Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LETTRES À MON CURÉ






DIXIÈME LETTRE

 Monsieur le Curé,

 L'Histoire des Variations est un bien beau livre, le plus beau peut-être de ceux qui sont sortis de la plume de Bossuet. On ne saurait trop admirer l'érudition du grand évêque, la sagacité avec laquelle il démêle les subtilités des docteurs, l'aisance avec laquelle il se meut au milieu des nombreux éléments de la controverse, l'autorité enfin avec laquelle il domine tout le débat. Et cependant l'Histoire des Variations est un livre manqué, parce que la donnée qui sert de point de départ à l'auteur est fausse. Bossuet est tombé, dans une erreur que j'ai déjà signalée, et dont il semble que les écrivains catholiques ne puissent absolument pas se garantir.

Il a considéré le protestantisme comme une contre-partie exacte du catholicisme. il y a vu un système déterminé de doctrines et d'instructions. Il l'a envisagé sous la forme d'une vaste Église. Dès lors aussi, il s'est imaginé que les protestants étaient solidaires les uns des autres, les calvinistes solidaires des luthériens, les pasteurs de Charenton solidaires des réformateurs du seizième siècle.
En un mot, malgré l'admirable souplesse de son génie, il n'a pu se placer entièrement au point de vue qu'il attaquait, et reconnaître que le protestant est essentiellement, comme on dit aujourd'hui, un individualiste, et, par conséquent, un homme fort indifférent sur la question de savoir si Luther a parfois changé d'opinions et si les Églises séparées de l'Église romaine ont toujours été fidèles à leurs confessions de foi.

Je sais bien que les protestants n'ont que trop donné lieu à la méprise dont il s'agit. Ce n'est que peu à peu qu'ils ont acquis la conscience du principe qu'ils représentent et des conséquences de ce principe. On les a vus pendant deux siècles répudier à l'envi cet individualisme religieux qui est le vrai sens de la réforme. Que dis-je ? les réformateurs eux-mêmes ont ignoré la portée de l'oeuvre qu'ils accomplissaient. Comme Rome, comme Bossuet, ils croyaient à la vérité absolue, ils attachaient le plus grand prix à l'unité de la doctrine, ils s'estimaient les défenseurs de l'orthodoxie. Dès lors aussi ils s'imaginaient avoir substitué une Église à l'Église romaine, la véritable Église à la fausse. Il ne faut pas s'en étonner. Le dessein de Dieu est toujours plus grand que l'intention des hommes qui sont appelés à l'exécuter. Luther, Zwingle, Calvin, ont enfoncé une porte qui, depuis lors, est restée ouverte, que personne ne refermera jamais, et par laquelle nous pouvons assurément passer aujourd'hui, sans prendre la responsabilité des opinions de Calvin, de Zwingle ou de Luther.

Mais si le caractère fondamental du protestantisme ne permet pas qu'on regarde les protestants comme liés par autre chose que par le principe même de l'individualité des croyances, il en est autrement des catholiques. Le catholicisme suppose, au contraire, la plus étroite solidarité entre l'Église et ses chefs, entre l'Église et son passé. C'est sur ce dernier point que je voudrais m'arrêter.

Le catholicisme ne peut être divin, et l'Église catholique ne peut être infaillible, à moins qu'ils n'aient été institués par Jésus-Christ et ses apôtres, et qu'ils ne soient restés, à travers les siècles, fidèles à cette institution. Il faut que cette oeuvre divine se soit constamment montrée identique à elle-même, qu'elle ait toujours en les mêmes principes, les mêmes doctrines, la même organisation. Telle est, en effet, je n'ai pas besoin de vous le dire, la prétention du système catholique. Il se donne pour avoir été expressément établi par le Seigneur. Il retrouve ses formes dans celles de l'Église apostolique. Il affirme qu'il n'a point changé, et qu'au milieu des vicissitudes infinies des idées et des choses, lui seul reste immuable comme ce Dieu dont il est l'oeuvre et la révélation.

