, et ainsi jusqu'à nos jours. En un mot, l'Église est un vaste corps dont le clergé forme les artères et dans lequel, par ces canaux sacrés, circule la vertu d'en haut. Eh bien, c'est par les sacrements que cette vertu se répand du clergé sur les fidèles.

Mais comment cette vertu appartient-elle au sacrement ? Selon l'Église catholique, cette vertu est inhérente au sacrement lui-même ; elle est attachée, soit aux substances employées, du moment que celles-ci ont été consacrées par certaines paroles, soit à la célébration même de la cérémonie, à la consommation de l'acte, de sorte que le fidèle reçoit la grâce par sa participation matérielle à cet acte, et, comme on dit, ex opere operato. Aussi le sacrement est-il nul si les formes prescrites n'ont pas été exactement observées.

Le baptême, par exemple, ne serait pas valable s'il n'était fait avec de l'eau pure, ou si l'officiant omettait l'un des mots de la formule indiquée.
Je ne vous cacherai point, Monsieur le Curé, qu'en lisant les canons de Trente et les articles du Catéchisme romain qui traitent de ce sujet, qu'en voyant se dérouler devant moi la théorie catholique des sacrements, j'ai éprouvé une sorte de consternation.

Le pardon des péchés communiqué par de l'eau !
La sainteté produite par une onction !
La vie chrétienne attachée à des cérémonies et à des rubriques !

J'avais souvent entendu attribuer cette manière de voir à l'Église catholique, mais j'avais toujours tenu cette imputation pour une calomnie. Désormais je ne pouvais plus révoquer la chose en doute.
Ce n'est pas que la doctrine romaine soit toujours d'accord avec elle-même. En effet, si des textes positifs attribuent l'efficace du sacrement à l'acte sacramental lui-même, il en est d'autres qu'exigent certaines dispositions intérieures, soit de la part de celui qui confère le sacrement, soit de la part de celui qui le reçoit.

L'officiant doit avoir l'intention « de faire ce que fait l'Église » (c'est l'expression usitée).
Le fidèle, de son côté, ne doit point mettre obstacle à la grâce sacramentelle, et, pour avoir part aux bienfaits de la pénitence, il faut même qu'il soit affligé de ses péchés.
Ne pourrait-on pas conclure de ces exemples que la doctrine catholique n'est pas entachée du matérialisme qu'on lui reproche ?

Je n'ose le croire, Monsieur le Curé. Tout ce que prouvent les passages auxquels je viens de faire allusion, c'est que la doctrine romaine du sacrement est en contradiction avec elle-même. Vous pourrez trouver des assertions officielles qui atténuent le caractère magique du sacrement, mais vous ne pourrez effacer ce caractère même. Il reparaît, il perce, il éclate sur tous les points.

S'agit-il de l'ordre : l'Église défend de le conférer aux enfants ou aux aliénés, mais elle maintient que, si des aliénés ou des enfants l'ont néanmoins reçu, ils sont bien et dûment ordonnés

S'agit-il de l'eucharistie : l'Église prétend que le prêtre conserve le pouvoir d'opérer la transsubstantiation de l'hostie, alors même qu'il serait en état de péché mortel, alors même qu'il serait devenu turc ou païen.

S'agit-il du baptême : l'Église enseigne qu'un enfant nouveau-né et qui, par conséquent, ne peut prendre plus de part à la cérémonie qu'un animal ou qu'une pierre, elle enseigne, dis-je, que cet enfant est régénéré, sanctifié, sauvé par le baptême ; elle enseigne que, sans le baptême, ce même enfant ne saurait aller au ciel.

Après cela, je le répète, que l'Église catholique exige telle ou telle disposition intérieure pour tel ou tel sacrement, il faut en conclure qu'elle dit non après avoir dit oui, qu'elle dit blanc après avoir dit noir, mais non pas assurément qu'elle abandonne l'idée d'une vertu spécifique inhérente à l'acte sacramentel.
J'avoue donc bien qu'il y a deux éléments dans la théorie sacramentelle de l'Église romaine, mais en même temps je suis forcé de reconnaître, que l'élément spirituel est exclu par l'ensemble du système et qu'il y forme une anomalie. Cela est si vrai que vous ne pouvez insister sur la nécessité des dispositions morales sans mettre tout le catholicisme en danger. Nous avons vu que, n'osant faire du prêtre une pure et simple machine, l'Église veut que le prêtre ait l'intention de conférer le sacrement. Ce n'est pas beaucoup demander sans doute ; eh bien, c'est encore trop demander. Il fallait exiger plus ou ne rien exiger du tout.