La prétention est hardie, mais elle a l'avantage de ramener la question, par sa hardiesse même, à des termes extrêmement simples. En effet, le changement est tellement la loi des choses d'ici-bas, que l'immutabilité d'une institution peut à bon droit passer pour un miracle, et, par conséquent, pour un signe de la divine origine de cette institution. Si le catholicisme est resté le même, ainsi qu'il le proclame, il faut cesser de discuter avec lui, Dieu a parlé en sa faveur, le sceau du surnaturel est sur son front.
J'ajoute qu'il sera facile de constater le miracle.

Il en est comme de la prétention à la vérité absolue, dont je parlais dans ma dernière lettre, et dont la prétention à l'immutabilité n'est, au fond, que la conséquence. Comment ne pas reconnaître l'édifice qui seul se tient debout au milieu de la poussière des empires ? Comment le rocher immobile ne se distinguerait-il pas, au premier coup d'oeil, de ces vagues incessamment agitées qui se brisent contre ses flancs ? Vous dites que le catholicisme est invariable : Je le veux ; mais il faut que le phénomène soit manifeste, que l'histoire entière rende témoignage à un si magnifique prodige.

L'histoire nous apprend, au contraire, que le catholicisme a partagé le sort de toutes les choses humaines. il a eu sa période de croissance, son époque de maturité et de pleine force, après quoi il a déchu peu à peu, pour entrer enfin dans l'état de sénilité où nous le voyons aujourd'hui. Toutes ses institutions ont changé, tous les siècles portent les traces de ses variations. Le christianisme du Nouveau Testament ne renferme rien d'analogue à l'organisation qui surgit cinquante ans plus tard. Le catholicisme primitif diffère infiniment de l'Église des apôtres ; il ne diffère guère moins du catholicisme postérieur. De simple ancien qu'il était, l'évêque devient d'abord le pasteur et le représentant du troupeau ; ce n'est que plus tard qu'il deviendra évêque dans le sens hiérarchique du mot.

Une fois constitué, l'épiscopat proprement dit subira, à son tour, plusieurs modifications successives. Au dessus de l'évêque diocésain viendront s'élever le métropolitain, puis le patriarche, puis le pape.
Mêmes variations en ce qui concerne ce dernier. L'évêque de Rome n'a pas été tout d'abord le vicaire de Jésus-Christ et le législateur de la chrétienté.

Au troisième siècle, la primauté des patriarches romains était simplement honorifique ou, pour mieux dire, symbolique ; elle n'impliquait aucune subordination des autres évêques à l'égard de leur puissant confrère ; ce dernier n'était que le successeur de Pierre, et, comme tel, le premier entre des égaux.

Peu à peu, ce qui n'était que rang devient autorité ; le pape se considère comme le vicaire du prince des apôtres, et, en quelque sorte, comme le métropolitain universel. Plus tard encore, le vicaire de Pierre devient vicaire de Jésus-Christ, le souverain pontife concentre et absorbe en sa personne tous les pouvoirs ecclésiastiques, et les autres évêques ne sont plus que ses délégués. On comprend que le dogme de l'infaillibilité papale a dû suivre ces évolutions. Les évêques de Rome avaient été vantés d'abord pour la pureté de leur foi et la constance de leur orthodoxie. Bientôt les assertions allèrent plus loin : la chaire de saint Pierre ne pouvait errer. Plus tard, enfin, on transporta implicitement à l'individu ce qui avait été affirmé du siège qu'il occupait, et l'on alla jusqu'à s'écrier : Dominus Deus noster Papa !

C'est ainsi, Monsieur, que le catholicisme a changé de gouvernement ; d'épiscopal il est devenu papal ; sa constitution était aristocratique et représentative, elle a fini par prendre la forme d'une monarchie absolue. Mais ce changement n'est pas le seul.

Le concile de Trente a modifié toutes les conditions de la foi catholique, en définissant ce qui était auparavant indéterminé, et en supprimant ainsi la liberté dogmatique dont le fidèle jouissait sous le système précédent.