Voyez, en effet, quelles sont les conséquences de cette inconséquence.
L'Église catholique a un grand nombre de prêtres exemplaires, mais elle en a aussi d'indifférents, d'incrédules, de criminels même et de sacrilèges. Il y a eu des Borgia sous la tiare, des Retz sous la barrette et des Contrefatto sous la soutane. Loin de moi la pensée d'en faire un crime au catholicisme ou de tenir une société quelconque pour responsable du caractère de tous ses membres ; je me contente de rappeler un fait.

Supposons maintenant qu'un de ces prêtres indignes administre le baptême, qu'il donne l'absolution, qu'il consacre l'hostie sans penser à ce qu'il fait, ou même avec une intention sacrilège de ne pas produire l'effet sacramentel ; voilà une paroisse dans laquelle les communiants sont frustrés du corps de Christ, les pénitents sont privés de l'absolution et les enfants sont exclus de la vie éternelle. Il y a plus. Supposez un évêque à l'ordination duquel ait présidé la même légèreté ou la même impiété. il n'est évêque qu'en apparence, il consacrera, à son tour, des prêtres qui n'auront eux aussi que l'apparence de la prêtrise, et qui iront répandre dans une multitude de paroisses la nullité des sacrements et la damnation des âmes. Ces considérations n'ont pas échappé à quelques-uns des Pères du concile de Trente ; ils comprenaient fort bien où aboutissait la doctrine qui a prévalu et ils voulaient qu'on se passât tout à fait de l'intention de l'officiant pour la validité, du sacrement.

Les deux éléments du sacrement catholique jurent donc ensemble. On peut les juxtaposer, mais on ne peut les fondre. C'est pourquoi il faut que l'un des deux l'emporte et étouffe son rival. Est-il besoin de rappeler quel est celui qui l'a emporté ? Je vous le demande à vous-même. De quel côté penche le dogme catholique ? Dans quel sens s'est-il développé ? Sous l'empire de quelle idée le prêtre célèbre-t-il la messe, le fidèle participe-t-il à l'eucharistie, le mourant réclame-t-il l'extrême-onction ?

En un mot qu'est-ce qui domine dans le système, qu'est-ce qui en constitue la physionomie, qu'est-ce qui en détermine le caractère ?
Évidemment ce n'est pas l'obligation morale imposée au fidèle, mais la vertu intrinsèque attribuée au sacrement.
Je sais bien que si vous faites dépendre le salut du sacrement, c'est parce que vous regardez le sacrement comme la source des grâces chrétiennes.

Le sacrement, à entendre la doctrine catholique, sauve les hommes parce qu'il les régénère, et l'Église n'attache le bonheur éternel à la consommation du rite qu'après avoir attaché à ce rite la justification et la sanctification. Sans doute on doit tenir compte à l'Église de n'avoir pas tout à fait oublié ces grâces excellentes. On dirait que le spiritualisme évangélique a su obtenir du matérialisme même quelque stipulation en faveur de ses anciens droits.

Mais hélas ! cette stipulation n'est qu'illusoire. Tout à l'heure nous étions en présence de deux assertions contradictoires ; eh bien, attacher la religion à la matière du sacrement, c'est plus encore qu'une contradiction, c'est unir deux choses qui n'ont entre elles aucun rapport possible. L'effet ne peut être d'une autre nature que sa cause, la matière ne peut enfanter l'esprit, des manipulations et des formules latines ne peuvent faire un chrétien.

Lorsqu'on prétend purifier l'âme en lavant le corps et sanctifier la volonté en appliquant un chrême, on ravale les vertus chrétiennes au rang des choses sensibles. Vous faites découler les grâces divines de la rubrique ; une logique instinctive en conclut que les grâces dont il s'agit sont elles-mêmes affaire de rites et de cérémonies. Vous présentez la sainteté comme liée à des actes qui ne sont avec la sainteté dans aucune connexion intelligible et appréciable ; chacun en conclut que la sainteté dont il s'agit n'est pas tant un état moral qu'une condition extérieure et arbitraire du salut.

J'ai prononcé le mot d'arbitraire. Aucun mot n'exprime mieux le caractère de la doctrine catholique sur les moyens de salut.
Cette doctrine exige, comme condition de la vie éternelle, la foi à l'infaillibilité de l'Église.
De quel droit ?