La Réformation a agi autrement, mais plus profondément encore sur le catholicisme. En détruisant l'unité religieuse de l'Occident, elle a détruit le prestige de l'Église qui se disait une, unique et universelle. Il y a plus : à la suite de la Réformation, la société s'est affranchie, les États se sont sécularisés, et Rome s'est vue dépouillée de sa suzeraineté européenne. Jadis, un mot du souverain pontife armait mille bras contre le prince rebelle, contre les populations hérétiques. Aujourd'hui, Rome, privée de tout point d'appui dans les croyances, ne peut ni ressaisir sa puissance temporelle ni s'en passer.

Il n'est pas jusqu'aux temps où nous vivons qui n'aient été témoins de quelques-uns de ces changements que subit le catholicisme. Au dix-septième siècle, le centre du système était dans la doctrine ; c'est sur ce point que portaient toutes les discussions ; c'est d'après cette règle que se mesuraient les mérites des diverses confessions. On se demandait avant tout ce que pensait le Catéchisme Romain de l'état primitif de l'homme, de la chute, de la justification, des sacrements. Bossuet, Möhler lui-même, il y a vingt ans, ne comprenaient pas autrement la controverse. Eh bien ! Möhler a vieilli. La dogmatique n'est plus en cause. Le catholicisme a réduit toute sa doctrine au seul point de l'infaillibilité de l'Église. Il n'a plus d'autre croyance aujourd'hui. Cela se comprend. À son point de vue, il ne peut être question de savoir si un dogme est clair, juste, scripturaire, fondé sur la nature de Dieu et sur celle de l'homme, propre à sanctifier les âmes. À supposer que cette démonstration fût possible au catholicisme, à supposer qu'elle ne fût pas dangereuse en tant qu'elle implique un appel au jugement individuel, il est manifeste qu'elle serait superflue. Pourquoi tant d'ambages ?

Croyez-vous à l'infaillibilité de l'Église, ou n'y croyez-vous pas ? Si vous n'y croyez pas, vous n'avez rien de mieux à faire que de vous convertir. Si vous y croyez, vous n'avez pas de devoir plus évident que la confiance ou la soumission. Voilà le langage du catholicisme moderne, de celui dont Joseph de Maistre peut être regardé comme le père. Or, Monsieur le Curé, vous connaissez trop bien l'histoire des institutions et des idées catholiques, pour ne pas voir qu'il y a là une modification profonde apportée à l'ancienne orthodoxie.

Cela est si vrai, les variations du catholicisme sont si patentes, le progrès des études historiques les a si bien mises dans tout leur jour, que les défenseurs de l'Église se sont vus obligés de reconnaître le fait. Ils ont cherché, en même temps, à changer de position pour faire de nouveau face à l'ennemi. Du temps que l'histoire de France était écrite par les Velly et les Villaret, on se représentait Pharamond, Mérovée et Clovis, couronne en tête, sceptre au poing, et trônant à la manière de Louis XIV. Du temps que la polémique antiprotestante était conduite par les Bellarmin et les Du Perron, on se représentait saint Pierre, saint Lin et saint Clet comme des papes à la façon d'innocent III, de Boniface VIII ou de Sixte-Quint, Aujourd'hui, la fiction est décidément trop transparente, et, je le répète, force a été d'aviser aux moyens de la remplacer par quelque chose de plus spécieux. Nous allons voir comment on s'y est pris.

L'explication nouvelle porte le nom de théorie du développement. On nous rappelle (comme si le catholicisme n'avait pas tenu jadis un langage tout opposé) que Dieu n'intervient pas brusquement et violemment dans les choses humaines, mais qu'il se prête aux conditions de la vie des peuples et se soumet, en quelque sorte, aux lois de l'histoire.