Pour que la foi soit une condition du salut, il faut qu'elle produise ce salut, c'est-à-dire qu'elle mette l'âme de l'homme en contact avec des vérités et des faits capables de la toucher, de l'humilier, de la sanctifier, avec des faits qui fassent rentrer le pécheur en lui-même, qui renferment des appels à la conscience et des exhortations à une vie nouvelle. Mais la foi à l'Église, à l'autorité de l'Église, à l'infaillibilité de l'Église, une foi implicite, inconsciente, vide, une foi qui, au fond, n'est que l'absence de la foi, comment pourrait-elle agir sur l'âme, et dès lors comment pourrait-elle sauver le pécheur ?
Il en est de même du sacrement.

Pour qu'un rite quelconque puisse servir au salut, il faut qu'il s'adresse à l'homme intérieur et qu'il agisse sur les affections et sur la volonté. Mais les affections ne peuvent être émues ni la volonté excitée, si ce n'est par le sens religieux que le fidèle attache au rite.
On n'est point moralement influencé par un acte qui n'a point de caractère intelligible ni de signification morale. Or, le sacrement catholique ne demande pas à être compris, il n'aspire pas à émouvoir, il veut agir directement et par ses seuls éléments matériels.
C'est dire que son action n'est pas une action chrétienne, que le sacrement n'est dans aucun rapport intime avec le salut, et que, s'il en est une condition, il en est une condition arbitraire.

Après cela ce serait perdre son temps que de montrer en quoi l'idée catholique du sacrement est contraire au christianisme évangélique. L'opposition n'est pas seulement dans la lettre des textes, elle est dans l'esprit des institutions, elle est dans le génie tout entier des deux systèmes. Quand on passe des Évangiles et des Épîtres aux canons du concile de Trente, on passe d'une atmosphère morale dans une autre, et du christianisme à ce qui n'en est plus que la contrefaçon. Ce n'est pas tropdire. Il y a là deux religions en présence.
L'une est intérieure, tandis que l'autre est extérieure.
L'une veut la conviction, l'autre exige la soumission.
La première s'attache au caractère personnel du ministre de Christ, la seconde s'attache au caractère officiel du ministère.
Selon la première, l'efficace dépend de l'esprit ; selon l'autre, la vertu découle de l'acte rituel.
Celle-là inspire des sentiments et détermine la volonté, celle-ci assujettit la vie à un système de cérémonies.
En un mot, l'Évangile agit par la parole, le catholicisme par le sacrement.

Au fond, si la théorie catholique des moyens de salut est essentiellement arbitraire, c'est que la notion catholique du salut est une notion essentiellement matérielle. Le salut, c'est, pour vous, l'admission en paradis, et le paradis est un lieu de délices dont saint Pierre a les clefs et dans lequel on entre lorsqu'on apporte un certificat en règle et un mot d'ordre convenu. À ces idées si grossières et, pour tout dire, si irréligieuses, substituez une conception plus chrétienne et tout l'édifice du catholicisme croulera. Placez la félicité à venir dans l'homme au lieu de la placer hors de l'homme ; faites consister le ciel dans la communion avec Dieu, source éternelle et suprême du beau, du vrai et du bien ; reconnaissez que la sanctification est moins encore la condition du salut que le salut lui-même, et il ne restera plus de place pour une doctrine qui attache la vie éternelle à la foi aveugle et à l'eau baptismale.

Matérialiser l'idée de la vie religieuse et de la vie éternelle, c'est sans doute une affreuse corruption de l'Évangile, et s'il est des côtés par lesquels l'Église catholique est tombée dans le judaïsme, il semble que par ce côté-là elle ait reculé jusqu'au paganisme. Cependant nous ne sommes pas au bout et nous n'avons pas encore atteint les dernières conséquences du système.

En attachant le christianisme et le salut aux conditions que nous avons dites, le catholicisme proclame que l'on ne peut être chrétien ni avoir part à la vie éternelle à moins de se soumettre à ces conditions. C'est là le sens du principe fameux : hors de l'Église point de salut. Mais voici ce qui arrive. Comme les conditions catholiques du salut sont arbitraires, c'est-à-dire sans rapport nécessaire avec la vie chrétienne, il se trouve qu'on peut être sauvé sans avoir la vie chrétienne et qu'on peut avoir cette vie sans être sauvé ; en d'autres termes, il y a dans l'Église catholique des fidèles sans aucune piété, et il y a en dehors de l'Église de véritables disciples de Jésus-Christ que cette Église est obligée de vouer à la damnation.
C'est un fait et un fait qui peut se vérifier tous les jours : les vertus évangéliques ne sont point exclusivement liées à l'orthodoxie romaine.