Ainsi, poursuit-on, l'Éternel ne jette point sur la terre des institutions toutes formées ; loin de là, il introduit peu à peu celles qu'il veut établir, il les cultive dans l'ombre, il les laisse grandir d'elles-mêmes jusqu'à ce qu'enfin elles soient parvenues à ce parfait épanouissement qui étonne les hommes et réjouit les anges. il en est comme de la semence, ténue et presque invisible, qui est confiée à la terre, qui perce lentement le sol, qui se développe sous l'action du soleil et des pluies du ciel, et qui devient enfin un grand arbre dans les branches duquel les oiseaux habitent. Telles sont les habitudes de la Providence. Le mosaïsme est venu s'enter sur la dispensation patriarcale, la prophétie sur le mosaïsme. Le Nouveau Testament, à son tour, est sorti de l'Ancien. Pourquoi n'en serait-il pas de même des institutions et des dogmes du catholicisme ? Jésus-Christ n'a pas sans doute établi l'Église romaine telle qu'elle s'est montrée plus tard aux yeux des peuples, il n'a fait que jeter un germe en terre, mais ce germe a levé, et un développement organique, à la fois insensible et puissant, a tiré de la semence sacrée tout ce que Dieu y avait renfermé.

Voilà, Monsieur le Curé, la théorie catholique la plus récente ; voilà le romanisme à la mode. Peut-être bien des gens penseront-ils que, entre toutes les transformations de l'Église, ce changement apporté à l'ancienne apologétique n'est pas l'un des moins extraordinaires. Quant à moi, je ne puis vous dire combien l'explication dont il s'agit me causa de plaisir, lorsque j'appris d'abord à la connaître. Jamais rien ne m'avait paru si naturel, si simple, si irrésistible. Toutes les difficultés semblaient levées comme par enchantement. Cependant, je réfléchis qu'il était de mon devoir, en matière si grave, d'y regarder à deux fois, avant de me tenir pour entièrement satisfait.

Hélas ! un examen plus approfondi a renouvelé tous mes doutes. Je veux, au reste, vous faire juge des considérations qui m'ont arrêté.
Vous connaissez l'adage : comparaison n'est pas raison. Or, la théorie du développement n'est, au fond, pas autre chose qu'une comparaison. On assimile le christianisme à une plante dont l'Évangile serait le germe, tandis que l'Église catholique en offrirait le développement. Mais la comparaison est-elle exacte ? La ressemblance est-elle certaine ? je ne puis me le persuader.

Les faits de l'ordre moral ne s'accomplissent pas avec la régularité et la nécessité que les lois de la nature imposent aux phénomènes physiques. Quand j'ai planté un arbre, je sais d'avance ce que produira la semence confiée à la terre. Son port, son feuillage, son fruit, son espèce, en un mot, sont déterminées par des règles fatales. il n'en est pas de même d'une religion telle que le christianisme, d'une institution telle que l'Église.

Un chêne ne peut, en croissant, de venir un ormeau, un lys devenir un rosier, mais il arrive souvent, il arrive tous les jours qu'une institution change peu à peu d'esprit, de tendance, de caractère. Le nom reste, mais qui nous garantit que, sous ce nom, nous avons toujours la même chose ? il y a eu développement, mais qui nous prouve que ce développement a été légitime ? Le catholicisme est le produit du christianisme : un produit, je le veux bien, mais un produit altéré, une dégénération, une corruption. La théorie du développement suppose que l'Évangile renfermait le catholicisme à l'état de germe, ou, ce qui revient au même, elle affirme que le catholicisme a été un simple épanouissement du christianisme primitif. Quant à moi, je suis souvent tenté de me représenter les choses sous une autre image.

Le catholicisme est moins un produit authentique du christianisme qu'une plante parasite qui s'y est attachée. Il agrandi avec lui, il s'est nourri de sa substance, il a confondu ses rameaux avec les siens, mais il n'a jamais fait un avec lui.

Le chêne diffère, il est vrai, du gland dont il est sorti, mais au moins existe-t-il entre eux une affinité intime. L'arbre en germe et l'arbre devenu grand ne peuvent être de nature opposée.
Or, l'Église romaine et l'Évangile de Jésus-Christ ne sont pas l'une à l'égard de l'autre dans le rapport du commencement et du développement, ce sont sur bien des points deux religions diverses. Je vous ai déjà dit quelle est en cela mon impression : je vois d'un côté une religion toute personnelle, de l'autre une religion où le prêtre tient la place du fidèle ; d'un côté le culte en esprit et en vérité, de l'autre le culte mécanique et extérieur, d'un côté la parole, de l'autre le sacrement ; là une doctrine qui, à tous les égards, se trouve en harmonie avec l'âme humaine, ici un système de dogmes abstraits, de rites magiques et d'institutions arbitraires. Quel rapport voulez-vous qu'il y ait entre ces choses ? Comment le contraire pourrait-il naître de son contraire ?

Je ne conteste point la logique intérieure du catholicisme, non plus que la régularité de ses développements. Loin de là, je ne sais point de système religieux qui porte plus distinctement en soi le caractère d'une formation organique. Le principe donné, tout en sort le plus naturellement du monde. Mais ce principe n'est pas l'Évangile, c'est le judaïsme. Le catholicisme est fils de cette dispensation que le Nouveau Testament est venu abroger en l'accomplissant ; il a ses racines dans ce culte extérieur et légal que le Seigneur condamnait ; et s'il peut se vanter de son ancienneté, c'est qu'il était déjà présent et agissant dans les tendances auxquelles le plus grand des apôtres faisait une si rude guerre, et qui cherchaient sans cesse à substituer, malgré lui, la loi à la grâce et la chair à l'esprit.

Au reste, je ne veux rien exagérer. Le catholicisme, comme le judaïsme dont je le fais descendre, est à la fois en opposition au christianisme et en affinité avec lui. S'il est contraire au spiritualisme évangélique, il en offre cependant les symboles. Voici donc ce qu'il en faut penser.

Le catholicisme est un judaïsme, mais un judaïsme chrétien. Il est une conception imparfaite et élémentaire de la vérité chrétienne.
Vous regardez l'Évangile comme le germe d'où est sortie l'Église, l'Église comme le plein développement de l'Évangile. C'est le contraire qu'il faudrait dire.

Le catholicisme n'offre que les rudiments d'une Église vraiment chrétienne. Il n'est que la grossière ébauche de l'oeuvre dont Jésus-Christ a confié l'exécution à tous les siècles. il semble, en effet, que l'enseignement du Sauveur était trop élevé et trop simple, trop naïf et trop sublime pour être saisi tout d'abord. Rien ne frappe davantage dans l'étude de l'histoire que l'impuissance des hommes à comprendre ces discours merveilleux. Plus on remonte haut et plus on s'étonne de voir combien la parole évangélique a été obscurcie par les imaginations et les subtilités des docteurs. L'exégèse des Pères serait tout ce qu'il y a de plus risible si elle n'était tout ce qu'il y a de plus triste au monde. La pleine conception comme l'entière réalisation de l'Évangile ne se trouve pas derrière nous, mais devant. C'est le but vers lequel nous avançons constamment sans devoir peut-être y arriver jamais. Ce qui est certain, c'est que chacun des pas qui nous en approche est un pas que nous faisons en dehors du catholicisme, un pas qui nous éloigne de l'Église romaine.

Le catholicisme, j'entends celui des premiers siècles, par cela même qu'il était chrétien, portait en soi les éléments d'une transformation. Or, cette transformation a déjà eu lieu. Comme l'Ancien Testament renfermait le Nouveau dans ses flancs, le catholicisme renfermait en soi la Réformation. Les Églises de la Réformation, à leur tour, ne sont peut-être pas loin du jour où elles feront place à un christianisme plus pur que le leur. Mais le catholicisme, en se régénérant, en se rajeunissant, a laissé derrière lui une dépouille sans vie qui porte encore son image et son nom. Son essence éternelle s'est dégagée, elle est entrée dans de nouvelles combinaisons, et l'Église romaine d'aujourd'hui n'est plus qu'un résidu inutile, un caput mortuum dans le creuset qui consume et transforme toutes choses.



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