On rencontre, parmi ceux que vous appelez hérétiques, on rencontre le coeur humble et contrit dans lequel Dieu se plaît à habiter, la foi qui rend visible le monde invisible, la charité qui ne s'aigrit point et qui supporte tout, le zèle qui parcourt le désert pour chercher la brebis égarée ; on trouve, parmi ceux que vous excluez du ciel, on trouve la connaissance de Jésus-Christ, la recherche de sa communion, l'amour de sa parole, l'espérance de sa gloire.

Vous-même, Monsieur le Curé, vous n'êtes pas sans avoir vu quelquefois ce spectacle. Ah ! dites, quels ont été vos sentiments lorsque vous avez ainsi contemplé des hommes auxquels manquait, il est vrai, le sceau de vos sacrements, mais qui portaient le sceau de l'Évangile ? Avez-vous involontairement salué en eux des enfants du Père céleste, des héritiers de la vie éternelle ? Prenez garde, car alors vous avez tacitement renié cette foi catholique à l'essence de laquelle appartient l'exclusivisme. Ou bien avez-vous peut-être cherché à douter de la réalité des grâces dont l'éclat frappait vos yeux, avez-vous essayé de les expliquer par l'orgueil, par l'enthousiasme, par l'esprit de parti, leur avez-vous donné quelque nom outrageant ? Alors, Monsieur, permettez-moi de vous le dire, vous avez blasphémé.

Écoutez. L'autre jour j'étais occupé à parcourir le Nouveau Testament. Parmi les passages qui arrêtèrent successivement mon attention, il en est un dont le sens menaçant m'avait déjà quelquefois préoccupé. Vous connaissez ce passage.
Jésus venait de guérir un infortuné auquel manquaient à la fois l'usage de la vue et celui de la parole. Les pharisiens avaient été témoins du miracle, mais au lieu d'y reconnaître une manifestation de la puissance et de la bonté divines, ils l'avaient attribué à un pacte qu'aurait formé Jésus avec le prince des démons. Le Seigneur les entendit et leur répondit par ces paroles terribles ; « Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l'esprit ne leur sera point pardonné. »

Or, savez-vous, Monsieur le Curé, quel était le péché de ces pharisiens ? ils n'avaient pas voulu admettre que Dieu fût avec celui qui n'était pas des leurs. Ils avaient vu une oeuvre sainte, et, poussés par l'esprit de secte, ils avaient fermé les yeux, ils avaient étouffé la voix de leur conscience, ils avaient expliqué le bien par le mal, et la grâce divine par l'influence du démon.

Eh bien, voilà justement à quoi en est réduite votre Église. Semblable aux pharisiens, elle s'est regardée comme ayant le monopole du salut et elle a attaché la grâce d'en haut à des conditions extérieures. Par là elle s'est engagée à nier la possibilité de la vie chrétienne ailleurs qu'en son sein. Et quand elle a rencontré cette vie chrétienne, pure, dévouée, éclatante, elle s'est vue obligée de la méconnaître, et non seulement de la méconnaître, mais de la vilipender. C'est ainsi qu'elle en est venue à appeler le bien mal et le mal bien ; c'est ainsi qu'elle est poussée à jeter le venin et la boue sur tout ce qui ose être saint sans être catholique ; c'est ainsi qu'elle est condamnée à blasphémer le Saint-Esprit dès que cet Esprit se manifeste en dehors de la communion avec Rome.

Condamnée à blasphémer le Saint-Esprit... Quel jugement de Dieu sur l'Église catholique ! Quelle malédiction prononcée sur ce mélange d'esprit sectaire et de formalisme vide qui caractérise l'Église romaine ! Mais je m'arrête. il me répugne de parler si rigoureusement. Je voudrais pouvoir douter de l'évidence. Je cherche à me persuader que j'ai mal lu les textes, mal compris les doctrines, mal tiré les conclusions. Je nourris un secret espoir que vous me convaincrez d'erreur ou d'exagération. Aussi est-ce avec impatience que j'attendrai votre réponse. Combien je serais heureux de voir que je me suis trompé dans mon appréciation des principes du catholicisme.



Table des matières

Page précédente:
Page suivante:
 

- haut de page -